Chrétiens sans Église
Chrétiens sans Église
Homélie pour le 26° Dimanche du Temps ordinaire / Année B
29/09/24
Cf. également :
Ma main à couper !
Scandale ! Vous avez dit scandale ?
Contre tout sectarisme
La jalousie entre nature et culture
« J’ai renoncé au comparatif »
La nécessaire radicalité chrétienne
Le coup de gueule de saint Jacques
La bande des vautrés n’existera plus
Où est la bénédiction ? Où est le scandale ? dans la richesse, ou la pauvreté ?
Cathos non-pratiquants
Tous les sondages le disent : les Français « catholiques pratiquants » – c’est-à-dire allant à la messe au moins une fois par mois – sont de moins en moins nombreux : 7 % environ en 2021 selon l’IFOP. Et ce pourcentage continue à baisser régulièrement.
Reste que l’empreinte catholique sur l’ensemble de la société est forte. En témoigne le nombre de Français se déclarant catholiques, quelle que soit leur pratique religieuse : 32 % en 2018 (enquête Arval). Certes, la chute est vertigineuse par rapport à 1980 (70 %). Les sociologues parlent de désaffiliation pour caractériser cette indépendance grandissante vis-à-vis de l’Église (alors que les musulmans passent de 1 % à 6 %). Même désaffiliés, les Français sont encore, souvent sans le savoir, pétris de tout ce que le catholicisme a charrié avec lui pendant des siècles, pour le meilleur et pour le pire. Si l’on fait la soustraction, il y a quand même environ 25 % de nos citoyens qui se déclarent chrétiens sans Église. Phénomène massif qui doit interroger.
Ne répondons pas trop vite que l’individualisme ou l’hédonisme seraient les seuls facteurs explicatifs. Les chrétiens sans Église sont sans doute influencés par la culture européenne mettant le plaisir et la liberté de l’individu au-dessus de tout. Mais l’absence de pratique dominicale pointe également vers une autre critique : celle de l’institution ecclésiale en tant que telle, jugée trop lourde, trop conservatrice, trop masculine, trop hiérarchique et cléricale, trop peu démocratique, bref : obsolète.
Au risque d’en choquer beaucoup, force est de constater que les lectures de ce dimanche semblent donner quelques arguments à cette critique de l’institutionnel et du cléricalisme !
Examinons de plus près comment ces textes bibliques assument une tradition d’un rapport critique à l’institution ecclésiale.
Contre le cléricalisme
Notre première lecture (Nb 11,25-29) montre Moïse choisissant 70 anciens pour l’aider à gouverner le peuple en exode dans le désert. Solution très cléricale : le mot ancien a donné en grec le mot presbytéros, et le mot prêtre en français. Moïse institue donc une caste de prêtres munis d’un privilège spécial – le don de l’Esprit de Dieu – seuls habilités à interpréter pour le peuple ce que Dieu voudrait pour lui. Car être prophète (en grec : pro- phesein) c’est cela : parler (phesein = dire) au nom de Dieu devant (pro = devant) le peuple, lui annoncer sa parole. On devine que ces les anciens/prophètes obtenaient ainsi un réel pouvoir sur le peuple, pour encadrer leur conduite et leur culte.
Or pourtant, notre texte de Nb 11 précise avec ironie qu’aussitôt l’effusion de l’esprit accomplie « ils se mettent à prophétiser, mais cela ne dura pas ».
Le caractère prophétique des 70 anciens ne dura pas. Quelle critique redoutable du cléricalisme ! Dès que les prêtres (les anciens) croient détenir pour toujours le monopole de la Parole de Dieu, leur charisme s’évanouit de lui-même… D’ailleurs on ne connaît pas les noms de ces 68, alors que ceux des dissidents Eldad et Médad nous sont parvenus. Pire : ils ne sont pas entrés en Terre promise (comme Moïse). Leur caractère d’anciens ne les a pas préservés.
Voilà donc un récit qui conteste radicalement la prétention des clercs à détenir pour toujours l’exclusivité de la Parole de Dieu !
