L'homélie du dimanche (prochain)

21 juillet 2024

Le coup d’œil d’André

Classé sous Communauté spirituelle — lhomeliedudimanche @ 12 h 30 min

Le coup d’œil d’André

 

Homélie pour le 17° Dimanche du Temps ordinaire / Année B 

28/07/24

 

Cf. également :

Afin que rien ni personne ne se perde
De l’achat au don
2, 5, 7, 12 : les nombres au service de l’eucharistie
Foule sentimentale
Multiplication des pains : une catéchèse d’ivoire
Le festin obligé
Épiphanie : l’économie du don
Donnez-leur vous mêmes à manger
Les deux sous du don…
Le jeu du qui-perd-gagne
Un festin par-dessus le marché
L’eucharistie selon Melchisédek
L’ « effet papillon » de la foi

André, le Protoclet


Détecter les HPI

Audrey Fleurot est Morgane Alvaro dans la série "HPI" diffusée sur TF1.La série cartonne sur TF1 : Morgane, une jeune femme rousse, délurée et excentrique, faisait le ménage dans les bureaux de la PJ de Lille lorsqu’elle tombe sur le dossier d’une affaire non résolue. En deux coups d’œil, elle repère les anomalies, fait les croisements nécessaires et met les enquêteurs sur la bonne piste ! La commissaire repère le phénomène, et lui demande d’aider la brigade comme consultante externe. Elle a su reconnaître le haut potentiel de cette femme atypique sans formation ni diplôme académique.

HPI, Haut Potentiel Intellectuel : ces 3 lettres nous invitent désormais à voir autrement les personnes qui manifestent une lecture décalée des événements, une autre forme d’intelligence des choses.

Dans le récit de la multiplication des pains de ce dimanche (Jn 6,1-15), arrêtons-nous sur le rôle d’André. Alors que Philippe doute et reste dans l’interrogative (« Où allons-nous trouver… ? » « Qu’est-ce que cela… ? »), André – lui - agit. Il parcourt des yeux la foule considérable rassemblée en ce lieu sauvage, et y décèle le haut potentiel dont Jésus va pouvoir faire quelque chose : un gamin avec cinq pains et deux poissons.

 

Détecter les hauts potentiels (évangéliques) n’est pas l’apanage des cabinets de chasseurs de têtes, des DRH ou recruteurs de tous bords. C’est un charisme lié à notre baptême : l’Esprit du Christ nous donne de voir les êtres autrement, et d’amener au Christ ceux qui peuvent porter du fruit en lui.

Parcourons quelques facettes de ce rôle confié à André tout au long des Évangiles, afin de découvrir notre propre vocation chrétienne de détecteurs de talents.

 

Voir le désir de l’autre

Le coup d’œil d’André dans Communauté spirituelle marieuse-a-temps-partielSouvent nous ne savons pas nous-même ce que nous cherchons en vérité. C’est par la médiation d’un autre que notre vocation nous est révélée : un professeur qui nous fait aimer sa matière, un champion de tennis qui brille à Roland-Garros, un proche qui nous offre une guitare ou un violon, une demande d’un coup de main etc. André a l’intuition que son frère Simon-Pierre va être bouleversé s’il le présente à Jésus. Il sait que Pierre espère un Messie, que c’est un homme travaillé par l’Esprit de Dieu lui faisant désirer une vie pleine et accomplie. Alors André amène son frère à Jésus (Jn 1,42).

Autrefois les marieuses faisaient cela : présenter une jeune fille à un jeune homme, pressentant qu’ils pourraient faire un joli couple. André est un peu le marieur du Jourdain : il partage avec son frère la rencontre de cet homme extraordinaire dont Jean-Baptiste le premier a su discerner le haut potentiel évangélique, et met Simon en contact avec Jésus.

Deviner le désir de l’autre est donc ce qui permet à André de proposer à son frère la rencontre de Jésus.

 

Le psychanalyste Jacques Lacan le disait avec justesse : aimer, ce n’est pas désirer l’autre, c’est désirer le désir de l’autre.

Désirer l’autre est une forme de consommation, d’instrumentalisation de celui-ci pour ma propre jouissance. Désirer le désir de l’autre est crucifiant, mais libérateur pour l’autre qui alors est soutenu dans sa quête la plus personnelle.

André voit le désir de son frère (l’attente du Messie) et il désire au plus profond de lui que Pierre aille jusqu’au bout de cette quête, pour devenir réellement lui-même. Il ne le force pas, ne lui impose rien, n’assène aucune vérité. Il lui propose une relation. La foi au Christ ne s’impose pas, ne se transmet pas, ne s’enseigne pas : elle se propose, à l’image d’André amenant son frère au rabbi du Jourdain…

 

Si nous prenions le temps comme André de connaître les soifs, les attentes, les espoirs de nos proches, alors nous saurions trouver les médiations, les occasions, les moments pour leur proposer de rencontrer le Christ.

 

Un autre moment évangélique où André fait preuve de radar spirituel lui permettant de détecter le désir d’autrui est le passage où, avec Philippe à nouveau, il transmet à Jésus le désir des Grecs de le connaître : 

« Il y avait quelques Grecs parmi ceux qui étaient montés à Jérusalem pour adorer Dieu pendant la fête de la Pâque. Ils abordèrent Philippe, qui était de Bethsaïde en Galilée, et lui firent cette demande : “Nous voudrions voir Jésus.” Philippe va le dire à André, et tous deux vont le dire à Jésus. Alors Jésus leur déclare : “L’heure est venue où le Fils de l’homme doit être glorifié. Amen, amen, je vous le dis : si le grain de blé tombé en terre ne meurt pas, il reste seul ; mais s’il meurt, il porte beaucoup de fruit » (Jn 12,20–24). 

