L'homélie du dimanche (prochain)

24 septembre 2023

Vaut-il mieux dire ou faire ?

Classé sous Communauté spirituelle — lhomeliedudimanche @ 12 h 30 min

Vaut-il mieux dire ou faire ?

Homélie pour le 26° Dimanche du temps ordinaire / Année A
01/10/2023

Cf. également :
L’évangile de la seconde chance
Justice punitive vs justice restaurative
Changer de regard sur ceux qui disent non
Les collabos et les putains
Rameaux, kénose et relèvement

1. Ils disent et ne font pas
Vaut-il mieux dire ou faire ? dans Communauté spirituelle mome-mosquée
La parabole des deux enfants (Mt 21,28-32) de ce dimanche semble claire, et elle satisfait notre mentalité moderne sécularisée très factuelle : peu importe les croyances religieuses des gens, seuls comptent leurs actes. Qui plus est, on se méfie des gens qui font de grandes déclarations la main sur le cœur mais qui en finale n’agissent pas. Notre époque est à l’orthopraxie, diraient les spécialistes, c’est-à-dire que nous accordons une importance majeure à ce qui est fait plus qu’à ce qui est dit ou pensé. Peu importe la religion ou la philosophie de quelqu’un : le seul critère est son action. Débattre de ce qu’il pense ou croit pour savoir si c’est vrai est superflu et inutile.

Les catholiques sont relativement à l’aise avec cette importance majeure donnée aux œuvres de quelqu’un. Ils s’appuient sur de nombreuses paroles de Jésus comme celle-ci : « ce ne sont pas ceux qui disent : ‘Seigneur,  Seigneur !’ qui entreront dans le royaume des cieux, mais ceux qui font la volonté de mon Père » (Mt 7,21).
Notre parabole semble nous encourager à dénoncer toute hypocrisie religieuse ‘à la pharisienne’ qui dit ‘oui’ des lèvres et ‘non’ de la main. La violente critique de Jésus à l’encontre des religieux de son époque rejoint celle de la parabole contre le premier fils : « ils disent et ne font pas » (Mt 23,3). Et pour une part, c’est vrai que ce divorce croissant entre l’enseignement de l’Église (sur l’amour, la morale, le pardon etc.) et ses pratiques institutionnelles (omerta sur les abus, hypocrisie face à l’argent et aux pouvoirs en place etc.) devient insupportable aux yeux de nos contemporains, et suffit à disqualifier son message.

L’affaire serait donc bouclée : la parabole des deux fils nous conforte dans l’idée qu’il vaut mieux faire que dire. « On juge l’arbre à ses fruits » (Mt 7,16-20), point barre.

 

2. Le débat entre la foi et les œuvres
Évidemment, les protestants sont moins à l’aise avec cette lecture univoque de la parabole. Car ce serait trancher le vieux débat entre la foi et les œuvres en faveur des œuvres.

la%2Bfoi%2Bou%2Bles%2Boeuvres dire dans Communauté spirituelleEst-ce mon action qui me sauve ? Ce serait contredire l’une des thèses majeures du Nouveau Testament : la gratuité du salut, don de Dieu. « Si ta bouche proclame que Jésus est Seigneur, si tu crois dans ton cœur que Dieu l’a relevé d’entre les morts, alors tu seras sauvé » (Rm 10,9). Paul ne cesse de proclamer la supériorité – et l’antériorité – de l’action en nous de l’Esprit sur toutes nos actions. Pour lui, seule la foi justifie : « nous pensons que l’homme est justifié par la foi, sans les œuvres de la Loi » (Rm 3,28). Il s’oppose ainsi – quasi frontalement – au frère de Jésus, Jacques, premier évêque de Jérusalem, qui rappelle en bon juif l’importance de l’observance de la Loi : « Vous voyez que l’homme est justifié par les œuvres, et non par la foi seulement » (Jc 2,24). Pour Paul, observer la Torah sans croire au Christ ne sert à rien, ce sont des « œuvres mortes » : « Tendons la perfection d’adultes, au lieu de poser une nouvelle fois les fondements, à savoir : la conversion,  avec le rejet des œuvres mortes et la foi en Dieu » (He 6,1).   « Combien plus le sang de Christ, qui, par un esprit éternel, s’est offert lui-même sans tache à Dieu, purifiera-t-il votre conscience des œuvres mortes, afin que vous serviez le Dieu vivant ! » (He 9,14).
D’ailleurs, le premier qui entre au paradis dans les Évangiles n’est ni Pierre ni même Marie, mais un criminel qui n’a rien fait de bien dans sa vie sinon dire sa foi en Jésus au moment de mourir : « Souviens-toi de moi quand tu viendras dans ton Royaume » (Lc 23,42). Cette parole l’a sauvé, alors que ses actes le condamnaient.

Soutenir avec notre parabole qu’il vaut mieux dire ‘non’ à Dieu mais faire sa volonté, c’est basculer dans le camp de Jacques, pour qui le plus important est d’agir. Pourrait-on l’interpréter autrement ?

 

3. La parabole à l’envers
C’est bien sûr un protestant – le pasteur Marc Perrot – qui nous met sur la voie d’une autre interprétation possible de la parabole [1]. Il fait remarquer que de nombreux manuscrits, et non des moindres, ont interverti les deux fils dans leurs versions. Si bien que dans ces manuscrits c’est celui qui dit ‘oui Seigneur’ qui est conforme à la volonté du Père, même s’il ne va pas ensuite travailler à la vigne. La note de la TOB sur Mt 21,29 précise par exemple : « Certains manuscrits intervertissent l’ordre des réponses aux v. 29 et 30 ».
À la lecture de ces manuscrits, les copistes ont cru à une erreur : c’était impossible pour eux que la parabole loue celui qui dit ‘oui’ sans rien faire ! C’était contraire à la morale commune.

Et si c’était pourtant cette version qui était la plus intéressante, car plus radicale, plus à rebrousse-poil de nos représentations ? Il n’y a pas besoin de révélation pour louer celui qui va travailler à la vigne ! Alors que l’inverse…
publicains-prostituees-precedent-cl faireIntervertir les deux fils serait alors reconnaître que dire ‘oui Seigneur’ est plus important que de faire un tas de bonnes œuvres ; clamer son rejet : ‘je ne veux pas’ est plus grave que de ne pas aller à la vigne. D’ailleurs, les publicains et les prostituées ne font pas les œuvres de Dieu, et pourtant ils précèdent les pharisiens dans le royaume de Dieu ! Ceux qui reconnaissent Jésus ne changent pas de métier pour autant (sauf justement Lévy-Mathieu qui du coup comprend la difficulté de ses collègues à changer de métier !) : ils lui disent oui, avec passion et amour, mais ne peuvent gagner leur vie autrement. Ils confessent leur foi de tout leur cœur, mais ne deviennent pas pour autant de bons juifs religieux observant toute la Loi. Zachée par exemple rembourse quatre fois ce qu’il a volé dans son métier de publicain, mais ne renonce pas à ce métier, impur par essence aux yeux des juifs. De même on ne sait pas ce qu’a fait la prostituée qui a versé un parfum précieux sur les pieds de Jésus pour lui exprimer sa foi et son désir d’être pardonnée. Il n’est pas sûr qu’elle ait cessé de se prostituer ! Jésus n’a rien exigé d’elle pour lui accorder le salut. On ne sait rien non plus de ce qu’a fait le publicain de la parabole en descendant du Temple où son humble prière l’avait justifié, à l’inverse du pharisien se glorifiant de ses bonnes œuvres nombreuses et méritantes (Lc 18,9-14). Il n’est pas sûr qu’il ait cessé d’être publicain !
Remarquons en outre que Jésus dans la finale de la parabole loue les publicains et les prostituées qui ont cru (en la parole de Jean-Baptiste) même s’ils n’ont pas fait les bonnes œuvres justes. Comme quoi croire – dire oui – est plus important que faire…
Les publicains et les prostituées ne font pas la volonté du Père mais ils lui disent oui dans leur cœur de toutes leurs forces. Les pharisiens eux font la volonté de Dieu en obéissant à la Loi et en accomplissant tout ce qu’elle prescrit, mais ils ne disent pas oui à Jésus, ni ne le reconnaissent comme Seigneur. L’humble désir confiant des pécheurs contrits incapables d’observer la Loi vaut mieux que l’orgueilleuse fidélité des pharisiens aux œuvres de la Loi tout en disant non à Jésus.

En outre, le comportement de celui qui dit non puis change d’avis n’est pas au-dessus de tout soupçon. La traduction liturgique écrit : « s’étant repenti, il y alla ». Petite erreur de traduction : le verbe employé par Mathieu en grec n’est pas se repentir (μετανοέω = metanoeo), mais se rétracter, revenir en arrière (μεταμέλομαι = metamelomai). Autant le repentir est bien vu car lié au salut, autant la rétractation est mal vue car contraire à la fidélité. Ainsi Dieu ne se rétracte jamais quand il engage sa parole : « Le Seigneur l’a juré, et il ne se rétractera (μεταμέλλομαι = metamellomai) pas : ‘Tu es prêtre pour toujours à la manière de Melchisédech’ » (Ps 110,4 LXX).
Le seul autre usage du verbe « se rétracter » dans l’Évangile de Matthieu est pour… Judas : « en voyant que Jésus était condamné, Judas, qui l’avait livré, se rétracta (μεταμεληθεὶς) ; il rendit les trente pièces d’argent aux grands prêtres et aux anciens » (Mt 27,3). Judas s’aperçoit qu’il s’est trompé dans son calcul politique, lui qui avait imaginé être le médiateur d’une alliance entre Jésus et les chefs juifs pour chasser les Romains d’Israël. Voyant que cela ne marche pas, il revient en arrière, il se rétracte, et ne veut rien garder de l’accord passé auparavant, d’où la reddition des 30 deniers. Mais ensuite, il va se pendre ! Se rétracter ne conduit donc pas forcément au salut…

Comparer à Judas le fils qui dit non n’est vraiment pas en sa faveur, quoi qu’il fasse ensuite.
Par contre le fils qui dit oui proclame sa foi en appelant son père ‘Seigneur’, profession de foi reconnaissant le Christ comme tel. « Si ta bouche proclame que Jésus est Seigneur… »
Retourner ainsi à l’envers cette parabole permet de ne pas contredire la gratuité du salut, qui ne s’obtient pas par les œuvres, mais par la foi.

