L'homélie du dimanche (prochain)

5 février 2018

Fréquenter les infréquentables

Classé sous Communauté spirituelle — lhomeliedudimanche @ 0 h 01 min

Fréquenter les infréquentables


Homélie pour le 6° Dimanche du temps ordinaire / Année B
11/02/2018

Cf. également :

Quelle lèpre vous ronge ?
Pour en finir avec les lèpres
La pierre angulaire : bâtir avec les exclus, les rebuts de la société
Les sans-dents, pierre angulaire


Pas de bras, pas de chocolat !

Fréquenter les infréquentables dans Communauté spirituelle 227x227bbCette réplique-culte du film qui ne l’est pas moins pourrait s’appliquer aux lépreux de notre évangile de ce dimanche. Intouchables (sorti en 2011) est devenu le film le plus populaire du cinéma français [1], sans doute parce qu’il s’attaque avec humour et gentillesse à une double exclusion  sociale : le handicap côté François Cluzet et la couleur de peau côté Omar Sy. Reconnaissons-le : la condition des « intouchables » en France est dans bien des cas semblables à celles des lépreux du temps de Jésus.

La tragédie des lépreux n’était pas seulement la dégradation physique de leur corps, mais davantage encore la honte de se voir rejetés par tous les autres (cf. Lv 13-14). Ils étaient complètement exclus de la communauté. Ils ne pouvaient plus vivre avec leurs proches, ne pouvaient pas se marier ni avoir d’enfants. Il leur était interdit de participer à une fête religieuse ou à toute autre activité sociale. En réalité, beaucoup de ces gens n’étaient pas nécessairement victimes de la lèpre telle que nous la connaissons aujourd’hui, mais de diverses maladies de la peau (psoriasis, teigne, éruptions cutanées, tumeurs, eczéma…). Ces affections cutanées s’étendaient sur leur corps et les rendaient répugnants. Il fallait éviter tout contact avec eux car on croyait que leur maladie était contagieuse et qu’un contact avec eux rendait impur. Le sort des lépreux était le pire parmi les malades. Selon le livre du Lévitique, ils devaient crier : “Impur, impur!” Tant que durera son mal, il sera impur et étant impur, il demeurera à part. (Lv 13,45-46) Ils devaient eux-mêmes annoncer leur exclusion quand quelqu’un approchait d’eux. Les lépreux étaient les personnes les plus marginalisées de la société. De plus, ils se sentaient complètement abandonnés de Dieu et des humains.

La Bible se souvient pourtant que ces intouchables ont pu être les sauveurs de leur peuple, préfigurant pour les chrétiens le salut opéré par le Christ s’identifiant aux exclus. 2R 7 raconte comment 4 lépreux ont osé entrer dans le camp des Araméens faisant le siège de la ville de Samarie, découvrant ainsi qu’il était vide. En avertissant le roi, ils ont sauvé leur peuple, eux dont ils étaient exclus.

 

Qui sont nos intouchables ?

Ne pensons pas que les lépreux ont disparu. Malgré Albert Schweitzer et Raoul Follereau, il y encore un à deux millions de malades dans le monde, et 2000 cas nouveaux sont diagnostiqués chaque année, dont 200 pour le seul Bénin par exemple. Or la répulsion physique qu’inspirent les corps rongés par la lèpre est toujours source de mise à l’écart, de peur, de regards fuyants et d’évitements gênés. L’horreur qu’une chair défigurée inspire – doigts  manquants, yeux vitreux, plaies et ulcères apparentes – est telle que la vie sociale des lépreux est réduite à leurs soignants et à leurs compagnons malades. Le combat de Jésus pour réintégrer ces fantômes dans la vie de leur communauté est toujours actuel, et ne doit pas être abandonné.

lepreux exclusion dans Communauté spirituelleIl se conjugue avec l’attrait que le Christ avait pour tous les autres infréquentables de l’Israël d’alors. Fréquenter les intouchables de son temps semble être une de ses passions. Il va manger chez les collabos juifs de l’occupant romain que tout le monde exècre et voudrait voir tondus. Il touche les prostituées, se laisse caresser les pieds en public par les cheveux parfumés d’une pécheresse. Il laisse repartir la femme adultère sans la lapider. Il impose la main aux possédés dont on avait peur. Il fait de la boue pour l’appliquer sur les yeux morts d’un aveugle-né. Il se laisse toucher par une femme impure de ses pertes sanguines. Il côtoie les samaritains – ces hérétiques – et fait l’éloge de leur compassion. Il fait bon accueil aux romains et aux grecs – ces étrangers – dont il salue la foi plus grande que celle des fils d’Israël. Il finira comme il a vécu, en compagnie de deux voleurs dont l’un sera son premier invité au paradis.

Vous devinez que la transposition est facile : être disciple du Christ aujourd’hui, c’est faire l’expérience du même amour pour les intouchables de notre temps.

 

Qui sont nos infréquentables ?