Philippe et André sont bien placés pour transmettre cette demande, car leur prénom traduit leur culture grecque. Philippe signifie en grec : « qui aime les chevaux » (philéô / híppos), et André : « homme » (andros). Ces deux-là détonnent parmi les Douze, par leur culture grecque qui les différencie des dix autres, hébreux, fils d’hébreux. Leur double culture leur permet pourtant de faire le pont entre l’Église – hébraïque à l’origine – et le monde grec. D’ailleurs, André deviendra la figure de l’Église grecque du patriarcat de  Constantinople, présenté comme le frère du patriarcat de Rome – l’Église latine – représentée par Pierre [1].

André est passé de Jean-Baptiste, le dernier prophète de l’Ancien Testament, à Jésus, premier prophète du Nouveau. Il aidera l’Église à passer de l’univers juif à la sagesse grecque. Après la Pentecôte, il partit prêcher l’Évangile, au cours d’un long périple, tout autour des côtes de la mer Noire. Ses voyages l’amenèrent en Bithynie (côte turque), à Éphèse, en Mésopotamie, en Ukraine actuelle, en Thrace (région entre le Bosphore et le Danube), à Byzance et finalement en Achaïe (région au nord du Péloponnèse), où il finit crucifié, sous l’empereur Néron, à Patras (Grèce) en l’an 60.

 

Présenter au Christ la requête de cultures non chrétienne est le magnifique rôle confié à André et Philippe, qui nous revient également aujourd’hui.

Les « Grecs » qui veulent voir Jésus sont parmi nos contemporains ceux qui ont soif d’une spiritualité authentique, ceux qui cherchent une grande et juste cause à laquelle se donner, ceux qui s’étourdissent dans les plaisirs de l’Occident sans pourtant y trouver leur compte etc. La culture de ces « Grecs » est truffée de numérique, de technologique, mais aussi de mondialisation, de revendications individuelles etc. Tous ces éléments sont aussi étrangers à la culture biblique que les Grecs étaient étrangers à Jérusalem sous la domination romaine… 

« Amener les Grecs au Christ » comme André et Philippe relève alors d’un formidable travail d’inculturation, à peine entamé en réalité. Écouter ces cultures, y repérer les hauts potentiels, discerner ceux et ce qui peut y porter du fruit ou non, les présenter au Christ et réciproquement : ce travail théologique et spirituel incombe à toute l’Église, et pas seulement à quelques-uns.

 

Qui puis-je amener au Christ de ces « Grecs » autour de moi ?

Que pourrais-je présenter au Christ de leur culture pour qu’il la féconde et en multiplie les fruits mieux que les cinq pains et deux poissons ?

 

Repérer le peu et le petit

La-multiplication-des-pains-08 André dans Communauté spirituelleNourrir les foules : Philippe ne voit que l’ampleur impossible de la tâche. André agit, et s’appuie sur ce qu’il peut, c’est-à-dire pas grand-chose au début. Il a le coup d’œil pour repérer un enfant (c’est petit) avec 5 pains et 2 poissons (c’est peu). Là où Philippe ne voit qu’une disproportion dérisoire et désespérante, André refuse de juger, et veut seulement  faire confiance à ce que fera Jésus.

À l’image de la graine de moutarde, le royaume de Dieu commence souvent par de petites choses faites par de petites gens. L’humble bergère de Lourdes a transformé son siècle mieux que l’empereur Napoléon III. Un petit livre de Soljenitsyne a suffi à ébranler l’empire du mensonge russe. Quelques étudiants sur la place Tien-An-Men ont dévoilé pour toujours la force dictatoriale du parti communiste chinois. Pendant l’hiver 54 un jeune curé ensoutané, bien seul, se révolte devant un bébé mort de froid dans les rues de Paris, et ose lancer un appel sur la radio RTL, déclenchant une énorme « insurrection de la bonté »  débouchant sur la formation des communautés Emmaüs etc.

 

À notre échelle, il est de notre responsabilité de repérer comme André le peu et le petit à partir de quoi / de qui le Christ pourra nourrir les foules. C’est peut-être un collègue, un sans-grade prenant des risques pour la justice au travail. C’est parfois un voisin plein d’humanité et de compassion. C’est dans une association quelqu’un qui a le talent de parler, d’accompagner ou d’organiser…

Le christianisme est une religion des commencements : à partir de peu de choses commence à germer un univers nouveau ; à partir de gens de peu commence à germer un Peuple de Dieu. Ces 5 pains et 2 poissons ne cessent de se multiplier sous nos yeux, si nous savons chausser les lunettes d’André scrutant la foule au désert.

Prions pour que ce coup d’œil d’André devienne le nôtre.

Cette semaine, quel est le peu et le petit que je pourrais amener au Christ ?

