L'homélie du dimanche (prochain)

13 août 2023

Assomption : Marie est-elle morte ?

Classé sous Communauté spirituelle — lhomeliedudimanche @ 12 h 30 min

Assomption : Marie est-elle morte ?

Homélie pour la fête de l’Assomption / Année A
15/08/2023

Cf. également :
Le grand dragon rouge feu de l’Assomption
Assomption : entraîne-moi !
Marie et le drapeau européen
Quelle place a Marie dans votre vie ?
Le Magnificat de l’Assomption : exalter / exulter
L’Assomption : Marie, bien en chair
Assomption : Ne vous faites pas voler votre espérance
Assomption : les sentinelles de l’invisible
L’Assomption de Marie, étoile de la mer
L’Assomption de Marie : une femme entre en Résistance
Marie, parfaite image de l’Église à venir
Marie en son Assomption : une femme qui assume !
Marie, notre sœur
Vendredi Saint : la déréliction de Marie

Marie est-elle morte ?
La question peut paraître saugrenue.

La main d’Eve, la pomme et le serpent, détail du diptyque d’Albrecht Dürer (1507). Peut-être ne vous l’êtes-vous jamais posée ? Cependant, le flou qui l’entoure révèle qu’un débat intéressant n’est toujours pas tranché dans l’Église catholique : quel est le lien entre la mort et le péché ? Le Catéchisme de l’Église catholique rappelle la position officielle (n° 1008), tirée d’une lecture immédiate de certains passages de l’Écriture :
La mort est conséquence du péché. Interprète authentique des affirmations de la Sainte Écriture (cf. Gn 2,17 ; 3,3 ; 3,19 ; Sg 1,13 ; Rm 5,12 ; 6,23) et de la Tradition, le Magistère de l’Église enseigne que la mort est entrée dans le monde à cause du péché de l’homme. Bien que l’homme possédât une nature mortelle, Dieu le destinait à ne pas mourir. La mort fut donc contraire aux desseins de Dieu Créateur, et elle entra dans le monde comme conséquence du péché (cf. Sg 2,23 24). “ La mort corporelle, à laquelle l’homme aurait été soustrait s’il n’avait pas péché ” (GS 18), est ainsi “ le dernier ennemi ” de l’homme à devoir être vaincu (cf. 1 Co 15,26).

Les fervents défenseurs de la piété mariale ont cru pouvoir tirer le fil de l’Immaculée Conception de Marie pour lui épargner la mort, avec ce raisonnement simple : si Marie n’a pas connu le péché, elle ne peut avoir connu la mort qui est la conséquence du péché. C’est un peu l’argumentation de Pie XII, le pape qui a proclamé le dogme de l’Assomption le 1er novembre 1950 :
« En vertu d’une loi générale, Dieu ne veut pas accorder aux justes le plein effet de la victoire sur la mort, sinon quand viendra la fin des temps. C’est pourquoi, les corps même des justes sont dissous après la mort, et ne seront réunis, chacun à sa propre âme glorieuse qu’à la fin des temps. Cependant, Dieu a voulu exempter de cette loi universelle la Bienheureuse Vierge Marie. Grâce à un privilège spécial, la Vierge Marie a vaincu le péché par son Immaculée Conception, et de ce fait, elle n’a pas été sujette à la loi de demeurer dans la corruption du tombeau, et elle ne dut pas non plus attendre jusqu’à la fin du monde la rédemption de son corps » (Constitution Apostolique Munificentissimus Deus).

Même si le Pape Pie XII n’évoque pas directement la « mort » de Marie, on peut comprendre de ce texte qu’elle a eu le privilège d’être exemptée de cette loi générale selon laquelle le plein effet de la victoire sur la mort ne s’accordera qu’à la fin des temps. Elle a eu la grâce d’être libérée de la loi de demeurer dans la corruption du tombeau et d’attendre jusqu’à la fin du monde la rédemption de son corps.

Pourtant, nombre de théologiens ont fait remarquer que la mort physique de tout être vivant fait intégralement partie de la condition de créature. Sinon, l’être créé serait une émanation divine, possédant comme Dieu la propriété d’être immortel, et non une création. Si création n’est pas émanation, Dieu ne peut créer de l’immortel ! Dieu ne peut créer que du non-Dieu, donc mortel. Parler d’une condition humaine non soumise à la mort relève d’une pensée mythique qui dans la Bible à toute sa valeur pour parler du sens des origines (Gn 1–15), mais ne dépeint aucune condition historique. C’est un irréel du passé que d’évoquer le sort humain en dehors du péché ou de la mort ! Notre finitude d’êtres vivants limités dans le temps par nature est ainsi la garantie de la transcendance du Dieu Tout-Autre.

Jean-Paul II développera cette position, quasiment inverse de celle de Pie XII. Citons le longuement (Audience générale du 25/06/1997), car c’est rare de voir deux papes se quereller post-mortem… Il commence par dédouaner Pie XII d’une quelconque volonté de nier la mort de Marie (ce qui n’est guère convaincant vu le passage cité plus haut) :

1. À propos de la fin de la vie terrestre de Marie, le Concile Vatican II a repris les termes de la définition de bulle du dogme de l’Assomption et déclare : « La Vierge immaculée, préservée de toute tache du péché originel, au cours de sa vie terrestre, a été prise dans la gloire céleste, corps et âme » (Lumen Gentium).
Avec cette formule, la Constitution dogmatique Lumen Gentium, à la suite de mon vénéré prédécesseur Pie XII, est muet sur la question de la mort de Marie. Pie XII n’a pas eu l’intention de nier le fait de la mort, mais simplement ne juge pas opportun de déclarer solennellement, comme une vérité digne d’être acceptée par tous les croyants, la mort de la Mère de Dieu. En fait, certains théologiens ont soutenu que la Vierge n’eut pas à mourir et passa directement de la vie terrestre à la gloire céleste. Cependant, cette opinion est inconnue jusqu’au XVII° siècle, alors qu’il existe une tradition commune qui voit dans la mort de Marie son entrée dans la gloire céleste.

 Assomption : Marie est-elle morte ? dans Communauté spirituelle dormitionPuis il développe un argument christologique massue : la Mère n’est pas supérieure au Fils. Or le Fils a connu le tombeau, et la mort, trois jours durant. La Mère ne peut être affranchie du passage que même son Fils a dû faire :

2. Est-il possible que Marie de Nazareth ait vécu dans sa chair le drame de la mort ? En réfléchissant sur le sort de Marie et de sa relation avec son divin Fils, il semble légitime de répondre par l’affirmative : puisque le Christ est mort, il serait difficile de prétendre le contraire pour la mère. C’est dans ce sens qu’ont réfléchi les Pères de l’Église, qui n’avaient aucun doute à ce sujet.

Jean-Paul II cite alors de nombreux Pères de l’Église favorables à l’hypothèse de la mort physique de Marie :

Il suffit de mentionner Saint Jacques de Saroug (+ 521), pour qui, lorsque pour Marie fut arrivé « le temps de parcourir le chemin de toutes les générations », c’est à dire le chemin de la mort, « le chœur des douze Apôtres » se rassembla pour enterrer « le corps virginal de la bienheureuse » (Discours sur la sépulture de la Sainte Mère de Dieu).
Saint Modeste de Jérusalem (+ 634), après une longue évocation de la Dormition « de la Sainte glorieuse Mère de Dieu », conclut sa louange en vantant l’intervention miraculeuse du Christ qui l’a « relevée de la tombe » afin de la prendre avec lui dans la gloire.
Saint Jean Damascène (+ 704) se demande pour sa part :
Comment se fait-il que celle, qui pour enfanter dépassa toutes les limites de la nature, se plie maintenant à ses lois et que son corps immaculé soit soumis à la mort ? (Et il répond:) Il est clair que la partie mortelle a été déposée pour revêtir l’immortalité, puisque même le maître de la nature n’a pas refusé l’expérience de la mort. En effet, il meurt selon la chair et par la mort détruit la mort, la corruption devient incorruptibilité et de la mort il donne la source de la résurrection (Saint Jean Damascène, Panégyrique sur la Dormition de la Mère de Dieu, 10).

Jean-Paul II reprend l’argument de la supériorité du Christ sur Marie pour en conclure que Marie ne peut avoir part pleinement à la Résurrection de son Fils sans d’abord mourir elle-même :

3. Il est vrai que la mort est présentée dans l’Apocalypse comme une punition pour le péché. Toutefois, le fait que l’Église proclame Marie libérée du péché originel par un privilège singulier divin ne conduit pas à la conclusion qu’elle a également reçu l’immortalité physique. La Mère n’est pas supérieure au Fils qui a assumé la mort en lui donnant un sens nouveau et en la transformant en instrument de salut. Impliquée dans l’œuvre de rédemption et associée à l’offrande du Christ, Marie a pu partager la souffrance et la mort en vue de la rédemption de l’humanité. À elle s’applique également ce que Sévère d’Antioche dit à propos du Christ : « Sans une mort préliminaire, comment la résurrection pourrait-elle avoir lieu ? ». Pour participer à la résurrection du Christ, Marie devait d’abord en partager la mort.

