L'homélie du dimanche (prochain)

5 octobre 2016

De la santé au salut en passant par la foi

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De la santé au salut en passant par la foi

Homélie du 28° Dimanche du temps ordinaire /
Année C
09/10/2016

Cf. également :

Faire miniane

Quel sera votre sachet de terre juive ?

Et encore :

Quelle lèpre vous ronge ?

Pour en finir avec les lèpres

Le communautarisme fait sa cuisine

 

Qui fixe les frontières de l’impur ?

Afficher l'image d'origineLes débats de cet été en France autour du burkini sont passés à côté d’un enjeu fondamental : la question du pur et de l’impur. Les interdits juifs et musulmans concernant la cuisine, l’alimentation, les vêtements et tant d’autres comportements quotidiens ont une obsession quasi pathologique : la pureté rituelle.

Des ablutions au voile en passant par la manière de tuer les animaux ou de faire ses besoins, l’islam et le judaïsme orthodoxe enserrent le croyant dans une multitude d’obligations pratiques très contraignantes. Aux 613 commandements juifs répondent les innombrables prescriptions du Coran et de la charia sur ce qu’il conviendrait de faire ou de ne pas faire pour rester pur aux yeux de Dieu.

Notre évangile se situe dans ce contexte où la maladie contractée – ici la lèpre – devient source d’impureté qui exclue de la vie de la communauté. Dans un premier temps, Jésus semble respecter cette mentalité : il reste à distance des lépreux pour ne pas devenir impur à leur contact, il les renvoie aux prêtres pour faire constater la guérison et ainsi être réintégrés. Heureusement, le 10° lépreux, constatant lui-même sa guérison en chemin, fait demi-tour au lieu d’aller voir les prêtres de Jérusalem. C’est donc que pour lui, Jésus est le grand prêtre qui peut le déclarer pur. Ce n’est plus la loi (juive ou musulmane) qui fixe les frontières de l’impur, c’est le Christ en personne.

Ce 10° lépreux souffrait d’une deuxième impureté, sociale celle-là, que les prêtres de Jérusalem ne pouvaient absoudre : il était samaritain, l’équivalent d’un huguenot hérétique pour les catholiques du XVI° siècle ! Double peine en quelque sorte : lépreux et hérétique. Cette double impureté ne tient pas devant le Christ, lui qui a déclaré purs tous les aliments et est devenu le champion d’une fraternité universelle. Après son départ, l’Esprit poussera Pierre à baptiser le centurion Romain Corneille - doublement impur lui aussi - et Paul imposera des mains aux samaritains pour qu’ils reçoivent l’effusion de l’Esprit comme les juifs.

Voilà donc une innovation extraordinaire : le pur et l’impur ne viennent plus de l’extérieur (animaux, maladie, origine sociale ou géographique etc.) mais du cœur de l’homme (violence, haine, amour de l’argent, convoitise etc.). Pour être guéri, plus besoin de rites compliqués ou mystérieux : la confiance en chemin est le vrai remède à nos lèpres, de toutes sortes.

 

La guérison n’est pas la foi

Afficher l'image d'origineUn seul des 10 lépreux revient se prosterner au pied de Jésus. Les neuf autres ont bien été guéris physiquement, mais seul le samaritain a épousé la foi chrétienne. La guérison n’est donc pas identique à la foi !

De même qu’à Lourdes il y a des centaines de guérisons physiques qui ne sont jamais déclarées miraculeuses, on a avec ces neuf lépreux un constat un peu amer : beaucoup de choses nous sont données sans que nous les rapportions à leur source ; beaucoup de bonnes choses nous arrivent sans qu’elles changent réellement notre vie d’avant. Nous aimons, nous craquons devant un enfant dans son berceau, nous goûtons la joie de vivre devant un somptueux paysage ou une musique bouleversante, et puis tout reprend comme si cela ne changeait rien…

Imaginez un patineur sur un lac gelé. Il savoure la vitesse et la glisse jusqu’à ce qu’un point plus fragile de la couche de glace cède sous son poids. Les neuf lépreux agissent comme s’il suffisait de laisser la glace se refermer et obturer le trou pour se remettre à patiner, comme si rien ne s’était passé. Le 10° lépreux lui se souviendra de sa chute, de l’eau glacée, de celui qui l’a tiré d’une mort certaine.