- Les SDF

Les sans-dents, pierre angulaire dans Communauté spirituellePensez aux ombres qui – malgré toutes les promesses électorales répétées – hantent toujours les couloirs de nos métros, les bouches de chaleur, les abris et cartons de fortune en guise de refuge. Il y a environ 200 000 SDF en France. Se réclamer du Christ n’est pas tant parler d‘eux, s’occuper d’eux. C’est d’abord aller les rejoindre, les toucher au cœur, partager des repas, des discussions, des jeux de cartes, des démarches pour se relever etc. Ce que la rue a abîmé quand on y a passé des années n’est pas seulement matériel ou financier. C’est tout une vision du monde à reconstruire. C’est un chemin de relèvement si dur qu’il est presque impossible à parcourir sans de fidèles compagnons à ses côtés. Les « sans-dents » dont se riait François Hollande sentent mauvais, ont des cheveux filasses, une dentition effectivement épouvantable, une espérance de vie très courte : bref, ils font fuir. Il faut parfois avoir le cœur bien accroché pour aller à leur contact. Avec des rencontres au final très simples, très humaines dès lors qu’elles se jouent dans la réciprocité et le respect mutuel.
Donner ne suffit pas. Aller toucher en direct et guérir à la manière du Christ est vital.

 

- Les prostitué(e)s

camembert-nombre-de-pp lèpreLes autres ombres qui peuplent certaines rues de certains quartiers ne sont pas moins infréquentables aux yeux de la société : les prostitué(e)s. Environ 40 000 en France, essentiellement de jeunes femmes victimes de trafic venant d’Afrique et des pays de l’Est. Le mouvement « Le Nid » fondé par un prêtre les accompagne au quotidien depuis 70 ans. Le projet du Mouvement du Nid est initié par une rencontre entre deux personnalités d’exception. En 1937 Germaine Campion, une femme éprouvée, prostituée et alcoolique, a quitté Paris pour “venir mourir” dans sa ville natale, Paramé-Saint-Malo, en Bretagne. Elle confie sa détresse à André-Marie Talvas, prêtre dans cette ville. Celui-ci, qui a fondé un réseau de centres sociaux fréquentés par de nombreuses femmes en difficulté, est sensible à son témoignage. Le Nid deviendra une réalité en 1946 avec Maggie Boire, militante à la Jeunesse Ouvrière Chrétienne (JOC) : cette jeune femme, bretonne également, a découvert à l’occasion d’une visite à Paris les conditions d’existence de personnes prostituées avec qui elle a échangé quelques mots. Elle en conçoit une telle révolte qu’elle quitte son emploi et sa région pour venir fonder le « Nid » avec le soutien d’André-Marie Talvas.

Là encore, la rencontre personnelle, la présence à leur côté, le temps partagé autour d’une tasse de café ou d’une confidence est le signal fort attendu en réponse aux questions qui taraudent tout exclu : « sommes-nous encore des vôtres ? suis-je condamné à vivre à part ? qui me lavera de cette souillure qui me colle à la peau ? qui me débarrassera de cette infamie si je veux changer l’existence ? »

Le pire serait de s’habituer, de ne pas en parler. Le pire serait l’indifférence polie. Jésus n’a pas fait de grands discours sur la prostitution. Il a accueilli sans condition ceux et celles qui en provenaient, sans leur poser de questions, sans préalable. Et nous ?

 

- Les ‘psychiatriques’

Les intouchables de notre société sont malheureusement légion.

Serbian-Psychiatric-Hospital NidPensez à tous les cas psychiatriques qu’on enferme à l’écart comme pour ne pas les voir. Allez rendre visite à quelqu’un dans un hôpital psychiatrique, que ce soit à la suite d’une dépression ou une crise d’épilepsie. Vous entendrez les cris étouffés dans les chambres, vous croiserez des visages hagards où le regard s’est perdu dans le traitement médicamenteux de choc qui « tranquillise » le patient. Même leurs familles ont souvent renoncé à les voir. Ils semblent parqués là, à l’écart, attendant la mort, entourés par un personnel hospitalier trop peu nombreux et exposé à des violences quotidiennes. Mais de qui ces gens-là sont-ils encore les compagnons de route ?

 

- Les prisonniers

enfants_prisonniers sans dentsBien sûr, parmi les infréquentables d’aujourd’hui comme de tous temps il y a les prisonniers. « J’étais en prison et vous êtes venus me visiter » : quand Jésus parle de la prison, il ne parle pas d’erreur judiciaire, mais de vrais coupables que leur crime a exclus de la société. Certains d’entre nous se réjouissent de leur exclusion, comme si punir leur faisait plaisir, comme si la souffrance de l’agresseur pouvait compenser celle de la victime. Jésus n’a jamais excusé les prisonniers. Il les a fréquentés, jusqu’au procès, jusqu’à la croix. Parce que pour lui le futur possible offert en Dieu est toujours plus important que le passé, quel qu’il soit. Fréquenter les prisonniers comme Jésus les lépreux suppose donc de suspendre son jugement, de se mettre à l’écoute, de découvrir cette part commune d’humanité – et peut-être également d’inhumanité – qui fait de l’incarcéré un membre de la famille humaine et non un paria à jamais. Les gardiens de prison hélas sont eux-mêmes atteints de cette même exclusion sociale dont on accable les pensionnaires, comme s’ils étaient contaminés…

 

- Les migrants

salon vernissage saturday, january 7, 2017, 4-7 pm.  jeffrey john, gao hang, neal lazay, maria fernanda cardoso, david richmond and others.  invitation only, undisclosed location houston. email 2ndbedroomgallery@gmail.com to request an invitation.   Calais fait régulièrement la une de l’actualité, à cause de ces migrants qui par centaines y séjournent vaille que vaille en espérant l’Angleterre. La cohabitation est difficile, même entre eux. Le risque est grand de ne voir que les problèmes générés par cet exode sauvage. Le pape François y fait souvent allusion comme une des exigences éthiques absolues de notre temps :