Marc Perrot commente : « C’est comme cela que cette parabole permet de comprendre la suite de ce que Jésus dit à ses disciples : il compare les prostituées, les pécheurs, qui certes ne font pas les bonnes œuvres de la Loi, mais qui, peut-être de tout leur cœur, aimeraient aimer, et demandent pardon à Dieu, avec les pharisiens, professionnels des bonnes œuvres, mais qui se placent eux-mêmes au centre de leur religion avec leurs mérites ».

 

4. La dialectique de la foi et des œuvres
La Tradition a retenu la première version du texte, apparemment favorable au salut par les œuvres. La mémoire de l’autre version n’a pas pour autant totalement disparue. Et tout le Nouveau Testament est parcouru par cette tension entre la foi et les œuvres : des centaines de passages vont dans le premier sens, des centaines dans le second.
Le pasteur Marc Perrot rassemble les deux interprétations de la parabole : « Nous sommes sauvés, non par les œuvres, mais par la foi… mais néanmoins ne nous contentons pas de paroles ou de pseudo bonne volonté, et accomplissons la volonté de notre Père, nous avons bien là deux paraboles non pas contraires, mais complémentaires. Et il n’y a peut-être pas à choisir un sens ou l’autre, les deux sont importants et justes ».
Massacre de la St Barthélémy (1572)N’oublions pas que le débat de la Réforme autour de la foi et des œuvres a mis l’Europe à feu et à sang ! Au XVI° siècle, il n’a pas été résolu de manière satisfaisante, car les anathèmes et excommunications réciproques ont fracturé l’Église d’Occident et bientôt les colonies lointaines en de multiples Églises  apparemment irréconciliables.

Heureusement, l’œcuménisme a effectué un formidable travail exégétique, historique, théologique et spirituel au XX° siècle. On peut dire aujourd’hui que cette querelle est – sur le fond – désormais dépassée. En témoigne la « Déclaration commune sur la justification par la foi », de la Fédération luthérienne mondiale et de l’Église catholique en 1999, signée également par les anglicans en 2017.

N° 15. « Nous confessons ensemble : c’est seulement par la grâce au moyen de la foi en l’action salvifique du Christ, et non sur la base de notre mérite, que nous sommes acceptés par Dieu et que nous recevons l’Esprit Saint qui renouvelle nos cœurs, nous habilite et nous appelle à accomplir des œuvres bonnes ».
N° 19. « Nous confessons ensemble que la personne humaine est pour son salut entièrement dépendante de la grâce salvatrice de Dieu. »
N° 20. « Lorsque les catholiques affirment que, lors de la préparation en vue de la justification et de son acceptation, la personne humaine « coopère » par son approbation à l’agir justifiant de Dieu, ils considèrent une telle approbation personnelle comme étant une action de la grâce et non pas le résultat d’une action dont la personne humaine serait capable. »

Luthériens, catholiques et anglicans ont levé leurs excommunications, et partagent ce qu’on appelle un ‘consensus différencié’ sur l’enjeu de notre parabole. Tous proclament que le salut est gratuitement donné par Dieu sans que personne ne puisse le mériter. Les catholiques insistent cependant sur la vitalité de la foi agissant au cœur de l’homme renouvelé par Dieu, et produisant des œuvres de charité et de justice. Les protestants insistent quant à eux sur l’entière dépendance de l’homme vis-à-vis de l’Esprit pour accomplir ce qui est bien.

dialectique-foi-oeuvres-bocal1 foiN° 38. « Selon la conception catholique, les bonnes œuvres qui sont réalisées par la grâce et l’action du Saint-Esprit contribuent à une croissance dans la grâce afin que la justice reçue de Dieu soit préservée et la communion avec le Christ approfondie. Lorsque les catholiques affirment le « caractère méritoire » des bonnes œuvres, ils entendent par-là que, selon le témoignage biblique, un salaire céleste est promis à ces œuvres. Loin de contester le caractère de ces œuvres en tant que don ou, encore moins, de nier que la justification reste un don immérité de grâce, ils veulent souligner la responsabilité de la personne pour ses actions ».

C’est un peu comme l’enfant et le poisson rouge de l’image ci-contre [2] : l’enfant regarde le poisson de l’extérieur du bocal-aquarium, et déclare à raison que ce bocal est convexe. Le poisson rouge regarde l’enfant de l’intérieur du bocal, et déclare à raison celui-ci concave. Ainsi Jacques, regardant les choses extérieurement, dit que nous sommes sauvés par les œuvres. Tandis que Paul, regardant les choses de l’intérieur, proclame que nous sommes justifiés par la foi. Les deux ne sont pas en désaccord. Ils sont en tension dialectique. C’est dire qu’il faut changer de point de vue pour comprendre comment les deux s’opposent et s’articulent, selon un processus qu’on qualifierait aujourd’hui de systémique : la foi procure gratuitement le salut, faisant ainsi du croyant une créature nouvelle capable de produire  – dans la force de l’Esprit – des œuvres de charité et de prière qui font grandir davantage encore la grâce, qui se répand à nouveau par la foi etc. Et cette boucle ne finit jamais.

On peut tenter de schématiser cette dialectique ainsi :

Dialectique Foi Oeuvres 

Alors, au final, vaut-il mieux dire ou faire ?
Au lieu de répondre trop vite, parcourons la parabole des deux fils dans un sens puis dans l’autre, puis à l’envers, puis à nouveau etc., jusqu’à ce que la question s’efface au profit de la seule joie d’entendre l’appel du Seigneur : « mon enfant, va travailler à ma vigne ».

 


[1]. Pasteur de l’Église protestante unie de l’Étoile, à Paris ; cf. https://etoile.pro/accueil-2?view=article&id=915:la-parabole-des-deux-fils&catid=22:catechisme

LECTURES DE LA MESSE

PREMIÈRE LECTURE
« Si le méchant se détourne de sa méchanceté, il sauvera sa vie » (Ez 18, 25-28)

Lecture du livre du prophète Ézékiel
Ainsi parle le Seigneur : « Vous dites : ‘La conduite du Seigneur n’est pas la bonne’. Écoutez donc, fils d’Israël : est-ce ma conduite qui n’est pas la bonne ? N’est-ce pas plutôt la vôtre ? Si le juste se détourne de sa justice, commet le mal, et meurt dans cet état, c’est à cause de son mal qu’il mourra. Si le méchant se détourne de sa méchanceté pour pratiquer le droit et la justice, il sauvera sa vie. Il a ouvert les yeux et s’est détourné de ses crimes. C’est certain, il vivra, il ne mourra pas. »

PSAUME
(Ps 24 (25), 4-5ab, 6-7, 8-9)
R/ Rappelle-toi, Seigneur, ta tendresse. (Ps 24, 6a)

Seigneur, enseigne-moi tes voies,
fais-moi connaître ta route.
Dirige-moi par ta vérité, enseigne-moi,
car tu es le Dieu qui me sauve.

Rappelle-toi, Seigneur, ta tendresse,
ton amour qui est de toujours.
Oublie les révoltes, les péchés de ma jeunesse ;
dans ton amour, ne m’oublie pas.

Il est droit, il est bon, le Seigneur,
lui qui montre aux pécheurs le chemin.
Sa justice dirige les humbles,
il enseigne aux humbles son chemin.

DEUXIÈME LECTURE
« Ayez en vous les dispositions qui sont dans le Christ Jésus » (Ph 2, 1-11)

Lecture de la lettre de saint Paul apôtre aux Philippiens
Frères, s’il est vrai que, dans le Christ, on se réconforte les uns les autres, si l’on s’encourage avec amour, si l’on est en communion dans l’Esprit, si l’on a de la tendresse et de la compassion, alors, pour que ma joie soit complète, ayez les mêmes dispositions, le même amour, les mêmes sentiments ; recherchez l’unité. Ne soyez jamais intrigants ni vaniteux, mais ayez assez d’humilité pour estimer les autres supérieurs à vous-mêmes. Que chacun de vous ne soit pas préoccupé de ses propres intérêts ; pensez aussi à ceux des autres.
Ayez en vous les dispositions qui sont dans le Christ Jésus : ayant la condition de Dieu, il ne retint pas jalousement le rang qui l’égalait à Dieu. Mais il s’est anéanti, prenant la condition de serviteur, devenant semblable aux hommes. Reconnu homme à son aspect, il s’est abaissé, devenant obéissant jusqu’à la mort, et la mort de la croix.
C’est pourquoi Dieu l’a exalté : il l’a doté du Nom qui est au-dessus de tout nom, afin qu’au nom de Jésus tout genou fléchisse au ciel, sur terre et aux enfers, et que toute langue proclame : « Jésus Christ est Seigneur » à la gloire de Dieu le Père.

