L'homélie du dimanche (prochain)

27 février 2017

Un méridien décide de la vérité ?

Classé sous Communauté spirituelle — lhomeliedudimanche @ 0 h 01 min

Un méridien décide de la vérité ?

Homélie du 1° dimanche de Carême / Année A
05/03/2017

Cf. également :

Ne nous laisse pas entrer en tentation
L’île de la tentation
L’homme ne vit pas seulement de pain
Nous ne sommes pas une religion du livre, mais du Verbe
Et plus si affinité…
La parresia, ou l’audace de la foi

L’opinion publique ne considère plus « mal » de tuer son mari si celui-ci a commis des violences de toutes sortes depuis des décennies (cf. l’affaire Jacqueline Sauvage, finalement graciée par le Président de la République, sous la pression de l’opinion, en décembre 2016).
Par contre, l’opinion publique ne considère plus comme « bien » d’employer sa femme comme assistante parlementaire (cf. le « Pénélopegate » poursuivant François Fillon pendant la campagne présidentielle 2017).
Le bien et le mal seraient-ils aussi fluctuants que le cours des saisons ?
Blaise Pascal a son idée sur le sujet…

 

Vérité en deçà des Pyrénées, erreur au-delà

Résultat de recherche d'images pour "Un méridien décide de la vérité"« Sur quoi la fondera-t-il, l’économie du monde que l’homme veut gouverner ? Sera-ce sur le caprice de chaque particulier, quelle confusion ! Sera-ce sur la justice ? Il l’ignore. Certainement s’il la connaissait il n’aurait pas établi cette maxime la plus générale de toutes celles qui sont parmi les hommes, que chacun suive les mœurs de son pays. L’éclat de la véritable équité aurait assujetti tous les peuples. Et les législateurs n’auraient pas pris pour modèle, au lieu de cette justice constante, les fantaisies et les caprices des Perses et Allemands. On la verrait plantée par tous les États du monde et dans tous les temps, au lieu qu’on ne voit rien de juste ou d’injuste qui ne change de qualité en changeant de climat, trois degrés d’élévation du pôle renversent toute la jurisprudence. Un méridien décide de la vérité, en peu d’années de possession les lois fondamentales changent. Le droit a ses époques, l’entrée de Saturne au Lion nous marque l’origine d’un tel crime. Plaisante justice qu’une rivière borne ! Vérité au deçà des Pyrénées, erreur au-delà. […]
Le larcin, l’inceste, le meurtre des enfants et des pères, tout a eu sa place entre les actions vertueuses. Se peut-il rien de plus plaisant qu’un homme ait droit de me tuer parce qu’il demeure au-delà de l’eau et que son prince a querelle contre le mien, quoique je n’en aie aucune avec lui ?
Il y a sans doute des lois naturelles, mais cette belle raison corrompue a tout corrompu.
Blaise Pascal, Fragment Misère n° 9 / 24

Vérité au deçà des Pyrénées, erreur au-delà [1]

La célèbre maxime de Blaise Pascal (1623-1662) est toujours en vigueur. Le bien et le mal sont relatifs à la culture, à l’époque du peuple qui énonce sa conception du bien et du mal.

Si vous séjournez en Afrique par exemple, vous découvrirez que l’excision est depuis des siècles une pratique jugée bonne dans la plupart des ethnies. Cette blessure symbolique garantit le respect de la différence des sexes (avec la circoncision, pratique symétrique), initie les jeunes filles à leurs rôles de femmes, est censée apporter fécondité et reconnaissance sociale. L’Occident juge très sévèrement cette coutume ancestrale, au point de la criminaliser en Europe, et d’inviter les gouvernements africains à l’éradiquer.

La frontière entre le bien et le mal est ici géographique. Comme l’écrit Blaise Pascal : un méridien décide de la vérité !

Un méridien décide de la vérité ? dans Communauté spirituelle guadeloupe-arrete-abolitionLes Pyrénées inversant le bien et le mal peuvent également être temporelles. Autrefois, les Arabes d’abord puis les Européens ont industrialisé l’esclavage des noirs comme vecteur d’expansion économique sans que les protestations de rares jésuites ne viennent troubler les marchands d’ébène. Il n’était pas « mal » de vendre des hommes forts pour les travaux pénibles, des femmes pour les services domestiques, des familles entières pour l’opulence et le confort des colons. Ce n’est que récemment, il y a deux ou trois siècles à peine, que les occidentaux ont jugé « mal » ce qui était « bien » à leurs yeux auparavant…

Si c’est l’homme qui dit le bien et le mal, alors ils seront toujours éminemment relatifs. L’illusion occidentale voulant imposer les Droits de l’Homme comme universels et absolus est chaque jour battue en brèche par la montée en puissance des peuples n’acceptant pas cette approche éminemment culturelle (Chine, Inde, Afrique…). Que ce soit en matière familiale (monogamie, divorce, avortement, homosexualité…) ou économique (droit de la propriété, fiscalité, croissance etc.), le « bien » des plus forts ne peut prétendre à être universel sans être désormais démasqué comme une domination injuste.

