L'homélie du dimanche (prochain)

18 décembre 2022

Noël, l’anti kodokushi

Classé sous Communauté spirituelle — lhomeliedudimanche @ 12 h 46 min

Noël, l’anti kodokushi

 

Homélie pour la fête de Noël / Année A 

25/12/2022 

 

Cf. également :

Noël : assumer notre généalogie

Noël : La contagion du Verbe
Y aura-t-il du neuf à Noël ?
Noël : évangéliser le païen en nous
Tenir conte de Noël
Noël : solstices en tous genres
Noël : Il n’y avait pas de place pour eux dans la salle commune…
Noël : la trêve des braves
Noël : croyance dure ou croyance molle ?
Le potlatch de Noël
La bienveillance de Noël
Noël « numérique », version réseaux sociaux…
Noël : « On vous écrira… »
Enfanter le Verbe en nous…


La solitude des personnes âgées

En France, 2 millions de personnes âgées n’ont plus aucun contact avec leurs proches.

Si la détresse de la solitude n’a pas de saison, le soir de Noël c’est encore plus dur.

« Vous savez très bien que nous sommes les oubliés, nous sommes invisibles. Quand la douleur est là, quand vous êtes dehors, qui appeler, qui demander ? Le meilleur cadeau, c’est votre présence. À cause de la honte, on ne peut même pas aller vers ses propres enfants, vers sa propre famille. On se cache », sourit Jeanne-Rachel, 73 ans.

FPFP SolitudeD’ordinaire, Anne-Marie, 80 ans, vit les fêtes de fin d’année dans une grande solitude. « J’ai perdu mon mari en 1986 et ma sœur deux ans plus tard. Mon frère Maurice, âgé de 87 ans, habite trop loin. Le soir du réveillon, à qui parler ? » Cette année, cette ancienne aide-ménagère a acheté un élégant pantalon noir, un chemisier à frou-frou et des boucles d’oreilles. Elle sourit : « Quand on est invitée, il faut être coquette ». Grâce aux Petits Frères des Pauvres, elle partagera le réveillon de Noël avec 40 autres personnes âgées isolées et une dizaine de bénévoles qui leur ont préparé une soirée chaleureuse.

Ils pourront ensemble dîner joyeusement, danser, chanter… s’évader, loin de leurs soucis du quotidien et oublier cette solitude qu’ils ne connaissent que trop bien.

Anne-Marie sait que le soir du réveillon sera difficile. Mais le souvenir de ce moment extraordinaire l’allégera un peu. Cette période, exaltant l’esprit de famille, est très douloureuse pour ces personnes souvent veuves et n’ayant plus aucun proche. Aussi, elle nous confie que cette invitation au réveillon des Petits Frères des Pauvres lui met du baume au cœur : « J’ai ressenti un immense soulagement : je ne suis pas seule. Je compte pour quelqu’un ».

Les Petits Frères des Pauvres ont publié en 2021 leur baromètre de l’isolement en France [1]. Les résultats font peur : le fléau de la « mort sociale » concerne désormais 530 000 personnes âgées qui vivent coupées des quatre principaux cercles de proximité (famille, amis, voisinage et réseaux associatifs) contre 300 000 en 2017, alerte le baromètre 2021 « Solitude et isolement, quand on a plus de 60 ans en France ». Le nombre de seniors qui ne voient plus ni famille ni amis a plus que doublé, passant de 900 000 à 2 millions d’aînés, soit l’équivalent d’une ville comme Paris, alerte cette étude réalisée avec l’institut CSA Research.

Pire encore, les Petits Frères des Pauvres ont rassemblé une quarantaine d’articles de presse locale se faisant l’écho de macabres découvertes. Comme cet homme de 71 ans, retrouvé dans son appartement à Nîmes, en janvier 2020, cinq ans après son décès. Ou ce couple d’octogénaires nantais dont le double trépas est passé inaperçu pendant plusieurs mois…

Que ce soit en ville ou à la campagne, dans des milieux aisés ou pauvres, des personnes âgéePFP Baromètre 2021s meurent seules, sans que personne ne s’en aperçoive.

Le phénomène est hélas bien connu au Japon, où il a pris une ampleur particulière. Parce que la population japonaise est vieillissante, parce qu’il n’est pas dans la culture japonaise de demander de l’aide, parce que la vie moderne a coupé les liens familiaux etc., il y a eu en 2009 environ 30000 morts solitaires officiellement recensées, dont 3000 rien qu’à Tokyo, capitale de la solitude. On a même forgé un nom pour ces fins de vie à l’écart de tous, dont les corps ne sont découverts qu’après une longue période de temps, véritable phénomène social : 孤独死, kodokushi, « mort solitaire« .

Pourquoi rappeler cette triste et douloureuse réalité d’isolement en cette fête de Noel où tout devrait être léger et joyeux, comme le rire des enfants déballant les cadeaux au pied du sapin ?

Justement pour montrer que fêter Noël est un engagement à faire reculer la solitude autour de nous.

L’enfant de Bethléem est né à l’écart pour que plus personne ne vive ni ne meure à l’écart, isolé de tous.

Le Prince de la Paix est né au milieu des animaux pour que plus personne ne soit traité comme un animal abattu dans l’indifférence générale.

Le Verbe de Dieu entre dans la vie humaine entouré de ses seuls parents pour que plus personne n’en sorte esseulé.

Nos sourires attendris autour de la crèche devraient engendrer des sourires affectueux autour des vieillards qui meurent seuls. Comment embrasser le nouveau-né et ne pas tenir la main du mourant ?

Les débats actuels sur la fin de vie en France pourraient s’arrêter longuement sur la crèche de Noël : accueillir la vie qui vient de Dieu demande de l’accompagner jusqu’au bout, avec amour et compassion. Que l’autre ne soit pas seul face à la mort, quelle que soit sa décision : voilà un enjeu spirituel qui s’enracine pour nous dans l’Incarnation du Verbe de Dieu.

 

La mairie d’Agen : « aller vers »

En 2020, profondément choqué par le décès d’une vieille dame retrouvée deux ans après son décès, à 100 mètres de l’hôtel de ville, le maire d’Agen, Jean Dionis, a lancé des pistes de réflexion. « Ce drame nous a fait réfléchir et nous avons fait de la lutte contre l’isolement un engagement municipal », a-t-il confié à l’association des Petits Frères des Pauvres. Un chantier délicat alors que les plus de 80 ans soit plus de 3 000 personnes dans la ville perdent souvent l’envie d’aller vers les autres. La mairie travaille donc à un système d’« aller vers » grâce à la solidarité de voisinage et davantage de visites à domicile. « Chaque quartier volontaire aura un service civique dont le rôle sera de recenser les personnes de plus de 80 ans, de favoriser la mise en relation entre personnes âgées et citoyens, de piloter les visites à domicile », détaille Jean Dionis, qui souhaite mettre les bailleurs sociaux dans la boucle.

Aller vers : n’est-ce pas le mouvement même de Noël ? Après des siècles où l’homme allait vers Dieu en tâtonnant, par le biais des religions et des sagesses, Dieu lui-même a décidé d’aller vers l’homme !

Renversement d’initiative, renversement de perspective !