Qu’est-ce qui fait passer de la guérison à la foi ? La gratitude ! Le sentiment de reconnaissance, l’action de grâces à celui qui nous a sauvés. Faire de sa vie une eucharistie a exactement ce sens-là : reconnaître avec gratitude les dons reçus gratuitement, prendre le temps de le célébrer devant Dieu, ne pas s’arrêter à la seule jouissance des guérisons obtenues, remonter à leur origine pour ne jamais se couper de la source qui nous abreuve…

 

Le salut n’est pas la guérison

Afficher l'image d'origine« Ta foi t’a sauvé » : les neuf lépreux n’ont pas entendus cette déclaration du Christ. Physiquement et socialement ils vont mieux. Mais ce n’est pas encore le salut. Être sauvé ne veut pas dire aller mieux, mais communier au Christ Sauveur. Bonne santé (richesse, réussite…) et salut sont deux réalités différentes ! À tel point que beaucoup aujourd’hui on l’une sans l’autre, et vice-versa…

À Lourdes, vous pouvez rencontrer des personnes malades, handicapées, qui ne seront jamais guéries, qui iront même de plus en plus mal, et qui pourtant rayonnent du salut accueilli au plus profond de leur être. En sens inverse, nous connaissons tous des personnalités et des célébrités (médiatiques, financières, politiques…) apparemment en pleine réussite et pourtant si peu ‘habitées’.

L’objet de la prière n’est alors pas tant de chercher la santé, la richesse, la réussite etc. que de s’enraciner dans la gratitude, la reconnaissance, la louange.

Relisez le journal intime d’Etty Hillesum, jeune femme juive hollandaise du ghetto d’Amsterdam. Elle parcourt un chemin intérieur éblouissant alors que la barbarie nazie défigure l’Europe. C’est parce qu’elle veut apprendre à goûter la vraie beauté des êtres en Dieu qu’elle a su traverser la violence nazie, jusqu’à être déportée au camp de Westbrook, sans perdre la joie du salut qui jaillissait en elle et hors d’elle…

 

Le salut est une résurrection en marche

Afficher l'image d'origine« Lève-toi et va » : les deux verbes adressés au 10° lépreux sont éminemment symboliques. Le premier est celui de la résurrection : se lever d’entre les morts. Le second est celui de l’itinéraire spirituel : « va vers toi », ordonne YHWH à Abraham, et Jésus reprend souvent cet impératif pour obliger quelqu’un à renaître, comme on dit de sortir à l’enfant lors d’un accouchement.

Il s’agit bien d’aller (et non pas d’aller bien !) : la marche est essentielle au salut, car celui qui se croit arrivé n’a plus besoin de faire confiance à un autre. Le drame des pharisiens à l’époque de Jésus est de s’être installés dans la Loi et ses innombrables coutumes. Le drame des islamistes aujourd’hui est de ne pas vouloir interpréter le Coran, en refusant de le resituer dans son contexte historique et social. De tout temps, de tous bords, l’intégrisme est une vérité immobile, qui meurt de ne pas se mettre en mouvement.

En ordonnant « Va ! » au lépreux-samaritain guéri-croyant, Jésus lui dit simplement de continuer son chemin intérieur, d’aller jusqu’au bout de sa quête.

« Va ! » : va vers toi, va vers tes vrais désirs, va ton propre chemin, va vers les compagnons  de route qui te seront donnés, va vers l’inconnu où tu te découvriras davantage, va vers ton Dieu sans savoir où le chercher…

Cet ordre est libérateur. Il est le salut en marche, en cours de route.

Bob Marley chantait autrefois : « get up, stand up, don’t give up your fight » (lève-toi, debout !, n’abandonne pas ton combat). Le philosophe Henri Bergson écrivait presque la même chose : « le seul élément stable du christianisme, c’est l’ordre de ne s’arrêter jamais ».

