L'homélie du dimanche (prochain)

19 mai 2012

Quand Dieu appelle

Classé sous Communauté spirituelle — lhomeliedudimanche @ 0 h 01 min

Quand Dieu appelle

  

Un appel objectif

Cela fait des décennies qu’en France on parle de « crise des vocations » : la chute vertigineuse du nombre de prêtres et de séminaristes transforme en profondeur le paysage paroissial. D’où vient cette « crise » ? Dieu appellerait-il moins qu’avant ? Les jeunes sont-ils plus éloignés de lui au point de ne plus l’entendre ?

 

Un petit détour par la première lecture de ce dimanche peut nous aider (Ac 1, 15-26). Il s’agit de la situation du groupe des disciples au lendemain de la résurrection. Les « frères » sont environ 120, nombre symbolique qui correspond bien aux 12 tribus d’Israël (multiplié par 10, le nombre du minian c’est-à-dire du groupe minimum de 10 juifs pour réciter la prière). Mais les apôtres eux ne sont plus que 11, depuis que Judas s’est pendu. Matériellement, ils pouvaient rester 11, cela suffirait. Pas symboliquement : Jésus les a appelés à faire 12, et c’est à 12 qu’ils doivent rester des témoins de la vie/mort/résurrection du Messie, accomplissant en cela la vocation d’Israël.

 

Tout par non donc non pas d’un désir personnel de tel ou tel frère de servir en remplaçant Judas, mais du besoin de l’Église de faire corps autour des 12 à nouveau constitués.

Cette première indication est capitale : ce n’est pas l’envie personnelle de tel ou tel qui le qualifie pour devenir apôtre, c’est le besoin de l’Église, objectif.

 

 

Un appel porté par l’Église locale

Deuxième indication : à partir du moment où ce besoin ecclésial est clairement identifié et reconnu par tous, on ne demande pas qui a envie de se proposer. Il n’y a pas de campagnes électorales, pas de candidats qui chercheraient à se faire élire. Il n’y a même pas d’auto-proposition spontanée où il faudrait prendre le temps de discerner (comme dans les séminaires) si cela convient et si le candidat peut être accepté. Non, c’est l’assemblée qui propose, et apparemment sans même demander aux choisis s’ils sont d’accord ! « On en présenta deux ». C’est donc que l’ekklésia participe activement au choix de ses ministres. L’assemblée locale propose. Elle entre en prière pour laisser le choix ultime à Dieu, à travers la méthode du tirage au sort entre les deux présentés.

Cette deuxième indication du texte des Actes explique peut-être en partie notre crise des vocations : si nos assemblées locales étaient effectivement davantage associées au choix et au soutien spirituel des candidats, on n’en serait plus à attendre que des jeunes viennent d’eux-mêmes, mais on leur demanderait s’ils sont d’accord pour être proposés !

 

Dieu ne choisit pas à la manière des hommes

Troisième indication : lorsque Dieu choisit, c’est rarement selon les critères des hommes. On se souvient que c’était déjà le cas pour les rois (David par exemple n’est que le dernier des enfants de Jessé, et en plus il est roux), les prophètes (Jérémie s’en plaint assez), les prêtres (la tribu de Lévi n’était pas la plus prestigieuse) : « Dieu ne juge pas selon les apparences ».

Ceci est confirmé de manière spectaculaire dans le choix du remplaçant de Judas. On présente deux membres de la communauté. Le premier est couvert de titres et visiblement très apprécié de tous. Il a trois prénoms, et pas des moindres : Joseph, Barsabbas, et en plus on le surnomme « le Juste » (Justus). Le second présenté (il n’est pas « candidat », répétons-le) n’a qu’un seul prénom : Matthias. Eh bien, le tirage au sort (procédé pratique pour laisser symboliquement le dernier mot de l’appel à Dieu lui-même) désigne celui qui a le moins de titres : Matthias.

C’est souvent le cas encore aujourd’hui ! Rappelez-vous du bon pape Jean XXIII qui était plus proche des bergers italiens que des intellectuels et diplomates de la Curie romaine. Ou du cardinal Marty, paysan du Rouergue à l’accent rocailleux qui a laissé un souvenir indéfectible dans le coeur des parisiens dont il a été l’évêque aimé. Ou du curé d’Ars réussissant avec peine les examens du Séminaire.

Nul anti-intellectualisme dans ce choix de Dieu, mais seulement ce rappel du Magnificat : « il élève les humbles ».

 

Résumons-nous : ce petit texte de Ac 1, 15-26 nous donnent trois précieuses indications sur la façon dont Dieu procède pour appeler des ministres :

- tout part d’un besoin ecclésial clairement reconnu

- l’assemblée locale choisie qui elle veut pour satisfaire ce besoin ; elle présente, soutient et accompagne les désignés

- le choix ultime est laissé à Dieu, en acceptant que ses critères ne soient pas les critères du monde.