 

L’interdit de manger de l’arbre de la connaissance du bien et du mal

C’est à cette difficile question de l’universalité du bien et du mal que s’attaque notre second récit de la Genèse (dans la première lecture : Gn 2). Adam et Ève sont interdits de manger de l’arbre de la connaissance du bien et du mal. Et l’on sait depuis Freud et Lacan combien l’interdit est fondateur : il fonde la possibilité de la parole entre des sujets désirants (inter-dit). Un tel interdit est libérateur : l’humanité est libérée de la tentation de s’approprier la définition du bien et du mal qui conduit à la domination des plus forts. S’ils acceptent de recevoir cette distinction au lieu de la consommer (« manger »), Adam et Ève pourront vivre. D’ailleurs cette interdiction est limitée à ce seul arbre : tous les autres sont comestibles. Et en plus cet arbre n’est pas central. C’est l’arbre de vie qui est au milieu du jardin, et il est comestible ! La plénitude de vie nous est donc offerte, si nous acceptons de ne pas être la source de la connaissance du bien et du mal (cette source est en Dieu ; d’où l’habile promesse du serpent : vous serez comme des dieux).

Connaître ce qui est bien et ce qui est mal est une révélation. Ce sera le rôle de la Torah que d’éduquer Israël à ce discernement. Et la Torah est symboliquement écrite par Dieu lui-même pour Moïse et le peuple, signifiant ainsi qu’elle n’est pas une production humaine, mais l’accueil par l’homme de l’Esprit de Dieu suscitant en lui ce discernement entre le bien et le mal. En dehors d’Israël, la Bible considère qu’il y a depuis toujours une révélation naturelle faite à tous les peuples. Les 7 commandements noachiques [2] sont l’archétype de ce que l’Église appelle la loi naturelle inscrite au cœur de chacun et de tous.

Plus encore, c’est dans sa conscience, ce sanctuaire intime que l’homme découvre, préexistante, transcendante, une certaine conception du bien et du mal [3].

La conscience, la loi naturelle, la Torah, l’Esprit Saint sont les vecteurs bibliques de la connaissance du bien et du mal reçue de Dieu et non pas manipulée par l’homme (en mangeant le fruit de l’arbre).

 

Le doux monstre démocratique de Tocqueville

Dans l’histoire, les intérêts des puissants ont voulu se substituer à cette source divine. Les décrets de l’empereur, les actes royaux, les lois parlementaires et même les bulles papales ont régulièrement voulu se substituer à la révélation divine, et définir le bien selon leurs intérêts.

Ne pas manger de l’arbre de la connaissance du bien et du mal est donc une exigence spirituelle salvatrice !

La tentation démocratique est pourtant de s’en remettre au vote majoritaire pour définir le bien et le mal. Tout le monde n’a pas le courage politique d’un François Mitterrand abolissant la peine de mort contre l’opinion publique française, ou d’un De Gaulle engageant la décolonisation et l’indépendance de nos anciennes provinces d’empire…

Dans les débats de société actuels, quelles sont les voix témoignant d’une conception du bien et du mal au-dessus de l’opinion, au-dessus des intérêts partisans, des groupes bancaires, des multinationales numériques ?

Quels sont les esclavages contemporains que personne ne veut dénoncer parce qu’ils sont admis par la majorité ?

Prenons garde à ce que Soljenitsyne s’appelait « le manque de courage » de l’Occident !

Résultat de recherche d'images pour "Le doux monstre démocratique de Tocqueville"Tocqueville a depuis longtemps diagnostiqué cette tentation d’émollience de la démocratie (américaine en l’occurrence).

En bon observateur de la démocratie américaine, Tocqueville avait prophétisé le danger d’affaiblissement de la conscience éthique d’un peuple. Accaparés par leur individualisme immédiat, les citoyens en démocratie sont tentés de déléguer la fixation du bien et du mal à un pouvoir étatique d’autant plus efficace qu’il est « tutélaire » et « absolu, détaillé, régulier, prévoyant et doux » :

« Je veux imaginer sous quels traits nouveaux le despotisme pourrait se produire dans le monde : je vois une foule innombrable d’hommes semblables et égaux qui tournent sans repos sur eux-mêmes pour se procurer de petits et vulgaires plaisirs, dont ils emplissent leur âme. Chacun d’eux, retiré à l’écart, est comme étranger à la destinée de tous les autres : ses enfants et ses amis particuliers forment pour lui toute l’espèce humaine; quant au demeurant de ses concitoyens, il est à côté d’eux, mais il ne les voit pas; il les touche et ne les sent point; il n’existe qu’en lui-même et pour lui seul, et, s’il lui reste encore une famille, on peut dire du moins qu’il n’a plus de patrie.

Au-dessus de ceux-là s’élève un pouvoir immense et tutélaire, qui se charge seul d’assurer leur jouissance et de veiller sur leur sort. Il est absolu, détaillé, régulier, prévoyant et doux. Il ressemblerait à la puissance paternelle si, comme elle, il avait pour objet de préparer les hommes à l’âge viril; mais il ne cherche, au contraire, qu’à les fixer irrévocablement dans l’enfance; il aime que les citoyens se réjouissent, pourvu qu’ils ne songent qu’à se réjouir. Il travaille volontiers à leur bonheur; mais il veut en être l’unique agent et le seul arbitre; il pourvoit à leur sécurité, prévoit et assure leurs besoins, facilite leurs plaisirs, conduit leurs principales affaires, dirige leur industrie, règle leurs successions, divise leurs héritages; que ne peut-il leur ôter entièrement le trouble de penser et la peine de vivre ? »
                                            Tocqueville. De la Démocratie en Amérique

Décidément, ne pas manger de l’arbre de la connaissance du bien et du mal est libérateur.

À chacun d’examiner ce que cet interdit implique dans ses choix, ses modes de vie, ses opinions…

 


[1]. Avant Pascal, Montaigne avait déjà formalisé quelque chose de similaire : « Quelle vérité que ces montagnes bornent, qui est mensonge au monde qui se tient au-delà ? » (Les essais, 1580) ». Et encore : « Chacun appelle barbare ce qui n’est pas de son usage ».

