L'homélie du dimanche (prochain)

22 juillet 2015

Foule sentimentale

Classé sous Communauté spirituelle — lhomeliedudimanche @ 0 h 01 min

Foule sentimentale

 

Homélie du 17° dimanche du temps ordinaire / Année B
26/07/2015

 

Cf. également :

Multiplication des pains : une catéchèse d’ivoire

Donnez-leur vous mêmes à manger

 

Vox populi

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Le référendum du 05/07/2015 où la Grèce a dit « non » à 61% a retenti en Europe comme un coup de tonnerre. On s’était habitué (résigné) à ce que la construction européenne soit d’abord une affaire d’experts (financiers, juridiques…) et de politiques, et voilà que le peuple grec fait entendre un non clair et massif à l’austérité-remède imposée par la ‘troïka’ de Bruxelles. Les foules dansant sur la place du Pirée à l’annonce du résultat ont fait peur à beaucoup de hauts responsables. Peut-on faire confiance à ces foules pour décider de leur avenir ? Pour savoir comment redresser le pays ? Pour influer sur la suite de la construction européenne ? C’est une affaire trop sérieuse et trop technique, trop complexe pour la remettre entre les mains d’une opinion publique ! C’est trop dangereux - voire démagogique - de jouer ainsi avec le sort de l’euro en faisant appel aux foules, pensent beaucoup.

Finalement, les technocrates seraient plus compétents que cette vox populi pour faire les choix importants, disent certains… Et l’accord imposé par la négociation européenne le 13 juillet a toutes les apparences d’une mise sous tutelle, malgré le message exprimé par les foules grecques… Sans la renégociation de la dette (et donc de toutes les dettes souveraines), il y a fort à parier que ces mêmes foules descendront à nouveau dans la rue pour protester…

On voit ainsi revenir un certain mépris à l’égard des foules, supposés incultes et irresponsables, ou au moins une certaine défiance envers elles. Sur bien d’autres sujets (le mariage, la GPA, l’euthanasie, l’école, les territoires etc.) les pouvoirs politiques ont peur des foules, ou ne veulent en tenir aucun compte. Le lien entre peuple et élus, constitutif de nos démocraties représentatives, est de plus en plus distendu. La crise de confiance est telle que l’abstention et les extrêmes prolifèrent d’élection en élection en France.

 

Les foules bibliques

foule foule dans Communauté spirituelleDans la Bible, les foules ont un statut bien différent. Elles sont souvent la raison première de l’action de Dieu: « libérez mon peuple » (Exode), croître et se multiplier (Genèse), participer à la liturgie céleste (cf. les foules de l’Apocalypse) etc…

Regardons comment la multiplication des pains nous invite à regarder autrement les foules d’aujourd’hui : en « levant les yeux » avec Jésus, c’est-à-dire en ayant une vision universelle et à long terme, en les nourrissant avec tendresse, en les conduisant toujours plus loin que leur faim immédiate.

 

Aimer les foules avec le Christ

Un acteur essentiel de ce texte (Jn 6,1-15) est la foule. Un grand nombre de gens ont suivi Jésus, et acceptent pour cela de faire des kilomètres à pied, de l’autre côté du lac, loin de chez eux, dans la chaleur et le flou (qui est cet homme ? peut-il nous apporter un salut ? etc.). C’est lorsque Jésus « lève les yeux » sur cette foule qui se masse autour des Douze et lui qu’il prend conscience de sa responsabilité envers elle. Pour les Douze seulement il n’aurait pas posé ce signe de la multiplication des pains. Mais ici il y a urgence et l’enjeu est de taille : plus de 5000 hommes à nourrir (sans compter les femmes et les enfants !). Avant de les rassasier, il organise cette foule, choisit une prairie herbeuse, la fait asseoir, apportantt ainsi le calme et la confiance qui vont éviter à la distribution de nourriture de dégénérer en pugilats dégradants comme on le voit hélas dans trop de distributions humanitaires. D’ailleurs, à la fin du texte, ce n’est plus tout à fait une foule informe mais des « convives » qui sont rassemblés, comme sont rassemblés les morceaux en surplus, comme avaient été rassemblés les grains de blé pour faire le pain.