 

S’il y a une crise des vocations, elle vient sans doute moins des jeunes d’aujourd’hui que de la coupure meurtrière qui a été établie entre les églises locales et l’appel des ministres. Sous prétexte de respecter l’intimité et le secret des coeurs, on a laissé la vocation devenir une histoire privée, individuelle, voire individualiste. Du coup cela fait peur ; et l’église locale devient étrangère à ces itinéraires privés.

 

La controverse Branchereau-Lahitton

Une controverse célèbre dans l’histoire avait pourtant raisonné comme un avertissement contre cette privatisation de l’appel au ministère. C’est la fameuse controverse Branchereau ? Lahitton au début du XX° siècle.

Branchereau était un sulpicien qui défendait une approche subjective  de la vocation: l’appel est selon lui l’effet d’une grâce divine déposée directement par Dieu dans le coeur du candidat. C’est la théorie dite « des germes de vocation » dans le coeur des candidats au ministère. Le rôle de l’Église est alors de fortifier cette grâce après l’avoir discerné. La vie laïque s’applique à tous ceux qui ne se sentent pas appelés à autre chose. Il y a vocation sacerdotale là où Dieu appelle, de façon impérative, pour confier un honneur  et un pouvoir  particuliers. La pastorale des vocations s’appuie alors sur cette théorie des germes: l’appel existe, mais il est étouffé dans le coeur des jeunes gens (=> Petits Séminaires pour les accueillir plus tôt, avant qu’ils ne soient corrompus par l’esprit du monde).  Le signe de la vocation, c’est l’attrait personnel, conjoint aux aptitudes requises. S’il y a les deux, c’est que la vocation est réelle et vient de Dieu. Voilà la théorie qui a largement marqué (et encore aujourd’hui) l’accès aux ministères. Le lien Église locale – ministres y disparaît, au profit de l’aventure personnelle de l’aspirant au pouvoir sacramentel. Elle oublie le souci d’édification du corps ecclésial, et fait « du » prêtre « l’homme de Dieu », l’homme du sacré.

 

Lahitton était un dominicain, qui contestait fortement contre cette théorie des germes de la vocation. Pour lui, c’est l’appel adressé à quelqu’un par l’Église hiérarchique qui est le critère déterminant de la vocation au ministère. Il critique les Petits Séminaires qui confondent vie parfaite et ministère: le ministère est subverti en un moyen d’être plus proche de Dieu, au lieu de vouloir servir l’Église dans le monde. L’expression « vocation tardive » traduit bien cette conception où l’appel est censé exister normalement dès l’enfance, mais à la manière d’une vocation religieuse dévoyée… La dimension infantile de la théorie des germes de vocation dès l’enfance se traduit par une recherche éperdue des germes de vocation, confondus avec la certitude subjective d’être appelé. Pour Lahitton, c’est l’appel objectif  par l’Église (évêque) qui est déterminant. Les ministres sont appelés, même s’ils n’ont pas d’attrait personnel: ainsi Aaron, Marie, les Apôtres… D’ailleurs, dans l’Église ancienne, beaucoup d’hommes furent appelés à l’épiscopat contre leur gré (invitus, coactus  comme l’écrit Congar): Ambroise de Milan (vox populi, vox Dei), Grégoire de Nazyance (ordonné malgré lui!), Grégoire de Nysse, Augustin, Jean Chrysostome, Cyprien, Germain, Hilaire, Martin, Paulin de Nole, Grégoire le Grand, Rémi, Philippe de Néri (sacerdos ex obedientia factus, disait-on de lui) etc… Voilà, parmi les plus connus, quelques prêtres qui n’avaient pas « l’attrait » pour le ministère, mais qui furent des pasteurs et des saints remarquables! Et les liturgies d’ordination commencent encore par une phrase rituelle qui a tout son sens: « Père, la sainte Église vous présente son fils N. ». À laquelle répond l’interrogation de l’évêque: « savez-vous s’il a les aptitudes requises ? » Les aptitudes en question ne proviennent pas du désir du candidat, mais doivent être attestées par les chrétiens consultés. Cette ligne « objective » où l’appel vient de l’Église plus que d’une motion intérieure peut s’appuyer sur la thèse de l’idonéité  chère à St Thomas: les deux critères pour ordonner quelqu’un sont avoir une ?bonne vie’, et une science compétente. Il suffit donc de trouver des hommes idoines et de les ordonner. C’est d’ailleurs encore le cas pour les évêques : si l’Église appelle un prêtre à devenir évêque sans que celui-ci se soit proposé, pourquoi ne le ferait-elle pas, a fortiori, pour les autres ministres ?