[2] . Noé « prescrit à ses enfants d’accomplir la justice, de couvrir la honte de leur corps, de bénir leur Créateur, d’honorer père et mère, d’aimer chacun son prochain, de se garder de la fornication, de l’impureté et de toute violence. » (Livre des Jubilés 7,21)

[3] . « Au fond de sa conscience, l’homme découvre la présence d’une loi qu’il ne s’est pas donnée lui-même, mais à laquelle il est tenu d’obéir. Cette voix, qui ne cesse de le presser d’aimer et d’accomplir le bien et d’éviter le mal, au moment opportun résonne dans l’intimité de son cœur: « Fais ceci, évite cela ». Car c’est une loi inscrite par Dieu au cœur de l’homme; sa dignité est de lui obéir, et c’est elle qui le jugera. La conscience est le centre le plus secret de l’homme, le sanctuaire où il est seul avec Dieu et où sa voix se fait entendre » (Concile Vatican II, Gaudium et Spes n° 10).

 

 

PREMIÈRE LECTURE
Création et péché de nos premiers parents (Gn 2, 7-9 ; 3, 1-7a)
Lecture du livre de la Genèse

Le Seigneur Dieu modela l’homme avec la poussière tirée du sol ; il insuffla dans ses narines le souffle de vie, et l’homme devint un être vivant. Le Seigneur Dieu planta un jardin en Éden, à l’orient, et y plaça l’homme qu’il avait modelé. Le Seigneur Dieu fit pousser du sol toutes sortes d’arbres à l’aspect désirable et aux fruits savoureux ; il y avait aussi l’arbre de vie au milieu du jardin, et l’arbre de la connaissance du bien et du mal. Or le serpent était le plus rusé de tous les animaux des champs que le Seigneur Dieu avait faits. Il dit à la femme : « Alors, Dieu vous a vraiment dit : ‘Vous ne mangerez d’aucun arbre du jardin’ ? » La femme répondit au serpent : « Nous mangeons les fruits des arbres du jardin. Mais, pour le fruit de l’arbre qui est au milieu du jardin, Dieu a dit : ‘Vous n’en mangerez pas, vous n’y toucherez pas, sinon vous mourrez.’ » Le serpent dit à la femme : « Pas du tout ! Vous ne mourrez pas ! Mais Dieu sait que, le jour où vous en mangerez, vos yeux s’ouvriront, et vous serez comme des dieux, connaissant le bien et le mal. » La femme s’aperçut que le fruit de l’arbre devait être savoureux, qu’il était agréable à regarder et qu’il était désirable, cet arbre, puisqu’il donnait l’intelligence. Elle prit de son fruit, et en mangea. Elle en donna aussi à son mari, et il en mangea. Alors leurs yeux à tous deux s’ouvrirent et ils se rendirent compte qu’ils étaient nus.

PSAUME

(Ps 50 (51), 3-4, 5-6ab, 12-13, 14.17)
R/ Pitié, Seigneur, car nous avons péché ! (cf. Ps 50, 3)

Pitié pour moi, mon Dieu, dans ton amour,
selon ta grande miséricorde, efface mon péché.
Lave-moi tout entier de ma faute,
purifie-moi de mon offense.

Oui, je connais mon péché,
ma faute est toujours devant moi.
Contre toi, et toi seul, j’ai péché,
ce qui est mal à tes yeux, je l’ai fait.

Crée en moi un cœur pur, ô mon Dieu,
renouvelle et raffermis au fond de moi mon esprit.
Ne me chasse pas loin de ta face,
ne me reprends pas ton esprit saint.

Rends-moi la joie d’être sauvé ;
que l’esprit généreux me soutienne.
Seigneur, ouvre mes lèvres,
et ma bouche annoncera ta louange.

DEUXIÈME LECTURE
« Là où le péché s’est multiplié, la grâce a surabondé » (Rm 5, 12-19)
Lecture de la lettre de saint Paul Apôtre aux Romains

Frères, nous savons que par un seul homme, le péché est entré dans le monde, et que par le péché est venue la mort ; et ainsi, la mort est passée en tous les hommes, étant donné que tous ont péché.
Avant la loi de Moïse, le péché était déjà dans le monde, mais le péché ne peut être imputé à personne tant qu’il n’y a pas de loi. Pourtant, depuis Adam jusqu’à Moïse, la mort a établi son règne, même sur ceux qui n’avaient pas péché par une transgression semblable à celle d’Adam. Or, Adam préfigure celui qui devait venir. Mais il n’en va pas du don gratuit comme de la faute. En effet, si la mort a frappé la multitude par la faute d’un seul, combien plus la grâce de Dieu s’est-elle répandue en abondance sur la multitude, cette grâce qui est donnée en un seul homme, Jésus Christ.
Le don de Dieu et les conséquences du péché d’un seul n’ont pas la même mesure non plus : d’une part, en effet, pour la faute d’un seul, le jugement a conduit à la condamnation ; d’autre part, pour une multitude de fautes, le don gratuit de Dieu conduit à la justification. Si, en effet, à cause d’un seul homme, par la faute d’un seul, la mort a établi son règne, combien plus, à cause de Jésus Christ et de lui seul, régneront-ils dans la vie, ceux qui reçoivent en abondance le don de la grâce qui les rend justes.
 Bref, de même que la faute commise par un seul a conduit tous les hommes à la condamnation, de même l’accomplissement de la justice par un seul a conduit tous les hommes à la justification qui donne la vie. En effet, de même que par la désobéissance d’un seul être humain la multitude a été rendue pécheresse, de même par l’obéissance d’un seul la multitude sera-t-elle rendue juste.

