L'homélie du dimanche (prochain)

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26 janvier 2013

L’Aujourd’hui de Dieu dans nos vies

Classé sous Communauté spirituelle — lhomeliedudimanche @ 0 h 01 min

L’Aujourd’hui de Dieu dans nos vies

 

Homélie du 3° Dimanche ordinaire / Année C
27/01/13

 

« Aujourd’hui s’accomplit à vos oreilles cette Écriture. »

Dans l’Évangile de St Luc, l’aujourd’hui du salut est un leitmotiv, un refrain obsédant qui parcourt toute la vie du Christ.

 

* Il y a d’abord celui de Noël, tout proche, celui de l’annonce aux bergers : « aujourd’hui vous est né un Sauveur » (Luc 2, 11). Ce n’est pas seulement l’anniversaire de la naissance de Jésus que nous avons fêté à Noël, c’est notre propre naissance, aujourd’hui, à la vie divine.

 

* Il y a ensuite celui du baptême : « aujourd’hui, je t’ai engendré ; tu es mon enfant bien-aimé. » (3,22)

Cette déclaration d’amour de Dieu n’est pas seulement celle de notre baptême autrefois, elle nous rejoint jour après jour : aujourd’hui, tu peux naître de nouveau? Chacun de nous peut dire : je n’ai pas été baptisé il y a tant d’années, c’est aujourd’hui que je suis baptisé, que je deviens baptisé?

 

* Puis vient l’aujourd’hui de l’Écriture, à Nazareth dans la synagogue de son enfance. « Aujourd’hui, cette écriture est accomplie pour vous qui l’entendez » (4,21).

La Bible que nous entendons le dimanche ou que nous lisons à la maison n’est pas un vieux texte pour les historiens : elle peut devenir une parole vivante pour moi aujourd’hui, qui me parle d’une façon si bouleversante que j’ai parfois l’impression qu’elle a été écrite pour moi, en connaissant le secret de ma vie?

 

* Quand Jésus guérit un homme paralysé – et qui n’est pas paralysé par des peurs et des blocages intérieurs ? – quand il lui pardonne ses péchés – et qui n’est pas pécheur ? – la foule s’écrit : « aujourd’hui, nous avons vu des choses extraordinaires » (5,26). C’est notre propre cri d’émerveillement et de louange lorsque nous savons nous arrêter pour discerner, aujourd’hui, les signes de l’action de Dieu en nous ou chez les autres.

 

* Devant l’hostilité d’Hérode, Jésus affirme la permanence de son action : « allez dire à ce renard : voici, je chasse les démons et j’accomplis des guérisons aujourd’hui et demain, et le 3ème jour j’atteins mon but. » (13,32) Il me faut poursuivre ma route aujourd’hui et demain et le jour suivant : ne pas baisser les bras, et continuer jour après jour la route qui est la mienne?

 

* Plus spectaculaire encore est l’aujourd’hui du salut qui est adressé à Zachée : « Zachée, descends vite, aujourd’hui il me faut demeurer chez toi » (19,5) et devant la conversion de Zachée, Jésus constate avec joie : « aujourd’hui, le salut est venu pour cette maison » (19,5). Pourquoi attendre à demain pour remettre de l’ordre dans ma vie alors que c’est aujourd’hui que le Christ s’invite chez moi ?

 

* Car malheureusement, l’aujourd’hui du salut renvoie également à l’aujourd’hui de la trahison de Pierre qui est aussi la mienne : « Je te le déclare, Pierre, le coq ne chantera pas aujourd’hui que tu ne m’aies renié 3 fois » (que tu n’aies par 3 fois nié me connaître) (22, 34-61).

 

* Pourtant l’aujourd’hui du salut sera plus fort que celui de mes reniements. À tel point que le criminel suspendu en croix à la droite de Jésus s’entendra dire cette parole, inouïe et injuste à première vue : « aujourd’hui, tu seras avec moi dans le Paradis  » (23,43). La puissance de la résurrection du Christ peut se manifester dès maintenant en moi ! Il suffit que je l’accueille, que je la désire pour maintenant, et non pour hier ou pour plus tard, et que je croie de tout mon c?ur à l’accomplissement de cette promesse dès maintenant?

 

* Vous voyez, ce thème de l’aujourd’hui du salut est un thème cher à Luc, du début à la fin de son Évangile. Qu’est-ce que cela veut dire pour nous ?

Certains vivent dans le passé, en étant comme écrasés par des événements qui les ont blessés autrefois : il y a des paroles et des gestes si lourds, des faits si graves qu’on a l’impression qu’ils ne pourront jamais être guéris?

Certains au contraire semblent n’exister que pour le futur :faire des projets, maîtriser l’avenir, tout sacrifier à une réussite future semble être leur unique obsession, aux dépens d’une réelle présence aux gens et aux situations qui les entourent actuellement.

 

Or le Christ nous demande de l’accueillir aujourd’hui : non pas hier, dans nos regrets, nos nostalgies ou nos souvenirs, non pas demain dans nos rêves ou nos projections, mais dès maintenant en ce jour.

 

Quand nous étions petits, nos parents nous ont appris : « Ne remets pas à demain ce que tu peux faire aujourd’hui.  » Le Christ nous le dit d’une façon plus radicale encore : « Crois-tu qu’aujourd’hui quelque chose peut changer en toi ? Croyez-vous que dès maintenant cette parole de salut et d’espérance commence à s’accomplir en vous ? Avez-vous le désir de vivre dès aujourd’hui, de vivre chaque journée qui passe comme un présent, un cadeau qui vous est fait pour aimer et vous donner à votre tour ? « 

 

N’est-ce pas cette espérance d’un salut aujourd’hui qui manque à tant de gens, de leur vie conjugale ou professionnelle ? Les couples en crise qui n’osent pas affronter leurs difficultés présentes, ou qui au contraire s’y enfoncent en se disant : ça ne changera jamais? La détresse sociale des millions de famille en dessous du seuil de pauvreté en France, et qui se demandent : comment vivre aujourd’hui, comment retrouver une espérance dès à présent ?

 

* À tous ceux qui désespèrent et qui disent : « Je ne vois plus de sens à ma vie, je ne sais plus quelle est la signification de mon histoire », le Christ adresse cet encouragement et cet appel :

« Regarde ta propre histoire.
C’est toujours chaque instant présent qui contient la signification de ton histoire.
Tu ne peux pas regarder cette histoire en spectateur.
Tu dois l’envisager à partir de tes décisions, à partir de ta responsabilité.
Dans chaque instant présent de ta vie sommeille la possibilité qu’il soit l’instant du salut. À toi de le réveiller ».