On peut relire les 4 évangiles avec les foules comme clé d’entrée :

« Dans ma famille toujours menacée de dislocation par le placement des enfants chez les Orphelins d’Auteuil, auprès de ma mère dépendante de l’aumône et donc jamais libre de ses gestes, grandissant à la lisière d’un quartier malfamé pour sa misère et d’un autre, plus populaire, je découvris peu à peu ce que pouvait être la foule entourant Jésus, ce que pouvait signifier sa parole pour les uns et les autres. La Samaritaine, la Cananéenne, le bon larron, le publicain au fond du Temple, la femme faisant tant de bruit pour une drachme retrouvée, tous et toutes m’étaient tellement familiers. La foule des humbles, avec en permanence dans son sillage des misérables, toujours en retard et se poussant, gênant tout le monde, exposant leurs plaies, leurs maladies, leurs souffrances…, rien de tout cela ne me surprenait, au contraire. J’avais l’impression de les avoir déjà rencontrés et c’était exact. Les plus pauvres de la basse ville d’Angers, tantôt absorbés par la foule, tantôt rejetés, refluant vers leur quartier, leurs mansardes, leurs logements sur cour sans soleil ni sanitaire, ne me paraissaient pas différents. Leur langage, leurs comportements étaient les mêmes. Grâce à eux, j’apprenais à être chez moi dans l’Évangile. Cette familiarité n’était pas une question de l’espace ou de l’époque où naissaient les hommes, mais de leur condition sociale dans le monde de leur temps. C’était d’être pauvre ou de condition aisée qui faisait la différence : les uns comprenaient ou même pouvaient bondir de joie ; les autres n’y étaient pas du tout, ils pouvaient critiquer les paroles, les miracles, refuser de les entendre et d’y croire [1]. »

Loin des clichés où les foules seraient essentiellement versatiles (les Rameaux) ou hostiles (la Passion), on découvre alors un lien d’attachement extraordinairement fort entre Jésus et les foules. Visiblement, il est ému par elles, il les connaît de l’intérieur, par le coeur. Il comprend leur demande, et ne s’affole pas de les voir mélangées, voire contradictoires (elles demandent des miracles, une libération politique, des paroles d’amour, une espérance forte que la mort…).

 

Emporté par la foule ?

Cette communion entre Jésus et les foules ne va pourtant à pas jusqu’à leur obéir aveuglément. La fin de notre évangile dit bien : « Jésus savait qu’ils allaient l’enlever pour faire de lui leur roi ;  alors de nouveau il se retira dans la montagne, lui seul ». Il y a donc des moments où il faut savoir décevoir l’attente du plus grand nombre. Lorsque la foule s’aveugle elle-même sur son propre désir, en instrumentalisant par exemple Jésus pour un projet politique (le faire roi), le Christ doit rétablir une juste distance (se retirer dans la montagne). Il ose les décevoir pour que leur faim ne se trompe pas de cible. Il ne se laisse pas griser par son succès immédiat, au point de laisser la foule mettre la main sur lui.

Les grands personnages politiques sont ceux qui osent ainsi frustrer les foules lorsqu’elles demandent leur propre perte, ou lorsqu’elles veulent manipuler le pouvoir pour leurs intérêts à court terme (manger gratuitement, avoir la puissance du prophète de leur côté…). On pense à De Gaulle sachant garder sa liberté vis-à-vis de l’opinion publique. Ou bien à Mitterrand abolissant la peine de mort contre les sondages. Peut-être également à Jacques Delors refusant d’aller à la présidentielle de 1995, à Jean Monnet et Robert Schumann bâtissant l’Europe sur les liens économiques entre la France et l’Allemagne malgré les haines farouches de part et d’autre etc.

Aimer les foules ne veut pas dire leur obéir en tout, devenir leur jouet. Le prophète nourrit la multitude en éduquant son désir, pour passer d’une faim alimentaire à une faim plus haute encore, pour ne pas s’arrêter aux premiers résultats obtenus etc.

 

Alors vous quelles sont vos foules ?

Celles qui vous suivent et que vous devez nourrir (famille, collaborateurs, associations, club en tout genre) ?
Que voudrait dire lever les yeux pour mieux voir et satisfaire la faim de ces foules ?
Quel est votre amour de ceux qui vous sont ainsi confiés ?

Et nous sommes tous également membres d’une foule à un moment ou à un autre. Suis-je prêt à me décentrer de chez moi pour marcher avec d’autres derrière ce prophète si déroutant ? Est-ce que je reconnais le pain qu’il nous donne, sa  véritable nature et origine ?