Sa mort est singulière, car transfigurée par l’amour l’unissant à son Fils, si bien que le terme « Dormition » évoque davantage une expérience spirituelle d’amour qu’une fin organique banale :

4. Le Nouveau Testament ne fournit aucune information sur les circonstances de la mort de Marie. Ce silence laisse supposer qu’il est arrivé naturellement, sans aucun détail particulièrement remarquable. Si ce n’était pas le cas, comment la nouvelle aurait-elle pu  être cachée de ses contemporains et de ne pas parvenir, d’une façon ou d’une autre, jusqu’à nous ? Quant à la cause de la mort de Marie, les opinions qui voudraient exclure des causes naturelles semblent sans fondement. Plus importante est la recherche de l’attitude spirituelle de la Vierge au moment de son départ de ce monde. À cet égard, saint François de Sales est d’avis que la mort de Marie a eu lieu à la suite d’un transport d’amour. Il parle de la mort dans l’amour, à cause de l’amour et par amour, allant même à dire que la Mère de Dieu est morte d’amour pour son fils (Saint François de Sales, Traité de l’Amour de Dieu, Lib. 7, c. XIII-XIV). Quel que soit le fait biologique ou organique qui causa, sur un plan physique, la fin de la vie du corps, on peut dire que le passage de cette vie à l’autre fut pour Marie une maturation de la grâce dans la gloire, si bien que jamais autant que dans ce cas, la mort ne put être considérée comme une Dormition.

La Dormition de la Vierge, par Fra Angelico | Miguel Hermoso Cuesta wikipedia

5. Chez certains Pères de l’Église, nous trouvons la description de Jésus qui vient lui- même prendre sa mère au moment de la mort pour son introduction dans la gloire céleste. Ils présentent ainsi la mort de Marie comme un événement de l’amour qui l’a amenée à rejoindre son divin Fils pour partager sa vie immortelle. À la fin de son existence terrestre, elle a connu, comme Paul et plus que lui, le désir d’être libérée et d’être avec le Christ pour toujours (cf. Ph 1,23). L’expérience de la mort a enrichi la personne de la Vierge à travers le sort commun des hommes, elle est en mesure d’exercer plus efficacement sa maternité spirituelle envers ceux qui atteignent l’heure suprême de la vie.

Que retenir pour nous de cette controverse ? Le concile Vatican II nous met sur la voie en parlant de Marie à l’intérieur du texte sur l’Église (Lumen Gentium), et non dans un texte à part. Car Marie et l’Église sont indissociables : Marie est la figure de l’Église à venir. Il ne lui arrive rien d’autre que ce que l’Église est appelée à recevoir. En ce sens, Marie est l’anticipation eschatologique de ce que nous sommes tous appelés à devenir : pleinement ressuscités, « corps et âme », avec Christ, par lui et en lui. Le « corps » dont nous parlons ici a connu la mort. Mais dans la nouvelle Création où tous ressusciteront, Dieu saura redonner à chacun un autre corps, un « corps glorieux », un « corps spirituel », qui sera notre interface avec ce monde nouveau, comme notre chair présente est l’interface de notre relation avec le monde actuel (Cf. le « moi-peau » de Didier Anzieu, 1974).

Ce qui est certain, c’est que Marie est ressuscitée. Le dogme de l’Assomption proclame qu’elle est dans la gloire avec son corps et son âme. On ne le dit d’aucun autre disciple du Christ. Même les saints « se sont endormis dans l’attente de la résurrection », comme dit la liturgie (Prière eucharistique n° 2). On pourrait poétiquement dire de Marie qu’elle n’a pas été enterrée mais « encièlée » corps et âme…

Que l’Assomption de Marie nourrisse notre espérance d’être nous-même « encièlé » à la fin des temps, dans la communion de tous les saints [1] !

 


[1]. Le fait que Pie XII ait proclamé le dogme de l’Assomption le jour de la fête de la Toussaint 1950 signifie clairement qu’il ne faut jamais séparer Marie et l’Église. Marie anticipe ce qui sera réalisé en plénitude dans la communion de tous les saints. Elle est bien « notre espérance » (spes nostra) d’une humanité totalement ressuscitée, comme nous le chantons dans le Salve Regina.

 

 

MESSE DU JOUR

PREMIÈRE LECTURE
« Une Femme, ayant le soleil pour manteau et la lune sous les pieds » (Ap 11, 19a ; 12, 1-6a.10ab)

Lecture de l’Apocalypse de saint Jean
Le sanctuaire de Dieu, qui est dans le ciel, s’ouvrit, et l’arche de son Alliance apparut dans le Sanctuaire.
Un grand signe apparut dans le ciel : une Femme, ayant le soleil pour manteau, la lune sous les pieds, et sur la tête une couronne de douze étoiles. Elle est enceinte, elle crie, dans les douleurs et la torture d’un enfantement. Un autre signe apparut dans le ciel : un grand dragon, rouge feu, avec sept têtes et dix cornes, et, sur chacune des sept têtes, un diadème. Sa queue, entraînant le tiers des étoiles du ciel, les précipita sur la terre. Le Dragon vint se poster devant la femme qui allait enfanter, afin de dévorer l’enfant dès sa naissance. Or, elle mit au monde un fils, un enfant mâle, celui qui sera le berger de toutes les nations, les conduisant avec un sceptre de fer. L’enfant fut enlevé jusqu’auprès de Dieu et de son Trône, et la Femme s’enfuit au désert, où Dieu lui a préparé une place. Alors j’entendis dans le ciel une voix forte, qui proclamait : « Maintenant voici le salut, la puissance et le règne de notre Dieu, voici le pouvoir de son Christ ! »

PSAUME
(Ps 44, (45), 11-12a, 12b-13, 14-15a, 15b-16)
R/ Debout, à la droite du Seigneur,se tient la reine, toute parée d’or.(cf. Ps 44, 10b)

Écoute, ma fille, regarde et tends l’oreille ;
oublie ton peuple et la maison de ton père :
le roi sera séduit par ta beauté.

Il est ton Seigneur : prosterne-toi devant lui.
Alors, les plus riches du peuple,
chargés de présents, quêteront ton sourire.

Fille de roi, elle est là, dans sa gloire,
vêtue d’étoffes d’or ;
on la conduit, toute parée, vers le roi.

Des jeunes filles, ses compagnes, lui font cortège ;
on les conduit parmi les chants de fête :
elles entrent au palais du roi.

DEUXIÈME LECTURE
« En premier, le Christ ; ensuite, ceux qui lui appartiennent » (1 Co 15, 20-27a)

Lecture de la première lettre de saint Paul Apôtre aux Corinthiens
Frères, le Christ est ressuscité d’entre les morts, lui, premier ressuscité parmi ceux qui se sont endormis. Car, la mort étant venue par un homme, c’est par un homme aussi que vient la résurrection des morts. En effet, de même que tous les hommes meurent en Adam, de même c’est dans le Christ que tous recevront la vie, mais chacun à son rang : en premier, le Christ, et ensuite, lors du retour du Christ, ceux qui lui appartiennent. Alors, tout sera achevé, quand le Christ remettra le pouvoir royal à Dieu son Père, après avoir anéanti, parmi les êtres célestes, toute Principauté, toute Souveraineté et Puissance. Car c’est lui qui doit régner jusqu’au jour où Dieu aura mis sous ses pieds tous ses ennemis. Et le dernier ennemi qui sera anéanti, c’est la mort, caril a tout mis sous ses pieds.

ÉVANGILE
« Le Puissant fit pour moi des merveilles : il élève les humbles » (Lc 1, 39-56)
Alléluia. Alléluia. Aujourd’hui s’est ouverte la porte du paradis : Marie est entrée dans la gloire de Dieu ; exultez dans le ciel, tous les anges ! Alléluia.

Évangile de Jésus Christ selon saint Luc
En ces jours-là, Marie se mit en route et se rendit avec empressement vers la région montagneuse, dans une ville de Judée. Elle entra dans la maison de Zacharie et salua Élisabeth. Or, quand Élisabeth entendit la salutation de Marie, l’enfant tressaillit en elle. Alors, Élisabeth fut remplie d’Esprit Saint, et s’écria d’une voix forte : « Tu es bénie entre toutes les femmes, et le fruit de tes entrailles est béni. D’où m’est-il donné que la mère de mon Seigneur vienne jusqu’à moi ? Car, lorsque tes paroles de salutation sont parvenues à mes oreilles, l’enfant a tressailli d’allégresse en moi. Heureuse celle qui a cru à l’accomplissement des paroles qui lui furent dites de la part du Seigneur. » Marie dit alors : « Mon âme exalte le Seigneur, exulte mon esprit en Dieu, mon Sauveur ! Il s’est penché sur son humble servante ; désormais tous les âges me diront bienheureuse. Le Puissant fit pour moi des merveilles ; Saint est son nom ! Sa miséricorde s’étend d’âge en âge sur ceux qui le craignent. Déployant la force de son bras, il disperse les superbes. Il renverse les puissants de leurs trônes, il élève les humbles. Il comble de biens les affamés, renvoie les riches les mains vides. Il relève Israël son serviteur, il se souvient de son amour, de la promesse faite à nos pères, en faveur d’Abraham et sa descendance à jamais. » Marie resta avec Élisabeth environ trois mois, puis elle s’en retourna chez elle.
Patrick BRAUD

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7 août 2022

Le grand dragon rouge feu de l’Assomption

Classé sous Communauté spirituelle — lhomeliedudimanche @ 12 h 30 min

Le grand dragon rouge feu de l’Assomption

Homélie pour la fête de l’Assomption / Année C
15/08/2022

Cf. également :

Assomption : entraîne-moi !
Marie et le drapeau européen
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Quelle place a Marie dans votre vie ?
Assomption : Ne vous faites pas voler votre espérance
L’Assomption : Marie, bien en chair
Assomption : les sentinelles de l’invisible
L’Assomption de Marie, étoile de la mer
L’Assomption de Marie : une femme entre en Résistance
Marie, parfaite image de l’Église à venir
Marie en son Assomption : une femme qui assume !

Néron 666

Le grand dragon rouge feu de l’Assomption dans Communauté spirituelle 51VvT4YxOGL._SY291_BO1,204,203,200_QL40_ML2_Rome est en feu. Rome brûle. En ce mois de juillet caniculaire de 64 ap. J.C., l’empereur Néron est sur la côte dans sa villa au bord de la mer. Un incendie accidentel se déclare du côté du marché et embrase bientôt les deux tiers de la ville. Il y a des milliers de morts. Plus de 12 000 immeubles consumés. 200 000 habitants se retrouvent sans-abris (à cette époque, Rome compte près de 800 000 habitants).