(Bultmann, Histoire et eschatologie, Delachaux & Niestlé, Neuchâtel-Paris, 1959).

 

C’est maintenant le moment favorable, pas hier, pas demain.
C’est maintenant le jour du salut.  » (2 Co 6, 2).
Aujourd’hui, cette parole du Christ s’accomplit pour nous qui l’entendons.

 

 

 

1ère lecture : Le peuple de Dieu redécouvre la Parole (Ne 8, 1-4a.5-6.8-10)

Lecture du livre de Néhémie

Quand arriva la fête du septième mois, tout le peuple se rassembla comme un seul homme sur la place située devant la Porte des eaux. On demanda au scribe Esdras d’apporter le livre de la loi de Moïse, que le Seigneur avait donnée à Israël.
Alors le prêtre Esdras apporta la Loi en présence de l’assemblée, composée des hommes, des femmes, et de tous les enfants en âge de comprendre. C’était le premier jour du septième mois.
Esdras, tourné vers la place de la Porte des eaux, fit la lecture dans le livre, depuis le lever du jour jusqu’à midi, en présence des hommes, des femmes, et de tous les enfants en âge de comprendre : tout le peuple écoutait la lecture de la Loi.
Le scribe Esdras se tenait sur une tribune de bois, construite tout exprès.
Esdras ouvrit le livre ; tout le peuple le voyait, car il dominait l’assemblée. Quand il ouvrit le livre, tout le monde se mit debout.
Alors Esdras bénit le Seigneur, le Dieu très grand, et tout le peuple, levant les mains, répondit : « Amen ! Amen ! » Puis ils s’inclinèrent et se prosternèrent devant le Seigneur, le visage contre terre.
Esdras lisait un passage dans le livre de la loi de Dieu, puis les lévites traduisaient, donnaient le sens, et l’on pouvait comprendre.
Néhémie le gouverneur, Esdras qui était prêtre et scribe, et les lévites qui donnaient les explications, dirent à tout le peuple : « Ce jour est consacré au Seigneur votre Dieu ! Ne prenez pas le deuil, ne pleurez pas ! » Car ils pleuraient tous en entendant les paroles de la Loi.
Esdras leur dit encore : « Allez, mangez des viandes savoureuses, buvez des boissons aromatisées, et envoyez une part à celui qui n’a rien de prêt. Car ce jour est consacré à notre Dieu ! Ne vous affligez pas : la joie du Seigneur est votre rempart ! »

Psaume : Ps 18, 8, 9, 10, 15

R/ La joie du Seigneur est notre rempart

La loi du Seigneur est parfaite,
qui redonne vie ;
la charte du Seigneur est sûre,
qui rend sages les simples.

Les préceptes du Seigneur sont droits,
ils réjouissent le c?ur ;
le commandement du Seigneur est limpide,
il clarifie le regard.

La crainte qu’il inspire est pure,
elle est là pour toujours ;
les décisions du Seigneur sont justes
et vraiment équitables.

Accueille les paroles de ma bouche,
le murmure de mon c?ur ;
qu’ils parviennent devant toi,
Seigneur, mon rocher, mon défenseur !

2ème lecture : Diversité des membres dans l’unité du corps du Christ (1Co 12, 12-30 (lecture brève : 12, 12-14.27))
Lecture de la première lettre de saint Paul Apôtre au Corinthiens

Frères,
Prenons une comparaison : notre corps forme un tout, il a pourtant plusieurs membres ; et tous les membres, malgré leur nombre, ne forment qu’un seul corps. Il en est ainsi pour le Christ.
Tous, Juifs ou païens, esclaves ou hommes libres, nous avons été baptisés dans l’unique Esprit pour former un seul corps. Tous nous avons été désaltérés par l’unique Esprit.
Le corps humain se compose de plusieurs membres, et non pas d’un seul.
[ Le pied aura beau dire : « Je ne suis pas la main, donc je ne fais pas partie du corps », il fait toujours partie du corps.
L'oreille aura beau dire : « Je ne suis pas l'?il, donc je ne fais pas partie du corps », elle fait toujours partie du corps.
Si, dans le corps, il n'y avait que les yeux, comment pourrait-on entendre ? S'il n'y avait que les oreilles, comment pourrait-on sentir les odeurs ?
Mais, dans le corps, Dieu a disposé les différents membres comme il l'a voulu.
S'il n'y en avait qu'un seul, comment cela ferait-il un corps ?
Il y a donc à la fois plusieurs membres, et un seul corps.
L'?il ne peut pas dire à la main : « Je n'ai pas besoin de toi » ; la tête ne peut pas dire aux pieds : « Je n'ai pas besoin de vous ».
Bien plus, les parties du corps qui paraissent les plus délicates sont indispensables.
Et celles qui passent pour moins respectables, c'est elles que nous traitons avec plus de respect ; celles qui sont moins décentes, nous les traitons plus décemment ;
pour celles qui sont décentes, ce n'est pas nécessaire. Dieu a organisé le corps de telle façon qu'on porte plus de respect à ce qui en est le plus dépourvu :
il a voulu qu'il n'y ait pas de division dans le corps, mais que les différents membres aient tous le souci les uns des autres.
Si un membre souffre, tous les membres partagent sa souffrance ; si un membre est à l'honneur, tous partagent sa joie. ]
Or, vous êtes le corps du Christ et, chacun pour votre part, vous êtes les membres de ce corps.
[ Parmi ceux que Dieu a placés ainsi dans l'Église, il y a premièrement des apôtres, deuxièmement des prophètes, troisièmement ceux qui sont chargés d'enseigner, puis ceux qui font des miracles, ceux qui ont le don de guérir, ceux qui ont la charge d'assister leurs frères ou de les guider, ceux qui disent des paroles mystérieuses.
Tout le monde évidemment n'est pas apôtre, tout le monde n'est pas prophète, ni chargé d'enseigner ; tout le monde n'a pas à faire des miracles,
à guérir, à dire des paroles mystérieuses, ou à les interpréter. ]

Evangile : Prologue de Saint Luc ? « Aujourd’hui, s’accomplit la Parole » (Lc 1, 1-4; 4, 14-21)

Acclamation : Alléluia. Alléluia.
Le Seigneur a envoyé Jésus, son Sauveur, porter la Bonne Nouvelle aux pauvres,
annoncer aux prisonniers qu’ils sont libres. Alléluia. (cf. Lc 4, 18)

Commencement de l’Évangile de Jésus Christ selon saint Luc

Plusieurs ont entrepris de composer un récit des événements qui se sont accomplis parmi nous, tels que nous les ont transmis ceux qui, dès le début, furent les témoins oculaires et sont devenus les serviteurs de la Parole.
C’est pourquoi j’ai décidé, moi aussi, après m’être informé soigneusement de tout depuis les origines, d’en écrire pour toi, cher Théophile, un exposé suivi, afin que tu te rendes bien compte de la solidité des enseignements que tu as reçus.