 

___________________________

[1]. Les latins comprendront mal l’évolution ultérieure de Byzance – Constantinople fondée par André. À tel point que les Croisés, lors du triste saccage de Constantinople de la 4° croisade en 1204 – pillages et tueries impardonnables de frères chrétiens – volèrent des reliques de l’apôtre et ramenèrent fièrement son crâne en Italie. Ce vol manifeste dura des siècles, au grand dam légitime des orientaux. Il aura fallu le génie de charité du pape Paul VI pour remettre en 1964 à l’évêque de Patras le crâne d’André qui n’aurait jamais dû quitter la Grèce. André est ainsi un emblème de l’œcuménisme entre les deux Églises-sœurs de Constantinople et Rome. La fameuse icône représentant les deux frères Pierre et André unis affectueusement fut offerte par le patriarche Athënagoras à Paul VI lors de leur rencontre historique pour la fête de l’Épiphanie en 1964, en plein concile Vatican II.

 

 

LECTURES DE LA MESSE

PREMIÈRE LECTURE
« On mangera, et il en restera » (2 R 4, 42-44)

Lecture du deuxième livre des Rois
En ces jours-là, un homme vint de Baal-Shalisha et, prenant sur la récolte nouvelle, il apporta à Élisée, l’homme de Dieu, vingt pains d’orge et du grain frais dans un sac. Élisée dit alors : « Donne-le à tous ces gens pour qu’ils mangent. » Son serviteur répondit : « Comment donner cela à cent personnes ? » Élisée reprit : « Donne-le à tous ces gens pour qu’ils mangent, car ainsi parle le Seigneur : ‘On mangera, et il en restera.’ » Alors, il le leur donna, ils mangèrent, et il en resta, selon la parole du Seigneur.

PSAUME
(Ps 144 (145), 10-11, 15-16, 17-18)
R/ Tu ouvres la main, Seigneur : nous voici rassasiés. (Ps 144, 16)

Que tes œuvres, Seigneur, te rendent grâce
et que tes fidèles te bénissent !
Ils diront la gloire de ton règne,
ils parleront de tes exploits.

Les yeux sur toi, tous, ils espèrent :
tu leur donnes la nourriture au temps voulu ;
tu ouvres ta main :
tu rassasies avec bonté tout ce qui vit.

Le Seigneur est juste en toutes ses voies,
fidèle en tout ce qu’il fait.
Il est proche de tous ceux qui l’invoquent,
de tous ceux qui l’invoquent en vérité.

DEUXIÈME LECTURE
« Un seul Corps, un seul Seigneur, une seule foi, un seul baptême » (Ep 4, 1-6)


Lecture de la lettre de saint Paul apôtre aux Éphésiens
Frères, moi qui suis en prison à cause du Seigneur, je vous exhorte à vous conduire d’une manière digne de votre vocation : ayez beaucoup d’humilité, de douceur et de patience, supportez-vous les uns les autres avec amour ; ayez soin de garder l’unité dans l’Esprit par le lien de la paix. Comme votre vocation vous a tous appelés à une seule espérance, de même il y a un seul Corps et un seul Esprit. Il y a un seul Seigneur, une seule foi, un seul baptême, un seul Dieu et Père de tous, au-dessus de tous, par tous, et en tous.


ÉVANGILE
« Ils distribua les pains aux convives, autant qu’ils en voulaient » (Jn 6, 1-15)

Alléluia. Alléluia. Un grand prophète s’est levé parmi nous : et Dieu a visité son peuple. Alléluia. (Lc 7, 16)

Évangile de Jésus Christ selon saint Jean
En ce temps-là, Jésus passa de l’autre côté de la mer de Galilée, le lac de Tibériade. Une grande foule le suivait, parce qu’elle avait vu les signes qu’il accomplissait sur les malades. Jésus gravit la montagne, et là, il était assis avec ses disciples. Or, la Pâque, la fête des Juifs, était proche. Jésus leva les yeux et vit qu’une foule nombreuse venait à lui. Il dit à Philippe : « Où pourrions-nous acheter du pain pour qu’ils aient à manger ? » Il disait cela pour le mettre à l’épreuve, car il savait bien, lui, ce qu’il allait faire. Philippe lui répondit : « Le salaire de deux cents journées ne suffirait pas pour que chacun reçoive un peu de pain. » Un de ses disciples, André, le frère de Simon-Pierre, lui dit : « Il y a là un jeune garçon qui a cinq pains d’orge et deux poissons, mais qu’est-ce que cela pour tant de monde ! » Jésus dit : « Faites asseoir les gens. » Il y avait beaucoup d’herbe à cet endroit. Ils s’assirent donc, au nombre d’environ cinq mille hommes. Alors Jésus prit les pains et, après avoir rendu grâce, il les distribua aux convives ; il leur donna aussi du poisson, autant qu’ils en voulaient. Quand ils eurent mangé à leur faim, il dit à ses disciples : « Rassemblez les morceaux en surplus, pour que rien ne se perde. » Ils les rassemblèrent, et ils remplirent douze paniers avec les morceaux des cinq pains d’orge, restés en surplus pour ceux qui prenaient cette nourriture.

À la vue du signe que Jésus avait accompli, les gens disaient : « C’est vraiment lui le Prophète annoncé, celui qui vient dans le monde. » Mais Jésus savait qu’ils allaient l’enlever pour faire de lui leur roi ; alors de nouveau il se retira dans la montagne, lui seul.
.Patrick Braud

 

 

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23 juin 2019

Quelles sont vos vraies urgences ?

Classé sous Communauté spirituelle — lhomeliedudimanche @ 12 h 30 min

Quelles sont vos vraies urgences ?

 

Homélie pour le 13° Dimanche du temps ordinaire / Année C
30/06/2019

Cf. également :

Traverser la dépression : le chemin d’Elie
Dieu est le plus court chemin d’un homme à un autre
Sans condition, ni délai
Exigeante et efficace : la non-violence
Du feu de Dieu !