Néron revient en hâte et met tout en œuvre pour voler au secours des sinistrés, mais le peuple gronde. Il veut des coupables. Alors Néron leur désigne les chrétiens, boucs émissaires tout désignés pour canaliser la colère du peuple. Ne raconte-t-on pas des rumeurs atroces sur les mœurs de cette secte nouvelle ? On dit qu’ils mangent de la chair et boivent du sang lors de leurs rassemblements. Ils refusent d’adorer l’empereur et contestent sa divinité. Ces athées sont subversifs et dangereux. D’ailleurs ce n’est qu’un ramassis d’esclaves et de gens de basse condition : dockers, prostituées, esclaves, le lumpenprolétariat romain, le Quart-Monde de l’époque en quelque sorte. Ce sont des nuisibles qu’il est donc sain et légitime d’éradiquer de la Cité. Alors, tel Hitler désignant les juifs après l’incendie du Reichstag en 1933, Néron désigne les chrétiens à la vindicte populaire comme coupables de l’incendie de la Ville éternelle. Ils sont arrêtés, crucifiés, livrés aux fauves dans les arènes romaines, ou transformés en torches vivantes le soir pour des exécutions publiques qui consolent les Romains après l’incendie : ceux qui ont répandu le feu doivent périr par le feu, c’est bien ainsi.

On comprend que Néron soit devenu pour les communautés chrétiennes de cette époque le symbole de l’opposition au Christ, l’Antéchrist de l’Apocalypse. Dans la tradition juive chaque lettre avait une valeur numérique en hébreu ; or l’addition des lettres de César-Néron en hébreu forme un total de 666, et Jean s’est empressé de coder son allusion au tyran avec ce nombre devenu maudit (Ap 13,18), d’autant plus symbolique qu’il comporte 3 fois – summum de plénitude négative – le chiffre 6, symbolique de l’inachevé puisque coincé entre le 5 de la Torah et le 7 de la Création.
666, c’est le comble de l’inachevé, de l’informe.

 

L’Apocalypse façon Jean Moulin

 666 dans Communauté spirituelleLe livre de l’Apocalypse, première lecture de notre fête de l’Assomption (Ap 11,19a ; 12,1-6a.10ab), est un livre de la Résistance face aux persécuteurs : Jean l’a écrit en pleines persécutions romaines et juives, afin de soutenir la foi et le courage de ceux qui savaient marcher vers leur supplice en demandant le baptême. En ces temps-là, devenir chrétien était risqué, très risqué ; les discriminations étaient nombreuses contre eux dans la fonction publique, les menaces également : perdre son métier, être muté ailleurs, ne jamais être promu, perdre son logement, et dans son quartier être à la merci d’une dénonciation anonyme etc. Il fallait être discret. Le Dominicum - ce rassemblement eucharistique du dimanche caractéristique de l’Église naissante – devait être clandestin. Les messages entre baptisés circulaient sous le manteau, codés et cryptés pour ne pas tomber entre les mains de la police ou de l’armée. À la façon de Jean Moulin coordonnant et unissant les réseaux la Résistance en France, Jean veut par l’Apocalypse encourager les chrétiens de la clandestinité, fortifier leur espérance, les assurer de la victoire finale au bout des persécutions. Voilà pourquoi l’Apocalypse est truffée de symboles réservés aux initiés, d’images codées, d’allusions compréhensibles par les seuls convertis au Christ. Contrairement aux délires des Témoins de Jéhovah ou autre groupes plus ou moins illuminés, l’Apocalypse de Jean n’a jamais voulu prédire l’avenir, annoncer des catastrophes de fin des temps ni se mêler de la politique du XX° siècle ! C’est un livre pour résister en temps d’oppression, un livre pour continuer à espérer alors que l’Église semble mise à mort.

 

Le dragon rouge feu

alors-que-la-femme-c%C3%A9leste-l-organisation-spirituelle-de-dieu-est-sur-le-point-de-donner-naissance-aux-futurs-dirigeants-de-la-terre-appara%C3%AEt-un-dragon-couleur-rouge-feu-avec-7-t%C3%AAtes-et-10-cornes-comme-les-b%C3%AAtes-d-apocalypse-13-et-17 ApocalypseC’est dans ce contexte que notre lecture met en scène deux signes grandioses dans le ciel : une femme et un dragon. On a déjà longuement commenté la figure de la femme couronnée d’étoiles, qui peut être Marie, Israël, l’Église ou l’humanité tout entière.

Intéressons-nous aujourd’hui à la bête extraordinaire des versets 3 à 18.
Ici, c’est un dragon. L’Ancien Testament utilisait déjà ce bestiaire fantastique, par exemple : « Dieu, mon roi dès l’origine, vainqueur des combats sur la face de la terre, c’est toi qui fendis la mer par ta puissance, qui fracassas les têtes des dragons sur les eaux ; toi qui écrasas la tête de Léviathan pour nourrir les monstres marins » (Ps 74, 12-15). Ce Léviathan est décrit dans des poésies cananéennes comme un monstre marin à 7 têtes, qui n’est pas sans rappeler la multicéphale Hydre de Lerne vaincue par Héraclès, créature mythologique ressemblant, encore, au serpent.

D’autres passages évoquent le combat contre le mal incarné par ces bêtes effrayantes :
« Ce jour-là, le Seigneur châtiera de son épée dure et grande et forte, Léviathan, le serpent fuyard, Léviathan, le serpent tortueux ; il tuera le dragon de la mer » (Is 27,1).
« Éveille-toi, éveille-toi, revêts-toi de force, bras du Seigneur ! Éveille-toi comme aux jours anciens, au temps des générations d’autrefois. N’est-ce pas toi qui taillas en pièces Rahab, qui transperças le Monstre marin ? » (Is 51,9)
« Jérusalem dit : Il m’a dévorée, avalée, Nabuchodonosor, le roi de Babylone ; il m’a laissée telle un plat vide. Comme un dragon, il m’a engloutie, il a rempli son ventre de mes délices ; il m’a rejetée » (Jr 51,34).
« Parle. Tu diras : Ainsi parle le Seigneur Dieu : Me voici contre toi, Pharaon, roi d’Égypte, grand dragon tapi parmi les bras du Nil ; tu as dit : il est à moi, le Nil, c’est moi qui l’ai fait. » (Ez 29,3)

Tel Philippe Druillet et son univers BD onirique et fantastique, Jean prolonge cette tradition et imagine un bestiaire qui inspirera longtemps encore des artistes de toutes disciplines, dont les tapisseries de Lurçat à Angers sont un joyau.
Ce dragon est rouge feu. Le feu évoque immédiatement l’incendie de Rome dont Néron s’est servi pour accuser les chrétiens et les pourchasser dans tout l’empire. Sans le vouloir, l’Apocalypse offre un effet de miroir – tragique – à l’Évangile de dimanche dernier (Lc 12,49-53) : « je suis venu allumer un feu sur la terre… ». L’incendie désiré par le Christ est celui de l’amour de Dieu venant embraser le cœur de chacun. Le pouvoir politique idolâtre répond à ce brasier intérieur en transformant le croyant en torche vivante, supplicié dans la liesse générale…

118 Assomption« Avant tout, il y a le dragon rouge, très puissant, avec une manifestation impressionnante et inquiétante du pouvoir sans grâce, sans amour, de l’égoïsme absolu, de la terreur, de la violence. Au moment où saint Jean écrivit l’Apocalypse, pour lui ce dragon était la représentation du pouvoir des empereurs romains anti-chrétiens, de Néron à Domitien. Ce pouvoir apparaissait illimité ; le pouvoir militaire, politique, propagandiste de l’empire romain était tel que devant lui, la foi, l’Église, apparaissait comme une femme sans défense, sans possibilité de survivre, encore moins de vaincre. Qui pouvait s’opposer à ce pouvoir omniprésent, qui semblait capable de tout? Et toutefois, nous savons qu’à la fin, la femme sans défense a vaincu ; ce n’est pas l’égoïsme, ce n’est pas la haine ; mais c’est l’amour de Dieu qui l’a emporté et l’empire romain s’est ouvert à la foi chrétienne » (Homélie du Pape Benoît XVI, 15 Août 2007).

Le rouge du dragon est la couleur du sang, le sang des martyrs qui selon Tertullien est semence de chrétiens lorsqu’il coule à flots sans renier l’amour des ennemis et le pardon des offenses. Mais ce dragon élargit l’image d’un pouvoir sanguinaire à la plupart des empires qui ont dominé le monde connu jusqu’alors. Car il a 7 têtes, et 7 est le chiffre désignant toute la Création (les 7 jours de la semaine, que les Babyloniens avaient adopté pour leur mois lunaire = 4×7 jours). Il n’y a pas que Rome à vouloir se faire adorer comme divinité devant laquelle se prosterner et à qui tout sacrifier. Il y a également l’Égypte, l’Assyrie, Babylone, les Mèdes, la Perse, la Grèce, Rome, 7 empires au moins qui ont ensanglanté la terre, conquis des territoires en incendiant leurs villes. L’ours russe en Ukraine pourrait succéder au dragon rouge feu : rien de nouveau sous le soleil hélas…

Chacune des 7 têtes du dragon était ceinte d’un diadème, ce qui confirme l’interprétation politique de cette bête. Curieusement, elle a 10 couronnes et non 7, ce qui est peu pratique pour les porter sur 7 têtes ! C’est donc là encore une signification cachée : ces 10 diadèmes constituent comme un anti Décalogue, comme un anti miniane, ce groupe de 10 fidèles juifs minimum pour pouvoir célébrer le culte. La Loi à l’envers en quelque sorte.
Jean avertit ainsi les nouveaux convertis que, plus ils brûlent du désir du Christ en eux, plus ils seront haïs, rejetés par les pouvoirs en place : ‘Si vous voulez suivre le Christ, soyez forts, préparez-vous au déchaînement du mal et de la violence sur vous et sur vos proches’.
Sacrée douche froide pour ceux qui n’auraient pas perçu l’enjeu existentiel du baptême ! Soyons réalistes : ils étaient nombreux du coup ceux qui reniaient leur foi devant de tels dangers pesant sur eux et leurs familles. On les appelle les lapsi, ceux qui ont chuté (lapsus) en latin, et il y aura un grand débat dans l’Église ensuite pour savoir s’il faut ou non réintégrer les lapsi qui demandait à revenir après avoir renié.