 

La solution à cette controverse a été formellement énoncée par Pie X, dans un jugement publié dans les Acta Apostolicae Sedis en 1912, et qui acquiert par là une force magistérielle très haute. « Nul n’a jamais aucun droit à l’ordination, antérieurement au libre choix de l’évêque ». Ni « l’attrait intérieur », ni les « invites du Saint Esprit » ne sont nécessaires, mais seuls l’appel de l’évêque, et de la part du candidat « l’intention droite unie à l’idonéité ».

 

Si on suit les conclusions de cette dispute, comme celle de notre première lecture, on devrait réintroduire la responsabilité des Églises locales dans l’appel de ses ministres.

Mais cela bousculerait bien des traditions purement humaines…

 

 

1ère lecture : Élection de Matthias en remplacement de Judas (Ac 1, 15-17.20a.20c-26)

Lecture du livre des Actes des Apôtres

En ces jours-là, les frères étaient réunis au nombre d’environ cent vingt. Pierre se leva au milieu de l’assemblée et dit :
« Frères, il fallait que l’Écriture s’accomplisse : par la bouche de David, l’Esprit Saint avait d’avance parlé de Judas, qui en est venu à servir de guide aux gens qui ont arrêté Jésus, ce Judas qui pourtant était l’un de nous et avait reçu sa part de notre ministère. Il est écrit au livre des Psaumes : Que sa charge passe à un autre. Voici donc ce qu’il faut faire : il y a des hommes qui nous ont accompagnés durant tout le temps où le Seigneur Jésus a vécu parmi nous, depuis son baptême par Jean jusqu’au jour où il nous a été enlevé. Il faut donc que l’un d’entre eux devienne avec nous témoin de sa résurrection. »
On en présenta deux : Joseph Barsabbas, surnommé Justus, et Matthias. Puis l’assemblée fit cette prière : « Toi, Seigneur, qui connais le c?ur de tous les hommes, montre-nous lequel des deux tu as choisi pour prendre place dans le ministère des Apôtres, que Judas a déserté en partant vers son destin. »
On tira au sort, et le sort tomba sur Matthias, qui fut dès lors associé aux onze Apôtres.

 

Psaume : 102, 1-2, 11-12, 19.22

R/ Gloire à toi, Seigneur, à la droite du Père !

Bénis le Seigneur, ô mon âme,
bénis son nom très saint, tout mon être !
Bénis le Seigneur, ô mon âme,
n’oublie aucun de ses bienfaits !

Comme le ciel domine la terre,
fort est son amour pour qui le craint ;
aussi loin qu’est l’orient de l’occident,
il met loin de nous nos péchés.

Le Seigneur a son trône dans les cieux :
sa royauté s’étend sur l’univers.
Toutes les ?uvres du Seigneur, bénissez-le,
sur toute l’étendue de son empire !

 

2ème lecture : « Nous avons reconnu l’amour de Dieu » (1Jn 4, 11-16)

Lecture de la première lettre de saint Jean

Mes bien-aimés,
puisque Dieu nous a tant aimés, nous devons aussi nous aimer les uns les autres.
Dieu, personne ne l’a jamais vu. Mais si nous nous aimons les uns les autres, Dieu demeure en nous, et son amour atteint en nous sa perfection. Nous reconnaissons que nous demeurons en lui, et lui en nous, à ce qu’il nous donne part à son Esprit. Et nous qui avons vu, nous attestons que le Père a envoyé son Fils comme Sauveur du monde.

Celui qui proclame que Jésus est le Fils de Dieu, Dieu demeure en lui, et lui en Dieu.
Et nous, nous avons reconnu et nous avons cru que l’amour de Dieu est parmi nous. Dieu est amour : celui qui demeure dans l’amour demeure en Dieu, et Dieu en lui.

 

Evangile : La grande prière de Jésus : « Consacre-les dans la vérité » (Jn 17, 11b-19)

Acclamation : Alléluia. Alléluia. Le Seigneur ne vous laisse pas orphelins : il reviendra vers vous, alors votre c?ur connaîtra la joie. Alléluia. (cf. Jn 14, 18)