ÉVANGILE
« S’étant repenti, il y alla » (Mt 21, 28-32)
Alléluia. Alléluia. Mes brebis écoutent ma voix, dit le Seigneur ; moi, je les connais, et elles me suivent. Alléluia. (Jn 10, 27)

Évangile de Jésus Christ selon saint Matthieu
En ce temps-là, Jésus disait aux grands prêtres et aux anciens du peuple : « Quel est votre avis ? Un homme avait deux fils. Il vint trouver le premier et lui dit : ‘Mon enfant, va travailler aujourd’hui à la vigne.’ Celui-ci répondit : ‘Je ne veux pas.’ Mais ensuite, s’étant repenti, il y alla. Puis le père alla trouver le second et lui parla de la même manière. Celui-ci répondit : ‘Oui, Seigneur !’ et il n’y alla pas. Lequel des deux a fait la volonté du père ? » Ils lui répondent : « Le premier. »
Jésus leur dit : « Amen, je vous le déclare : les publicains et les prostituées vous précèdent dans le royaume de Dieu. Car Jean le Baptiste est venu à vous sur le chemin de la justice, et vous n’avez pas cru à sa parole ; mais les publicains et les prostituées y ont cru. Tandis que vous, après avoir vu cela, vous ne vous êtes même pas repentis plus tard pour croire à sa parole. »
Patrick BRAUD

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18 septembre 2022

Professer sa foi

Classé sous Communauté spirituelle — lhomeliedudimanche @ 12 h 30 min

Professer sa foi

 

Homélie pour le 26° dimanche du Temps Ordinaire / Année C
25/09/2022

 

Cf. également :

Qui est votre Lazare ?

Le pauvre Lazare à nos portes

La bande des vautrés n’existera plus

Où est la bénédiction ? Où est le scandale ? dans la richesse, ou la pauvreté ?

Chameau et trou d’aiguille

À quoi servent les riches ?

Plus on possède, moins on est libre

 

La profession de foi

Professer sa foi dans Communauté spirituelle I-Moyenne-33576-image-de-communion-solennelle-garcon-j-ai-renouvele-les-promesses-de-mon-bapteme-blanc-sur-fond-bleu.netL’expression est devenue un peu péjorative, car on pense immédiatement aux enveloppes électorales qui polluent nos boîtes aux lettres à chaque échéance avec des papiers de mauvaise qualité sur lesquels les candidats promettent la main sur le cœur qu’ils feront tout pour notre bonheur. « Comptez sur moi, je suis fidèle à mes convictions », essaient-ils de nous persuader… Mais nous avons eu tant de revirements politiques, tant de changements de cap sous prétexte de pragmatisme que ces belles paroles nous paraissent suspectes.

Pour les plus anciens, la Profession de foi les ramène à leur ‘communion solennelle’ : procession en aube blanche, cierge allumé à la main, avec l’énorme repas de famille qui s’ensuit, et les cadeaux tant attendus des parrains, marraines et parents.

Image désuète, car la profession de foi ne concerne plus que 5% à 10% des enfants français maximum, la plupart en Enseignement catholique. Et encore, on ne parle pas de la Confirmation, qui a tout simplement disparu du paysage !

Désintérêt électoral, abandon populaire : la profession de foi n’a pas la cote ! Raison de plus pour retrouver son importance grâce à la deuxième lecture de ce dimanche (1Tim 6,11-16).

Toi, homme de Dieu, recherche la justice, la piété, la foi, la charité, la persévérance et la douceur. Mène le bon combat, celui de la foi, empare-toi de la vie éternelle ! C’est à elle que tu as été appelé, c’est pour elle que tu as prononcé ta belle profession de foi devant de nombreux témoins.

Il y est question de deux professions de foi : celle de Timothée et celle du Christ. Examinons en quoi elles peuvent (elles doivent) devenir les nôtres.

 

La profession de foi de Timothée

Paul fait explicitement allusion à un moment donné de la vie de Timothée où celui-ci a  proclamé sa foi en public :

Combats le bon combat de la foi, saisis la vie éternelle, à laquelle tu as été appelé, et pour laquelle tu as professé (μαρτύρων = martureo) une belle confession en présence d’un grand nombre de témoins (1Tim 6,12).

Cela se voit au temps du verbe employé par Paul : c’est l’aoriste actif, le passé simple en grec, qui désigne un moment précis, dans des circonstances bien particulières. Lesquelles ? Le texte ne le dit pas. Plusieurs hypothèses ont été avancées.

 

 foi dans Communauté spirituelle– Paul ferait référence au martyr de Timothée, ou du moins à sa comparution devant un tribunal romain devant lequel il n’a pas renié Jésus mais a proclamé sa foi en lui. Le verbe μαρτύρων (martureo) employé par Paul semble nous mettre sur cette piste. Les martyrs chrétiens sont ceux qui témoignent publiquement de leur adhésion au Christ, quelles que soient les conséquences mortelles pour eux ou leurs proches. Rappelons la différence fondamentale entre martyrs et djihadistes ou kamikazes : les premiers préfèrent mourir plutôt que de renier leur foi, les seconds veulent faire mourir pour imposer leur foi aux autres. Rien à voir ! Timothée a peut-être été obligé de proclamer devant les autorités romaines ou juives sa foi au Christ : il a eu ce courage, et en cela il a été martyr, au sens premier du verbe martureo : témoigner devant tous, proclamer publiquement.

Nous est-il demandé d’être martyr nous aussi comme Timothée ? Vous me direz qu’heureusement on n’en est pas là en France. C’est vrai que la liberté religieuse garantie par la République nous protège en ce sens. Pour autant, nous n’en sommes pas quittes avec le martyre. Car il existe bien d’autres formes de martyres que la prison ou le goulag. Le martyre éthique par exemple nous demande d’assumer avec courage, publiquement, des positions éthiques au nom de notre attachement au Christ. Même si elles sont à contre-courant de l’opinion majoritaire. Même si elles nous valent à cause de cela l’opprobre, l’insulte, le mépris si facilement accordée aux fachos, aux gauchos, aux intolérants que nous sommes alors accusés d’être.

Le martyre idéologique est une autre forme de témoignage : à cause du Christ, nous osons penser différemment, nous osons contester des référentiels admis par tous, nous argumentons pour d’autres manières de penser le monde et l’humanité.

En entreprise par exemple, prendre position pour les plus petits au nom du Christ peut nous conduire à l’ostracisation, voire au rejet. En société, parler de Création et pas seulement de nature, dénoncer l’idolâtrie du marché, défendre la vie humaine dès le début et jusqu’à la fin, critiquer tous les ‘ismes’ qui s’érigent en pensée ultime sont des hérésies aux yeux de nos contemporains et peuvent nous valoir leur farouche opposition, voire leur haine.

Chacun de nous est appelé à devenir martyr comme Timothée : prendre publiquement position pour le Christ, quoi qu’il en coûte.

 

– Paul emploie également le mot ὁμολογία (homologia) [1] pour désigner la profession de foi de Timothée.

Combats le bon combat de la foi, saisis la vie éternelle, à laquelle tu as été appelé, et pour laquelle tu as fait une belle confession (homologia) en présence d’un grand nombre de témoins (1Tim 6,12).

En grec, ce terme signifie : une parole conforme, une parole pareille à une première, cohérente avec elle. Il s’agit là de la proclamation publique de Timothée, cohérente avec celle de toute l’Église. Certains exégètes ont pensé à l’ordination de Timothée. Lorsque Paul lui a imposé les mains, il a sûrement au préalable proclamé devant l’assemblée son ‘orthodoxie’, sa ‘pensée droite’ s’accordant à celle des Apôtres. L’appel de Paul concernerait donc ici particulièrement les ministres ordonnés de l’Église, ces « hommes de Dieu » (1Tim 6,11)  mis à part pour servir la communion ecclésiale.

Appel d’une urgence contemporaine absolue, si on veut bien voir les dégâts provoqués par les clergés de tous bords lorsqu’ils agissent en contradiction avec la proclamation publique de leur ordination ! Qu’on pense aux centaines d’autochtones canadiens pour le génocide culturel desquels le Pape François a demandé pardon lors de son dernier voyage au Canada. Qu’on pense bien sûr aux milliers de victimes d’abus en tout genre par des prêtres en tous pays. Sans tomber dans l’obsession pathologique de la repentance, force est de constater que plus on a de responsabilités dans l’Église, plus il faut écouter l’exhortation de Paul à Timothée afin de ne pas trahir en secret ce qu’on a proclamé en public.

Ordonné ou pas, l’avertissement vaut finalement pour chacun de nous : fais corps avec l’Église, sois cohérent, mets tes actes en accord avec tes paroles !

 

– Une troisième hypothèse, plus vraisemblable encore que les deux autres, serait que Paul fait allusion à la profession de foi baptismale de Timothée. En effet, baptisé adulte, Timothée a dû comme tous les autres confesser la foi de l’Église devant l’assemblée avant de recevoir le sacrement.

Celebration-de-la-Vigile-pascale martyrCertains pensent pouvoir se passer d’un tel acte public pour être chrétien. Ainsi Saint Augustin nous raconte l’histoire d’un certain Victorinus, rhéteur à Rome, qui se disait chrétien en privé, mais ne se joignait jamais à l’assemblée du dimanche (Confessions, Livre VIII, II, 3-4). Il raillait ouvertement ce qu’il considérait comme une hypocrisie : « Alors ce sont les murs qui font les chrétiens ? » aimait-il à répéter en riant. Pourtant, à force de lire et de ruminer l’Écriture tout seul, il désira bientôt rejoindre l’assemblée locale pour dire le Credo avec elle :

« En plongeant plus profondément dans ses lectures, il y puisa de la fermeté, il craignit d’être désavoué du Christ devant ses saints anges, s’il craignait de le confesser devant les hommes (Mt 10,33), et reconnaissant qu’il serait coupable d’un grand crime s’il rougissait des sacrés mystères de l’humilité de ton Verbe, […] et tout à coup, il surprit son ami Simplicianus par ces mots: ’Allons à l’église; je veux être chrétien !’ Et lui, ne se sentant pas de joie, l’y conduisit à l’instant. Aussitôt qu’il eut reçu les premières instructions sur les mystères, il donna son nom pour être régénéré dans le baptême, à l’étonnement de Rome, à la joie de l’Église. […]

Puis, quand l’heure fut venue de faire la profession de foi, qui consiste en certaines paroles retenues de mémoire, et que récitent ordinairement d’un lieu plus élevé, en présence des fidèles de Rome, ceux qui demandent l’accès de ta grâce ; les prêtres, ajouta Simplicianus, offrirent à Victorinus de réciter en particulier, comme c’était l’usage de le proposer aux personnes qu’une solennité publique pouvait intimider ; mais lui aima mieux professer son salut en présence de la multitude sainte. 