Comment entendre cet impératif pour moi aujourd’hui ?

 

 

1ère lecture : « Naaman retourna chez l’homme de Dieu et déclara : Il n’y a pas d’autre Dieu que celui d’Israël » (2 R 5, 14-17) Lecture du deuxième livre des Rois

En ces jours-là, le général syrien Naaman, qui était lépreux, descendit jusqu’au Jourdain et s’y plongea sept fois, pour obéir à la parole d’Élisée, l’homme de Dieu ; alors sa chair redevint semblable à celle d’un petit enfant : il était purifié ! Il retourna chez l’homme de Dieu avec toute son escorte ; il entra, se présenta devant lui et déclara : « Désormais, je le sais : il n’y a pas d’autre Dieu, sur toute la terre, que celui d’Israël ! Je t’en prie, accepte un présent de ton serviteur. » Mais Élisée répondit : « Par la vie du Seigneur que je sers, je n’accepterai rien. » Naaman le pressa d’accepter, mais il refusa. Naaman dit alors : « Puisque c’est ainsi, permets que ton serviteur emporte de la terre de ce pays autant que deux mulets peuvent en transporter, car je ne veux plus offrir ni holocauste ni sacrifice à d’autres dieux qu’au Seigneur Dieu d’Israël. »

Psaume : Ps 97 (98), 1, 2-3ab,3cd-4

R/ Le Seigneur a fait connaître sa victoire et révélé sa justice aux nations. (Ps 97, 2)

Chantez au Seigneur un chant nouveau,
car il a fait des merveilles ;
par son bras très saint, par sa main puissante,
il s’est assuré la victoire.

Le Seigneur a fait connaître sa victoire
et révélé sa justice aux nations ;
il s’est rappelé sa fidélité,
son amour, en faveur de la maison d’Israël.

La terre tout entière a vu
la victoire de notre Dieu.
Acclamez le Seigneur, terre entière,
sonnez, chantez, jouez !

2ème lecture : « Si nous supportons l’épreuve, avec lui nous régnerons » (2 Tm 2, 8-13)
Lecture de la deuxième lettre de saint Paul apôtre à Timothée

Bien-aimé, souviens-toi de Jésus Christ, ressuscité d’entre les morts, le descendant de David : voilà mon évangile. C’est pour lui que j’endure la souffrance, jusqu’à être enchaîné comme un malfaiteur. Mais on n’enchaîne pas la parole de Dieu ! C’est pourquoi je supporte tout pour ceux que Dieu a choisis, afin qu’ils obtiennent, eux aussi, le salut qui est dans le Christ Jésus, avec la gloire éternelle. Voici une parole digne de foi : Si nous sommes morts avec lui, avec lui nous vivrons. Si nous supportons l’épreuve, avec lui nous régnerons. Si nous le rejetons, lui aussi nous rejettera. Si nous manquons de foi, lui reste fidèle à sa parole, car il ne peut se rejeter lui-même.

Evangile : « Il ne s’est trouvé parmi eux que cet étranger pour revenir sur ses pas et rendre gloire à Dieu ! » (Lc 17, 11-19)
Acclamation : Alléluia. Alléluia.  Rendez grâce à Dieu en toute circonstance : c’est la volonté de Dieu à votre égard dans le Christ Jésus. Alléluia. (1 Th 5, 18)

Évangile de Jésus Christ selon saint Luc

En ce temps-là, Jésus, marchant vers Jérusalem, traversait la région située entre la Samarie et la Galilée. Comme il entrait dans un village, dix lépreux vinrent à sa rencontre. Ils s’arrêtèrent à distance et lui crièrent : « Jésus, maître, prends pitié de nous. » À cette vue, Jésus leur dit : « Allez-vous montrer aux prêtres. » En cours de route, ils furent purifiés.  L’un d’eux, voyant qu’il était guéri, revint sur ses pas, en glorifiant Dieu à pleine voix. Il se jeta face contre terre aux pieds de Jésus en lui rendant grâce. Or, c’était un Samaritain. Alors Jésus prit la parole en disant : « Tous les dix n’ont-ils pas été purifiés ? Les neuf autres, où sont-ils ? Il ne s’est trouvé parmi eux que cet étranger pour revenir sur ses pas et rendre gloire à Dieu ! » Jésus lui dit : « Relève-toi et va : ta foi t’a sauvé. »
Patrick BRAUD

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9 octobre 2010

Quel sera votre sachet de terre juive ?