Le pape François a déjà tonné plusieurs fois contre cette maladie institutionnelle qu’est le cléricalisme, transformant les prêtres en petit chefs autoritaires, imposant leurs conceptions au peuple de Dieu sous prétexte d’avoir reçu l’ordination :
Je voudrais cependant m’arrêter sur un aspect de cette mondanité. Lorsqu’elle entre dans le cœur des pasteurs, elle prend une forme spécifique, celle du cléricalisme. Pardonnez-moi de le répéter […], en tant qu’homme âgé et de cœur, je veux vous dire que cela me préoccupe lorsque nous tombons dans des formes de cléricalisme ; lorsque, peut-être sans nous en rendre compte, nous laissons voir que nous sommes supérieurs, privilégiés, placés « au-dessus » et donc séparés du reste du peuple saint de Dieu. Comme me l’a écrit un jour un bon prêtre, « le cléricalisme est le symptôme d’une vie sacerdotale et laïque tentée de vivre le rôle et non le lien réel avec Dieu et les frères ». En bref, il s’agit d’une maladie qui nous fait perdre la mémoire du baptême que nous avons reçu, en laissant à l’arrière-plan notre appartenance au même peuple saint et en nous conduisant à vivre l’autorité dans les différentes formes de pouvoir, sans nous rendre compte de la duplicité, sans humilité mais avec des attitudes détachées et hautaines.
(Lettre adressée aux prêtres du diocèse de Rome, lundi 7 août 2023)
Le Pape a enfoncé le clou au début de la congrégation du Synode du mercredi 25 octobre 2023 :
« Lorsque les ministres dépassent leur service et maltraitent le peuple de Dieu, ils défigurent le visage de l’Église, ils l’abîment avec des attitudes machistes et dictatoriales ». « Il est douloureux, ajoute-t-il, de trouver dans certains bureaux paroissiaux la liste des prix » des services sacramentels comme dans un supermarché.
Le Pape exprime une égale amertume, voire une « douleur », pour ces « jeunes prêtres » que l’on voit dans les ateliers des tailleurs ecclésiastiques « essayant des soutanes et des chapeaux ou des robes et des bobines avec de la dentelle ». « Assez, dit-il, c’est vraiment un scandale. Le cléricalisme est un fouet, un fléau, une forme de mondanité qui salit et abîme le visage de l’épouse du Seigneur, qui asservit le peuple saint et fidèle de Dieu ».
Contre l’institution, lorsqu’elle oublie l’amour et la sagesse
Eldad et Médad ne vont pas à la Tente de la rencontre. Ils osent désobéir à la convocation de Moïse. On les classerait aujourd’hui parmi les non-pratiquants ! Ils relativisent la convocation formelle du collège des anciens par Moïse. On ne sait pas pourquoi ils désobéissent ainsi en ne venant pas à cette assemblée, et c’est heureux. Car cela laisse ouvert le champ des critères permettant de ne pas venir. Ainsi certains midrashs tentent d’expliquer leur absence par leur humilité : ils n’y vont pas parce qu’ils ne se croyaient pas dignes d’y participer.
De même on ne sait pas pourquoi celui qui chassait les esprits mauvais au nom de Jésus dans notre Évangile (Mc 9,38–43) ne fait pas partie de ceux qui le suivent. Et c’est heureux : car quelqu’un peut très bien ne pas faire partie de la bande à Jésus et pourtant répandre le bien autour de lui au nom du Christ !
Ni Moïse ni Jésus ne revendiquent de posséder leurs disciples, leurs ministres. L’Esprit est libre de souffler où il veut. Une institution qui prétendrait être le seul canal divin serait un véritable « péché contre l’Esprit » (Mt 12,31). La Bible nous transmet la tradition d’une critique radicale de toute institution, fût-elle ecclésiale, car toujours tentée par le totalitarisme.
Une deuxième critique affleure dans notre texte de Nb 11 : celle du manque d’amour chez les anciens (les prêtres). En effet, être 70, ce n’est pas si nombreux. Ils devaient tous se connaître. Et quand on se rassemble sous la tente, on vérifie rapidement d’un seul coup d’œil qu’il ne manque personne. Or ici à la Tente de la Rencontre, ils ne sont que 68 et aucun ancien ne s’en rend compte, ni ne demande d’attendre un peu les retardataires, ou d’aller les chercher etc. Ils ne sont que 68 et cela leur suffit. Il en manque 2 et cela ne les inquiète pas.