Fêter Noël nous rend alors capable d’aimer comme Dieu à Bethléem : en allant vers l’autre, sans attendre qu’il ose le demander. Les vieillards japonais meurent seuls parce qu’ils ont honte de demander. Seul le mouvement d’aller vers peut conjurer cette auto-isolement mortifère.

Concrètement, cela se traduit par un rôle et un nombre accru d’acteurs sociaux pour dépister en amont les situations de solitude dangereuse (infirmières, assistantes sociales, chargés de clientèle bancaire, aides-soignantes, agents administratifs etc.).

Les petits Frères des Pauvres - bénévolatCela passe également par un investissement des Comités de quartier (ou équivalent) pour recenser localement les personnes en difficultés relationnelles et susceptible de s’isoler. On est bien capable pendant les périodes de canicule de visiter ou de téléphoner systématiquement aux personnes âgées pour prendre de leurs nouvelles, leur demander de boire, de s’hydrater etc. Pourquoi ne serait-on pas capable de cette surveillance attentive et bienveillante en temps ordinaire, afin de prévenir les solitudes avant qu’elles ne deviennent dangereuses ?

Les Petits Frères des Pauvres l’ont bien compris, qui ont mis la visite régulière de personnes âgées au cœur de leur raison d’être. Chaque bénévole s’engage visiter deux personnes, une par semaine, en alternance avec un autre bénévole, et ces personnes âgées ont alors un binôme qui leur rend une visite hebdomadaire régulière. La régularité et la durée sont des conditions essentielles à la rupture de l’isolement. Un peu comme le petit Prince avec le renard : il faut du temps pour s’apprivoiser, avoir confiance, se sentir entouré, se livrer. La devise des Petits Frères des Pauvres est : « des fleurs devant le pain », car ils sont convaincus que les personnes âgées ont d’abord besoin de relations, d’affection, de signes d’estime et d’amitié. L’homme ne vit pas seulement de pain… : c’est si vrai qu’il est capable de mourir de solitude.

Célébrer Noël, c’est s’engager à aller vers comme Dieu l’a fait pour nous. Aller au-devant de l’autre, sans attendre.

 

Le fils de Dieu s’est uni à chaque homme

Fra Angelico NativitéLe concile Vatican II écrivait : « par son incarnation, le Fils de Dieu s’est en quelque sorte uni lui-même à tout homme. Il a travaillé avec des mains d’homme, il a pensé avec une intelligence d’homme, il a agi avec une volonté d’homme, il a aimé avec un cœur d’homme. Né de la Vierge Marie, il est vraiment devenu l’un de nous, en tout semblable à nous, hormis le péché » (GS n° 22). Et le Compendium de la Doctrine sociale de l’Église commente (n° 105) : « Le Christ, Fils de Dieu, « par son incarnation, s’est en quelque sorte uni lui-même à tout homme »; voilà pourquoi l’Église reconnaît comme son devoir fondamental de faire en sorte que cette union puisse continuellement se réaliser et se renouveler ». Cette mission exige de nous le combat contre la solitude.

Ce combat est également une aventure intérieure, éminemment personnelle.

Un chrétien, même abandonné de tous, peut croire en son cœur que Dieu s’est uni à lui pour toujours, et ne le laissera pas tomber comme savent le faire les humains. Même oublié sur un lit d’hôpital, tout baptisé peut écouter en lui la résonance de la promesse divine : ‘tu n’es pas seul, et je te promets que tu le seras encore moins à travers la mort’. La foule immense tous les saints sera ta famille, pour toujours’.

Autrement dit : comment fêter Noël sans déjà fêter Pâques par anticipation ? Aller vers, c’est l’attention que nous devons porter à ce monde si au nom de l’Incarnation. Aller au-delà, c’est l’espérance invincible que notre action s’inscrit sur un horizon infini. Réduire la foi chrétienne au seul moteur pour aller vers les autres serait trahir l’espérance de Noël–Pâques ! C’est une tentation très contemporaine : séculariser la foi chrétienne pour l’utiliser au service de notre action dans le monde.

Un seul exemple : Bruno Latour, pape de la philosophie écologique, confesse être largement inspiré par sa foi chrétienne, mais à condition qu’elle ne s’intéresse qu’à ici-bas, sinon elle deviendrait selon lui un divertissement illusoire.

Interview à Philosophie Magazine n° 147 (Février 2021) :

Noël, l’anti kodokushi dans Communauté spirituelle pmfr147p1couvsmall« - Vous prenez de grandes libertés vis-à-vis du catéchisme, vous décapez le message en disant qu’il faut cesser de croire au Ciel, ne s’intéresser qu’à l’ici-bas…

- Ce n’est pas moi, c’est mon pape qui s’est lancé dans une sacrée entreprise, avec son encyclique de 2015 Laudato si sur la « sauvegarde de la maison commune », donc sur la dégradation environnementale et le réchauffement climatique. Le médiéviste américain Lynn White [1907-1987] a montré dans un article retentissant paru en 1967 que saint François d’Assise était en son temps une sorte d’hérétique, maintenu au sein de l’Église alors qu’il proposait une écologie avant l’heure. En choisissant le nom de François, le pape actuel renoue avec cette dissidence. Pensez aussi au psaume 104« Seigneur, tu renouvelles la face de la Terre ». Plus largement, il y a dans le christianisme tout un mouvement de descente, d’incarnation, qui nous amène à comprendre que notre tâche est ici-bas. Comme institution, l’Église catholique est dans un état catastrophique, et la crise écologique peut être l’occasion d’une transformation, d’un renoncement à l’idée de transcendance et d’un intérêt plus grand porté à l’immanence. »

Bigre : le pape de l’écologie nous invite à renoncer à la transcendance ?

Carl Schmitt disait que les grandes idées politiques ne sont jamais que des concepts théologiques sécularisés… D’ailleurs, Bruno Latour parle de Gaïa au lieu de nature, environnement, Terre, ce qui évoque irrésistiblement une référence païenne excluant toute transcendance, là où les chrétiens persistent à parler de Création dont l’homme est le gérant.

Faut-il renoncer à toute transcendance pour fêter Noël ? Faut-il ne s’intéresser qu’à ce monde sous prétexte que l’autre monde nous détournerait de notre responsabilité ? Devant ces réductions trop horizontales de Noël au seul présent, Paul s’écrie : « Si nous avons mis notre espoir dans le Christ pour cette vie seulement, nous sommes les plus à plaindre de tous les hommes ! » (1 Co 15, 19).

 

Noël n’est pas une fête sucrée

Décidément, l’enfant de la crèche nous engage à un rude combat : faire reculer la solitude, retisser des liens là où ils ont cédé, inclure au lieu d’exclure…

Fêter Noël demande à la fois de tenir l’immanence (la foi comme moteur pour agir ici-bas) et la transcendance (la foi comme espérance d’un au-delà de notre action).

Qu’autour de nous la kodokushi – la mort solitaire - s’efface grâce à nos visites, nos accompagnements, notre sollicitude !

Allons vers ceux qui n’attendent plus rien, et nous serons attablés au meilleur réveillon de Noël : celui qui fait naître à la communion fraternelle, qui pour nous provient de la communion trinitaire.