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Quel sera votre sachet de terre juive ?


Homélie du 10/10/2010

28° Dimanche du temps ordinaire / Année C

 

 

L’esclave qui veut que son maître guérisse

Extrait de l'affiche du film Au début de l’histoire de Naaman, il y a une esclave, une jeune juive captive qui fait partie du butin de l’armée syrienne en Israël. « Ce qu’il y a de faible dans le monde, voilà ce que Dieu a choisi… »  (1Co 1,27) dira Saint Paul. Cette esclave – paradoxalement – va chercher à guérir le général étranger qui est responsable de son malheur ! « Ne rendez pas le mal pour le mal » (1P 3,9 vs 1M 2,68), « Aimez vos ennemis » (Lc 6,27), dira Jésus dans l’Évangile. Cette jeune esclave aiguille Naaman vers « le prophète qui est à Samarie », c’est-à-dire qui vit en terre hérétique pour les juifs orthodoxes de l’époque.

Quelle largesse d’esprit extraordinaire : reconnaître que de Samarie peut venir le salut pour les païens, même ceux qui nous oppriment… !

 

Quels sont les esclaves, les captives autour de nous qui pourraient nous aiguiller vers un autre salut ?

Ou bien, si je suis moi-même captif, comment désirer la guérison de ceux qui m’exploitent ?

 

Première méprise : erreur sur la personne

Le roi de Syrie envoie Naaman vers le roi d’Israël, croyant sans doute que le prophète est aux ordres du roi, ou que le prophète ne peut être que le roi en personne. D’où la réaction du roi d’Israël, reconnaissant avec réalisme et humilité qu’il n’est pas Dieu, qu’il ne peut faire « mourir et ressusciter », bref qu’il n’a pas droit de vie et de mort sur ses sujets, et encore moins le pouvoir de guérir de la lèpre.

 

La petite esclave juive avait discerné correctement à qui il fallait s’adresser pour guérir. Quel sera votre sachet de terre juive ? dans Communauté spirituelle compendium-doctrine-sociale-eglise-13Le puissant roi de Syrie – lui – se trompe de personne. C’est cela la force de ce que nous appelons aujourd’hui « l’option préférentielle pour les pauvres » dans la doctrine sociale de l’Église : il ne s’agit pas seulement de faire la charité, par compassion, mais de discerner, grâce à la parole des pauvres et à leur expérience, d’où peut venir le salut pour l’ensemble de la société (y compris pour les puissants et les riches).

Si une jeune esclave juive voit plus clair qu’un puissant roi de Syrie, alors on devine que les exclus et les laissés-pour-compte de notre société verront plus clair sur notre avenir que bien des puissants du monde politique ou économique…

 

Comment accorder aux plus pauvres un droit de parole, pour qu’ils discernent avec nous d’où peut venir le salut ?

 

Deuxième méprise : l’argent n’achète pas tout

Naaman, en bon païen que nous sommes, croit que tout s’achète.

Il vient demander sa  gratuit dans Communauté spirituelleguérison avec de l’argent, de l’or, des vêtements luxueux…

Or la guérison ne s’achète pas. Elle sera donnée gratuitement, « par-dessus le marché » (Lc 12,31), au-delà de toute démarche calculatrice et mercantile.

Pas de donnant-donnant chez Dieu !

D’ailleurs Élisée a refusé les cadeaux que Naaman voulait lui offrir pour le remercier. Alors que le serviteur d’Élisée, Guéhazi, va devenir lépreux pour avoir voulu tirer profit de cette guérison en soutirant de l’argent et des habits à Naaman ans après sa guérison.