Quel manque d’attention à la personne !
D’autant plus que ceux qu’ils ont oubliés s’appellent en hébreu אֶלְדָּד Eldad (El-dad = Dieu-amour) et מֵידָד Médad (Me-dad = pour l’amour). Ces deux-là, au milieu du camp, témoignent que tous sont aimés de Dieu, afin d’aimer en retour. Être aimé pour aimer : voilà qui devrait orienter toute la Loi ! Sans eux, l’institution des anciens se dessèche, et leur prophétie se meurt. L’institution sans l’amour ne dure pas, ou elle ne devient plus qu’une coquille vide. Elle tombe sous le coup de la condamnation de Paul : « J’aurais beau parler toutes les langues des hommes et des anges, si je n’ai pas la charité, s’il me manque l’amour, je ne suis qu’un cuivre qui résonne, une cymbale retentissante » (1Co 13,1).
Lorsqu’une institution oublie l’amour, en se fixant sur des fonctionnements du passé, en se raidissant sur des positions insupportables, elle se disqualifie elle-même. Au point qu’il devient légitime de ne plus lui obéir, en n’allant pas à la Tente de la Rencontre ou autre convocation ecclésiale… Eugen Drewermann avait dénoncé autrefois le système autoritaire réduisant les prêtres à devenir des fonctionnaires de Dieu (Kläriker, 1989). Moïse et Jésus approuvent dans nos deux lectures la désobéissance à une institution devenue sans amour : mieux vaut ne pas aller à l’assemblée des anciens et continuer à prophétiser au milieu du peuple ; mieux vaut ne pas suivre Jésus sur la route si c’est pour libérer les hommes de leurs esprits mauvais en son nom.
Incroyable subversion biblique, qui semble scier la branche sur laquelle sa prédication est assise !
Un midrash précise même que Dieu a volontairement court-circuité Moïse afin de faire d’Eldad et Médad des prophètes ‘durables’ !
L’esprit de prophétie qui reposait sur les Anciens venait de Moïse, tandis que l’esprit de prophétie qui reposait sur Eldad et Médad venait directement de l’Éternel comme il est écrit : Et l’esprit reposa sur eux (Nb 11,26).
(Midrash Tanhuma)
L’Esprit de YHWH leur est donné en direct, sans la médiation de Moïse. Peut-être parce que Moïse était tellement obsédé par le fonctionnement de son autorité pour gouverner un tel ramassis d’esclaves qu’il voulait avec les 70 répartir les tâches, organiser, systématiser et encadrer, bref créer une administration efficace. Alors que YHWH voulait avec Eldad et Médad inspirer, incarner, communier avec…
Une institution qui ne fait pas attention aux personnes, qui ne se soucie plus de ceux et celles qui lui manquent, qui fait passer son fonctionnement avant l’amour… : il vous sera facile de décliner les situations où notre Église se comporte hélas ainsi.
Autre critique institutionnelle de Nb 11 : oublier la sagesse.
La traduction liturgique de notre première lecture dit qu’Eldad et Médad « comptent parmi les anciens qui avaient été choisis ». Mais le texte hébreu dit davantage : « ils étaient dans les écrits (והמה בכתבים ולא) ». Certes cela signifie qu’ils étaient sur les listes des noms des 70. Cependant le mot ketouvim (venant de כָּתַב, ka.tav = écrire) signifie « les Écritures », et par extension la Bible elle-même ! Alors que les 68 se noient dans la liturgie de la tente, les deux dissidents s’enracinent dans les Écritures…
Plus exactement, dans les écrits de sagesse. Car pour les juifs, la Bible se répartit en trois bibliothèques bien distinctes : la Torah (les 5 livres de la Loi), les Nevi’im (Prophètes), les Ketouvim (autres écrits), d’où l’acronyme Tanakh désignant la Bible hébraïque. Ce troisième ensemble des Ketouvim est constitué des livres de sagesse qui puisent leur inspiration dans l’immersion du peuple juif au milieu des autres cultures environnantes : les Psaumes, les Proverbes, Qohélet, Siracide, Job, le Cantique des cantiques, Ruth etc. Ce troisième courant biblique part de l’expérience commune à tous les peuples pour en tirer une sagesse compatible avec le monothéisme juif. Comme Eldad et Médad, cette sagesse « reste dans le camp », et ne s’extraie pas de la condition ordinaire pour prophétiser à l’écart, dans des extravagances d’une liturgie hors-sol.