ÉVANGILE
Jésus jeûne quarante jours, puis est tenté (Mt 4, 1-11)
Ta Parole, Seigneur, est vérité, et ta loi, délivrance.
L’homme ne vit pas seulement de pain, mais de toute parole qui sort de la bouche de Dieu.
Ta Parole, Seigneur, est vérité, et ta loi, délivrance. (Mt 4, 4b)

Évangile de Jésus Christ selon saint Matthieu

 En ce temps-là, Jésus fut conduit au désert par l’Esprit pour être tenté par le diable. Après avoir jeûné quarante jours et quarante nuits, il eut faim. Le tentateur s’approcha et lui dit : « Si tu es Fils de Dieu, ordonne que ces pierres deviennent des pains. » Mais Jésus répondit : « Il est écrit : L’homme ne vit pas seulement de pain, mais de toute parole qui sort de la bouche de Dieu. »
 Alors le diable l’emmène à la Ville sainte, le place au sommet du Temple et lui dit : « Si tu es Fils de Dieu, jette-toi en bas ; car il est écrit : Il donnera pour toi des ordres à ses anges, et : Ils te porteront sur leurs mains, de peur que ton pied ne heurte une pierre. » Jésus lui déclara : « Il est encore écrit : Tu ne mettras pas à l’épreuve le Seigneur ton Dieu. »
 Le diable l’emmène encore sur une très haute montagne et lui montre tous les royaumes du monde et leur gloire. Il lui dit : « Tout cela, je te le donnerai, si, tombant à mes pieds, tu te prosternes devant moi. » Alors, Jésus lui dit : « Arrière, Satan ! car il est écrit : C’est le Seigneur ton Dieu que tu adoreras, à lui seul tu rendras un culte. »
 Alors le diable le quitte. Et voici que des anges s’approchèrent, et ils le servaient.
Patrick BRAUD

Mots-clés : , , , , , , ,

18 novembre 2015

La violence a besoin du mensonge

Classé sous Communauté spirituelle — lhomeliedudimanche @ 0 h 01 min

La violence a besoin du mensonge

 

Homélie pour la fête du Christ Roi / Année B
22/11/2015

Cf. également :

Divine surprise

Le Christ Roi fait de nous des huiles

Non-violence : la voie royale

Un roi pour les pires

 

« La violence n’exige de nous que notre obéissance au mensonge »

Afficher l'image d'origine« Quand la violence fait irruption dans la vie paisible des hommes, son visage flamboie d’arrogance, elle porte effrontément inscrit sur son drapeau, elle crie : « JE SUIS LA VIOLENCE ! Place, écartez-vous, ou je vous écrase ! » Mais la violence vieillit vite. Encore quelques années et elle perd son assurance, et pour se maintenir, pour faire bonne figure, elle recherche obligatoirement l’alliance du mensonge. Car la violence ne peut s’abriter derrière rien d’autre que le mensonge, et le mensonge ne peut se maintenir que par la violence. Et ce n’est ni chaque jour, ni sur chaque épaule que la violence pose sa lourde patte : elle n’exige de nous que notre obéissance au mensonge, que notre participation quotidienne au mensonge et c’est tout ce qu’elle attend de ses loyaux sujets.

Et c’est là justement que se trouve, négligée par nous, mais si simple, si accessible, la clef de notre libération : LE REFUS DE PARTICIPER PERSONNELLEMENT AU MENSONGE ! Qu’importe si le mensonge recouvre tout, s’il devient maître de tout, mais soyons intraitables au moins sur ce point : qu’il ne le devienne pas PAR MOI !

Et cela, c’est une brèche dans le cercle imaginaire de notre inaction, pour nous : la plus facile à réaliser, pour le mensonge : la plus destructrice. Car lorsque les hommes tournent le dos au mensonge, le mensonge cesse purement et simplement d’exister. Telle une maladie contagieuse, il ne peut exister que dans un concours d’hommes. »

Alexandre Soljenitsyne, à Moscou le 12 février 1974 [1] 

L'opium des intellectuelsL’avertissement de Soljenitsyne valait pour le système communiste, bâti sur un mensonge.

Comment ne pas y voir un avertissement pour nous aujourd’hui face à la violence inhumaine des attentats de Paris ? Faute d’avoir analysé et compris la complicité de l’Occident avec le mensonge communiste, nous risquons fort de reproduire des aveuglements semblables, et lourds de conséquences.

Ce mensonge communiste concernait d’abord la personne humaine, réduite à n’être qu’un élément de la classe ouvrière seule digne d’intérêt et à qui on pouvait sacrifier bien des individus (les millions de morts des purges staliniennes et des goulags en témoignent).

Ce mensonge concernait également l’économie, réduite à une planification collective finalement inefficace et terriblement appauvrissante.

Ce double mensonge s’est écroulé en 1989. Pourtant, pendant des décennies, l’intelligentsia française et au-delà a été fascinée par la pensée marxiste, au point de l’ériger en clé ultime de l’histoire. On a oublié aujourd’hui les positions effarantes de Sartre (le marxisme est l’« indépassable philosophie de notre temps »), Althusser, Edgar Morin (jusqu’en 1951), Louis Aragon, Annie Kriegel et tant d’autres maîtres à penser des années 60 à 90. Raymond Aron était bien seul, dissident parmi ces intellectuels, à dénoncer le mensonge.