 

Puis-je croire aujourd’hui que la guérison m’est offerte gratuitement ?

Puis-je en témoigner auprès d’autres, en offrant à mon tour un salut gratuit, sans calcul ?

 

Troisième méprise : la foi n’est pas magique

Naaman s’attendaient à des paroles mystérieuses, comme celle d’un guérisseur africain ou d’un marabout autoproclamé de nos petites annonces. Il imaginait des gestes magiques, avec des « passes » sur son corps, des postures savantes et mystérieuses, une technique digne des meilleures thérapies du bien-être corporel d’aujourd’hui.

Rien de tout cela en Dieu : Élisée ne se déplace même pas physiquement auprès de Naaman. Il guérit sur parole, avec une ordonnance à distance : se baigner sept fois dans le Jourdain.

 

Comment prendre conscience, pour l’éradiquer, de la dimension « magique » de mon rapport à Dieu ?

 

Quatrième méprise : le salut n’est pas chez soi

carte_israel_bis-432 lèpreNaaman « méprise » le Jourdain, petit fleuve juif qui ne lui apportera aucune renommée. Il aurait préféré se baigner dans « les rivières de Damas » qui l’auraient rendu célèbre chez lui. ?J’ai les mêmes eaux à la maison’ semble-t-il se dire, furieux : pourquoi se plonger dans les eaux juives de ce petit peuple que j’ai vaincu ?

Heureusement, là encore des esclaves interviennent. Décidément, sans les esclaves, pas de guérison possible ! Ils le convainquent : ?qui peut le plus peut le moins. Tu te serais baigné à Damas ? Cela ne coûte rien alors de te baigner ici’.

 

 

Passer par Israël, par des esclaves… : comment abaisser mon orgueil pour accepter de recevoir des plus petits ?

 

 

La reconnaissance

Naaman veut montrer sa gratitude. Puisque Élisée refuse tout cadeau, le général syrien merci1 reconnaissancemanifestera sa reconnaissance envers le Dieu d’Israël en rapportant un peu de terre juive chez lui, en Syrie.

Point de conversion spectaculaire. Il continuera à accompagner son maître au temple du dieu (de l’idole) Rimmon. Naaman manifestera pourtant un attachement intérieur, privé : il sait d’où lui vient son salut, mais il n’en fera pas étalage.

 

Dans notre évangile, un seul des dix lépreux guéris par Jésus manifeste ce même type de gratitude : un étranger, comme Naaman.

 

ä Que pourrait signifier pour nous actuellement : « emporter un peu de la terre d’Israël » dans notre univers ?

Saint Jean appelle cela : « être dans le monde sans être du monde » (Jn 17).

 

En entreprise, en famille, avec nos amis, comment faire ce qu’il faut pour être avec les autres, loin de toute attitude sectaire (comme Naaman accompagnant son roi au temple païen), sans pour autant trahir ce que l’on est, sans devenir infidèles à nos convictions ?

Un petit sachet de terre d’Israël a suffi à Naaman pour lui rappeler sans cesse sa double appartenance.

Certains aujourd’hui utilisent une icône, un dizainier, « Prions en Église » ou « Magnificat » dans ce même esprit : être présent à ses responsabilité profanes ordinaires, tout en étant présent au Dieu de Jésus-Christ, qui guérit gratuitement les bons comme les méchants, les familiers comme des étrangers.

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Quel sera votre sachet de terre juive ? Quel symbole chrétien vous aidera à « être dans le monde sans être du monde » ?

