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On connaît les œufs de Pâques, le fertile lapin ou les poules en chocolat qui les accompagnent, les cloches qui reviennent de Rome au petit matin, ou encore la lumière du cierge pascal allumé au feu du même nom, le gigot d’agneau, le lys blanc et autres symboles de la Résurrection.
Mais avez-vous déjà imaginé l’humble escargot (la cagouille, le luma, comme on dit en Poitou-Charentes ou dans le Limousin) comme symbole de la vie nouvelle en Christ ?
Stéphane Bataillon, journaliste et poète, réhabilite ce mollusque du bestiaire chrétien (article du journal La Croix, 8 mars 2024, p. 16), et nous donne ainsi à penser quelques harmoniques de la fête de Pâques pour nous aujourd’hui : l’espérance enfouie sous terre, la participation à la mise au tombeau du Christ, la vie intérieure, le labyrinthe de la spirale spirituelle (qui n’est pas sans rappeler celui de Chartres ; cf. La danse pascale du labyrinthe).
Laissez l’escargot pascal nourrir votre méditation de la semaine… !
L’escargot pascal : tout un symbole !
Qui soupçonnerait l’escargot, en l‘observant chercher tranquillement l’ombre de nos jardins, de transporter avec lui l’imposante question de la Résurrection ?
C’est pourtant bien l’une de ses nombreuses significations symboliques, à côté de la lenteur, de la féminité, de la force et de la modestie (portant seul sa coquille, son unique possession).
En 1884, le naturaliste français Arnould Locard signalait dans son Histoire des mollusques dans l’Antiquité la présence dans les tombeaux des chrétiens et des martyrs de la Gaule et de l’Italie « de gastéropodes marins ou terrestres, entiers ou brisés, fixés à l’intérieur même des cercueils, dans lesquels le cadavre était déposé lorsqu’il n’était pas soumis à la crémation ». On retrouva par exemple en 1853 des coquilles d’escargots dans la tombe de saint Eutrope, premier évêque de Saintes.
Un signe de reconnaissance… et d’espérance. Pourquoi ?
Pendant la saison froide, l’escargot hiberneen créant un opercule de calcaire à l’entrée de sa coquille. Il s’enfonce dans la terre ou dans une crevasse pour bénéficier du peu de chaleur disponible et y demeure comme dans un tombeau. Il n’en ressortira qu’au printemps, plein de vie, saison de la résurrection fêtée à Pâques. Une période de trois mois également mise en parallèle avec les trois jours de l’ensevelissement de Jésus avant qu’il ne se relève (sens du mot résurrection). Si cette pratique, courante, semble avoir disparu après le premier millénaire, le Moyen Age a conservé l’escargot comme emblème de la résurrection. On le retrouve au XV° siècle dans un livre d’heures figuré près de la résurrection de Lazare ou sur le bas du portail méridional de la basilique Saint-Rémi de Reims.
Présent sur de nombreuses représentations de pèlerins en chemin vers Dieu, l’escargot est aussi une allégorie d’une vie intérieure « retirée en Dieu » comme dans une coquille au secret.
Un état spirituel loin statique et immobile mais toujours en dynamique, comme en témoigne la spirale, forme géométrique – tout un symbole – formant la carapace du gastéropode et également porteuse d’une riche symbolique. Motif ouvert, la spirale partant de son point d’origine est comme un labyrinthe sécurisé : un chemin circulaire où on ne peut se perdre, guidé par une confiance présente aux deux extrémités de l’existence. Une évolution douce, prudente, cyclique qui permet de grandir et de se déployer à son rythme. Le double mouvement possible en suivant cette spirale, du centre vers l’extérieur ou de l’extérieur vers le centre, évolution ou involution, renforce encore la thématique de cette tension toujours présente entre vie et mort.
Mais la signification de l’escargot peut aussi être négative. Ainsi, dans le Lévitique (11,27), gluant et traînant sur le ventre, il est considéré comme impur et rapproché des vers se développant dans les cadavres.
Cela fait peut-être beaucoup pour une si délicieuse petite bête !
À lire aussi :
Bréviaire du colimaçon. Jacqueline Kelen, DDB, 2015.
L’escargot, Françoise et Yves Cranga, Éd. du bien public, 1991.
L’escargot. Anthologie présentée par Louis Dubost, col. Le bestiaire divin, Muséum national d’histoire naturelle/ Favre, 1998.
LECTURES DE LA MESSE
PREMIÈRE LECTURE « Barnabé leur raconta comment, sur le chemin, Saul avait vu le Seigneur » (Ac 9, 26-31)
Lecture du livre des Actes des Apôtres En ces jours-là, arrivé à Jérusalem, Saul cherchait à se joindre aux disciples, mais tous avaient peur de lui, car ils ne croyaient pas que lui aussi était un disciple. Alors Barnabé le prit avec lui et le présenta aux Apôtres ; il leur raconta comment, sur le chemin, Saul avait vu le Seigneur, qui lui avait parlé, et comment, à Damas, il s’était exprimé avec assurance au nom de Jésus. Dès lors, Saul allait et venait dans Jérusalem avec eux, s’exprimant avec assurance au nom du Seigneur. Il parlait aux Juifs de langue grecque, et discutait avec eux. Mais ceux-ci cherchaient à le supprimer. Mis au courant, les frères l’accompagnèrent jusqu’à Césarée et le firent partir pour Tarse. L’Église était en paix dans toute la Judée, la Galilée et la Samarie ; elle se construisait et elle marchait dans la crainte du Seigneur ; réconfortée par l’Esprit Saint, elle se multipliait.
PSAUME (21 (22), 26b-27, 28-29, 31-32) R/ Tu seras ma louange, Seigneur, dans la grande assemblée. ou : Alléluia ! (cf. 21, 26a)
Devant ceux qui te craignent, je tiendrai mes promesses.
Les pauvres mangeront : ils seront rassasiés ;
ils loueront le Seigneur, ceux qui le cherchent :
« À vous, toujours, la vie et la joie ! » La terre entière se souviendra et reviendra vers le Seigneur,
chaque famille de nations se prosternera devant lui :
« Oui, au Seigneur la royauté,
le pouvoir sur les nations ! » Et moi, je vis pour lui : ma descendance le servira ;
on annoncera le Seigneur aux générations à venir.