« Un changement d’attitude envers les migrants et les réfugiés est nécessaire de la part de tous ; le passage d’une attitude de défense et de peur, de désintérêt ou de marginalisation – qui, en fin de compte, correspond à la « culture du rejet » – à une attitude qui ait comme base la « culture de la rencontre », seule capable de construire un monde plus juste et fraternel, un monde meilleur. »
Message du Pape François pour la journée mondiale du migrant et du réfugié 2013

« Avant tout, prenons conscience que le phénomène migratoire  n’est pas étranger à l’histoire du salut ; bien au contraire, il en fait partie. Un commandement de Dieu y est lié : « Tu n’exploiteras pas l’immigré, tu ne l’opprimeras pas, car vous étiez vous-mêmes des immigrés au pays d’Égypte » (Ex 22, 20) ; « Aimez donc l’immigré, car au pays d’Égypte vous étiez des immigrés » (Dt 10,19). Ce phénomène constitue un signe des temps, un signe qui parle de l’œuvre providentielle de Dieu dans l’histoire et dans la communauté humaine en vue de la communion universelle. Sans sous-estimer, certes, les problématiques et, souvent, les drames et les tragédies des migrations, ainsi que les difficultés liées à l’accueil digne de ces personnes, l’Église encourage à reconnaître le dessein de Dieu dans ce phénomène également, avec la certitude que personne n’est étranger dans la communauté chrétienne, qui embrasse « toutes nations, tribus, peuples et langues » (Ap 7,9).
Message du Pape François pour la journée mondiale du migrant et du réfugié 2017

 

Jusqu’à devenir soi-même intouchable.

On pourrait continuer cette litanie des misères lépreuses qui mettent au ban de la pureté sociale. On doit le faire d’ailleurs, pour que l’amour de Dieu soit annoncé en priorité, et en actes, à ceux-là qui s’en croient exclus. Ce faisant, on vivra sans doute la même expérience d’assimilation qui fut celle du Christ. Lorsqu’il va manger chez Zachée, on l’assimile  aux gloutons. Lorsqu’il transgresse la Loi juive en touchant les impurs, les cadavres, les femmes, on murmure de lui qu’il est possédé par Belzéboul, que ce n’est qu’un obscur  galiléen ignare, que sa proximité des voleurs et des infirmes est suspecte.

« Dis-moi qui tu fréquentes et je te dirai qui tu es » : les gens ‘bien’ se retrouvent dans les mêmes clubs de tennis ou de golf, du Rotary ou des loges ; ils réservent dans les mêmes restaurants, les mêmes cinémas, et se regroupent dans les mêmes beaux quartiers. Symétriquement, mimétiquement, les pauvres font pareil, subissant cette loi d’airain : les semblables avec les semblables.

Le Christ fait voler en éclats cette consanguinité sociale et spirituelle. Il se mélange avec  tous les milieux, surtout les moins considérés. Il le fait avec tant de liberté et d’audace qu’il choque, et qu’il finit par devenir l’un d’entre eux. Notre texte d’évangile le dit fort bien : « Jésus ne pouvait plus entrer ouvertement dans une ville, mais restait à l’écart, dans des endroits déserts ». Or c’était précisément la condition des lépreux de Palestine que de devoir éviter les lieux habités et de se tenir à l’écart ! À fréquenter les lépreux, Jésus est devenu comme eux : impurs, infréquentables. Le disciple du Christ qui s’engage sur ce chemin de compagnonnage des parias doit savoir que tôt ou tard cela rejaillira sur sa vie, sa famille, le regard des autres.

23447À la fin, Jésus sera traité de blasphémateur, de rebelle à César, de transgresseur de la Loi juive. Il sera crucifié entre deux brigands car il est devenu l’un des leurs, et traité en conséquence.

Ne rêvons donc pas d’un combat facile contre l’exclusion ! Il y a toujours un prix à payer, tôt ou tard. Et c’est souvent le moment de vérité qui révèle la sincérité ou non du combat engagé, ou qui lui fait prendre un virage décisif. C’est le Père Maximilien Kolbe demandant à prendre la place d’un père de famille devant être supprimé en représailles d’une évasion dans le camp nazi d’Auschwitz. C’est les jésuites défendant les Indiens des colonies d’Amérique du Sud et massacrés avec eux. C’est Mère Teresa quittant son collège de riches pour aller habiter au milieu des mourants, avec un sari et un sceau pour toute fortune.

Impossible de ne pas se laisser façonner en retour par la solidarité avec les lépreux de tous les temps. Se préserver serait trahir. Mener double vie ne serait pas crédible. Toucher les lépreux du bout des doigts, les embrasser du bout des lèvres serait hypocrite. François d’Assise, après avoir embrassé un lépreux sur sa route, revient transformé, décidé à épouser « Dame Pauvreté ».

 

Soyons de ceux qui fréquentent les infréquentables, qui touchent les intouchables, sans peur de le devenir à notre tour, sûrs que la guérison du Christ déclare purs tous ceux que l’on considère comme impurs autour de nous.


[1]. Avec 19,44 millions d’entrées c’est le deuxième plus gros succès français dans l’histoire de son box-office, derrière Bienvenue chez les Ch’tis. Au 16 mai 2013, c’est le plus grand succès d’un long métrage français, toutes langues de tournage prises en compte, avec 51 à 54 millions d’entrées dans le monde selon les sources, devant le précédent détenteur du record, Le Cinquième Élément, et ses 43 millions d’entrées.