Lorsque Jésus, avec la puissance de l’Esprit, revint en Galilée, sa renommée se répandit dans toute la région. Il enseignait dans les synagogues des Juifs, et tout le monde faisait son éloge. Il vint à Nazareth, où il avait grandi. Comme il en avait l’habitude, il entra dans la synagogue le jour du sabbat, et il se leva pour faire la lecture. On lui présenta le livre du prophète Isaïe. Il ouvrit le livre et trouva le passage où il est écrit : L’Esprit du Seigneur est sur moi parce que le Seigneur m’a consacré par l’onction. Il m’a envoyé porter la Bonne Nouvelle aux pauvres, annoncer aux prisonniers qu’ils sont libres, et aux aveugles qu’ils verront la lumière, apporter aux opprimés la libération, annoncer une année de bienfaits accordée par le Seigneur.

Jésus referma le livre, le rendit au servant et s’assit. Tous, dans la synagogue, avaient les yeux fixés sur lui.
Alors il se mit à leur dire : « Cette parole de l’Écriture, que vous venez d’entendre, c’est aujourd’hui qu’elle s’accomplit. »
Patrick Braud

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19 janvier 2013

La hiérarchie des charismes

Classé sous Communauté spirituelle — lhomeliedudimanche @ 0 h 01 min

La hiérarchie des charismes

Homélie du 2° Dimanche du temps ordinaire / Année C
20/01/2013

 

Dans les entretiens d’embauche, une question revient souvent, censée déstabiliser le candidat et le révéler en vérité : « quelle est votre plus grande qualité ? »
Le piège n’est pas simple à éviter. Si le demandeur d’emploi cite une trop grande qualité (ex : je suis le meilleur dans mon métier), il passera pour un prétentieux avec un ego difficile ; si au contraire ils se sous-estime (ex : je suis plutôt gentil), il n’inspirera pas confiance pour des postes à responsabilités.

Bref, discerner son talent principal demande beaucoup de sagesse, de connaissance de soi, et d’humilité réaliste.

Saint-Paul semble aider la communauté de Corinthe à réussir son entretien d’embauche ! Quelles sont les qualités principales de cette Église locale ? Quels sont les dons les plus importants qu’elle a reçus de l’Esprit Saint ? Autrement dit : quelle est la hiérarchie des charismes qui doit orienter l’action de La hiérarchie des charismes dans Communauté spirituelle b2-cdb---des-criteres-pour-discerner-les-charismesl’assemblée ? 

Visiblement, les corinthiens étaient fascinés par les charismes les plus spectaculaires. Certains semblaient « parler en langues », c’est-à-dire prier en chantant au-delà des mots, comme dans une langue inconnue. D’autres semblaient avoir des pouvoirs de guérison, toujours impressionnants. Si vous allez visiter les communautés baptistes, évangéliques, ou du renouveau charismatique, vous retrouverez ces charismes et d’autres encore. Auprès des populations africaines notamment, l’attrait de ces pouvoirs extraordinaires est énorme.

Comment réagit Paul ?

Il remet les choses dans l’ordre, avec tact. Il prend de la hauteur. Aux fidèles trop friands de « charismes » plus visibles, il montre la diversité des dons qui concourent tous à l’oeuvre du Seigneur. Tous les dons ont la même source et le même but. L’unité d’origine est marquée par les trois expressions sur pied d’égalité : « le même Esprit », « le même Seigneur », « le même Dieu ». L’unité de but, car les charismes sont donnés pour le bien de l’Église, non pour une gloire personnelle, est exprimée par l’oikodomé, « l’édification », la construction de la communauté. Ce sera l’ultime critère dont l’Apôtre se servira pour juger de la valeur d’un charisme : « Je préfère dire cinq paroles intelligibles pour instruire les autres plutôt que dix mille en langues ». On notera que l’ordre des charismes est à gradation descendante : les derniers nommés sont ceux que les Corinthiens sont portés à trop priser.

 charismes dans Communauté spirituelle 

C’est donc qu’un charisme ne vaut que par la finalité qu’il sert. Les talents d’Hitler (éloquence, ascendant sur les foules, stratégie industrielle?) auraient peut-être fait des merveilles s’il ne s’était mis au service du nazisme. Un charisme n’est jamais qu’un moyen au service d’une fin, pas un but en soi. Pour Paul, le but ultime est l’édification de la communauté, ce qui implique son unité et sa croissance.

Ce but n’est pas individuel : répétons-le, un charisme n’est pas donné pour la gloire personnelle de quelqu’un, mais pour le mettre au service de tous.

Dans la vie de l’Église actuelle, cela met clairement certains charismes au-dessus des autres : le sens de l’unité avant la recherche du spectaculaire, le discernement de ce qui est sage avant la radicalité de la foi, la défense des pauvres avant la connaissance intellectuelle. Attention cependant : hiérarchiser les charismes ne veut pas dire les dévaloriser. Chaque talent reçu compte, chaque don individuel mérite d’être reconnu, respecté, encouragé. Mais il y a un ordre d’importance qui ne les met pas tous au même rang.

Transposez cela au monde professionnel.

Cela demande d’abord que chacun puisse découvrir, se dire à lui-même et aux autres ce qu’il a reçu comme talent : untel sait bien parler et emporter la conviction ; un autre est le champion de l’organisation ; un autre encore sait créer les liens indispensables etc…

Un chef d’équipe qui voudra être « servant leader » aura à coeur d’aider chacun des membres de son équipe à mettre au jour ses charismes professionnels. Impossible de manager une équipe sans avoir cette passion du chercheur d’or, qui passe et repasse au tamis l’eau de la rivière, même la plus boueuse, pour y discerner des pépites de toutes tailles. Ensuite, le travail du « boss » est reconnaître ou de manifester ces charismes à l’intéressé lui-même, à son équipe, et de les valoriser pour leur permettre de donner toute leur puissance. Et enfin il doit veiller à ce qu’ils soient mis au service du bien commun de l’équipe, de l’entreprise. Ce dernier point fait toute la différence entre la réussite individuelle et le progrès commun, entre le mercenaire et le mousquetaire en quelque sorte.