Une institution qui – en plus d’oublier l’amour – oublierait de pratiquer cette sagesse accessible à tous se condamnerait elle-même à une parole verbeuse, et à disparaître rapidement.
Excursus sur la symbolique des nombres 70, 2 et 68
Les amateurs de symbolisme pourront se régaler en comparant les nombres 70, 2 et 68 qui traversent notre première lecture.
a) 70 = 7 x 10
Ce nombre évoque la Loi (10 commandements) étendue à toute la Création (les 7 jours de la semaine dans la Genèse). Dans la tête de Moïse, établir 70 anciens relève d’une volonté de quadriller l’ensemble de la société par les préceptes de la Loi juive.
b) 2 est le chiffre du couple humain, dont l’unité amoureuse tend vers l’unité divine (chiffre 1). La paire Eldad et Médad figure ainsi la prophétie humaine accordée à tous, féconde et durable, par opposition à la prophétie institutionnelle de quelques-uns (les 68), éphémère et stérile.
c) 68 = 70 – 2
Ce nombre évoque la Loi (10) pratiquée sans l’amour humain (2), le règne de l’interdit religieux déshumanisé. Ce qu’on retrouve encore en faisant 4 x (10 + 7) : 4 est le nombre de l’universel (les 4 points cardinaux) ; 10 celui de la Loi et 7 celui de la Création comme pour 70. Le nombre 68 symboliserait alors une volonté folle d’imposer la Loi (10) à toute la Création (7), dans toutes les sociétés humaines (4), alors qu’elle devrait rester au service de l’Alliance d’amour entre YHWH et le seul peuple juif.
Peuple de prophètes, peuple de prêtres
Moïse approuve le comportement d’Eldad et Médad : « Ah ! Si le Seigneur pouvait mettre son esprit sur eux, pour faire de tout son peuple un peuple de prophètes ! »
Plus tard, le prophète Joël nous garantira que ce vœu de Moïse s’exaucera un jour : « Alors, après cela, je répandrai mon esprit sur tout être de chair, vos fils et vos filles prophétiseront, vos anciens seront instruits par des songes, et vos jeunes gens par des visions. Même sur les serviteurs et sur les servantes je répandrai mon esprit en ces jours-là » (Jl 3,1-2).
Plus tard encore, lors de la Pentecôte après la résurrection de Jésus, ce vœu de Moïse confirmé par la prophétie de Joël s’est réalisé dans le petit groupe d’hommes et de femmes prophétisant devant la foule ébahie des pèlerins venus du monde entier à Jérusalem : « Non, ces gens-là ne sont pas ivres comme vous le supposez, car c’est seulement la troisième heure du jour. Mais ce qui arrive a été annoncé par le prophète Joël : Il arrivera dans les derniers jours, dit Dieu, que je répandrai mon Esprit sur toute créature : vos fils et vos filles prophétiseront, vos jeunes gens auront des visions, et vos anciens auront des songes. Même sur mes serviteurs et sur mes servantes, je répandrai mon Esprit en ces jours-là, et ils prophétiseront » (Ac 2,14-18).
Les 68 croyaient accaparer le charisme de prophétie, faisant d’eux des notables et des gens à part. Eldad et Médad ne veulent pas être « à part », mais « au milieu du peuple ». Et ils annoncent ainsi le moment où le peuple entier deviendra prophète. De même pour le culte : les ministres croient pouvoir être les seuls à offrir le culte à Dieu dans la Tente de l’Exode ou dans les liturgies du Temple. Mais Paul remet les choses à leur place : le véritable culte « dans l’Esprit », c’est offrir sa vie par amour. « Je vous exhorte donc, frères, par la tendresse de Dieu, à lui présenter votre corps – votre personne tout entière –, en sacrifice vivant, saint, capable de plaire à Dieu : c’est là, pour vous, la juste manière de lui rendre un culte » (Rm 12,1). À cela tous sont appelés. Voilà le sacerdoce commun des baptisés auxquels est ordonné le ministère des prêtres : faire de notre vie une offrande à Dieu et à nos frères, par amour et dans l’amour. En cela tous sont prêtres, et quelques-uns se consacrent à les y aider.
