L'homélie du dimanche (prochain)

29 mars 2020

LE SAMEDI DE LA TERRE

Classé sous Communauté spirituelle — lhomeliedudimanche @ 11 h 16 min

LE SAMEDI DE LA TERRE

 

Précipitez-vous sur la collection « Tracts de crise » de Gallimard, offerts en temps de confinement. Chaque jour, quelques pages d’auteurs nous apportent des clés d’interprétation de notre temps de crise, si précieuses pour échapper à la doxa ambiante…

À télécharger gratuitement sur https://tracts.gallimard.fr/fr/pages/tracts-de-crise

Pour vous mettre l’eau à la bouche, voici la réflexion de l’écrivain italien Erri de Luca sur ce que révèle le confinement de notre rapport à la nature.

 

Tracts de crise (N°02) - Le samedi de la terreJ’ai une définition personnelle de la nature : elle est là où n’existe aucune présence humaine ou bien là où celle-ci est négligeable et de passage. Quand je vais en montagne dans des endroits éloignés, je me trouve alors dans un bout de monde tel qu’il était avant nous et tel qu’il continuera à être après.

La nature est un espace totalement indifférent à nous, où percevoir sa propre mesure infime et intrusive. Ce n’est pas un terrain de jeu ni une aire de pique-nique hors de la ville. La peur qu’inspire son immensité dominante est un préliminaire au respect et à l’admiration. La beauté de la nature n’est pas une mise en scène, c’est un état d’équilibre provisoire entre d’énormes énergies, éruptions, tremblements de terre, ouragans, incendies.

Naples, mon origine, possède un golfe légendaire pour sa beauté, œuvre de cataclysmes qui l’ont formée. La beauté de la nature est un entracte entre des bouleversements. Il ne s’agit pas là d’une conclusion philosophique, mais seulement de ma perception physique. C’est pourquoi, pour moi, la nature est l’espace de notre absence.

Là où existe une zone de peuplement, j’utilise le terme de milieu ambiant. Le latin « ambire » signifie entourer. Le participe présent « ambiens » est ce qui entoure. Depuis ses débuts, l’espèce humaine s’est sentie entourée, établissant avec le territoire des rapports de force alternant entre défense et conquête. De nos jours, il est évident que «ambiens » n’entoure plus, mais qu’il est entouré par l’expansion numérique de l’espèce et de ses moyens d’exploitation. Le milieu ambiant submergé se soumet.

Et soudain une épidémie de pneumonies interrompt l’intensité de l’activité humaine. Les gouvernements instaurent des restrictions et des ralentissements. L’effet de pause produit des signes de réanimation du milieu ambiant, des cieux aux eaux. Un temps d’arrêt relativement bref montre qu’une pression productive moins forte redonne des couleurs à la face décolorée des éléments.

La pneumonie meurtrière qui étouffe la respiration est un effet miroir de l’expansion humaine qui étouffe le milieu ambiant. Le malade demande de l’air et de l’aide en son nom et au nom de la planète tout entière.

Celui qui lit beaucoup reconnaît, ou croit reconnaître, des symboles et des paradigmes dans les événements. Le monothéisme a institué le Samedi qui littéralement n’est pas un jour de fête mais de cessation. La divinité a prescrit l’interruption de toute sorte de travail, écriture comprise.

Et elle a imposé des limites aux distances qui pouvaient   être parcourues à pied ce jour-là. Le Samedi, est-il écrit,   n’appartient pas à l’Adam : le Samedi appartient à la terre.   Cette injonction à la laisser respirer en s’imposant   un arrêt a été ignorée. Je ne crois pas que la terre puisse   récupérer ses Samedis dont elle a été privée. Je crois en   revanche que piétiner les Samedis produit les brutales   suspensions de notre occupation de la planète. C’est une   trêve pour la terre.