On proclamera sa justice au peuple qui va naître :
Voilà son œuvre ! DEUXIÈME LECTURE « Voici son commandement : mettre notre foi dans le nom de Jésus Christ et nous aimer les uns les autres » (1 Jn 3, 18-24)
Lecture de la première lettre de saint Jean Petits enfants, n’aimons pas en paroles ni par des discours, mais par des actes et en vérité. Voilà comment nous reconnaîtrons que nous appartenons à la vérité, et devant Dieu nous apaiserons notre cœur ; car si notre cœur nous accuse, Dieu est plus grand que notre cœur, et il connaît toutes choses. Bien-aimés, si notre cœur ne nous accuse pas, nous avons de l’assurance devant Dieu. Quoi que nous demandions à Dieu, nous le recevons de lui, parce que nous gardons ses commandements, et que nous faisons ce qui est agréable à ses yeux. Or, voici son commandement : mettre notre foi dans le nom de son Fils Jésus Christ, et nous aimer les uns les autres comme il nous l’a commandé. Celui qui garde ses commandements demeure en Dieu, et Dieu en lui ; et voilà comment nous reconnaissons qu’il demeure en nous, puisqu’il nous a donné part à son Esprit. ÉVANGILE « Celui qui demeure en moi et en qui je demeure, celui-là porte beaucoup de fruit » (Jn 15, 1-8) Alléluia. Alléluia. Demeurez en moi, comme moi en vous, dit le Seigneur ; celui qui demeure en moi porte beaucoup de fruit. Alléluia. (Jn 15, 4a.5b)
Évangile de Jésus Christ selon saint Jean En ce temps-là, Jésus disait à ses disciples : « Moi, je suis la vraie vigne, et mon Père est le vigneron. Tout sarment qui est en moi, mais qui ne porte pas de fruit, mon Père l’enlève ; tout sarment qui porte du fruit, il le purifie en le taillant, pour qu’il en porte davantage. Mais vous, déjà vous voici purifiés grâce à la parole que je vous ai dite. Demeurez en moi, comme moi en vous. De même que le sarment ne peut pas porter de fruit par lui-même s’il ne demeure pas sur la vigne, de même vous non plus, si vous ne demeurez pas en moi. Moi, je suis la vigne, et vous, les sarments. Celui qui demeure en moi et en qui je demeure, celui-là porte beaucoup de fruit, car, en dehors de moi, vous ne pouvez rien faire. Si quelqu’un ne demeure pas en moi, il est, comme le sarment, jeté dehors, et il se dessèche. Les sarments secs, on les ramasse, on les jette au feu, et ils brûlent. Si vous demeurez en moi, et que mes paroles demeurent en vous, demandez tout ce que vous voulez, et cela se réalisera pour vous. Ce qui fait la gloire de mon Père, c’est que vous portiez beaucoup de fruit et que vous soyez pour moi des disciples. » Patrick Braud
Nous fêtons ce matin la victoire de l’amour sur la mort. À trop vite exulter, nous risquerions d’oublier ce qui a rendu possible le matin de Pâques. Et notamment l’intervention étonnante de Nicodème et Joseph d’Arimathie. En effet, sans eux le corps de Jésus aurait été versé dans une fosse commune à la hâte, comme l’exigeait la Loi (Dt 21,23) et les coutumes de purification pour les préparatifs de la Pâque juive :
« Après cela, Joseph d’Arimathie, qui était disciple de Jésus, mais en secret par crainte des Juifs, demanda à Pilate de pouvoir enlever le corps de Jésus. Et Pilate le permit. Joseph vint donc enlever le corps de Jésus. Nicodème – celui qui, au début, était venu trouver Jésus pendant la nuit – vint lui aussi ; il apportait un mélange de myrrhe et d’aloès pesant environ cent livres. Ils prirent donc le corps de Jésus, qu’ils lièrent de linges, en employant les aromates selon la coutume juive d’ensevelir les morts. À l’endroit où Jésus avait été crucifié, il y avait un jardin et, dans ce jardin, un tombeau neuf dans lequel on n’avait encore déposé personne. À cause de la Préparation de la Pâque juive, et comme ce tombeau était proche, c’est là qu’ils déposèrent Jésus. » (Jn 19,38–42)
Identifions-nous à ces deux compagnons qui ont rendu Pâques possible. Aujourd’hui encore, nous pouvons être les catalyseurs de la ‘réaction pascale’ en quelque sorte, en prenant comme eux des risques multiples au nom de notre foi.
Il leur a fallu en effet un sacré courage pour oser demander puis recueillir le corps du crucifié maudit.
Détaillons ces risques, en réalisant que ce sont les nôtres aujourd’hui.
Oser prendre des risques multiples pour le crucifié
- se dévoiler devant Pilate
Demander à Pilate l’autorisation officielle d’enlever le corps de Jésus est risqué. Joseph se dévoile ainsi comme l’un de ses disciples, ce qui l’expose à d’éventuelles poursuites, menaces, intimidations et pressions diverses. Pilate tient à jour ses fichiers de la sûreté publique, et Joseph comme Nicomède y figureront désormais en bonne place, fichés S en quelques sorte.
Dans certains pays musulmans, hindous ou communistes, se dévoiler chrétien devant les autorités est source d’innombrables tracasseries, inégalités, discriminations, voire de persécutions sordides. Nous ne connaissons pas notre bonheur en France de pouvoir nous réclamer de Jésus sans trop d’encombre. Certes il y aura des moqueries, des insultes, peut-être même des mises à l’écart ou des ‘peaux de banane’, mais globalement le risque est limité pour nous. Ce n’est pas le cas des 365 millions de chrétiens persécutés de par le monde (selon l’association Portes Ouvertes).
Que Joseph d’Arimathie nous inspire ce courage, cette audace d’aller réclamer aux autorités le respect et la dignité dus aux crucifiés de notre temps !
– défier les chefs religieux
Jean précise que Joseph d’Arimathie se cachait d’être un disciple « par crainte des juifs » (Jn 19,38). C’est la même crainte qui avait poussé Nicodème à venir interroger Jésus « au cours de la nuit » (Jn 19,39), et non en plein jour.
Se réclamer de Jésus suscitera toujours la colère des chefs religieux de tous bords, même chrétiens !
– devenir soi-même maudit avec les maudits
Leur crainte va redoubler après l’exécution, car Jésus était devenu le maudit de Dieu que la Loi juive demandait d’exécrer et surtout de ne pas toucher (Dt 21,23). Cette malédiction est contagieuse. Joseph et Nicodème savent bien qu’ils allaient devenir par capillarité des maudits aux yeux des chefs juifs. D’ailleurs, ces autorités religieuses avaient déjà menacé lourdement les gens du peuple qui acclamaient Jésus comme le prophète annoncé, et comme Christ : « Quant à cette foule qui ne sait rien de la Loi, ce sont des maudits ! » (Jn 7,49).
Nous voilà prévenus : si nous suivons Jésus, nous risquons d’être assimilés avec lui à des maudits, parce que nous subvertissons les lois religieuses, les coutumes des puissants, les traditions trop humaines !
– pallier l’absence des Douze
Où sont passés les soi-disant amis de Jésus, les glorieux Douze apôtres ? À part peut-être Jean, qui l’a suivi jusqu’au pied de la croix ? Même Jean ne fait rien après la mort de son ami. C’est pourtant à lui, avec Marie, que revenait le devoir d’ensevelir rapidement le cadavre déshonoré. En prenant cette initiative en dehors des Douze, Joseph et Nicodème se montrent plus respectueux, plus utiles, plus fraternels que les apôtres officiels.
À nous aussi de prendre des initiatives risquées – même en ‘doublant’ l’Église officielle – parce que la dignité des exclus de ce temps le demande…
Pourquoi Joseph d’Arimathie ?
Il surgit de nulle part, ce disciple caché qui semble n’attendre que ce moment pour se manifester ! On ne sait rien de lui avant cet épisode, ni après. Il est là juste pour jouer de sa réputation auprès de Pilate afin d’obtenir son autorisation. Mathieu précise que c’est un homme riche (Mt 27,57), Marc que c’est « un homme influent, membre du Conseil, et il attendait lui aussi le règne de Dieu » (Mc 15,43). Luc ajoute : « il n’avait donné son accord ni à leur délibération, ni à leurs actes. Il était d’Arimathie, ville de Judée, et il attendait le règne de Dieu » (Lc 23,51).
On a donc un personnage riche, influent, juif sincère séduit par la paix la personnalité de Jésus, membre du Sanhedrin sans pourtant avoir voté la condamnation de Jésus.