Les cornes portées par le dragon étaient le symbole de la puissance, celle du taureau encornant tout sur son passage, celle de l’orage grondant dans l’obscurité comme le meuglement du taureau en colère. Il y avait 4 cornes aux 4 coins de l’autel des sacrifices du Temple de Jérusalem, et c’est avec une corne remplie d’huile que Samuel fit l’onction messianique sur la tête de David. Les cornes du dragon font allusion à tous les envahisseurs qui ont causé la ruine d’Israël au cours des exodes et déportations successives, selon Za 2,2 par exemple : « Je dis à l’ange qui me parlait : ‘Ces cornes, que sont-elles ?’ Il me répondit : ‘Ce sont les cornes qui ont dispersé Juda, Israël et Jérusalem’ ».
Avec ses 10 cornes, le dragon de l’Apocalypse semble étendre sa domination sur toute la terre.

Ainsi couronné de 7 têtes, 7 diadèmes, 10 cornes, le grand dragon rouge feu avait de quoi effrayer quiconque voulait naître de la femme-Église, car il est posté devant elle, prêt à dévorer dès leur naissance les baptisés qui sortent du ventre de la mère-Église. Avertissement à ceux qui voudraient devenir chrétiens : dès leur conversion au Christ, le pouvoir les guettera pour détruire leur réputation, les enfermer, les supplicier, en leur enjoignant de renier leur foi pour se prosterner devant César.

 

Les dragons d’aujourd’hui

M02266086111-large dragonLes pouvoirs politiques ou religieux n’ont pas manqué au cours des siècles de poursuivre cette guerre faite aux croyants lorsqu’ils osent contester la prétention totalitaire des régimes en place. De Néron à Poutine en passant par Mao, Pol Pot ou Pinochet, les totalitarismes de tous poils se transforment en dragon rouge feu contre ceux qui, par la seule affirmation de leur foi, les empêchent d’être tout-puissants. Les talibans afghans, les partis communistes encore au pouvoir, les ultranationalistes hindous, les djihadistes de Boko Haram, du Yémen ou du Pakistan, et même l’orthodoxie alliée à Poutine ou le christianisme façon Bolsonaro : la liste des dragons contemporains est trop longue…

« Puissent les chrétiens de cette nation être une force généreuse de renouveau spirituel en chaque milieu de la société. Qu’ils combattent l’attrait du matérialisme qui étouffe les authentiques valeurs spirituelles et culturelles, ainsi que l’esprit de compétition débridée qui génère égoïsme et conflits. Qu’ils rejettent également les modèles économiques inhumains qui créent de nouvelles formes de pauvreté et marginalisent les travailleurs, ainsi que la culture de la mort qui dévalue l’image de Dieu, le Dieu de la vie, et viole la dignité de chaque homme, femme et enfant » (Homélie du Pape François en Corée du Sud pour la fête de l’Assomption, 15 Août 2014).

Le combat contre ces dragons modernes fait partie de notre mission de baptisés :

« La prière avec Marie, en particulier le Rosaire, a aussi cette dimension ‘agonistique’, c’est-à-dire de lutte, une prière qui soutient dans la bataille contre le malin et ses complices » (Homélie du Pape François, 15 Août 2013).

Le livre de l’Apocalypse est là pour que nous ne soyons pas effrayés par ces tyrans rouge feu.
Gardons en tête cet hymne de l’Apocalypse que la Liturgie des Heures nous fait chanter au temps pascal (Ap 12,10–13) :

Maintenant voici le salut +
et le règne et la puissance de notre Dieu, *
voici le pouvoir de son Christ !

L’accusateur de nos frères est rejeté, *
lui qui les accusait, jour et nuit,
 devant notre Dieu.

Ils l’ont vaincu par le sang de l’Agneau, +
par la parole dont ils furent les témoins : *
renonçant à l’amour d’eux-mêmes, jusqu’à mourir.

Soyez donc dans la joie, *
cieux, et vous, habitants des cieux !

 

MESSE DU JOUR

PREMIÈRE LECTURE
« Une Femme, ayant le soleil pour manteau et la lune sous les pieds » (Ap 11, 19a ; 12, 1-6a.10ab)

Lecture de l’Apocalypse de saint Jean
Le sanctuaire de Dieu, qui est dans le ciel, s’ouvrit, et l’arche de son Alliance apparut dans le Sanctuaire.
Un grand signe apparut dans le ciel : une Femme, ayant le soleil pour manteau, la lune sous les pieds, et sur la tête une couronne de douze étoiles. Elle est enceinte, elle crie, dans les douleurs et la torture d’un enfantement. Un autre signe apparut dans le ciel : un grand dragon, rouge feu, avec sept têtes et dix cornes, et, sur chacune des sept têtes, un diadème. Sa queue, entraînant le tiers des étoiles du ciel, les précipita sur la terre. Le Dragon vint se poster devant la femme qui allait enfanter, afin de dévorer l’enfant dès sa naissance. Or, elle mit au monde un fils, un enfant mâle, celui qui sera le berger de toutes les nations, les conduisant avec un sceptre de fer. L’enfant fut enlevé jusqu’auprès de Dieu et de son Trône, et la Femme s’enfuit au désert, où Dieu lui a préparé une place. Alors j’entendis dans le ciel une voix forte, qui proclamait : « Maintenant voici le salut, la puissance et le règne de notre Dieu, voici le pouvoir de son Christ ! »

PSAUME
(Ps 44, (45), 11-12a, 12b-13, 14-15a, 15b-16)
R/ Debout, à la droite du Seigneur,se tient la reine, toute parée d’or.(cf. Ps 44, 10b)

Écoute, ma fille, regarde et tends l’oreille ;
oublie ton peuple et la maison de ton père :
le roi sera séduit par ta beauté.

Il est ton Seigneur : prosterne-toi devant lui.
Alors, les plus riches du peuple,
chargés de présents, quêteront ton sourire.

Fille de roi, elle est là, dans sa gloire,
vêtue d’étoffes d’or ;
on la conduit, toute parée, vers le roi.

Des jeunes filles, ses compagnes, lui font cortège ;
on les conduit parmi les chants de fête :
elles entrent au palais du roi.

DEUXIÈME LECTURE
« En premier, le Christ ; ensuite, ceux qui lui appartiennent » (1 Co 15, 20-27a)

Lecture de la première lettre de saint Paul Apôtre aux Corinthiens
Frères, le Christ est ressuscité d’entre les morts, lui, premier ressuscité parmi ceux qui se sont endormis. Car, la mort étant venue par un homme, c’est par un homme aussi que vient la résurrection des morts. En effet, de même que tous les hommes meurent en Adam, de même c’est dans le Christ que tous recevront la vie, mais chacun à son rang : en premier, le Christ, et ensuite, lors du retour du Christ, ceux qui lui appartiennent. Alors, tout sera achevé, quand le Christ remettra le pouvoir royal à Dieu son Père, après avoir anéanti, parmi les êtres célestes, toute Principauté, toute Souveraineté et Puissance. Car c’est lui qui doit régner jusqu’au jour où Dieu aura mis sous ses pieds tous ses ennemis. Et le dernier ennemi qui sera anéanti, c’est la mort, caril a tout mis sous ses pieds.

ÉVANGILE
« Le Puissant fit pour moi des merveilles : il élève les humbles » (Lc 1, 39-56)
Alléluia. Alléluia.Aujourd’hui s’est ouverte la porte du paradis : Marie est entrée dans la gloire de Dieu ; exultez dans le ciel, tous les anges ! Alléluia.

Évangile de Jésus Christ selon saint Luc
En ces jours-là, Marie se mit en route et se rendit avec empressement vers la région montagneuse, dans une ville de Judée. Elle entra dans la maison de Zacharie et salua Élisabeth. Or, quand Élisabeth entendit la salutation de Marie, l’enfant tressaillit en elle. Alors, Élisabeth fut remplie d’Esprit Saint, et s’écria d’une voix forte : « Tu es bénie entre toutes les femmes, et le fruit de tes entrailles est béni. D’où m’est-il donné que la mère de mon Seigneur vienne jusqu’à moi ? Car, lorsque tes paroles de salutation sont parvenues à mes oreilles, l’enfant a tressailli d’allégresse en moi. Heureuse celle qui a cru à l’accomplissement des paroles qui lui furent dites de la part du Seigneur. » Marie dit alors : « Mon âme exalte le Seigneur, exulte mon esprit en Dieu, mon Sauveur ! Il s’est penché sur son humble servante ; désormais tous les âges me diront bienheureuse. Le Puissant fit pour moi des merveilles ; Saint est son nom ! Sa miséricorde s’étend d’âge en âge sur ceux qui le craignent. Déployant la force de son bras, il disperse les superbes. Il renverse les puissants de leurs trônes, il élève les humbles. Il comble de biens les affamés, renvoie les riches les mains vides. Il relève Israël son serviteur, il se souvient de son amour, de la promesse faite à nos pères, en faveur d’Abraham et sa descendance à jamais. » Marie resta avec Élisabeth environ trois mois, puis elle s’en retourna chez elle.
Patrick BRAUD

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8 août 2021

Assomption : entraîne-moi !