[…] Il prononça le symbole de vérité avec une admirable foi, et tous auraient voulu l’enlever dans leur cœur ; et tous l’y portaient dans les bras de leur joie et de leur amour ».

Que vient faire l’Église dans le salut ? Pourquoi est-il vital de s’agréger à la communauté des croyants ? Cette question rejoint celles que nous entendons souvent autour de nous : je suis croyant, mais à quoi sert l’Église ? Pourquoi serait-elle nécessaire pour croire, prier, et être sauvé ?

Ce récit d’Augustin montre plusieurs choses [2] :

- l’expérience individuelle de la foi peut prétendre se passer de l’appartenance à l’Église dans un premier temps. Or, si l’on considère la foi sous l’angle de l’expérience individuelle seulement, nous dit Saint Augustin, on la condamne à l’isolement. C’est donc qu’on ne peut séparer ce  qui est dit dans le Credo de ceux qui disent ensemble le Credo. Tous les « Je » qui disent ensemble « Je crois » forment un « Nous »: l’Esprit-Saint forme ce « Nous » des chrétiens qui constitue alors l’Église, dans la conjonction de la personne (« Je ») et de la communauté (« Nous »). C’est pour cela que le texte du Credo est fort justement appelé un Symbole (syn-balein en grec = acte de réunir ensemble des éléments séparés) : le fait de le réciter ensemble permet symboliquement à l’assemblée de se reconnaître d’Église.

- Victorinus, si savant et connaissant tous les philosophes, reconnaît avoir besoin du langage de l’Église pour dire sa foi personnelle. Nous sommes parlés avant que de parler nous-mêmes, dirions-nous aujourd’hui… Victorinus articula la formule de vérité avec assurance ; c’est dire que l’Église nous engendre à la foi tout autant que notre profession de foi constitue l’Église.

- la proclamation de foi publique devient proclamation du salut. Victorinus préféra proclamer hautement son salut devant la multitude sainte, plutôt que dans la sacristie. Il s’agit de ne pas rougir devant les hommes de « l’opprobre de la Croix ». « Car la foi du cœur obtient la justice, et la confession des lèvres le salut » (Rm 10,10).

 

Professer sa foi comme Timothée, c’est donc revenir à la source de notre baptême, faire Église avec d’autres pour témoigner du Christ et proclamer ainsi publiquement notre attachement à Jésus de Nazareth, son message, sa personne.

Nul doute que l’importance de cette profession de foi baptismale a largement influencé Mohammed et la tradition musulmane : il suffit en effet de proclamer à haute voix la Chahada (« Il n’y a de Dieu que Dieu, et Mohamed est son prophète ») pour devenir musulman. Tout le baptême chrétien a été comme ‘cristallisé’ par les musulmans en cet élément fondamental : témoigner du Dieu unique à haute voix devant tous. Notons cependant la différence : la Chahada énonce la foi en un Dieu unique comme un constat objectif (« il n’y a pas d’autre dieu que Dieu ») alors que le Credo chrétien manifeste un attachement subjectif, personnel : « je crois », « nous croyons ». La première se veut une vérité s’imposant à tous ; la seconde est le résultat d’une expérience relationnelle qui invite l’autre à vivre la sienne propre.

Notons d’ailleurs au passage que la profession de foi juive marie les deux aspects : « Écoute, Israël : le Seigneur notre Dieu est l’Unique » (Dt 6,4). En effet, elle est en même temps dialogale (Écoute, Israël) et objective (le Seigneur notre Dieu est l’Unique).

 

La profession de foi de Jésus-Christ

Jésus devant PilateC’est sur la question de la vérité de foi que Paul rebondit en comparant la profession de foi de Timothée à celle du Christ devant Pilate :

Je te recommande, devant Dieu qui donne la vie à toutes choses, et devant Jésus-Christ, qui fit une belle confession (homologia) devant Ponce Pilate (1Tim 6,13), de garder le commandement…

En quoi consiste-t-elle ? Paul ne le dit pas. Mais il a écouté les Apôtres et lu les Évangiles. Il sait que Jean met la question de la vérité au cœur de la comparution de Jésus devant Pilate : « qu’est-ce que la vérité ? » (Jn 18,38) À la question de Pilate, Jésus se tait. Car Pilate cherchait une doctrine, une vérité objective, alors que Jésus propose une relation personnelle, une adhésion de confiance, une amitié vitale : « Je suis la vérité, le chemin et la vie » (Jn 14,6). Jésus devant Pilate témoigne que la vérité n’est pas un objet à croire ou à imposer. C’est une personne, avec qui entrer en communion. Professer sa foi comme Jésus-Christ devant Pilate signifie alors quitter le terrain meurtrier des idéologies érigées en système. Et proclamer que seule la relation vivante est source de salut.

 

Jésus devant Pilate témoigne… que la vérité est ailleurs ! Pilate veut lui faire préciser en quoi consiste le royaume prêché, et s’il est vraiment le Roi des juifs que les foules acclament. En répondant à côté : « mon royaume n’est pas de ce monde » (Jn 18,36), Jésus témoigne de l’altérité absolue de Dieu, qui ne se laisse enfermer dans aucun de nos concepts : royaume, grandeur, puissance etc. Témoigner que Dieu est toujours au-delà, indicible, irréductible à nos approches, plus grand que nos concepts : voilà également une belle profession de foi à laquelle notre baptême nous appelle, comme Jésus devant Pilate !

La vérité est ailleurs ; elle est relationnelle et non objective ; elle ne peut servir d’alibi à nos intérêts car nous engage à suivre le Christ dans sa Passion.

 

Notre profession de foi

Charles de Foucauld priait pour mourir martyr au milieu des Touaregs qu’il aimait tant. Prions nous-mêmes pour vivre martyrs au milieu de nos proches : en témoignant publiquement pour le Christ, en nous engageant à sa suite, en cherchant à mettre nos actes en cohérence avec cette belle proclamation de foi qui fut celle de Timothée, et d’abord de Jésus.


____________________________________________________

[1]. Il y a 6 occurrences du terme dans le NT. Outre les 2 usages dans notre lecture :
2Co 9,13 : « les fidèles glorifient Dieu de votre obéissance dans la profession (homologia) de l’Evangile de Christ ».
He 3,1 : « Ainsi donc, frères saints, vous qui avez en partage une vocation céleste, considérez Jésus, l’apôtre et le grand prêtre de notre confession de foi (homologia) ».
He 4.14 : « En Jésus, le Fils de Dieu, nous avons le grand prêtre par excellence, celui qui a traversé les cieux ; tenons donc ferme l’affirmation de notre foi  (homologia) » (He 4,14).
He 10.23 : « Retenons fermement la profession (homologia) de notre espérance, car celui qui a fait la promesse est fidèle.

[2]. Cf. OCVIRK D., La foi et le Credo, Cerf, Coll. Cogitatio Fidei n°131, Paris, 1985, pp. 161-168.

 

 

LECTURES DE LA MESSE

 

1ère LECTURE 

« La bande des vautrés n’existera plus » (Am 6, 1a.4-7)


Lecture du livre du prophète Amos

Ainsi parle le Seigneur de l’univers : Malheur à ceux qui vivent bien tranquilles dans Sion, et à ceux qui se croient en sécurité sur la montagne de Samarie. Couchés sur des lits d’ivoire, vautrés sur leurs divans, ils mangent les agneaux du troupeau, les veaux les plus tendres de l’étable ; ils improvisent au son de la harpe, ils inventent, comme David, des instruments de musique ; ils boivent le vin à même les amphores, ils se frottent avec des parfums de luxe, mais ils ne se tourmentent guère du désastre d’Israël ! C’est pourquoi maintenant ils vont être déportés, ils seront les premiers des déportés ; et la bande des vautrés n’existera plus.

 

PSAUME 

Ps 145 (146), 6c.7, 8.9a, 9bc-10

R/ Chante, ô mon âme, la louange du Seigneur ! ou : Alléluia ! (Ps 145, 1b)

 

Le Seigneur garde à jamais sa fidélité,
il fait justice aux opprimés ;
aux affamés, il donne le pain ;
le Seigneur délie les enchaînés.

 

Le Seigneur ouvre les yeux des aveugles,
le Seigneur redresse les accablés,
le Seigneur aime les justes,
le Seigneur protège l’étranger.

 

Il soutient la veuve et l’orphelin,
il égare les pas du méchant.
D’âge en âge, le Seigneur régnera :
ton Dieu, ô Sion, pour toujours !

 

2ÈME LECTURE 

« Garde le commandement jusqu’à la Manifestation du Seigneur » (1 Tm 6, 11-16)


Lecture de la première lettre de saint Paul apôtre à Timothée

Toi, homme de Dieu, recherche la justice, la piété, la foi, la charité, la persévérance et la douceur. Mène le bon combat, celui de la foi, empare-toi de la vie éternelle ! C’est à elle que tu as été appelé, c’est pour elle que tu as prononcé ta belle profession de foi devant de nombreux témoins.