Évangile de Jésus Christ selon saint Jean

À l’heure où Jésus passait de ce monde à son Père, les yeux levés au ciel, il priait ainsi : « Père saint, garde mes disciples dans la fidélité à ton nom que tu m’as donné en partage, pour qu’ils soient un, comme nous-mêmes.
Quand j’étais avec eux, je les gardais dans la fidélité à ton nom que tu m’as donné. J’ai veillé sur eux, et aucun ne s’est perdu, sauf celui qui s’en va à sa perte de sorte que l’Écriture soit accomplie. Et maintenant que je viens à toi, je parle ainsi, en ce monde, pour qu’ils aient en eux ma joie, et qu’ils en soient comblés.
Je leur ai fait don de ta parole, et le monde les a pris en haine parce qu’ils ne sont pas du monde, de même que moi je ne suis pas du monde. Je ne demande pas que tu les retires du monde, mais que tu les gardes du Mauvais. Ils ne sont pas du monde, comme moi je ne suis pas du monde.
Consacre-les par la vérité : ta parole est vérité. De même que tu m’as envoyé dans le monde, moi aussi, je les ai envoyés dans le monde. Et pour eux je me consacre moi-même, afin qu’ils soient, eux aussi, consacrés par la vérité. »
Patrick BRAUD

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14 janvier 2012

Quel Éli élirez-vous ?

Classé sous Communauté spirituelle — lhomeliedudimanche @ 0 h 01 min

Quel Éli élirez-vous ?


Homélie pour le 2° Dimanche ordinaire / Année B
15/01/2012

Rassurez-vous : il ne s’agit pas d’élection au sens politique du terme. Élire, c’est choisir. Les retraites d’élection dans l’esprit de St Ignace de Loyola constituent par exemple une méthode pour faire des choix accordés à notre vocation la plus personnelle.

Choisir ses compagnons de route n’est pas une mince affaire non plus.

Quel Éli élirez-vous ? dans Communauté spirituelle TEXT-breastplate-smLe jeune Samuel a la chance d’avoir auprès de lui un sage qui va l’aider à interpréter ce qui lui arrive. Il a Éli, sans l’avoir élu, mais en lui faisant confiance il le choisit comme son décodeur particulier.

Le célèbre passage des quatre appels de Samuel dans le Temple (1S 3) nous renvoie en effet à notre propre capacité d’interprétation des événements qui nous réveillent.

Le sommeil de Samuel peut figurer nos assoupissements, nos endormissements : lorsque nous ronronnons sur nos acquis ; lorsque nous ne grandissons plus, à l’instar de Samuel qui attend sans le savoir une parole pour grandir. « Samuel grandit. Le Seigneur était avec lui, et aucune de ces paroles ne demeurait sans effet » (1S 3,19).

Ce sommeil figure également tous les moments où nos barrières sont levées, nos contrôles hors service, nos blocages apaisés. Pour qu’une voix se fasse entendre, il faut souvent ce sommeil de la volonté propre, où tous les check-points sont vides des policiers-douaniers du self-control dont nous les peuplons au réveil.

Alors survient – on ne sait d’où ni comment – cet appel étrange dont on ne découvre que très tardivement dans notre texte la forme exacte : « Samuel, Samuel ! ». Au début c’est une voix, ni extérieure ni intérieure. Elle nous empêche de mener une vie tranquille. Elle nous relance, parfois dans l’inquiétude, parfois dans l’exaltation. Pour Samuel, c’est au début le rappel à sa condition de jeune serviteur du responsable du Temple. Il ne peut interpréter ce mouvement en lui que dans le cadre de ce qu’il connaît, et « Samuel ne connaissait pas encore le Seigneur ». Ainsi, beaucoup de nos contemporains ressentent ces élans intérieurs, ces motions et émotions spirituelles, sans pouvoir leur donner un nom, car « ils ne connaissent pas le Seigneur ». C’est ici que le rôle d’Éli est capital. Samuel se confie à lui. Éli refuse de mettre la main sur ce qui se passe chez ce jeune homme. Il confesse : « je ne t’ai pas appelé ». À la manière de Jean-Baptiste qui confessait : « ce n’est pas moi » (« non sum »), Éli refuse de prendre possession de cette aventure, de se l’attribuer, de dominer Samuel à travers elle. C’est sans doute le premier critère d’un bon accompagnateur spirituel (cf. les fameux Exercices spirituels de St Ignace de Loyola donnés par les jésuites sur 30 jours, ou une semaine) : une attitude de dépossession, une reconnaissance du travail d’un Autre dans lequel l’accompagnateur n’est pour rien au départ. À la manière de Jean-Baptiste qui désigne Jésus à ses disciples : « voici l’agneau de Dieu ». Ce n’est pas moi, c’est lui que vous devez suivre. Je suis là que pour indiquer sa présence et orienter votre désir vers Celui qui en est la source.