 

Le critère paulinien un vaut également pour l’entreprise : le but ultime est l’unité et la croissance. C’est là un critère de discernement finalement assez simple. Les qualités qui le-voyage-du-directeur-des-ressources-humaines-affiche-19b81 discernementpeuvent faire progresser cette« édification » sont à privilégier sur les autres. Les collaborateurs qui s’inscrivent dans cette dynamique de l’édification commune sont à promouvoir en priorité. Les « patrons » qui seront dans cet esprit de servant leader par rapport à leurs équipes sont à valoriser avant les autres.

Introduire cette hiérarchie dans les charismes professionnels peut obliger à revoir bien des progressions de carrière, bien des politiques de recrutement, voire beaucoup de méthodes d’évaluation et les grilles salariales afférentes.

Corinthe, c’était un port de commerce à la jointure de monde, où la mondialisation par la mer faisait bouillonner le chaudron des cultures et des classes sociales. L’Église corinthienne était faite de dockers – des durs, des tatoués - et des classes sociales les plus basses. Pourtant, une multitude de charismes y éclatait. Et Paul, sans en étouffer aucun, met patiemment de l’ordre, invite la communauté à pacifier sa vie interne en partant de l’essentiel, sans se laisser fasciner par les charismes de moindre importance.

Si Paul a pu faire ce travail de discernement à Corinthe, nous pouvons en faire un semblable dans nos communautés ecclésiales comme dans nos entreprises.

Prendre conscience des charismes reçus et aider chacun à le faire, les hiérarchiser pour ne pas perdre de vue l’essentiel, les mettre au service de l’édification commune : voilà un chemin qui parlera au maître spirituel comme au DRH soucieux de la progression de ses collaborateurs…

 

1ère lecture : Les noces de Dieu et de son peuple (Is 62, 1-5)

Lecture du livre d’Isaïe

Pour la cause de Jérusalem je ne me tairai pas,
pour Sion je ne prendrai pas de repos,
avant que sa justice ne se lève comme l’aurore
et que son salut ne flamboie comme une torche.
Les nations verront ta justice,
tous les rois verront ta gloire.
On t’appellera d’un nom nouveau,
donné par le Seigneur lui-même.
Tu seras une couronne resplendissante
entre les doigts du Seigneur,
un diadème royal dans la main de ton Dieu.
On ne t’appellera plus : « La délaissée »,
on n’appellera plus ta contrée : « Terre déserte »,
mais on te nommera : « Ma préférée »,
on nommera ta contrée : « Mon épouse »,
car le Seigneur met en toi sa préférence
et ta contrée aura un époux.
Comme un jeune homme épouse une jeune fille,
celui qui t’a construite t’épousera.
Comme la jeune mariée est la joie de son mari,
ainsi tu seras la joie de ton Dieu.

Psaume : Ps 95, 1-2a, 2b-3, 7-8a, 9a.10ac

R/ Allez dire au monde entier
les merveilles de Dieu !

Chantez au Seigneur un chant nouveau,
chantez au Seigneur, terre entière,
chantez au Seigneur et bénissez son nom !

De jour en jour, proclamez son salut,
racontez à tous les peuples sa gloire,
à toutes les nations ses merveilles !

Rendez au Seigneur, familles des peuples,
rendez au Seigneur la gloire et la puissance,
rendez au Seigneur la gloire de son nom.

Adorez le Seigneur, éblouissant de sainteté.
Allez dire aux nations : « Le Seigneur est roi ! »
Il gouverne les peuples avec droiture.

2ème lecture : Diversité des charismes dans l’unité (1Co 12, 4-11)
Lecture de la première lettre de saint Paul Apôtre aux Corinthiens

Frères,
Les dons de la grâce sont variés, mais c’est toujours le même Esprit. Les fonctions dans l’Église sont variées, mais c’est toujours le même Seigneur.
Les activités sont variées, mais c’est toujours le même Dieu qui agit en tous.
Chacun reçoit le don de manifester l’Esprit en vue du bien de tous.
À celui-ci est donné, grâce à l’Esprit, le langage de la sagesse de Dieu ; à un autre, toujours par l’Esprit, le langage de la connaissance de Dieu ;
un autre reçoit, dans l’Esprit, le don de la foi ; un autre encore, des pouvoirs de guérison dans l’unique Esprit ;
un autre peut faire des miracles, un autre est un prophète, un autre sait reconnaître ce qui vient vraiment de l’Esprit ; l’un reçoit le don de dire toutes sortes de paroles mystérieuses, l’autre le don de les interpréter.
Mais celui qui agit en tout cela, c’est le même et unique Esprit : il distribue ses dons à chacun, selon sa volonté.

Evangile : Les noces de Cana (Jn 2, 1-11)

Acclamation : Alléluia. Alléluia.
Soyons dans la joie pour l’Alliance nouvelle :
heureux les invités aux noces de l’Agneau !
Alléluia. (Cf. Ap 19, 7.9)

Évangile de Jésus Christ selon saint Jean

Il y avait un mariage à Cana en Galilée. La mère de Jésus était là.
Jésus aussi avait été invité au repas de noces avec ses disciples. 

Or, on manqua de vin ; la mère de Jésus lui dit : « Ils n’ont pas de vin. »
Jésus lui répond : « Femme, que me veux-tu ? Mon heure n’est pas encore venue. »
Sa mère dit aux serviteurs : « Faites tout ce qu’il vous dira. »
Or, il y avait là six cuves de pierre pour les ablutions rituelles des Juifs ; chacune contenait environ cent litres.
Jésus dit aux serviteurs : « Remplissez d’eau les cuves. » Et ils les remplirent jusqu’au bord.
Il leur dit : « Maintenant, puisez, et portez-en au maître du repas. » Ils lui en portèrent.
Le maître du repas goûta l’eau changée en vin. Il ne savait pas d’où venait ce vin, mais les serviteurs le savaient, eux qui avaient puisé l’eau.
Alors le maître du repas interpelle le marié et lui dit : « Tout le monde sert le bon vin en premier, et, lorsque les gens ont bien bu, on apporte le moins bon. Mais toi, tu as gardé le bon vin jusqu’à maintenant. »