Cela suffirait à nous donner courage et envie de l’imiter ! Utiliser notre influence, nos réseaux, notre argent, non pour magouiller et corrompre, mais pour servir le juste, et préserver la dignité des exclus : voilà un programme toujours actuel !
Il y a plus. L’étymologie du nom Arimathie peut également nous inspirer. Elle n’est pas certaine, mais on peut penser que c’est le lieu de naissance de Samuel : « il y avait un homme de la ville de Rama, dans la montagne d’Éphraïm ; il s’appelait Elcana, fils de Yéroham, fils d’Éliou, fils de Tohou, fils de Souf ; c’était un éphratéen » (1S 1,1).
En hébreu Arimathie s’écrit הרמתים, Ha-Ramathaïm. Cela peut désigner l’actuel village de Rantis, Ha-Ramathaïm, au nord-ouest de Jérusalem. La racine hébraïque רם (RM, Rama) signifie hauteur, endroit élevé, et se retrouve dans le nom de plusieurs localités. Ha-Ramathaïm veut donc dire, littéralement : les hauteurs.
« Joseph des hauteurs » (d’Arimathie) est celui qui accompagne Jésus au plus bas, dans l’abaissement du tombeau après la déchéance de la croix. Il s’associe à la kénose du Christ, du plus haut au plus bas.
Joseph est donc comme un nouveau Samuel. Or Samuel est le prophète qui reconnaît David entre tous les fils de Jessé (1S 16,10–13). Il passe les sept fils en revue, mais c’est le huitième, celui auquel Jessé ne pense pas, que Samuel choisit pour lui donner l’onction d’huile et ainsi le désigner comme roi-Messie (oint, christ). Joseph d’Arimathie, en écho, est celui qui reconnaît en Jésus humilié le fils qui doit recevoir l’onction d’huile (grâce à Nicodème).
De plus, David était roux, ce qui était signe de malédiction dans les superstitions populaires (comme hélas encore dans bien des cultures et traditions). Joseph choisit donc en Jésus un maudit, comme Samuel avait choisi un roux, pour le désigner comme roi (selon la pancarte du gibet : INRI). Jésus, mort humilié, est le ‘roux de Dieu’ que Joseph et Nicodème savent reconnaître comme le Messie.
De plus, David était le huitième fils de Jessé. Or 8 est le chiffre de la résurrection (Jésus est ressuscité un dimanche matin, soit le 8e jour de la semaine juive). Joseph d’Arimathie annonce donc la résurrection de Jésus en recueillant son corps pour l’oindre d’huile. Un peu comme Marie de Béthanie l’avait fait avec l’onction de parfum précieux sur les pieds de Jésus lors d’un repas chez Lazare (Jn 12,1-11).
Parce qu’il est d’Arimathie, Joseph nous fait donc penser à Samuel : son rôle n’est pas seulement funéraire, mais prophétique. Il sait discerner le futur roi-Messie parmi les enfants d’Israël. Il va dépasser le dégoût inspiré par la rousseur de David / la condamnation de Jésus. Comme Samuel choisissant le huitième fils, il choisit Jésus sous le signe de la résurrection. Il va oindre son corps pour en faire un Christ.
Pourquoi Nicodème ?
Le texte de Jean précise que Nicodème apportait 100 livres de myrrhe et d’aloès, soit environ 33 kg d’aromates ! Énorme…
Nicodème ‘met le paquet’ pour faire de la dépouille de Jésus une dépouille royale, embaumée comme seuls les princes et les grands personnages le sont. La myrrhe qu’il apporte fait irrésistiblement penser à celle des mages à Bethléem : cadeau royal pour un bébé sur la paille. Cette myrrhe avec l’aloès désignent elles aussi Jésus comme le roi des juifs : « Ton trône est divin, un trône éternel ; ton sceptre royal est sceptre de droiture : tu aimes la justice, tu réprouves le mal. Oui, Dieu, ton Dieu t’a consacré d’une onction de joie, comme aucun de tes semblables ; la myrrhe et l’aloès parfument ton vêtement. Des palais d’ivoire, la musique t’enchante. » (Ps 45,7–9).
Cet aromate est aujourd’hui encore incorporé au saint chrême qui accompagne le baptême, l’ordination et l’onction des malades. La myrrhe de Nicodème continue à faire de nous des christs.
À nous d’apporter comme lui un parfum de vie à tous ceux qui gisent dans l’ombre de la mort autour de nous…
En outre, Nicodème avait entendu Jésus lui faire la promesse de « naître d’en-haut » pour entrer dans le royaume de Dieu : « “Comment un homme peut-il naître quand il est vieux ? Peut-il entrer une deuxième fois dans le sein de sa mère et renaître ?” Jésus répondit : “Amen, amen, je te le dis : personne, à moins de naître de l’eau et de l’Esprit, ne peut entrer dans le royaume de Dieu » (Jn 3,4-5). Voilà que cette « naissance d’en-haut » va se produire maintenant au tombeau pour Jésus. Nicodème est le mieux placé pour y voir l’accomplissement de la parole de Jésus, dite « pendant la nuit » (Jn 2,1), cette nuit de Pâques.
À nous d’aider nos contemporains à croire qu’il est possible de naître de l’eau et de l’Esprit aujourd’hui encore, que ce soit à travers les sacrements ou la vie selon l’Esprit…
« On voudrait être un baume versé sur tant de plaies », écrivait Etty Hillesum en 1942. Nous pouvons être ces Nicodème qui versent de la myrrhe sur les pieds des crucifiés de notre époque, les appelant ainsi à ressusciter avec le Christ…
Joseph d’Arimathie et Nicodème n’ont pas ressuscité Jésus, mais ils ont rendu Pâques possible. À nous de prendre leur relais, quels que soient les risques auxquels nous expose le recueil des maudits de notre siècle…
MESSE DU JOUR DE PÂQUES
PREMIÈRE LECTURE « Nous avons mangé et bu avec lui après sa résurrection d’entre les morts » (Ac 10, 34a.37-43)
Lecture du livre des Actes des Apôtres En ces jours-là, quand Pierre arriva à Césarée chez un centurion de l’armée romaine, il prit la parole et dit : « Vous savez ce qui s’est passé à travers tout le pays des Juifs, depuis les commencements en Galilée, après le baptême proclamé par Jean : Jésus de Nazareth, Dieu lui a donné l’onction d’Esprit Saint et de puissance. Là où il passait, il faisait le bien et guérissait tous ceux qui étaient sous le pouvoir du diable, car Dieu était avec lui. Et nous, nous sommes témoins de tout ce qu’il a fait dans le pays des Juifs et à Jérusalem. Celui qu’ils ont supprimé en le suspendant au bois du supplice, Dieu l’a ressuscité le troisième jour. Il lui a donné de se manifester, non pas à tout le peuple, mais à des témoins que Dieu avait choisis d’avance, à nous qui avons mangé et bu avec lui après sa résurrection d’entre les morts. Dieu nous a chargés d’annoncer au peuple et de témoigner que lui-même l’a établi Juge des vivants et des morts. C’est à Jésus que tous les prophètes rendent ce témoignage : Quiconque croit en lui reçoit par son nom le pardon de ses péchés. » PSAUME (117 (118), 1.2, 16-17, 22-23) R/ Voici le jour que fit le Seigneur, qu’il soit pour nous jour de fête et de joie ! (117, 24)
Rendez grâce au Seigneur : Il est bon !
Éternel est son amour !
Oui, que le dise Israël :
Éternel est son amour ! Le bras du Seigneur se lève,
le bras du Seigneur est fort !
