L'homélie du dimanche (prochain)

30 octobre 2022

Toussaint : j’irai prier sur vos tombes…

Classé sous Communauté spirituelle — lhomeliedudimanche @ 12 h 30 min

Toussaint : j’irai prier sur vos tombes…

 

Homélie pour la fête de Toussaint / Année C
01/11/2022

 

Cf. également :

Toussaint : Heureux ceux qui pleurent !

Toussaint : un avenir urbain et unitaire
Toussaint : la mort comme un poème
Toussaint alluvionnaire
Les cimetières de la Toussaint
Tous un : la Toussaint, le cimetière, et l’Église…
Toussaint d’en-haut, Toussaint d’en-bas
Toussaint : le bonheur illucide
Ton absence…

La mort, et après ?

Le train de la vie

 

Toussaint : j'irai prier sur vos tombes… dans Communauté spirituelle 5f9165de380fd_autumn-3853469_1920-5052294La nostalgie semble liée à de la Toussaint de toujours à toujours.
Malgré la belle lumière de l’été indien, et malgré les superbes patchworks pourpre et or dont se revêtent les parcs et les vignes, un je-ne-sais-quoi de tristesse et de mélancolie flotte sur ces deux jours charnière.

 

Autrefois, la visite des cimetières familiaux ritualisait cette angoisse diffuse.

Les grands-parents racontaient devant les tombes quelques anecdotes de la saga familiale à des gamins sages déjà familiers de la mort.

 

Quand la mort ne fait plus partie de la famille, quand le contact physique avec les morts fait désormais horreur, quand la mémoire familiale s’émiette à l’aune des séparations successives, que faire du rappel à la brièveté de la vie que la Toussaint continue de symboliser en France ?

 

La réponse de la majorité d’entre nous sera dans le divertissement (au sens pascalien du terme). On prend le grand pont de la Toussaint, on essaie d’en oublier le contenu pour en profiter comme d’un congé ordinaire. Mais le cœur n’y est jamais tout à fait.

 

Chat La mort  

La minorité chrétienne, attachée au sens religieux de la fête, sait être à contre-courant en voulant regarder la mort en face. Mais nous envisageons la mort à travers le bel Évangile des Béatitudes : le visage du Christ bienheureux dépeint en Mt 5 nous fait voir le visage de nos proches autrement.

Ce texte est un avertissement : ne sont pas heureux ceux qui paraissent l’être ; le résultat d’une existence n’est pas ce qui apparaît aux yeux des hommes.
Il y aura bien des surprises lorsqu’il s’agira enfin de découvrir la vraie richesse de chacun.

Bien des pauvres seront mis à l’honneur.

Des larmes accumulées se transformeront en fontaine de joie.

D’obscurs sacrifiés aux logiques des puissants retrouveront leur splendeur native.

Des témoins désarmés feront éclater au grand jour la puissance finale de la douceur.

Des persécutés ordinaires ou extraordinaires seront rétablis dans leur dignité.

Comme le chantait Marie bien avant les Béatitudes : « Dieu renverse les puissants de leurs trônes. Il élève les humbles. Il comble de bien les affamés, renvoie les riches les mains vides » (Lc 1,46-56).

 

Tombe d'un soldat inconnu ("connu de Dieu seul")La tristesse diffuse des bouquets de chrysanthèmes sera alors canalisée : il y a une telle promesse au cœur de cette fête de Toussaint que l’absence des visages aimés en devient la source de renversements inouïs à venir. Bien loin de l’histoire de vengeance raciale aux États-Unis qui a fait le succès du roman noir de Boris Vian, nous n’irons pas cracher sur les tombes, mais prier sur elles, remettant avec confiance nos défunts entre les mains de Dieu, en acceptant de ne pas savoir vraiment ce qu’ils deviennent…

 

J’aime – le jour d’après – parcourir longuement un cimetière si joliment fleuri où je ne connais personne : je m’arrête sur les concessions à l’abandon, ou celles qui n’ont pas eu de visites, et je murmure quelques mots tout en méditant sur la brièveté humaine, celle des autres et la mienne. 

 

Allons donc sur les tombes de nos défunts : nous y avons rendez-vous avec l’au-delà de notre propre existence.

 

 

Poème : Si le froid devait m’emporter

winter-4846638_960_720 cimetière dans Communauté spirituelleSi le froid devait m’emporter
J’assemblerais les fruits
De mes rêves de lune.
Ils seraient eau
Ils seraient feu
Révélant ma présence
Sur un sentier de braise.

Si la nuit devait m’emporter
Je creuserais la terre
Avec des ongles de fer.
Au seul chant de ma voix
Des bêtes approcheraient
Traçant un cercle d’or
Qui protégerait mon corps.

Si le souffle devait m’emporter
Alors je laisserais faire.
Mes paumes s’ouvriraient
À la douceur du vent
Ni la nuque ni le tronc
N’opposerait résistance
À l’appel du passage.

Mais l’heure n’est pas venue.
Près des arbres échevelés
Plusieurs pas dans la neige
Meublent le silence blanc.

