L'homélie du dimanche (prochain)

16 février 2013

L’homme ne vit pas seulement de pain

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L’homme ne vit pas seulement de pain

Homélie du 1° Dimanche de Carême / Année C
17/02/2013

« L’homme ne vit pas seulement de pain » (Lc 4,1-13).

Célébrissime phrase de Jésus, devenue comme bien d’autres un adage.

L'homme ne vit pas seulement de pain dans Communauté spirituelle tttRéflexion qui prend tout son sens en temps de crise économique. Parce que les temps sont difficiles (plans sociaux, baisse du pouvoir d’achat etc.), certains voudraient nous faire croire que les seules questions importantes sont d’ordre économique : chômage, croissance, austérité, réduction des déficits publics etc.

Bien sûr, ces préoccupations sont centrales et majeures.
Bien sûr, lutter pour que chacun puisse subvenir aux besoins matériels de sa famille est une priorité.

Mais cela ne disqualifie pas pour autant les autres aspirations humaines. Et cela ne met pas hors-jeu les autres débats sur les questions sociétales tout aussi importantes : aujourd’hui le « mariage pour tous » ; demain les lois sur la PMA, la GPA ; et après-demain les débats sur la fin de vie, la bioéthique etc.

Si l’homme ne vit pas seulement de pain, cela implique que les questions de société l’intéressent autant que l’emploi et le salaire. Ce serait revenir un matérialisme pur et dur que de dénier à ceux qui souffrent économiquement le droit d’avoir en même temps d’autres aspirations.

Citons quelques exemples de faims différentes :

- Une association d’accueil de SDF organise régulièrement des sorties à l’Opéra, grâce à des billets offerts par la municipalité. Pourquoi offrir l’Opéra à des SDF au lieu de les inviter au restaurant ? Les participants répondaient eux-mêmes : « c’était beau ! » ; ou « on était transporté ailleurs » ; ou « jamais je n’aurais cru pouvoir entrer là ».

Si l’homme ne vit pas seulement de pain, alors il vit également de culture, de beauté.

- Le père Joseph Wrezinski, fondateur d’ATD Quart-monde, a créé une université populaire du quart-monde rue des Grands Degrés à Paris. Pourquoi une université avec et pour les familles du quart-monde ? Parce que ce peuple vit de son histoire, de son identité, de ses valeurs affirmées tout au long de ces combats, et pas seulement des aides aux subventions qu’il pourrait quémander. Les bibliothèques de rue d’ATD qui sillonnent les bas d’immeubles des cités d’urgence ouvrent aujourd’hui encore les gamins des abris de fortune à la faim de lire, à la soif de découvrir, de savoir.

- Marx voulait remettre Hegel les pieds sur terre, en affirmant – contre l’idéalisme allemand – que le moteur de l’histoire était dans les luttes sociales et pas dans les idées. Pour les marxistes avec lui, les valeurs morales sont le reflet des rapports sociaux où certains dominent les autres et imposent leur conception de l’existence. La religion n’est alors qu’une superstructure produite par les infrastructures économiques et tout entière dépendante d’elles.

Ce matérialisme historique, qui se voulait scientifique, on le croyait mort avec la chute du mur de Berlin en 1989. Et pourtant son cadavre bouge encore chez les dogmatiques de gauche comme chez les ultralibéraux qui s’alignent dessus sans le savoir. Croire que la tâche du politique ne réside que dans les transformations économiques relève d’un matérialisme étonnant. Croire que la morale, la spiritualité ou la culture n’appartiennent qu’à la vie privée suppose une vision très matérialiste de l’être humain.

- Réduire le développement de l’Afrique à des programmes humanitaires de productions agricoles ou industrielles peut se révéler meurtrier du génie africain, et finalement très colonialiste.

- Si l’homme ne vit pas seulement de pain, alors il faut se battre pour que la lecture des grandes oeuvres littéraires, l’écoute des chefs-d’oeuvre de la musique classique ou l’initiation aux impressionnistes ne soit pas réservée à des élites.

On attribue (faussement) à Goebbels cette phrase traduisant le mépris du nazisme vis-à-vis de toute forme de spiritualité : « quand j’entends le mot culture, je sors mon revolver »  L’extrême droite comme le marxisme méprisent ce qu’ils appellent des oeuvres décadentes ou des valeurs bourgeoises.