______________________________________

[1]. Téléchargeable ici : https://www.petitsfreresdespauvres.fr/informer/prises-de-positions/mort-sociale-luttons-contre-l-aggravation-alarmante-de-l-isolement-des-aines

 

MESSE DE LA NUIT


PREMIÈRE LECTURE
« Un enfant nous est né » (Is 9, 1-6)

 

Lecture du livre du prophète Isaïe

Le peuple qui marchait dans les ténèbres a vu se lever une grande lumière ; et sur les habitants du pays de l’ombre, une lumière a resplendi. Tu as prodigué la joie, tu as fait grandir l’allégresse : ils se réjouissent devant toi, comme on se réjouit de la moisson, comme on exulte au partage du butin. Car le joug qui pesait sur lui, la barre qui meurtrissait son épaule, le bâton du tyran, tu les as brisés comme au jour de Madiane. Et les bottes qui frappaient le sol, et les manteaux couverts de sang, les voilà tous brûlés : le feu les a dévorés.
Oui, un enfant nous est né, un fils nous a été donné ! Sur son épaule est le signe du pouvoir ; son nom est proclamé : « Conseiller-merveilleux, Dieu-Fort, Père-à-jamais, Prince-de-la-Paix. » Et le pouvoir s’étendra, et la paix sera sans fin pour le trône de David et pour son règne qu’il établira, qu’il affermira sur le droit et la justice dès maintenant et pour toujours. Il fera cela, l’amour jaloux du Seigneur de l’univers !

 

PSAUME

(Ps 95 (96), 1-2a, 2b-3, 11-12a, 12b-13a, 13bc)
R/ Aujourd’hui, un Sauveur nous est né : ’est le Christ, le Seigneur. (cf. Lc 2, 11)

 

Chantez au Seigneur un chant nouveau,
chantez au Seigneur, terre entière,
chantez au Seigneur et bénissez son nom !

 

De jour en jour, proclamez son salut,
racontez à tous les peuples sa gloire,
à toutes les nations ses merveilles !

 

Joie au ciel ! Exulte la terre !
Les masses de la mer mugissent,
la campagne tout entière est en fête.

 

Les arbres des forêts dansent de joie
devant la face du Seigneur, car il vient,
car il vient pour juger la terre.

Il jugera le monde avec justice
et les peuples selon sa vérité.

 

DEUXIÈME LECTURE

« La grâce de Dieu s’est manifestée pour tous les hommes » (Tt 2, 11-14)

 

Lecture de la lettre de saint Paul apôtre à Tite

Bien-aimé, la grâce de Dieu s’est manifestée pour le salut de tous les hommes. Elle nous apprend à renoncer à l’impiété et aux convoitises de ce monde, et à vivre dans le temps présent de manière raisonnable, avec justice et piété, attendant que se réalise la bienheureuse espérance : la manifestation de la gloire de notre grand Dieu et Sauveur, Jésus Christ. Car il s’est donné pour nous afin de nous racheter de toutes nos fautes, et de nous purifier pour faire de nous son peuple, un peuple ardent à faire le bien.

 

ÉVANGILE

« Aujourd’hui vous est né un Sauveur » (Lc 2, 1-14)
Alléluia. Alléluia. Je vous annonce une grande joie : Aujourd’hui vous est né un Sauveur qui est le Christ, le Seigneur ! Alléluia. (cf. Lc 2, 10-11)

 

Évangile de Jésus Christ selon saint Luc

 En ces jours-là, parut un édit de l’empereur Auguste, ordonnant de recenser toute la terre – ce premier recensement eut lieu lorsque Quirinius était gouverneur de Syrie. Et tous allaient se faire recenser, chacun dans sa ville d’origine. Joseph, lui aussi, monta de Galilée, depuis la ville de Nazareth, vers la Judée, jusqu’à la ville de David appelée Bethléem. Il était en effet de la maison et de la lignée de David. Il venait se faire recenser avec Marie, qui lui avait été accordée en mariage et qui était enceinte.
Or, pendant qu’ils étaient là, le temps où elle devait enfanter fut accompli. Et elle mit au monde son fils premier-né ; elle l’emmaillota et le coucha dans une mangeoire, car il n’y avait pas de place pour eux dans la salle commune. Dans la même région, il y avait des bergers qui vivaient dehors et passaient la nuit dans les champs pour garder leurs troupeaux. L’ange du Seigneur se présenta devant eux, et la gloire du Seigneur les enveloppa de sa lumière. Ils furent saisis d’une grande crainte. Alors l’ange leur dit : « Ne craignez pas, car voici que je vous annonce une bonne nouvelle, qui sera une grande joie pour tout le peuple : Aujourd’hui, dans la ville de David, vous est né un Sauveur qui est le Christ, le Seigneur. Et voici le signe qui vous est donné : vous trouverez un nouveau-né emmailloté et couché dans une mangeoire. » Et soudain, il y eut avec l’ange une troupe céleste innombrable, qui louait Dieu en disant : « Gloire à Dieu au plus haut des cieux, et paix sur la terre aux hommes, qu’Il aime. »
Patrick Braud

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19 décembre 2021

Noël : assumer notre généalogie

Classé sous Communauté spirituelle — lhomeliedudimanche @ 12 h 30 min

Noël : assumer notre généalogie

 Homélie pour la fête de Noël / Année C
25/12/2021

Cf. également :

Noël : La contagion du Verbe
Y aura-t-il du neuf à Noël ?
Noël : évangéliser le païen en nous
Tenir conte de Noël
Noël : solstices en tous genres
Noël : Il n’y avait pas de place pour eux dans la salle commune…
Noël : la trêve des braves
Noël : croyance dure ou croyance molle ?
Le potlatch de Noël
La bienveillance de Noël
Noël « numérique », version réseaux sociaux…
Noël : « On vous écrira… »
Enfanter le Verbe en nous…

Raconter notre histoire familiale

African music roots Senegal Soundioulou Sissoko cora kora griot musique africaine traditional traditionnelle anthologyJe me souviens de funérailles en Afrique noire, il y a bien longtemps. Des funérailles immenses à la mesure du défunt, chef important d’un village important. Il y eut trois jours de festivités, avec une foule incroyable qui arrivait et repartait sans cesse, des sacrifices d’animaux par dizaines, des danses, des masques… Je me souviens notamment de l’éloge funèbre prononcé par le griot devant la case du chef, sa veuve étant sur le seuil sans franchir son confinement symbolique. Pendant longtemps, très longtemps, le griot accompagné d’un tambour a chanté les louanges du chef en racontant l’histoire de sa famille depuis aussi loin que la mémoire humaine le pouvait. Je me faisais traduire, et j’écoutais les noms défiler, leurs hauts faits, leurs alliances, leurs victoires.

Depuis, en relisant la généalogie de ce jour de Noël, j’ai à chaque fois l’impression que Matthieu s’est transformé en griot pour nous présenter le héros de son livre ! C’est vrai que le début de l’Évangile de Matthieu nous met d’emblée devant l’histoire d’un nom, d’une famille, sur des générations. Matthieu fait de cette généalogie une nouvelle Genèse ; il utilise le même mot : commencement (genêsis en grec, bereshit en hébreu) que lors de la création du monde (Gn 1,1). On doit faire ici la distinction entre origine et commencement : l’origine concerne l’histoire-avant, le commencement est ce qui naît à partir de. Matthieu n’est pas intéressé par l’origine de Jésus, mais par son commencement. L’enjeu du récit familial n’est donc pas archéologique, mais existentiel.