Pour la première fois de ma vie, j’assiste à ce renversement : l’économie, l’obsession de sa croissance, a sauté   de son piédestal, elle n’est plus la mesure des rapports ni   l’autorité suprême. Brusquement, la santé publique, la   sécurité des citoyens, un droit égal pour tous, est l’unique   et impératif mot d’ordre. Dans le cas de l’Italie, l’idolâtrie de l’économie s’est   donné la liberté de se moquer des conséquences d’activités   nocives. De la dispersion de l’amiante dans le percement   du tunnel du Val de Susa à l’intoxication de Tarante, la   santé publique est traitée comme une variable secondaire.   Les morts dues aux problèmes environnementaux sont   considérées comme des dommages collatéraux d’activités   légitimes et impunies. Ce sont au contraire des crimes de  guerre accomplis en temps de paix au détriment de populations réduites au rang de vassales.

Tel est le brusque retournement de situation, l’économie tombée de cheval et soumise à une nouvelle priorité : la vie pure et simple. Les médecins et non les économistes sont les plus hautes autorités. C’est une conversion. Elle améliore le rapport entre citoyens et État, les gouvernements passent de garants du PIB en vaillants défenseurs de la communauté.

Certes, il s’agit d’un état d’exception et on a hâte d’arrêter l’épidémie et de revenir au plein régime précédent. Mais le Samedi de la terre sème en même temps que les deuils une lueur de vie différente pour les survivants. Car, dorénavant, chacun est un rescapé provisoire. C’est un sentiment qui me rapproche le plus de tous ceux auxquels je ne peux serrer la main.

Une autre inversion est à relever dans le cas de l’Italie. Depuis son unité, des flux migratoires ont eu lieu du sud vers le massif alpin. Aujourd’hui, on assiste à un retour massif en flux inversé, jusqu’au récent blocage des retours. Le spécialiste de l’environnement Guido Viale remarquait que l’épicentre des contaminations en Chine, en Allemagne, en Italie, coïncide avec les zones de très forte pollution atmosphérique, signe d’une prédisposition à l’agression des voies respiratoires.

Le sud perçu comme terre de refuge, asile sanitaire, recommence à accueillir ses enfants. La parabole du fils prodigue n’est pas valable ici. Ils ne sont pas partis pour dilapider, mais par nécessité. Ils ne reviennent pas repentis, mais désespérés d’affronter des isolements loin de leurs attaches familiales, impatients d’entendre un peu de dialecte, affectueuse langue maternelle. Peut-être que le système immunitaire s’améliore avec l’humeur. Une fois les priorités redéfinies, c’est l’urgence de sauver qui compte et aussi celle de purger une quarantaine indéterminée dans des lieux familiers. Le sud, perçu comme plus sain, est certainement un milieu ambiant plus cordial pour calmer l’angoisse d’un état de siège.

«Basta che ce sta ‘o sole, basta che ce sta ‘o mare…» Il suffit qu’il y ait le soleil, il suffit qu’il y ait la mer. Ce n’est pas une thérapie reconnue, mais c’est bon pour l’âme de se mettre au balcon et de se laisser baigner de lumière.

 

ERRI DE LUCA
LE SAMEDI DE LA TERRE
Tracts de crise – Gallimard 19/03/2020 ISBN : 9782072909368
19 MARS 2020 / 10H / N° 2
OFFERT EN PÉRIODE DE CONFINEMENT
© ÉDITIONS GALLIMARD, 2020.

 

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20 mars 2017

Faut-il shabbatiser le Dimanche ?

Classé sous Communauté spirituelle — lhomeliedudimanche @ 0 h 01 min

Faut-il shabbatiser le Dimanche ?


Homélie du 4° Dimanche de Carême / Année A
26/03/2017

Cf. également :

La barre de fraction de la foi

Rousseur et cécité : la divine embauche !

Ce n’est pas le savoir qui sauve

 

Ouvrir les magasins le Dimanche ?

magasins_ouverts_le_dimancheDoit-on autoriser l’ouverture des magasins le dimanche ? La question a disparu du débat présidentiel en France. On se souvient pourtant que c’est l’actuel favori des sondages, Emmanuel Macron, qui a élargi cette possibilité en faisant voter une loi qui porte son nom. La libéralisation de l’économie demande en effet de ne pas interrompre le circuit des échanges volontaires, même un seul jour. Au nom de la concurrence, du chiffre d’affaires, de la création d’emplois, les tenants du travail dominical démontrent tout le bien que l’on peut attendre de sa généralisation.