Le Christ – lui - sait bien qu’au coeur de tout homme réside une autre faim que le matériel.
Il a vu que le lépreux désire sa réintégration sociale tout autant que sa guérison (Mc 1,40-45).
Il connaît la soif de communion qui habite Zachée, le collabo mis à l’écart (Lc 19,1-10).
Il devine chez la femme hémorroïsse le désir d’être désirée que lui interdit sa perte de sang chronique (Mt 9,20-21).
Il entend dans la demande matérielle des mendiants une autre demande, plus fondamentale, de reprendre leur place dans la famille sociale (Mc 10,46-52).

Pierre sera dans cette droite ligne lorsqu’il fixera le paralysé mendiant de la Belle Porte du Temple de Jérusalem dans les yeux en lui disant : « de l’or ou de l’argent je n’en ai pas, mais ce que j’ai je te le donne : au nom de Jésus le Nazôréen, marche ! » (Ac 3,6)

Jésus lui-même, à nouveau confronté à cette tentation de la faim et de la soif, suppliera sur la croix : « j’ai soif » (Jn 19,28). Les chrétiens ont toujours entendu dans cette plainte l’écho des psaumes : « mon âme a soif du Dieu vivant : quand le verrai-je face à face ? » (Ps 42,3 ; 63,2)

Patrick Braud

La faim et la soif qui ont tenaillé Jésus aux entrailles n’étaient pas uniquement matérielles : son besoin le plus fondamental résidait dans la relation à son Père. Sa faim était spirituelle, au sens où il désirait que l’Esprit soit son lien indissoluble à Dieu.

« L’homme ne vit pas seulement de pain ».
Nous appartenons à cette humanité-là.
Culture, vie associative, beauté et communion avec le monde : à nous d’explorer les vraies faims qui sommeillent en nous.

Que ce Carême nous y aide !


[1]. Fausse citation faussement attribuée à Goebbels (ou Goering). En fait, il s’agit d’une réplique tirée d’une pièce de théâtre d’un nazi, Hanns Johst. Soucieux de plaire à son Führer, il concocta, à l’occasion de son anniversaire de 1933, un drame apologétique (Schlageter) où figure cette tirade : « Quand j’entends parler de culture, j’enlève le cran de sécurité de mon Browning. » Baldur von Schirach (chef des jeunesses hitlériennes), a utilisé cette citation, lors d’un meeting, avec un certain succès. 

 

1ère lecture : La profession de foi du peuple d’Israël (Dt 26, 4-10)

Lecture du livre du Deutéronome

Moïse disait au peuple d’Israël : Lorsque tu présenteras les prémices de tes récoltes, le prêtre recevra de tes mains la corbeille et la déposera devant l’autel du Seigneur ton Dieu.
Tu prononceras ces paroles devant le Seigneur ton Dieu : « Mon père était un Araméen vagabond, qui descendit en Égypte : il y vécut en immigré avec son petit clan. C’est là qu’il est devenu une grande nation, puissante et nombreuse.
Les Égyptiens nous ont maltraités, et réduits à la pauvreté ; ils nous ont imposé un dur esclavage.
Nous avons crié vers le Seigneur, le Dieu de nos pères. Il a entendu notre voix, il a vu que nous étions pauvres, malheureux, opprimés.
Le Seigneur nous a fait sortir d’Égypte par la force de sa main et la vigueur de son bras, par des actions terrifiantes, des signes et des prodiges.
Il nous a conduits dans ce lieu et nous a donné ce pays, un pays ruisselant de lait et de miel.
Et voici maintenant que j’apporte les prémices des produits du sol que tu m’as donné, Seigneur. »

Psaume : Ps 90, 1-2, 10-11, 12-13, 14-15ab

R/ Reste avec nous, Seigneur, dans notre épreuve.