Quels sont les commencements qui prennent corps dans mon histoire ?

Quand on sait que Matthieu terminera son Évangile par la perspective grandiose de la fin des temps (« et moi je suis avec vous tous les jours jusqu’à la fin des temps » Mt 28,20), on voit que Matthieu veut embrasser toute histoire humaine, du commencement à sa fin. Et la généalogie en est sa porte d’entrée.
« Engendrer » est l’unique verbe employé dans ces versets. Sa répétition vaut pour une insistance sur la cohérence et la progression du déroulement des événements : la naissance de Jésus est ici racontée en termes d’accomplissement.

Et nous ? Sommes-nous capable de raconter d’où nous venons et ce qui naît en nous ? Les hauts et les bas de notre famille sur plusieurs générations ?
Il existe d’ailleurs un métier qui consiste à aider des anciens à coucher par écrit leur histoire et celle de leurs aïeux avant qu’ils ne s’en aillent. Un proverbe africain ne dit-il pas : « un vieux qui meurt, c’est une bibliothèque qui brûle » ?
Fêter Noël, c’est d’abord selon Matthieu reconstituer l’histoire qui nous a façonnés, pour y discerner ce dont elle accouche. Histoire familiale bien sûr. Mais également l’histoire de notre pays (ce que l’on appelle le roman historique national), par exemple de Lascaux à Clovis, de Clovis à Charlemagne, de Charlemagne à Louis XVI, de la révolution aux guerres mondiales etc. L’humanité elle-même a besoin de se raconter son histoire globale depuis les origines. Le succès du livre « Sapiens : Une brève histoire de l’humanité » (2011), de Yuval Noah Harari, est à ce titre révélateur. D’où les grandes cosmogonies (récits de conception du monde) qui caractérisent chaque culture : la création par les divinités, le déluge, et aujourd’hui le Big-bang ou le vide quantique etc.
Pour le Messie de Noël comme pour chacun de nous, impossible de naître vraiment sans se rattacher à une histoire longue, qu’il faut pouvoir raconter à d’autres pour dire qui nous sommes, et pour la transmettre à nos enfants [1].
Que puis-je raconter de mon histoire familiale, depuis les origines ?

 

Périodiser l’histoire

Les généalogies de JésusMatthieu a travaillé avec soin son découpage de sa généalogie. En 3 périodes égales, de 14 générations chacune. Avec 2 moments charnières entre les périodes : David et l’exil à Babylone.
3 est le chiffre divin (Dieu 3 fois Saint, la Trinité) : distinguer 3 périodes est pour Matthieu le moyen le plus simple d’affirmer que Dieu est à l’œuvre dans cette généalogie. Un regard de foi va permettre de relire la succession des noms humains comme la trace de l’œuvre de Dieu en faveur de son peuple, jusqu’à lui donner le Messie (Christ), l’homme du 8e jour.
14 est un nombre très humain : c’est le chiffre du couple homme-femme (2) multiplié par 7 (le chiffre de la première création en 7 jours). C’est donc toute l’histoire humaine en attente de la 2e création. Rien que par la symbolique de ces nombres 3, 14, 2 et 7, Matthieu nous avertit que l’histoire familiale de Jésus est humaine, très humaine, et que Dieu va porter à son accomplissement l’effort de cette succession de générations pour l’amener de 2 à 3, de 7 à 8.

Ce découpage répond également à un autre besoin : pouvoir mémoriser facilement cette généalogie afin de la raconter sans se tromper le soir autour du feu, à la manière du griot accompagné du tambour. Périodiser notre histoire familiale, personnelle et collective, demande de déceler les époques-charnières, les moments-pivots où quelqu’un, quelque chose a changé le cours des événements. Matthieu a choisi 2 événements clés pour découper ces 3 périodes : la royauté de David et l’exil à Babylone. Le premier est judicieux : c’est un choix qui parle au cœur de tous les juifs. Le grand roi David incarne en effet un idéal de roi juste et religieux, couronné de paix et de prospérité, grâce à l’onction messianique reçue de Samuel. À tel point que « fils de David » sera le titre le plus populaire décerné à Jésus par les foules en attente. Par contre, le choix de la déportation à Babylone a dû choquer les lecteurs de Matthieu. Un peu comme si on faisait de la conférence de Wannsee (1942) sur la solution finale le repère de l’histoire juive contemporaine ! Rappeler Babylone pour Matthieu correspondant donc à un choix délibéré. Avant David, il aurait pu choisir le don de la loi au Sinaï, après lui le retour d’exil. Mais non : le seul nom de Babylone rappelait aux lecteurs que Jésus est né dans une lignée ayant connu bien des catastrophes, bien des revers. Ce n’est pas à la force du poignet qu’Israël a engendré le Messie, parce qu’il aurait été le plus fort ou le plus juste. C’est par don gratuit de Dieu. Insérer Babylone dans la généalogie de Jésus oblige à rester humble, à ne pas écrire l’histoire du point de vue des vainqueurs seulement.

Quels sont les moments charnières où notre histoire personnelle a basculé ?
Quels sont nos David et nos Babylone dont nous devons croiser les fils pour notre propre récit sur nos origines ?

Dans une famille, il y a toujours des figures glorieuses qu’on veut mettre en avant. Il y a inévitablement d’autres figures qu’on préférerait taire, des ‘cadavres dans le placard’ (suicides, divorces, prisons, faillites etc.) dont le silence sur elles engendre mal-être et troubles divers chez les descendants.
À nous d’enquêter s’il le faut pour reconstituer une histoire honnête et franche, sans l’embellir (Babylone) ni la dévaloriser (David).

 

Les femmes du scandale

5 femmes à scandale dans la généalogie de JésusÀ la différence de Luc qui n’en mentionne aucune dans sa généalogie si différente (Lc 3, 23-38), Matthieu nomme 5 femmes dans l’ascendance de Jésus. Et ce sont 5 femmes à scandale [2], hors normes, choisies volontairement par Matthieu qui montre ainsi que Dieu assume nos contradictions, nos écarts pour tracer son chemin.
Tamar est cette veuve sans enfants (double malheur) qui va quand même obtenir par la ruse ce que la vie ne lui accordait pas. Elle se déguise en prostituées et couche avec son beau-père pour donner malgré tout à son mari un fils de son sang (Gn 38).
Et voilà que Jésus compte un inceste dans ses origines !
Puis vient Rahab, la prostituée de Jéricho (Jo 2;6;7) qui a caché les éclaireurs envoyés par Josué pour conquérir la ville. Le fil écarlate accroché à sa fenêtre en guise de signal d’invasion est devenu célèbre.
Et voilà que Jésus compte une prostituée parmi ses ancêtres !
Puis vient Ruth, cette étrangère de Moab, qui séduit Booz à Bethléem, se convertit, devient l’arrière-grand-mère de David (cf. le livre de Ruth).
Et voilà que Jésus est de sang-mêlé, puisqu’il a une étrangère (païenne de surcroît) dans ses origines !
Puis vient la femme d’Ourias. Nous savons qu’elle s’appelle Bethsabée. Mais Matthieu ne la nomme pas, comme pour rappeler le forfait de David qui l’a prise à Ourias, son mari, général d’armée que David va envoyer au front pour l’éliminer. Ainsi il recueillait dans son lit la maîtresse avec qui il avait déjà commis l’adultère en la violant.
Et voilà que Jésus est fils d’un roi adultère, violeur, voleur, assassin !
Puis enfin vient Marie, la seule femme dont Matthieu dit qu’elle ait engendré. Femme hors normes, puisque cela se fait sans Joseph d’après ce que le texte indique.
Et voilà que Jésus a pour mère une vierge !

