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Fêter l’Assomption de Marie, c’est ranimer en nous l’espérance d’être un jour associés à la gloire divine avec elle, plongés dans la communion d’amour trinitaire qui est l’être même de Dieu. Car Marie et l’Église ne font qu’un, et il n’arrive personnellement à l’une que ce qu’il arrive communautairement à l’autre. Relisons l’étonnante affirmation de saint Augustin dans une de ses homélies sur l’Évangile de Matthieu : « Sainte Marie, heureuse Marie ! Et pourtant l’Église vaut mieux que la Vierge Marie »…
« Faites attention, je vous en supplie, à ce que dit le Christ Seigneur, étendant la main vers ses disciples : Voici ma mère et mes frères. Et ensuite : Celui qui fait la volonté de mon Père, qui m’a envoyé, c’est lui mon frère, ma sœur, ma mère. Est-ce que la Vierge Marie n’a pas fait la volonté du Père, elle qui a cru par la foi, qui a conçu par la foi, qui a été élue pour que le salut naquît d’elle en notre faveur, qui a été créée dans le Christ avant que le Christ fût créé en elle ? Sainte Marie a fait, oui, elle a fait la volonté du Père, et par conséquent, il est plus important pour Marie d’avoir été disciple du Christ que d’avoir été mère du Christ ; il a été plus avantageux pour elle d’avoir été disciple du Christ que d’avoir été sa mère. Donc, Marie était bienheureuse, parce que, avant même d’enfanter le Maître, elle l’a porté dans son sein.
Voyez si ce que je dis n’est pas vrai. Comme le Seigneur passait, suivi par les foules et accomplissant des miracles divins, une femme se mit à dire : Heureux, bienheureux, le sein qui t’a porté ! Et qu’est-ce que le Seigneur a répliqué, pour éviter qu’on ne place le bonheur dans la chair ? Heureux plutôt ceux qui entendent la parole de Dieu et la gardent ! Donc, Marie est bienheureuse aussi parce qu’elle a entendu la parole de Dieu, et l’a gardée : son âme a gardé la vérité plus que son sein n’a gardé la chair. La Vérité, c’est le Christ ; la chair, c’est le Christ. La vérité, c’est le Christ dans l’âme de Marie ; la chair, c’est le Christ dans le sein de Marie. Ce qui est dans l’âme est davantage que ce qui est dans le sein.
Sainte Marie, heureuse Marie ! Et pourtant l’Église vaut mieux que la Vierge Marie.
Pourquoi ? Parce que Marie est une partie de l’Église, un membre éminent, un membre supérieur aux autres, mais enfin un membre du corps entier. S’il s’agit du corps entier, le corps est certainement davantage qu’un seul membre. Le Seigneur est la tête, et le Christ total est à la fois la tête et le corps. Bref, nous avons un chef divin, nous avons Dieu pour tête.
Donc, mes très chers, regardez vous-mêmes : vous êtes les membres du Christ, et vous êtes le corps du Christ. Comment l’êtes-vous ? Faites attention à ce qu’il dit : Voici ma mère et mes frères. Comment serez-vous la mère du Christ ? Celui qui entend, celui qui fait la volonté de mon Père, qui est aux cieux, celui-là est mon frère, ma sœur, ma mère. En effet, je comprends bien : mes frères ; je comprends bien : mes sœurs. Car il n’y a qu’un seul héritage : c’est pourquoi, le Christ, alors qu’il était le Fils unique, n’a pas voulu être seul : dans sa miséricorde, il a voulu que nous soyons héritiers du Père, que nous soyons héritiers avec lui. »
MESSE DU JOUR PREMIÈRE LECTURE « Une Femme, ayant le soleil pour manteau et la lune sous les pieds » (Ap 11, 19a ; 12, 1-6a.10ab) Lecture de l’Apocalypse de saint Jean Le sanctuaire de Dieu, qui est dans le ciel, s’ouvrit, et l’arche de son Alliance apparut dans le Sanctuaire. Un grand signe apparut dans le ciel : une Femme, ayant le soleil pour manteau, la lune sous les pieds, et sur la tête une couronne de douze étoiles. Elle est enceinte, elle crie, dans les douleurs et la torture d’un enfantement. Un autre signe apparut dans le ciel : un grand dragon, rouge feu, avec sept têtes et dix cornes, et, sur chacune des sept têtes, un diadème. Sa queue, entraînant le tiers des étoiles du ciel, les précipita sur la terre. Le Dragon vint se poster devant la femme qui allait enfanter, afin de dévorer l’enfant dès sa naissance. Or, elle mit au monde un fils, un enfant mâle, celui qui sera le berger de toutes les nations, les conduisant avec un sceptre de fer. L’enfant fut enlevé jusqu’auprès de Dieu et de son Trône, et la Femme s’enfuit au désert, où Dieu lui a préparé une place. Alors j’entendis dans le ciel une voix forte, qui proclamait : « Maintenant voici le salut, la puissance et le règne de notre Dieu, voici le pouvoir de son Christ ! »
PSAUME (Ps 44, (45), 11-12a, 12b-13, 14-15a, 15b-16) R/ Debout, à la droite du Seigneur, se tient la reine, toute parée d’or.(cf. Ps 44, 10b)
Écoute, ma fille, regarde et tends l’oreille ;
oublie ton peuple et la maison de ton père :
le roi sera séduit par ta beauté. Il est ton Seigneur : prosterne-toi devant lui.
Alors, les plus riches du peuple,
chargés de présents, quêteront ton sourire. Fille de roi, elle est là, dans sa gloire,
vêtue d’étoffes d’or ;
on la conduit, toute parée, vers le roi.
Des jeunes filles, ses compagnes, lui font cortège ; on les conduit parmi les chants de fête : elles entrent au palais du roi. DEUXIÈME LECTURE « En premier, le Christ ; ensuite, ceux qui lui appartiennent » (1 Co 15, 20-27a) Lecture de la première lettre de saint Paul Apôtre aux Corinthiens Frères, le Christ est ressuscité d’entre les morts, lui, premier ressuscité parmi ceux qui se sont endormis. Car, la mort étant venue par un homme, c’est par un homme aussi que vient la résurrection des morts. En effet, de même que tous les hommes meurent en Adam, de même c’est dans le Christ que tous recevront la vie, mais chacun à son rang : en premier, le Christ, et ensuite, lors du retour du Christ, ceux qui lui appartiennent. Alors, tout sera achevé, quand le Christ remettra le pouvoir royal à Dieu son Père, après avoir anéanti, parmi les êtres célestes, toute Principauté, toute Souveraineté et Puissance. Car c’est lui qui doit régner jusqu’au jour où Dieu aura mis sous ses pieds tous ses ennemis. Et le dernier ennemi qui sera anéanti, c’est la mort, caril a tout mis sous ses pieds. ÉVANGILE « Le Puissant fit pour moi des merveilles : il élève les humbles » (Lc 1, 39-56) Alléluia. Alléluia. Aujourd’hui s’est ouverte la porte du paradis : Marie est entrée dans la gloire de Dieu ; exultez dans le ciel, tous les anges ! Alléluia.