À partir de cette triple reconnaissance négative (« je ne t’ai pas appelé ») Éli peut alors aider Samuel à comprendre ce qui lui arrive, à décrypter cette voix qui ne le laisse pas tranquille. Il révèle à Samuel qu’il est travaillé par l’appel de Dieu lui-même. Il lui indique la posture adopter désormais pour tenir compte de cette quête intérieure : « parle Seigneur, ton serviteur écoute ».

Sans Élie, pas de Samuel prophète, et donc pas de promesse messianique faite à David (2S 7,14) et donc pas de Jésus fils de David à l’horizon de l’histoire d’Israël !

Et vous ? Qui joue le rôle d’Éli pour recueillir vos appels intérieurs ? Qui écoute vos rêves ou vos cauchemars, votre quête intérieure, vos interrogations sur les vrais choix à faire ? Quel Éli élirez-vous ?

Si vous restez seul avec les voix qui vous réveillent la nuit, comment allez-vous les interpréter ?

Nos salons sont encombrés de décodeurs, de boxs, de modems et autres interfaces qui  appel dans Communauté spirituellenous permettent de déchiffrer tous les signaux numériques codés qui nous sont envoyés en masse. Sans ces appareils, la prise téléphonique resterait incompréhensible, le câble d’antenne rempli de borborygmes inhumains, les DVD saturés de hiéroglyphes, les MP3 énigmatiques…

Si nous savons nous entourer des bons objets pour traduire les signaux matériels qui nous assaillent, combien plus devrions-nous choisir les bons accompagnateurs spirituels pour interpréter dans les événements de nos vies les appels qui viennent de Dieu et ceux qui ne viennent pas de lui.

Ces Élis modernes peuvent revêtir bien des figures : de la médiation d’un groupe de parole à un réel accompagnement personnel régulier ; de la fréquentation d’auteurs spirituels à la participation à une communauté ecclésiale ; de l’écriture pour soi au témoignage pour d’autres ; de la retraite en abbaye aux voyages sabbatiques qui permettent une rupture … : les ressources sont immenses et variées !

On peut l’appeler direction de conscience comme autrefois, accompagnement spirituel, tutorat herméneutique, compagnonnage, initiation à une école de pensée ou tout autre vocable.

L’essentiel est de trouver l’Éli de votre croissance personnelle.

Et pour cela de ne pas étouffer ce qui vous réveille la nuit, d’accepter d’en parler à un autre, d’accepter d’être aidé pour comprendre.

Alors, quel Éli élirez-vous ?

 

 

 

1ère lecture : Vocation de Samuel (1S 3, 3b-10.19)
Lecture du premier livre de Samuel

Samuel couchait dans le temple du Seigneur, où se trouvait l’arche de Dieu. Le Seigneur appela Samuel, qui répondit : « Me voici ! » Il courut vers le prêtre Éli, et il dit : « Tu m’as appelé, me voici. » Éli répondit : « Je ne t’ai pas appelé. Retourne te coucher. » L’enfant alla se coucher. De nouveau, le Seigneur appela Samuel. Et Samuel se leva. Il alla auprès d’Éli, et il dit : « Tu m’as appelé, me voici. » Éli répondit : « Je ne t’ai pas appelé, mon fils. Retourne te coucher. » Samuel ne connaissait pas encore le Seigneur, et la parole du Seigneur ne lui avait pas encore été révélée.
Une troisième fois, le Seigneur appela Samuel. Celui-ci se leva. Il alla auprès d’Éli, et il dit : « Tu m’as appelé, me voici. » Alors Éli comprit que c’était le Seigneur qui appelait l’enfant, et il lui dit : « Retourne te coucher, et si l’on t’appelle, tu diras : ‘Parle, Seigneur, ton serviteur écoute.’ » Samuel retourna se coucher. Le Seigneur vint se placer près de lui et il appela comme les autres fois : « Samuel ! Samuel ! » et Samuel répondit : « Parle, ton serviteur écoute. »
Samuel grandit. Le Seigneur était avec lui, et aucune de ses paroles ne demeura sans effet.

Psaume : 39, 2abc.4ab, 7-8a, 8b-9, 10cd.11cd
R/ Me voici, Seigneur, je viens faire ta volonté.

D’un grand espoir j’espérais le Seigneur :
il s’est penché vers moi.
En ma bouche il a mis un chant nouveau,
une louange à notre Dieu.

Tu ne voulais ni offrande ni sacrifice,
tu as ouvert mes oreilles ;
tu ne demandais ni holocauste ni victime,
alors j’ai dit : « Voici, je viens. »

Dans le livre, est écrit pour moi
ce que tu veux que je fasse.
Mon Dieu, voilà ce que j’aime :
ta loi me tient aux entrailles.

Vois, je ne retiens pas mes lèvres,
Seigneur, tu le sais.
J’ai dit ton amour et ta vérité
à la grande assemblée.