5 étant le chiffre de la loi (les 5 livres du Pentateuque), on voit que les 5 femmes choisies par Matthieu annoncent une Loi nouvelle, où la vertu morale n’est pas la condition du salut, où la pureté du sang n’est qu’une chimère, où les hors-normes sont des relais de la grâce divine. Matthieu aurait pu citer des femmes bien plus prestigieuses : Sarah, Rebecca, Rachel, Déborah, Esther, Judith ou Anne etc. Mais non : les 5 femmes du scandale font entrer le Messie de Noël dans une humanité où la norme humaine n’est pas divine, où Dieu écrit droit avec des lignes courbes (selon le proverbe portugais que Claudel met en exergue du « Soulier de satin »).

C’est par ces femmes aussi que Jésus est « fils d’Abraham », alors que Luc dans sa  généalogie l’établira « fils d’Adam » : l’un veut montrer l’accomplissement des promesses de l’Alliance d’Abraham en Jésus, l’autre annonce que ces promesses sont étendues à toute l’humanité en Jésus nouvel Adam.

 

Les anonymes, les petits

À partir de la déportation à Babylone, les personnages évoqués ne sont guère connus, même en Israël. On revient à une lignée d’anonymes, de gens simples et modestes qui n’ont guère laissé de traces dans l’histoire. Mais justement, Matthieu veut souligner que Dieu naît aussi au milieu des petits, grâce à eux. Les frasques des puissants sont un peu le miroir aux alouettes des histoires officielles. L’existence des gens simples et ordinaires est tout aussi essentielle pour que Dieu naisse en nous. Matthieu aura particulièrement le souci de ces petits : le massacre des innocents à Noël, les petits du jugement dernier etc.
À nous de réintégrer les petits, les gens simples et ordinaires dans nos récits, nos mémoires, en famille comme en société.

 

Le but du récit : savoir qui je suis

La finale de notre texte dit clairement son intention : « … Marie, de laquelle fut engendré Jésus, que l’on appelle Christ ». Le but du récit est clairement d’établir l’identité messianique (christique) de Jésus. Les troubles de l’identité viennent souvent d’une absence d’ancrage historique. Matthieu veut établir que le Messie qui prend corps à travers Israël depuis des siècles est bien Jésus, né à Bethléem de Marie.

Si je dois raconter d’où je viens, c’est d’abord pour dire qui je suis. Ce que Paul Ricœur appelle l’identité narrative. C’est en racontant que je prends conscience de ma singularité, et que je peux l’exposer aux autres. Comment savoir qui je suis sans remonter le fil du temps ? À travers les séparations, les brouilles, les oublis, je peux m’inscrire dans une vague de visages et d’événements qui ont leur cohérence.

Noël : assumer notre généalogie dans Communauté spirituelle arbre-de-jesse-920x500

 

Laisser un vide dans le récit

Le jeu du taquin (Michelin)En finale, le lecteur sera un peu surpris de constater… que Matthieu ne sait pas compter ! On effet, il annonce 3 × 14 générations, mais la dernière période n’en compte que 13 et non 14 ! Où est passée la 14e ?
Si Matthieu laisse un blanc, c’est sans aucun doute voulu.
S’il laisse ouverte la liste, c’est pour nous y inscrire.
S’il ne boucle pas la 14e génération, c’est parce qu’elle est là sous nos yeux.
Le vide laissé dans cette succession – à la manière du jeu du taquin – nous permet de nous y insérer. Nous sommes de la génération Jésus-Christ qui couronne l’action de Dieu dans l’histoire en lui faisant porter ses fruits messianiques de justice et de paix, d’amour et de vérité, de pardon et de fidélité.

 

 

Prenons donc place dans cette longue lignée d’illustres et d’obscurs, de pécheurs et de justes, qui a engendré le Messie de Noël et continue de le faire en nos cœurs.

 


[1]. L’ensemble de cet article s’inspire de Céline Rohmer, « L’écriture généalogique au service d’un discours théologique : une lecture de la généalogie de Jésus dans l’évangile selon Matthieu », Cahiers d’études du religieux. Recherches interdisciplinaires, 2017. Cf. https://journals.openedition.org/cerri/1697

[2]. E. De Luca, Les saintes du scandale, Paris, Mercure de France, 2013.


MESSE DE LA VEILLE AU SOIR

PREMIÈRE LECTURE
« Tu seras la joie de ton Dieu » (Is 62, 1-5)

Lecture du livre du prophète Isaïe

 Pour la cause de Sion, je ne me tairai pas, et pour Jérusalem, je n’aurai de cesse que sa justice ne paraisse dans la clarté, et son salut comme une torche qui brûle. Et les nations verront ta justice ; tous les rois verront ta gloire. On te nommera d’un nom nouveau que la bouche du Seigneur dictera. Tu seras une couronne brillante dans la main du Seigneur, un diadème royal entre les doigts de ton Dieu. On ne te dira plus : « Délaissée ! » À ton pays, nul ne dira : « Désolation ! » Toi, tu seras appelée « Ma Préférence », cette terre se nommera « L’Épousée ». Car le Seigneur t’a préférée, et cette terre deviendra « L’Épousée ». Comme un jeune homme épouse une vierge, ton Bâtisseur t’épousera. Comme la jeune mariée fait la joie de son mari, tu seras la joie de ton Dieu.

PSAUME
(Ps 88 (89), 4-5, 16-17, 27.29)
R/ L’amour du Seigneur, sans fin je le chante ! (cf. Ps 88, 2a)

« Avec mon élu, j’ai fait une alliance,
j’ai juré à David, mon serviteur :
J’établirai ta dynastie pour toujours,
je te bâtis un trône pour la suite des âges. »

Heureux le peuple qui connaît l’ovation !
Seigneur, il marche à la lumière de ta face ;
tout le jour, à ton nom il danse de joie,
fier de ton juste pouvoir.

« Il me dira : Tu es mon Père,
mon Dieu, mon roc et mon salut !
Sans fin je lui garderai mon amour,
mon alliance avec lui sera fidèle. »

DEUXIÈME LECTURE
Le témoignage de Paul au sujet du Christ, fils de David (Ac 13, 16-17.22-25)

Lecture du livre des Actes des Apôtres

Invité à prendre la parole dans la synagogue d’Antioche de Pisidie, Paul se leva, fit un signe de la main et dit : « Israélites, et vous aussi qui craignez Dieu, écoutez : Le Dieu de ce peuple, le Dieu d’Israël a choisi nos pères ; il a fait grandir son peuple pendant le séjour en Égypte et il l’en a fait sortir à bras étendu. Plus tard, Dieu a, pour eux, suscité David comme roi, et il lui a rendu ce témoignage : J’ai trouvé David, fils de Jessé ;c’est un homme selon mon cœurqui réalisera toutes mes volontés. De la descendance de David, Dieu, selon la promesse, a fait sortir un sauveur pour Israël : c’est Jésus, dont Jean le Baptiste a préparé l’avènement, en proclamant avant lui un baptême de conversion pour tout le peuple d’Israël. Au moment d’achever sa course, Jean disait : ‘Ce que vous pensez que je suis, je ne le suis pas. Mais le voici qui vient après moi, et je ne suis pas digne de retirer les sandales de ses pieds.’ »

ÉVANGILE
« Généalogie de Jésus, Christ, fils de David » (Mt 1, 1-25)
Alléluia. Alléluia. Demain sera détruit le péché de la terre, et sur nous régnera le Sauveur du monde. Alléluia.