Un cadre me rapportait cette anecdote :
« J’avais rendez-vous avec une collègue pour travailler ensemble une heure sur un sujet assez pointu. Chacun de nous avait son ordinateur portable devant lui. Avec stupéfaction, j’ai observé son comportement : pendant une heure elle n’a cessé de répondre à ses mails et messages qui apparaissaient en pop-up sur l’écran de son ordinateur, sur son téléphone mobile professionnel, sur son téléphone mobile personnel (elle avait posé les deux sur la table !) et même sur sa montre connectée qui bipait régulièrement au point de l’interrompre dans une phrase pour la consulter et répondre… Son souci d’être connectée en permanence et de répondre dans l’urgence à tous ses messages sur ses quatre écrans la coupait en réalité d’une présence effective à l’autre et à sa tâche présente… Le pire était qu’elle adoptait ce comportement en toute bonne conscience, croyant accomplir son devoir, et sans égards aucun pour le travail commun qui évidemment en pâtissait  ».
Ne pas savoir gérer ses priorités devient un mal endémique du monde professionnel…

Qu’en dit l’Évangile ?

 

Jésus aux Urgences

Il flotte comme un parfum d’urgence dans notre Évangile de ce Dimanche (Lc 9, 51-62).

Quelles sont vos vraies urgences ? dans Communauté spirituelle Meditation_misericorde_11Jésus ne veut pas faire tomber « le feu du ciel » sur un village de samaritains refusant de les accueillir, parce qu’il a hâte de monter vers Jérusalem où l’attend le dénouement ultime de sa mission. Il indique à un homme voulant le suivre que lui-même ne possède rien, ni terrier comme le renard ni « pierre où reposer la tête », et ceci afin d’être libre d’obéir à l’instant aux appels de son Père. Il demande à un homme qu’il appelle à sa suite de renoncer à enterrer son père, car le temps presse et le règne de Dieu n’attend pas. Ce qui est quand même choquant, à dessein : qui peut être absent à l’enterrement de son père, même en cas de brouille majeure ? Il conseille à celui qui veut faire ses adieux à ses proches pour le suivre de ne pas regarder en arrière alors qu’il vient de « mettre la main à la charrue », car le royaume de Dieu n’attend pas, comme la moisson abondante n’attend pas la fin de l’été.

On comprend que pour Jésus l’aboutissement de sa mission - qu’il pressent à la fois proche et tragique - soit l’objectif vers lequel tout son être est tendu. En marche vers Jérusalem pour cet accomplissement ultime, l’heure n’est pas aux affaires de moindre importance.

 

Petite histoire de l’urgence spirituelle

Les apôtres se sont étonnés de cette accélération qui transformait leur important en détail, et leurs soucis quotidiens en sous-priorités. Après Pâques, leur urgence – l’urgence de l’Église naissante – sera eschatologique. Croyant (à tort !) que le retour du Ressuscité  en gloire était imminent, ils se mettaient à vendre leurs biens pour tout partager (mais qui produit de la richesse alors ?), sûrs que Jésus revient demain. Paul lui-même conseille à ceux qui sont célibataires de le rester, car si la fin du monde est pour bientôt, à quoi sert de se marier ?

Pendant le Moyen Âge, l’imminence de la fin collective du monde s’est évanouie; elle est remplacée par celle de la fin individuelle : l’obsession de la mort, à bien préparer pour éviter l’enfer, est d’autant plus forte que la mort arrive à l’improviste, et que l’espérance de vie est courte (peste, guerres, famines). Seul l’an 1000 réveille pour un temps l’effervescence eschatologique et le rêve d’un règne de mille ans (le millénarisme) que Dieu serait censé établir au changement de millénaire.

Évidemment, avec les siècles, ce sentiment d’urgence eschatologique va fortement s’émousser lorsque l’Église constate que le retour du Christ en gloire met plus de temps que prévu. Alors elle s’installe – trop – dans la gestion du présent et du matériel. Alors elle remplace l’urgence du royaume de Dieu par l’urgence de la mission. Et cela donne l’évangélisation des mondes connus ou inconnus dont les XVIII° et XIX° siècles nous écrivent d’admirables pages malgré de réelles noirceurs.

23447 discernement dans Communauté spirituelleAvec la sécularisation de l’Europe occidentale, l’urgence religieuse se voit peu à peu remplacée par des urgences collectives très horizontales, immanentes, mais néanmoins importantes. La plus fameuse est sans doute l’urgence climatique. Des prédictions catastrophiques aux projections plus réalistes, le monde scientifique et médiatique bat le tocsin pour sauver la planète d’un réchauffement qu’on nous annonce comme imminent, d’une disparition de la biodiversité bientôt irréparable, d’une diminution ultrarapide des ressources d’énergie non renouvelables etc. Les plus anciens se souviendront quand même d’avoir entendu de tels sons de cloche lors du premier choc pétrolier en 1973-74… Mais le pétrole reste la première production d’énergie mondiale 50 ans après, sans compter le charbon qu’on croyait mort et qui résiste dans les pays moins développés ou en Chine…

D’autres urgences collectives concernent plutôt le quotidien. Chacun connaît les numéros des urgences à l’hôpital, de la police ou des pompiers, car il y a des situations où, toutes  affaires cessantes, il faut effectivement donner la priorité à un blessé, une victime, des personnes en danger immédiat. Mais les urgences hospitalières sont saturées par les fausses urgences de patients ne trouvant pas de généralistes ou s’affolant trop vite. Des associations comme ATD Quart-Monde ou les Restos du Cœur nous rappellent régulièrement que l’aide aux plus démunis devrait être une  urgence sociale. Droit au Logement, Habitat et Humanisme et la Fondation Emmaüs nous alertent régulièrement sur l’urgence du logement social en France. Les organismes gérant le surendettement et les aides financières d’urgence nous disent qu’il y a là des situations de détresse qui se multiplient et qui sont à traiter en priorité absolue.