Est-ce que j’accepte moi aussi, avec la foule, de ne pas mettre la main sur ceux qui sont nos serviteurs ? De leur laisser la liberté, la solitude, la juste distance nécessaires à leur mission ?

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[1]. Joseph Wresinski, Heureux vous les pauvres, Éditions Cana, 1984.

 

 

1ère lecture : « On mangera, et il en restera » (2 R 4, 42-44)

Lecture du deuxième livre des Rois

En ces jours-là,      un homme vint de Baal-Shalisha  et, prenant sur la récolte nouvelle,  il apporta à Élisée, l’homme de Dieu,  vingt pains d’orge et du grain frais dans un sac.  Élisée dit alors :  « Donne-le à tous ces gens pour qu’ils mangent. »      Son serviteur répondit :  « Comment donner cela à cent personnes ? »  Élisée reprit :  « Donne-le à tous ces gens pour qu’ils mangent,  car ainsi parle le Seigneur :  ‘On mangera, et il en restera.’ »      Alors, il le leur donna, ils mangèrent, et il en resta,  selon la parole du Seigneur.

Psaume : Ps 144 (145), 10-11, 15-16, 17-18

R/ Tu ouvres la main, Seigneur :
nous voici rassasiés.
(Ps 144, 16)

Que tes œuvres, Seigneur, te rendent grâce
et que tes fidèles te bénissent !
Ils diront la gloire de ton règne,
ils parleront de tes exploits.

Les yeux sur toi, tous, ils espèrent :
tu leur donnes la nourriture au temps voulu ;
tu ouvres ta main :
tu rassasies avec bonté tout ce qui vit.

Le Seigneur est juste en toutes ses voies,
fidèle en tout ce qu’il fait.
Il est proche de tous ceux qui l’invoquent,
de tous ceux qui l’invoquent en vérité.

2ème lecture : « Un seul Corps, un seul Seigneur, une seule foi, un seul baptême » (Ep 4, 1-6)
Lecture de la lettre de saint Paul apôtre aux Éphésiens

Frères,     moi qui suis en prison à cause du Seigneur,  je vous exhorte à vous conduire d’une manière digne de votre vocation :     ayez beaucoup d’humilité, de douceur et de patience,  supportez-vous les uns les autres avec amour ;      ayez soin de garder l’unité dans l’Esprit  par le lien de la paix.      Comme votre vocation vous a tous appelés à une seule espérance, de même il y a un seul Corps et un seul Esprit.      Il y a un seul Seigneur, une seule foi, un seul baptême,      un seul Dieu et Père de tous,  au-dessus de tous, par tous, et en tous.

Evangile : « Ils distribua les pains aux convives, autant qu’ils en voulaient » (Jn 6, 1-15)

Acclamation : Alléluia. Alléluia. 
Un grand prophète s’est levé parmi nous :
et Dieu a visité son peuple.
Alléluia.  (Lc 7, 16)

En ce temps-là,     Jésus passa de l’autre côté de la mer de Galilée,  le lac de Tibériade.      Une grande foule le suivait,  parce qu’elle avait vu les signes  qu’il accomplissait sur les malades.      Jésus gravit la montagne,  et là, il était assis avec ses disciples.      Or, la Pâque, la fête des Juifs, était proche.     Jésus leva les yeux  et vit qu’une foule nombreuse venait à lui.  Il dit à Philippe :  « Où pourrions-nous acheter du pain  pour qu’ils aient à manger ? »      Il disait cela pour le mettre à l’épreuve,  car il savait bien, lui, ce qu’il allait faire.      Philippe lui répondit :  « Le salaire de deux cents journées ne suffirait pas  pour que chacun reçoive un peu de pain. »      Un de ses disciples, André, le frère de Simon-Pierre, lui dit :      « Il y a là un jeune garçon qui a cinq pains d’orge  et deux poissons,  mais qu’est-ce que cela pour tant de monde ! »      Jésus dit :  « Faites asseoir les gens. »  Il y avait beaucoup d’herbe à cet endroit.  Ils s’assirent donc, au nombre d’environ cinq mille hommes.      Alors Jésus prit les pains  et, après avoir rendu grâce,  il les distribua aux convives ;  il leur donna aussi du poisson,  autant qu’ils en voulaient.     Quand ils eurent mangé à leur faim,  il dit à ses disciples :  « Rassemblez les morceaux en surplus,  pour que rien ne se perde. »      Ils les rassemblèrent, et ils remplirent douze paniers  avec les morceaux des cinq pains d’orge,  restés en surplus pour ceux qui prenaient cette nourriture.      À la vue du signe que Jésus avait accompli,  les gens disaient :  « C’est vraiment lui le Prophète annoncé,  celui qui vient dans le monde. »      Mais Jésus savait qu’ils allaient l’enlever pour faire de lui leur roi ;  alors de nouveau il se retira dans la montagne,  lui seul.
Patrick Braud