Évangile de Jésus Christ selon saint Luc En ces jours-là, Marie se mit en route et se rendit avec empressement vers la région montagneuse, dans une ville de Judée. Elle entra dans la maison de Zacharie et salua Élisabeth. Or, quand Élisabeth entendit la salutation de Marie, l’enfant tressaillit en elle. Alors, Élisabeth fut remplie d’Esprit Saint, et s’écria d’une voix forte : « Tu es bénie entre toutes les femmes, et le fruit de tes entrailles est béni. D’où m’est-il donné que la mère de mon Seigneur vienne jusqu’à moi ? Car, lorsque tes paroles de salutation sont parvenues à mes oreilles, l’enfant a tressailli d’allégresse en moi. Heureuse celle qui a cru à l’accomplissement des paroles qui lui furent dites de la part du Seigneur. » Marie dit alors : « Mon âme exalte le Seigneur, exulte mon esprit en Dieu, mon Sauveur ! Il s’est penché sur son humble servante ; désormais tous les âges me diront bienheureuse. Le Puissant fit pour moi des merveilles ; Saint est son nom ! Sa miséricorde s’étend d’âge en âge sur ceux qui le craignent. Déployant la force de son bras, il disperse les superbes. Il renverse les puissants de leurs trônes, il élève les humbles. Il comble de biens les affamés, renvoie les riches les mains vides. Il relève Israël son serviteur, il se souvient de son amour, de la promesse faite à nos pères, en faveur d’Abraham et sa descendance à jamais. » Marie resta avec Élisabeth environ trois mois, puis elle s’en retourna chez elle. Patrick BRAUD
Ce tweet un brin provocateur de Marion Maréchal réagissait à la publication le 22 avril dernier sur les réseaux sociaux de photos de deux bébés jumeaux obtenus par GPA pour un couple homosexuel de personnalités françaises (le célèbre couturier Simon Porte Jacquemus et son époux Marco Maestri). Évidemment, une belle polémique a aussitôt enflé…
Quitte à choquer, il faut peut-être se poser la même question en écoutant le récit double des deux guérisons enchâssées l’une dans l’autre de l’Évangile de ce dimanche (Mc 5,21-43) ! En effet, un père arrive pour supplier Jésus de guérir sa petite fille. Mais où est sa femme ? Pourquoi ne vient-il pas avec la mère de l’enfant ? Pourquoi n’en parle-t-il même pas ? Il dit : « ma petite fille », mais sans la mère ce possessif sonne comme un symptôme, ou une cause possible. Il aurait au moins pu supplier : « notre fille est à toutes extrémités ». Et à 12 ans, ce n’est plus tout à fait la fillette à son papa…
Fin psychologue, Jésus a remarqué tout de suite ce lien malsain entre un père et sa fille qui ne veut plus grandir, comme si elle ne voulait pas devenir femme… L’allusion à la nourriture en finale pourrait laisser penser d’ailleurs que l’enfant se laissait peut-être mourir d’anorexie… ? En tout cas, c’est lui Jésus qui réintroduira la mère à la fin du récit pour que les parents soient tous les deux ensemble afin que la fillette se relève et devienne une femme (il n’y a pas d’adolescence dans les sociétés anciennes : on passait directement de l’enfance à l’âge adulte par les rites de l’initiation traditionnelle, la Bar-mitsva par exemple pour les juifs).
Il faut donc les deux parents pour que Jésus puisse ressusciter l’enfant. Pourquoi ? Sans doute parce que l’image de la mère était tellement dégradée ou absente chez la fillette qu’elle ne voulait pas accéder à ce stade de croissance, et se bloquait sur l’âge de 12 ans. Un indice de ce déficit d’image maternelle chez la fillette est le récit central de la guérison de la femme hémorroïsse. Voilà une femme qui a l’âge d’être sa mère et qui ne peut pas à cause de son impureté religieuse. Elle pourrait prendre sa place dans la société, mais en est exclue à cause de sa maladie honteuse. Elle est aux yeux de tous une femme déréglée, dans tous les sens du terme, incapable de donner la vie, incapable de s’unir, incapable d’être aimée par un homme, socialement marginalisée à cause de tout cela. Tant que cette image féminine et maternelle n’est pas restaurée dans toute sa dignité, comment la petite fille pourrait-elle avoir envie de devenir femme ? Sa mère est absente, transparente. Elle vit dans une société où les femmes sont fétichisées sur la base de leur sexualité, comme le montre le cas de l’hémorroïsse. D’ailleurs on ne connaît pas son nom, ni celle de la femme. Alors qu’on sait que Jaïre était brillant en société, comme son nom l’indique (en hébreu : Jaïre = אִיר = brille). L’homme brille en société, la femme est invisibilisée, anonyme, confinée à l’intérieur de la maison : triste constat social qui n’a guère changé dans bien des pays !
Bref : mieux vaut s’endormir dans la mort – se dit la petite fille inconsciemment – que d’affronter ce monde d’adultes où le statut des femmes est si peu enviable !
Si on ajoute à cela la relation possessive et étouffante que Jaïre semble entretenir avec sa fille, on comprend qu’elle dépérisse sous la double tutelle paternelle et sociale.
La révolution opérée par Jésus rétablit une juste relation père–fille en y réintroduisant la mère absente, et la reconnaissance sociale des femmes (guérison de l’hémorroïsse, un peu à l’insu de son plein gré il est vrai !).
« Lève-toi ! » : sa parole d’autorité relève la fille de son sommeil mortifère. En latin, cette autorité qui vient du verbe augere = augmenter, qui a donné auctor = auteur = celui qui augmente : la véritable autorité fait grandir l’autre.
« Faites-la manger » marque la réintroduction des parents dans leur responsabilité d’éducation, en donnant à leur enfant la nourriture pour devenir capable de les quitter un jour, autrement que par la mort.
Voilà donc quelques pistes intéressantes de cet Évangile pour devenir des parents « acceptables » : ne pas posséder ni étouffer nos enfants, les éduquer à deux, homme et femme, restaurer la dignité féminine et masculine menacée par les dérèglements de tous ordres, assumer une parole d’autorité qui fait grandir l’autre, le nourrir de toutes les nourritures dont il a besoin pour devenir lui-même.
Ajoutons au passage – pour ne pas trop malmener Jaïre ! – que ce père brillant, et qui plus est chef de synagogue, a quand même consenti à se prosterner aux pieds de Jésus pour le supplier, et ce en public. Il a donc mis son orgueil dans sa poche de chef (de famille, de synagogue etc.) qu’il était, et il a reconnu avoir besoin de Jésus pour sa fille.
Que tous les petits chefs en tous genres entendent cet appel à l’humilité… !
2. Unir la liturgie communautaire et l’intimité avec le Christ
Une autre lecture de ce récit double est possible. Le fait que Jaïre soit chef de synagogue nous met la puce à l’oreille : ce n’est pas un détail. Autre précision intrigante : pourquoi Marc prend-il soin de nous dire que seuls Pierre, Jacques et Jean ont été associés à cette résurrection dans la maison de Jaïre ? Autre détail : les 12 ans de la fillette et de pertes de sang de la femme renvoient bien sûr aux 12 tribus d’Israël, et aux 12 Apôtres piliers de l’Église.
Vous avez deviné : Marc nous parle en filigrane du passage de la synagogue à l’Église, qui commence à s’effectuer dans les années 70–80 où il écrit. L’enjeu est de passer de la synagogue à la maison, de Jaïre à Jésus, de la foule à l’intimité de 7 personnes dans une chambre, des 12 d’Israël aux Douze de l’Église. Selon cette grille de lecture – que les Pères de l’Église ont développée à l’envi ! – la fillette qui se lève femme est l’Église, fille de la synagogue (Jaïre), qui devient adulte par rapport à elle, et qui ira vers les païens.
Jaïre en cours de récit doit faire une entorse à ses principes religieux dont il est pourtant le représentant. Lui, le chef de la petite communauté juive locale, sait pertinemment que la Loi déclare impurs ceux qui ont touché des impurs comme des lépreux, des pendus, des femmes ayant des pertes de sang pendant leurs règles. Normalement, il ne devrait plus laisser Jésus s’approcher de lui ni de sa maison ni de sa fille après qu’il ait été touché par l’hémorroïsse : car Jésus est devenu impur par contact ! Tous ceux qui s’engagent auprès des impurs de ce siècle savent que, par capillarité, ils subiront le même opprobre, le même rejet que ceux dont ils sont les compagnons d’infortune.