Pour une entreprise privée, il est urgent de réagir quand la courbe de la marge opérationnelle descend sous celle de la masse salariale, sinon licenciements et fermetures seront inévitables. Etc., etc.

Vous le voyez, les débats sur ce qui est urgent et sur ce qui l’est moins, ou pas du tout, traverse notre société depuis des siècles. Et l’histoire universelle de l’urgence est encore à écrire.

L’Évangile aujourd’hui nous demande d’opérer un discernement, un authentique discernement spirituel (= à la lumière de l’Esprit de Dieu) : qu’est-ce qui est urgent et qu’est-ce qui peut attendre ?

 

La matrice d’Eisenhower

La question rejaillit dans notre vie personnelle. Que ce soit au travail ou dans notre vie privée, certains ont l’impression de courir sans cesse, se croit obligés de répondre tout de suite à leurs SMS, à leurs mails. D’autres, affairés sans rien faire, se donnent beaucoup d’importance en faisant semblant d’être occupés et même débordés sans cesse. Certains étouffent sous le rythme accéléré des rendez-vous, des réunions, des activités qui s’enchaînent sans laisser le temps de respirer. Que faire pour ralentir ? pour distinguer l’essentiel de l’accessoire ?

Un petit outil fort simple peut nous aider, aussi bien pour notre agenda professionnel que pour notre progression spirituelle personnelle. Il s’agit de la matrice d’Eisenhower, du nom du célèbre 34° président des USA de 1953 à 1961. Il proposait de distinguer l’important de l’urgent, et de répartir les différentes tâches ou objectifs à accomplir dans un carré magique, avec l’urgence en abscisses et l’importance en ordonnées :

Matrice Eisenhower

Par exemple, répondre à un mail proposant un entretien d’embauche est urgent et important, alors que lire un bon livre mis de côté peut être important mais non urgent. Descendre la poubelle peut devenir urgent mais pas si important que cela, et faire du lèche-vitrines n’est peut-être ni urgent ni important.

Dans le quadrant 1 sont donc nos vraies urgences parce qu’importantes, à faire nous-mêmes le plus vite possible. Dans le quadrant 2 sont des activités qui n’ont pas d’échéances prévues, et qu’on peut planifier. Dans le quadrant 3 sont plutôt des divertissements, intéressants mais peu utiles pour poursuivre nos buts à long terme, qu’on peut donc différer ou abandonner si on veut récupérer du temps. Dans le quadrant 4 sont des tâches et sollicitations d’autrui, qui demandent une réponse rapide sans que cela nous aide à atteindre nos objectifs, et quoi peuvent être déléguées.

Si on tente de remplir la matrice d’Eisenhower pour notre vie spirituelle, on pourrait avoir une configuration de ce genre, que chacun amendera et complétera :

Matrice Eisenhower spi

C’est tout l’art du discernement de repérer les activités à évaluer et de savoir dans quel quadrant les placer…

 

Pour répondre à l’urgence, apprendre à dire non

Résister à la pression des demandes non importantes et/ou non urgentes exige en outre de cultiver en nous la capacité de dire non. Non à ceux qui polluent nos boîtes mails, nos agendas, notre énergie. Ce qui la plupart du temps aidera en boomerang l’expéditeur de ces demandes inopportunes à prendre conscience lui aussi que l’essentiel est ailleurs. Certains utilisent pour cela la méthode dite de la procrastination structurée, afin d’effectuer ce classement : remettre au lendemain ce qui apparaît moins urgent permet de traiter aujourd’hui ce qui l’est vraiment !

Retrouver le sens de l’urgence véritable demande donc d’apprendre à dire non.

Non, je ne suis pas obligé de perdre du temps à éliminer mes ennemis (« le feu du ciel »).
Non, je ne suis pas obligé d’accumuler des biens tout au long de mon existence (« pas de pierre où reposait la tête »).
Non je ne suis pas tenu à respecter les rituels sociaux ou religieux qui me feraient perdre de vue mon but ultime (« laisse les morts enterrer leurs morts »).
Non, l’affection de mes proches ne doit pas me lier au point de m’empêcher d’aller au bout de ma vocation (« ne pas regarder en arrière lorsqu’on a mis la main à la charrue »).

Savoir dire non aux fausses pressions amicales, hiérarchiques et sociales est sans doute une clé précieuse pour discerner l’important et l’urgent.

« Le monde est en feu… ce n’est point l’heure de traiter avec Dieu d’affaires de peu d’importance » disait Sainte Thérèse d’Avila à ses Sœurs.
Et vous, quelles sont vos vraies urgences ?
Qu’est-ce qui est si important que cela passe avant le reste ?
Qu’est-ce qui mérite de réagir très vite, et qu’est-ce qui peut attendre ?
Et notamment sur le plan spirituel ?