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21 mai 2011

La pierre angulaire : bâtir avec les exclus, les rebuts de la société

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La pierre angulaire : bâtir avec les exclus, les rebuts de la société

Homélie pour le 5° Dimanche de Pâques / Année A

22/05/2011

 

 « La pierre rejetée par les bâtisseurs est devenue la pierre d’angle ».

 

Ce verset du psaume 118, repris par Pierre (1P 2,4-9), a dû habiter la pensée de Jésus depuis son enfance. Au moment de la trahison, du procès, de la condamnation et de la croix, plus que jamais ce verset viendra éclairer son chemin. Sur la croix, Jésus est identifié par son Père à ceux que tout le monde rejette : le pouvoir romain pour cause d’agitation politique, les autorités religieuses pour cause de blasphème, le peuple pour cause de banditisme criminel. Abandonné de tous, Jésus fait l’expérience absolue du rejet. Il fait corps avec ceux qui sont rejetés de tous. Il devient « la pierre rejetée par les bâtisseurs ».

 

Sa résurrection par Dieu est alors le signe que lorsque Dieu reconstruit une humanité nouvelle, il le fait à partir de ceux qui sont en bas de l’échelle.

Il part des exclus pour relever tout le peuple.

Il s’appuie sur les damnés, les criminels, les bandits, les blasphémateurs pour que l’homme nouveau ne reproduise plus ces mises à l’écart terribles.

 

Le Père Joseph Wresinski

Quelqu’un a bien compris la dimension politique et sociale de ce renversement opéré par La pierre angulaire : bâtir avec les exclus, les rebuts de la société dans Communauté spirituellela pierre rejetée et devenue angulaire. C’est le Père Joseph Wresinski. Né à Angers au XXe siècle dans une famille pauvre marquée par la séparation, la violence, l’humiliation des bidonvilles, il inventera le terme de Quart Monde pour redonner à ces familles marginales la dignité et la fierté d’appartenir à un peuple en marche.

« Devenir combattant pour les exclus n’est pourtant pas si simple, car on ne se fait pas militant pour des individus épars : une mère ivrogne, une sorcière, un gosse malingre, par-ci, par-là. Il a fallu que je les rencontre en un peuple, il a fallu que je me découvre faisant partie de ce peuple, que je me retrouve à l’âge adulte dans ces gosses des cités dépotoirs autour de nos villes, dans ces jeunes sans travail et qui pleurent de rage. Ils perpétuent la misère de mon enfance et me disent la pérennité d’un peuple en haillons.

Il est en notre pouvoir de mettre en échec cette pérennité. La misère n’existera plus, demain, si nous acceptons d’aider ces jeunes à prendre conscience de leur peuple, à transformer leur violence en combat lucide, à s’armer d’amour, d’espoir et de savoir, pour mener à sa fin la lutte de l’ignorance, de la faim, de l’aumône et de l’exclusion. » [1]

 

Les pauves sont l’Église

Prêtre, il reste pourtant du poil-à-gratter pour son Église ! Car si « les pauvres sont l’Église », selon sa très belle formule, force est de constater que bien souvent l’Église parle sur les pauvres, prie pour les pauvres, agit en leur faveur, mais rarement leur laisse la parole, la responsabilité, l’action au coeur de l’Église.

« L’Église invente à chaque époque pour faire reculer tel genre nouveau de misère et l’éternelle misère de malchance qui niche partout, mais elle finit par n’avoir pas assez de moyens et peut-être plus assez de coeur devant ces trop difficiles à aider. Elle ne sait plus leur parler, elle n’ose plus. Il y a des lieux, des temps et des gens d’Église qui perdent le contact avec les plus pauvres. L’histoire est remplie de ces élans vers la misère qui finissent en collèges pour les riches. Mais je le dis, je l’affirme, prise globalement et surtout regardée dans son c?ur profond et ses saints, l’Église est l’Église des pauvres. Là où je suis je vois très bien pourquoi c’est elle qui peut aller le plus loin pour eux.