Et maintenant, en présence de Dieu qui donne vie à tous les êtres, et en présence du Christ Jésus qui a témoigné devant Ponce Pilate par une belle affirmation, voici ce que je t’ordonne : garde le commandement du Seigneur, en demeurant sans tache, irréprochable jusqu’à la Manifestation de notre Seigneur Jésus Christ. Celui qui le fera paraître aux temps fixés, c’est Dieu, Souverain unique et bienheureux, Roi des rois et Seigneur des seigneurs, lui seul possède l’immortalité, habite une lumière inaccessible ; aucun homme ne l’a jamais vu, et nul ne peut le voir. À lui, honneur et puissance éternelle. Amen.

 

ÉVANGILE 

« Tu as reçu le bonheur, et Lazare, le malheur. Maintenant, lui, il trouve ici la consolation, et toi, la souffrance » (Lc 16, 19-31)

Acclamation : Alléluia. Alléluia. 
Jésus Christ s’est fait pauvre, lui qui était riche, pour que vous deveniez riches par sa pauvreté. Alléluia. (cf. 2 Co 8, 9)

 

Évangile de Jésus Christ selon saint Luc

En ce temps-là, Jésus disait aux pharisiens : « Il y avait un homme riche, vêtu de pourpre et de lin fin, qui faisait chaque jour des festins somptueux. Devant son portail gisait un pauvre nommé Lazare, qui était couvert d’ulcères. Il aurait bien voulu se rassasier de ce qui tombait de la table du riche ; mais les chiens, eux, venaient lécher ses ulcères. Or le pauvre mourut, et les anges l’emportèrent auprès d’Abraham. Le riche mourut aussi, et on l’enterra. Au séjour des morts, il était en proie à la torture ; levant les yeux, il vit Abraham de loin et Lazare tout près de lui. Alors il cria : ‘Père Abraham, prends pitié de moi et envoie Lazare tremper le bout de son doigt dans l’eau pour me rafraîchir la langue, car je souffre terriblement dans cette fournaise. – Mon enfant, répondit Abraham, rappelle-toi : tu as reçu le bonheur pendant ta vie, et Lazare, le malheur pendant la sienne. Maintenant, lui, il trouve ici la consolation, et toi, la souffrance. Et en plus de tout cela, un grand abîme a été établi entre vous et nous, pour que ceux qui voudraient passer vers vous ne le puissent pas, et que, de là-bas non plus, on ne traverse pas vers nous.’ Le riche répliqua : ‘Eh bien ! père, je te prie d’envoyer Lazare dans la maison de mon père. En effet, j’ai cinq frères : qu’il leur porte son témoignage, de peur qu’eux aussi ne viennent dans ce lieu de torture !’ Abraham lui dit : ‘Ils ont Moïse et les Prophètes : qu’ils les écoutent ! – Non, père Abraham, dit-il, mais si quelqu’un de chez les morts vient les trouver, ils se convertiront.’ Abraham répondit : ‘S’ils n’écoutent pas Moïse ni les Prophètes, quelqu’un pourra bien ressusciter d’entre les morts : ils ne seront pas convaincus.’ »
Patrick BRAUD

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7 août 2022

La foi divise

Classé sous Communauté spirituelle — lhomeliedudimanche @ 12 h 00 min

La foi divise

Homélie pour le 20° Dimanche du temps ordinaire / Année C
14/08/2022

Cf. également :

N’arrêtez pas vos jérémiades !
De l’art du renoncement
Les trois vertus trinitaires
Les djihadistes n’ont pas lu St Paul !

La foi : combien de divisions ?

Vous aurez reconnu la transposition de la célèbre réplique de Staline en 1935 répondant à Pierre Laval qui lui demandait de respecter les libertés religieuses en URSS : « le Vatican, combien de divisions ? ». On sait combien l’avenir lui donnera tort.
« La foi : combien de divisions ? » : l’Évangile de ce dimanche (Lc 12, 49-53) permet cet autre jeu de mots associant foi et divisions non pas militaires mais sociales, car le Christ semble bien lier les deux de manière assez perturbante :

« Pensez-vous que je sois venu mettre la paix sur la terre ? Non, je vous le dis, mais bien plutôt la division. Car désormais cinq personnes de la même famille seront divisées : trois contre deux et deux contre trois ; ils se diviseront : le père contre le fils et le fils contre le père, la mère contre la fille et la fille contre la mère, la belle-mère contre la belle-fille et la belle-fille contre la belle-mère. »

Voilà des versets dangereux dans la bouche d’un autre que Jésus. En leur nom, les Témoins de Jéhovah par exemple justifient la coupure familiale qu’ils imposent aux nouveaux convertis. Isoler des disciples de leurs proches pour mieux les retourner est une technique sectaire de manipulation mentale vieille comme le monde. Sous prétexte d’aller au bout de ses convictions politiques, religieuses ou autres, combien ont coupé les ponts d’avec leurs amis d’avant, leurs frères et sœurs, leurs proches ? Autrefois, les idéalistes rêvant de révolution plaquaient tout pour partir à Cuba (comme Régis Debray), Katmandou, Woodstock ou le Larzac. Maintenant, ils partent faire la guerre en Syrie pour Daesh, refusent de manger à la même table que les carnivores et militent à L214, vont rejoindre des groupes écologistes extrémistes avec des choix de vie les coupant radicalement des autres.

Bref, de tout temps, la foi divise.
La foi, ou les convictions fortes, si l’on préfère cette équivalence sécularisée. Ce qui peut nous rendre méfiants envers les gens ayant des idées très arrêtées…

La foi divise dans Communauté spirituelle v4-728px-Clean-Rainbow-Sandals-Step-2-Version-2À première lecture, on pourrait utiliser Jésus pour prêcher une telle radicalité. Les versets d’aujourd’hui annoncent la division familiale comme conséquence de la foi au Christ. Mais ailleurs, Jésus n’est pas plus tendre : « qui n’est pas avec moi est contre moi ». « Qui me préfère à son père, sa mère, ses frères et sœurs n’est pas digne de moi ». « Ne va pas enterrer ton père : laisse les morts enterrer leurs morts ». « Qui sont ma mère, mes frères et mes sœurs ? Ceux qui écoutent la parole de Dieu et la mettent en pratique » (sous-entendu : les autres ne font pas partie de ma vraie famille). « Si on ne vous accueille pas dans un village, secouez la poussière de vos pieds et partez ailleurs ». Etc.

Ceux qui veulent sélectionner dans le Nouveau Testament des paroles justifiant leur coupure d’avec les autres pourront en trouver une liste assez solide pour impressionner les nouveaux convertis.

 

D’abord un constat

Alors, la foi est-elle un facteur de division ?
On peut tenter d’apporter une réponse en plusieurs temps.

- Il est essentiel de lire le Nouveau Testament dans sa globalité, sans isoler les versets dangereux de leur contexte et du reste.
Car, hors la liste évoquée ci-dessus, l’ensemble du Nouveau Testament plaide courageusement pour ce qu’on appellerait aujourd’hui un vivre ensemble apaisé. L’amour des ennemis, la volonté tenace de Jésus de se mélanger aux impurs, aux catégories socialement méprisées, aux romains idolâtres lui a attiré les foudres des « purs », des pharisiens notamment dont le nom signifie justement « séparés » parce qu’ils habitent, mangent, s’habillent et prient à l’écart des autres. Il s’est battu pour réintégrer les lépreux, les aveugles, les handicapés de toutes sortes alors que la superstition religieuse voulait les garder hors du contact des autres. Ses paroles dures sont souvent contrebalancées par des paroles différentes : « Qui n’est pas contre moi est avec moi ». « Ne faites pas tomber le feu du ciel sur ceux qui ne vous accueillent pas ». « Honore ton père et ta mère ». « Laissez pousser ensemble le bon grain et l’ivraie » etc. Et plus tard, les apôtres exhorteront les chrétiens à vivre en paix avec tous, en respectant les autorités légitimes, sans causer d’autres troubles que l’annonce de la résurrection.

Les sectaires pratiquent toujours une lecture fondamentaliste et sélective de la Bible. C’est ainsi par exemple que des Églises réformées ont pu justifier bibliquement l’apartheid en Afrique du Sud pendant des décennies ! Fondamentalistes, ils prennent un verset au pied de la lettre, sans le situer dans son contexte. Sélectifs, ils rabâchent quelques versets seulement, qu’ils isolent du reste pour justifier leur idéologie.

Il nous revient de ne pas sélectionner dans les Écritures ce qui va dans notre sens seulement, ce qui nous conforte dans nos convictions préétablies.

Il nous revient également de toujours situer un verset dans un ensemble, son contexte historique, social, les particularités de sa langue d’écriture, sous peine d’incohérence.

Un professeur d’exégèse aimait répéter : le plus important dans la Bible, c’est la reliure…

006_C charité dans Communauté spirituelleAinsi nos versets ‘dangereux’ sont nettement plus compréhensibles quand on se souvient qu’ils ont été écrits dans les années 70 après Jésus-Christ : à ce moment-là, les persécutions juives et romaines battaient déjà leur plein, et menaçaient les fragiles communautés naissantes. Sous la pression de l’occupant romain, cherchant à éradiquer ce nouveau groupe juif un peu trop gênant, des pères dénonçaient des fils, des frères livraient des sœurs aux autorités, des amis se divisaient sur la résurrection de Jésus, avec des conséquences terribles car la prison et les fauves n’étaient jamais bien loin.

Dire que la foi chrétienne divise n’était pas alors un projet social ou politique, mais un constat historique douloureux. Jésus ne dit pas à ses disciples d’être des facteurs de division ; il les avertit qu’ils seront soumis à la division à cause de lui. C’est fort différent !

Et ce constat est toujours le nôtre : des minorités chrétiennes sont persécutées et ghettoïsées en ce siècle à cause de leur foi un peu partout dans le monde, particulièrement  dans les pays fortement religieux, où la religion majoritaire ne tolère pas d’autres convictions que les siennes (ce que les Églises chrétiennes ont été capables de faire par le passé, hélas).