Jaïre ose désobéir à cet interdit de la Torah sur la pureté rituelle, car la vie de sa fille est en jeu. Voilà une condition pour bénéficier de la résurrection offerte par le Christ : se libérer des interdits religieux qui sont contre la vie. Interdits alimentaires, vestimentaires, sexuels, sociaux, rituels, liturgiques… : tant de prescriptions purement humaines – présentées comme divines – continuent d’étouffer la liberté des peuples plus qu’un père possessif n’opprime son enfant !
Dans ce passage de la synagogue à l’Église, que viennent faire Pierre, Jacques et Jean ? À l’évidence, ils sont là tous les trois parce qu’ils sont là à la Transfiguration sur le mont Thabor et qu’ils seront là à l’agonie sur le Mont des Oliviers. Autrement dit : passer par la Transfiguration–Passion–Résurrection est le chemin de tout membre de l’Église. Marc a voulu montrer que la puissance de l’Église est celle du Christ défiguré dans sa Passion, transfiguré dans sa Résurrection. Hors de cette voie, l’Église s’égare à chercher une domination politique, une puissance législative, culturelle, politique, morale ou même spirituelle. La seule arme de l’Église pour relever l’humanité blessée est la participation à la Passion–Résurrection du Christ.
Ces relevailles de la fillette se font dans l’intimité de sa chambre, à la maison, et non en public devant l’assemblée de la synagogue. On peut y voir une critique du ritualisme juif lorsqu’il est trop obsédé par la pratique scrupuleuse et ostentatoire des 613 commandements, par les rites à faire et la liturgie à suivre.
Être ressuscité demande une intimité avec le Christ, dans la chambre, avec quelques témoins choisis. Liturgie communautaire (synagogue) et intimité avec le Christ (chambre de la maison) : sans négliger la première, expérimenter la seconde est indispensable pour devenir chrétien, debout, en marche.
Dernier détail enfin : Jésus demande en finale aux parents de faire manger leur fille. Il faut en effet nourrir les catéchumènes adultes (ou enfants) après leur baptême. Notre responsabilité en Église est de ne pas les laisser tomber, mais de les accompagner, en les nourrissant du pain de la Parole, de l’amitié partagée dans la communauté locale, de la solidarité vécue avec les plus démunis. Tant de paroisses baptisent sans nourrir après ! « Faites-la manger » : on y entend également un écho du célèbre « Donnez-leur vous-mêmes à manger » de la multiplication des pains. Si nous n’offrons pas en Église une nourriture solide (sur tous les plans) à ceux qui entendent l’appel du Christ, nous ne nous rendrons même pas compte qu’ils repartent sur la pointe des pieds, en silence…
Les étapes du passage de la synagogue à l’Église sont claires : se prosterner aux pieds de Jésus en reconnaissant en lui celui qui peut nous ressusciter ; abandonner les interdits religieux qui empêchent de guérir l’humanité blessée ; unir la liturgie communautaire et l’intimité avec le Christ ; vivre la Passion–Résurrection–Transfiguration avec Pierre, Jacques et Jean ; nourrir du pain de la parole et de l’amour fraternel ceux qui se lèveront en entendant l’appel du Christ.
Conclusion
Une fillette devient femme, une femme exsangue redevient pure, la synagogue devient Église : méditons notre Évangile cette semaine à partir de ces quelques pistes.
Comment devenir des parents acceptables ?
Comment unir la liturgie et l’intimité, la foule des chemins et la chambre de la maison ?
LECTURES DE LA MESSE
PREMIÈRE LECTURE « C’est par la jalousie du diable que la mort est entrée dans le monde » (Sg 1, 13-15 ; 2, 23-24)
Lecture du livre de la Sagesse
Dieu n’a pas fait la mort, il ne se réjouit pas de voir mourir les êtres vivants. Il les a tous créés pour qu’ils subsistent ; ce qui naît dans le monde est porteur de vie : on n’y trouve pas de poison qui fasse mourir. La puissance de la Mort ne règne pas sur la terre, car la justice est immortelle. Dieu a créé l’homme pour l’incorruptibilité, il a fait de lui une image de sa propre identité. C’est par la jalousie du diable que la mort est entrée dans le monde ; ils en font l’expérience, ceux qui prennent parti pour lui.
PSAUME (29 (30), 2.4, 5-6ab, 6cd.12, 13) R/ Je t’exalte, Seigneur : tu m’as relevé. (29, 2a)
Je t’exalte, Seigneur : tu m’as relevé,
tu m’épargnes les rires de l’ennemi.
Seigneur, tu m’as fait remonter de l’abîme
et revivre quand je descendais à la fosse.
Fêtez le Seigneur, vous, ses fidèles,
rendez grâce en rappelant son nom très saint.
Sa colère ne dure qu’un instant,
sa bonté, toute la vie.
Avec le soir, viennent les larmes,
mais au matin, les cris de joie.
Tu as changé mon deuil en une danse,
mes habits funèbres en parure de joie.
Que mon cœur ne se taise pas,
qu’il soit en fête pour toi,
et que sans fin, Seigneur, mon Dieu,
je te rende grâce !
DEUXIÈME LECTURE « Ce que vous avez en abondance comblera les besoins des frères pauvres » (2Co 8, 7.9.13-15)
Lecture de la deuxième lettre de saint Paul apôtre aux Corinthiens
Frères, puisque vous avez tout en abondance, la foi, la Parole, la connaissance de Dieu, toute sorte d’empressement et l’amour qui vous vient de nous, qu’il y ait aussi abondance dans votre don généreux ! Vous connaissez en effet le don généreux de notre Seigneur Jésus Christ : lui qui est riche, il s’est fait pauvre à cause de vous, pour que vous deveniez riches par sa pauvreté. Il ne s’agit pas de vous mettre dans la gêne en soulageant les autres, il s’agit d’égalité. Dans la circonstance présente, ce que vous avez en abondance comblera leurs besoins, afin que, réciproquement, ce qu’ils ont en abondance puisse combler vos besoins, et cela fera l’égalité, comme dit l’Écriture à propos de la manne : Celui qui en avait ramassé beaucoup n’eut rien de trop, celui qui en avait ramassé peu ne manqua de rien.
ÉVANGILE « Jeune fille, je te le dis, lève-toi ! » (Mc 5, 21-43) Alléluia. Alléluia. Notre Sauveur, le Christ Jésus, a détruit la mort ; il a fait resplendir la vie par l’Évangile. Alléluia. (2 Tm 1, 10)
Évangile de Jésus Christ selon saint Marc
En ce temps-là, Jésus regagna en barque l’autre rive, et une grande foule s’assembla autour de lui. Il était au bord de la mer. Arrive un des chefs de synagogue, nommé Jaïre. Voyant Jésus, il tombe à ses pieds et le supplie instamment : « Ma fille, encore si jeune, est à la dernière extrémité. Viens lui imposer les mains pour qu’elle soit sauvée et qu’elle vive. » Jésus partit avec lui, et la foule qui le suivait était si nombreuse qu’elle l’écrasait.