Non, je ne mourrai pas, je vivrai
pour annoncer les actions du Seigneur. La pierre qu’ont rejetée les bâtisseurs
est devenue la pierre d’angle :
c’est là l’œuvre du Seigneur,
la merveille devant nos yeux. DEUXIÈME LECTURE « Recherchez les réalités d’en haut, là où est le Christ » (Col 3, 1-4)
Lecture de la lettre de saint Paul apôtre aux Colossiens Frères, si vous êtes ressuscités avec le Christ, recherchez les réalités d’en haut : c’est là qu’est le Christ, assis à la droite de Dieu. Pensez aux réalités d’en haut, non à celles de la terre. En effet, vous êtes passés par la mort, et votre vie reste cachée avec le Christ en Dieu. Quand paraîtra le Christ, votre vie, alors vous aussi, vous paraîtrez avec lui dans la gloire. SÉQUENCE À la Victime pascale, chrétiens, offrez le sacrifice de louange.
L’Agneau a racheté les brebis ; le Christ innocent a réconcilié l’homme pécheur avec le Père.
La mort et la vie s’affrontèrent en un duel prodigieux. Le Maître de la vie mourut ; vivant, il règne.
« Dis-nous, Marie Madeleine, qu’as-tu vu en chemin ? »
« J’ai vu le sépulcre du Christ vivant, j’ai vu la gloire du Ressuscité.
J’ai vu les anges ses témoins, le suaire et les vêtements.
Le Christ, mon espérance, est ressuscité ! Il vous précédera en Galilée. »
Nous le savons : le Christ est vraiment ressuscité des morts.
Roi victorieux, prends-nous tous en pitié ! Amen. ÉVANGILE « Il fallait que Jésus ressuscite d’entre les morts » (Jn 20, 1-9) Alléluia. Alléluia. Notre Pâque immolée, c’est le Christ ! Célébrons la Fête dans le Seigneur ! Alléluia. (cf. 1 Co 5, 7b-8a)
Évangile de Jésus Christ selon saint Jean Le premier jour de la semaine, Marie Madeleine se rend au tombeau de grand matin ; c’était encore les ténèbres. Elle s’aperçoit que la pierre a été enlevée du tombeau. Elle court donc trouver Simon-Pierre et l’autre disciple, celui que Jésus aimait, et elle leur dit : « On a enlevé le Seigneur de son tombeau, et nous ne savons pas où on l’a déposé. » Pierre partit donc avec l’autre disciple pour se rendre au tombeau. Ils couraient tous les deux ensemble, mais l’autre disciple courut plus vite que Pierre et arriva le premier au tombeau. En se penchant, il s’aperçoit que les linges sont posés à plat ; cependant il n’entre pas. Simon-Pierre, qui le suivait, arrive à son tour. Il entre dans le tombeau ; il aperçoit les linges, posés à plat, ainsi que le suaire qui avait entouré la tête de Jésus, non pas posé avec les linges, mais roulé à part à sa place. C’est alors qu’entra l’autre disciple, lui qui était arrivé le premier au tombeau. Il vit, et il crut. Jusque-là, en effet, les disciples n’avaient pas compris que, selon l’Écriture, il fallait que Jésus ressuscite d’entre les morts. Patrick Braud
L’irréparable C’était la Une-choc du Parisien. Dans la nuit du 10 février dernier, l’humoriste Pierre Palmade venait de provoquer un accident gravissime, sous l’emprise de cocaïne et de drogues de synthèse. Sa voiture s’est déportée sans raison et a percuté de plein fouet un autre véhicule, dans lequel est venu s’encastrer un troisième. Bilan : un garçon de 6 ans dans le coma, des blessés fracturés de partout avec des séquelles à vie, et le bébé de 7 mois d’une conductrice enceinte est mort dans l’accident. Comment les victimes pourront-elles surmonter le drame de l’accident et de ses conséquences ? Comment Pierre Palmade va-t-il assumer sa terrible responsabilité qui va le hanter pour le reste de ses jours ?
Ce faits divers, qui est devenu un fait de société, nous oblige à nouveau à ce constat terrible : oui, il y a de l’irréversible dans nos vies. Il y a de l’irréparable. Il y a des seuils franchis qui changent tout, et on ne peut revenir en arrière. Les irresponsables croient que tout peut toujours s’arranger, et que rien n’est grave en fait. Grosse erreur ! Lorsque l’irréparable survient, il est trop tard pour pleurer, pour jurer qu’on va se corriger. Personne ne redonnera à la conductrice enceinte son enfant sur le point de naître. Personne, même les chirurgiens les plus habiles, ne pourront réparer le corps des accidentés pour le remettre en état comme avant…
Le kintsugi On raconte qu’un shogun (gouverneur) japonais du XIII° siècle cassa par mégarde un précieux vase de céramique auquel il tenait beaucoup. Il l’envoya en Chine aux meilleurs artisans du moment pour le faire réparer. Il lui revint, rafistolé façon puzzle, avec d’affreuses agrafes métalliques dénaturant sa beauté. Le shogun demanda alors à ses propres artisans de changer
de stratégie : au lieu de vouloir restaurer le vase comme avant, il leur demanda d’en créer un nouveau en assemblant les morceaux avec des filets d’or et de laque, en se jouant des fêlures pour en faire de nouveaux motifs s’harmonisant à merveille avec l’œuvre initiale brisée. Le résultat fut magnifique ! À tel point que cet art japonais devint une fierté nationale, et un savoir-faire toujours pratiqué. On l’appela kintsugi. Ce mot vient du Japonais Kin (or) et Tsugi (jointure), et signifie donc littéralement : jointure à l’or. L’art du Kintsugi est appelé le Kintsukuroi, signifiant « raccommodage à l’or ». Il s’agit d’un processus de réparation long et extrêmement précis, se déroulant en de nombreuses étapes, sur plusieurs semaines, voire plusieurs mois. On dit même qu’il faut parfois un an pour réaliser le meilleur kintsugi…
Le kintsugi n’est pas de la restauration à l’identique. C’est une nouvelle création sublimant les fractures de l’ancienne. Ce n’est pas un bain de jouvence. C’est la transfiguration des brisures. Au lieu de nier les cassures en les cachant, en les dissimulant pour donner l’impression qu’elles n’existent plus, le kintsugi les met en évidence, les remplit d’or pour en faire des cicatrices glorieuses.
La philosophie du kintsugi n’est pas de nier l’irréparable, mais bien d’en faire autre chose, et finalement quelque chose de plus beau encore qu’avant l’accident.
Le kintsugi pascal Vous avez déjà deviné le parallèle entre le kintsugi et notre fête de Pâques en ce dimanche ! La mort de Jésus sur le gibet est de l’ordre de l’irréparable, comme l’accident causé par Pierre Palmade ; de l’ordre de l’irréversible comme les brisures du vase du shogun.
Devant ce corps déchiré par les lanières plombées du fouet romain, Dieu ne va pas faire de la chirurgie esthétique pour gommer les traces du supplice. Devant ces poignets et ces pieds transpercés par les soldats, Dieu ne va pas reboucher les trous pour donner l’illusion qu’il ne s’est rien passé. Devant ce côté transpercé par une lance, jusqu’à atteindre la plèvre et le cœur, Dieu ne va pas refermer les côtes et les chairs pour reconstituer le Jésus d’avant la Passion.