Se souvenir permettrait pourtant de mettre en pleine lumière les complicités actuelles de bien d’autres intellectuels français avec des idéologies pour potentiellement dangereuses, reposant elles aussi sur un mensonge.

 

Pilate le politique face à Jésus le roi dissident

L’avertissement de Soljenitsyne doit être renouvelé aujourd’hui.

Il fait écho au témoignage de Jésus devant Pilate (Jn 18, 33-37). Jésus pose la question de la vérité, et y répond en personne : « je suis venu pour rendre témoignage à la vérité ». Ailleurs il dit même : « je suis la vérité ». C’est donc que la vérité en christianisme est une personne vivante et non pas une idéologie.

Afficher l'image d'originePilate lui est un politique en même temps que militaire d’occupation. L’historien juif Flavius Josèphe le décrit comme « un gouverneur qui n’hésite pas à recourir à la manière forte pour rétablir l’ordre ». S’embarquer dans un dialogue philosophique à propos de la vérité avec ce prophète charismatique peut devenir dangereux. Pendant ce temps-là, les responsables juifs risquent de fomenter des troubles, des émeutes, car ils savent manipuler les foules. Peu importe finalement que Jésus soit ou non du côté de la vérité : l’important est que Jérusalem ne se soulève pas contre l’armée romaine. L’important est de maintenir un semblant de paix. Maintenir la pax romana, même au prix du mensonge, vaut mieux que de chercher où est le vrai.

D’ailleurs, lorsque ce peuple juif occupé et décidément rebelle recommencera à contester le pouvoir impérial, Pilate le soldat utilisera la violence armée pour mater la révolte (cf. Lc 13,1 et la mention des « Galiléens dont Pilate avait mêlé le sang avec celui de leurs sacrifices »), comme toute occupation militaire ou idéologique. En 36, il fait réprimer avec cruauté un rassemblement de Samaritains sur le mont Garizim. À l’instigation d’un homme qui selon Flavius Josèphe « considérait le mensonge comme sans importance et usait de toutes sortes de manœuvres pour plaire au peuple », les plus convaincus « prirent les armes » et s’installèrent dans le village de Tirathana pour accueillir la masse des samaritains et « faire en grand nombre l’ascension de la montagne ». Cet homme leur avait promis de leur montrer « des vases sacrés enfouis par Moïse ». À la suite de ce massacre des samaritains, Pilate fut contraint par l’empereur Tibère de quitter la Judée.

La violence a besoin du mensonge dans Communauté spirituelle 51XTilBAikL._SX301_BO1,204,203,200_Préférer le mensonge à la vérité [2] pour avoir la paix (mais quelle paix ? !) : la tentation politique de Pilate est encore celle de nos politiques. Que ce soit sur des questions sociales brûlantes comme le drame des migrants ou le mal-logement des français, ou sur des questions éthiques comme l’avortement et l’euthanasie, ou sur les guerres en Irak, en Iran, en Syrie, en Lybie et ailleurs, ou sur des enjeux complexes comme la laïcité, la place de l’islam etc., rares sont les politiques qui osent raisonner et argumenter en termes de vérité et de mensonge. Ils parleront consensus, opinion majoritaire, règlements internationaux. Beaucoup seraient aussi sceptiques que Pilate si on leur demandait quelle est leur conception de la vérité sur ces sujets. Souvenons-nous des mensonges américains sur de soi-disant armes de destruction massive qui ont été l’alibi pour intervenir militairement en Irak : ils ont finalement engendré la montée en puissance d’Al Qaïda, et maintenant de Daech. La violence que l’Etat Islamique tire du Coran provient d’ailleurs pour une large part d’un autre mensonge, qui présente le texte arabe du Coran comme « incréé », directement dicté par Dieu (donc s’imposant comme tel, sans aucune possibilité d’interprétation).

Hannah Arendt avait déjà étudié, dans les années 70, cette liaison dangereuse entre mensonge et violence, par exemple en analysant les « documents du Pentagone » révélant l’envers de la guerre du Vietnam [3].

Sans le mensonge, la violence n’a plus aucun fondement légitime.

 

« Qu’est-ce que la vérité ? »

Cette interrogation en forme de fuite permet à Pilate d’éviter de se prononcer pour ou contre Jésus.

Nos politiques renvoient cette question de la vérité à la sphère privée, et s’interdisent de déchiffrer les évolutions sociales à la lumière de cette interrogation. Et la violence se nourrit de ces mensonges. La violence a besoin du mensonge ; c’est pourquoi la vérité qui est Jésus en personne engendre la non-violence, jusqu’à préférer être tué que tuer.

Que chacun de nous, en entreprise, au travail comme en famille, n’élude pas la question du vrai, quitte à prendre des risques pour combattre le mensonge, quitte à devenir un dissident, comme l’était Soljenitsyne en 1974…

Afficher l'image d'origine


[1]. Soljenitsyne, interdit d’habiter Moscou, où demeure Natalia Svetlova, une mathématicienne engagée dans la dissidence avec laquelle il vit maritalement (et qu’il épousera après son divorce), trouve refuge chez le violoncelliste Rostropovitch. Le prix Nobel vient le récompenser en 1970. Mais il est hors de question de se rendre à Stockholm, de peur de ne pas être autorisé à revenir dans son pays.
L’étau du KGB se resserre autour de lui et en 1973, une de ses collaboratrices, Élisabeth Voronianskaïa, qui avait dactylographié L’Archipel (du Goulag), est retrouvée pendue chez elle : interrogée pendant trois jours par les guébistes, elle a craqué et avoué où elle avait caché un exemplaire du manuscrit qu’elle avait conservé à l’insu de Soljenitsyne. Ce dernier rend la nouvelle publique et demande que L’Archipel soit publié en Occident. Ce qui est fait en décembre. La presse soviétique se déchaîne, mais Soljenitsyne est décidé à répondre coup pour coup. Le 12 février 1974, il lance son appel de Moscou, exhortant ses compatriotes à « ne plus vivre dans le mensonge ». Le lendemain il est arrêté, déchu de sa nationalité soviétique et expulsé. Ce n’était plus arrivé depuis… Trotski en 1929.