Classé sous Communauté spirituelle — lhomeliedudimanche @ 12 h 30 min

Assomption : entraîne-moi !

Homélie pour l’Assomption de la Vierge Marie / Année B
15/08/2021

Cf. également :

Marie et le drapeau européen
Le Magnificat de l’Assomption : exalter / exulter
Quelle place a Marie dans votre vie ?
Assomption : Ne vous faites pas voler votre espérance
L’Assomption : Marie, bien en chair
Assomption : les sentinelles de l’invisible
L’Assomption de Marie, étoile de la mer
L’Assomption de Marie : une femme entre en Résistance
Marie, parfaite image de l’Église à venir
Marie en son Assomption : une femme qui assume !

Parler de la fin, c’est parler du commencement

8 juillet 2021 : Edgar Morin a 100 ans ! Il est interviewé sur France Info :
- Vous avez une vie riche, qui a mal commencé. Votre mère a essayé d’avorter. Vous êtes né avec le cordon ombilical autour du cou. Vous avez vécu le traumatisme de la mort de votre maman quand vous aviez 10 ans seulement. C’est dans tous ces événements traumatiques que vous avez puisé la force de vivre aussi longtemps ?
- Peut-être que c’est la résistance que ça m’a donnée, quand j’étais un fœtus et qu’on a voulu m’avorter.

Son siècle avait donc mal commencé, avec la tentative d’avortement désespérée de sa mère, qui heureusement a raté. Mais combien d’Edgar Morin ne sont pas nés ? Actuellement, il y a en France environ 200 000 avortements pour 700 000 naissances : plus d’un enfant sur 4 ne naît pas ! Si Edgar Morin devait être conçu aujourd’hui, il aurait beaucoup moins de chances de devenir le philosophe, le penseur que tout le monde célèbre désormais…

L’IVG est revenue discrètement dans le débat public en France, lorsque le Parlement a voulu allonger le délai de 12 à 14 semaines. Pourquoi ? Parce qu’à l’étranger (Belgique, Suisse…) on peut trouver à se faire avorter jusqu’à 14 semaines, et donc il faudrait accorder le même délai en France. On voit que ce raisonnement est sans limites. D’ailleurs, le Président de la République Emmanuel Macron est intervenu directement – chose rare – dans le débat en expliquant pourquoi il n’est « pas favorable » à cet allongement du délai de l’IVG (dans un entretien accordé au magazine féminin Elle) :
« Chaque année entre 4000 et 5000 femmes vont à l’étranger pour pouvoir le faire, mais c’est avant tout le signe d’un échec de notre prise en charge », assure-t-il. « Je mesure le traumatisme que c’est pour une femme d’avorter ». Et il va même plus loin. À la journaliste lui rappelant qu’il peut le mesurer, certes, mais uniquement jusqu’à une certaine limite il lance : « Cela ne m’empêche pas de le mesurer avec beaucoup plus de respect que des gens qui pensent que ce n’est rien d’avorter à 16 semaines. Tous les gynécologues le disent, c’est plus traumatisant dans ces délais-là ».

L’argument ici n’est pas centré sur l’enfant (embryon, fœtus) à naître, mais sur le traumatisme qu’impliquerait un avortement tardif pour les mères. Le ministre de la Santé Olivier Véran est intervenu également dans le même sens, en prenant comme argument quant à lui le traumatisme des gynécologues devant pratiquer l’opération à 14 semaines (broyage, démembrement, aspiration, extraction…), ce qui risquerait de les « démotiver », ce qui rendrait de plus en plus difficile la possibilité de trouver des praticiens acceptant de telles interventions choquantes. 

Ces deux prises de position font malgré tout l’impasse totale sur la vie à naître : pourquoi un fœtus avorté à moins de 12 semaines est-il un déchet hospitalier à incinérer, et un être humain potentiel à respecter après ce délai ? Que se passe-t-il pour changer ainsi le statut de l’embryon entre la 12e et la 13e semaine ? Et pourquoi pas 14 ? ou 16 ? ou sans limites ? Il n’y a aucune rupture de continuité dans le développement de l’enfant dans le ventre de sa mère, qui le ferait passer en 24h du statut de chose potentiellement destructible à celui de vie humaine à respecter et préserver ! Tuer la vie humaine dans l’œuf ne pose plus de problèmes de conscience… Une loi en France va obliger la filière ovine à tuer les poussins mâles dans l’œuf au lieu de les broyer à la naissance (car ils ne produisent pas d’œufs). Heureux progrès moral, mais qui ravale l’embryon humain au statut d’un poussin mâle à éliminer dans l’œuf…

Naissances et IVG

Ratio IVG Naissances

Pourquoi évoquer ce douloureux problème de l’IVG en France ? Parce que l’Évangile de l’Assomption nous rend témoin de la rencontre de deux femmes enceintes, dont les enfants in utero bondissent d’allégresse à cette visitation (Lc 1, 39-56) :
« Quand Élisabeth entendit la salutation de Marie, l’enfant tressaillit en elle. Alors, Élisabeth fut remplie d’Esprit Saint, et s’écria d’une voix forte : « Tu es bénie entre toutes les femmes, et le fruit de tes entrailles est béni. D’où m’est-il donné que la mère de mon Seigneur vienne jusqu’à moi ? Car, lorsque tes paroles de salutation sont parvenues à mes oreilles, l’enfant a tressailli d’allégresse en moi » ».

 

L’inhabitation réciproque, de la grossesse à l’Assomption

Assomption : entraîne-moi ! dans Communauté spirituelleBizarre que la liturgie ait choisi ce passage pour l’Assomption ! En fait, comme il n’y a rien dans les Évangiles sur la fin de Marie, on est revenu au début de sa maternité, car la fin est souvent dans le commencement. La logique du raisonnement qui a permis d’établir la fête de l’Assomption dès le VII° siècle à Rome était simple : Marie a accueilli en elle le Verbe de Dieu pour sa naissance à la vie terrestre, le Verbe de Dieu a donc accueilli Marie en lui pour sa naissance à la vie céleste. Le pivot de cette argumentation croisée est l’intimité qui a uni les 2 corps pendant 9 mois : la chair de Marie est transformée au contact de celle de son fils ; le lien mystérieux qui les a unis pendant la grossesse trouve un écho, un accomplissement dans le lien tout aussi mystérieux qui les unit à travers la résurrection du Christ.

Dans sa constitution apostolique fixant le dogme de l’Assomption (1950), le pape Pie XII cite longuement saint Jean Damascène (+ 749) comme témoin de cette tradition voyant dans le lien mère-fils beaucoup plus qu’une contingence nécessaire :
« Elle qui avait gardé sa virginité intacte dans l’enfantement, il fallait qu’elle garde son corps, même après la mort, exempt de toute corruption. Elle qui avait porté le Créateur dans son sein comme son enfant, il fallait qu’elle aille faire son séjour dans la lumière divine. Cette épouse que le Père s’était unie, il fallait qu’elle habite la chambre nuptiale.
Elle qui avait contemplé son Fils cloué à la croix et qui avait reçu dans son cœur le glaive de douleur qui lui avait été épargné dans l’enfantement, il fallait qu’elle le contemple trônant avec le Père. Il fallait que la Mère de Dieu possède ce qui appartenait à son Fils, et qu’elle soit honorée par toutes les créatures comme la Mère de Dieu et sa servante ».

Et saint Bernard célébrait Marie dont la voix a fait tressaillir Jean-Baptiste d’allégresse :
« C’est elle, en effet, qui par sa salutation fit tressaillir de joie un enfant encore enfermé dans le sein de sa mère. L’âme d’un enfant qui n’était pas encore né a fondu de bonheur à la voix de Marie ».

 

Entraîne-moi !

Quelles conséquences a pour nous l’Assomption de Marie ? Avec sa bonhommie habituelle, le pape François le dit très simplement :
« Jésus est ressuscité avec son corps qu’il avait pris de Marie ; et il est monté au Père avec son humanité transfigurée. Avec le corps, un corps comme le nôtre, mais transfiguré. L’assomption de Marie, créature humaine, nous donne la confirmation de ce que sera notre glorieuse destinée ».

Saint Bernard le développait en s’appuyant sur une magnifique citation du Cantique des cantiques :
« Notre Reine nous a précédés, et elle a reçu un accueil si merveilleux que nous pouvons en toute confiance, nous ses humbles serviteurs, suivre les pas de notre Souveraine en criant avec l’Épouse du Cantique : Entraîne-nous à ta suite, nous courrons à l’odeur de tes parfums (Ct 1,3). Voyageurs sur la terre, nous avons chargé notre avocate de nous devancer pour plaider utilement, en sa qualité de mère du Juge et de mère de miséricorde, la cause de notre salut » (Homélie pour l’Assomption, 1150).

Fêter l’Assomption, c’est donc courir à la suite de Marie vers le Christ, en s’écriant : entraîne-moi ! La première des créatures à avoir accepté sa vocation humaine en plénitude est pour nous le gage que notre espérance n’est pas vaine. Nous reconnaissons en elle la femme couronnée d’étoiles de notre première lecture de l’Apocalypse (Ap 11,19; 12, 1-6.10) qui nous ouvre le chemin : « c’est par ici ! Soyez assurés que votre vie sera totalement changée, transformée, transfigurée si vous êtes unis à mon fils comme j’ai pu l’être moi-même ».