Quand je me tiens sous l’abri du Très Haut
et repose à l’ombre du Puissant
Je dis au Seigneur : « Mon Refuge
mon Rempart, mon Dieu, dont je suis sûr ! »

Le malheur ne pourra te toucher
ni le danger approcher de ta demeure
Il donne mission à Ses anges
de te garder sur tous tes chemins

Ils te porteront sur leurs mains
pour que ton pied ne heurte les pierres
tu marcheras sur la vipère et le scorpion
tu écraseras le lion et le dragon

« Puisqu’il s’attache à Moi, Je le délivre
Je le défends car il connaît Mon Nom
il m’appelle et Moi Je lui réponds
Je suis avec lui dans son épreuve. »

2ème lecture : La profession de foi en Jésus Christ (Rm 10, 8-13)

Lecture de la lettre de saint Paul Apôtre aux Romains

Frère, nous lisons dans l’Écriture : La Parole est près de toi, elle est dans ta bouche et dans ton c?ur. Cette Parole, c’est le message de la foi que nous proclamons.
Donc, si tu affirmes de ta bouche que Jésus est Seigneur, si tu crois dans ton c?ur que Dieu l’a ressuscité d’entre les morts, alors tu seras sauvé.
Celui qui croit du fond de son c?ur devient juste ; celui qui, de sa bouche, affirme sa foi parvient au salut.
En effet, l’Écriture dit : Lors du jugement, aucun de ceux qui croient en lui n’aura à le regretter.
Ainsi, entre les Juifs et les païens, il n’y a pas de différence : tous ont le même Seigneur, généreux envers tous ceux qui l’invoquent.
Il est écrit en effet, tous ceux qui invoqueront le nom du Seigneur seront sauvés.

Evangile : La tentation de Jésus (Lc 4, 1-13)

Acclamation : Ta parole, Seigneur, est vérité, et ta loi, délivrance.
L’homme ne vit pas seulement de pain, mais de toute parole venant de la bouche de Dieu.
Ta parole, Seigneur, est vérité, et ta loi, délivrance.(cf. Mt 4, 4)

Évangile de Jésus Christ selon saint Luc

Après son baptême, Jésus, rempli de l’Esprit Saint, quitta les bords du Jourdain ; il fut conduit par l’Esprit à travers le désert où, pendant quarante jours, il fut mis à l’épreuve par le démon. Il ne mangea rien durant ces jours-là, et, quand ce temps fut écoulé, il eut faim.
Le démon lui dit alors : « Si tu es le Fils de Dieu, ordonne à cette pierre de devenir du pain. »
Jésus répondit : « Il est écrit : Ce n’est pas seulement de pain que l’homme doit vivre. »
Le démon l’emmena alors plus haut, et lui fit voir d’un seul regard tous les royaumes de la terre.
Il lui dit : « Je te donnerai tout ce pouvoir, et la gloire de ces royaumes, car cela m’appartient et je le donne à qui je veux. Toi donc, si tu te prosternes devant moi, tu auras tout cela. »
Jésus lui répondit : « Il est écrit : Tu te prosterneras devant le Seigneur ton Dieu, et c’est lui seul que tu adoreras. »
Puis le démon le conduisit à Jérusalem, il le plaça au sommet du Temple et lui dit : « Si tu es le Fils de Dieu, jette-toi en bas ; car il est écrit : Il donnera pour toi à ses anges l’ordre de te garder ; et encore : Ils te porteront sur leurs mains, de peur que ton pied ne heurte une pierre. »
Jésus répondit : « Il est dit : Tu ne mettras pas à l’épreuve le Seigneur ton Dieu. »
Ayant ainsi épuisé toutes les formes de tentations, le démon s’éloigna de Jésus jusqu’au moment fixé.
Patrick Braud

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5 janvier 2013

L’Épiphanie, ou l’éloge de la double culture

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L’Épiphanie, ou l’éloge de la double culture

Homélie de l’Épiphanie / Année C
06/01/12

 

Connaissez-vous Grégoire de Nysse ?

Au IV° siècle, il est évêque de la ville de Nysse (pas sur la côte d’Azur ! mais près de Constantinople, l’actuelle Istanbul en Turquie).
Il a écrit un commentaire de la vie de Moïse qui reste aussi savoureux qu’un bon réveillon de premier de l’an?
Dans son commentaire, il y a un thème qui revient souvent, et qui rejoint la belle fête de l’Épiphanie d’aujourd’hui.
C’est le thème de la double culture.

Pourquoi Moïse a-t-il pu libérer son peuple ?
Parce qu’il était mi-égyptien, mi-hébreu, et qu’il a su tirer parti de cette double appartenance.
Pourquoi les Magesnous intéressent-ils aujourd’hui ?
Parce que justement ils s’ouvrent à une double appartenance : leur science, et la foi au Christ. Ils ne restent pas repliés, immobiles, sur leur culture païenne d’origine. Ils se bougent, ils marchent et ils s’ouvrent à un autre savoir. Vous devinez que c’est de nous que nous parlons à travers eux !