[2]. Il est à noter que dans la Bible, le contraire de la vérité n’est pas l’erreur, mais le mensonge.

[3]. Hannah Arendt, Du mensonge à la violence, Éditions Pocket – coll. Agora, Paris, 2002.

 

 

1ère lecture : « Sa domination est une domination éternelle »(Dn 7, 13-14)
Lecture du livre du prophète Daniel

Moi, Daniel, je regardais, au cours des visions de la nuit, et je voyais venir, avec les nuées du ciel, comme un Fils d’homme ; il parvint jusqu’au Vieillard, et on le fit avancer devant lui. Et il lui fut donné domination, gloire et royauté ; tous les peuples, toutes les nations et les gens de toutes langues le servirent. Sa domination est une domination éternelle, qui ne passera pas, et sa royauté, une royauté qui ne sera pas détruite.

Psaume : Ps 92 (93), 1abc, 1d-2, 5

R/ Le Seigneur est roi ; il s’est vêtu de magnificence. (Ps 92, 1ab)

Le Seigneur est roi ;
il s’est vêtu de magnificence,
le Seigneur a revêtu sa force.

Et la terre tient bon, inébranlable ;
dès l’origine ton trône tient bon,
depuis toujours, tu es.

Tes volontés sont vraiment immuables :
la sainteté emplit ta maison,
Seigneur, pour la suite des temps.

2ème lecture : « Le prince des rois de la terre a fait de nous un royaume et des prêtres pour son Dieu » (Ap 1, 5-8)
Lecture de l’Apocalypse de saint Jean

À vous, la grâce et la paix, de la part de Jésus Christ, le témoin fidèle, le premier-né des morts, le prince des rois de la terre.
À lui qui nous aime, qui nous a délivrés de nos péchés par son sang, qui a fait de nous un royaume et des prêtres pour son Dieu et Père, à lui, la gloire et la souveraineté pour les siècles des siècles. Amen. Voici qu’il vient avec les nuées, tout œil le verra, ils le verront, ceux qui l’ont transpercé ; et sur lui se lamenteront toutes les tribus de la terre. Oui ! Amen !
 Moi, je suis l’Alpha et l’Oméga, dit le Seigneur Dieu, Celui qui est, qui était et qui vient, le Souverain de l’univers.

Evangile : « C’est toi-même qui dis que je suis roi » (Jn 18, 33b-37)
Acclamation : Alléluia. Alléluia.
Béni soit celui qui vient au nom du Seigneur !
Béni soit le Règne qui vient, celui de David, notre père. Alléluia.  (Mc 11, 9b-10a)

Évangile de Jésus Christ selon saint Jean

En ce temps-là, Pilate appela Jésus et lui dit : « Es-tu le roi des Juifs ? » Jésus lui demanda : « Dis-tu cela de toi-même, ou bien d’autres te l’ont dit à mon sujet ? » Pilate répondit : « Est-ce que je suis juif, moi ? Ta nation et les grands prêtres t’ont livré à moi : qu’as-tu donc fait ? » Jésus déclara : « Ma royauté n’est pas de ce monde ; si ma royauté était de ce monde, j’aurais des gardes qui se seraient battus pour que je ne sois pas livré aux Juifs. En fait, ma royauté n’est pas d’ici. » Pilate lui dit : « Alors, tu es roi ? » Jésus répondit : « C’est toi-même qui dis que je suis roi. Moi, je suis né, je suis venu dans le monde pour ceci : rendre témoignage à la vérité. Quiconque appartient à la vérité écoute ma voix. »
Patrick BRAUD

Mots-clés : , , , , , , ,

11 mars 2015

Démêler le fil du pêcheur

Classé sous Communauté spirituelle — lhomeliedudimanche @ 1 h 01 min

Démêler le fil du pêcheur…

 

cf. également :

Visage exposé, à l’écart, en hauteur

La vraie beauté d’un être humain

Figurez-vous la figure des figures

Homélie du 4° Dimanche de Carême / Année B
Dimanche 15 Mars 2015

 

« Celui qui fait la vérité vient à la lumière… »

Quand j’étais enfant, mon père m’apprenait à pêcher en mer.
Démêler le fil du pêcheur dans Communauté spirituelle kone6
Bien souvent, quand on pêche à la traîne, le fil de nylon se vrille, s’entortille, et la remontée d’un poisson à l’arrière du bateau se transforme en une grosse pelote de fil avec des nœuds dans tous les sens. J’ai appris à aimer ce patient travail qui consiste alors à démêler la ligne de pêche, en défaisant un à un les nœuds que le fil s’était fait à lui-même. Pour cela, il faut sans hâte ni colère pour chaque nœud refaire en sens inverse le parcours où le fil s’est  emberlificoté en se vrillant sur lui-même. Travail minutieux, austère, parfois très long, où la tentation de couper des pans entiers de la ligne ou de la jeter par dessus bords compromet régulièrement l’opération de sauvetage de la ligne…