Tel fut le commencement des signes que Jésus accomplit. C’était à Cana en Galilée. Il manifesta sa gloire, et ses disciples crurent en lui.
Patrick Braud

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12 janvier 2013

Le baptême du Christ : une histoire « sandaleuse »

Classé sous Communauté spirituelle — lhomeliedudimanche @ 0 h 01 min

Le baptême du Christ : une histoire « sandaleuse »

Homélie du Baptême du Seigneur, Année C
13/01/13

Pour Jean -Baptiste, le baptême, « c’est pas le pied » ! En effet, il déclare : « Je ne suis pas digne de défaire la courroie de ses sandales » (Lc 3,16). Donc il ne pense pas pouvoir se mettre aux pieds du Christ ; il se croit indigne de lui laver les pieds, de lui ôter ses sandales.
Ça paraît anecdotique, cette histoire de sandales ! Mais dans la Bible, c’est le genre de détail qui renvoie à toute une histoire : une histoire à sandales !

1. Cela commence en effet dans le livre de la Genèse.

Melchisédech, roi de Salem, apporte du pain et du vin à Abraham et vient lever l’impôt royal, la dîme. Abraham lève la main et jure de respecter la royauté de Melchisédech : « Je ne prendrais ni un fil, ni une courroie de sandale, rien de ce qui est à toi. Et tu ne pourras pas dire : ‘J’ai enrichi Abraham’ » (Gn 14, 17-24).

Transposé au baptême de Jésus, la courroie de sandale veut dire que, à l’image d’Abraham, le peuple juif en Jean-Baptiste reconnaît la royauté de Jésus, nouveau Melchisédech venu apporter le pain et le vin en échange du don de chacun. Ne pas tricher dans l’eucharistie, ne pas voler la royauté divine, s’acquitter de l’impôt royal qui est la miséricorde envers son prochain : voilà une première piste pour : « ne pas défaire la courroie de ses sandales ».


2. Ensuite, il y a le fameux épisode de Moïse au Buisson Ardent.

Le baptême du Christ : une histoire

Une histoire sans sandales : « Retire tes sandales de tes pieds car le lieu où tu te tiens est une terre sainte » (Ex3, 5). Moïse doit se mettre pieds nus, c’est-à-dire se dépouiller de ses représentions humaines, pour rencontrer Dieu.

En sens inverse, par le baptême, Dieu lui aussi en Jésus s’apprête à rencontrer l’homme. Avant de plonger dans l’océan de notre humanité si mélangée de beauté et de terreur, le Christ enlève ses sandales, comme le Pape embrasse la terre du pays qui le reçoit à sa descente d’avion. Et Jean-Baptiste reconnaît que cette plongée de Dieu en nous est si vertigineuse qu’il n’ose laisser croire que cela pourrait venir grâce à lui : « Je ne suis pas digne de défaire la courroie de ses sandales. » veut dire alors : « l’abaissement de Jésus, sa plongée jusqu’aux enfers, c’est lui seul et pas moi ».

En ce jour du Baptême du Christ dans le Jourdain, nous fêtons un Dieu qui n’a pas eu peur de rencontrer l’homme, de le rejoindre même au plus bas de son humanité, en ce qu’il a de plus saint comme en ce qu’il a de plus sordide.

La file des pécheurs du Jourdain a sous doute commis tout ce que vous n’oserez jamais accomplir : adultères, vols, meurtres, corruption, délation… C’est à la déchetterie de l’humanité que Jésus se rend en allant au Jourdain à l’endroit où Jean baptise. Pourtant il n’a pas peur d’aller nous rejoindre là, au plus bas, au plus sale.

Un proverbe africain dit : « Celui qui voyage sur un âne ne sait pas que le sol est brûlant ».

anesse-Jesus-cadre baptême dans Communauté spirituelle

Dans son baptême, le Christ descend des hauteurs pour éprouver lui-même la brûlure du péché de l’homme. Il enlèvera lui-même les sandales de ses pieds pour éprouver la brûlure de notre terre, et ne pas rester protégé de cette fournaise. La croix sera plus tard la brûlure absolue, l’immersion la plus complète dans l’enfer de la solitude et de la déchéance humaine. S’il était resté monté sur son âne des Rameaux, il n’aurait pu communier avec les plus déchus…

Du baptême à la croix, Paul dira de Jésus qu’il a été, pour nous, identifié au péché. « Christ a été fait péché » pour nous, afin que nul pécheur ne désespère d’être trop loin de Dieu pour pouvoir être aimé.

Christ est aujourd’hui plongé dans le Jourdain pour que plus personne ne soit noyé, submergé par le mal commis ou subi.
Christ remonte aujourd’hui des eaux du Jourdain pour que l’énergie de la résurrection soit offerte à tous les peuples, langues, nations, cultures.

« Celui qui voyage sur un âne ne sait pas que le sol est brûlant ».

Aujourd’hui le Christ ‘descend de son âne’, et plonge dans nos brûlures les plus secrètes.

Comment pourrions-nous fêter le Baptême du Seigneur sans nous aussi ‘descendre de notre âne’ et ‘enlever nos sandales’ ?
Sans embrasser l’autre même s’il nous fait peur au début ?
Sans goûter avec lui la grande espérance du corps du Christ sortant vainqueur des eaux de mort ?

 

3. Après le Buisson Ardent, il y a la Pâque juive où il est encore question de sandales :
 « C’est ainsi que vous mangerez la Pâque : le ceinture aux reins, vos sandales aux pieds, votre bâton à la main » (Ex 3,5). C’est la tenue du voyageur, qui en hâte, traverse le péril, passe à travers le danger de mort qui le guette.

Les sandales aux pieds, le Christ inaugure déjà sa Pâque dès le baptême au Jourdain. Jean-Baptiste ne veut pas lui ôter ces sandales-là, il nous aide à deviner en cet homme baigné dans le fleuve un passeur, qui le premier traverse jusqu’à l’autre rive.

haggadoth1 Jean Baptiste

4. Mais il y a encore un autre texte savoureux qui parle de sandales. C’est Dt 25,5-10 : la loi du lévirat en Israël.

Donner des enfants à un homme, perpétuer un nom de famille est si important dans le peuple juif que si un homme marié meurt, son frère doit épouser sa veuve, pour relever le nom du frère défunt :
« Si le frère ne veut pas assumer ce devoir de descendance, la veuve lui fera honte devant tout le monde : en présence des Anciens, la femme ôtera la sandale du pied du frère, lui crachera au visage et dira : ‘Ainsi fait-on à l’homme qui ne relève pas la maison de son frère’, et sa maison sera appelée ‘Maison du déchaussé’ ! »

Au temps de Jean-Baptiste, Israël est comme une veuve loin de son mari (Dieu semble mort). Jésus ne se dérobe pas : il vient épouser Israël, relever la Maison d’Israël. Et Jean-Baptiste ne veut ni lui cracher au visage, ni ôter la sandale de son pied ; et le peuple Église ne sera pas la Maison du Déchaussé, malgré les crachats et la nudité de la Passion !