Or, une femme, qui avait des pertes de sang depuis douze ans… – elle avait beaucoup souffert du traitement de nombreux médecins, et elle avait dépensé tous ses biens sans avoir la moindre amélioration ; au contraire, son état avait plutôt empiré – … cette femme donc, ayant appris ce qu’on disait de Jésus, vint par-derrière dans la foule et toucha son vêtement. Elle se disait en effet : « Si je parviens à toucher seulement son vêtement, je serai sauvée. » À l’instant, l’hémorragie s’arrêta, et elle ressentit dans son corps qu’elle était guérie de son mal. Aussitôt Jésus se rendit compte qu’une force était sortie de lui. Il se retourna dans la foule, et il demandait : « Qui a touché mes vêtements ? » Ses disciples lui répondirent : « Tu vois bien la foule qui t’écrase, et tu demandes : “Qui m’a touché ?” » Mais lui regardait tout autour pour voir celle qui avait fait cela. Alors la femme, saisie de crainte et toute tremblante, sachant ce qui lui était arrivé, vint se jeter à ses pieds et lui dit toute la vérité. Jésus lui dit alors : « Ma fille, ta foi t’a sauvée. Va en paix et sois guérie de ton mal. »
Comme il parlait encore, des gens arrivent de la maison de Jaïre, le chef de synagogue, pour dire à celui-ci : « Ta fille vient de mourir. À quoi bon déranger encore le Maître ? » Jésus, surprenant ces mots, dit au chef de synagogue : « Ne crains pas, crois seulement. » Il ne laissa personne l’accompagner, sauf Pierre, Jacques, et Jean, le frère de Jacques. Ils arrivent à la maison du chef de synagogue. Jésus voit l’agitation, et des gens qui pleurent et poussent de grands cris. Il entre et leur dit : « Pourquoi cette agitation et ces pleurs ? L’enfant n’est pas morte : elle dort. » Mais on se moquait de lui. Alors il met tout le monde dehors, prend avec lui le père et la mère de l’enfant, et ceux qui étaient avec lui ; puis il pénètre là où reposait l’enfant. Il saisit la main de l’enfant, et lui dit : « Talitha koum », ce qui signifie : « Jeune fille, je te le dis, lève-toi! » Aussitôt la jeune fille se leva et se mit à marcher – elle avait en effet douze ans. Ils furent frappés d’une grande stupeur. Et Jésus leur ordonna fermement de ne le faire savoir à personne ; puis il leur dit de la faire manger. .Patrick Braud
Tous les jeunes parents ont connu ce moment de stress pour leur premier enfant : la perte des eaux, lorsque soudain la poche intérieure laisse s’écouler ce signe annonciateur d’un accouchement tout proche. Alors, direction la maternité, à toute vitesse ! Et là, le travail d’accouchement fait immanquablement saigner la maman, et plus encore par césarienne. Si bien que parler eau et sang fait remonter à la mémoire l’émotion de ces derniers moments de la grossesse qui sont en même temps les premiers instants d’un bébé nouveau-né…
Jean pensait-il à cet événement au commencement de toute vie humaine lorsqu’il emploie plusieurs fois dans ses écrits l’expression : « l’eau et le sang » ou « le sang et l’eau » ? Ainsi dans notre deuxième lecture : « C’est lui, Jésus Christ, qui est venu par l’eau et par le sang : non pas seulement avec l’eau, mais avec l’eau et avec le sang. Et celui qui rend témoignage, c’est l’Esprit, car l’Esprit est la vérité » (1Jn 5,1–6). Ce qui rappelle les derniers instants de Jésus en croix, où la lance d’un soldat perce son côté pour en faire jaillir « du sang et de l’eau » (Jn 19,34).
Par la suite, les interprétations du sang et de l’eau se multiplièrent.
Comme souvent, le texte biblique prend une couleur particulière lorsqu’on l’interprète avec des pistes de lecture différentes. Notre lecture est un filtre polarisant qui sélectionne dans le texte quelques-unes des multiples harmoniques de sens jaillissant du texte, un peu comme un prisme diffracte la lumière blanche en une infinité de couleurs.
Évoquons quelques-unes de ces interprétations traditionnelles du sang et de l’eau, en essayant de discerner en quoi elles nous concernent.
1. Lecture réaliste
Nous aimons bien en Occident ce premier niveau de lecture, car nous sommes attachés à établir une certaine vérité factuelle. Que s’est-il réellement passé ?
Le coup de lance du soldat est vraisemblable, car c’est un moyen sûr et rapide de vérifier que Jésus est mort en croix (un peu comme un croque-mort !), ou de l’achever sinon. S’il était vivant, il aurait réagi, tressailli.
Premier problème : la série « Les Experts » (de Miami ou de Manhattan) nous a habitués au constat qu’un cadavre ne saigne pas ! Si le cœur ne bat plus, le sang ne devrait pas jaillir. Certains cardiologues se sont penchés sur la question : il est possible que la flagellation ait provoqué auparavant un hématome interne, une poche d’hémorragie que la lance aurait percée. Surgit alors un deuxième problème : dans ce cas, la lance aurait d’abord dû traverser la plèvre avant de toucher la poche de sang interne près du cœur. Mais alors ce qui aurait coulé aurait dû être de l’eau et du sang, et non du sang et de l’eau… ! D’ailleurs, le fait que Jean inverse l’ordre dans ses lettres après est troublant : le sang et l’eau, ce n’est pas tout à fait la même chose que l’eau et le sang… Par contre, Luc mentionne que Jésus a sué « sang et eau » lors de son agonie à Gethsémani, ce qui est sa manière à lui de lier le sang et l’eau à la Passion du Christ : « Entré en agonie, Jésus priait avec plus d’insistance, et sa sueur devint comme des gouttes de sang qui tombaient sur la terre » (Lc 22,44). Ce lien eau-sang l’intéresse donc, comme médecin sans doute qu’il était [1], mais également comme Jean pour manifester le trait d’union entre les deux.
Difficile donc en suivant Jean de savoir exactement ce qui s’est passé. D’autant que ni Marc, ni Mathieu, ni Luc ne mentionnent ce célèbre coup de lance…
Ce que nous appelons aujourd’hui vérité historique, objective et factuelle à l’occidentale, nous échappe ici largement. Quoi qu’en disent les partisans du linceul de Turin par exemple, les textes sur la mort de Jésus ne suffisent pas à confirmer la prétendue authenticité de cette soi-disant preuve de la résurrection. Même la mort physique de Jésus est un objet de foi, sans évidence absolue. Un indice : les musulmans n’y croient pas, et prétendent qu’il y a eu substitution, ou que les témoins ont cru voir Jésus crucifié alors qu’il n’en est rien. « Allah dit : nous avons maudits les chrétiens] à cause leur parole : « Nous avons vraiment tué le Christ, Jésus, fils de Marie, le Messager d’Allah« ... Or, ils ne l’ont ni tué ni crucifié ; mais ce n’était qu’un faux semblant ! Et ceux qui ont discuté sur son sujet sont vraiment dans l’incertitude: ils n’en ont aucune connaissance certaine, ils ne font que suivre des conjectures et ils ne l’ont certainement pas tué, mais Allah l’a élevé vers Lui, et Allah est Puissant et Sage » (Sourate 4,157-158).
Et certains textes apocryphes, dont le Coran s’est inspiré, imaginent Jésus endormi dans un sommeil comateux comme en catalepsie, se réveillant ensuite avec l’aide de Nicodème et Joseph d’Arimathie.
Ce qui est sûr historiquement, c’est que la mort – réelle ou apparente – de Jésus sur la croix a été une catastrophe pour ses disciples, et un argument contre lui pour ses détracteurs. Ce qui est sûr également, c’est que les premiers chrétiens se sont battus pour affirmer la réalité physique de la mort de Jésus en croix, contre les juifs qui en faisaient un contre-argument (un Messie ne peut être abandonné ainsi par Dieu), contre les hérétiques qui disaient que Jésus avait fait semblant de mourir (les docètes, puis le Coran).