Les adversaires se répartissent en deux camps. Les Eglises chrétiennes contestent cette mesure au nom de leur lecture de la Genèse où Dieu se reposa après le 6° jour de la création. Les syndicats et partis de gauche réclament un jour sanctuarisé, non pas pour aller à la messe ou au culte, mais pour la famille, la vie sociale.

 

Shabbat et Dimanche pendant les trois premiers siècles

De tels débats ont très vite parcouru les premières communautés chrétiennes. Avec le souci supplémentaire de gérer l’héritage juif du shabbat. L’évangile de l’aveugle-né de ce dimanche (Jn 9, 1-41) en porte la trace. « Cet homme-là n’est pas de Dieu puisqu’il n’observe pas le repos du shabbat », contestent les pharisiens avec une certaine logique. Imparable ! Car loi du repos sabbatique est un absolu que les juifs pratiquants respectent aujourd’hui encore scrupuleusement. Au point de ne pas appuyer sur le bouton de l’ascenseur (car c’est un contact électrique, et faire du feu est interdit le jour du shabbat) ou d’enlever l’ampoule du réfrigérateur (pour la même raison). Les rabbins disent avec raison que ce n’est pas Israël qui a gardé le shabbat, mais le shabbat qui a gardé Israël tout au long de ses trois millénaires d’histoire tumultueuse. Sans lui, il n’y aurait plus de peuple juif dans le monde aujourd’hui.

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Les premiers chrétiens, qui étaient juifs, pouvaient-il purement et simplement abolir le shabbat ? Impossible ! Jésus lui-même ne cessait de répéter qu’il est venu accomplir, pas abolir la Torah, dont pas un iota ne sera enlevé. Alors, comment faire ? Ils ont d’abord relu la façon dont Jésus a habité la pratique du shabbat.

Le Juif Jésus et le Shabbat - Cover imagePas moins de sept épisodes de guérisons miraculeuses opérées par Jésus un jour de shabbat sont recensés par les Évangiles. Ces actes sont tous appréhendés par les rabbins pris à témoins comme autant de profanations : l’homme possédé (Mc 1,21-28 et paral.) ; la belle-mère fiévreuse de Simon/Pierre (Mc 1,29-34 et paral.) ; l’homme à la main desséchée (Mc 3,1-6 et paral.) ; le paralysé à Bethesda (Jn 5,1-18) ; l’aveugle-né (Jn 9,1-41) ; la femme courbée (Lc 13,10-17) ; l’hydropique (Lc 14,1-4). À cela, il faut ajouter l’incident de l’arrachement des épis par les disciples de Jésus (cf. Lc 6,1-5), acte justifié par le maître mais non accompli par lui. L’émoi qu’il suscite chez les rabbins éberlués n’a rien d’ordinaire. Le débat est loin d’être « académique », l’attitude de Jésus est manifestement présentée par les évangélistes, quels qu’ils soient, comme provocatrice [1].

Les premiers chrétiens ont conclu que le shabbat juif n’était pas aboli, mais relativisé : les interdits liés au shabbat ne doivent pas empêcher de guérir et sauver, de travailler pour le bien commun. En même temps, une autre pratique est venue se superposer à celle du shabbat : le huitième jour. Car la célébration de la résurrection du Christ un dimanche matin marquait l’achèvement de la première création (le huitième jour), et le début de la création nouvelle (le premier jour d’un monde nouveau). Le premier jour de la semaine est vite devenu plus important pour les croyants au Ressuscité que le septième jour de l’ancienne création. Le dimanche se juxtaposait ainsi au samedi pour les judéo-chrétiens. Pour les païens convertis, la référence au shabbat n’était pas majeure. Le dimanche, avec son symbolisme de résurrection et de création nouvelle, messianique, prit d’emblée une importance prépondérante. L’abandon de la cashrout  (interdits alimentaires) et des rituels juifs a également poussé les judéo-chrétiens à abandonner progressivement l’observation du shabbat. Ainsi pendant les trois premiers siècles, shabbat et dimanche ont plus ou moins coexisté dans les communautés chrétiennes, avec des significations très différentes.