5. Autre petit bijou où la sandale joue un rôle : le livre de Ruth, superbe histoire 
d’amour avec Booz immortalisé par Victor Hugo et Chagall. Séduit par la beauté de cette étrangère, le Juif Booz conclut un marché pour acquérir les terres de sa famille.
Rt 4,7-8 : « Or c’était autrefois la coutume en Israël en cas de rachat ou d’héritage : pour valider toute l’affaire, l’un ôtait sa sandale et la donnait à l’autre. Telle était en Israël la manière de témoigner. »
Et Booz retira sa sandale pour racheter l’étrangère qu’il aimait plus que tout.
C’était pour annoncer Jésus retirant sa sandale au Jourdain pour racheter tous ceux qui se croient étrangers à Dieu, trop loin de Dieu, mais que lui Jésus aime plus que Booz aimait Ruth. Et Jean-Baptiste reconnaît que cet amour est si grand qu’il ne peut en être que le témoin, pas l’acteur à la place de Jésus, l’époux véritable qui ôte sa sandale pour se marier notre humanité…


6. Il y a bien d’autres usages du symbolisme de la sandale dans la Bible :

- arme de séduction entre les mains de la belle Judith pour faire craquer le général ennemi Holopherne (« Sa sandale ravit son regard » Judith 10, 4 ; 16, 9),

- écrin pour l’admiration de l’amoureux du Cantique des Cantiques (Ct 7,20) « Que tes pieds sont beaux dans tes sandales, fille de prince »,

 Jourdain- symbole de l’exploitation sociale, lorsque, hélas, « on vend le pauvre pour une paire de sandales » (Am 2,6 ; 8,6).

- et lorsque le Christ envoie ses disciples, il leur demande de n’emporter ni bourse, ni besace ni sandales (Lc 10, 4 ; Mt 10, 10).


Vous sentez toutes les harmoniques bibliques de cette petite phrase de Jean-Baptiste aujourd’hui : « Je ne suis pas digne de défaire la courroie de ses sandales » ?

Nous non plus ne sommes pas dignes !

Repensez à Jean-Baptiste et, les prochains soirs d’été, vous n’enlèverez plus jamais vos sandales comme avant !

Restons émerveillés avec Jean-Baptiste, car Le Christ ne cesse de délier par lui-même la courroie de sa sandale pour venir plonger dans notre humanité, dans mon humanité.

 

 

Lectures de la fête du Baptême du Seigneur

1ère lecture : « Voici l’eau, venez et vous vivrez » (Is 40, 1-5.9-11)

Lecture du livre d’Isaïe

« Consolez, consolez mon peuple, dit votre Dieu. Parlez au c?ur de Jérusalem et proclamez que son service est accompli, que son crime est pardonné, et qu’elle a reçu de la main du Seigneur double punition pour toutes ses fautes. »
Une voix proclame : « Préparez à travers le désert le chemin du Seigneur. Tracez dans les terres arides une route aplanie pour notre Dieu. Tout ravin sera comblé, toute montagne et toute colline seront abaissées, les passages tortueux deviendront droits, et les escarpements seront changés en plaine. Alors la gloire du Seigneur se révélera et tous en même temps verront que la bouche du Seigneur a parlé. »
Monte sur une haute montagne, toi qui portes la bonne nouvelle à  Sion. Élève la voix avec force, toi qui portes la bonne nouvelle à  Jérusalem. Élève la voix, ne crains pas. Dis aux villes de Juda : « Voici votre Dieu. »
Voici le Seigneur Dieu : il vient avec puissance et son bras est victorieux. Le fruit de sa victoire l’accompagne et ses trophées le précèdent. Comme un berger, il conduit son troupeau : son bras rassemble les agneaux, il les porte sur son c?ur, et il prend soin des brebis qui allaitent leurs petits.

Psaume : Ps 103, 1c-3a, 3bc-4, 24ac-25, 27-28, 29-30

R/ L’eau et l’Esprit te rendent témoignage, Seigneur de gloire !

Revêtu de magnificence,
tu as pour manteau la lumière !
Comme une tenture, tu déploies les cieux,
tu élèves dans leurs eaux tes demeures.

Des nuées, tu te fais un char,
tu t’avances sur les ailes du vent ;
tu prends les vents pour messagers,
pour serviteurs, les flammes des éclairs.

Quelle profusion dans tes oeuvres, Seigneur !
La terre s’emplit de tes biens.
Voici l’immensité de la mer,
son grouillement innombrable d’animaux grands et petits,

Tous, ils comptent sur toi
pour recevoir leur nourriture au temps voulu.
Tu donnes : eux, ils ramassent ;
tu ouvres la main : ils sont comblés.

Tu caches ton visage : ils s’épouvantent ;
tu reprends leur souffle, ils expirent
et retournent à leur poussière.
Tu envoies ton souffle : ils sont créés ;
tu renouvelles la face de la terre.

2ème lecture : Par le bain du Baptême (Tt 2, 11-14 ; 3,4-7)

Lecture de la lettre de saint Paul Apôtre à Tite

La grâce de Dieu s’est manifestée pour le salut de tous les hommes. C’est elle qui nous apprend à rejeter le péché et les passions d’ici-bas, pour vivre dans le monde présent en hommes raisonnables, justes et religieux, et pour attendre le bonheur que nous espérons avoir quand se manifestera la gloire de Jésus Christ, notre grand Dieu et notre Sauveur. Car il s’est donné pour nous afin de nous racheter de toutes nos fautes, et de nous purifier pour faire de nous son peuple, un peuple ardent à faire le bien.
Dieu, notre Sauveur, a manifesté sa bonté et sa tendresse pour les hommes ; il nous a sauvés. Il l’a fait dans sa miséricorde, et non pas à cause d’actes méritoires que nous aurions accomplis par nous-mêmes. Par le bain du baptême, il nous a fait renaître et nous a renouvelés dans l’Esprit Saint. Cet Esprit, Dieu l’a répandu sur nous avec abondance, par Jésus Christ notre Sauveur ; ainsi, par sa grâce, nous sommes devenus des justes, et nous possédons dans l’espérance l’héritage de la vie éternelle.