- Comme Moïse, les Mages acceptent de recevoir une double alimentation, une double Patrick Braudration : leur culture scientifique (l’astrologie) et la culture biblique (la référence à la loi, le Messie annoncé par la Bible).

Moïse était égyptien, élevé à la cour royale de Pharaon, mais sa mère hébreu lui faisait boire le lait du monothéisme sous l’alibi d’être sa nourrice.

Grégoire de Nysse interprète :
« Si nous fréquentons la culture profane, au temps de notre éducation, nous ne devons pas cependant être sevrés du lait nourrissant de l’Église. »

Or chacun de vous possède - comme Moïse, comme les Mages - une double culture, une double appartenance Par exemple celle de votre vie professionnelle (actuelle ou passée), et celle de votre vie chrétienne en Église.
Avez-vous conscience de cette richesse ?
Comment faites-vous le lien ?
Comment jouez-vous des deux ?
Comment laissez-vous la Bible éclairer votre route professionnelle, comme les Mages ont laissé la prophétie du livre de Michée éclairer leur chemin jusqu’à la crèche ?
Comment laissez-vous le lait de votre mère nourricière l’Église vous rendre fort dans le monde profane environnant comme Moïse a bu avec le lait hébreu de quoi résister au conformisme égyptien ? (comme Jésus a bu le lait de Marie et avec lui de quoi annoncer au monde une liberté plus grande?)

 

L'Épiphanie, ou l'éloge de la double culture dans Communauté spirituelle rois_mages

- Un député témoignait un jour : « Quand on est militant dans un parti politique, puis élu alors qu’on affiche des convictions chrétiennes, on est soupçonné de ne pas être « idéologiquement sûr » et 100 % fidèle au parti, à cause de cette double appartenance. C’est plutôt bon signe, car effectivement la liberté chrétienne fait qu’il y aura toujours des limites face à certaines idéologies, mais aussi une profondeur secrète que les non-chrétiens ne peuvent comprendre et qui les inquiète. «  

- Un diplômé d’HEC affirmait quant à lui : « en entreprise, ceux qui ont une double culture sont ceux qui font avancer leurs équipes, et souvent les plus qualifiés pour l’innovation. Une double culture - par exemple littéraire/scientifique, commerciale/humaniste - permet de féconder l’une par l’autre sans jamais sacraliser aucune ».

* Car la thématique de la double appartenance vaut également en sens inverse.

Les Mages ont apporté leurs trésors à l’enfant, les trésors de leurs pays et leur savoir-faire. Et vous, qu’allez-vous apporter comme trésors à l’autel de la crèche ?

Moïse demande au peuple d’emporter avec lui les richesses des égyptiens au moment de l’Exode : « Les Israélites firent ce qu’avait dit Moïse et demandèrent aux Égyptiens des objets d’argent, des objets d’or et des vêtements. Yahvé fit que le peuple trouvât grâce aux yeux des Égyptiens qui les leur prêtèrent. Ils dépouillèrent ainsi les Égyptiens » (Ex 12,35-36)

Grégoire commente :
« Celui qui se met en mouvement vers la liberté doit se nourrir également des richesses de la culture profane dont les païens tirent avantage. »

Comment faites-vous pour que les trésors de vos compétences profanes servent l’Église ?

 

* À l’Épiphanie, il y a un échange, une circulation réciproque entre la culture des Mages et la culture juive de l’enfant de Bethléem, une fécondation mutuelle. Les Mages se prosternent devant le Roi des Juifs ; et le petit juif de la crèche accepte de recevoir les trésors de l’Asie, de l’Occident et de l’Afrique. Notre mondialisation à nous, elle est en germe là?

À Noël, on a coutume de dire que Dieu s’est fait homme. C’est juste. Mais ce n’est pas suffisant.

Il faut oser dire que Dieu s’est fait juif.

C’est-à-dire qu’il a épousé la culture, l’histoire particulière, la langue, les coutumes, la mentalité de ce petit peuple du Moyen-Orient. C’est un paradoxe énorme de l’Incarnation : le Dieu immense, que rien ne peut contenir, plus grand que les galaxies et les étoiles, ce Dieu si grand choisit de se manifester à tous les peuples à partir du coeur de la culture juive. Mais Dieu ne s’est pas fait juif pour s’enfermer dans cette seule culture : dès sa naissance, il veut ouvrir chaque peuple à la foi en lui.

wood culture dans Communauté spirituelle

 

À Noël, on a encore coutume – et on a raison – de dire que « Dieu s’est fait homme pour que l’homme devienne Dieu » (Irénée de Lyon).