Faire la vérité sur sa vie, c’est un peu cela : re-parcourir à l’envers les nœuds qui m’étranglent, qui m’empêchent de filer droit. Et ainsi, en acceptant d’exposer ces nœuds aux mains habiles du pêcheur, le fil retrouve peu à peu sa vraie puissance d’action…

« Car ce qui a été lié ne peut être délié que si l’on refait en sens inverse les boucles du nœud, en sorte que les premières boucles soient défaites grâce à des secondes et qu’inversement les secondes libèrent les premières : il se trouve de la sorte qu’un premier lien est dénoué par un second et que le second tient lieu de dénouement à l’égard du premier. » (Irénée de Lyon,  Adversus Haereses, Livre III)

small_Notre%20Dame%20qui%20defait%20les%20noeuds%20fil fil dans Communauté spirituelleSt Irénée précise le rôle de Marie dans cette action où les fils de nos vies se démêlent : elle est l’archétype de l’attitude d’obéissance et de confiance qui peut nous inspirer aujourd’hui.

« Ève, par sa désobéissance, fit le nœud du malheur pour l’humanité;
alors qu’au contraire, Marie, par son obéissance, le dénoua.»

 

« Celui qui fait la vérité vient à la lumière… »

Voilà une petite phrase lourde de conséquences.  Car faire la vérité, c’est un travail exigeant. Et c’est toujours complexe de faire la vérité sur une affaire ténébreuse. Pourtant je suis témoin que ce travail de clarification permet ensuite d’agir selon la volonté de Dieu. Oui : faire la vérité libère, et rend capable d’agir en vérité.

 

Mais qu’est-ce que « faire la vérité » ?

- Je pense à ces futurs mariés que nous accompagnons, laïcs et prêtres, vers leur engagement, pendant des mois. Avec sérieux et profondeur, beaucoup acceptent de s’interroger sur leurs motivations, osent ouvrir la Bible avec nous pour la laisser éclairer leur amour, parler de leur passé, de leur famille. Nous sommes souvent admiratifs de la confiance qu’ils nous accordent : ils sont vrais avec nous, et acceptent loyalement un travail de vérité sur leur couple, leur histoire (avec des échecs antérieurs bien souvent), leurs projets… Faire la vérité sur sa relation amoureuse, ce n’est pas rien…

- Je pense également au témoignage d’un médecin sur ce thème : « Toute vie vaut-elle la peine d’être vécue ? ». Il accueille notamment des femmes qui ont vécu un avortement et qui, quelquefois 10, 20 ans après, ont besoin de parler parce que la blessure remonte. À travers l’écoute et la compassion, sans juger, il essaie d’aider ces femmes à faire la vérité sur l’IVG qui brutalement les déstabilise à nouveau. Quelles on été les pressions : familiales ? médicales ? Quelle était leur liberté et leur volonté réelles ? Quelle conscience avaient-elles de l’acte ainsi posé ? Et le père… ? Y a-t-il eu un délai, des médiations, des soutiens… ? Vous voyez, c’est tout un travail, patient et délicat, pour faire mémoire d’un passé douloureux avec justesse et droiture, pour pouvoir enfin l’assumer, ne plus cacher, s’ouvrir à l’avenir…

- À l’inverse, quand on dissimule, quand on veut « ne plus en parler », quand on laisse dans l’ombre des côtés importants de notre histoire, alors on est assis sur une véritable bombe à retardement.

D’abord c’est épuisant de se taire, de taire ce que nous avons peur de mettre en pleine lumière. Comme dit le psaume : « Je me taisais, et mes frères s’épuisaient à gémir… » (Ps 31)

Ensuite c’est stérile, car se taire ne résout rien. Comme un abcès qui devient mauvais lorsqu’on n’a pas le courage de le percer : le pus s’accumule…

arton582 MarieJe pense à ces « secrets de famille » qui empoisonnent parfois les relations entre frères et sœurs sur des générations… Il y a « des cadavres dans le placard » – comme le dit la sagesse populaire - qui finissent par sentir mauvais… Faire la vérité demande alors de rouvrir son passé, de le relire (avec un soutien extérieur) pour le guérir et le transformer.

Je pense encore à ces affaires de corruption, de tricherie, de « dessous de table » qui défraient régulièrement la chronique. Les transactions douteuses et secrètes, les salaires fictifs qu’on voulait garder secrets, les montages financiers opaques qui ont conduit à la crise financière… Dans la vie économique, dans les responsabilités politiques, la petite phrase de Jésus est encore plus lourde de conséquences : « Celui qui fait la vérité vient à la lumière… » Les paradis fiscaux ne devraient pas s’en remettre !

 

Pour nous, pendant ce Carême, que chacun s’examine : sur quel côté obscur de ma vie ais-je besoin de faire la vérité, justement pour que la lumière du Christ l’apaise, le guérisse, l’ouvre à l’avenir ?…

Ne répondons pas trop vite. Car, logiquement, nous nous sommes cachés à nous-mêmes ce que nous avons peur de voir en face. Il faudra donc accepter de nous faire aider par d’autres pour débusquer ce côté obscur. Il faudra donc humblement demander de l’écoute, du soutien ; le sacrement du pardon trouve bien sa place dans ce travail de clarification ; la Bible et la prière également…

 

Que le Christ nous donne ce courage de Carême : ne pas préférer l’obscurité à la lumière, faire la vérité sur nous-mêmes pour agir selon sa vérité, démasquer l’obscur pour ne pas dérober mon visage.