Difficile d’aller plus loin.
Il faut donc changer de niveau.
2. Lecture théologique
Là, l’importance du sang et de l’eau saute aux yeux. Le texte nous donne la clé de voûte de sa construction : « Cela, en effet, arriva pour que s’accomplisse l’Écriture » (Jn 19,36). L’accomplissement des Écritures scande chaque détail du récit : le partage des vêtements, le tirage au sort de la tunique, la soif de Jésus, les soldats ne brisant pas les jambes de Jésus, la lance transperçant le côté etc. « Tout est accompli » : Le leitmotiv de l’auteur est clair : il écrit pour établir que Jésus a voulu « accomplir l’Écriture » jusqu’au bout.
On le comprend. Car vers 90 lorsqu’il rédige, l’auteur du quatrième Évangile est confronté aux réfutations juives expliquant que le Messie biblique ne peut être un condamné à mort maudit par Dieu sur le bois du gibet (Dt 21,23). Il fallait donc montrer que la mort en croix accomplissait les Écritures au plus haut point, de manière paradoxale mais pleine et entière.
Accomplir les Écritures de manière paradoxale : n’est-ce pas l’énigme qui nous est soumise lorsque les événements personnelle et les zigzags de l’histoire semblent contredire les promesses de Dieu ?
3. Lecture symbolique
L’eau et le sang ne sont pas que des réalités physiques. Dans la Bible, l’eau est le symbole de la vie qui jaillit lors de la Genèse. Elle est également symbole de mort au péché lorsque le déluge noie l’humanité perverse. Avoir soif caractérise tout être vivant, et la Bible y voit la trace une soif plus fondamentale, la soif de Dieu. Si bien que Jésus s’est présenté comme la source d’eau vive offerte à chacun pour se désaltérer de la vie divine : « Si quelqu’un a soif, qu’il vienne à moi, et qu’il boive, celui qui croit en moi ! Comme dit l’Écriture : « de son cœur couleront des fleuves d’eau vive.” » (Jn 7,37–38). Ce texte montre que l’eau coulant du côté transpercé a très vite été perçu comme le fleuve d’eau vive coulant du Temple de Jérusalem (Ez 47) pour abreuver tout le pays.
Le sang dans la Bible est lui aussi symbole de vie : être marqué du sang de l’agneau pascal permet d’échapper à la mort (Ex 12,13). Laisser couler le sang de l’animal égorgé (abattage casher ou halal) manifeste que la vie appartient à Dieu et non à l’homme. L’interdiction de manger le sang (ex : boudin) ou de se taillader les veines relève de ce symbolisme.
Faire couler le sang revêt encore une autre dimension, sacrificielle : les animaux égorgés au Temple ou ailleurs sont offerts pour les sacrifices rituels afin de d’expier les péchés, pour la rédemption du peuple. Le sang doit couler sur l’autel…
Saint Augustin superpose à ce premier symbolisme un second : le côté ouvert est pour lui la figure de la naissance de l’Église, Arche de la nouvelle Alliance.
« Un des soldats lui ouvrit (aperuit, traduction de la Vulgate) le côté avec sa lance. L’évangéliste a été attentif au choix du verbe. Il n’a pas dit : il frappa, il blessa le côté ou rien d’analogue ; mais : il ouvrit. Il voulait indiquer qu’à cet endroit, pour ainsi dire, était ouverte la porte de la vie (vitae ostium), par où se sont écoulés les sacrements de l’Église, sans lesquels on ne peut entrer dans la vie, dans la vraie vie : ce sang a été répandu pour la rémission des péchés; cette eau se mélange à la coupe du salut, mais elle est à la fois un breuvage et un bain. Ce mystère était annoncé à l’avance par la porte que Noé reçut l’ordre d’ouvrir dans le flanc del’arche, afin d’y faire pénétrer les êtres vivants, qui ne devaient pas périr dans le déluge : ils étaient la préfiguration de l’Église » (Commentaire sur l’Évangile de Jean).
Pour Augustin, l’Église est née avec l’eau et le sang jaillissant du crucifié. Comme l’Arche de Noé, elle rassemble en elle l’humanité sauvée de la mort grâce au bois de la croix.
Vie et salut, l’eau et le sang évoquent également la naissance, l’accouchement, comme on l’a vu. C’est donc de naissance dont il est question sur la croix : naissance du Christ à la vie nouvelle, notre naissance en Dieu avec lui, naissance de l’Église.
Contempler l’eau et le sang jaillissant du côté transpercé du Christ nous renvoie donc à la vie et au salut offerts en Jésus. Regarder vers le transpercé est chemin de rédemption, à l’instar des hébreux regardant le serpent de bronze dressé sur le bois pour guérir de leurs morsures (Jn 3,14 citant Nb 21,4-9).
Contempler Jésus en croix n’est pas affaire sentimentale : il s’agit de s’abreuver de l’Esprit filial qui l’animait ; il s’agit de laisser son sacrifice nous libérer de nos péchés, afin de vivre libres en lui.
4. Lecture sacramentelle
Les premiers chrétiens ont tout de suite vu dans l’eau du côté ouvert l’annonce du baptême en Christ, et dans le sang l’annonce de l’eucharistie, communion à la vie du Christ par le calice. D’ailleurs, certaines icônes de la crucifixion représentent une femme (l’Église) avec un calice recueillant le jet de sang et d’eau, tant ces deux sacrements sont constitutifs de l’Église [2]. C’est du côté d’Adam que Dieu avait tiré Ève (Gn 2,21-22) ; c’est du côté de Jésus nouvel Adam que Dieu tire les sacrements, l’Église nouvelle Ève.
Ce lien eau–baptême/sang-eucharistie est peut-être la raison de l’inversion des termes entre l’Évangile et l’épître chez Jean : le réalisme physique serait alors dans l’ordre sang puis eau, la lecture sacramentelle inverserait ensuite l’ordre en 1Jn 5,6–8 : l’eau du baptême puis le sang de l’eucharistie (mais comment expliquer que le sang péricardique ait jaillit avant le liquide pleural ?)
Le baptême fait donc de nous d’autre christs en Jésus le Vivant, et l’eucharistie nous communique sa vie, la puissance de son amour qui va jusqu’à verser son sang pour l’autre.
Contempler Jésus en croix c’est revenir à notre baptême (être configuré au Christ) et à notre pratique eucharistique (recevoir de se donner jusqu’au sang) : où en suis-je de la mise en œuvre de ces deux sacrements dans mes choix et mes passions ?
5. Lecture mystique
L’Occident a développé dès le Moyen Âge une mystique de la dévotion au Sacré-Cœur de Jésus, qui voulait se fonder sur le texte de Jean. Ainsi Guillaume de Saint Thierry (XII° siècle) :
« C’est tout entier que je désire voir et toucher, plus encore m’approcher de la sacro-sainte blessure de son côté, de cette porte de l’arche faite au flanc, non pas seulement pour y mettre mon doigt ou ma main, mais pour entrer tout entier jusqu’au Cœur même de Jésus ». Et ailleurs : « Que par la porte ouverte, nous entrions tout entier jusqu’à votre Cœur, Jésus ! ».
Or Jean ne parle pas du cœur, mais du côté (πλευρά, pleura). Et ce n’est pas un cœur ouvert mais un flanc transpercé.
Reste qu’à partir de là (en Occident), on a pensé que la blessure avait été faite à hauteur du cœur. Ce qui est conciliable avec le coup de lance à la droite de Jésus, car la lance traverse le liquide pleural (l’eau) avant de toucher la cavité péricardique (le sang). Demeure le problème de l’ordre de ces deux éléments, qui aurait dû être : l’eau puis le sang.