2ème lecture : Notre corps appartient au Seigneur (1Co 6, 13b-15a.17-20)
Lecture de la première lettre de saint Paul Apôtre aux Corinthiens
Frères,
notre corps n’est pas fait pour la débauche, il est pour le Seigneur Jésus, et le Seigneur est pour le corps ; et Dieu, par sa puissance, a ressuscité le Seigneur et nous ressuscitera nous aussi. Ne le savez-vous pas ? Vos corps sont les membres du Christ. Quand on s’unit au Seigneur, cela ne fait qu’un seul esprit. Fuyez la débauche. Tous les péchés que l’homme peut commettre sont extérieurs à son corps ; mais la débauche est un péché contre le corps lui-même.
Ne le savez-vous pas ? Votre corps est le temple de l’Esprit Saint, qui est en vous et que vous avez reçu de Dieu ; vous ne vous appartenez plus à vous-mêmes, car le Seigneur a payé le prix de votre rachat. Rendez donc gloire à Dieu dans votre corps.

Evangile : Vocation des trois premiers disciples (Jn 1, 35-42)
Acclamation : Alléluia. Alléluia.
En Jésus Christ, nous avons reconnu le Messie : par lui nous viennent grâce et vérité. Alléluia. (cf. Jn 1, 41.17)

Évangile de Jésus Christ selon saint Jean

Jean Baptiste se trouvait avec deux de ses disciples. Posant son regard sur Jésus qui allait et venait, il dit :
« Voici l’Agneau de Dieu. »
Les deux disciples entendirent cette parole, et ils suivirent Jésus. Celui-ci se retourna, vit qu’ils le suivaient, et leur dit :
« Que cherchez-vous ? »
Ils lui répondirent : « Rabbi (c’est-à-dire : Maître), où demeures-tu ? »
Il leur dit : « Venez, et vous verrez. »
Ils l’accompagnèrent, ils virent où il demeurait, et ils restèrent auprès de lui ce jour-là.
C’était vers quatre heures du soir.
André, le frère de Simon-Pierre, était l’un des deux disciples qui avaient entendu Jean Baptiste et qui avaient suivi Jésus. Il trouve d’abord son frère Simon et lui dit : « Nous avons trouvé le Messie (autrement dit : le Christ).
André amena son frère à Jésus. Jésus posa son regard sur lui et dit : « Tu es Simon, fils de Jean ; tu t’appelleras Képha » (ce qui veut dire : pierre).
Patrick Braud

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22 janvier 2011

Ruptures et continuités : les conversions à vivre pour répondre à un appel

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Ruptures et continuités :
les conversions à vivre pour répondre à un appel

 

Homélie pour le 3° dimanche ordinaire / Année A

Dimanche 23 Janvier 2011

 

 

Pêcheurs / pêcheurs d’hommes

·       « Venez derrière moi, et je vous ferai pêcheurs d’hommes. »

Le jeu de mots est célèbre. Il a suscité d’innombrables commentaires. Il peut à nouveau éclairer les appels qui jalonnent notre route, venant de Dieu, du hasard ou de la nécessité…

 

Un appel produit toujours ruptures et continuités

 

Savoir quitter

·       C’est facile à constater : être appelé à une responsabilité nouvelle oblige la plupart du temps à quitter bien des choses. Il faut déménager pour aller travailler ailleurs ; accepter d’avoir moins de temps libre pour assumer un engagement supplémentaire ; renouveler son réseau de relations pour découvrir un autre milieu etc…

À cause de cela, dans l’évangile, les verbes quitter / laisser suivent presque toujours le verbe appeler. « Il les appela. Aussitôt, laissant leur barque… ».

- Simon et André quittent leur père, leurs filets de pêche, et avec eux l’entreprise familiale, leur vie tranquille à Capharnaüm.

- Jacques et Jean font de même : ils quittent eux aussi la barque familiale et les rivages familiers.

- Jésus lui-même inaugure son ministère par un changement d’adresse significative : « il quitta Nazareth et vint habiter Capharnaüm ». À tel point que Capharnaüm est devenue ‘la ville de Jésus’, là où il avait sa maison (celle de Pierre en fait, dont on a retrouvé les traces et qu’on visite aujourd’hui encore à Capharnaüm).

Il quitte son enfance, Nazareth et sa vie cachée, pour s’établir dans ce « carrefour des nations », peuplé de militaires, de voyageurs, et de tous les commerces qui vont avec…
On aurait dû l’appeler ‘Jésus de Capharnaüm’ et non pas ‘Jésus de Nazareth’ !

 

·       Répondre à un appel implique donc des ruptures, inévitablement.