Cela demande de « ne pas quitter le camp » où le peuple fait halte. Rester au milieu de son peuple au lieu de se mettre à part dans les volutes d’encens et les délices d’une parole inspirée tellement coupée des autres qu’elle en devient éphémère et inconsistante. Les vrais prophètes font corps avec leur peuple, et tous deviennent prophètes avec eux.
C’était par exemple l’intuition de départ des prêtres ouvriers en France dans les années 60 : être au milieu de ces masses en bleu de travail dont l’absence n’inquiétait guère les paroisses. Cette intuition s’est sans doute perdue en cours de route, confondant être-avec et être-comme, solidarité et complicité idéologique, critique de l’institution et séparatisme radical. Eldad et Médad nous redisent pourtant qu’être prophète implique de « rester dans le camp », de « partager les joies et les espoirs, les tristesses et les angoisses des hommes de ce temps », selon la belle formule du concile Vatican II.
L’exorciste au nom de Jésus qui n’est pas dans le groupe de ses fidèles nous redit ainsi que l’Esprit de ce Jésus n’est pas enfermé dans les frontières visibles de l’Église.
Croyons-nous réellement que notre baptême fait de nous des prêtres, des prophètes et des rois ? Ou préférons nous déléguer cette vocation à des ‘spécialistes’ supposés agir à notre place ?
Revaloriser le prophétisme commun des baptisés n’est pas disqualifier le prophétisme spécifique des ministres ordonnés. C’est articuler les deux, en ordonnant le second au premier, et non l’inverse, ce qui ferait ressurgir le cléricalisme…
Un peuple de prophètes est composé d’acteurs bien enracinés dans les responsabilités sociétales de leur époque, et qui n’ont pas peur de proclamer les exigences de la Parole de Dieu à temps et à contretemps. Prophétiser aujourd’hui, c’est annoncer par nos paroles et nos actes ce que la foi au Christ nous inspire en entreprise, en famille, en politique, en économie etc. pour faire grandir l’amour de Dieu et des autres.
Les 68 voulaient s’accaparer ce rôle. Heureusement, Eldad et Médad ne se sont pas séparés du peuple pour courir après un tel prestige éphémère.
Pourquoi, en France, certains prêtres ne pourraient-il pas, comme les diacres permanents, faire l’expérience du ministère de la Parole de Dieu vécue et prêchée au milieu du peuple (ce qui suppose métier et famille), et non pas à l’écart ?
Conclusion
Si vous êtes de ces ‘chrétiens sans Église’ si nombreux en France, réjouissez-vous ! Car Eldad et Médad sont vos avocats. Continuez à être prophètes au milieu de vos proches ! Osez faire remonter à l’Église officielle ce que vous avez cru discerner des attentes de vos contemporains.
Si vous faites partie de la petite minorité des cathos pratiquants, ne désespérez pas ! Efforcez-vous de garder l’institution (paroisse, mouvement, communautés, diocèse) ouverte, soucieuse des personnes plus que de son fonctionnement, non exclusive. Plaidez pour que chacune des décisions prises soit inspirée par l’amour et pas seulement par la loi. Faites attention à chacun et pas seulement au remplissage de vos organigrammes. Alors vous verrez votre Église se renouveler peu à peu en accueillant ceux et celles qu’elle avait oubliés, et devenir ainsi un peuple prophétique, pour le bien de tous !
LECTURES DE LA MESSE
1ère lecture : L’Esprit de Dieu souffle où il veut (Nb 11, 25-29)
Lecture du livre des Nombres
Le Seigneur descendit dans la nuée pour s’entretenir avec Moïse. Il prit une part de l’esprit qui reposait sur celui-ci, et le mit sur les soixante-dix anciens du peuple. Dès que l’esprit reposa sur eux, ils se mirent à prophétiser, mais cela ne dura pas.