 

Lectures de la messe

Première lecture
« Élisée se leva et partit à la suite d’Élie » (1 R 19, 16b.19-21)

Lecture du premier livre des Rois

En ces jours-là, le Seigneur avait dit au prophète Élie : « Tu consacreras Élisée, fils de Shafath, comme prophète pour te succéder. » Élie s’en alla. Il trouva Élisée, fils de Shafath, en train de labourer. Il avait à labourer douze arpents, et il en était au douzième. Élie passa près de lui et jeta vers lui son manteau. Alors Élisée quitta ses bœufs, courut derrière Élie, et lui dit : « Laisse-moi embrasser mon père et ma mère, puis je te suivrai. » Élie répondit : « Va-t’en, retourne là-bas ! Je n’ai rien fait. » Alors Élisée s’en retourna ; mais il prit la paire de bœufs pour les immoler, les fit cuire avec le bois de l’attelage, et les donna à manger aux gens. Puis il se leva, partit à la suite d’Élie et se mit à son service.

Psaume
(Ps 15 (16), 1.2a.5, 7-8, 9-10, 2b.11)
R/ Dieu, mon bonheur et ma joie !
(cf. Ps 15, 2.11)

Garde-moi, mon Dieu : j’ai fait de toi mon refuge.
J’ai dit au Seigneur : « Tu es mon Dieu !
Seigneur, mon partage et ma coupe :
de toi dépend mon sort. »

Je bénis le Seigneur qui me conseille :
même la nuit mon cœur m’avertit.
Je garde le Seigneur devant moi sans relâche ;
il est à ma droite : je suis inébranlable.

Mon cœur exulte, mon âme est en fête,
ma chair elle-même repose en confiance :
tu ne peux m’abandonner à la mort
ni laisser ton ami voir la corruption.

Je n’ai pas d’autre bonheur que toi.
Tu m’apprends le chemin de la vie :
devant ta face, débordement de joie !
À ta droite, éternité de délices !

Deuxième lecture
« Vous avez été appelés à la liberté » (Ga 5, 1.13-18)

Lecture de la lettre de saint Paul apôtre aux Galates

Frères, c’est pour que nous soyons libres que le Christ nous a libérés. Alors tenez bon, ne vous mettez pas de nouveau sous le joug de l’esclavage. Vous, frères, vous avez été appelés à la liberté. Mais que cette liberté ne soit pas un prétexte pour votre égoïsme ; au contraire, mettez-vous, par amour, au service les uns des autres. Car toute la Loi est accomplie dans l’unique parole que voici : Tu aimeras ton prochain comme toi-même. Mais si vous vous mordez et vous dévorez les uns les autres, prenez garde : vous allez vous détruire les uns les autres. Je vous le dis : marchez sous la conduite de l’Esprit Saint, et vous ne risquerez pas de satisfaire les convoitises de la chair. Car les tendances de la chair s’opposent à l’Esprit, et les tendances de l’Esprit s’opposent à la chair. En effet, il y a là un affrontement qui vous empêche de faire tout ce que vous voudriez. Mais si vous vous laissez conduire par l’Esprit, vous n’êtes pas soumis à la Loi.

Évangile
« Jésus, le visage déterminé, prit la route de Jérusalem » « Je te suivrai partout où tu iras » (Lc 9, 51-62)
Alléluia. Alléluia.
Parle, Seigneur, ton serviteur écoute ; Tu as les paroles de la vie éternelle. Alléluia. (cf. 1 S 3,9 ; Jn 6, 68c)

Évangile de Jésus Christ selon saint Luc

Comme s’accomplissait le temps où il allait être enlevé au ciel, Jésus, le visage déterminé, prit la route de Jérusalem. Il envoya, en avant de lui, des messagers ; ceux-ci se mirent en route et entrèrent dans un village de Samaritains pour préparer sa venue. Mais on refusa de le recevoir, parce qu’il se dirigeait vers Jérusalem. Voyant cela, les disciples Jacques et Jean dirent : « Seigneur, veux-tu que nous ordonnions qu’un feu tombe du ciel et les détruise ? » Mais Jésus, se retournant, les réprimanda. Puis ils partirent pour un autre village.

En cours de route, un homme dit à Jésus : « Je te suivrai partout où tu iras. » Jésus lui déclara : « Les renards ont des terriers, les oiseaux du ciel ont des nids ; mais le Fils de l’homme n’a pas d’endroit où reposer la tête. »
Il dit à un autre : « Suis-moi. » L’homme répondit : « Seigneur, permets-moi d’aller d’abord enterrer mon père. » Mais Jésus répliqua : « Laisse les morts enterrer leurs morts. Toi, pars, et annonce le règne de Dieu. »
Un autre encore lui dit : « Je te suivrai, Seigneur ; mais laisse-moi d’abord faire mes adieux aux gens de ma maison. » Jésus lui répondit : « Quiconque met la main à la charrue, puis regarde en arrière, n’est pas fait pour le royaume de Dieu. »

Patrick BRAUD

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19 janvier 2013

La hiérarchie des charismes

Classé sous Communauté spirituelle — lhomeliedudimanche @ 0 h 01 min

La hiérarchie des charismes

Homélie du 2° Dimanche du temps ordinaire / Année C
20/01/2013

 

Dans les entretiens d’embauche, une question revient souvent, censée déstabiliser le candidat et le révéler en vérité : « quelle est votre plus grande qualité ? »
Le piège n’est pas simple à éviter. Si le demandeur d’emploi cite une trop grande qualité (ex : je suis le meilleur dans mon métier), il passera pour un prétentieux avec un ego difficile ; si au contraire ils se sous-estime (ex : je suis plutôt gentil), il n’inspirera pas confiance pour des postes à responsabilités.