Marguerite-Marie Alacoque a popularisé au XVII° siècle cette mystique du Sacré-Cœur à Paray-le-Monial. La pensée contre-révolutionnaire catholique l’a même instrumentalisée en construisant la basilique du Sacré-Cœur de Montmartre en réparation des péchés commis par la Commune de Paris contre l’Église en 1871…
Cette dévotion est devenue un bien commun des catholiques : « La prière de l’Église vénère et honore le Cœur de Jésus, comme elle invoque son très saint Nom. Elle adore le Verbe incarné et son Cœur qui, par amour des hommes, s’est laissé transpercer par nos péchés » (Catéchisme de l’Église Catholique, n° 2669).
Le thème mystique du Cœur de Jésus correspondait à l’époque à un besoin de tendresse, de miséricorde dans un catholicisme fait d’obligations et de rigueur. Jean-Paul II a essayé d’actualiser cette intuition en faisant de notre deuxième dimanche de Pâques le « dimanche de la Divine Miséricorde », justement en lien avec le côté transpercé/cœur ouvert de Jésus.
Plutôt qu’une dévotion au Cœur de Jésus (avec tous les risques de déviations psychologiques ou autres), une lecture plus authentiquement mystique prônerait l’union à Jésus crucifié par amour : se laisser transpercer pour répandre la vie et le salut autour de soi…
6. Lecturechristologique
L’eau et le sang jaillissant sont le signe que l’Esprit « qui donne la vie (Credo) » est celui du Fils tout autant que celui du Père. L’Esprit Saint est celui qui actualise (dans l’Église de manière privilégiée, mais pas exclusive) la vie du Christ en nous. La foi chrétienne est la participation à ce mystère du Christ, grâce à son Esprit répandu en nos cœurs.
On ne peut séparer l’Esprit de Jésus, ni Jésus de l’Esprit. La controverse du Filioque (VIII°-XI° siècles) traduira l’importance que l’Occident accorde au lien Christ-Esprit, à égalité du lien Père-Esprit, alors que l’Orient met l’accent sur la prééminence du Père (monarchianisme) sur le Fils.
Au-delà de ces polémiques, l’enjeu est de lier indéfectiblement Jésus à l’Esprit qui l’animait : s’il le répand sur la croix, c’est que toute son existence en découlait, et c’est ainsi que nous pourrons le suivre.
7. Lecture anthropologique
L’homme est pleinement révélé à lui-même en Jésus le Christ. Le côté transpercé du condamné nous révèle ce qui nous structure au plus profond de nous-mêmes : nous sommes faits pour nous livrer, en nous exposant ainsi à être blessés par amour, afin de donner la vie (l’eau) et le salut (le sang) du Christ autour de nous.
La plénitude d’une vie humaine est de se donner – par le Christ, avec le Christ et en Christ – jusqu’à verser notre sang pour l’autre, fut-il notre ennemi.
8. Lecture spirituelle
Comme l’écrit Jean, l’eau et le sang convergent vers une seule source : l’Esprit de Dieu. « Les trois ne font qu’un »(1Jn 5,8). Communier au Christ, c’est laisser l’Esprit qui l’animait devenir notre principe de vie, notre souffle intérieur, notre identité la plus intime. Se laisser conduire par l’Esprit du Christ nous fait devenir fils dans le Fils, enfants de Dieu en vérité.
La vie spirituelle c’est cela : se laisser conduire par l’Esprit du Christ jusqu’à devenir Dieu par lui, avec lui et en lui.…
Toutes ces lectures n’épuiseront pas celle que vous pourrez faire aujourd’hui en contemplant l’eau et le sang jaillissant du côté transpercé du crucifié.
À chacun de laisser ce coup de lance ouvrir en lui le chemin vers la source d’amour qui jaillit pour ses proches…
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[1]. Ce phénomène médical existe bel et bien. Il est appelé hématidrose.
[2]. C’est vers 1180-90 que le Graal de Chrétien de Troyes reprendra la tradition orale du Sang Real, le Sang Royal du Christ, recueilli dans la coupe par la Dame Église, déformé phonétiquement en San Greal, d’où Saint Graal.
LECTURES DE LA MESSE
PREMIÈRE LECTURE «Un seul cœur et une seule âme » (Ac 4, 32-35)
Lecture du livre des Actes des Apôtres
La multitude de ceux qui étaient devenus croyants avait un seul cœur et une seule âme ; et personne ne disait que ses biens lui appartenaient en propre, mais ils avaient tout en commun. C’est avec une grande puissance que les Apôtres rendaient témoignage de la résurrection du Seigneur Jésus, et une grâce abondante reposait sur eux tous. Aucun d’entre eux n’était dans l’indigence, car tous ceux qui étaient propriétaires de domaines ou de maisons les vendaient, et ils apportaient le montant de la vente pour le déposer aux pieds des Apôtres ; puis on le distribuait en fonction des besoins de chacun.
PSAUME (117 (118), 2-4, 16ab-18, 22-24) R/ Rendez grâce au Seigneur : Il est bon ! Éternel est son amour ! ou : Alléluia ! (117,1)
Oui, que le dise Israël :
Éternel est son amour !
Que le dise la maison d’Aaron :
Éternel est son amour !
Qu’ils le disent, ceux qui craignent le Seigneur :
Éternel est son amour !
Le bras du Seigneur se lève,
le bras du Seigneur est fort !
Non, je ne mourrai pas, je vivrai
pour annoncer les actions du Seigneur.
Il m’a frappé, le Seigneur, il m’a frappé,
mais sans me livrer à la mort.
La pierre qu’ont rejetée les bâtisseurs est devenue la pierre d’angle :
c’est là l’œuvre du Seigneur, la merveille devant nos yeux.
Voici le jour que fit le Seigneur, qu’il soit pour nous jour de fête et de joie !
DEUXIÈME LECTURE « Tout être qui est né de Dieu est vainqueur du monde » (1 Jn 5, 1-6)
Lecture de la première lettre de saint Jean
Bien-aimés, celui qui croit que Jésus est le Christ, celui-là est né de Dieu ; celui qui aime le Père qui a engendré aime aussi le Fils qui est né de lui. Voici comment nous reconnaissons que nous aimons les enfants de Dieu : lorsque nous aimons Dieu et que nous accomplissons ses commandements. Car tel est l’amour de Dieu : garder ses commandements ; et ses commandements ne sont pas un fardeau, puisque tout être qui est né de Dieu est vainqueur du monde. Or la victoire remportée sur le monde, c’est notre foi. Qui donc est vainqueur du monde ? N’est-ce pas celui qui croit que Jésus est le Fils de Dieu ?
C’est lui, Jésus Christ, qui est venu par l’eau et par le sang : non pas seulement avec l’eau, mais avec l’eau et avec le sang. Et celui qui rend témoignage, c’est l’Esprit, car l’Esprit est la vérité.