Non : la résurrection n’est pas une restauration à l’identique. C’est une nouvelle création, où Dieu fait couler dans nos brisures de délicats filets d’or pour nous relever plus beaux encore. C’est un patient travail divin – trois jours durant – pour que le crucifié devienne vivant autrement, avec un autre rapport au temps et l’espace, libre et glorieux dans ses blessures.
À Thomas, le Ressuscité fera toucher ses plaies pour lui montrer que c’est bien lui. Il boira et mangera avec ses amis à Emmaüs et au bord du lac de Tibériade, et nul espace clos ne pourra le retenir. Seule différence avec le kintsugi japonais, il s’absentera de l’histoire à l’Ascension pour basculer dans un monde nouveau où il nous prépare une place. Le kintsugi, lui, conserve l’objet magnifié à portée de main. C’est comme si la résurrection enlevait le vase recréé des mains du shogun après quelques semaines pour le mettre en sûreté ailleurs, avec la promesse d’aller le contempler un jour…
Dieu ne restaure pas, il ressuscite. Dieu ne répare pas, il crée de nouveau. La résurrection de Jésus brise toutes nos représentations de la vie au-delà de la mort.
Nos cicatrices sont en or Voilà pourquoi Pierre Palmade pourra peut-être ne pas être anéanti par sa faute, qui est grande. Voilà pourquoi les victimes de l’accident pourront peut-être faire de ce drame un nouveau départ. Cet accident terrible est une fracture de plus dans la vie de tous. Elle brise l’apparente réussite du parcours de l’humoriste jusque-là. Mais, comme pour chacun de nous, le Père de Jésus est capable par un patient travail de kintsugi de couler de l’or dans nos fêlures, pour dessiner d’autres motifs avec les lignes brisées de nos itinéraires…
Que serions-nous sans nos blessures ? Croyons que Dieu les cicatrise avec génie pour faire surgir des œuvres d’art là où nous nous ne voyons que des morceaux éparpillés…
Mais au fait, quelles sont vos brisures ? Et qu’en avez-vous fait ?
MESSE DU JOUR DE PÂQUES
PREMIERE LECTURE « Nous avons mangé et bu avec lui après sa résurrection d’entre les morts » (Ac 10, 34a.37-43)
Lecture du livre des Actes des Apôtres En ces jours-là, quand Pierre arriva à Césarée chez un centurion de l’armée romaine, il prit la parole et dit : « Vous savez ce qui s’est passé à travers tout le pays des Juifs, depuis les commencements en Galilée, après le baptême proclamé par Jean : Jésus de Nazareth, Dieu lui a donné l’onction d’Esprit Saint et de puissance. Là où il passait, il faisait le bien et guérissait tous ceux qui étaient sous le pouvoir du diable, car Dieu était avec lui. Et nous, nous sommes témoins de tout ce qu’il a fait dans le pays des Juifs et à Jérusalem. Celui qu’ils ont supprimé en le suspendant au bois du supplice, Dieu l’a ressuscité le troisième jour. Il lui a donné de se manifester, non pas à tout le peuple, mais à des témoins que Dieu avait choisis d’avance, à nous qui avons mangé et bu avec lui après sa résurrection d’entre les morts. Dieu nous a chargés d’annoncer au peuple et de témoigner que lui-même l’a établi Juge des vivants et des morts. C’est à Jésus que tous les prophètes rendent ce témoignage : Quiconque croit en lui reçoit par son nom le pardon de ses péchés. »
PSAUME (Ps 117 (118), 1.2, 16-17, 22-23) R/ Voici le jour que fit le Seigneur, qu’il soit pour nous jour de fête et de joie ! (Ps 117, 24)
Rendez grâce au Seigneur : Il est bon !
Éternel est son amour !
Oui, que le dise Israël :
Éternel est son amour !
Le bras du Seigneur se lève,
le bras du Seigneur est fort !
Non, je ne mourrai pas, je vivrai,
pour annoncer les actions du Seigneur.
La pierre qu’ont rejetée les bâtisseurs
est devenue la pierre d’angle :
c’est là l’œuvre du Seigneur,
la merveille devant nos yeux.
DEUXIÈME LECTURE « Recherchez les réalités d’en haut, là où est le Christ » (Col 3, 1-4)
Lecture de la lettre de saint Paul apôtre aux Colossiens Frères, si vous êtes ressuscités avec le Christ, recherchez les réalités d’en haut : c’est là qu’est le Christ, assis à la droite de Dieu. Pensez aux réalités d’en haut, non à celles de la terre. En effet, vous êtes passés par la mort, et votre vie reste cachée avec le Christ en Dieu. Quand paraîtra le Christ, votre vie, alors vous aussi, vous paraîtrez avec lui dans la gloire.
OU AU CHOIX
DEUXIÈME LECTURE « Purifiez-vous des vieux ferments, et vous serez une Pâque nouvelle » (1 Co 5, 6b-8)
Lecture de la première lettre de saint Paul apôtre aux Corinthiens Frères, ne savez-vous pas qu’un peu de levain suffit pour que fermente toute la pâte ? Purifiez-vous donc des vieux ferments, et vous serez une pâte nouvelle, vous qui êtes le pain de la Pâque, celui qui n’a pas fermenté. Car notre agneau pascal a été immolé : c’est le Christ. Ainsi, célébrons la Fête, non pas avec de vieux ferments, non pas avec ceux de la perversité et du vice, mais avec du pain non fermenté, celui de la droiture et de la vérité.
SÉQUENCE À la Victime pascale, chrétiens, offrez le sacrifice de louange. L’Agneau a racheté les brebis ; le Christ innocent a réconcilié l’homme pécheur avec le Père. La mort et la vie s’affrontèrent en un duel prodigieux. Le Maître de la vie mourut ; vivant, il règne. « Dis-nous, Marie Madeleine, qu’as-tu vu en chemin ? » « J’ai vu le sépulcre du Christ vivant, j’ai vu la gloire du Ressuscité. J’ai vu les anges ses témoins, le suaire et les vêtements. Le Christ, mon espérance, est ressuscité ! Il vous précédera en Galilée. » Nous le savons : le Christ est vraiment ressuscité des morts. Roi victorieux, prends-nous tous en pitié ! Amen.
ÉVANGILE « Il fallait que Jésus ressuscite d’entre les morts » (Jn 20, 1-9) Alléluia. Alléluia. Notre Pâque immolée, c’est le Christ ! Célébrons la Fête dans le Seigneur ! Alléluia. (cf. 1 Co 5, 7b-8a)
Évangile de Jésus Christ selon saint Jean Le premier jour de la semaine, Marie Madeleine se rend au tombeau de grand matin ; c’était encore les ténèbres. Elle s’aperçoit que la pierre a été enlevée du tombeau. Elle court donc trouver Simon-Pierre et l’autre disciple, celui que Jésus aimait, et elle leur dit : « On a enlevé le Seigneur de son tombeau, et nous ne savons pas où on l’a déposé. » Pierre partit donc avec l’autre disciple pour se rendre au tombeau. Ils couraient tous les deux ensemble, mais l’autre disciple courut plus vite que Pierre et arriva le premier au tombeau. En se penchant, il s’aperçoit que les linges sont posés à plat ; cependant il n’entre pas. Simon-Pierre, qui le suivait, arrive à son tour. Il entre dans le tombeau ; il aperçoit les linges, posés à plat, ainsi que le suaire qui avait entouré la tête de Jésus, non pas posé avec les linges, mais roulé à part à sa place. C’est alors qu’entra l’autre disciple, lui qui était arrivé le premier au tombeau. Il vit, et il crut. Jusque-là, en effet, les disciples n’avaient pas compris que, selon l’Écriture, il fallait que Jésus ressuscite d’entre les morts. Patrick BRAUD
« Moi je ne suis comme saint Thomas : je ne crois que ce que je vois ! » En référence à l’Évangile de ce dimanche (Jn 20,19-31), cette réponse sceptique est devenue proverbiale. Pourtant, il y a longtemps que les philosophes, scientifiques et mêmes journalistes nous avertissent : nos sens nous mentent souvent ! Notre cerveau construit une perception de la réalité qui souvent n’est pas la réalité. Ainsi Descartes avec son doute méthodique met en évidence que ce que nous voyons peut être une illusion de la folie, ou un rêve, ou une construction de l’esprit etc. Descartes reprend trois arguments justifiant le doute : la faillibilité des sens, qui peuvent tromper le sujet (par exemple, l’image du bâton brisé dans l’eau) ; le risque de la folie ; et la confusion avec le rêve, qui dissipe la frontière avec l’éveil et remet ainsi en cause la réalité du corps.