Evangile : L’Esprit Saint et le Père au baptême de Jésus (Lc 3, 15-16.21-22)

Acclamation : Alléluia. Alléluia. Voici venir un plus fort que moi, proclame le Baptiste ; c’est lui qui vous baptisera dans l’Esprit Saint et dans le feu. Alléluia. (Jn 1, 29)

Évangile de Jésus Christ selon saint Luc

Le peuple venu auprès de Jean Baptiste était en attente, et tous se demandaient en eux-mêmes si Jean n’était pas le Messie. Jean s’adressa alors à tous : « Moi, je vous baptise avec de l’eau ; mais il vient, celui qui est plus puissant que moi. Je ne suis pas digne de défaire la courroie de ses sandales. Lui vous baptisera dans l’Esprit Saint et dans le feu. »
Comme tout le peuple se faisait baptiser et que Jésus priait, après avoir été baptisé lui aussi, alors le ciel s’ouvrit. L’Esprit Saint descendit sur Jésus, sous une apparence corporelle, comme une colombe. Du ciel une voix se fit entendre :
« C’est toi mon Fils : moi, aujourd’hui, je t’ai engendré. »
Patrick Braud

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5 janvier 2013

L’Épiphanie, ou l’éloge de la double culture

Classé sous Communauté spirituelle — lhomeliedudimanche @ 0 h 01 min

L’Épiphanie, ou l’éloge de la double culture

Homélie de l’Épiphanie / Année C
06/01/12

 

Connaissez-vous Grégoire de Nysse ?

Au IV° siècle, il est évêque de la ville de Nysse (pas sur la côte d’Azur ! mais près de Constantinople, l’actuelle Istanbul en Turquie).
Il a écrit un commentaire de la vie de Moïse qui reste aussi savoureux qu’un bon réveillon de premier de l’an?
Dans son commentaire, il y a un thème qui revient souvent, et qui rejoint la belle fête de l’Épiphanie d’aujourd’hui.
C’est le thème de la double culture.

Pourquoi Moïse a-t-il pu libérer son peuple ?
Parce qu’il était mi-égyptien, mi-hébreu, et qu’il a su tirer parti de cette double appartenance.
Pourquoi les Magesnous intéressent-ils aujourd’hui ?
Parce que justement ils s’ouvrent à une double appartenance : leur science, et la foi au Christ. Ils ne restent pas repliés, immobiles, sur leur culture païenne d’origine. Ils se bougent, ils marchent et ils s’ouvrent à un autre savoir. Vous devinez que c’est de nous que nous parlons à travers eux !

- Comme Moïse, les Mages acceptent de recevoir une double alimentation, une double Patrick Braudration : leur culture scientifique (l’astrologie) et la culture biblique (la référence à la loi, le Messie annoncé par la Bible).

Moïse était égyptien, élevé à la cour royale de Pharaon, mais sa mère hébreu lui faisait boire le lait du monothéisme sous l’alibi d’être sa nourrice.

Grégoire de Nysse interprète :
« Si nous fréquentons la culture profane, au temps de notre éducation, nous ne devons pas cependant être sevrés du lait nourrissant de l’Église. »

Or chacun de vous possède - comme Moïse, comme les Mages - une double culture, une double appartenance Par exemple celle de votre vie professionnelle (actuelle ou passée), et celle de votre vie chrétienne en Église.
Avez-vous conscience de cette richesse ?
Comment faites-vous le lien ?
Comment jouez-vous des deux ?
Comment laissez-vous la Bible éclairer votre route professionnelle, comme les Mages ont laissé la prophétie du livre de Michée éclairer leur chemin jusqu’à la crèche ?
Comment laissez-vous le lait de votre mère nourricière l’Église vous rendre fort dans le monde profane environnant comme Moïse a bu avec le lait hébreu de quoi résister au conformisme égyptien ? (comme Jésus a bu le lait de Marie et avec lui de quoi annoncer au monde une liberté plus grande?)

 

L'Épiphanie, ou l'éloge de la double culture dans Communauté spirituelle rois_mages

- Un député témoignait un jour : « Quand on est militant dans un parti politique, puis élu alors qu’on affiche des convictions chrétiennes, on est soupçonné de ne pas être « idéologiquement sûr » et 100 % fidèle au parti, à cause de cette double appartenance. C’est plutôt bon signe, car effectivement la liberté chrétienne fait qu’il y aura toujours des limites face à certaines idéologies, mais aussi une profondeur secrète que les non-chrétiens ne peuvent comprendre et qui les inquiète. «  

- Un diplômé d’HEC affirmait quant à lui : « en entreprise, ceux qui ont une double culture sont ceux qui font avancer leurs équipes, et souvent les plus qualifiés pour l’innovation. Une double culture - par exemple littéraire/scientifique, commerciale/humaniste - permet de féconder l’une par l’autre sans jamais sacraliser aucune ».

* Car la thématique de la double appartenance vaut également en sens inverse.

Les Mages ont apporté leurs trésors à l’enfant, les trésors de leurs pays et leur savoir-faire. Et vous, qu’allez-vous apporter comme trésors à l’autel de la crèche ?

Moïse demande au peuple d’emporter avec lui les richesses des égyptiens au moment de l’Exode : « Les Israélites firent ce qu’avait dit Moïse et demandèrent aux Égyptiens des objets d’argent, des objets d’or et des vêtements. Yahvé fit que le peuple trouvât grâce aux yeux des Égyptiens qui les leur prêtèrent. Ils dépouillèrent ainsi les Égyptiens » (Ex 12,35-36)

Grégoire commente :
« Celui qui se met en mouvement vers la liberté doit se nourrir également des richesses de la culture profane dont les païens tirent avantage. »

Comment faites-vous pour que les trésors de vos compétences profanes servent l’Église ?

 

* À l’Épiphanie, il y a un échange, une circulation réciproque entre la culture des Mages et la culture juive de l’enfant de Bethléem, une fécondation mutuelle. Les Mages se prosternent devant le Roi des Juifs ; et le petit juif de la crèche accepte de recevoir les trésors de l’Asie, de l’Occident et de l’Afrique. Notre mondialisation à nous, elle est en germe là?