 

 

Lectures de la messe
Première lecture
Le lépreux habitera à l’écart, son habitation sera hors du camp » (Lv 13, 1-2.45-46)
Lecture du livre des Lévites

Le Seigneur parla à Moïse et à son frère Aaron, et leur dit : « Quand un homme aura sur la peau une tumeur, une inflammation ou une pustule, qui soit une tache de lèpre, on l’amènera au prêtre Aaron ou à l’un des prêtres ses fils. Le lépreux atteint d’une tache portera des vêtements déchirés et les cheveux en désordre, il se couvrira le haut du visage jusqu’aux lèvres, et il criera : “Impur ! Impur !” Tant qu’il gardera cette tache, il sera vraiment impur. C’est pourquoi il habitera à l’écart, son habitation sera hors du camp. »

Psaume
(31 (32), 1-2, 5ab, 5c.11)
R/ Tu es un refuge pour moi ; de chants de délivrance, tu m’as entouré.   (31, 7acd)

Heureux l’homme dont la faute est enlevée,
et le péché remis !
Heureux l’homme dont le Seigneur ne retient pas l’offense,
dont l’esprit est sans fraude !

Je t’ai fait connaître ma faute,
je n’ai pas caché mes torts.
J’ai dit : « Je rendrai grâce au Seigneur
en confessant mes péchés. »

Toi, tu as enlevé l’offense de ma faute.
Que le Seigneur soit votre joie !
Exultez, hommes justes !
Hommes droits, chantez votre allégresse !

Deuxième lecture
« Imitez-moi, comme moi aussi j’imite le Christ » (1 Co 10, 31 – 11, 1)
Lecture de la première lettre de saint Paul apôtre aux Corinthiens

Frères, tout ce que vous faites : manger, boire, ou toute autre action, faites-le pour la gloire de Dieu. Ne soyez un obstacle pour personne, ni pour les Juifs, ni pour les païens, ni pour l’Église de Dieu. Ainsi, moi-même, en toute circonstance, je tâche de m’adapter à tout le monde, sans chercher mon intérêt personnel, mais celui de la multitude des hommes, pour qu’ils soient sauvés. Imitez-moi, comme moi aussi j’imite le Christ.

Évangile
« La lèpre le quitta et il fut purifié » (Mc 1, 40-45) Alléluia. Alléluia.
Un grand prophète s’est levé parmi nous, et Dieu a visité son peuple. Alléluia. (Lc 7, 16)

Évangile de Jésus Christ selon saint Marc

En ce temps-là, un lépreux vint auprès de Jésus ; il le supplia et, tombant à ses genoux, lui dit : « Si tu le veux, tu peux me purifier. » Saisi de compassion, Jésus étendit la main, le toucha et lui dit : « Je le veux, sois purifié. » À l’instant même, la lèpre le quitta et il fut purifié. Avec fermeté, Jésus le renvoya aussitôt en lui disant : « Attention, ne dis rien à personne, mais va te montrer au prêtre, et donne pour ta purification ce que Moïse a prescrit dans la Loi : cela sera pour les gens un témoignage. » Une fois parti, cet homme se mit à proclamer et à répandre la nouvelle, de sorte que Jésus ne pouvait plus entrer ouvertement dans une ville, mais restait à l’écart, dans des endroits déserts. De partout cependant on venait à lui.
Patrick BRAUD

Mots-clés : , , ,

15 août 2017

Recevoir sa mission d’une inconnue étrangère

Classé sous Communauté spirituelle — lhomeliedudimanche @ 14 h 01 min

Recevoir sa mission d’une inconnue étrangère
Homélie pour le 20° Dimanche du temps ordinaire / Année A
20/08/2017

Cf. également :
Maison de prière pour tous les peuples
Lumière des nations
Épiphanie : qu’est-ce que l’universel ?
Êtes-vous plutôt centripètes ou centrifuges ?
Le Temple, la veuve, et la colère
Les sans-dents, pierre angulaire

Un consultant raconte un séminaire d’entreprise.
Le public était mélangé, des employés à la Direction Générale, et l’objectif était de refonder la raison d’être de l’entreprise (très tournée vers les articles de sport). 
Le consultant pose la question à tous : ‘à votre avis, quelle est la raison d’être de votre société ?’ Plus à l’aise en public, les dirigeants répondent en premier : ‘faire du profit’, ‘assurer notre pérennité’. Des managers complètent : ‘réaliser nos objectifs’, ‘garantir la satisfaction du client’… Le consultant fait la moue : ‘la raison d’être d’une entreprise, c’est ce qui fait que vous vous levez le matin avec énergie et envie pour aller au boulot’.
Une vendeuse lève timidement le doigt : ‘moi je suis passionnée de tir à l’arc, et mon objectif dans mon métier c’est de faire partager cette passion à mes clients’.
Petit silence. Avec humilité, les dirigeants prolongent : ‘finalement, c’est vrai. Le cash, les objectifs, les performances techniques ne sont que des moyens au service du but que nous venons d’entendre : partager notre passion du sport, tous les sports, avec le plus grand nombre’.
Depuis, centré sur sa raison d’être qui est le critère ultime des choix stratégiques techniques et économiques, ce groupe d’équipement sportif réputé (Décathlon) ne cesse de faire une belle croissance à deux chiffres chaque année. Car leurs choix sont simplifiés : tout ce qui va dans le sens de la raison d’être est permis, encouragé, valorisé. Tout ce qui y est contraire est éliminé. Et chacun peut/doit faire ce discernement à son niveau, individuellement et en équipe.