À l’Épiphanie, on peut oser proclamer que « Dieu s’est fait juif pour que toute culture puisse dire Dieu ».

* Si nous sommes les mages d’aujourd’hui, notre feuille de route est tracée : chercher les signes de l’action de Dieu aujourd’hui, se mettre en marche (accepter de changer), aller puiser à la culture biblique, rencontrer le Messie, lui offrir les trésors de notre savoir-faire, et repartir chez nous transformés par un autre chemin (à l’image des mages).

* Avec le pain et le vin, dans cette eucharistie, offrons nous aussi à l’enfant nouveau-né notre milieu social, notre milieu culturel, afin que cette célébration soit vraiment la manifestation, l’épiphanie du Christ à toutes les cultures d’aujourd’hui.

Patrick Braud

 

1ère lecture : Les nations païennes marchent vers la lumière de Jérusalem (Is 60, 1-6)

Lecture du livre d’Isaïe

Debout, Jérusalem ! Resplendis : elle est venue, ta lumière, et la gloire du Seigneur s’est levée sur toi.
Regarde : l’obscurité recouvre la terre, les ténèbres couvrent les peuples ; mais sur toi se lève le Seigneur, et sa gloire brille sur toi.
Les nations marcheront vers ta lumière, et les rois, vers la clarté de ton aurore.
Lève les yeux, regarde autour de toi : tous, ils se rassemblent, ils arrivent ; tes fils reviennent de loin, et tes filles sont portées sur les bras.
Alors tu verras, tu seras radieuse, ton coeur frémira et se dilatera. Les trésors d’au-delà des mers afflueront vers toi avec les richesses des nations.
Des foules de chameaux t’envahiront, des dromadaires de Madiane et d’Épha. Tous les gens de Saba viendront, apportant l’or et l’encens et proclamant les louanges du Seigneur

Psaume : 71, 1-2, 7-8, 10-11, 12-13

R/ Parmi toutes les nations, Seigneur, on connaîtra ton salut.

Dieu, donne au roi tes pouvoirs,
à ce fils de roi ta justice.
Qu’il gouverne ton peuple avec justice,
qu’il fasse droit aux malheureux ! 

En ces jours-là, fleurira la justice,
grande paix jusqu’à la fin des lunes !
Qu’il domine de la mer à la mer,
et du Fleuve jusqu’au bout de la terre !

Les rois de Tarsis et des Iles apporteront des présents.
Les rois de Saba et de Seba feront leur offrande.
Tous les rois se prosterneront devant lui,
tous les pays le serviront.

Il délivrera le pauvre qui appelle
et le malheureux sans recours.
Il aura souci du faible et du pauvre,
du pauvre dont il sauve la vie.

2ème lecture : L’appel au salut est universel (Ep 3, 2-3a.5-6)

Lecture de la lettre de saint Paul Apôtre aux Éphésiens

Frères, vous avez appris en quoi consiste la grâce que Dieu m’a donnée pour vous :
par révélation, il m’a fait connaître le mystère du Christ.
Ce mystère, il ne l’avait pas fait connaître aux hommes des générations passées, comme il l’a révélé maintenant par l’Esprit à ses saints Apôtres et à ses prophètes.
Ce mystère, c’est que les païens sont associés au même héritage, au même corps, au partage de la même promesse, dans le Christ Jésus, par l’annonce de l’Évangile

Evangile : Les mages païens viennent se prosterner devant Jésus (Mt 2, 1-12)

Acclamation : Alléluia. Alléluia. Nous avons vu se lever son étoile, et nous sommes venus adorer le Seigneur. Alléluia. (cf. Mt 2, 2)