Autrefois, les Soviétiques truquaient les photos officielles, bien avant Photoshop ! Maintenant, ce sont les journalistes qui sont obligés de traquer inlassablement les fake news, pendant la crise du Covid, et pendant la guerre d’Ukraine notamment. Les complotistes antivax inondaient la toile de fausses statistiques, de faux documents dûment estampillés et apparemment officiels, de fausses vidéos datant d’avant la crise ou parlant d’autre chose en fait etc. La guerre d’Ukraine a ressuscité la bonne vieille propagande militaire du XX° siècle, dans les deux camps. La désinformation atteint des sommets ! Les ukrainiens parlaient par exemple de la résistance héroïque de treize soldats gardant « l’Île aux serpents » et tués par la marine russe. En réalité, ils se sont rendus sans résister et la marine ukrainienne a publié un rectificatif après les vidéos ‘héroïques’ qui avaient circulé auparavant. Ils ont également inventé un pilote-fantôme qui aurait abattu des dizaines d’avions russes. Mais c’était des images d’un jeu vidéo hyperréaliste… Dans l’autre camp, les Russes diffusaient de soi-disant vidéos de massacres de russophones, et répandaient la (fausse) rumeur que les soldats ukrainiens retenaient les civils en otages dans les villes assiégées ou se ralliaient à la cause russe avec enthousiasme ; ils déniaient le bombardement du théâtre et de la maternité de Marioupol tuant des femmes enceintes etc. Ils sont même allés jusqu’à essayer de faire passer le torpillage de leur vaisseau amiral par les ukrainiens en Mer noire pour un « accident » qui aurait déclenché un incendie, l’explosion des munitions, et le naufrage du bateau à cause de la mer agitée… L’extrême droite française a diffusé des images de Zelensky mitraillettes au poing tirant sur des députés russophones. Mais c’était un extrait de la série télévisée qui l’a rendu célèbre avant d’être élu, où il joue le rôle d’un professeur d’histoire devenu président et luttant contre la corruption de tous les députés ukrainiens : la scène complète le montre en train de rêver à ce mitraillage, tellement le combat contre la corruption et difficile…
Plus que jamais info et intox sont difficiles à démêler. Plus que jamais les réseaux sociaux répandent fake news et propagande. Plus que jamais, ces images, ces documents, ces paroles et vidéos sont faciles à manipuler, et c’est un défi éducatif énorme que d’apprendre aux jeunes générations à ne surtout pas croire tout ce qu’elles voient sur leurs écrans ! Avec la réalité virtuelle des Métavers qu’annonce Facebook & consorts, cela ne va pas s’arranger…
Les scientifiques nous alertent également depuis longtemps. On connaît depuis l’Antiquité les illusions d’optique qui nous font voir ce qui n’existe pas : images ambiguës (canard ou lapin ?) / illusions géométriques (ex : illusion de Müller-Lyer) / illusion de Ponzo générée par le cerveau (lignes de fuite) / fausse spirale de Fraser / la grille de Herman / l’échiquier d’Adelson / le motif de Kanizsa / la technique du clair-obscur / l’illusion de mouvement etc. [1]. Il nous arrive de ne pas trouver quelque chose qui se trouve pourtant juste sous notre nez, comme nos lunettes. Tant que nous ne regardons pas vraiment avec attention, cette chose n’existe pas en tant que telle pour l’esprit ; il ne peut donc pas la « piocher ». C’est sur cette propension que repose le célèbre jeu pour enfants ‘Où est Charlie’ ?
Et que dire de la mécanique quantique pour qui les particules du réel ne peuvent être approchées que sous le mode probabiliste ! L’exemple du boson de Higgs est instructif. La théorie quantique prévoyait l’existence de cette particule, mais personne ne l’avait jamais observée en laboratoire. Il a fallu l’accélérateur du CERN de Genève pour enfin mettre en évidence que ce boson existait alors que personne ne l’avait jamais vu ! Ce qui est vrai dans l’infiniment petit l’est aussi dans l’infiniment grand : tant de planètes et de galaxies ont été découvertes grâce au télescope Hubble et autre expériences qu’on se dit que le ciel de nos anciens avait de sacrés trous dans la raquette (ce qui au passage ruine la crédibilité scientifique des soi-disant prédictions astrologiques) !
Bref, ne faire confiance qu’à ce qu’on voit n’est pas rationnel, et peut même devenir dangereux en nous rendant vulnérables à toutes les manipulations ! C’est pourquoi les juifs demandaient au minimum 2 témoins pour déposer devant un tribunal. Les militaires aujourd’hui encore ne valident une information que si elle est recoupée par au moins 3 sources différentes et indépendantes. Et les chrétiens ont retenu 4 Évangiles pour éclairer la vie de Jésus de 4 projecteurs différents.
Méfions-nous donc de ce qui nous paraît évident et « tomber sous le sens »…
Toute foi aura sa nuit
Notre Thomas de Pâques a toute sa place dans ce constat que voir et croire ne sont pas identiques. Il nous avertit que tôt ou tard celui qui suit le Christ sera confronté à l’absence, au manque de signes, voire à des signes contraires. La tradition mystique appelle nuit de la foi cette expérience terrible où nous ne voyons plus rien de la réalité pascale. Ils sont nombreux à en avoir parlé : Benoît, Ignace, Thérèse d’Avila, Jean de la Croix, Maître Eckhart, Ruysbroek, les béguines, Mère Teresa… Cela peut se traduire par un sentiment d’absence de Dieu, par l’absence de sensibilité de Dieu dans la prière. Saint François de Sales raconte qu’au cours d’une période de « nuit » il a eu la tentation du suicide !
Mère Teresa en témoignait : « C’est seulement la foi aveugle qui me transporte, parce que, en vérité, tout est obscurité pour moi ». Souvenez-vous de la stupeur du monde apprenant, en 2007, le « tunnel » dans lequel la sainte de Calcutta a passé les cinquante dernières années de sa vie. « Où est ma foi ? » interrogeait-elle dans une lettre à son confesseur, le 3 juillet 1959. « Tant de questions sans réponse vivent en moi. (…) On me dit que Dieu m’aime et pourtant l’obscurité, la froideur et le vide sont une réalité si grande que rien ne touche mon âme ».