C’est un peu une révélation de ce type que Jésus vit dans l’évangile de la libanaise revendiquant les miettes pour les petits chiens (Mt 15, 21-28)… En effet, jusque-là, Jésus en bon juif qu’il était, croyait n’être envoyé qu’à son peuple, pour réformer sa foi, son Temple, ses pratiques. La conscience historique de Jésus de Nazareth était dans son humanité soumise aux mêmes lois psychologiques que la nôtre : il lui a fallu du temps pour réaliser qui il était, et quelle était sa mission. La rencontre avec cette libanaise constitue un tournant dans la conscience de Jésus : grâce à elle, à cause d’elle, il découvre stupéfait qu’en effet les étrangers ont droit eux aussi à la nourriture qu’il dispense aux juifs. Parce que cette femme a insisté, argumenté, parce qu’elle n’a pas lâché prise par amour pour sa fille, elle a provoqué en Jésus une prise de conscience de l’universalité de sa mission. Avant, il croyait n’être envoyé qu’aux « brebis perdues de la maison d’Israël ». Après, il reconnaît la foi de cette cananéenne et saura désormais que tous les peuples attendent de participer au repas messianique à sa table.

Recevoir sa mission d'une inconnue étrangère dans Communauté spirituelle C%C3%A9r%C3%A918

Notons deux ou trois traits au passage :

- C’est alors que Jésus se retire dans la région de Tyr et Sidon qu’il découvre l’ampleur de sa mission grâce à cette femme. On dirait aujourd’hui il a posé une semaine de congés payés avec son staff (les Douze), qu’il ressent le besoin de se mettre au vert avec eux, pour réfléchir à la suite des événements, se reposer.
C’est donc que nous avons besoin nous aussi de congés pour l’esprit, de retraits ponctuels, de prises de recul ailleurs pour faire le point et réfléchir sur notre mission.

illustration- C’est en terre étrangère, avec une femme étrangère (cananéenne = libanaise) que cette scène se passe. L’ailleurs du lieu aidera Jésus à découvrir l’ailleurs de sa mission. L’altérité du pays (le Liban actuel) lui est favorable pour prendre conscience d’une autre dimension de son identité et de sa mission. L’autre (la femme étrangère) lui révélera l’autre face cachée de sa feuille de route. L’inconnue (cananéenne) lui fera connaître la volonté de son Père pour tous, qu’il ne connaissait pas jusqu’alors ainsi.

- C’est une femme – et une non juive –  qui l’aide à progresser ! Si nous savons écouter les sans-grades, les moins considérés de nos entreprises, de nos communautés, ce sont eux qui nous apprendront finalement quelles sont les vraies priorités auxquelles nous atteler. C’est de la bouche de ceux qui ne comptent pas (les « sans dents » de Hollande où « les gens qui ne sont rien » de Macron) que nous pouvons apprendre le meilleur sur nous-mêmes.

- Le staff de Jésus (les Douze) joue malheureusement un rôle d’écran entre lui et cette femme. Elle les insupporte de ses cris et ils voudraient la chasser loin de Jésus.
C’est souvent le cas pour nous aussi : notre premier cercle de proches veut souvent nous éloigner de ceux qui ont pourtant un message à nous délivrer. Il est donc essentiel d’éduquer le regard de ce premier cercle sur les importuns et les gêneurs, sur les petits grains de sable qui heureusement viennent dévier la route trop vite tracée. Voilà pourquoi il nous faut éduquer nos proches pour qu’ils ne dressent pas d’écran involontaire entre nos équipes et nous.

Un peu comme les dirigeants de notre entreprise de sport du début ont eu l’humilité de recevoir leur raison d’être d’une simple vendeuse anonyme, Jésus a su recevoir la révélation de l’universalité de sa mission d’une femme, inconnue, étrangère (non-juive). Simple rencontre d’un jour (ils ne se reverront jamais), la cananéenne a pourtant transformé à jamais la vie du prophète de Nazareth, dilatant sa conscience d’être envoyé à tous.

Et nous ?

Couverture de Le roi sans fou - Le Roi sans fouChacun de nous a sa mission, ses missions : professionnelle, familiales, associative, amicale… Saurons-nous être à l’écoute de ce que des inconnus d’un jour, des étrangers loin de nos cercles habituels peuvent nous dire de nous-mêmes ? Prenons les moyens de recevoir notre mission des mains-mêmes de ceux vers qui nous sommes envoyés ?
Pour des dirigeants, cela implique d’avoir des remontées du terrain en direct, non filtrées par la cour des N-1 ou N-2. À l’instar du fou du roi qui avait le droit autrefois de critiquer vertement le monarque en public, véritable lanceur d’alerte indispensable à la bonne information du roi.
Pour des acteurs associatifs, c’est refonder sans cesse le but de l’association à partir des vrais besoins exprimés par les gens.
Pour tous, c’est savoir saisir à la volée ce qu’une remarque, un échange, une écoute d’une rencontre ponctuelle peut nous révéler de nous-mêmes.
Particulièrement en ces temps de congés, dans les Tyr et Sidon contemporains (plages, gîtes, randonnées…), soyons attentifs à ce que des contacts apparemment bien loin de nos préoccupations habituelles pourraient nous révéler de notre mission. Même dans le métro, au marché, dans une file d’attente…

Il suffit parfois d’être présent, juste présent, pour entendre une inconnue étrangère remettra en cause nos représentations d’avant.