En France, malgré un certain bashing antichrétien (surtout parmi les gens des médias et de l’intelligentsia) la situation est plus paisible. Reste que la messe de minuit à Noël est devenue un facteur de discorde car elle divise la table familiale (quand autrefois tout le monde y allait en bloc, croyant ou non). Reste que des jeunes se voient mettre quasiment à la porte de chez eux lorsqu’ils disent demander le baptême, ou entrer au séminaire, ou vouloir devenir religieuse… La solitude des croyants au cœur de leur famille est réelle. Je connais un père de famille qui tous les dimanches matins depuis 40 ans va seul à l’église du quartier, parce que sa femme et ses enfants n’épousent pas ses convictions chrétiennes…

 

C’est la foi sans l’amour et sans l’espérance qui divise

La foi divise donc : c’est un constat. Amer et douloureux.
Mais il faut tout de suite préciser : du côté des chrétiens au moins, la foi divise quand elle reste seule. Si l’on reste sur le seul registre des convictions, et si ces convictions sont assez fortes pour accepter de mourir pour elles, alors la vie commune avec ceux qui ne les partagent pas devient très difficile.

L'essence du ChristianismeFeuerbach avait déjà dénoncé au XIX° siècle le pouvoir clivant de la foi seule. Dans L’essence du christianisme (1841), il explicite les fondements de l’humanisme moderne, qui dénonce la foi en Dieu comme source d’intolérance. Son raisonnement est rigoureux, et hante encore aujourd’hui l’inconscient collectif européen : la foi seule est meurtrière. Car elle sépare les hommes en croyants et mécréants : divisions et conflits sont inéluctablement engendrés par les religions. L’athéisme pratique des européens puise ses racines dans cette méfiance envers la violence inhérente à la foi :

« La foi porte nécessairement à la haine, la haine à la persécution, dès que la puissance de la foi ne trouve pas de résistance, ne se brise pas contre une puissance étrangère, celle de l’amour, de l’humanité, du sentiment du droit. La foi, par elle-même, s’élève au-dessus des lois de la morale naturelle ; sa doctrine est la doctrine des devoirs envers Dieu, et le premier devoir est la foi. Autant Dieu est au-dessus de l’homme, autant les devoirs envers Dieu sont au-dessus des devoirs envers l’homme, et ces devoirs entrent nécessairement en collision les uns avec les autres. »

- C’est là qu’intervient pour les chrétiens le triptyque : foi/amour/espérance.
Car la foi sans amour n’est qu’idéologie. Avec l’amour, la foi permet de prier pour ceux qui nous font du mal, de ne pas rendre le mal pour le mal, de bénir ceux qui nous maudissent, et de considérer l’autre comme supérieur à soi. L’amour ne demande pas de se couper des autres, mais de les accepter tels qu’ils sont, comme je m’accepte tel que je suis. « Aime ton prochain comme toi-même » en quelque sorte !

Conjuguer foi et amour tempère l’ardeur des convictions pour l’ouvrir à l’accueil de l’autre, et structure le sentiment d’amitié/amour pour lui donner un contenu solide.

foi-espoir-amour-vinyle-autocollant-autocollant division

- Cela ne suffit cependant pas encore… Car les choses pourraient sembler figées : le croyant / le mécréant d’un côté, le fanatique / le raisonnable de l’autre. C’est là que l’espérance entre en jeu : elle fait bouger les lignes, elle introduit des degrés de liberté, elle dévoile de l’inachevé. Car l’espérance nous dit que rien n’est jamais figé, que la fin de l’histoire n’est pas écrite, que l’avenir – et notamment l’avenir en Dieu – nous réserve bien des surprises. Comment avoir un jugement définitif sur l’autre si j’espère qu’un jour « Dieu sera tout en tous » ? Comment camper sur mes positions si j’attends de « connaître comme je suis connu », confessant par là-même un non-savoir radical ? Comment exclure au nom de mes opinions si un verre d’eau fraîche donnée par le pire d’entre nous peut le sauver au Jugement dernier mieux que mes idées droites ? Comment rêver de vivre entre « purs » alors que Jésus sur la croix est assimilé aux bandits qui l’entourent, et promet à l’un d’entre eux le paradis ?

Avec l’espérance, la foi et l’amour ne voient pas le monde à partir des catégories humaines qui divisent et séparent, mais à partir de Dieu qui appelle l’humanité à la communion trinitaire, en formant une seule famille unie dans la diversité. Au regard de Dieu, nulle opposition ne peut se prétendre définitive ou radicale, nulle division n’est insurmontable, nulle partition n’a les promesses de l’éternité…

Pères de l'EgliseEpitre à DiognèteDans les premiers siècles, les chrétiens ont pratiqué joyeusement l’amour des ennemis alors qu’on les pourchassait. Ils ne se sont pas regroupés entre eux, ils n’ont pas exclu leur famille même si leur famille les excluait. Écoutons pour terminer ce que la célèbre Lettre à Diognète (II° siècle) disait de la fraternité qui unissait les premiers chrétiens aux autres citoyens, sans rien renier pourtant de leur conviction, jusqu’au martyre s’il le fallait :

Les chrétiens ne se distinguent des autres hommes ni par le pays, ni par le langage, ni par les coutumes. Car ils n’habitent pas de villes qui leur soient propres, ils n’emploient pas quelque dialecte extraordinaire, leur genre de vie n’a rien de singulier. Leur doctrine n’a pas été découverte par l’imagination ou par les rêveries d’esprits inquiets; ils ne se font pas, comme tant d’autres, les champions d’une doctrine d’origine humaine.
Ils habitent les cités grecques et les cités barbares suivant le destin de chacun ; ils se conforment aux usages locaux pour les vêtements, la nourriture et le reste de l’existence, tout en manifestant les lois extraordinaires et vraiment paradoxales de leur république spirituelle. Ils résident chacun dans sa propre patrie, mais comme des étrangers domiciliés. Ils s’acquittent de tous leurs devoirs de citoyens, et supportent toutes les charges comme des étrangers. Toute terre étrangère leur est une patrie, et toute patrie leur est une terre étrangère. Ils se marient comme tout le monde, ils ont des enfants, mais ils n’abandonnent pas leurs nouveau-nés. Ils prennent place à une table commune, mais qui n’est pas une table ordinaire.
Ils sont dans la chair, mais ils ne vivent pas selon la chair. Ils passent leur vie sur la terre, mais ils sont citoyens du ciel. Ils obéissent aux lois établies, et leur manière de vivre est plus parfaite que les lois. Ils aiment tout le monde, et tout le monde les persécute. On ne les connaît pas, mais on les condamne ; on les tue et c’est ainsi qu’ils trouvent la vie. Ils sont pauvres et font beaucoup de riches. Ils manquent de tout et ils tout en abondance. On les méprise et, dans ce mépris, ils trouvent leur gloire. On les calomnie, et ils y trouvent leur justification. On les insulte, et ils bénissent. On les outrage, et ils honorent. Alors qu’ils font le bien, on les punit comme des malfaiteurs. Tandis qu’on les châtie, ils se réjouissent comme s’ils naissaient à la vie.

Que dépend-il de nous pour que la foi ne soit pas une source de division autour de nous ?

 

Lectures de la messe

Première lecture
« Ma mère, tu m’as enfanté homme de querelle pour tout le pays » (cf. Jr 15, 10) (Jr 38, 4-6.8-10)

Lecture du livre du prophète Jérémie
En ces jours-là, pendant le siège de Jérusalem, les princes qui tenaient Jérémie en prison dirent au roi Sédécias : « Que cet homme soit mis à mort : en parlant comme il le fait, il démoralise tout ce qui reste de combattant dans la ville, et toute la population. Ce n’est pas le bonheur du peuple qu’il cherche, mais son malheur. » Le roi Sédécias répondit : « Il est entre vos mains, et le roi ne peut rien contre vous ! » Alors ils se saisirent de Jérémie et le jetèrent dans la citerne de Melkias, fils du roi, dans la cour de garde. On le descendit avec des cordes. Dans cette citerne il n’y avait pas d’eau, mais de la boue, et Jérémie enfonça dans la boue. Ébed-Mélek sortit de la maison du roi et vint lui dire : « Monseigneur le roi, ce que ces gens-là ont fait au prophète Jérémie, c’est mal ! Ils l’ont jeté dans la citerne, il va y mourir de faim car on n’a plus de pain dans la ville ! » Alors le roi donna cet ordre à Ébed-Mélek l’Éthiopien : « Prends trente hommes avec toi, et fais remonter de la citerne le prophète Jérémie avant qu’il ne meure. »

Psaume
(Ps 39 (40), 2, 3, 4, 18)
R/ Seigneur, viens vite à mon secours !
(Ps 39, 14b)

D’un grand espoir,
j’espérais le Seigneur :
il s’est penché vers moi
pour entendre mon cri.

Il m’a tiré de l’horreur du gouffre,
de la vase et de la boue ;
il m’a fait reprendre pied sur le roc,
il a raffermi mes pas.

Dans ma bouche il a mis un chant nouveau,
une louange à notre Dieu.
Beaucoup d’hommes verront, ils craindront,
ils auront foi dans le Seigneur.

Je suis pauvre et malheureux,
mais le Seigneur pense à moi.
Tu es mon secours, mon libérateur :
mon Dieu, ne tarde pas !

Deuxième lecture
« Courons avec endurance l’épreuve qui nous est proposée » (He 12, 1-4)

Lecture de la lettre aux Hébreux
Frères, nous qui sommes entourés d’une immense nuée de témoins, et débarrassés de tout ce qui nous alourdit – en particulier du péché qui nous entrave si bien –, courons avec endurance l’épreuve qui nous est proposée, les yeux fixés sur Jésus, qui est à l’origine et au terme de la foi. Renonçant à la joie qui lui était proposée, il a enduré la croix en méprisant la honte de ce supplice, et il siège à la droite du trône de Dieu. Méditez l’exemple de celui qui a enduré de la part des pécheurs une telle hostilité, et vous ne serez pas accablés par le découragement. Vous n’avez pas encore résisté jusqu’au sang dans votre lutte contre le péché.