 

 

 

1ère lecture : Guéri de sa lèpre, Naaman le Syrien croit au Dieu d’Israël (2R 5, 14-17)

Lecture du second livre des Rois

Naaman, chef de l’armée du roi d’Aram, était un homme en grande considération et faveur auprès de son maître, car c’était par lui que Yahvé avait accordé la victoire aux Araméens, mais cet homme était lépreux.  Or les Araméens, sortis en razzia, avaient enlevé du territoire d’Israël une petite fille qui était entrée au service de la femme de Naaman.  Elle dit à sa maîtresse: « Ah! si seulement mon maître s’adressait au prophète de Samarie! Il le délivrerait de sa lèpre. »  Naaman alla informer son seigneur: « Voilà, dit-il, de quelle et quelle manière a parlé la jeune fille qui vient du pays d’Israël. »  Le roi d’Aram répondit: « Pars donc, je vais envoyer une lettre au roi d’Israël. » Naaman partit, prenant avec lui dix talents d’argent, 6.000 sicles d’or et dix habits de fête.  Il présenta au roi d’Israël la lettre, ainsi conçue: « En même temps que te parvient cette lettre, je t’envoie mon serviteur Naaman, pour que tu le délivres de sa lèpre. »  A la lecture de la lettre, le roi d’Israël déchira ses vêtements et dit: « Suis-je un dieu qui puisse donner la mort et la vie, pour que celui-là me mande de délivrer quelqu’un de sa lèpre? Pour sûr, rendez-vous bien compte qu’il me cherche querelle! »  Mais quand Elisée apprit que le roi d’Israël avait déchiré ses vêtements, il fit dire au roi: « Pourquoi as-tu déchiré tes vêtements? Qu’il vienne donc vers moi, et il saura qu’il y a un prophète en Israël. »

Naaman arriva avec son attelage et son char et s’arrêta à la porte de la maison d’Elisée,  et Elisée envoya un messager lui dire: « Va te baigner sept fois dans le Jourdain, ta chair redeviendra nette. »  Naaman, irrité, s’en alla en disant: « Je m’étais dit: Sûrement il sortira et se présentera lui-même, puis il invoquera le nom de Yahvé son Dieu, il agitera la main sur l’endroit malade et délivrera la partie lépreuse.  Est-ce que les fleuves de Damas, l’Abana et le Parpar, ne valent pas mieux que toutes les eaux d’Israël? Ne pourrais-je pas m’y baigner pour être purifié? » Il tourna bride et partit en colère.  Mais ses serviteurs s’approchèrent et s’adressèrent à lui en ces termes: « Mon père! Si le prophète t’avait prescrit quelque chose de difficile, ne l’aurais-tu pas fait? Combien plus, lorsqu’il te dit: « Baigne-toi et tu seras purifié. »  Il descendit donc et se plongea sept fois dans le Jourdain, selon la parole d’Elisée: sa chair redevint nette comme la chair d’un petit enfant.

  Il revint chez Elisée avec toute son escorte, il entra, se présenta devant lui et dit: « Oui, je sais désormais qu’il n’y a pas de Dieu par toute la terre sauf en Israël! Maintenant, accepte, je te prie, un présent de ton serviteur. »  Mais Elisée répondit: « Aussi vrai qu’est vivant Yahvé que je sers, je n’accepterai rien. » Naaman le pressa d’accepter, mais il refusa.  Alors Naaman dit: « Puisque c’est non, permets qu’on donne à ton serviteur de quoi charger de terre deux mulets, car ton serviteur n’offrira plus ni holocauste ni sacrifice à d’autres dieux qu’à Yahvé.  Seulement, que Yahvé pardonne ceci à ton serviteur: quand mon maître va au temple de Rimmôn pour y adorer, il s’appuie sur mon bras et je me prosterne dans le temple de Rimmôn en même temps qu’il le fait; veuille Yahvé pardonner cette action à son serviteur! »