Quels sont donc les petits chiens qui n’attendent que de manger les miettes tombant de notre table ?

 

Lectures de la messe

Première lecture
« Les étrangers, je les conduirai à ma montagne sainte » (Is 56, 1.6-7)

Lecture du livre du prophète Isaïe
Ainsi parle le Seigneur : Observez le droit, pratiquez la justice, car mon salut approche, il vient, et ma justice va se révéler.
 Les étrangers qui se sont attachés au Seigneur pour l’honorer, pour aimer son nom, pour devenir ses serviteurs, tous ceux qui observent le sabbat sans le profaner et tiennent ferme à mon alliance, je les conduirai à ma montagne sainte, je les comblerai de joie dans ma maison de prière, leurs holocaustes et leurs sacrifices seront agréés sur mon autel, car ma maison s’appellera « Maison de prière pour tous les peuples. »

Psaume
(Ps 66 (67), 2-3, 5, 7-8)
R/ Que les peuples, Dieu, te rendent grâce ; qu’ils te rendent grâce tous ensemble ! (Ps 66, 4)

Que Dieu nous prenne en grâce et nous bénisse,
que ton visage s’illumine pour nous ;
et ton chemin sera connu sur la terre,
ton salut, parmi toutes les nations.

Que les nations chantent leur joie,
car tu gouvernes le monde avec justice ;
tu gouvernes les peuples avec droiture
sur la terre, tu conduis les nations.

La terre a donné son fruit ;
Dieu, notre Dieu, nous bénit.
Que Dieu nous bénisse,
et que la terre tout entière l’adore !

Deuxième lecture
« À l’égard d’Israël, les dons gratuits de Dieu et son appel sont sans repentance » (Rm 11, 13-15.29-32)

Lecture de la lettre de saint Paul Apôtre aux Romains
Frères, je vous le dis à vous, qui venez des nations païennes : dans la mesure où je suis moi-même apôtre des nations, j’honore mon ministère, mais dans l’espoir de rendre jaloux mes frères selon la chair, et d’en sauver quelques-uns. Si en effet le monde a été réconcilié avec Dieu quand ils ont été mis à l’écart, qu’arrivera-t-il quand ils seront réintégrés ? Ce sera la vie pour ceux qui étaient morts !
 Les dons gratuits de Dieu et son appel sont sans repentance. Jadis, en effet, vous avez refusé de croire en Dieu, et maintenant, par suite de leur refus de croire, vous avez obtenu miséricorde ; de même, maintenant, ce sont eux qui ont refusé de croire, par suite de la miséricorde que vous avez obtenue, mais c’est pour qu’ils obtiennent miséricorde, eux aussi. Dieu, en effet, a enfermé tous les hommes dans le refus de croire pour faire à tous miséricorde.

Évangile
« Femme, grande est ta foi ! » (Mt 15, 21-28) Alléluia. Alléluia.
Jésus proclamait l’Évangile du Royaume, et guérissait toute maladie dans le peuple. Alléluia. (cf. Mt 4, 23)

Évangile de Jésus Christ selon saint Matthieu
En ce temps-là, partant de Génésareth, Jésus se retira dans la région de Tyr et de Sidon. Voici qu’une Cananéenne, venue de ces territoires, disait en criant : « Prends pitié de moi, Seigneur, fils de David ! Ma fille est tourmentée par un démon. » Mais il ne lui répondit pas un mot. Les disciples s’approchèrent pour lui demander : « Renvoie-la, car elle nous poursuit de ses cris ! » Jésus répondit : « Je n’ai été envoyé qu’aux brebis perdues de la maison d’Israël. » Mais elle vint se prosterner devant lui en disant : « Seigneur, viens à mon secours ! » Il répondit : « Il n’est pas bien de prendre le pain des enfants et de le jeter aux petits chiens. » Elle reprit : « Oui, Seigneur ; mais justement, les petits chiens mangent les miettes qui tombent de la table de leurs maîtres. » Jésus répondit : « Femme, grande est ta foi, que tout se passe pour toi comme tu le veux ! » Et, à l’heure même, sa fille fut guérie.
Patrick BRAUD

Mots-clés : , , , , ,

2 octobre 2014

Les sans-dents, pierre angulaire

Classé sous Communauté spirituelle — lhomeliedudimanche @ 0 h 01 min

Les sans-dents, pierre angulaire

Homélie du 27° dimanche du temps ordinaire / Année A
05/10/14

Une émotion rassurante

Valérie Trierweiler écrit dans son livre choc ‘Merci pour ce moment’ que François Hollande « s’est présenté comme l’homme qui n’aime pas les riches. En réalité, le président n’aime pas les pauvres ». Elle poursuit : « Lui, l’homme de gauche, dit en privé: “les sans-dents” très fier de son trait d’humour. »

En écrivant que François Hollande se moquait des sans-dents, Valérie Trierweiler a suscité une énorme émotion, qui allait de l’indignation à la méfiance devant une telle outrance.