« Celui qui fait la vérité vient à la lumière… »

 

 

 

1ère lecture : La colère et la miséricorde du Seigneur manifestées par l’exil et la délivrance du peuple (2 Ch 36, 14-16.19-23)

Lecture du deuxième livre des Chroniques

En ces jours-là, tous les chefs des prêtres et du peuple multipliaient les infidélités, en imitant toutes les abominations des nations païennes, et ils profanaient la Maison que le Seigneur avait consacrée à Jérusalem. Le Seigneur, le Dieu de leurs pères, sans attendre et sans se lasser, leur envoyait des messagers, car il avait pitié de son peuple et de sa Demeure. Mais eux tournaient en dérision les envoyés de Dieu, méprisaient ses paroles, et se moquaient de ses prophètes ; finalement, il n’y eut plus de remède à la fureur grandissante du Seigneur contre son peuple. Les Babyloniens brûlèrent la Maison de Dieu, détruisirent le rempart de Jérusalem, incendièrent tous ses palais, et réduisirent à rien tous leurs objets précieux. Nabucodonosor déporta à Babylone ceux qui avaient échappé au massacre ; ils devinrent les esclaves du roi et de ses fils jusqu’au temps de la domination des Perses. Ainsi s’accomplit la parole du Seigneur proclamée par Jérémie : La terre sera dévastée et elle se reposeradurant 70 ans,jusqu’à ce qu’elle ait compensé par ce repostous les sabbats profanés.
Or, la première année du règne de Cyrus, roi de Perse, pour que soit accomplie la parole du Seigneur proclamée par Jérémie, le Seigneur inspira Cyrus, roi de Perse. Et celui-ci fit publier dans tout son royaume – et même consigner par écrit – : « Ainsi parle Cyrus, roi de Perse : Le Seigneur, le Dieu du ciel, m’a donné tous les royaumes de la terre ; et il m’a chargé de lui bâtir une maison à Jérusalem, en Juda. Quiconque parmi vous fait partie de son peuple, que le Seigneur son Dieu soit avec lui, et qu’il monte à Jérusalem ! »

– Parole du Seigneur.

Psaume : 136 (137), 1-2, 3, 4-5, 6

R/ Que ma langue s’attache à mon palais
si je perds ton souvenir ! 
(cf. 136, 6a)

Au bord des fleuves de Babylone
nous étions assis et nous pleurions,
nous souvenant de Sion ;
aux saules des alentours
nous avions pendu nos harpes.

C’est là que nos vainqueurs
nous demandèrent des chansons,
et nos bourreaux, des airs joyeux :
« Chantez-nous, disaient-ils,
quelque chant de Sion. »

Comment chanterions-nous un chant du Seigneur
sur une terre étrangère ?
Si je t’oublie, Jérusalem,
que ma main droite m’oublie !

Je veux que ma langue s’attache à mon palais
si je perds ton souvenir,
si je n’élève Jérusalem
au sommet de ma joie.

2ème lecture : « Morts par suite des fautes, c’est bien par grâce que vous êtes sauvés » (Ep 2, 4-10)

Lecture de la lettre de saint Paul apôtre aux Éphésiens

Frères, Dieu est riche en miséricorde ; à cause du grand amour dont il nous a aimés, nous qui étions des morts par suite de nos fautes, il nous a donné la vie avec le Christ : c’est bien par grâce que vous êtes sauvés. Avec lui, il nous a ressuscités et il nous a fait siéger aux cieux, dans le Christ Jésus. Il a voulu ainsi montrer, au long des âges futurs, la richesse surabondante de sa grâce, par sa bonté pour nous dans le Christ Jésus. C’est bien par la grâce que vous êtes sauvés, et par le moyen de la foi. Cela ne vient pas de vous, c’est le don de Dieu. Cela ne vient pas des actes : personne ne peut en tirer orgueil. C’est Dieu qui nous a faits, il nous a créés dans le Christ Jésus, en vue de la réalisation d’œuvres bonnes qu’il a préparées d’avance pour que nous les pratiquions.

– Parole du Seigneur.

Evangile : « Dieu a envoyé son Fils pour que, par lui, le monde soit sauvé » (Jn 3, 14-21)

Acclamation : Gloire et louange à toi, Seigneur Jésus !  Dieu a tellement aimé le monde qu’il a donné son Fils unique, afin que ceux qui croient en lui aient la vie éternelle. Gloire et louange à toi, Seigneur Jésus ! (Jn 3, 16)

Évangile de Jésus Christ selon saint Jean
En ce temps-là, Jésus disait à Nicodème : « De même que le serpent de bronze fut élevé par Moïse dans le désert, ainsi faut-il que le Fils de l’homme soit élevé, afin qu’en lui tout homme qui croit ait la vie éternelle. Car Dieu a tellement aimé le monde qu’il a donné son Fils unique, afin que quiconque croit en lui ne se perde pas, mais obtienne la vie éternelle. Car Dieu a envoyé son Fils dans le monde, non pas pour juger le monde, mais pour que, par lui, le monde soit sauvé. Celui qui croit en lui échappe au Jugement, celui qui ne croit pas est déjà jugé, du fait qu’il n’a pas cru au nom du Fils unique de Dieu. Et le Jugement, le voici : la lumière est venue dans le monde, et les hommes ont préféré les ténèbres à la lumière, parce que leurs œuvres étaient mauvaises. Celui qui fait le mal déteste la lumière : il ne vient pas à la lumière, de peur que ses œuvres ne soient dénoncées ; mais celui qui fait la vérité vient à la lumière, pour qu’il soit manifeste que ses œuvres ont été accomplies en union avec Dieu. »
Patrick BRAUD

Mots-clés : , , , ,
12