Évangile
« Je ne suis pas venu mettre la paix sur terre, mais bien plutôt la division » (Lc 12, 49-53)Alléluia. Alléluia. Mes brebis écoutent ma voix, dit le Seigneur ; moi, je les connais, et elles me suivent. Alléluia. (Jn 10, 27)

Évangile de Jésus Christ selon saint Luc
En ce temps-là, Jésus disait à ses disciples : « Je suis venu apporter un feu sur la terre, et comme je voudrais qu’il soit déjà allumé ! Je dois recevoir un baptême, et quelle angoisse est la mienne jusqu’à ce qu’il soit accompli ! Pensez-vous que je sois venu mettre la paix sur la terre ? Non, je vous le dis, mais bien plutôt la division. Car désormais cinq personnes de la même famille seront divisées : trois contre deux et deux contre trois ; ils se diviseront : le père contre le fils et le fils contre le père, la mère contre la fille et la fille contre la mère, la belle-mère contre la belle-fille et la belle-fille contre la belle-mère. »
Patrick BRAUD

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31 juillet 2022

Par la foi…

Classé sous Communauté spirituelle — lhomeliedudimanche @ 12 h 30 min

Par la foi…

Homélie pour le 19° dimanche du Temps Ordinaire / Année C
07/08/2022

Cf. également :

Avec le temps…
La sobriété heureuse en mode Jésus
Restez en tenue de service
Agents de service
Manager en servant-leader
Jesus as a servant leader
Aimer Dieu comme on aime une vache ?

De nuit

Par la foi… dans Communauté spirituelle image-434x500Avez-vous déjà navigué de nuit ? Les ‘voileux’ connaissent bien cette sensation étrange, lorsque le ciel et la mer se mélangent, lorsque les étoiles emballent le voilier dans un somptueux écrin-cadeau, lorsque le chuintement de l’écume le long de l’étrave dans le silence de la nuit est à la fois inquiétant et familier, lorsque l’œil humain a perdu tout repère apparent pour savoir où aller. Dans ces nuits-là, surtout si le vent a forci, après la fatigue des veilles et les dangers des navigations risquées, la moindre lueur à l’horizon est guettée avec avidité. « Là : un éclat ! » Le bateau peut être à des dizaines de milles nautiques de son port d’arrivée, mais il suffit du scintillement d’une bouée cardinale ou d’un éclat blafard à peine perceptible pour que le capitaine vérifie sa route : le port d’arrivée sera en vue tôt ou tard.

 

La foi des Hébreux

L’auteur de la Lettre aux Hébreux a-t-il traversé la Méditerranée ? Sa description de la foi dans notre lecture de ce dimanche (He 11,1-2.8-19) rejoint en tout cas l’expérience d’une navigation de nuit :
« Frères, la foi est une façon de posséder ce que l’on espère, un moyen de connaître des réalités qu’on ne voit pas. (…) C’est dans la foi, sans avoir connu la réalisation des promesses, qu’ils sont tous morts ; mais ils l’avaient vue et saluée de loin, affirmant que, sur la terre, ils étaient des étrangers et des voyageurs ».

GaliléeC’est un critère facile pour distinguer science et foi : la science n’espère rien, elle cherche à expliquer ; la foi espère tout, et anticipe sur ce qu’elle espère. Ceux qui cherchent des ‘preuves’ de l’existence de Dieu se trompent de quête : Dieu est quelqu’un en qui croire, et non un savoir à apprendre. Démontrer Dieu serait éteindre la foi. Il faudrait se plier à la vérité objective qui s’imposerait alors à nous. Comme dit Paul, « voir ce qu’on espère ce n’est plus espérer » (Rm 8,24). Le navigateur dans la nuit espère le port, il ne le voit pas. La lueur du phare soutient cette espérance en lui permettant de croire qu’il est en bonne voie.

La confusion entre foi et science est hélas courante aujourd’hui : des fondamentalistes chrétiens ou musulmans veulent à tout prix faire concorder les résultats des sciences actuelles avec ceux de leur lecture de la Bible ou du Coran. Ce concordisme a maintes  fois été dénoncé par l’Église comme illusoire et dangereux. Illusoire car ce que la science dit aujourd’hui peut être contredit demain par de nouvelles découvertes et théories, et celui qui aura fondé sa foi sur la science d’hier sera alors bien orphelin. Dangereux, car appuyer sa foi sur la science revient inéluctablement à vouloir l’imposer aux autres, par la force s’il le faut, car la vérité ne peut être l’objet d’un choix personnel. Le système soviétique a voulu imposer la vérité « scientifique » du communisme comme l’unique voie de salut pour les pauvres. Les politiques libérales prétendent s’appuyer sur une « science économique »  indiscutable, et cela pour disqualifier les autres choix possibles.

Les médecines soi-disant alternatives ou les méthodes soi-disant éprouvés des thérapies en tous genres s’appuient sur des théories fausses suffisamment complexes pour bluffer leurs clients et créer une soumission aveugle. Qu’on pense par exemple à la fameuse dianétique de Ron Hubbard, fondateur de l’Église de scientologie : un best-seller (plus de 250 millions d’exemplaires vendus !) de fausses vérités habillées d’un appareil pseudo-scientifique qui serait risible s’il n’était aussi dangereusement sectaire…

La science peut aider la foi en contredisant de fausses lectures des textes (sur l’évolution par exemple). La foi peut favoriser la science en l’aidant à ne pas sortir de son champ d’investigation (ce que font tous les scientismes) et en l’ouvrant à d’autres perspectives.

Tous ceux qui dès lors veulent imposer leur foi aux autres sous prétexte de révélation supérieure font mentir la Lettre aux Hébreux.
Enlever à la foi son caractère ‘nocturne’ conduit à toutes les dictatures pseudo-religieuses ou pseudo-scientifiques…

 

Par la foi

"C'est par la foi..."Vient ensuite dans le texte du chapitre 11 de la Lettre aux Hébreux une longue énumération de personnages bibliques, qui opère en fait une relecture croyante des périodes de l’histoire d’Israël. Cette litanie est rythmée par le leitmotiv : par la foi… L’auteur balaie ainsi des siècles d’évènements bibliques, avec une première liste depuis la Création jusqu’à Sara, puis une deuxième liste depuis Abraham jusqu’à Rahab. Tiens ! On a donc deux listes (cela nous rappelle les généalogies de Jésus en Mt 1 et Lc 3) qui chacune se termine avec une femme [1], ce qui est déjà une petite provocation dans le monde juif où les femmes n’ont pas le droit de témoigner ; or là elles sont deux femmes à témoigner de la puissance de la foi, et en plus leur statut social les range plutôt du côté des méprisés : Sara est stérile, Rahab est prostituée. La foi culmine souvent en ceux et celles que la société traite comme des moins-que-rien !

Deuxième caractéristique de cette longue et double liste (dont notre lecture liturgique ne donne qu’un extrait) : tous ceux qui sont cités ne sont pas épargnés, au contraire ! Pour le dire autrement : la foi ne les a pas protégés comme par miracle, elle les a au contraire largement exposés à l’épreuve, à la persécution, au malheur innocent :
« Certains autres ont été torturés et n’ont pas accepté la libération qui leur était proposée, car ils voulaient obtenir une meilleure résurrection. D’autres ont subi l’épreuve des moqueries et des coups de fouet, des chaînes et de la prison. Ils furent lapidés, sciés en deux, massacrés à coups d’épée. Ils allèrent çà et là, vêtus de peaux de moutons ou de toisons de chèvres, manquant de tout, harcelés et maltraités » (He 11,35–37).
Bigre : pas très réjouissant tous ces supplices ! Si c’est ça le bénéfice de croire, beaucoup vont se découvrir athées ! Ou du moins idolâtres : car les païens demandent à leurs idoles de les protéger des épreuves, alors que les chrétiens s’appuient sur leur foi pour continuer à aimer et croire à travers l’épreuve. Les Égyptiens suppliaient leurs dieux de leur envoyer des crues abondantes du Nil. Les idolâtres d’aujourd’hui multiplient les cierges, génuflexions, les pèlerinages et les neuvaines pour échapper au cancer, avoir des enfants, réussir un examen ou s’enrichir… Il n’y a guère de différence entre le culte d’Amon pour obtenir de bonnes récoltes et le rabâchage de prières magiques pour obtenir la santé, l’amour ou la richesse !

 

La foi n’est pas un parapluie

05c4ddc9 foi dans Communauté spirituelleLa foi juive et la foi chrétienne ne protègent pas des épreuves, elles permettent de les traverser sans cesser d’espérer. Elles n’ont rien d’un parapluie qui nous mettrait à l’abri ; elles nous exposent aux persécutions, au mépris des puissants, jusqu’à devenir « le rebut de l’humanité, l’ordure du monde » (1Co 4,13). Pire encore, la foi biblique ne nous garantit pas la réalisation de la promesse de notre vivant ! « Et, bien que, par leur foi, ils aient tous reçu le témoignage de Dieu, ils n’ont pas obtenu la réalisation de la promesse » (He 11,39).
Joseph n’a pas vécu la Pâque ni l’Exode ; Moïse n’est pas entré en Terre promise ; Jésus lui-même est mort lamentablement abandonné de tous, même de son Père.
Si votre foi n’a pour but que de vous procurer un mieux-être personnel ici-bas, vous serez inévitablement déçus par la foi chrétienne ! Instrumentaliser la foi pour mieux vivre, c’est de l’utilitarisme idolâtre !
Malheureusement, ce qui intéresse la plupart des gens n’est pas Dieu en lui-même, mais ce que Dieu peut leur apporter. Ils aiment Dieu comme on aime une vache, disait Maître Eckhart : pour sa viande, son lait, son cuir, mais pas pour elle-même.