Que ses propos soient vrais ou non, la réaction générale fut plutôt rassurante. Traiter de sans-dents les pauvres, les exclus de Les sans-dents, pierre angulaire dans Communauté spirituellenotre société qui n’ont – c’est vrai - pas les moyens de soigner leur dentition est proprement insupportable. Le mépris ordinaire se change là en insulte dégradante. La gêne quotidienne devant les mendiants, SDF et autres silhouettes fantomatiques des couloirs du métro et des cartons-pour-dormir se transforme là on attaque déshumanisante. Que les laissés-pour-compte engendrent un certain malaise quand on les croise, chacun s’y habitue, hélas. Mais là, trop c’est trop ! On sent bien que c’est tout le lien social qui risque de se déchirer si un minimum de respect et de considération n’est pas accordé aux damnés de la terre.

Remarquez au passage combien est exacte malheureusement la description cinglante des sans-dents. Effectivement, les plus pauvres se reconnaissent à une dentition effroyable, à un sourire qui n’a rien d’étincelant. La survie dans la rue ou les squats est peu compatible avec l’hygiène et les soins dentaires. Rajoutez la chevelure qui la plupart du temps est devenue clairsemée et filasse, le visage portant la trace de la galère à travers bien des rides, cicatrices et autres crevasses où la peau n’a plus guère de fleur, et vous aurez un portrait réaliste de la misère, instinctivement repoussante.

 

Jésus et les sans-dents

Pourquoi rappeler cette charge (juste ou injuste, seuls eux le savent) d’une femme trahie et jalouse envers son ex-compagnon ?

0eff19e9 angulaire dans Communauté spirituelleParce que l’indignation suscitée nous rappelle qu’il y a des limites à fixer au mépris des pauvres.
Parce que notre évangile de ce dimanche (Mt 21, 33-43) nous demande d’aller encore plus loin. Non seulement ne méprisons pas les exclus que nous engendrons, mais bien plus reconstruisons le lien social à partir d’eux. « La pierre qu’ont rejetée les bâtisseurs est devenu la pierre d’angle. C’est là l’œuvre du Seigneur, une merveille sous nos yeux. »

En faisant corps avec les sans-dents de son époque et de sa Palestine, Jésus est devenu lui-même un de ces rejetés devant lesquels on se bouche le nez pour ne pas subir leur déchéance. « Il n’avait plus apparence humaine » (Is 52,14) disait Isaïe en annonçant le Messie défiguré sous l’opprobre de la croix. « Je suis un ver, non pas un homme »  (Ps 22,7) gémissait le psaume que Jésus crucifié a su prier dans sa détresse.

 

Une bonne nouvelle pour les moins-que-rien

Pierre rejetée, pierre angulaire : d’habitude, on commente ce genre d’images en se plaçant du côté des bâtisseurs. Avec une conclusion fort logique : réintégrez les rejetés dans vos projets, vos constructions, si vous voulez que ce que vous construisez ne soit pas vain, promis à la destruction.

Et c’est déjà un message d’une extraordinaire portée sociale. « Si Dieu ne bâtit la maison, les bâtisseurs travaillent en vain » (Ps 127,1). Or la manière dont Dieu bâtit l’humanité nouvelle, c’est en partant des exclus pour en faire le pivot, le critère de réussite de la construction globale. Si donc nous voulons bâtir comme Dieu et avec lui, c’est en intégrant les exclus en amont, au fondement de nos projets que nous pourrons réussir.

Mais plaçons-nous maintenant du côté de ceux qui sont rejetés par les bâtisseurs, et le message est encore plus puissant :

Vous qui êtes humiliés aujourd’hui, Dieu vous remettra au centre.

Vous qu’on regarde à la dérobée, un jour dans le face-à-face avec Dieu vous retrouverez l’attention de vos frères.

Vous devant qui on se bouche le nez imperceptiblement lorsqu’on est obligé de vous frôler, vous êtes appelés à répandre autour de vous l’odeur même de la sainteté de Dieu !

Si vous êtes de ces invisibles qui n’apparaissent nulle part si ce n’est dans les statistiques du chômage ou de l’aide sociale, cet évangile est pour vous.

Si vous faites partie des 150 000 SDF qui en France sont à la charge des autres, ou bien des milliers d’immigrants sans existence légale, ou bien de la foule des anonymes que justement personne ne remarque parce que vous êtes en dehors des cercles qui comptent dans la société, alors réjouissez-vous : Dieu lui-même reconstruit l’humanité à partir de vous, dès maintenant.

Comment ? Vous seuls pouvez raconter.
Vous seuls pouvez témoigner de la façon dont Dieu s’y prend, à travers des rencontres, des événements, pour reconstruire des espérances autrefois ruinées.
Votre responsabilité est grande :
- proclamer à la face de tous ceux qui ont réussi que le rejet et l’exclusion n’auront pas le dernier mot.
- incarner la promesse qui a permis au Christ de traverser sa Passion : « la pierre rejetée par les bâtisseurs est devenue la pierre d’angle ».

Pourquoi ? Parce que votre expérience d’être « jeté dehors », « à l’extérieur de la vigne », peut aider les autres à devenir plus humains, si vous savez raconter et transmettre tout ce que vous apprenez de l’épreuve.

Et si vous ne faites pas partie de ce peuple de l’ombre, parce que vous avez à peu près réussi les grandes étapes de votre existence, alors prêtez l’oreille à ceux qui ont un message salutaire à vous transmettre.