Bref, discerner son talent principal demande beaucoup de sagesse, de connaissance de soi, et d’humilité réaliste.

Saint-Paul semble aider la communauté de Corinthe à réussir son entretien d’embauche ! Quelles sont les qualités principales de cette Église locale ? Quels sont les dons les plus importants qu’elle a reçus de l’Esprit Saint ? Autrement dit : quelle est la hiérarchie des charismes qui doit orienter l’action de La hiérarchie des charismes dans Communauté spirituelle b2-cdb---des-criteres-pour-discerner-les-charismesl’assemblée ? 

Visiblement, les corinthiens étaient fascinés par les charismes les plus spectaculaires. Certains semblaient « parler en langues », c’est-à-dire prier en chantant au-delà des mots, comme dans une langue inconnue. D’autres semblaient avoir des pouvoirs de guérison, toujours impressionnants. Si vous allez visiter les communautés baptistes, évangéliques, ou du renouveau charismatique, vous retrouverez ces charismes et d’autres encore. Auprès des populations africaines notamment, l’attrait de ces pouvoirs extraordinaires est énorme.

Comment réagit Paul ?

Il remet les choses dans l’ordre, avec tact. Il prend de la hauteur. Aux fidèles trop friands de « charismes » plus visibles, il montre la diversité des dons qui concourent tous à l’oeuvre du Seigneur. Tous les dons ont la même source et le même but. L’unité d’origine est marquée par les trois expressions sur pied d’égalité : « le même Esprit », « le même Seigneur », « le même Dieu ». L’unité de but, car les charismes sont donnés pour le bien de l’Église, non pour une gloire personnelle, est exprimée par l’oikodomé, « l’édification », la construction de la communauté. Ce sera l’ultime critère dont l’Apôtre se servira pour juger de la valeur d’un charisme : « Je préfère dire cinq paroles intelligibles pour instruire les autres plutôt que dix mille en langues ». On notera que l’ordre des charismes est à gradation descendante : les derniers nommés sont ceux que les Corinthiens sont portés à trop priser.

 charismes dans Communauté spirituelle 

C’est donc qu’un charisme ne vaut que par la finalité qu’il sert. Les talents d’Hitler (éloquence, ascendant sur les foules, stratégie industrielle?) auraient peut-être fait des merveilles s’il ne s’était mis au service du nazisme. Un charisme n’est jamais qu’un moyen au service d’une fin, pas un but en soi. Pour Paul, le but ultime est l’édification de la communauté, ce qui implique son unité et sa croissance.

Ce but n’est pas individuel : répétons-le, un charisme n’est pas donné pour la gloire personnelle de quelqu’un, mais pour le mettre au service de tous.

Dans la vie de l’Église actuelle, cela met clairement certains charismes au-dessus des autres : le sens de l’unité avant la recherche du spectaculaire, le discernement de ce qui est sage avant la radicalité de la foi, la défense des pauvres avant la connaissance intellectuelle. Attention cependant : hiérarchiser les charismes ne veut pas dire les dévaloriser. Chaque talent reçu compte, chaque don individuel mérite d’être reconnu, respecté, encouragé. Mais il y a un ordre d’importance qui ne les met pas tous au même rang.

Transposez cela au monde professionnel.

Cela demande d’abord que chacun puisse découvrir, se dire à lui-même et aux autres ce qu’il a reçu comme talent : untel sait bien parler et emporter la conviction ; un autre est le champion de l’organisation ; un autre encore sait créer les liens indispensables etc…

Un chef d’équipe qui voudra être « servant leader » aura à coeur d’aider chacun des membres de son équipe à mettre au jour ses charismes professionnels. Impossible de manager une équipe sans avoir cette passion du chercheur d’or, qui passe et repasse au tamis l’eau de la rivière, même la plus boueuse, pour y discerner des pépites de toutes tailles. Ensuite, le travail du « boss » est reconnaître ou de manifester ces charismes à l’intéressé lui-même, à son équipe, et de les valoriser pour leur permettre de donner toute leur puissance. Et enfin il doit veiller à ce qu’ils soient mis au service du bien commun de l’équipe, de l’entreprise. Ce dernier point fait toute la différence entre la réussite individuelle et le progrès commun, entre le mercenaire et le mousquetaire en quelque sorte.

 

Le critère paulinien un vaut également pour l’entreprise : le but ultime est l’unité et la croissance. C’est là un critère de discernement finalement assez simple. Les qualités qui le-voyage-du-directeur-des-ressources-humaines-affiche-19b81 discernementpeuvent faire progresser cette« édification » sont à privilégier sur les autres. Les collaborateurs qui s’inscrivent dans cette dynamique de l’édification commune sont à promouvoir en priorité. Les « patrons » qui seront dans cet esprit de servant leader par rapport à leurs équipes sont à valoriser avant les autres.

Introduire cette hiérarchie dans les charismes professionnels peut obliger à revoir bien des progressions de carrière, bien des politiques de recrutement, voire beaucoup de méthodes d’évaluation et les grilles salariales afférentes.