Dès maintenant et pour toujours, communier au Christ transfigure notre présence au monde, celui de maintenant et celui d’après la mort. Ce que nous appelons chair est notre forme de présence à l’univers qui nous entoure. La chair est notre mode de relation aux autres, au monde. À la fois frontière (le « moi-peau » de Didier Anzieu) et communication (les 5 sens), séparation et communion avec autrui, notre chair actuelle nous donne une identité personnelle inaliénable, tout en nous reliant aux autres et au monde. Si la conception terrestre nous a doté de cette chair pour ce monde-ci, nul doute que la naissance au travers de la mort saura nous doter d’une autre chair, adaptée à l’autre monde, pour y être soi et en communion (ce que Paul appelle le « corps glorieux »).
Du coup, on comprend mieux que la chair de Marie, qui a donné au Verbe de Dieu sa forme humaine, ait reçu de sa résurrection une chair nouvelle pleinement adaptée à la communion avec lui dans l’autre monde.

Marie est vraiment la première en chemin, comme nous le chantons avec des paroles fort justes :
- La première en chemin, Marie, tu nous entraînes à risquer notre oui aux imprévus de Dieu
- La première en chemin, en hâte tu t’élances, Prophète de celui qui a pris corps en toi
- La parole a surgi, tu es sa résonnance et tu franchis des monts pour en porter la voix
- La première en chemin, avec l’Église en marche, dès les commencements tu appelles l’Esprit…

Entraîne-moi ! C’est notre prière de ce jour, c’est la prière d’autrefois qui nous faisait gémir en latin dans le Salve Regina : « ad te clamamus, ad te suspiramus : nous crions vers toi, vers toi nous soupirons ».

 

D’une manière connue de lui seul

Comment cela se fait-il en Marie ? Comment cela se fera-t-il en nous ?
Souvenez-vous : la fin est souvent dans le commencement. La question de Marie à l’annonce de sa conception est déjà celle-là : « comment cela va-t-il se faire ? (puisque je suis vierge) » (Lc 1,34). La réponse faite au début est également cette qui sert pour la fin : « l’Esprit Saint te prendra sous son ombre… » Autrement dit : la manière qu’a Dieu de transformer nos corps nous échappe. Cela se fait à notre insu, sans que nous puissions ni le connaître, ni le maîtriser. Et c’est très bien ainsi. Rester dans cette docte ignorance du comment de l’Assomption de nos corps nous donne d’y entrer dès maintenant.
« Un autre écrivain très ancien avait affirmé : « Puisqu’elle est la Mère très glorieuse du Christ, notre divin Sauveur, lui qui donne la vie et l’immortalité, elle est vivifiée par lui, elle partage pour l’éternité l’incorruptibilité de son corps. Il l’a fait sortir du tombeau et l’a élevée auprès de lui, d’une manière connue de lui seul«  » (Pie XII).

Accepter de ne pas savoir permet de le vivre.

L’essentiel est de croire qu’en Dieu il y a de l’espace pour l’homme, et en l’homme il y a de l’espace pour Dieu. Marie scelle cette promesse par tout son être.

Alors, constatons avec saint Bernard que Marie en Assomption tressaille d’allégresse en son fils, par une juste inversion de la relation d’amour qui unissait la mère à son fils :
« Pleinement heureuse, mille fois heureuse est Marie, soit qu’elle reçoive le Sauveur, soit qu’il la reçoive ».
Et chantons à nouveau avec la bien-aimée Cantique des cantiques :
« Délice, l’odeur de tes parfums ; ton nom, un parfum qui s’épanche : ainsi t’aiment les jeunes filles ! Entraîne-moi : à ta suite, courons ! Le roi m’a fait entrer en ses demeures.
- En toi, notre fête et notre joie ! Nous redirons tes amours, meilleures que le vin : il est juste de t’aimer ! » (Ct 1, 3 4)

 

MESSE DU JOUR

PREMIÈRE LECTURE
« Une Femme, ayant le soleil pour manteau et la lune sous les pieds » (Ap 11, 19a ; 12, 1-6a.10ab)

Lecture de l’Apocalypse de saint Jean

Le sanctuaire de Dieu, qui est dans le ciel, s’ouvrit, et l’arche de son Alliance apparut dans le Sanctuaire.
Un grand signe apparut dans le ciel : une Femme, ayant le soleil pour manteau, la lune sous les pieds, et sur la tête une couronne de douze étoiles. Elle est enceinte, elle crie, dans les douleurs et la torture d’un enfantement. Un autre signe apparut dans le ciel : un grand dragon, rouge feu, avec sept têtes et dix cornes, et, sur chacune des sept têtes, un diadème. Sa queue, entraînant le tiers des étoiles du ciel, les précipita sur la terre. Le Dragon vint se poster devant la femme qui allait enfanter, afin de dévorer l’enfant dès sa naissance. Or, elle mit au monde un fils, un enfant mâle, celui qui sera le berger de toutes les nations, les conduisant avec un sceptre de fer. L’enfant fut enlevé jusqu’auprès de Dieu et de son Trône, et la Femme s’enfuit au désert, où Dieu lui a préparé une place. Alors j’entendis dans le ciel une voix forte, qui proclamait : « Maintenant voici le salut, la puissance et le règne de notre Dieu, voici le pouvoir de son Christ ! »

PSAUME
(Ps 44, (45), 11-12a, 12b-13, 14-15a, 15b-16)
R/ Debout, à la droite du Seigneur,se tient la reine, toute parée d’or.(cf. Ps 44, 10b)

Écoute, ma fille, regarde et tends l’oreille ;
oublie ton peuple et la maison de ton père :
le roi sera séduit par ta beauté.

Il est ton Seigneur : prosterne-toi devant lui.
Alors, les plus riches du peuple,
chargés de présents, quêteront ton sourire.

Fille de roi, elle est là, dans sa gloire,
vêtue d’étoffes d’or ;
on la conduit, toute parée, vers le roi.

Des jeunes filles, ses compagnes, lui font cortège ;
on les conduit parmi les chants de fête :
elles entrent au palais du roi.

DEUXIÈME LECTURE
« En premier, le Christ ; ensuite, ceux qui lui appartiennent » (1 Co 15, 20-27a)

Lecture de la première lettre de saint Paul Apôtre aux Corinthiens

Frères, le Christ est ressuscité d’entre les morts, lui, premier ressuscité parmi ceux qui se sont endormis. Car, la mort étant venue par un homme, c’est par un homme aussi que vient la résurrection des morts. En effet, de même que tous les hommes meurent en Adam, de même c’est dans le Christ que tous recevront la vie, mais chacun à son rang : en premier, le Christ, et ensuite, lors du retour du Christ, ceux qui lui appartiennent. Alors, tout sera achevé, quand le Christ remettra le pouvoir royal à Dieu son Père, après avoir anéanti, parmi les êtres célestes, toute Principauté, toute Souveraineté et Puissance. Car c’est lui qui doit régner jusqu’au jour où Dieu aura mis sous ses pieds tous ses ennemis. Et le dernier ennemi qui sera anéanti, c’est la mort, caril a tout mis sous ses pieds.

ÉVANGILE
« Le Puissant fit pour moi des merveilles : il élève les humbles » (Lc 1, 39-56)
Alléluia. Alléluia.Aujourd’hui s’est ouverte la porte du paradis : Marie est entrée dans la gloire de Dieu ; exultez dans le ciel, tous les anges ! Alléluia.

Évangile de Jésus Christ selon saint Luc

En ces jours-là, Marie se mit en route et se rendit avec empressement vers la région montagneuse, dans une ville de Judée. Elle entra dans la maison de Zacharie et salua Élisabeth. Or, quand Élisabeth entendit la salutation de Marie, l’enfant tressaillit en elle. Alors, Élisabeth fut remplie d’Esprit Saint, et s’écria d’une voix forte : « Tu es bénie entre toutes les femmes, et le fruit de tes entrailles est béni. D’où m’est-il donné que la mère de mon Seigneur vienne jusqu’à moi ? Car, lorsque tes paroles de salutation sont parvenues à mes oreilles, l’enfant a tressailli d’allégresse en moi. Heureuse celle qui a cru à l’accomplissement des paroles qui lui furent dites de la part du Seigneur. » Marie dit alors : « Mon âme exalte le Seigneur, exulte mon esprit en Dieu, mon Sauveur ! Il s’est penché sur son humble servante ; désormais tous les âges me diront bienheureuse. Le Puissant fit pour moi des merveilles ; Saint est son nom ! Sa miséricorde s’étend d’âge en âge sur ceux qui le craignent. Déployant la force de son bras, il disperse les superbes. Il renverse les puissants de leurs trônes, il élève les humbles. Il comble de biens les affamés, renvoie les riches les mains vides. Il relève Israël son serviteur, il se souvient de son amour, de la promesse faite à nos pères, en faveur d’Abraham et sa descendance à jamais. » Marie resta avec Élisabeth environ trois mois, puis elle s’en retourna chez elle.
Patrick BRAUD

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9 août 2020

Marie et le drapeau européen

Classé sous Communauté spirituelle — lhomeliedudimanche @ 12 h 30 min

Marie et le drapeau européen

Homélie pour la fête de l’Assomption de la Vierge Marie / Année A
15/08/2020

Cf. également :

Le Magnificat de l’Assomption : exalter / exulter
Assomption : Ne vous faites pas voler votre espérance
Assomption : les sentinelles de l’invisible
L’Assomption de Marie, étoile de la mer
L’Assomption de Marie : une femme entre en Résistance
Marie, parfaite image de l’Église à venir
Marie en son Assomption : une femme qui assume !
Toussaint : le bonheur illucide