ÉVANGILE « Huit jours plus tard, Jésus vient » (Jn 20, 19-31) Alléluia. Alléluia. Thomas, parce que tu m’as vu, tu crois, dit le Seigneur. Heureux ceux qui croient sans avoir vu ! Alléluia. (Jn 20, 29)
Évangile de Jésus Christ selon saint Jean
C’était après la mort de Jésus. Le soir venu, en ce premier jour de la semaine, alors que les portes du lieu où se trouvaient les disciples étaient verrouillées par crainte des Juifs, Jésus vint, et il était là au milieu d’eux. Il leur dit : « La paix soit avec vous ! » Après cette parole, il leur montra ses mains et son côté. Les disciples furent remplis de joie en voyant le Seigneur. Jésus leur dit de nouveau : « La paix soit avec vous ! De même que le Père m’a envoyé, moi aussi, je vous envoie. » Ayant ainsi parlé, il souffla sur eux et il leur dit : « Recevez l’Esprit Saint. À qui vous remettrez ses péchés, ils seront remis ; à qui vous maintiendrez ses péchés, ils seront maintenus. »
Or, l’un des Douze, Thomas, appelé Didyme (c’est-à-dire Jumeau), n’était pas avec eux quand Jésus était venu. Les autres disciples lui disaient : « Nous avons vu le Seigneur ! » Mais il leur déclara : « Si je ne vois pas dans ses mains la marque des clous, si je ne mets pas mon doigt dans la marque des clous, si je ne mets pas la main dans son côté, non, je ne croirai pas ! »
Huit jours plus tard, les disciples se trouvaient de nouveau dans la maison, et Thomas était avec eux. Jésus vient, alors que les portes étaient verrouillées, et il était là au milieu d’eux. Il dit : « La paix soit avec vous ! » Puis il dit à Thomas : « Avance ton doigt ici, et vois mes mains ; avance ta main, et mets-la dans mon côté : cesse d’être incrédule, sois croyant. » Alors Thomas lui dit : « Mon Seigneur et mon Dieu ! » Jésus lui dit : « Parce que tu m’as vu, tu crois. Heureux ceux qui croient sans avoir vu ». Il y a encore beaucoup d’autres signes que Jésus a faits en présence des disciples et qui ne sont pas écrits dans ce livre. Mais ceux-là ont été écrits pour que vous croyiez que Jésus est le Christ, le Fils de Dieu, et pour qu’en croyant, vous ayez la vie en son nom. Patrick Braud
La messe est dite 10 Mars 2023. Coup de théâtre au Sénat : le gouvernement a recours à l’article 44-3 de la Constitution pour faire passer la réforme des retraites. Cet article permet à une assemblée de se prononcer par un seul vote sur tout ou partie d’un texte en discussion en ne retenant que les amendements proposés ou acceptés par le Gouvernement. « La messe est dite. Avant la grande journée [de mobilisation] du 11 mars, vous avez décidé de montrer vos intentions réactionnaires », a tonné le patron des sénateurs socialistes, Patrick Kanner.
Il devait sans doute avoir des souvenirs de ses années de catéchisme… d’avant Vatican II ! Car la liturgie romaine autrefois se terminait effectivement par cette formule célèbre : « ite missa est », mal traduite par : « la messe est dite ». La formule latine signifiait en bas latin : « allez, c’est l’envoi ! ». Le mot messe[1], déformation gallo-romaine de missa, est au départ le participe passé du verbe latin mittere, qui signifie envoyer, renvoyer. À l’origine, dans les premiers siècles, cette formule ne se trouvait pas à la fin de la célébration, mais après l’homélie et le Credo, quand on commençait la liturgie proprement eucharistique. Ite missa est voulait alors dire : « maintenant, c’est le renvoi (des catéchumènes) ». En effet, les catéchumènes participaient à la première partie de la célébration, la liturgie de la Parole, mais pas à la deuxième, eucharistique, car ils n’avaient pas encore été initiés aux mystères. N’ayant pas encore reçu les trois sacrements de l’initiation (baptême, confirmation, eucharistie, dans cet ordre), ils ne pouvaient pas rester pour la célébration à laquelle ils n’étaient pas préparés et à laquelle ils n’auraient pas pu participer vraiment ni comprendre grand-chose.
Indication précieuse au passage sur la pédagogie des Pères de l’Église : graduelle, culminant dans l’eucharistie après la Parole. Aujourd’hui, on fait assister à la messe tout le monde, initiés ou pas, confirmés ou pas, et on s’étonne que cela ne passionne pas les foules…
Être expulsés hors de l’enclos Mais revenons à nos moutons. C’est le cas de le dire, avec l’évangile de ce dimanche. Jean utilise le verbe chasser, jeter dehors (ἐκβάλλω= ekballō en grec) pour évoquer l’action du bon Berger faisant sortir toutes ses brebis hors de l’enclos :« Quand il a poussé dehors (ekballō) toutes les siennes, il marche à leur tête, et les brebis le suivent, car elles connaissent sa voix » (Jn 10,4).
On a très nettement l’impression que le bon Pasteur - le doux Jésus - doit forcer son troupeau à quitter la tranquille quiétude de l’enclos, quitte à faire la grosse voix et à donner quelques coups de baguette sur les flancs des moutons bêlant d’être dérangés…
C’est le même verbe que Jean emploie pour montrer Jésus chassant les marchands du Temple (Jn 2,15), ou les pharisiens chassant l’aveugle-né hors du Temple lui aussi (Jn 9,34–35). Il y a donc une certaine violence dans cette sortie d’enclos à laquelle nous oblige le bon Pasteur ! Cela peut faire penser à l’insistance quasi physique de Jésus pour obliger ses disciples à monter dans la barque pour une traversée du lac qui leur faisait peur, piètres marins qu’ils étaient :« Aussitôt Jésus obligea les disciples à monter dans la barque et à le précéder sur l’autre rive, pendant qu’il renverrait les foules »(Mt 14,22).
Si le Christ nous chasse de notre enclos intérieur, c’est pour ouvrir notre espace à d’autres horizons. C’est surtout pour que nous puissions nous nourrir, comme le précise le texte de l’Évangile :« Moi, je suis la porte. Si quelqu’un entre en passant par moi, il sera sauvé ; il pourra entrer ; il pourra sortir et trouver de quoi se nourrir »(Jn 10,9).
Le psaume 22 de ce dimanche l’annonçait : « sur des prés d’herbe fraîche il me fait reposer » ; « il me mène vers les eaux tranquilles ». Et ce psaume fait le lien avec le repas pris en présence du Seigneur : « Tu prépares la table devant moi » / « ma coupe est débordante » / « j’habiterai la maison du Seigneur ».
Autrement dit, l’ite missa est de la fin ne correspond pas d’abord comme on le croit à la mission des chrétiens dans ce monde. Ils sont envoyés… pour se nourrir, comme les brebis sont expulsées de l’enclos pour aller chercher de l’herbe dans les verts pâturages. C’est comme si on leur disait : ‘vous vous êtes nourris du Christ pendant la messe. Très bien. Allez maintenant vous nourrir de sa présence ailleurs que dans l’Église, là où vivent les autres’. C’est un envoi pour se nourrir avant d’être un envoi en mission pour convertir ! En français, être expulsé se dit également du fœtus hors du ventre maternel lors de la naissance : comme quoi il nous est bon parfois d’être chassés de nos enclos maternels… Il ne s’agit donc pas d’appliquer la semaine ce qu’on a reçu le dimanche, mais de continuer la semaine à s’alimenter de la même nourriture que celle du dimanche, autrement.
Le dimanche, cette nourriture est sacramentelle ; la semaine, elle est existentielle. L’une sans l’autre est inconsistante. La vie seule demeure indigeste sans le sacrement. Le sacrement seul dégénère en ritualisme sans les événements de la semaine.
Être libérés par cette sortie d’enclos Cette obligation faite aux brebis de sortir est renforcée par l’autre verbe employé par Jean – et c’est le seul usage dans son Évangile – pour décrire le bon Berger conduisant dehors (ἐξάγω = exagō en grec) ses brebis :« Le portier lui ouvre, et les brebis écoutent sa voix. Ses brebis à lui, il les appelle chacune par son nom, et il les fait sortir» (Jn 10,3).