Or, deux hommes étaient restés dans le camp ; l’un s’appelait Eldad, et l’autre Médad. L’esprit reposa sur eux ; bien que n’étant pas venus à la tente de la Rencontre, ils comptaient parmi les anciens qui avaient été choisis, et c’est dans le camp qu’ils se mirent à prophétiser.
Un jeune homme courut annoncer à Moïse : « Eldad et Médad prophétisent dans le camp ! »
Josué, fils de Noun, serviteur de Moïse depuis sa jeunesse, prit la parole : « Moïse, mon maître, arrête-les ! »
Mais Moïse lui dit : « Serais-tu jaloux pour moi ? Ah ! Si le Seigneur pouvait mettre son esprit sur eux, pour faire de tout son peuple un peuple de prophètes ! »
Psaume : 18, 8, 10, 12-13, 14
R/ La loi du Seigneur est joie pour le cœur.
La loi du Seigneur est parfaite,
qui redonne vie ;
la charte du Seigneur est sûre,
qui rend sages les simples.
La crainte qu’il inspire est pure,
elle est là pour toujours ;
les décisions du Seigneur sont justes
et vraiment équitables.
Aussi ton serviteur en est illuminé ;
à les garder, il trouve son profit.
Qui peut discerner ses erreurs ?
Purifie-moi de celles qui m’échappent.
Préserve aussi ton serviteur de l’orgueil :
qu’il n’ait sur moi aucune emprise.
Alors je serai sans reproche,
pur d’un grand péché.
2ème lecture : Contre la richesse (Jc 5, 1-6)
Lecture de la lettre de saint Jacques
Écoutez-moi, vous, les gens riches ! Pleurez, lamentez-vous, car des malheurs vous attendent.
Vos richesses sont pourries, vos vêtements sont mangés des mites, votre or et votre argent sont rouillés. Cette rouille vous accusera, elle dévorera vos chairs comme un feu. Vous avez amassé de l’argent, alors que nous sommes dans les derniers temps !
Des travailleurs ont moissonné vos terres, et vous ne les avez pas payés ; leur salaire crie vengeance, et les revendications des moissonneurs sont arrivées aux oreilles du Seigneur de l’univers.
Vous avez recherché sur terre le plaisir et le luxe, et vous avez fait bombance pendant qu’on massacrait des gens.
Vous avez condamné le juste et vous l’avez tué, sans qu’il vous résiste.
Evangile : Contre le sectarisme et contre le scandale (Mc 9, 38-43.45.47-48)
Acclamation : Alléluia. Alléluia. Ta parole, Seigneur, est vérité : dans cette vérité, consacre-nous. Alléluia. (cf. Jn 17, 17)
Évangile de Jésus Christ selon saint Marc
Jean, l’un des Douze, disait à Jésus : « Maître, nous avons vu quelqu’un chasser des esprits mauvais en ton nom ; nous avons voulu l’en empêcher, car il n’est pas de ceux qui nous suivent. »
Jésus répondit : « Ne l’empêchez pas, car celui qui fait un miracle en mon nom ne peut pas, aussitôt après, mal parler de moi ; celui qui n’est pas contre nous est pour nous.
Et celui qui vous donnera un verre d’eau au nom de votre appartenance au Christ, amen, je vous le dis, il ne restera pas sans récompense.
Celui qui entraînera la chute d’un seul de ces petits qui croient en moi, mieux vaudrait pour lui qu’on lui attache au cou une de ces meules que tournent les ânes, et qu’on le jette à la mer.
Et si ta main t’entraîne au péché, coupe-la. Il vaut mieux entrer manchot dans la vie éternelle que d’être jeté avec tes deux mains dans la géhenne, là où le feu ne s’éteint pas.
Si ton pied t’entraîne au péché, coupe-le. Il vaut mieux entrer estropié dans la vie éternelle que d’être jeté avec tes deux pieds dans la géhenne.
Si ton œil t’entraîne au péché, arrache-le. Il vaut mieux entrer borgne dans le royaume de Dieu que d’être jeté avec tes deux yeux dans la géhenne, là où le ver ne meurt pas et où le feu ne s’éteint pas. »
Patrick Braud
Mots-clés : amour, Eldad, Esprit, loi, Médad, Moïse