Évangile de Jésus Christ selon saint Matthieu

Commencement (Généalogie) de Jésus, Christ, fils de David, fils d’Abraham.
Abraham engendra Isaac, Isaac engendra Jacob, Jacob engendra Juda et ses frères, Juda, de son union avec Thamar, engendra Pharès et Zara, Pharès engendra Esrom, Esrom engendra Aram, Aram engendra Aminadab, Aminadab engendra Naassone, Naassone engendra Salmone, Salmone, de son union avec Rahab, engendra Booz, Booz, de son union avec Ruth, engendra Jobed, Jobed engendra Jessé, Jessé engendra le roi David.
David, de son union avec la femme d’Ourias, engendra Salomon, Salomon engendra Roboam, Roboam engendra Abia, Abia engendra Asa, Asa engendra Josaphat, Josaphat engendra Joram, Joram engendra Ozias, Ozias engendra Joatham, Joatham engendra Acaz, Acaz engendra Ézékias, Ézékias engendra Manassé, Manassé engendra Amone, Amone engendra Josias, Josias engendra Jékonias et ses frères à l’époque de l’exil à Babylone.
Après l’exil à Babylone, Jékonias engendra Salathiel, Salathiel engendra Zorobabel, Zorobabel engendra Abioud, Abioud engendra Éliakim, Éliakim engendra Azor, Azor engendra Sadok, Sadok engendra Akim, Akim engendra Élioud, Élioud engendra Éléazar, Éléazar engendra Mattane, Mattane engendra Jacob, Jacob engendra Joseph, l’époux de Marie, de laquelle fut engendré Jésus, que l’on appelle Christ.
Le nombre total des générations est donc : depuis Abraham jusqu’à David, quatorze générations ; depuis David jusqu’à l’exil à Babylone, quatorze générations ; depuis l’exil à Babylone jusqu’au Christ, quatorze générations.
Patrick BRAUD

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23 décembre 2020

Le chariot de Noël version Bansky

Classé sous Communauté spirituelle — lhomeliedudimanche @ 0 h 01 min

Bansky

Banksy, célèbre artiste de street-art à l’identité inconnue, a réalisé une cette œuvre en 2019. Cette fois-ci à Birmingham. À l’approche de Noël et du froid de l’hiver.

L’an dernier, nous avions partagé le détournement du mur entre palestiniens et Israéliens pour y loger l’étoile de Bethléem, telle un éclat de munition ayant traversé le mur :

Que Noël vous apporte une joie simple et durable !

Cette année, ce clochard emporté par les rennes de Noël – comme Elie sur son chariot de feu (2 R 2,11) ! - nous donne l’espoir qu’un jour les délaissés se réveilleront auprès de Dieu, tout étonnés d’avoir été choisis pour partager son intimité, alors que les hommes leur refusaient la leur. Un bonheur illucide en somme (cf. Toussaint : le bonheur illucide )

Je vous souhaite un Noël proche de ceux qui n’en ont plus…

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20 décembre 2020

Noël : La contagion du Verbe

Classé sous Communauté spirituelle — lhomeliedudimanche @ 12 h 30 min

Noël : La contagion du Verbe

Homélie de Noël / Année B
25/12/2020

Cf. également :

Y aura-t-il du neuf à Noël ?
Noël : évangéliser le païen en nous
Tenir conte de Noël
Noël : solstices en tous genres
Noël : Il n’y avait pas de place pour eux dans la salle commune…
Noël : la trêve des braves
Noël : croyance dure ou croyance molle ?
Le potlatch de Noël
La bienveillance de Noël
Noël « numérique », version réseaux sociaux…
Noël : « On vous écrira… »
Enfanter le Verbe en nous…

Le corps est langage

Une vidéo a été vue plus de 2 millions de fois sur YouTube : on y voit une ancienne ballerine espagnole, maintenant âgée, en fauteuil roulant, dans une maison de retraite. Alors que résonnent les premières notes du « Lac des cygnes » de Tchaïkovski, Marta Cinta s’illumine lentement. Elle tente d’abord d’esquisser quelques mouvements, puis renonce, se décourage. Finalement elle se reprend, et dessine de ses mains la chorégraphie du ballet de Tchaïkovski, pendant plusieurs minutes, avec une grâce et une minutie saisissantes…

Le corps a sa mémoire ! Le corps humain parle à sa manière. Notre chair se souvient, frémit d’angoisse ou de joie, exprime ses émotions dans un langage paraverbal très riche en messages pour les autres comme pour nous-même. Eh bien !, à Noël, on peut dire que notre vieille humanité, souvent immobilisée comme la ballerine âgée, reçoit du Verbe fait chair la capacité de se mettre en mouvement, de faire parler son corps et danser ses émotions !

Depuis le mois de mars, nous mesurons mieux comment la propagation d’une petite chose comme le Coronavirus peut en circulant modifier les modes de vie des humains sur notre planète. Nous l’avions entendu dire à propos de la grande peste d’Occident au XIV° siècle ; nos grands-parents nous avaient raconté la grippe espagnole de 1918 et ses millions de morts. Mais là nous revivons cette tragique réalité : en nous contaminant mutuellement nous propageons l’épidémie à tous à une vitesse incroyable. L’allégement du confinement depuis le 15 décembre ne doit pas nous illusionner : c’est la permission du moment, pour fêter Noël et le nouvel an, mais après, la troisième vague pourrait bien déferler de nouveau…

En cette nuit de Noël, nous fêtons un Dieu qui est à l’exact opposé de cette pandémie. Lui, le Verbe fait chair, a initié en ce monde une propagation bien plus efficace que celle de la Covid : la contagion du Verbe, la contamination du bien. La circulation du virus peut nous aider en négatif à mieux comprendre comment cette toute petite chose dans la paille de l’auberge de Bethléem continue à transformer le monde mieux que le meilleur des antivirus.

 

Le Logos fait parler

En désignant Jésus comme le Verbe de Dieu, l’évangéliste Jean utilise le mot grec Logos, qui signifie parole mais aussi raison (rationalité). La plupart des sciences humaines intègrent le Logos comme suffixe : sociologie, anthropologie, philologie, théologie, sémiologie, criminologie etc. Le Logos est là dès qu’il s’agit d’élaborer un discours rationnel sur un phénomène, ce qu’on appelle une science. Le Logos est par excellence ce qui fait parler, ce par quoi l’on parle. D’ailleurs, en français, quand quelqu’un est intarissable au point de ne pas pouvoir s’arrêter de parler, on dit qu’il est atteint de logorrhée, sorte de diarrhée verbale.