 

Le repos dominical en Occident

Puis vint Constantin et sa conversion de l’empire romain au christianisme (à partir de l’édit de Milan en 313). Il fait officiellement du dimanche (dies solis = jour du soleil auparavant, remplacé par le dies dominicus = jour du Seigneur) le jour de repos. L’Église y voit l’opportunité d’aligner le temps des hommes sur le temps de Dieu, et se met à reporter sur le dimanche des obligations liées autrefois au shabbat, et notamment le repos, le non-travail. Mais du coup, la dérive judaïsante [2] et sacerdotale est devenue majoritaire. On a shabbatisé le dimanche en lui faisant porter la symbolique du repos, de l’arrêt, du non-travail, alors que le premier jour de la semaine est celui de la Résurrection, du travail actif de Dieu et des hommes pour ‘se lever d’entre les morts’. « Il nous faut travailler aux œuvres de celui qui m’a envoyé » dit Jésus à ses disciples qui l’interrogent sur les raisons de la cécité du mendiant près du Temple et de sa guérison un jour de shabbat.

Pendant trois siècles, les chrétiens allaient d’abord le dimanche matin à l’ecclésia = l’assemblée = l’église pour célébrer la résurrection du Christ, puis ensuite vaquaient normalement à leurs occupations ! Le livre des Actes des apôtres en témoigne abondamment. Ni le Christ, ni le Nouveau Testament n’ont jamais revendiqué de faire du dimanche le shabbat des chrétiens ! Le jour du Seigneur est l’annonce joyeuse d’un monde nouveau à accueillir et à construire, bien davantage que la stricte observance d’un repos lié à l’ancienne création.

Jean-François Millet - L'AngélusPourquoi vouloir shabbatiser le dimanche ? Pour les Églises, ce fut la tentation constantinienne : ceux qui régissent le temps humain sont les maîtres du monde… De Constantin au XVI° siècle, seules les horloges et les cloches des églises marquèrent le temps communal en Occident. Le tableau de l’angélus de Millet illustre parfaitement cet inconscient collectif où le travail des champs était rythmé par l’Église (la montre et le temps individuel n’existent pas encore) et non la sirène d’usine, le pointage ou la durée légale de travail…

Avec la Réforme, les Lumières et les révolutions industrielles, la suprématie de l’Église sur le temps commun fut – à juste titre – largement remise en cause. Les beffrois communaux affichèrent leur propre horloge et leur propre carillon, émancipant la ville de la tutelle temporelle de l’Église. Les marchands calculaient le temps rémunéré autrement. Les usines transformèrent la journée de travail, jusqu’à tourner en feu continu 24 heures sur 24 parfois, 7 jours sur 7.

La catastrophe de Courrières illustrée par Le Petit Journal.Perdant peu à peu sa maîtrise du temps, l’Église a changé son plaidoyer. Ce n’était plus uniquement pour aller à la messe et respecter le commandement du Seigneur (altéré, rappelons-le, car le commandement porte sur le samedi et non sur le dimanche !) qu’elle revendiquait le repos dominical, mais également pour la famille, le lien social, la limitation de la marchandisation de la vie humaine. En cela, elle fut rejointe par les syndicats et partis ouvriers. Notamment après la catastrophe de Courrières (dans le Pas-de-Calais)  tristement célèbre. En 1906, un coup de grisou dans les mines du valenciennois fit plus de 1000 morts. L’indignation et la colère devant la responsabilité des patrons des mines et leur gestion du drame engendrèrent des grèves terribles et finalement le vote de la loi de 1906, qui garantit depuis un jour de repos minimum aux travailleurs autrefois taillables corvéables à merci, tels que Zola le dépeignait dans Germinal.