  Elisée lui répondit: « Va en paix », et Naaman s’éloigna un bout de chemin.  Géhazi, le serviteur d’Elisée, se dit: « Mon maître a ménagé Naaman, cet Araméen, en n’acceptant pas de lui ce qu’il avait offert. Aussi vrai que Yahvé est vivant, je cours après lui et j’en obtiendrai quelque chose. »  Et Géhazi se lança à la poursuite de Naaman. Lorsque Naaman le vit courir derrière lui, il sauta de son char à sa rencontre et demanda: « Cela va-t-il bien? »  Il répondit: « Bien. Mon maître m’a envoyé te dire: A l’instant m’arrivent deux jeunes gens de la montagne d’Ephraïm, des frères prophètes. Donne pour eux, je te prie, un talent d’argent et deux habits de fête. »  Naaman dit: « Veuille accepter deux talents », et il insista; il lia les deux talents d’argent dans deux sacs, avec les deux habits de fête, et les remit à deux de ses serviteurs qui les portèrent devant Géhazi.  Quand il arriva à l’Ophel, il les prit de leurs mains et les déposa dans la maison; puis il congédia les hommes, qui s’en allèrent.  Quant à lui, il vint se tenir près de son maître. Elisée lui demanda: « D’où viens-tu, Géhazi? » Il répondit: « Ton serviteur n’est allé nulle part. »  Mais Elisée lui dit: « Mon coeur n’était-il pas présent lorsque quelqu’un a quitté son char à ta rencontre? Maintenant tu as reçu l’argent, et tu peux acheter avec cela jardins, oliviers et vignes, petit et gros bétail, serviteurs et servantes.  Mais la lèpre de Naaman s’attachera à toi et à ta postérité pour toujours. » Et Géhazi s’éloigna de lui blanc de lèpre comme la neige. 

 

 

Psaume : Ps 97, 1, 2-3ab, 3cd-4a.6b

 

R/ Dieu révèle sa puissance à toutes les nations

Chantez au Seigneur un chant nouveau,
car il a fait des merveilles ;
par son bras très saint, par sa main puissante,
il s’est assuré la victoire. 

Le Seigneur a fait connaître sa victoire
et révélé sa justice aux nations ;
il s’est rappelé sa fidélité, son amour,
en faveur de la maison d’Israël.

La terre tout entière a vu
la victoire de notre Dieu.
Acclamez le Seigneur, terre entière.
Acclamez votre roi, le Seigneur !

2ème lecture : Etre fidèles au Christ toujours fidèle (2Tm 2, 8-13)

 

Lecture de la seconde lettre de saint Paul Apôtre à Timothée

Souviens-toi de Jésus Christ, le descendant de David : il est ressuscité d’entre les morts, voilà mon Évangile.
C’est pour lui que je souffre, jusqu’à être enchaîné comme un malfaiteur. Mais on n’enchaîne pas la parole de Dieu !
C’est pourquoi je supporte tout pour ceux que Dieu a choisis, afin qu’ils obtiennent eux aussi le salut par Jésus Christ, avec la gloire éternelle.
Voici une parole sûre : « Si nous sommes morts avec lui, avec lui nous vivrons.
Si nous supportons l’épreuve, avec lui nous régnerons. Si nous le rejetons, lui aussi nous rejettera.
Si nous sommes infidèles, lui, il restera fidèle, car il ne peut se rejeter lui-même. »

 

Evangile : Guéri de sa lèpre, un Samaritain rend gloire à Dieu (Lc 17, 11-19)

 

Évangile de Jésus Christ selon saint Luc

Jésus, marchant vers Jérusalem, traversait la Samarie et la Galilée.
Comme il entrait dans un village, dix lépreux vinrent à sa rencontre. Ils s’arrêtèrent à distance
et lui crièrent : « Jésus, maître, prends pitié de nous. »
En les voyant, Jésus leur dit : « Allez vous montrer aux prêtres. »En cours de route, ils furent purifiés.
L’un d’eux, voyant qu’il était guéri, revint sur ses pas, en glorifiant Dieu à pleine voix.
Il se jeta la face contre terre aux pieds de Jésus en lui rendant grâce. Or, c’était un Samaritain.
Alors Jésus demanda : « Est-ce que tous les dix n’ont pas été purifiés ? Et les neuf autres, où sont-ils ?
On ne les a pas vus revenir pour rendre gloire à Dieu ; il n’y a que cet étranger ! »
Jésus lui dit : « Relève-toi et va : ta foi t’a sauvé. »
Patrick BRAUD

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