Appeler Logos le bébé de la crèche est un oxymore, puisque l’enfant (en latin in-fans) désigne justement celui qui ne peut pas parler. Le nouveau-né ne peut que crier, pleurer et pousser quelques soupirs de satisfaction après avoir tété. Mais cet enfant-là est le Verbe fait chair. Avec lui, toute chair se met à parler. Écoutez : il y a comme une réaction en chaîne avec cette naissance ! Les anges toujours exubérants chantent le Gloria à tue-tête mieux que dans une pastorale des santons de Provence. Les bergers, ces analphabètes qu’on n’écoute jamais, se parlent et vont s’émerveiller devant la mangeoire où ils chuchoteront leur étonnement ravi. Les mages se mettent en route car ils ont su faire parler le signe d’une étoile dans le ciel. Même les vieux textes prophétiques se mettent à parler ! La prophétie de Malachie sur Bethléem s’accomplit, et tous les passages parlant du Messie, de la Genèse aux derniers prophètes en passant par les psaumes, convergent soudain vers Jésus. Quand les événements deviennent des signes (mages), quand les plus pauvres osent prendre la parole (bergers), quand les textes deviennent limpides pour éclairer l’actualité (Malachie), quand une autre musique se fait entendre venue d’ailleurs (anges), alors le Verbe prend chair dans nos vies, aujourd’hui comme à Noël.

Oui, ce Logos fait parler : la louange des anges, l’émerveillement des bergers, l’offrande des mages, le sens des textes. Voilà bien une première bonne nouvelle de Noël : le Verbe s’est fait chair pour que notre chair puisse parler ! Et Dieu sait que notre corps a des choses à dire, il une mémoire à exprimer. Tout notre être est fait pour communiquer, entrer en relation. Alors que le confinement nous entraîne à la solitude, voire à l’isolement pour certains, en tout cas au repli sur soi, la naissance de cette nuit nous redit que nous sommes faits pour parler, toucher, nous confier, nous abandonner.

Pour être honnête, il faut également mentionner que le Verbe incarné fait parler les forces du mal dont les accusations se déchaînèrent contre l’humble Messie de Bethléem. Hérode interroge les mages pour supprimer son rival potentiel. Les aubergistes de Bethléem refusent de faire de la place à ce couple étranger descendant de Nazareth. Demain, les puissants, les autorités politiques et religieuses, la foule, les possédés vociféreront contre ce Messie devant lequel décidément on ne peut pas se taire (sauf peut-être Marie « qui médite toutes ces choses en son cœur »).

À Noël, le Verbe de Dieu a pris chair de notre chair pour que notre chair apprenne à parler comme Dieu…

 

Les antis gestes barrières

À bien y regarder, Noël manifeste un Dieu assez rebelle aux mesures anti-Covid qui nous contraignent depuis le mois de mars !

 

- Bas les masques !

La venue de cet enfant démasque la folie politique d’Hérode, la démesure (hybris) de son désir de pouvoir. Par contre, le vrai visage des bergers est révélé, non plus nomades marginaux peu considérés, mais les premiers à se réjouir et à reconnaître le Messie. Il en est ainsi pour tous les protagonistes des récits de Noël : le visage exposé, vulnérable, sans fard, du nouveau-né incarnant la présence divine bouleverse les stratégies et les apparences. Les masques tombent : chacun est révélé à lui-même ou aux autres tel qu’il est, sans les étiquettes habituelles.

 

- Le Tout-proche

Vous vous souvenez de ce désastreux slogan officiel : « quand on aime ses proches, on ne s’approche pas trop ».

Le gouvernement a remis le couvert pour Noël avec une publicité où une petite fille éloigne deux Pères Noël trop proches sur la bûche du réveillon…

On comprend la visée sanitaire de cette fameuse distanciation sociale en temps de virus. Mais elle induit à la longue une sorte de méfiance envers la proximité, le contact, le toucher, l’intimité. Une amie célibataire me confiait qu’elle prenait rendez-vous avec son kiné en période de confinement sans autre motif que la nécessité pour elle d’avoir quelqu’un qui la touche, la manipule, lui assure par ce contact physique qu’elle était vivante. À la différence des cartes bancaires, nous ne sommes pas faits pour le sans contact ! C’est inhumain. L’enfant de Noël, lui, se laisse langer, allaiter, manipuler, trimbaler sur le dos de sa mère ou sur l’âne de Joseph.

 

- S’exposer à l’infect

Noël : La contagion du Verbe dans Communauté spirituelle Jesus-Christ-guerit-dix-lepreuxMalgré le risque de contamination dû au péché humain, le Verbe de Dieu n’a pas peur de plonger au plus bas de notre condition. Exposé dès sa naissance au rejet, à l’exclusion, à la persécution (fuite en Égypte), il continuera demain en se rangeant parmi la file des pécheurs au Jourdain, en acceptant de toucher les lépreux, de frayer avec les miséreux, de guérir les handicapés. Pire encore, il sera lui-même assimilé à une ordure en étant condamné au châtiment de la croix, en compagnie de deux criminels avérés.

Pendant l’épidémie, on nous répète à l’envie qu’il nous faut tout désinfecter régulièrement. Entre deux clients au restaurant, le serveur doit désinfecter tables et couverts. Dans les bureaux, poignées de portes, open space et photocopieurs sont nettoyés chaque jour etc. Le risque serait de finir par croire qu’un isolement aseptisé vaut mieux qu’une vie exposée. Jésus a toujours voulu rejoindre ceux qui étaient au plus bas, jusqu’à faire corps avec eux dans leur infection, c’est-à-dire ce qui les rendait infectés et infects aux yeux de leurs contemporains. Les Évangiles grouillent de ces Cours des miracles où Jésus aimait rencontrer ceux qui ne comptaient plus pour la société. Pendant les grandes épidémies, des saints et des saintes admirables ont préféré risquer leur vie plutôt que de laisser des malades seuls et abandonnés.

Noël c’est aussi cela : toucher l’infect, communier avec les indésirables.

 

- Ne pas s’en laver les mains

Le gel hydroalcoolique est devenu un compagnon de toutes nos activités. Se laver les mains avant de rentrer dans un commerce, avant de saisir un objet etc. devient une habitude. Or, si elle s’installait, cette préoccupation de l’hygiène pourrait devenir obsessionnelle, voire compulsive. On se souvient que Pilate a immortalisé ce geste en voulant ainsi se dédouaner de la mort de Jésus. Le bois de la mangeoire de Bethléem dans laquelle dort l’enfant annonce le bois de la Croix du Golgotha sur lequel s’endort le Christ dans la mort. Personne ne peut s’en laver les mains. Il n’y a pas de gel hydroalcoolique pour la responsabilité spirituelle ! À nous d’assumer les conséquences de nos actes, de Noël au Vendredi saint, face à l’enfant sur la paille, face au bandit traité comme un sous-homme.

 

- Pas de jauge de 8 m² !

Le propre de Dieu est de « rassembler dans l’unité ses enfants dispersés » (Jn 11,52). Le mot communion est un synonyme de la divinité en christianisme : communion trinitaire, communion ecclésiale, communion universelle. L’Eglise est par nature l’assemblée convoquée où chacun répond à l’appel de Dieu sans choisir son voisin. Impossible de restreindre l’entrée à quelques-uns seulement ! Impossible de se contenter de petits groupes (les JMJ l’ont démontré !). Impossible de ne pas se réunir à plusieurs. Les martyrs chrétiens des premiers siècles ont donné leur vie pour participer au dominicum = rassemblement du dimanche sans lequel il disait ne pas pouvoir vivre.