Ce beau consensus Églises-syndicats est aujourd’hui largement contesté par le reste de la société. D’abord au nom des services publics, de l’activité touristique ou autre : environ 30% de Français travaillent le dimanche, et personne ne veut revenir en arrière. Ensuite parce que les volontaires sont nombreux lorsqu’il y a une opportunité de venir travailler le dimanche en heures supplémentaires payées davantage, et les bas salaires en premier. Enfin parce que notre société n’aime plus le vide, le silence, la non-activité. Un dimanche où tout est à l’arrêt est d’un ennui mortel pour beaucoup, voire une angoisse qui nourrit le malaise de ceux pour qui le repas en famille n’est pas possible ou désirable.

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La loi Macron élargissant les dérogations à l’interdiction du travail le dimanche a donc de beaux jours devant elle ! Nul doute que nous allons – là encore – vers un modèle américain où la plupart des boutiques seront ouvertes 24 heures sur 24, 7 jours sur 7 (ce qui est déjà le cas sur Internet et le e-commerce). Au moins pourrait-on préserver une couleur dominicale marquée par des activités sportives, culturelles, amicales ou associatives différentes du reste de la semaine…

 

Ce débat a cependant une conséquence positive : les chrétiens doivent dé-shabbatiser le dimanche ! Ce n’est pas un jour pour ne rien faire. Au contraire, c’est l’invitation à se lever pour rencontrer les autres (et soi-même) autrement. C’est un jour pour guérir les aveugles et prendre soin des exclus. Et même s’il faut travailler ce jour-là, rien n’empêche de le marquer par la célébration de la résurrection, avant ou après le travail. Et cela suffit !

 


[1] . cf. Rivon Krygier, Le chabbat de Jésus, Recherches de Science Religieuse 2005/1 (Tome 93), pp. 9-25.

[2] . Dérive que Paul reprochait déjà à Pierre : « quand je vis qu’ils ne marchaient pas droit selon la vérité de l’Évangile, je dis à Céphas devant tout le monde: « Si toi qui es Juif, tu vis comme les païens, et non à la juive, comment peux-tu contraindre les païens à judaïser ? » (Ga 2,14)

 

 

PREMIÈRE LECTURE
David reçoit l’onction comme roi d’Israël (1 S 16, 1b.6-7.10-13a)

Lecture du premier livre de Samuel

En ces jours-là, le Seigneur dit à Samuel : « Prends une corne que tu rempliras d’huile, et pars ! Je t’envoie auprès de Jessé de Bethléem, car j’ai vu parmi ses fils mon roi. » Lorsqu’ils arrivèrent et que Samuel aperçut Éliab, il se dit : « Sûrement, c’est lui le messie, lui qui recevra l’onction du Seigneur ! » Mais le Seigneur dit à Samuel : « Ne considère pas son apparence ni sa haute taille, car je l’ai écarté. Dieu ne regarde pas comme les hommes : les hommes regardent l’apparence, mais le Seigneur regarde le cœur. » Jessé présenta ainsi à Samuel ses sept fils, et Samuel lui dit : « Le Seigneur n’a choisi aucun de ceux-là. » Alors Samuel dit à Jessé : « N’as-tu pas d’autres garçons ? » Jessé répondit : « Il reste encore le plus jeune, il est en train de garder le troupeau. » Alors Samuel dit à Jessé : « Envoie-le chercher : nous ne nous mettrons pas à table tant qu’il ne sera pas arrivé. » Jessé le fit donc venir : le garçon était roux, il avait de beaux yeux, il était beau. Le Seigneur dit alors : « Lève-toi, donne-lui l’onction : c’est lui ! » Samuel prit la corne pleine d’huile, et lui donna l’onction au milieu de ses frères. L’Esprit du Seigneur s’empara de David à partir de ce jour-là.