Évangile de Jésus Christ selon saint Matthieu

Jésus était né à Bethléem en Judée, au temps du roi Hérode le Grand. Or, voici que des mages venus d’Orient arrivèrent à Jérusalem et demandèrent : « Où est le roi des Juifs qui vient de naître ? Nous avons vu se lever son étoile et nous sommes venus nous prosterner devant lui. »
En apprenant cela, le roi Hérode fut pris d’inquiétude, et tout Jérusalem avec lui. Il réunit tous les chefs des prêtres et tous les scribes d’Israël, pour leur demander en quel lieu devait naître le Messie. Ils lui répondirent : « À Bethléem en Judée, car voici ce qui est écrit par le prophète : Et toi, Bethléem en Judée, tu n’es certes pas le dernier parmi les chefs-lieux de Judée ; car de toi sortira un chef, qui sera le berger d’Israël mon peuple. »
Alors Hérode convoqua les mages en secret pour leur faire préciser à quelle date l’étoile était apparue ; puis il les envoya à Bethléem, en leur disant : « Allez vous renseigner avec précision sur l’enfant. Et quand vous l’aurez trouvé, avertissez-moi pour que j’aille, moi aussi, me prosterner devant lui. »
Sur ces paroles du roi, ils partirent. Et voilà que l’étoile qu’ils avaient vue se lever les précédait ; elle vint s’arrêter au-dessus du lieu où se trouvait l’enfant.
Quand ils virent l’étoile, ils éprouvèrent une très grande joie.
En entrant dans la maison, ils virent l’enfant avec Marie sa mère ; et, tombant à genoux, ils se prosternèrent devant lui. Ils ouvrirent leurs coffrets, et lui offrirent leurs présents : de l’or, de l’encens et de la myrrhe.  Mais ensuite, avertis en songe de ne pas retourner chez Hérode, ils regagnèrent leur pays par un autre chemin.
Patrick BRAUD

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22 mai 2010

Parler la langue de l’autre

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Parler la langue de l’autre

 

Homélie de la fête de Pentecôte

23/05/2010

 

La fête de Pentecôte ressemble un peu à l’exposition universelle de Shanghai de cette année 2010. Presque tous les peuples y sont représentés, chacun y est honoré à travers son génie : l’architecture originale de son pavillon, son art culinaire avec les restaurants à l’intérieur, ses oeuvres d’art (peintures, jardins)… Et tout cela dans un brouhaha de langues insoupçonnable !

 

À Jérusalem, le vrai miracle de Pentecôte, ce n’est pas la foule, ni l’universalisme de cette foule, c’est bien le fait que « tous, nous entendons proclamer dans nos langues les merveilles de Dieu ».

 

16 ethnies sont mentionnées dans la liste des Actes des Apôtres. 16 langues différentes.

Faut-il y voir un chiffre symbolique ? 8 est le chiffre de la Résurrection, de la nouvelle création ; 2 est le chiffre de l’humanité (à cause du couple homme / femme). Le chiffre 16 évoquerait alors l’impact de la Résurrection se propageant à toute l’humanité grâce au feu de l’Esprit Saint…

Chaque ethnie entend dans sa culture résonner l’annonce de la merveille qu’est la résurrection du Crucifié.

 

Depuis la Pentecôte, l’Esprit Saint ne cesse de pousser l’Église à parler toutes les langues de la terre, de l’arabe au chinois, c’est-à-dire à traduire le coeur de la foi chrétienne dans l’histoire et le génie propre de chaque peuple.

 

- Déjà l’Esprit était à l’oeuvre dans la traduction de la Torah juive : passer de l’hébreu au grec n’a pas été évident à admettre pour les ultra orthodoxes ! Il a fallu la belle légende des 70 vieillards (d’où le nom de « Septante » pour désigner cette version grecque de la Torah) étudiant chacun de leur côté le texte, et arrivant à la même traduction exactement (vers 270 avant JC), pour faire admettre aux juifs trop attachés à l’hébreu que le grec pouvait également être une inspiration divine.

 

- Puis le passage du grec au latin a été également un sacré combat dans l’Église d’Occident des premiers siècles. Le clergé savant de Rome trouvait le latin trop vulgaire (vulgus = ce qui est commun, en latin) pour s’abaisser à l’utiliser dans la liturgie. Seul le grec, pensait-on, convient à la célébration des merveilles de Dieu ! Heureusement, le besoin de nourrir le peuple dans sa langue a prévalu, et le latin remplaça le grec…

 

- Au moment d’évangéliser les pays slavons, les deux frères Cyrille et Méthode (IX° siècle), envoyés par Rome, sont restés fidèles à l’Esprit de Pentecôte en inventant un alphabet spécial pour rendre compte de la beauté de la langue de ces peuples de l’Est, pour l’écrire, traduire la Bible et célébrer la messe dans leur langue. L’alphabet « cyrillique » n’aurait pas existé sans la fête de Pentecôte !