- Pourquoi?

- Elle transforme leur coeur, elle les sauve, elle les remet dans l’espérance et dans l’amour. Ces démunis en viennent à se donner eux aussi, ils cherchent à rendre service et ça desserre l’étau de leur misère, ils sont capables de penser aux autres, de se priver. Devant des choses pareilles je vous assure qu’on est avec Dieu, dans l’action de Dieu. » [2]

 

Construire à partir des rebuts de la société

Le Père Joseph ne cesse de plaider pour que l’Église se reconnaisse dans « le visage des  exclus dans Communauté spirituellemisérables ». Unie au Christ, pierre rejetée par les bâtisseurs, l’Église doit elle aussi faire l’expérience d’être avec ces « rebuts de l’Humanité », d’être elle-même considérée comme un rebut.  « Jusqu’à l’heure présente, nous avons faim, nous avons soif, nous sommes nus, maltraités et errants; nous nous épuisons à travailler de nos mains. On nous insulte et nous bénissons; on nous persécute et nous l’endurons; on nous calomnie et nous consolons. Nous sommes devenus comme l’ordure du monde, jusqu’à présent l’universel rebut » (1Co 4,11-13)

« Tu as fait de nous des balayures, un rebut parmi les peuples. » (Lm 3,45)

« Tout ce que j’ai d’oppresseurs fait de moi un scandale; pour mes voisins je ne suis que dégoût, un effroi pour mes amis. Ceux qui me voient dans la rue s’enfuient loin de moi, comme un mort oublié des coeurs, comme un objet de rebut. » (Ps 31,12-13)

 

« En fait, nous sommes une contestation permanente pour l’État, nous lui rappelons son rôle de défenseur des plus défavorisés, nous lui proposons, par notre action, des expérimentations. Nous sommes un signe de contradiction vis-à-vis de toute institution qui cherche d’abord à se perpétuer. Y compris l’Église qui fut longtemps l’asile des exclus, leur recours, leur lieu de révolte et de libération. L’Église semble ne plus vouloir se reconnaître dans le visage des misérables, qui est celui du Christ souffrant. Elle y perd son identité? Et pourtant ce rebut de l’humanité, ce déchet, c’est le petit reste des élus, le Peuple sauvé par Dieu ». [3]

 

Qui sont les « pierres angulaires » aujourd’hui ?

« La pierre rejetée par les bâtisseurs est devenue la pierre d’angle ».

Du combat du Père Joseph Wresinski à la place centrale à donner aux exclus dans nos entreprises, nos assemblées, nos familles même, que la pierre d’angle qu’est Jésus nous inspire une vraie politique de résurrection, chacun à notre échelle.

 


[1]« Les Pauvres sont l’Église », entretiens du père Joseph Wresinski avec Gilles Anouil, Le Centurion, 1983, pp. 7-15.

[2]in : « Si nous parlions de Dieu ? », André Sève, Le Centurion, 1985.

[3]Témoignage Chrétien n° 1741, 17 novembre 1977, Interview du Père Joseph par Philippe Warnier.

 

1ère lecture : Les premiers auxiliaires des Apôtres (Ac 6, 1-7)

 

Lecture du livre des Actes des Apôtres

En ces jours-là, comme le nombre des disciples augmentait, les frères de langue grecque récriminèrent contre ceux de langue hébraïque : ils trouvaient que, dans les secours distribués quotidiennement, les veuves de leur groupe étaient désavantagées.
Les Douze convoquèrent alors l’assemblée des disciples et ils leur dirent : « Il n’est pas normal que nous délaissions la parole de Dieu pour le service des repas.
Cherchez plutôt, frères, sept d’entre vous, qui soient des hommes estimés de tous, remplis d’Esprit Saint et de sagesse, et nous leur confierons cette tâche.
Pour notre part, nous resterons fidèles à la prière et au service de la Parole. »
La proposition plut à tout le monde, et l’on choisit : Étienne, homme rempli de foi et d’Esprit Saint, Philippe, Procore, Nicanor, Timon, Parménas et Nicolas, un païen originaire d’Antioche converti au judaïsme.
On les présenta aux Apôtres, et ceux-ci, après avoir prié, leur imposèrent les mains.