La foi n’est pas un parapluie anti-épreuves de la vie ! Au contraire, elle fait prendre des risques, faire des choix à contre-courant, elle suscite l’hostilité car elle dérange le marchandage avec les idoles. Elle nous expose, au lieu de nous mettre à l’abri.
« Choisissant d’être maltraité avec le peuple de Dieu plutôt que de connaître une éphémère jouissance du péché, Moïse considéra l’humiliation subie par le Christ comme une richesse plus grande que les trésors de l’Égypte : en effet, il regardait plus loin… » (He 11,25–26).

Serions-nous plus grands que Moïse qui, par la foi, navigua ainsi de nuit jusqu’à apercevoir le but sans pouvoir l’atteindre ?
Serions-nous plus forts que le Christ qui à Gethsémani lutta par la foi contre la tentation d’instrumentaliser Dieu : « Père, que ta volonté soit faite et non la mienne » ?
Le malheur innocent nous frappera, comme Job. Sa foi n’a pas vacillé alors qu’il était dépouillé de tout (santé, famille, richesses). Il a continué d’interroger Dieu sans rompre la relation avec lui, et sa foi devint une lutte comme celle de Jacob avec l’ange, se roulant dans la poussière jusqu’à être béni (Gn 32).

 

Comme s’il voyait l’invisible

51oNKTrhf3L._SX344_BO1,204,203,200_ nuitNotre lecture emploie cette belle formule paradoxale à propos de la foi de Moïse : « Grâce à la foi, Moïse quitta l’Égypte sans craindre la colère du roi ; il tint ferme, comme s’il voyait Celui qui est invisible » (He 11,27).
C’est aussi le titre d’un livre célèbre en son temps (1964), écrit par un prêtre-ouvrier, Jacques Loew, docker à Marseille à partir des années 40. Il s’y exerçait à la même relecture historique croyante que celle de la Lettre aux Hébreux, en discernant dans l’histoire des ouvriers qu’il côtoyait des éléments de foi et d’espérance témoignant du travail de l’Esprit en eux. Ce qui lui a permis de tenir en milieu largement anticlérical !

Comme s’il voyait l’invisible, Jacques Loew a cru en la proximité de ces rudes dockers avec l’Évangile.
Comme s’il voyait l’invisible, Moïse a quitté ses privilèges de la cour de Pharaon pour aller vers un pays lointain qu’il ne connaissait pas et dans lequel il n’est pas entré.
Comme s’il voyait l’invisible, Jésus de Nazareth a subi l’humiliation de la croix s’appuyant sur sa confiance en celui qu’il appelait Abba, et il mourut sans voir se réaliser la promesse d’un royaume de Dieu vainqueur du mal.

 

Alors nous aussi, comme si nous voyions l’invisible, avançons dans la foi, naviguons chacun dans notre nuit sans quitter des yeux la lumière qui, là-bas, nourrit notre espérance…

 


[1]. 1° liste : Création, Abel, Hénoch, Noé, Abraham, Sara ; 2° liste : Abraham, Isaac, Jacob, Joseph, Moïse, Israël, Rahab.



Lectures de la messe

Première lecture
« En même temps que tu frappais nos adversaires, tu nous appelais à la gloire » (Sg 18, 6-9)

Lecture du livre de la Sagesse
La nuit de la délivrance pascale avait été connue d’avance par nos Pères ; assurés des promesses auxquelles ils avaient cru, ils étaient dans la joie. Et ton peuple accueillit à la fois le salut des justes et la ruine de leurs ennemis. En même temps que tu frappais nos adversaires, tu nous appelais à la gloire. Dans le secret de leurs maisons, les fidèles descendants des justes offraient un sacrifice, et ils consacrèrent d’un commun accord cette loi divine : que les saints partageraient aussi bien le meilleur que le pire ; et déjà ils entonnaient les chants de louange des Pères.

Psaume
(Ps 32 (33), 1.12, 18-19,20.22)
R/ Heureux le peuple dont le Seigneur est le Dieu.
 (Ps 32, 12a)

Criez de joie pour le Seigneur, hommes justes !
Hommes droits, à vous la louange !
Heureux le peuple dont le Seigneur est le Dieu,
heureuse la nation qu’il s’est choisie pour domaine !

Dieu veille sur ceux qui le craignent,
qui mettent leur espoir en son amour,
pour les délivrer de la mort,
les garder en vie aux jours de famine.

Nous attendons notre vie du Seigneur :
il est pour nous un appui, un bouclier.
Que ton amour, Seigneur, soit sur nous
comme notre espoir est en toi !

Deuxième lecture
« Abraham attendait la ville dont le Seigneur lui-même est le bâtisseur et l’architecte » (He 11, 1-2.8-19)

Lecture de la lettre aux Hébreux
Frères, la foi est une façon de posséder ce que l’on espère, un moyen de connaître des réalités qu’on ne voit pas. Et quand l’Écriture rend témoignage aux anciens, c’est à cause de leur foi.
Grâce à la foi, Abraham obéit à l’appel de Dieu : il partit vers un pays qu’il devait recevoir en héritage, et il partit sans savoir où il allait.
Grâce à la foi, il vint séjourner en immigré dans la Terre promise, comme en terre étrangère ; il vivait sous la tente, ainsi qu’Isaac et Jacob, héritiers de la même promesse, car il attendait la ville qui aurait de vraies fondations, la ville dont Dieu lui-même est le bâtisseur et l’architecte.
Grâce à la foi, Sara, elle aussi, malgré son âge, fut rendue capable d’être à l’origine d’une descendance parce qu’elle pensait que Dieu est fidèle à ses promesses. C’est pourquoi, d’un seul homme, déjà marqué par la mort, a pu naître une descendance aussi nombreuse que les étoiles du ciel et que le sable au bord de la mer, une multitude innombrable.
C’est dans la foi, sans avoir connu la réalisation des promesses, qu’ils sont tous morts ; mais ils l’avaient vue et saluée de loin, affirmant que, sur la terre, ils étaient des étrangers et des voyageurs. Or, parler ainsi, c’est montrer clairement qu’on est à la recherche d’une patrie. S’ils avaient songé à celle qu’ils avaient quittée, ils auraient eu la possibilité d’y revenir. En fait, ils aspiraient à une patrie meilleure, celle des cieux. Aussi Dieu n’a pas honte d’être appelé leur Dieu, puisqu’il leur a préparé une ville.
Grâce à la foi, quand il fut soumis à l’épreuve, Abraham offrit Isaac en sacrifice. Et il offrait le fils unique, alors qu’il avait reçu les promesses et entendu cette parole : C’est par Isaac qu’une descendance portera ton nom. Il pensait en effet que Dieu est capable même de ressusciter les morts ; c’est pourquoi son fils lui fut rendu : il y a là une préfiguration.

Évangile
« Vous aussi, tenez-vous prêts » (Lc 12, 32-48)
Alléluia. Alléluia. 
Veillez, tenez-vous prêts : c’est à l’heure où vous n’y pensez pas que le Fils de l’homme viendra. Alléluia. (cf. Mt 24, 42a.44)

Évangile de Jésus Christ selon saint Luc
En ce temps-là, Jésus disait à ses disciples : « Sois sans crainte, petit troupeau : votre Père a trouvé bon de vous donner le Royaume. Vendez ce que vous possédez et donnez-le en aumône. Faites-vous des bourses qui ne s’usent pas, un trésor inépuisable dans les cieux, là où le voleur n’approche pas, où la mite ne détruit pas. Car là où est votre trésor, là aussi sera votre cœur. Restez en tenue de service, votre ceinture autour des reins, et vos lampes allumées. Soyez comme des gens qui attendent leur maître à son retour des noces, pour lui ouvrir dès qu’il arrivera et frappera à la porte. Heureux ces serviteurs-là que le maître, à son arrivée, trouvera en train de veiller. Amen, je vous le dis : c’est lui qui, la ceinture autour des reins, les fera prendre place à table et passera pour les servir. S’il revient vers minuit ou vers trois heures du matin et qu’il les trouve ainsi, heureux sont-ils ! Vous le savez bien : si le maître de maison avait su à quelle heure le voleur viendrait, il n’aurait pas laissé percer le mur de sa maison. Vous aussi, tenez-vous prêts : c’est à l’heure où vous n’y penserez pas que le Fils de l’homme viendra. » Pierre dit alors : « Seigneur, est-ce pour nous que tu dis cette parabole, ou bien pour tous ? » Le Seigneur répondit : « Que dire de l’intendant fidèle et sensé à qui le maître confiera la charge de son personnel pour distribuer, en temps voulu, la ration de nourriture ? Heureux ce serviteur que son maître, en arrivant, trouvera en train d’agir ainsi ! Vraiment, je vous le déclare : il l’établira sur tous ses biens. Mais si le serviteur se dit en lui-même : ‘Mon maître tarde à venir’, et s’il se met à frapper les serviteurs et les servantes, à manger, à boire et à s’enivrer, alors quand le maître viendra, le jour où son serviteur ne s’y attend pas et à l’heure qu’il ne connaît pas, il l’écartera et lui fera partager le sort des infidèles. Le serviteur qui, connaissant la volonté de son maître, n’a rien préparé et n’a pas accompli cette volonté, recevra un grand nombre de coups. Mais celui qui ne la connaissait pas, et qui a mérité des coups pour sa conduite, celui-là n’en recevra qu’un petit nombre. À qui l’on a beaucoup donné, on demandera beaucoup ; à qui l’on a beaucoup confié, on réclamera davantage. »
Patrick BRAUD

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