 

- À l’inverse, au XVII° siècle, la querelle des rites chinois montre que l’Église résiste souvent à cette inspiration « pentecostale » : le pape Clément XI, mal conseillé par les dominicains adversaires des jésuites, mit fin en 1704 à l’expérience chinoise inspirée par Mattéo Ricci (jésuite) où l’eucharistie était célébrée avec les mots et les rites de la culture chinoise. Hélas, les conséquences s’en font sentir aujourd’hui encore? 

 

- Plus près de nous, Charles de Foucauld en Algérie s’est passionné pour la langue touarègue, et a le premier compilé un dictionnaire et une grammaire français / touarègue.

Les Pères blancs, missionnaires du cardinal Lavigerie, en arrivant en Afrique Noire, avaient comme premier réflexe de transcrire les langues locales en inventant une manière d’écrire leurs accents toniques si particuliers, puis de traduire la Bible, tout en sauvegardant ainsi des trésors de ces cultures orales qui auraient disparu autrement aujourd’hui (recueil de proverbes, contes, généalogies, histoires?).

 

 

Bref : célébrer Pentecôte oblige l’Église à parler la langue de l’autre !

Sans aller en Algérie ou en Russie, quelles sont tout près de nous les « langues » qui attendent d’être « parlées » par l’Église ?

Quels sont les modes de pensée apparemment lointains qui attendent que des chrétiens y expriment leur espérance en des termes familiers et bouleversants ?

 

·      Parler la langue de l’autre, c’est par exemple se passionner pour les musiques, les codes vestimentaires ou alimentaires des jeunes dont on a la charge par ailleurs.

·      Parler la langue de l’autre, c’est pour les cadres d’une entreprise prendre le temps d’écouter, de comprendre, de sentir ce qui fait le quotidien de leurs collaborateurs et des salariés dont ils sont responsables.

·      Parler la langue de l’autre, c’est pour une communauté paroissiale investir dans l’histoire de son quartier, de ses communes, dans le dialogue avec d’autres familles de pensée qui marquent ce territoire etc….

·      Parler la langue de l’autre, pour notre Église, c’est plonger dans les autres manières de voir le monde qui marquent notre époque : les nouvelles technologies, l’hyper-communication, la concentration urbaine… pour y annoncer « les merveilles de Dieu » de manière proche, compréhensible, fraternelle, bouleversante, comme à Pentecôte.

 

Oui vraiment, prions pour que notre Église ? et donc chacun de nous – se laisse bousculer par l’Esprit Saint, jusqu’à « parler la langue de l’autre »…

 

 

1ère lecture : L’Esprit Saint fait  parler  les disciples toutes les langues de la terre (Ac 2, 1-11)

Quand arriva la Pentecôte (le cinquantième jour après Pâques), ils se trouvaient réunis tous ensemble.
Soudain il vint du ciel un bruit pareil à celui d’un violent coup de vent : toute la maison où ils se tenaient en fut remplie.
Ils virent apparaître comme une sorte de feu qui se partageait en langues et qui se posa sur chacun d’eux.
Alors ils furent tous remplis de l’Esprit Saint : ils se mirent à parler en d’autres langues, et chacun s’exprimait selon le don de l’Esprit.
Or, il y avait, séjournant à Jérusalem, des Juifs fervents, issus de toutes les nations qui sont sous le ciel.
Lorsque les gens entendirent le bruit, ils se rassemblèrent en foule. Ils étaient dans la stupéfaction parce que chacun d’eux les entendait parler sa propre langue.
Déconcertés, émerveillés, ils disaient : « Ces hommes qui parlent ne sont-ils pas tous des Galiléens ?
Comment se fait-il que chacun de nous les entende dans sa langue maternelle ?
Parthes, Mèdes et Élamites, habitants de la Mésopotamie, de la Judée et de la Cappadoce, des bords de la mer Noire, de la province d’Asie,
de la Phrygie, de la Pamphylie, de l’Égypte et de la Libye proche de Cyrène, Romains résidant ici,
Juifs de naissance et convertis, Crétois et Arabes, tous nous les entendons proclamer dans nos langues les merveilles de Dieu. »
Patrick BRAUD

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