La parole du Seigneur était féconde, le nombre des disciples se multipliait fortement à Jérusalem, et une grande foule de prêtres juifs accueillaient la foi.

 

Psaume : Ps 32, 1.2b-3a, 4-5, 18-19

 

R/ Seigneur, ton amour soit sur nous, comme notre espoir est en toi !

Criez de joie pour le Seigneur, hommes justes !
Hommes droits, à vous la louange !
Jouez pour lui sur la harpe à dix cordes.
Chantez-lui le cantique nouveau.

Oui, elle est droite, la parole du Seigneur ;
il est fidèle en tout ce qu’il fait. 
Il aime le bon droit et la justice ;
la terre est remplie de son amour. 

Dieu veille sur ceux qui le craignent,
qui mettent leur espoir en son amour, 
pour les délivrer de la mort,
les garder en vie aux jours de famine.

 

2ème lecture : La pierre éliminée devient la pierre d’angle (1P 2, 4-9)

 

Lecture de la première lettre de saint Pierre Apôtre

Frères,
approchez-vous de lui : il est la pierre vivante que les hommes ont éliminée, mais que Dieu a choisie parce qu’il en connaît la valeur.
Vous aussi, soyez les pierres vivantes qui servent à construire le Temple spirituel, et vous serez le sacerdoce saint, présentant des offrandes spirituelles que Dieu pourra accepter à cause du Christ Jésus.
On lit en effet dans l’Écriture : Voici que je pose en Sion une pierre angulaire, une pierre choisie et de grande valeur ; celui qui lui donne sa foi ne connaîtra pas la honte.
Ainsi donc, honneur à vous qui avez la foi, mais, pour ceux qui refusent de croire, l’Écriture dit : La pierre éliminée par les bâtisseurs est devenue la pierre d’angle, une pierre sur laquelle on bute, un rocher qui fait tomber. Ces gens-là butent en refusant d’obéir à la Parole, et c’est bien ce qui devait leur arriver.
Mais vous, vous êtes la race choisie, le sacerdoce royal, la nation sainte, le peuple qui appartient à Dieu ; vous êtes donc chargés d’annoncer les merveilles de celui qui vous a appelés des ténèbres à son admirable lumière.

 

Evangile : « Personne ne va vers le Père sans passer par moi » (Jn 14, 1-12)

 

Acclamation : Alléluia. Alléluia. Tu es le Chemin, la Vérité et la Vie, Jésus, Fils de Dieu. Celui qui croit en toi a reconnu le Père. Alléluia. (cf. Jn 14, 6.9)

 

Évangile de Jésus Christ selon saint Jean

A l’heure où Jésus passait de ce monde à son Père, il disait à ses disciples : « Ne soyez donc pas bouleversés : vous croyez en Dieu, croyez aussi en moi.
Dans la maison de mon Père, beaucoup peuvent trouver leur demeure ; sinon, est-ce que je vous aurais dit : Je pars vous préparer une place ?
Quand je serai allé vous la préparer, je reviendrai vous prendre avec moi ; et là où je suis, vous y serez aussi.
Pour aller où je m’en vais, vous savez le chemin. »
Thomas lui dit : « Seigneur, nous ne savons même pas où tu vas ; comment pourrions-nous savoir le chemin ? »
Jésus lui répond : « Moi, je suis le Chemin, la Vérité et la Vie ; personne ne va vers le Père sans passer par moi.
Puisque vous me connaissez, vous connaîtrez aussi mon Père. Dès maintenant vous le connaissez, et vous l’avez vu. »
Philippe lui dit : « Seigneur, montre-nous le Père ; cela nous suffit. »
Jésus lui répond : « Il y a si longtemps que je suis avec vous, et tu ne me connais pas, Philippe ! Celui qui m’a vu a vu le Père.
Comment peux-tu dire : ‘Montre-nous le Père’ ? Tu ne crois donc pas que je suis dans le Père et que le Père est en moi ! Les paroles que je vous dis, je ne les dis pas de moi-même ; mais c’est le Père qui demeure en moi, et qui accomplit ses propres oeuvres.
Croyez ce que je vous dis : je suis dans le Père, et le Père est en moi ; si vous ne croyez pas ma parole, croyez au moins à cause des oeuvres.
Amen, amen, je vous le dis : celui qui croit en moi accomplira les mêmes oeuvres que moi. Il en accomplira même de plus grandes, puisque je pars vers le Père. »
Patrick Braud

 

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