Jean de la Croix (XVI° siècle) parle de la nuit des sens et de la nuit de l’esprit. Cette dernière peut frôler la dépression, le sentiment d’inutilité, le désespoir. Le poème « La nuit obscure » en condense l’expérience spirituelle, au travers de la figure de la bien-aimée (l’âme humaine) qui cherche son bien-aimé (le Christ) dans la nuit :
Pendant une nuit obscure, Enflammée d’un amour inquiet, Ô l’heureuse fortune ! Je suis sortie sans être aperçue, Lorsque ma maison était tranquille.
Étant assurée et déguisée, Je suis sortie par un degré secret, Ô l’heureuse fortune ! Et étant bien cachée dans les ténèbres, Lorsque ma maison était tranquille.
Pendant cette heureuse nuit, Je suis sortie en ce lieu secret Où personne ne me voyait, Sans autre lumière, Que celle qui luit dans mon cœur.
Elle me conduisit Plus surement que la lumière du midi, Où m’attendait celui qui me connait très bien, Et où personne ne paraissait.
Ô nuit qui m’a conduite ! Ô nuit plus aimable que l’aurore ! Ô nuit qui as uni le bien-aimé avec la bien-aimée, en transformant l’amante en son bien-aimé.
La nuit de la foi est la perte de toute image de Dieu, de toute représentation.
Dans ce chemin de la foi, les sens ne sont plus là pour conduire l’âme comme elle en avait l’habitude, ni la nourrir. C’est pour cela qu’elle est comme dans la nuit. Ce n’est donc pas n’importe quelle nuit. C’est la nuit de la foi qui engage ou ouvre une heureuse aventure et qui permet à l’âme de se détacher de ses sens pour aller plus avant en elle-même.
Jean de la Croix utilise une image éclairante (Nuit obscure II,10) : l’être humain est comparable à une bûche de bois que la flamme de l’Esprit veut transformer en feu d’amour, donc en Lui-même. Mais quand le feu attaque le bois, il l’obscurcit avant de le rendre incandescent ; cette phase négative risque d’être mal interprétée comme un enlaidissement spirituel alors que c’est le signe d’une transformation en cours. On pourrait presque dire que plus l’obscurité de la nuit est forte, plus elle annonce une communion intense. Maître Eckhart (XIII°-XIV° siècles) avait déjà eu recours à cette image de la bûche :
« Lorsque le feu veut attirer le bois dans soi et soi en retour dans le bois, il trouve le bois inégal à lui. À cela il faut du temps. En premier lieu, il le rend chaud et brûlant, et alors il fume et craque, car il lui est inégal ; et plus le bois devient brûlant plus il devient silencieux et tranquille, et plus il est égal au feu plus paisible il est, jusqu’à ce qu’il devienne pleinement feu » (Sermon 11).
Jean de la Croix rend compte de cette obscurité de la nuit par le fait que la foi est une lumière éblouissante pour notre intelligence, en raison de la différence abyssale de nature entre Dieu et l’homme et du péché qui blesse notre humanité. Mais n’oublions pas : s’il y a nuit, c’est en tant que passage vers le plein jour, vers la lumière qui ne finit pas. L’homme est destiné à devenir Dieu par participation, et ce dès cette vie humaine, même si cela ne sera pleinement accompli que dans l’éternité. La nuit a une portée purificatrice : elle nous prépare à nous unir à Dieu et à trouver pleinement le sens de notre vie. Elle a aussi une portée apostolique comme participation à la Passion de Jésus. La longue « nuit de la foi » de Mère Teresa en est un cas saisissant : sentiment intérieur de l’absence de Dieu mais foi constante et croissance dans la charité. La nuit est féconde pour celui qui la traverse mais aussi, à travers lui, pour l’Église.
Faire l’expérience de la nuit de la foi n’est pas réservé à ces géants spirituels. Nous aussi, comme Thomas, nous aurons du mal à croire à l’incroyable dont témoignent pourtant des gens que nous connaissons et aimons. La nuit de Thomas n’a duré qu’une semaine, la nôtre peut s’étendre sur des mois, des années. Lisez ce témoignage d’un prêtre qui l’a consignée dans un livre [2]. C‘était en 1994, quinze jours après la mort de son père dont il était très proche. Un vendredi, le P. Éric Venot-Eiffel, carme âgé de 46 ans, s’allonge dans sa cellule du couvent d’Avon, près de Fontainebleau. Tout à coup, il se sent envahi par la nuit. « C’est plus que des doutes, raconte-t-il. Je ne sais plus où j’en suis. Des questions me taraudent : Dieu existe-t-il vraiment ? À quoi sert de prier ? Ai-je bâti mon existence sur le vide ? » Cette épreuve va durer dix-sept ans, pendant lesquels ce prêtre refuse de dire qu’il a perdu la foi, préférant la métaphore de la marée. « Ma foi s’est retirée comme la mer se retire, et je me sens comme une barque échouée dans la vase, attendant désespérément que la mer remonte pour flotter, poursuit-il. La foi est devenue inatteignable. Je n’ai plus accès à l’homme que j’étais ».
La pédagogie de l’inconditionnel
Le Ressuscité ne disqualifie pas l’attitude de Thomas, puisqu’il répond à son attente en se manifestant à lui 8 jours après. Avec amour et patience, sans reproche, Jésus conduit Thomas de la maîtrise à la confiance, de la volonté de mainmise à l’acceptation de l’autre. Le doute qui s’était insinué dans la tête de Thomas était quelque peu diabolique, en ce sens qu’il était structuré comme les trois tentations suggérées par le diable au désert telles que nous les avons lues lors du Mercredi des cendres : « si tu es fils de Dieu… alors… » Thomas duplique ce schéma : « Si je ne vois pas dans ses mains la marque des clous, si je ne mets pas mon doigt dans la marque des clous, si je ne mets pas la main dans son côté, non, je ne croirai pas ! ». Autrement dit, Thomas est dans la foi au conditionnel : « à condition que… alors je croirai en toi ». Or quand Dieu aime, c’est sans conditions. C’est d’ailleurs l’assurance donnée à Jésus lors de son baptême dans le Jourdain : « tu es mon fils bien-aimé ». C’est un présent inconditionnel. Jésus crucifié aimera le criminel sans exiger de lui un préalable : « aujourd’hui, tu seras avec moi en paradis ». La foi-confiance est sans conditions, et le Ressuscité conduit Thomas à déposer les armes pour accueillir celui qui vient à lui : « Mon Seigneur et mon Dieu ! »
Cette pédagogie de l’inconditionnel peut inspirer et renouveler notre manière d’éduquer les plus jeunes, de proposer la foi à ceux qui ne connaissent pas le Christ, de dialoguer avec nos ennemis… Cette pédagogie est avant tout un cheminement : elle demande du temps (une semaine symbolique pour Thomas), de l’écoute, de la gradualité. Attention! Cet appel à croire sans voir pourrait conduire à croire n’importe quoi ou n’importa qui. Les gourous le savent bien. Tant d’hommes et de femmes ont été abusés par leurs propres impressions ou par d’autres personnes, bien intentionnées ou non, cherchant à tout prix à neutraliser le sens critique de leur interlocuteur par une formule du genre : « c’est le grand mystère de la foi » ! Or, dans le langage de la Bible, un « mystère » est précisément quelque chose qui était inconnu et qui est maintenant manifesté grâce à Dieu. Il est donc légitime et sage de chercher à voir plus clair afin de croire. Quand André et Jean demandent à Jésus où il demeure, Jésus les encourage dans cette démarche : « Venez et voyez. Ils allèrent, et ils virent où il demeurait » (Jn 1,39). Jean entre et il est écrit : « il vit et il crut » (Jn 20,3-8). Qu’est-ce que Jean vit qui le fit croire ? Rien puisque le tombeau est vide. Il vit… qu’il n’y avait rien à voir. Il saisit qu’il n’y a rien là-dedans – dans le visible – d’important pour la foi, pour l’espérance, et que l’amour peut se passer du visible. Le tombeau est spirituellement vide… Débarrassés du visible, nous pouvons enfin accéder à la foi, aller du domaine du physique au spirituel, du temps à l’éternité. Dans un sens, oui, il est ainsi indispensable d’accepter de ne pas voir, de dépasser le visible, pour croire (au sens d’avoir la foi).