40013_diaconia_440x260 exclusEt donnez-leur la parole.
Dans vos assemblées de prière, vos associations, vos  entreprises, vos quartiers, arrêtez de parler d’eux, de parler sur eux, de prier pour eux ; redonnez-leur la place qui est la leur dans votre prière, votre travail, votre vie sociale : au centre, pierre angulaire d’une nouvelle manière de vivre plus humaine et plus vraie.

L’Église est par nature le peuple des sans-dents, des invisibles, des pierres rejetées par les bâtisseurs.

Aux paroisses, communautés religieuses et diocèses de laisser les exclus occuper le centre de nos assemblées, et non pas la périphérie.

Arrêtons de parler sur la pauvreté ; laissons les plus pauvres prendre la parole au milieu de nous (cf. le rassemblement Diaconia 2013 à Lourdes) …

 

Lectures du 27° dimanche du temps ordinaire Année A 

Livre d’Isaïe 5,1-7.

Je chanterai pour mon ami le chant du bien-aimé à sa vigne. Mon ami avait une vigne sur un coteau plantureux. Il en retourna la terre et en retira les pierres, pour y mettre un plant de qualité. Au milieu, il bâtit une tour de garde et creusa aussi un pressoir. Il en attendait de beaux raisins, mais elle en donna de mauvais. Et maintenant, habitants de Jérusalem, hommes de Juda, soyez donc juges entre moi et ma vigne ! Pouvais-je faire pour ma vigne plus que je n’ai fait ? J’attendais de beaux raisins, pourquoi en a-t-elle donné de mauvais ? Eh bien, je vais vous apprendre ce que je vais faire de ma vigne : enlever sa clôture pour qu’elle soit dévorée par les animaux, ouvrir une brèche dans son mur pour qu’elle soit piétinée. J’en ferai une pente désolée ; elle ne sera ni taillée ni sarclée, il y poussera des épines et des ronces ; j’interdirai aux nuages d’y faire tomber la pluie. La vigne du Seigneur de l’univers, c’est la maison d’Israël. Le plant qu’il chérissait, ce sont les hommes de Juda. Il en attendait le droit, et voici l’iniquité ; il en attendait la justice, et voici les cris de détresse.

Psaume 80(79), 9-10.13-14.15-16a.19-20. 

La vigne que tu as prise à l’Égypte,
tu la replantes en chassant des nations.
Tu déblaies le sol devant elle,
tu l’enracines pour qu’elle emplisse le pays.

Pourquoi as-tu percé sa clôture ?
Tous les passants y grappillent en chemin ;
le sanglier des forêts la ravage
et les bêtes des champs la broutent.

Dieu de l’univers reviens !
Du haut des cieux, regarde et vois :
visite cette vigne, protège-la,
celle qu’a plantée ta main puissante.

Jamais plus nous n’irons loin de toi :
fais-nous vivre et invoquer ton nom !
Seigneur, Dieu de l’univers, fais-nous revenir ;
que ton visage s’éclaire, et nous serons sauvés !

Lettre de saint Paul Apôtre aux Philippiens 4,6-9.

Frères, ne soyez inquiets de rien, mais, en toute circonstance, dans l’action de grâce priez et suppliez pour faire connaître à Dieu vos demandes.
Et la paix de Dieu, qui dépasse tout ce qu’on peut imaginer, gardera votre cœur et votre intelligence dans le Christ Jésus.
Enfin, mes frères, tout ce qui est vrai et noble, tout ce qui est juste et pur, tout ce qui est digne d’être aimé et honoré, tout ce qui s’appelle vertu et qui mérite des éloges, tout cela, prenez-le à votre compte.
Ce que vous avez appris et reçu, ce que vous avez vu et entendu de moi, mettez-le en pratique. Et le Dieu de la paix sera avec vous.

Évangile de Jésus Christ selon saint Matthieu 21,33-43.

Jésus disait aux chefs des prêtres et aux pharisiens : « Écoutez cette parabole : Un homme était propriétaire d’un domaine ; il planta une vigne, l’entoura d’une clôture, y creusa un pressoir et y bâtit une tour de garde. Puis il la donna en fermage à des vignerons, et partit en voyage. Quand arriva le moment de la vendange, il envoya ses serviteurs auprès des vignerons pour se faire remettre le produit de la vigne. Mais les vignerons se saisirent des serviteurs, frappèrent l’un, tuèrent l’autre, lapidèrent le troisième. De nouveau, le propriétaire envoya d’autres serviteurs plus nombreux que les premiers ; mais ils furent traités de la même façon. Finalement, il leur envoya son fils, en se disant : ‘Ils respecteront mon fils. ‘ Mais, voyant le fils, les vignerons se dirent entre eux : ‘Voici l’héritier : allons-y ! tuons-le, nous aurons l’héritage ! ‘ Ils se saisirent de lui, le jetèrent hors de la vigne et le tuèrent. Eh bien, quand le maître de la vigne viendra, que fera-t-il à ces vignerons ? » On lui répond : « Ces misérables, il les fera périr misérablement. Il donnera la vigne en fermage à d’autres vignerons, qui en remettront le produit en temps voulu. » Jésus leur dit : « N’avez-vous jamais lu dans les Écritures : La pierre qu’ont rejetée les bâtisseurs est devenue la pierre angulaire. C’est là l’œuvre du Seigneur, une merveille sous nos yeux ! Aussi, je vous le dis : Le royaume de Dieu vous sera enlevé pour être donné à un peuple qui lui fera produire son fruit.
Patrick Braud

Mots-clés : , , , , ,