Dans le Nouveau Testament, conduire dehors (exagō) s’emploie le plus souvent pour évoquer la sortie d’Égypte, avec le leitmotiv : « il nous a fait sortir (exagō) du pays d’Égypte » (Ac 7,36.40 ; 13,17 ; He 8,9), ou une sortie de prison (Ac 5,19 ; 12,17 ; 16,37.39).
Bigre ! Comparer l’enclos des brebis à l’Égypte ou à la prison, c’est osé ! Pourtant, c’est bien cela : le Christ nous fait sortir de l’enclos-Église (de l’Église enclose sur elle-même) comme un Exode hors de l’esclavage ou comme une libération de sortie de prison. C’est peut-être qu’à être enclos sur nous-mêmes, nous risquons de devenir esclaves de nos projections idolâtriques sur Dieu, prisonniers de nos rites et de nos dogmes… Voilà qui heurte quelque peu nos représentations du doux Jésus maintenant son Église en paix, à l’écart des autres troupeaux…
Jésus sait d’expérience qu’il nous faut parfois accepter d’être chassés, expulsés de nos enclos sans nourriture vraie. Même lui a dû se laisser guider ainsi, à travers le combat des tentations au désert, à travers la sueur et le sang de Gethsémani, pour aller là où il n’aurait jamais pensé trouver de quoi nourrir son identité de fils de Dieu.« Quand ils se furent bien moqués de lui, les soldats lui enlevèrent le manteau de pourpre, et lui remirent ses vêtements. Puis, de là, ils l’emmènent (exagō) pour le crucifier »(Mc 15,20). En le conduisant ainsi hors de la ville, au-delà des remparts (c’est-à-dire hors de la citoyenneté romaine et de l’héritage juif), les soldats ne se doutaient pas qu’ils étaient alors le bon Berger du Messie : sur la croix, immergé dans l’humiliation, la dérision, la honte apportée par la malédiction du gibet (Dt 21,23), Jésus a découvert que c’est là que le Père le conduisait, pour communier à la solitude de ceux que tous abandonnent :« mon Dieu, mon Dieu, pourquoi m’as-tu abandonné ? » Paradoxalement, le Golgotha est devenu son pâturage, car c’est là qu’il accomplit au plus haut point la volonté de son Père : aller « chercher et sauver ceux qui étaient perdus » (Lc 9,10). C’est bien là son pâturage :« Ma nourriture, c’est de faire la volonté de Celui qui m’a envoyé et d’accomplir son œuvre »(Jn 4,34).
Soyons donc attentifs à tous ces coups de baguette dont nous frappent les événements de la semaine, nous provoquant – pour notre plus grand bien – à quitter nos enclos de toutes sortes : « allez, ouste, dehors ! Sortez, du balai !
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[1]. Dans les premiers siècles, on n’appelait pas messe la célébration, mais fraction du pain, repas du Seigneur (Cène), dominicum (assemblée du dimanche), eucharistie, saints mystères, divine liturgie, communion…
LECTURES DE LA MESSE
PREMIÈRE LECTURE « Dieu l’a fait Seigneur et Christ » (Ac 2, 14a.36-41)
Lecture du livre des Actes des Apôtres Le jour de la Pentecôte, Pierre, debout avec les onze autres Apôtres, éleva la voix et fit cette déclaration : « Que toute la maison d’Israël le sache donc avec certitude : Dieu l’a fait Seigneur et Christ, ce Jésus que vous aviez crucifié. » Les auditeurs furent touchés au cœur ; ils dirent à Pierre et aux autres Apôtres : « Frères, que devons-nous faire ? » Pierre leur répondit : « Convertissez-vous, et que chacun de vous soit baptisé au nom de Jésus Christ pour le pardon de ses péchés ; vous recevrez alors le don du Saint-Esprit. Car la promesse est pour vous, pour vos enfants et pour tous ceux qui sont loin, aussi nombreux que le Seigneur notre Dieu les appellera. » Par bien d’autres paroles encore, Pierre les adjurait et les exhortait en disant : « Détournez-vous de cette génération tortueuse, et vous serez sauvés. » Alors, ceux qui avaient accueilli la parole de Pierre furent baptisés. Ce jour-là, environ trois mille personnes se joignirent à eux.
PSAUME (Ps 22 (23), 1-2ab, 2c-3, 4, 5, 6) R/ Le Seigneur est mon berger : rien ne saurait me manquer. ou : Alléluia ! (cf. Ps 22, 1)
Le Seigneur est mon berger :
je ne manque de rien.
Sur des prés d’herbe fraîche,
il me fait reposer.
Il me mène vers les eaux tranquilles
et me fait revivre ;
il me conduit par le juste chemin
pour l’honneur de son nom.
Si je traverse les ravins de la mort,
je ne crains aucun mal,
car tu es avec moi :
ton bâton me guide et me rassure.
Tu prépares la table pour moi
devant mes ennemis ;
tu répands le parfum sur ma tête,
ma coupe est débordante.
Grâce et bonheur m’accompagnent
tous les jours de ma vie ;
j’habiterai la maison du Seigneur
pour la durée de mes jours.
DEUXIÈME LECTURE « Vous êtes retournés vers le berger de vos âmes » (1 P 2, 20b-25)
Lecture de la première lettre de saint Pierre apôtre Bien-aimés, si vous supportez la souffrance pour avoir fait le bien, c’est une grâce aux yeux de Dieu. C’est bien à cela que vous avez été appelés, car c’est pour vous que le Christ, lui aussi, a souffert ; il vous a laissé un modèle afin que vous suiviez ses traces. Lui n’a pas commis de péché ; dans sa bouche, on n’a pas trouvé de mensonge. Insulté, il ne rendait pas l’insulte, dans la souffrance, il ne menaçait pas, mais il s’abandonnait à Celui qui juge avec justice. Lui-même a porté nos péchés, dans son corps, sur le bois, afin que, morts à nos péchés, nous vivions pour la justice. Par ses blessures, nous sommes guéris. Car vous étiez errants comme des brebis ; mais à présent vous êtes retournés vers votre berger, le gardien de vos âmes.
ÉVANGILE « Je suis la porte des brebis » (Jn 10, 1-10) Alléluia. Alléluia. Je suis le bon Pasteur, dit le Seigneur ; je connais mes brebis et mes brebis me connaissent. Alléluia. (Jn 10, 14)
Évangile de Jésus Christ selon saint Jean En ce temps-là, Jésus déclara : « Amen, amen, je vous le dis : celui qui entre dans l’enclos des brebis sans passer par la porte, mais qui escalade par un autre endroit, celui-là est un voleur et un bandit. Celui qui entre par la porte, c’est le pasteur, le berger des brebis. Le portier lui ouvre, et les brebis écoutent sa voix. Ses brebis à lui, il les appelle chacune par son nom, et il les fait sortir. Quand il a poussé dehors toutes les siennes, il marche à leur tête, et les brebis le suivent, car elles connaissent sa voix. Jamais elles ne suivront un étranger, mais elles s’enfuiront loin de lui, car elles ne connaissent pas la voix des étrangers. » Jésus employa cette image pour s’adresser aux pharisiens, mais eux ne comprirent pas de quoi il leur parlait. C’est pourquoi Jésus reprit la parole : « Amen, amen, je vous le dis : Moi, je suis la porte des brebis. Tous ceux qui sont venus avant moi sont des voleurs et des bandits ; mais les brebis ne les ont pas écoutés. Moi, je suis la porte. Si quelqu’un entre en passant par moi, il sera sauvé ; il pourra entrer ; il pourra sortir et trouver un pâturage. Le voleur ne vient que pour voler, égorger, faire périr. Moi, je suis venu pour que les brebis aient la vie, la vie en abondance. » Patrick BRAUD