Le clash de Mélenchon

Vous souvenez-vous du clash de Jean-Luc Mélenchon peu après l’élection présidentielle de 2017 ? Il voulait retirer la bannière bleue à douze étoiles de l’hémicycle de l’Assemblée Nationale au motif qu’il s’agirait d’un « symbole confessionnel ». Le chef de file de La France Insoumise avait déposé, avec les autres députés de son parti, un amendement, rejeté mercredi 11 octobre 2017 par les députés, visant à retirer le drapeau européen de l’Assemblée Nationale, pour le remplacer par celui de l’Organisation des Nations Unies. Pour sanctuariser sa présence, le président Emmanuel Macron souhaite au contraire reconnaître officiellement le drapeau européen, présent dans l’Hémicycle depuis 2008. Jean-Luc Mélenchon s’est indigné de cette annonce, en publiant un communiqué dans lequel il explique son rejet de cet « emblème européen confessionnel », contraire à la laïcité française selon lui :

« Monsieur le Président, vous n’avez pas le droit d’imposer à la France un emblème européen confessionnel. Il n’est pas le sien et la France a voté contre son adoption sans ambiguïté.
Je rappelle que notre opposition à cet emblème ne tient pas au fait qu’il prétend être celui de l’Europe, mais parce qu’il exprime une vision confessionnelle de l’Union, et cela à l’heure où plus que jamais religion et politique doivent être séparées.
Le refus du traité constitutionnel de 2005, dans lequel cet emblème était proposé, vaut décision du peuple français sur le sujet. »

La première lecture de la fête de l’Assomption (Ap 11,19-12,10) est en effet ce passage grandiose de l’Apocalypse où l’on voit une femme enceinte, couronnée de 12 étoiles, être emmenée au désert pour que son fils à naître échappe au dragon cherchant à le dévorer dès sa naissance :

« Un grand signe apparut dans le ciel : une Femme, ayant le soleil pour manteau, la lune sous les pieds, et sur la tête une couronne de douze étoiles. Elle est enceinte, elle crie, dans les douleurs et la torture d’un enfantement. […] L’enfant fut enlevé jusqu’auprès de Dieu et de son Trône, et la Femme s’enfuit au désert, où Dieu lui a préparé une place ».

Bien sûr, la femme fait immédiatement penser à Marie, sa place préparée par Dieu au désert fait penser à son Assomption, sa couronne d’étoiles au couronnement de la Vierge si souvent peint et sculpté, la lune-piédestal et le soleil-manteau à son rôle cosmique de Vierge-Mère.

Y aurait-il un lien entre l’Apocalypse et le drapeau européen, entre l’Assomption et le projet politique des 27 pays adhérents à l’Union Européenne ?
Oui dans la pensée de son concepteur. Non dans les commentaires officiels qu’en donnent les organisations européennes.

 

L’inspiration mariale d’Arsène Heitz

Le drapeau européen a été créé en 1955, à l’origine pour symboliser non pas l’Union européenne, ni même son ancêtre la Communauté européenne du charbon et de l’acier (CECA), mais bien le Conseil de l’Europe, une modeste organisation de défense des droits de l’homme et de la culture.
Plusieurs projets de drapeaux sont proposés et successivement rejetés, expliquait en 1985  Robert Bichet, président du comité ad hoc pour un emblème européen :

•   un grand « E » vert sur fond blanc, symbole du Mouvement européen, dont l’esthétique a été critiquée (il était comparé à « un caleçon qui sèche sur un pré ») ;
•   un cercle doré barré d’une croix, sur fond bleu : proposition que les Français et les Turcs (membres du Conseil de l’Europe) ont refusée en raison justement du symbole religieux ;
•   des constellations d’étoiles, complexes à reproduire, ou une quinzaine d’étoiles en cercle, représentant le nombre de membres du Conseil à l’époque – mais les Allemands ne souhaitaient pas que la Sarre y soit comptée comme un État membre.

Finalement, le projet retenu reprend un cercle d’étoiles sur un fond azur. Pas 15 ni 14 étoiles (à cause la Sarre), pas 13 étoiles (nombre maudit…), mais 12, nombre qui parle à tous. Le fonctionnaire européen qui a dessiné le drapeau, Arsène Heitz, était un fervent catholique. Il a raconté bien plus tard qu’il avait tiré son inspiration de la médaille miraculeuse de la Vierge Marie, qui la représente entourée de douze étoiles d’or. Heitz se disait « très fier que le drapeau de l’Europe soit celui de Notre-Dame ».

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La médaille miraculeuse de la Rue du Bac

Médaille Miraculeuse enversLe 27 novembre 1830, en fin d’après-midi, alors que la jeune religieuse Catherine Labouré prie dans la chapelle de la rue du Bac à Paris, elle voit se dessiner deux tableaux au-dessus de l’autel. Sur le second tableau (qui sera le verso de la médaille), Catherine voit apparaître le « M » de Marie, entrelacé avec la croix de Jésus, comme pour rappeler le lien indéfectible qui les unit. Autour, sont dessinées les douze étoiles de la « Reine du ciel ». Deux cœurs se tiennent côte à côte. À gauche, celui de Jésus reconnaissable à la couronne d’épines qui l’entoure. Sur sa droite, un cœur transpercé par un glaive, comme pour représenter la douleur d’une mère voyant son enfant souffrir. C’est le cœur de Marie.

En février 1832 éclate à Paris une terrible épidémie de choléra, qui fera plus de 20 000 morts. En juin, les premières médailles réalisées par l’orfèvre Vachette sont distribuées par les Filles de la Charité. Aussitôt guérisons, conversions, protections se multiplient. C’est un raz-de-marée. Le peuple de Paris appelle la médaille de l’Immaculée la « médaille miraculeuse ».

 

Heitz ou Lévy ?

Marie et le drapeau européen dans Communauté spirituelle 440px-EU_Flag_specification.svgAgent au service du courrier du Conseil de l’Europe, Arsène Heitz prend le projet très au sérieux. De 1952 à 1955, il dessine plusieurs croquis différents. L’un d’entre eux représente un rectangle bleu uni, orné d’un cercle de quinze étoiles, dont une en son centre. Le drapeau plaît au directeur de la presse du Conseil, Paul Michel Gabriel Lévy, et au rapporteur Robert Bichet. Mais le nombre d’étoiles est ramené de quinze à douze: le Conseil de l’Europe compte bien quinze membres à cette période, mais à cause du statut  problématique de la Sarre d’après-guerre, à cause du nombre de pays pouvant être amené à varier, on lui préfère le douze. En 1955, le drapeau définitif est adopté à l’unanimité par l’Assemblée parlementaire. Depuis 1986, il est la bannière de la totalité des institutions européennes.

Par un clin d’œil de l’histoire, hasard de l’agenda, le texte portant adoption du drapeau a été voté un jour avant le calendrier officiel qui prévoyait de le faire le 9 décembre 1955 : c’est donc un 8 décembre que l’Europe s’est dotée du cercle de 12 étoiles d’or sur fond bleu… soit le jour même de la fête de l’Immaculée Conception, si liée à la médaille de la rue du Bac et à son invocation : « O Marie conçue sans péché, priez pour nous » ! ! !

Pour les dirigeants chrétiens-démocrates à l’origine de la construction européenne (Conrad Adenauer, Robert Schuman, Alcide De Gasperi…), cette inspiration mariale, explicite ou cachée, ne pose pas problème… Mais cette inspiration est totalement absente de la genèse du drapeau telle que décrite par le rapporteur Robert Bichet en 1985, et est démentie dès 1998 par Paul Michel Gabriel Lévy chargé du projet, qui revendique la réduction de quinze à douze étoiles sur fond d’argumentation politique. Il affirme que la ressemblance avec la couronne de Marie n’est qu’une coïncidence qui lui a été indiquée postérieurement à la décision. Elle ne rend pas compte non plus de pourquoi la première soumission de la commission en 1953 avait quinze étoiles. Selon Paul Collowald, témoin de l’avancement du projet auprès de Paul Lévy, Arsène Heitz ne saurait revendiquer la conception car sa participation relève d’un simple concours technique dans l’ultime phase de présentation au Conseil.

Dans le texte de l’Apocalypse, les 12 étoiles symbolisent sans doute les 12 apôtres, et accomplissent les 12 tribus d’Israël. Sur le drapeau européen, on pourrait y voir une allusion aux racines judéo-chrétiennes de l’Europe. Mais ce ne sont pas des étoiles de David, car elles n’ont que cinq branches. Dans le texte de l’Apocalypse, le nombre 12 renvoie plutôt à l’Église, nouvel Israël, image de la Jérusalem céleste ayant 12 portes pour accueillir tous les peuples de l’univers.

Les 12 étoiles disposées en couronne sont devenues le thème classique du couronnement de la Vierge dans l’art occidental à partir du XII° siècle.

La couleur or des étoiles peut faire penser au soleil qui sert de manteau à la femme de l’Apocalypse, mais également à l’or royal des empires et royaumes qui ont marqué l’histoire européenne.

Le bleu est pour nous actuellement la couleur mariale par excellence. Pas une statue de la vierge qui n’ait une touche de bleu ! Bernadette Soubirous à Lourdes en 1858 décrira la Dame de ses apparitions portant une belle ceinture bleue. Pourtant il n’en fut pas toujours ainsi. Cherchez le mot bleu dans la Bible tout entière : il n’y est jamais mentionné ! Ni comme adjectif, ni comme substantif. Associer Marie à la couleur bleue est donc une invention tardive.

 

Le bleu marial

assumption.png« Marie n’a pas toujours été habillée de bleu. Il faut même attendre le XII° siècle pour que dans la peinture occidentale elle soit prioritairement associée à cette couleur. [...]

Auparavant, dans les images, Marie peut être vêtue de n’importe quelle couleur mais il s’agit presque toujours d’une couleur sombre : noir, gris, brun, violet ou vert foncé. L’idée qui domine est celle d’une couleur d’affliction, une couleur de deuil. [...]