Francine Bouchet
Traverse. Et autres poèmes, Labor et Fides, 2022.


LECTURES DE LA MESSE

 

PREMIÈRE LECTURE
« Voici une foule immense que nul ne pouvait dénombrer, une foule de toutes nations, tribus, peuples et langues » (Ap 7, 2-4.9-14)

 

Lecture de l’Apocalypse de saint Jean

Moi, Jean, j’ai vu un ange qui montait du côté où le soleil se lève, avec le sceau qui imprime la marque du Dieu vivant ; d’une voix forte, il cria aux quatre anges qui avaient reçu le pouvoir de faire du mal à la terre et à la mer : « Ne faites pas de mal à la terre, ni à la mer, ni aux arbres, avant que nous ayons marqué du sceau le front des serviteurs de notre Dieu. » Et j’entendis le nombre de ceux qui étaient marqués du sceau : ils étaient cent quarante-quatre mille, de toutes les tribus des fils d’Israël.
Après cela, j’ai vu : et voici une foule immense, que nul ne pouvait dénombrer, une foule de toutes nations, tribus, peuples et langues. Ils se tenaient debout devant le Trône et devant l’Agneau, vêtus de robes blanches, avec des palmes à la main. Et ils s’écriaient d’une voix forte : « Le salut appartient à notre Dieu qui siège sur le Trône et à l’Agneau ! » Tous les anges se tenaient debout autour du Trône, autour des Anciens et des quatre Vivants ; se jetant devant le Trône, face contre terre, ils se prosternèrent devant Dieu. Et ils disaient : « Amen ! Louange, gloire, sagesse et action de grâce, honneur, puissance et force à notre Dieu, pour les siècles des siècles ! Amen ! » L’un des Anciens prit alors la parole et me dit : « Ces gens vêtus de robes blanches, qui sont-ils, et d’où viennent-ils ? » Je lui répondis : « Mon seigneur, toi, tu le sais. » Il me dit : « Ceux-là viennent de la grande épreuve ; ils ont lavé leurs robes, ils les ont blanchies par le sang de l’Agneau. »

 

PSAUME

(Ps 23 (24), 1-2, 3-4ab, 5-6)
 
R/ Voici le peuple de ceux qui cherchent ta face, Seigneur. (cf. Ps 23, 6)

Au Seigneur, le monde et sa richesse,
la terre et tous ses habitants !
C’est lui qui l’a fondée sur les mers
et la garde inébranlable sur les flots.

 

Qui peut gravir la montagne du Seigneur
et se tenir dans le lieu saint ?
L’homme au cœur pur, aux mains innocentes,
qui ne livre pas son âme aux idoles.

 

Il obtient, du Seigneur, la bénédiction,
et de Dieu son Sauveur, la justice.
Voici le peuple de ceux qui le cherchent !
Voici Jacob qui recherche ta face !

 

DEUXIÈME LECTURE
« Nous verrons Dieu tel qu’il est » (1 Jn 3, 1-3)

 

Lecture de la première lettre de saint Jean

Bien-aimés, voyez quel grand amour nous a donné le Père pour que nous soyons appelés enfants de Dieu – et nous le sommes. Voici pourquoi le monde ne nous connaît pas : c’est qu’il n’a pas connu Dieu. Bien-aimés, dès maintenant, nous sommes enfants de Dieu, mais ce que nous serons n’a pas encore été manifesté. Nous le savons : quand cela sera manifesté, nous lui serons semblables car nous le verrons tel qu’il est. Et quiconque met en lui une telle espérance se rend pur comme lui-même est pur.

 

ÉVANGILE
« Réjouissez-vous, soyez dans l’allégresse, car votre récompense est grande dans les cieux ! » (Mt 5, 1-12a)
Alléluia. Alléluia. Venez à moi, vous tous qui peinez sous le poids du fardeau, dit le Seigneur, et moi, je vous procurerai le repos. Alléluia. (Mt 11, 28)

 

Évangile de Jésus Christ selon saint Matthieu

En ce temps-là, voyant les foules, Jésus gravit la montagne. Il s’assit, et ses disciples s’approchèrent de lui. Alors, ouvrant la bouche, il les enseignait. Il disait : « Heureux les pauvres de cœur, car le royaume des Cieux est à eux. Heureux ceux qui pleurent, car ils seront consolés. Heureux les doux, car ils recevront la terre en héritage. Heureux ceux qui ont faim et soif de la justice, car ils seront rassasiés. Heureux les miséricordieux, car ils obtiendront miséricorde. Heureux les cœurs purs, car ils verront Dieu. Heureux les artisans de paix, car ils seront appelés fils de Dieu. Heureux ceux qui sont persécutés pour la justice, car le royaume des Cieux est à eux. Heureux êtes-vous si l’on vous insulte, si l’on vous persécute et si l’on dit faussement toute sorte de mal contre vous, à cause de moi. Réjouissez-vous, soyez dans l’allégresse, car votre récompense est grande dans les cieux ! »
Patrick BRAUD

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