 

Noël, ou l’anti-confinement

creche01On le voit : Noël conteste radicalement les gestes barrières, les seuils de rassemblement, les obsessions hygiénistes, la trop célèbre distanciation sociale. Cela ne veut pas dire qu’il faudrait désobéir aux mesures de confinement/déconfinement ! Fêter Noël nous aide à ne pas nous habituer à cet état d’urgence un temps nécessaire : si le Verbe de Dieu a voulu naître d’une femme, fréquenter les pécheurs, toucher les lépreux, recevoir l’onction de Marie-Madeleine, s’étendre sur le bois de la croix, c’est pour nous ouvrir un chemin de communion avec Dieu, avec nous-même, avec les autres, avec le monde créé.

Laissons-nous donc toucher dans notre humanité par tout ce qui affecte nos proches.

La place manque pour examiner ce que la stratégie prônée par l’OMS : tester / isoler et tracer / soigner peut nous dire de la stratégie de Dieu à notre égard. On devine que la première étape : tester, fera plutôt référence à notre capacité personnelle d’autoévaluation spirituelle (discernement, accompagnement). La deuxième étape : isoler et tracer, est quant à elle radicalement contestée par la volonté de salut qui pousse Dieu justement à ne pas isoler le pécheur. La troisième étape : soigner, est bien sûre cohérente avec cette même volonté de salut : pardonner, réconcilier, libérer du mal.

La seule mesure à garder serait peut-être l’aération régulière des pièces ! Contre la Covid, cela permet de chasser le virus. Dans une vie chrétienne, cela permet de laisser l’Esprit renouveler régulièrement notre manière de voir et de penser. Ouvrons tout grand nos fenêtres au souffle de l’Esprit pour chasser de nos vies les miasmes de l’isolement et du repli !

Face à la pandémie, notre réel espoir est dans les vaccins que les labos développent en y mettant le paquet. Face à la contagion de la solitude, de la dépression morale et économique, notre réelle espérance est la fraternité inconditionnelle que cet enfant apporte au monde. Le vaccin de la fraternité nous préservera du repli, du déclin. Plutôt que de nous habituer aux horizons rétrécis du confinement, apprenons avec Noël à dilater notre cœur aux dimensions divines.

Cette nuit, le Verbe de Dieu s’est fait chair, pour que notre chair puisse parler !

 

 

MESSE DE LA NUIT

PREMIÈRE LECTURE
« Un enfant nous est né » (Is 9, 1-6)

Lecture du livre du prophète Isaïe
Le peuple qui marchait dans les ténèbres a vu se lever une grande lumière ; et sur les habitants du pays de l’ombre, une lumière a resplendi. Tu as prodigué la joie, tu as fait grandir l’allégresse : ils se réjouissent devant toi, comme on se réjouit de la moisson, comme on exulte au partage du butin. Car le joug qui pesait sur lui, la barre qui meurtrissait son épaule, le bâton du tyran, tu les as brisés comme au jour de Madiane. Et les bottes qui frappaient le sol, et les manteaux couverts de sang, les voilà tous brûlés : le feu les a dévorés.
Oui, un enfant nous est né, un fils nous a été donné ! Sur son épaule est le signe du pouvoir ; son nom est proclamé : « Conseiller-merveilleux, Dieu-Fort, Père-à-jamais, Prince-de-la-Paix. » Et le pouvoir s’étendra, et la paix sera sans fin pour le trône de David et pour son règne qu’il établira, qu’il affermira sur le droit et la justice dès maintenant et pour toujours. Il fera cela, l’amour jaloux du Seigneur de l’univers !

PSAUME
(Ps 95 (96), 1-2a, 2b-3, 11-12a, 12b-13a, 13bc)
R/ Aujourd’hui, un Sauveur nous est né : ’est le Christ, le Seigneur.
 (cf. Lc 2, 11)

Chantez au Seigneur un chant nouveau,
chantez au Seigneur, terre entière,
chantez au Seigneur et bénissez son nom !

De jour en jour, proclamez son salut,
racontez à tous les peuples sa gloire,
à toutes les nations ses merveilles !

Joie au ciel ! Exulte la terre !
Les masses de la mer mugissent,
la campagne tout entière est en fête.

Les arbres des forêts dansent de joie
devant la face du Seigneur, car il vient,
car il vient pour juger la terre.

Il jugera le monde avec justice
et les peuples selon sa vérité.

DEUXIÈME LECTURE
« La grâce de Dieu s’est manifestée pour tous les hommes » (Tt 2, 11-14)

Lecture de la lettre de saint Paul apôtre à Tite

Bien-aimé, la grâce de Dieu s’est manifestée pour le salut de tous les hommes. Elle nous apprend à renoncer à l’impiété et aux convoitises de ce monde, et à vivre dans le temps présent de manière raisonnable, avec justice et piété, attendant que se réalise la bienheureuse espérance : la manifestation de la gloire de notre grand Dieu et Sauveur, Jésus Christ. Car il s’est donné pour nous afin de nous racheter de toutes nos fautes, et de nous purifier pour faire de nous son peuple, un peuple ardent à faire le bien.

ÉVANGILE
« Aujourd’hui vous est né un Sauveur » (Lc 2, 1-14)
Alléluia. Alléluia.
Je vous annonce une grande joie : Aujourd’hui vous est né un Sauveur qui est le Christ, le Seigneur ! Alléluia. (cf. Lc 2, 10-11)

Évangile de Jésus Christ selon saint Luc

 En ces jours-là, parut un édit de l’empereur Auguste, ordonnant de recenser toute la terre – ce premier recensement eut lieu lorsque Quirinius était gouverneur de Syrie. Et tous allaient se faire recenser, chacun dans sa ville d’origine. Joseph, lui aussi, monta de Galilée, depuis la ville de Nazareth, vers la Judée, jusqu’à la ville de David appelée Bethléem. Il était en effet de la maison et de la lignée de David. Il venait se faire recenser avec Marie, qui lui avait été accordée en mariage et qui était enceinte.
Or, pendant qu’ils étaient là, le temps où elle devait enfanter fut accompli. Et elle mit au monde son fils premier-né ; elle l’emmaillota et le coucha dans une mangeoire, car il n’y avait pas de place pour eux dans la salle commune. Dans la même région, il y avait des bergers qui vivaient dehors et passaient la nuit dans les champs pour garder leurs troupeaux. L’ange du Seigneur se présenta devant eux, et la gloire du Seigneur les enveloppa de sa lumière. Ils furent saisis d’une grande crainte. Alors l’ange leur dit : « Ne craignez pas, car voici que je vous annonce une bonne nouvelle, qui sera une grande joie pour tout le peuple : Aujourd’hui, dans la ville de David, vous est né un Sauveur qui est le Christ, le Seigneur. Et voici le signe qui vous est donné : vous trouverez un nouveau-né emmailloté et couché dans une mangeoire. » Et soudain, il y eut avec l’ange une troupe céleste innombrable, qui louait Dieu en disant : « Gloire à Dieu au plus haut des cieux, et paix sur la terre aux hommes, qu’Il aime. »
Patrick Braud

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