Thomas nous montre que notre besoin de voir est accueilli par le Christ, qu’il l’accompagne et le transforme. Croire sans voir s’apprend, Thomas l’atteste !
La deuxième Béatitude
Dans l’Évangile de Jean, il n’y a pas le discours des Béatitudes comme chez Mathieu ou Luc. Jean n’a que deux passage où Jésus déclare heureux ceux qu’ils désignent : lors du lavement des pieds à la Cène (« Sachant cela, heureux êtes-vous, si vous le faites » (Jn 13,17), et ici devant Thomas : « Heureux ceux qui croient sans avoir vu ». La béatitude de la foi sans conditions va ainsi se concilier avec la béatitude du service fraternel (lavement des pieds). C’est donc que croire sans voir est la moitié du bonheur ! Car abandonner le conditionnel est libératoire : plus besoin de comptabiliser les signes, de marchander les grâces, d’accumuler les bonnes œuvres, d’exercer un chantage. Dès lors, croire sans voir devient jubilatoire, car l’âme est libre de louer et contempler Dieu sans exiger de contrepartie. Le service fraternel en est d’autant plus facilité qu’il ne constitue plus un ticket d’entrée pour le paradis ! Plus besoin de s’épuiser comme Thomas à demander des preuves. Il suffit d’une seule Transfiguration pour aller au plus bas de la Passion. Il suffit d’une seule rencontre avec le Ressuscité pour aller donner sa vie en Inde et dans les îles syro-malabares comme Thomas ! Et si en chemin nous sommes soumis à l’épreuve de la nuit de la foi, appuyons-nous sur le témoignage de ceux et celles qui l’ont traversée avant nous.
Heureux ceux qui croient sans avoir vu ! Puissions-nous être de ceux-là…
PREMIÈRE LECTURE « Un seul cœur et une seule âme » (Ac 4, 32-35)
Lecture du livre des Actes des Apôtres La multitude de ceux qui étaient devenus croyants avait un seul cœur et une seule âme ; et personne ne disait que ses biens lui appartenaient en propre, mais ils avaient tout en commun. C’est avec une grande puissance que les Apôtres rendaient témoignage de la résurrection du Seigneur Jésus, et une grâce abondante reposait sur eux tous. Aucun d’entre eux n’était dans l’indigence, car tous ceux qui étaient propriétaires de domaines ou de maisons les vendaient, et ils apportaient le montant de la vente pour le déposer aux pieds des Apôtres ; puis on le distribuait en fonction des besoins de chacun.
PSAUME (117 (118), 2-4, 16ab-18, 22-24) R/ Rendez grâce au Seigneur : Il est bon ! Éternel est son amour ! ou : Alléluia ! (117,1)
Oui, que le dise Israël :
Éternel est son amour !
Que le dise la maison d’Aaron :
Éternel est son amour !
Qu’ils le disent, ceux qui craignent le Seigneur :
Éternel est son amour !
Le bras du Seigneur se lève,
le bras du Seigneur est fort !
Non, je ne mourrai pas, je vivrai
pour annoncer les actions du Seigneur.
Il m’a frappé, le Seigneur, il m’a frappé,
mais sans me livrer à la mort.
La pierre qu’ont rejetée les bâtisseurs est devenue la pierre d’angle :
c’est là l’œuvre du Seigneur, la merveille devant nos yeux.
Voici le jour que fit le Seigneur, qu’il soit pour nous jour de fête et de joie !
DEUXIÈME LECTURE « Tout être qui est né de Dieu est vainqueur du monde » (1 Jn 5, 1-6)
Lecture de la première lettre de saint Jean Bien-aimés, celui qui croit que Jésus est le Christ, celui-là est né de Dieu ; celui qui aime le Père qui a engendré aime aussi le Fils qui est né de lui. Voici comment nous reconnaissons que nous aimons les enfants de Dieu : lorsque nous aimons Dieu et que nous accomplissons ses commandements. Car tel est l’amour de Dieu : garder ses commandements ; et ses commandements ne sont pas un fardeau, puisque tout être qui est né de Dieu est vainqueur du monde. Or la victoire remportée sur le monde, c’est notre foi. Qui donc est vainqueur du monde ? N’est-ce pas celui qui croit que Jésus est le Fils de Dieu ?
C’est lui, Jésus Christ, qui est venu par l’eau et par le sang : non pas seulement avec l’eau, mais avec l’eau et avec le sang. Et celui qui rend témoignage, c’est l’Esprit, car l’Esprit est la vérité.
ÉVANGILE « Huit jours plus tard, Jésus vient » (Jn 20, 19-31) Alléluia. Alléluia.Thomas, parce que tu m’as vu, tu crois, dit le Seigneur. Heureux ceux qui croient sans avoir vu ! Alléluia. (Jn 20, 29)
Évangile de Jésus Christ selon saint Jean C’était après la mort de Jésus. Le soir venu, en ce premier jour de la semaine, alors que les portes du lieu où se trouvaient les disciples étaient verrouillées par crainte des Juifs, Jésus vint, et il était là au milieu d’eux. Il leur dit : « La paix soit avec vous ! » Après cette parole, il leur montra ses mains et son côté. Les disciples furent remplis de joie en voyant le Seigneur. Jésus leur dit de nouveau : « La paix soit avec vous ! De même que le Père m’a envoyé, moi aussi, je vous envoie. » Ayant ainsi parlé, il souffla sur eux et il leur dit : « Recevez l’Esprit Saint. À qui vous remettrez ses péchés, ils seront remis ; à qui vous maintiendrez ses péchés, ils seront maintenus. »
Or, l’un des Douze, Thomas, appelé Didyme (c’est-à-dire Jumeau), n’était pas avec eux quand Jésus était venu. Les autres disciples lui disaient : « Nous avons vu le Seigneur ! » Mais il leur déclara : « Si je ne vois pas dans ses mains la marque des clous, si je ne mets pas mon doigt dans la marque des clous, si je ne mets pas la main dans son côté, non, je ne croirai pas ! »
Huit jours plus tard, les disciples se trouvaient de nouveau dans la maison, et Thomas était avec eux. Jésus vient, alors que les portes étaient verrouillées, et il était là au milieu d’eux. Il dit : « La paix soit avec vous ! » Puis il dit à Thomas : « Avance ton doigt ici, et vois mes mains ; avance ta main, et mets-la dans mon côté : cesse d’être incrédule, sois croyant. » Alors Thomas lui dit : « Mon Seigneur et mon Dieu ! » Jésus lui dit : « Parce que tu m’as vu, tu crois. Heureux ceux qui croient sans avoir vu ». Il y a encore beaucoup d’autres signes que Jésus a faits en présence des disciples et qui ne sont pas écrits dans ce livre. Mais ceux-là ont été écrits pour que vous croyiez que Jésus est le Christ, le Fils de Dieu, et pour qu’en croyant, vous ayez la vie en son nom. Patrick Braud