Faites la liste des ruptures que vous avez déjà traversées – même sans vous en rendre compte sur le moment – pour les études, pour un poste professionnel, à cause du déménagement des autres, des deuils, des séparations successives…

Savoir quitter est donc l’apprentissage de ceux qui répondent à des appels.

 

Continuités

·       Mais tout n’est pas rompu de son passé lorsqu’on se met à suivre le Christ. En même temps que l’on quitte, on découvre ce qui demeure. Tout n’est pas changé : des choses fondamentales restent là, plus que jamais, prises dans une autre lumière certes, mais toujours les mêmes.

Ainsi, Simon et André ne cessent pas d’être frères, et répondent ensemble à l’appel de Jésus, en frères. De même pour Jacques et Jean, qui restent « fils de Zébédée » par la suite.

C’est rassurant : on peut répondre à un appel en famille, les liens familiaux peut être transfigurés dans l’aventure commune !

 

·       Autre continuité soulignée fortement par l’évangéliste Matthieu : entre Isaïe et Jésus. L’appel auquel répond Jésus ne rompt pas les anciennes alliances. Au contraire, il les accomplit. « Ainsi s’accomplit ce que le Seigneur avait dit par le prophète Isaïe : Pays de Zabulon et pays de Nephtali, route de la mer et pays au-delà du Jourdain, Galilée, toi le carrefour des païens : le peuple qui habitait dans les ténèbres a vu se lever une grande lumière ». (Mt 4,14-16)

 « Ne croyez pas que je sois venu pour abolir : je suis venu accomplir, non pas abolir ». (Mt 5,17). Accomplir la prophétie d’Isaïe se situe dans  la continuité de la lignée des prophètes.

Pour l’Église, assumer la continuité avec Israël, ou avec le premier Testament, est toujours un impératif que les ruptures historiques ne peuvent effacer.

 

Ruptures et continuités : la conversion des talents

·       Autre continuité tout à fait remarquable dans le texte : les deux fois deux frères ne cesseront pas d’être des pêcheurs. Ils ne deviendront pas apôtres à partir de rien, ex nihilo. Ils apprendront à convertir leur savoir-faire de pêcheurs de poissons dans la mission apostolique de pêcheurs d’hommes.

Autrement dit, Dieu ne les appelle pas malgré leur métier, contre lui ou sans lui. Il s’appuie sur leur métier pour les initier à leur vocation profonde.

Ruptures et continuités : les conversions à vivre pour répondre à un appel dans Communauté spirituelle

Et qu’est-ce qu’être pêcheur à l’époque de Jésus ?

Pour les juifs, rappelez-vous, la mer est le lieu de la peur et de la mort. Depuis le déluge qui a submergé la terre, noyé les Égyptiens, naufragé Jonas ou fait peur aux piètres marins qu’étaient les juifs, être plongé dans l’eau signifiait habiter les profondeurs de la mort, au milieu de monstres effrayants. Le métier de pêcheur, c’est alors de sortir hors de ce milieu infernal les ‘poissons’ représentant les hommes. Le pêcheur met l’humanité hors d’eau. Son savoir-faire libère ceux qui habitaient les « ténèbres » (selon les termes d’Isaïe) des océans  pour les amener à la lumière de la surface. À tel point que les chrétiens se désignaient dans les premiers siècles par le symbole du poisson, tiré hors de l’eau angoissante, prêt à être cuit sur la braise, savoureusement goûté lors du repas de la résurrection sur la grève (cf. Jn 21).

 

·       Le jeu de mots pêcheurs/pêcheurs d’hommes signifie donc la profonde continuité que chacun va assumer : en répondant à l’appel du Christ, nous sommes invités non pas à renier notre identité profonde, nos talents, nos charismes, mais à les mettre au service de la pêche apostolique, avec plus d’intelligence encore que lorsque nous étions à notre compte…

   André dans Communauté spirituelle

·       L’histoire est pleine de telles ruptures / continuités :

Augustin quitte sa maîtresse et l’ésotérisme, mais met l’art de sa rhétorique au service de l’Évangile.

Ambroise était préfet de Milan et il a su mettre sa compétence au service de son ministère d’évêque.

Charles de Foucauld était un génial explorateur doué du sens militaire : il deviendra un pionnier de la grammaire et du dictionnaire touareg-français.

L’Abbé Pierre était député, et il a su faire jouer son carnet d’adresses en faveur d’Emmaüs…

 

Vous le voyez : tout appel, qui vient du Christ ou des événements de la vie, produit à la fois des ruptures et des continuités.