À Noël, on a coutume de dire que Dieu s’est fait homme. C’est juste. Mais ce n’est pas suffisant.

Il faut oser dire que Dieu s’est fait juif.

C’est-à-dire qu’il a épousé la culture, l’histoire particulière, la langue, les coutumes, la mentalité de ce petit peuple du Moyen-Orient. C’est un paradoxe énorme de l’Incarnation : le Dieu immense, que rien ne peut contenir, plus grand que les galaxies et les étoiles, ce Dieu si grand choisit de se manifester à tous les peuples à partir du coeur de la culture juive. Mais Dieu ne s’est pas fait juif pour s’enfermer dans cette seule culture : dès sa naissance, il veut ouvrir chaque peuple à la foi en lui.

wood culture dans Communauté spirituelle

 

À Noël, on a encore coutume – et on a raison – de dire que « Dieu s’est fait homme pour que l’homme devienne Dieu » (Irénée de Lyon).

À l’Épiphanie, on peut oser proclamer que « Dieu s’est fait juif pour que toute culture puisse dire Dieu ».

* Si nous sommes les mages d’aujourd’hui, notre feuille de route est tracée : chercher les signes de l’action de Dieu aujourd’hui, se mettre en marche (accepter de changer), aller puiser à la culture biblique, rencontrer le Messie, lui offrir les trésors de notre savoir-faire, et repartir chez nous transformés par un autre chemin (à l’image des mages).

* Avec le pain et le vin, dans cette eucharistie, offrons nous aussi à l’enfant nouveau-né notre milieu social, notre milieu culturel, afin que cette célébration soit vraiment la manifestation, l’épiphanie du Christ à toutes les cultures d’aujourd’hui.

Patrick Braud

 

1ère lecture : Les nations païennes marchent vers la lumière de Jérusalem (Is 60, 1-6)

Lecture du livre d’Isaïe

Debout, Jérusalem ! Resplendis : elle est venue, ta lumière, et la gloire du Seigneur s’est levée sur toi.
Regarde : l’obscurité recouvre la terre, les ténèbres couvrent les peuples ; mais sur toi se lève le Seigneur, et sa gloire brille sur toi.
Les nations marcheront vers ta lumière, et les rois, vers la clarté de ton aurore.
Lève les yeux, regarde autour de toi : tous, ils se rassemblent, ils arrivent ; tes fils reviennent de loin, et tes filles sont portées sur les bras.
Alors tu verras, tu seras radieuse, ton coeur frémira et se dilatera. Les trésors d’au-delà des mers afflueront vers toi avec les richesses des nations.
Des foules de chameaux t’envahiront, des dromadaires de Madiane et d’Épha. Tous les gens de Saba viendront, apportant l’or et l’encens et proclamant les louanges du Seigneur

Psaume : 71, 1-2, 7-8, 10-11, 12-13

R/ Parmi toutes les nations, Seigneur, on connaîtra ton salut.

Dieu, donne au roi tes pouvoirs,
à ce fils de roi ta justice.
Qu’il gouverne ton peuple avec justice,
qu’il fasse droit aux malheureux ! 

En ces jours-là, fleurira la justice,
grande paix jusqu’à la fin des lunes !
Qu’il domine de la mer à la mer,
et du Fleuve jusqu’au bout de la terre !

Les rois de Tarsis et des Iles apporteront des présents.
Les rois de Saba et de Seba feront leur offrande.
Tous les rois se prosterneront devant lui,
tous les pays le serviront.

Il délivrera le pauvre qui appelle
et le malheureux sans recours.
Il aura souci du faible et du pauvre,
du pauvre dont il sauve la vie.

2ème lecture : L’appel au salut est universel (Ep 3, 2-3a.5-6)

Lecture de la lettre de saint Paul Apôtre aux Éphésiens

Frères, vous avez appris en quoi consiste la grâce que Dieu m’a donnée pour vous :
par révélation, il m’a fait connaître le mystère du Christ.
Ce mystère, il ne l’avait pas fait connaître aux hommes des générations passées, comme il l’a révélé maintenant par l’Esprit à ses saints Apôtres et à ses prophètes.
Ce mystère, c’est que les païens sont associés au même héritage, au même corps, au partage de la même promesse, dans le Christ Jésus, par l’annonce de l’Évangile

Evangile : Les mages païens viennent se prosterner devant Jésus (Mt 2, 1-12)

Acclamation : Alléluia. Alléluia. Nous avons vu se lever son étoile, et nous sommes venus adorer le Seigneur. Alléluia. (cf. Mt 2, 2)

Évangile de Jésus Christ selon saint Matthieu

Jésus était né à Bethléem en Judée, au temps du roi Hérode le Grand. Or, voici que des mages venus d’Orient arrivèrent à Jérusalem et demandèrent : « Où est le roi des Juifs qui vient de naître ? Nous avons vu se lever son étoile et nous sommes venus nous prosterner devant lui. »
En apprenant cela, le roi Hérode fut pris d’inquiétude, et tout Jérusalem avec lui. Il réunit tous les chefs des prêtres et tous les scribes d’Israël, pour leur demander en quel lieu devait naître le Messie. Ils lui répondirent : « À Bethléem en Judée, car voici ce qui est écrit par le prophète : Et toi, Bethléem en Judée, tu n’es certes pas le dernier parmi les chefs-lieux de Judée ; car de toi sortira un chef, qui sera le berger d’Israël mon peuple. »
Alors Hérode convoqua les mages en secret pour leur faire préciser à quelle date l’étoile était apparue ; puis il les envoya à Bethléem, en leur disant : « Allez vous renseigner avec précision sur l’enfant. Et quand vous l’aurez trouvé, avertissez-moi pour que j’aille, moi aussi, me prosterner devant lui. »
Sur ces paroles du roi, ils partirent. Et voilà que l’étoile qu’ils avaient vue se lever les précédait ; elle vint s’arrêter au-dessus du lieu où se trouvait l’enfant.
Quand ils virent l’étoile, ils éprouvèrent une très grande joie.
En entrant dans la maison, ils virent l’enfant avec Marie sa mère ; et, tombant à genoux, ils se prosternèrent devant lui. Ils ouvrirent leurs coffrets, et lui offrirent leurs présents : de l’or, de l’encens et de la myrrhe.  Mais ensuite, avertis en songe de ne pas retourner chez Hérode, ils regagnèrent leur pays par un autre chemin.
Patrick BRAUD

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