PSAUME
(Ps 22 (23), 1-2ab, 2c-3, 4, 5, 6)

R/ Le Seigneur est mon berger : rien ne saurait me manquer. (cf. Ps 22, 1)

Le Seigneur est mon berger :
je ne manque de rien.
Sur des prés d’herbe fraîche,
il me fait reposer.

Il me mène vers les eaux tranquilles
et me fait revivre ;
il me conduit par le juste chemin
pour l’honneur de son nom.

Si je traverse les ravins de la mort,
je ne crains aucun mal,
car tu es avec moi :
ton bâton me guide et me rassure.

Tu prépares la table pour moi
devant mes ennemis ;
tu répands le parfum sur ma tête,
ma coupe est débordante.

Grâce et bonheur m’accompagnent
tous les jours de ma vie ;
j’habiterai la maison du Seigneur
pour la durée de mes jours.

DEUXIÈME LECTURE
« Relève-toi d’entre les morts, et le Christ t’illuminera » (Ep 5, 8-14)

Lecture de la lettre de saint Paul apôtre aux Éphésiens

Frères, autrefois, vous étiez ténèbres ; maintenant, dans le Seigneur, vous êtes lumière ; conduisez-vous comme des enfants de lumière – or la lumière a pour fruit tout ce qui est bonté, justice et vérité – et sachez reconnaître ce qui est capable de plaire au Seigneur. Ne prenez aucune part aux activités des ténèbres, elles ne produisent rien de bon ; démasquez-les plutôt. Ce que ces gens-là font en cachette, on a honte même d’en parler. Mais tout ce qui est démasqué est rendu manifeste par la lumière, et tout ce qui devient manifeste est lumière. C’est pourquoi l’on dit : Réveille-toi, ô toi qui dors, relève-toi d’entre les morts, et le Christ t’illuminera.

ÉVANGILE
« Il s’en alla et se lava ; quand il revint, il voyait » (Jn 9, 1-11)

Gloire et louange à toi Seigneur Jésus. !
Moi, je suis la lumière du monde, dit le Seigneur.
Celui qui me suit aura la lumière de la vie.
Gloire et louange à toi Seigneur Jésus ! (Jn 8, 12)