À chacun de discerner ce qu’il doit quitter, ce qu’il peut conserver tout en le transformant, pour répondre à quel appel…

   appel

 

 

1ère lecture : Une lumière se lèvera sur la Galilée (Is 8, 23 – 9,1-3)

Lecture du livre d’Isaïe

Dans les temps anciens, le Seigneur a couvert de honte le pays de Zabulon et le pays de Nephtali ; mais ensuite, il a couvert de gloire la route de la mer, le pays au-delà du Jourdain, et la Galilée, carrefour des païens.
Le peuple qui marchait dans les ténèbresa vu se lever une grande lumière ; sur ceux qui habitaient le pays de l’ombre, une lumière a resplendi.

Tu as prodigué l’allégresse, tu as fait grandir la joie : ils se réjouissent devant toi comme on se réjouit en faisant la moisson, comme on exulte en partageant les dépouilles des vaincus.

Car le joug qui pesait sur eux, le bâton qui meurtrissait leurs épaules, le fouet du chef de corvée, tu les as brisés comme au jour de la victoire sur Madiane.

 

Psaume : Ps 26, 1, 4abcd, 13-14

R/ Le Seigneur est lumière et salut

Le Seigneur est ma lumière et mon salut ;
de qui aurais-je crainte ?
Le Seigneur est le rempart de ma vie ;
devant qui tremblerais-je ? 

J’ai demandé une chose au Seigneur,
la seule que je cherche : 
habiter la maison du Seigneur
tous les jours de ma vie.

J’en suis sûr, je verrai les bontés du Seigneur
sur la terre des vivants. 
« Espère le Seigneur, sois fort et prends courage ;
espère le Seigneur. »

 

2ème lecture : Le scandale des divisions dans l’Église du Christ (1Co 1, 10-13.17)

Lecture de la première lettre de saint Paul Apôtre aux Corinthiens

Frères,
je vous exhorte au nom de notre Seigneur Jésus Christ à être tous vraiment d’accord ; qu’il n’y ait pas de division entre vous, soyez en parfaite harmonie de pensées et de sentiments.
J’ai entendu parler de vous, mes frères, par les gens de chez Cloé : on dit qu’il y a des disputes entre vous.
Je m’explique. Chacun de vous prend parti en disant : « Moi, j’appartiens à Paul », ou bien : « J’appartiens à Apollos », ou bien : « J’appartiens à Pierre », ou bien : « J’appartiens au Christ ».
Le Christ est-il donc divisé ? Est-ce donc Paul qui a été crucifié pour vous ? Est-ce au nom de Paul que vous avez été baptisés ?
D’ailleurs, le Christ ne m’a pas envoyé pour baptiser, mais pour annoncer l’Évangile, et sans avoir recours à la sagesse du langage humain, ce qui viderait de son sens la croix du Christ.

 

Evangile : Jésus commence son ministère par la Galilée (brève : 12-17) (Mt 4, 12-23)

Acclamation : Alléluia. Alléluia. Béni soit le Seigneur notre Dieu : sur ceux qui habitent les ténèbres, il a fait resplendir sa lumière. Aléluia. (cf. Lc 1, 68.79)

Évangile de Jésus Christ selon saint Matthieu

Quand Jésus apprit l’arrestation de Jean Baptiste, il se retira en Galilée.
Il quitta Nazareth et vint habiter à Capharnaüm, ville située au bord du lac, dans les territoires de Zabulon et de Nephtali.
Ainsi s’accomplit ce que le Seigneur avait dit par le prophète Isaïe :
Pays de Zabulon et pays de Nephtali,route de la mer et pays au-delà du Jourdain,Galilée, toi le carrefour des païens :
le peuple qui habitait dans les ténèbres a vu se lever une grande lumière.Sur ceux qui habitaient dans le pays de l’ombre et de la mort,une lumière s’est levée.
A partir de ce moment, Jésus se mit à proclamer : « Convertissez-vous, car le Royaume des cieux est tout proche. »
Comme il marchait au bord du lac de Galilée, il vit deux frères, Simon, appelé Pierre, et son frère André, qui jetaient leurs filets dans le lac : c’étaient des pêcheurs.
Jésus leur dit : « Venez derrière moi, et je vous ferai pêcheurs d’hommes. »
Aussitôt, laissant leurs filets, ils le suivirent.
Plus loin, il vit deux autres frères, Jacques, fils de Zébédée, et son frère Jean, qui étaient dans leur barque avec leur père, en train de préparer leurs filets. Il les appela.
Aussitôt, laissant leur barque et leur père, ils le suivirent.
Jésus, parcourant toute la Galilée, enseignait dans leurs synagogues, proclamait la Bonne Nouvelle du Royaume, guérissait toute maladie et toute infirmité dans le peuple.

 

Patrick Braud
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