C’est aux alentours de 1140 que les maîtres-verriers mettent au point le célèbre « bleu de Saint-Denis », lié à la reconstruction de l’église abbatiale. Ce bleu verrier exprime une conception nouvelle du ciel et de la lumière [...] Plus tard encore, dans les premières décennies du XIII° siècle, quelques grands personnages, à l’imitation de la reine du ciel, se mettent à porter des vêtements bleus, ce qui aurait été impensable deux ou trois générations plus tôt. Saint Louis est le premier roi de France qui le fasse régulièrement.

[...] Avec l’art baroque, une mode nouvelle se met progressivement en place : celle des vierges d’or, ou dorées, couleur passant pour celle de la lumière divine. Cette mode triomphe au XVIII° siècle et se maintient fort avant dans le XIXe. Cependant, à partir du dogme de l’Immaculée Conception – selon lequel, Marie, dès le premier instant de sa conception, par un privilège unique de Dieu a été préservée de la souillure du péché originel -, dogme définitivement reconnu par le pape Pie IX en 1854, la couleur iconographique de la Vierge devient le blanc, symbole de pureté et de virginité. Dès lors, pour la première fois depuis les temps les plus anciens du christianisme, la couleur iconographique de Marie et sa couleur liturgique sont enfin identiques : le blanc. Dans la liturgie en effet, depuis le V° siècle pour certains diocèses et depuis le pontificat d’Innocent III (1198-1216) pour une bonne partie de la Chrétienté romaine, les fêtes de la Vierge sont associées à la couleur blanche. » [1]

Au fil des siècles, la Vierge est ainsi passée par toutes les couleurs ou presque, comme le montre une étonnante statue taillée dans un beau bois de tilleul peu après l’an mil et aujourd’hui conservée au musée de Liège. Cette vierge romane avait d’abord été peinte en noir, comme c’était fréquemment le cas à cette époque. Au XIII° siècle, elle fut repeinte en bleu, selon les canons de l’iconographie et de la théologie gothiques. Mais à la fin du XVII° siècle cette même Vierge fut, comme tant d’autres « baroquisée » et quitta le bleu pour le doré, couleur qu’elle conserva pendant deux siècles environ, avant d’être visitée par le dogme de l’Immaculée Conception et, ce faisant, entièrement badigeonnée de peinture blanche (vers 1880). Cette superposition de quatre couleurs successives en un millénaire d’histoire fait de cette fragile sculpture un objet vivant ainsi qu’un exceptionnel document d’histoire picturale et symbolique. »

 

Les commentaires officiels

exposition-sur-le-drapeau-europeen Assomption dans Communauté spirituelleSur le site officiel de l’Europe, les symboles du drapeau européen sont expliqués indépendamment de toute connotation religieuse.

Voici la description officielle du drapeau européen : « Sur le fond bleu du ciel, les étoiles figurant les peuples d’Europe forment un cercle en signe d’union. Elles sont au nombre invariable de douze, symbole de la perfection et de la plénitude. Sur fond azur, un cercle composé de douze étoiles d’or à cinq rais dont les pointes ne se touchent pas. »

« Les étoiles symbolisent les idéaux d’unité, de solidarité et d’harmonie entre les peuples d’Europe. Le nombre d’étoiles n’est pas lié au nombre d’États membres, bien que le cercle soit symbole d’unité. Il y a douze étoiles, car ce chiffre est traditionnellement un symbole de perfection, de plénitude et d’unité. Ainsi, le drapeau restera le même, indépendamment des futurs élargissements de l’Union européenne. »
« Dans différentes traditions, douze est un chiffre symbolique représentant la complétude (il correspond également au nombre de mois de l’année et au nombre d’heures sur le cadran d’une montre). Quant au cercle, il est entre autres un symbole d’unité. »

 

Décidément, politique et religion sont inextricablement mêlées dans l’histoire européenne comme dans ses symboles…

L’essentiel est peut-être pour nous en ce 15 août de contempler en Marie la femme de l’Apocalypse. Comme elle, nous sommes dans les douleurs de l’enfantement : l’enfantement du Verbe en nous.

C’est un travail très personnel, pour que chacun(e) accouche de sa véritable identité (« ce n’est pas moi qui vis, mais Christ qui vit en moi » Ga 2,20).

C’est également un travail collectif, donc politique, pour que nos sociétés accouchent de conditions de vie dignes de la vocation divine de notre humanité. Particulièrement en Europe où le christianisme a puissamment contribué à façonner les institutions, les mentalités, les symboliques depuis 2000 ans.

 


[1]. Michel Pastoureau, Bleu, Histoire d’une couleur, Seuil, 2000, pp 54-55.

 

MESSE DU JOUR

 

PREMIÈRE LECTURE

« Une Femme, ayant le soleil pour manteau et la lune sous les pieds » (Ap 11, 19a ; 12, 1-6a.10ab)

Lecture de l’Apocalypse de saint Jean

Le sanctuaire de Dieu, qui est dans le ciel, s’ouvrit, et l’arche de son Alliance apparut dans le Sanctuaire.
Un grand signe apparut dans le ciel : une Femme, ayant le soleil pour manteau, la lune sous les pieds, et sur la tête une couronne de douze étoiles. Elle est enceinte, elle crie, dans les douleurs et la torture d’un enfantement. Un autre signe apparut dans le ciel : un grand dragon, rouge feu, avec sept têtes et dix cornes, et, sur chacune des sept têtes, un diadème. Sa queue, entraînant le tiers des étoiles du ciel, les précipita sur la terre. Le Dragon vint se poster devant la femme qui allait enfanter, afin de dévorer l’enfant dès sa naissance. Or, elle mit au monde un fils, un enfant mâle, celui qui sera le berger de toutes les nations, les conduisant avec un sceptre de fer. L’enfant fut enlevé jusqu’auprès de Dieu et de son Trône, et la Femme s’enfuit au désert, où Dieu lui a préparé une place. Alors j’entendis dans le ciel une voix forte, qui proclamait : « Maintenant voici le salut, la puissance et le règne de notre Dieu, voici le pouvoir de son Christ ! »

 

PSAUME

(Ps 44, (45), 11-12a, 12b-13, 14-15a, 15b-16)
R/ Debout, à la droite du Seigneur,se tient la reine, toute parée d’or. (cf. Ps 44, 10b)

Écoute, ma fille, regarde et tends l’oreille ;
oublie ton peuple et la maison de ton père :
le roi sera séduit par ta beauté.

Il est ton Seigneur : prosterne-toi devant lui.
Alors, les plus riches du peuple,
chargés de présents, quêteront ton sourire.

Fille de roi, elle est là, dans sa gloire,
vêtue d’étoffes d’or ;
on la conduit, toute parée, vers le roi.

Des jeunes filles, ses compagnes, lui font cortège ;
on les conduit parmi les chants de fête :
elles entrent au palais du roi.

 

DEUXIÈME LECTURE

« En premier, le Christ ; ensuite, ceux qui lui appartiennent » (1 Co 15, 20-27a)

Lecture de la première lettre de saint Paul Apôtre aux Corinthiens

Frères, le Christ est ressuscité d’entre les morts, lui, premier ressuscité parmi ceux qui se sont endormis. Car, la mort étant venue par un homme, c’est par un homme aussi que vient la résurrection des morts. En effet, de même que tous les hommes meurent en Adam, de même c’est dans le Christ que tous recevront la vie, mais chacun à son rang : en premier, le Christ, et ensuite, lors du retour du Christ, ceux qui lui appartiennent. Alors, tout sera achevé, quand le Christ remettra le pouvoir royal à Dieu son Père, après avoir anéanti, parmi les êtres célestes, toute Principauté, toute Souveraineté et Puissance. Car c’est lui qui doit régner jusqu’au jour où Dieu aura mis sous ses pieds tous ses ennemis. Et le dernier ennemi qui sera anéanti, c’est la mort, car il a tout mis sous ses pieds.

 

ÉVANGILE

« Le Puissant fit pour moi des merveilles : il élève les humbles » (Lc 1, 39-56)
Alléluia. Alléluia.Aujourd’hui s’est ouverte la porte du paradis : Marie est entrée dans la gloire de Dieu ; exultez dans le ciel, tous les anges ! Alléluia.

Évangile de Jésus Christ selon saint Luc

En ces jours-là, Marie se mit en route et se rendit avec empressement vers la région montagneuse, dans une ville de Judée. Elle entra dans la maison de Zacharie et salua Élisabeth. Or, quand Élisabeth entendit la salutation de Marie, l’enfant tressaillit en elle. Alors, Élisabeth fut remplie d’Esprit Saint, et s’écria d’une voix forte : « Tu es bénie entre toutes les femmes, et le fruit de tes entrailles est béni. D’où m’est-il donné que la mère de mon Seigneur vienne jusqu’à moi ? Car, lorsque tes paroles de salutation sont parvenues à mes oreilles, l’enfant a tressailli d’allégresse en moi. Heureuse celle qui a cru à l’accomplissement des paroles qui lui furent dites de la part du Seigneur. » Marie dit alors : « Mon âme exalte le Seigneur, exulte mon esprit en Dieu, mon Sauveur ! Il s’est penché sur son humble servante ; désormais tous les âges me diront bienheureuse. Le Puissant fit pour moi des merveilles ; Saint est son nom ! Sa miséricorde s’étend d’âge en âge sur ceux qui le craignent. Déployant la force de son bras, il disperse les superbes. Il renverse les puissants de leurs trônes, il élève les humbles. Il comble de biens les affamés, renvoie les riches les mains vides. Il relève Israël son serviteur, il se souvient de son amour, de la promesse faite à nos pères, en faveur d’Abraham et sa descendance à jamais. »  Marie resta avec Élisabeth environ trois mois, puis elle s’en retourna chez elle.
Patrick BRAUD

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