Évangile de Jésus Christ selon saint Jean

En ce temps-là, en sortant du Temple, Jésus vit sur son passage un homme aveugle de naissance. Ses disciples l’interrogèrent : « Rabbi, qui a péché, lui ou ses parents, pour qu’il soit né aveugle ? » Jésus répondit : « Ni lui, ni ses parents n’ont péché. Mais c’était pour que les œuvres de Dieu se manifestent en lui. Il nous faut travailler aux œuvres de Celui qui m’a envoyé, tant qu’il fait jour ; la nuit vient où personne ne pourra plus y travailler. Aussi longtemps que je suis dans le monde, je suis la lumière du monde. » Cela dit, il cracha à terre et, avec la salive, il fit de la boue ; puis il appliqua la boue sur les yeux de l’aveugle, et lui dit : « Va te laver à la piscine de Siloé » – ce nom se traduit : Envoyé. L’aveugle y alla donc, et il se lava ; quand il revint, il voyait. Ses voisins, et ceux qui l’avaient observé auparavant – car il était mendiant – dirent alors : « N’est-ce pas celui qui se tenait là pour mendier ? » Les uns disaient : « C’est lui. » Les autres disaient : « Pas du tout, c’est quelqu’un qui lui ressemble. » Mais lui disait : « C’est bien moi. » Et on lui demandait : « Alors, comment tes yeux se sont-ils ouverts ? » Il répondit : « L’homme qu’on appelle Jésus a fait de la boue, il me l’a appliquée sur les yeux et il m’a dit : ‘Va à Siloé et lave-toi.’ J’y suis donc allé et je me suis lavé ; alors, j’ai vu. » Ils lui dirent : « Et lui, où est-il ? » Il répondit : « Je ne sais pas. »  On l’amène aux pharisiens, lui, l’ancien aveugle. Or, c’était un jour de sabbat que Jésus avait fait de la boue et lui avait ouvert les yeux. À leur tour, les pharisiens lui demandaient comment il pouvait voir. Il leur répondit : « Il m’a mis de la boue sur les yeux, je me suis lavé, et je vois. » Parmi les pharisiens, certains disaient : « Cet homme-là n’est pas de Dieu, puisqu’il n’observe pas le repos du sabbat. » D’autres disaient : « Comment un homme pécheur peut-il accomplir des signes pareils ? » Ainsi donc ils étaient divisés. Alors ils s’adressent de nouveau à l’aveugle : « Et toi, que dis-tu de lui, puisqu’il t’a ouvert les yeux ? » Il dit : « C’est un prophète. » Or, les Juifs ne voulaient pas croire que cet homme avait été aveugle et que maintenant il pouvait voir. C’est pourquoi ils convoquèrent ses parents et leur demandèrent : « Cet homme est bien votre fils, et vous dites qu’il est né aveugle ? Comment se fait-il qu’à présent il voie ? » Les parents répondirent : « Nous savons bien que c’est notre fils, et qu’il est né aveugle. Mais comment peut-il voir maintenant, nous ne le savons pas ; et qui lui a ouvert les yeux, nous ne le savons pas non plus. Interrogez-le, il est assez grand pour s’expliquer. » Ses parents parlaient ainsi parce qu’ils avaient peur des Juifs. En effet, ceux-ci s’étaient déjà mis d’accord pour exclure de leurs assemblées tous ceux qui déclareraient publiquement que Jésus est le Christ. Voilà pourquoi les parents avaient dit : « Il est assez grand, interrogez-le ! »  Pour la seconde fois, les pharisiens convoquèrent l’homme qui avait été aveugle, et ils lui dirent : « Rends gloire à Dieu ! Nous savons, nous, que cet homme est un pécheur. » Il répondit : « Est-ce un pécheur ? Je n’en sais rien. Mais il y a une chose que je sais : j’étais aveugle, et à présent je vois. » Ils lui dirent alors : « Comment a-t-il fait pour t’ouvrir les yeux ? » Il leur répondit : « Je vous l’ai déjà dit, et vous n’avez pas écouté. Pourquoi voulez-vous m’entendre encore une fois ? Serait-ce que vous voulez, vous aussi, devenir ses disciples ? » Ils se mirent à l’injurier : « C’est toi qui es son disciple ; nous, c’est de Moïse que nous sommes les disciples. Nous savons que Dieu a parlé à Moïse ; mais celui-là, nous ne savons pas d’où il est. » L’homme leur répondit : « Voilà bien ce qui est étonnant ! Vous ne savez pas d’où il est, et pourtant il m’a ouvert les yeux. Dieu, nous le savons, n’exauce pas les pécheurs, mais si quelqu’un l’honore et fait sa volonté, il l’exauce. Jamais encore on n’avait entendu dire que quelqu’un ait ouvert les yeux à un aveugle de naissance. Si lui n’était pas de Dieu, il ne pourrait rien faire. » Ils répliquèrent : « Tu es tout entier dans le péché depuis ta naissance, et tu nous fais la leçon ? » Et ils le jetèrent dehors.  Jésus apprit qu’ils l’avaient jeté dehors. Il le retrouva et lui dit : « Crois-tu au Fils de l’homme ? » Il répondit : « Et qui est-il, Seigneur, pour que je croie en lui ? » Jésus lui dit : « Tu le vois, et c’est lui qui te parle. » Il dit : « Je crois, Seigneur ! » Et il se prosterna devant lui.  Jésus dit alors : « Je suis venu en ce monde pour rendre un jugement : que ceux qui ne voient pas puissent voir, et que ceux qui voient deviennent aveugles. » Parmi les pharisiens, ceux qui étaient avec lui entendirent ces paroles et lui dirent : « Serions-nous aveugles, nous aussi ? » Jésus leur répondit : « Si vous étiez aveugles, vous n’auriez pas de péché ; mais du moment que vous dites : ‘Nous voyons !’, votre péché demeure.
Patrick BRAUD

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