Corinthe, c’était un port de commerce à la jointure de monde, où la mondialisation par la mer faisait bouillonner le chaudron des cultures et des classes sociales. L’Église corinthienne était faite de dockers – des durs, des tatoués - et des classes sociales les plus basses. Pourtant, une multitude de charismes y éclatait. Et Paul, sans en étouffer aucun, met patiemment de l’ordre, invite la communauté à pacifier sa vie interne en partant de l’essentiel, sans se laisser fasciner par les charismes de moindre importance.

Si Paul a pu faire ce travail de discernement à Corinthe, nous pouvons en faire un semblable dans nos communautés ecclésiales comme dans nos entreprises.

Prendre conscience des charismes reçus et aider chacun à le faire, les hiérarchiser pour ne pas perdre de vue l’essentiel, les mettre au service de l’édification commune : voilà un chemin qui parlera au maître spirituel comme au DRH soucieux de la progression de ses collaborateurs…

 

1ère lecture : Les noces de Dieu et de son peuple (Is 62, 1-5)

Lecture du livre d’Isaïe

Pour la cause de Jérusalem je ne me tairai pas,
pour Sion je ne prendrai pas de repos,
avant que sa justice ne se lève comme l’aurore
et que son salut ne flamboie comme une torche.
Les nations verront ta justice,
tous les rois verront ta gloire.
On t’appellera d’un nom nouveau,
donné par le Seigneur lui-même.
Tu seras une couronne resplendissante
entre les doigts du Seigneur,
un diadème royal dans la main de ton Dieu.
On ne t’appellera plus : « La délaissée »,
on n’appellera plus ta contrée : « Terre déserte »,
mais on te nommera : « Ma préférée »,
on nommera ta contrée : « Mon épouse »,
car le Seigneur met en toi sa préférence
et ta contrée aura un époux.
Comme un jeune homme épouse une jeune fille,
celui qui t’a construite t’épousera.
Comme la jeune mariée est la joie de son mari,
ainsi tu seras la joie de ton Dieu.

Psaume : Ps 95, 1-2a, 2b-3, 7-8a, 9a.10ac

R/ Allez dire au monde entier
les merveilles de Dieu !

Chantez au Seigneur un chant nouveau,
chantez au Seigneur, terre entière,
chantez au Seigneur et bénissez son nom !

De jour en jour, proclamez son salut,
racontez à tous les peuples sa gloire,
à toutes les nations ses merveilles !

Rendez au Seigneur, familles des peuples,
rendez au Seigneur la gloire et la puissance,
rendez au Seigneur la gloire de son nom.

Adorez le Seigneur, éblouissant de sainteté.
Allez dire aux nations : « Le Seigneur est roi ! »
Il gouverne les peuples avec droiture.

2ème lecture : Diversité des charismes dans l’unité (1Co 12, 4-11)
Lecture de la première lettre de saint Paul Apôtre aux Corinthiens

Frères,
Les dons de la grâce sont variés, mais c’est toujours le même Esprit. Les fonctions dans l’Église sont variées, mais c’est toujours le même Seigneur.
Les activités sont variées, mais c’est toujours le même Dieu qui agit en tous.
Chacun reçoit le don de manifester l’Esprit en vue du bien de tous.
À celui-ci est donné, grâce à l’Esprit, le langage de la sagesse de Dieu ; à un autre, toujours par l’Esprit, le langage de la connaissance de Dieu ;
un autre reçoit, dans l’Esprit, le don de la foi ; un autre encore, des pouvoirs de guérison dans l’unique Esprit ;
un autre peut faire des miracles, un autre est un prophète, un autre sait reconnaître ce qui vient vraiment de l’Esprit ; l’un reçoit le don de dire toutes sortes de paroles mystérieuses, l’autre le don de les interpréter.
Mais celui qui agit en tout cela, c’est le même et unique Esprit : il distribue ses dons à chacun, selon sa volonté.

Evangile : Les noces de Cana (Jn 2, 1-11)

Acclamation : Alléluia. Alléluia.
Soyons dans la joie pour l’Alliance nouvelle :
heureux les invités aux noces de l’Agneau !
Alléluia. (Cf. Ap 19, 7.9)

Évangile de Jésus Christ selon saint Jean

Il y avait un mariage à Cana en Galilée. La mère de Jésus était là.
Jésus aussi avait été invité au repas de noces avec ses disciples. 

Or, on manqua de vin ; la mère de Jésus lui dit : « Ils n’ont pas de vin. »
Jésus lui répond : « Femme, que me veux-tu ? Mon heure n’est pas encore venue. »
Sa mère dit aux serviteurs : « Faites tout ce qu’il vous dira. »
Or, il y avait là six cuves de pierre pour les ablutions rituelles des Juifs ; chacune contenait environ cent litres.
Jésus dit aux serviteurs : « Remplissez d’eau les cuves. » Et ils les remplirent jusqu’au bord.
Il leur dit : « Maintenant, puisez, et portez-en au maître du repas. » Ils lui en portèrent.
Le maître du repas goûta l’eau changée en vin. Il ne savait pas d’où venait ce vin, mais les serviteurs le savaient, eux qui avaient puisé l’eau.
Alors le maître du repas interpelle le marié et lui dit : « Tout le monde sert le bon vin en premier, et, lorsque les gens ont bien bu, on apporte le moins bon. Mais toi, tu as gardé le bon vin jusqu’à maintenant. »

Tel fut le commencement des signes que Jésus accomplit. C’était à Cana en Galilée. Il manifesta sa gloire, et ses disciples crurent en lui.
Patrick Braud

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