L'homélie du dimanche (prochain)

31 mars 2012

Mon Dieu, mon Dieu, pourquoi m’as-tu abandonné ?

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Mon Dieu, mon Dieu, pourquoi m’as-tu abandonné ?

Homélie du Dimanche des Rameaux  01/04/2012

Comme souvent, c’est le psaume qui contient la clé d’interprétation des trois autres lectures. Le psaume 21(22) de notre liturgie des rameaux commence par cet immense cri :
 « Mon Dieu, mon Dieu, pourquoi m’as-tu abandonné ? ».

Ce cri de déréliction, Jésus l’a appris enfant pendant ses années tranquilles à Nazareth, sans en deviner toute la portée pour lui-même. Il l’a appris par coeur, par le coeur, en sachant bien qu’un jour cela servirait, Dieu seul sait comment et quand. Et ce cri est trop immense pour ne pas l’avoir impressionné. Aussi, quand il termine lamentablement pendu sur le bois de la croix, les mots appris enfant sous le toit de la synagogue de Nazareth reviennent sur ses lèvres d’adulte : « mon Dieu mon Dieu, pourquoi m’as-tu abandonné ? »

Marc et Matthieu, absents de la scène, l’auront ensuite recueilli – non sans effroi – de la bouche de Marie ou de Jean, qui – lui – en a été tellement effrayé qu’il n’ose pas le citer dans son récit de la Passion.

Il faut laisser à ce cri son immensité de solitude, de désespoir, d’abandon. Lui, le fils à nul autre pareil, fait  l’expérience de la séparation d’avec son Père avec qui pourtant il ne fait qu’un.

Les commentateurs essaient d’adoucir ce cri et de le rendre plus léger en rappelant que le psaume 21 se termine par une hymne de victoire et de confiance en Dieu. Nul doute que Jésus connaissait bien la fin du psaume. Mais au moment où il crie son abandon, il ne triche pas. Il n’en est pas déjà à la fin. Il sait que cet horizon existe, et il y puise peut-être la force de crier. Sa détresse n’en est pas moins plus grande que la plus grande de nos détresses. Sur la croix, il est identifié aux derniers des derniers. Il subit le supplice des humiliores, des esclaves, qu’on méprise trop pour leur accorder la décapitation (comme pour Paul par exemple) ou la lapidation (comme pour Étienne).

« Maudit soit qui pend au gibet de la croix » ( Dt 21,23 ; Ga 3,13) : à cause de cette malédiction rituelle du Deutéronome qui s’attache à ce supplice, Jésus élevé de terre est rabaissé en dessous de toute dignité, il est jeté hors de sa condition juive. Là, il fait l’expérience la plus déchirante qui soit : devenir un sans-Dieu, lui qui en est l’intime ; devenir un maudit de Dieu, lui qui en est la sainteté même ; être tourné en dérision par l’occupant, insulté par les autres criminels, être tenté par ses frères de sang d’abandonner son Père (« sauve-toi toi-même », c’est-à-dire ne soit plus le fils, sois à toi-même ta propre source).

Cette expérience d’abandon, de déréliction ultime, est inimaginable pour nous, même à travers nos pires cauchemars.

Chacun des mots du psaume 21 parle de cet abandon extrême : « je suis un ver non pas un homme », « raillé, méprisé, on se détourne de moi »… « Mon coeur se liquéfie comme la cire »

Mon Dieu, mon Dieu, pourquoi m'as-tu abandonné ? dans Communauté spirituelle ResurrectionIcon3Pourquoi Jésus est-il conduit à cet abandon extrême ? Pourquoi son Père l’a-t-il laissé être séparé de lui à ce point ?

Il faut revenir au but essentiel de la mission du Christ : « chercher et sauver ceux qui étaient perdus » (Lc 19,10). Le but commun du Père et du Fils est allé « repêcher » ceux qui s’éloignaient, et même d’aller donner vie à ceux qui gisaient dans l’ombre de la mort. Pour cela, pas d’autre chemin que d’aller les rejoindre physiquement, humainement, spirituellement. Faire corps avec eux pour ensuite pouvoir les faire remonter à la surface, agrippés au Christ, lui élevé par son Père à sa droite, au plus haut.

Mais faire corps avec les damnés de la terre pour les relever implique de devenir soi-même l’un des leurs.

Pour que plus jamais un être humain ne se croit maudit à jamais, Jésus a été traité ainsi.

Pour que plus jamais les humiliés et méprisés ne soient rayés de la carte, Jésus a été insulté, moqué, on lui a craché dessus et on l’a traité comme un sous-homme.

Pour que plus jamais la solitude n’ait le dernier mot, Jésus a été affreusement seul.

Sur la croix, Dieu est loin de Dieu, cette déchirure le disloque jusqu’au plus intime de son être. S’il fait l’expérience de l’abandon extrême, c’est pour aller jusqu’au bout de sa volonté commune avec son Père : aller chercher et sauver ceux qui étaient perdus.

Il ne fait donc pas semblant lorsqu’il crie son angoisse et son incompréhension.

Les psaumes lui fournissent ces mots qu’on ne trouve plus lorsqu’on souffre trop.

La Passion du Christ devient ainsi l’antidote le plus violent contre les abandons qui nous désunissent.

Puisqu’il a connu la déréliction à nulle autre pareille, puisqu’il a été réellement abandonné de Dieu, tous ceux qui sont exclus par les hommes où se croient rejetés par Dieu peuvent se tourner vers Jésus comme l’un des leurs. Il a été broyé comme eux, et par là même il a vaincu cette malédiction pour eux.

 

Qui sont ces abandonnés pour lesquels Jésus a été humilié ?

Il suffit hélas d’ouvrir les yeux sur ceux que l’on ne voit plus ; ou sur nos propres abandons que nous voulons plus regarder en face. Les formes allongées sur nos trottoirs, les conjoints que l’on quitte, les enfants que personne ne déclare, les gens dont la vie bascule sur un licenciement, une maladie, une catastrophe : impossible de faire une liste exhaustive, car c’est d’abord pour chacun de nous que le Christ est mort, chacun de nous connaissant d’une manière ou d’une autre, tôt ou tard, plus ou moins intensément, ces abandons qui ont fait crier de douleur le crucifié.

Ne souhaitons à personne de faire l’expérience de cette déréliction.

Mais si elle arrive, tournons-nous vers celui qui s’y est exposé, jusqu’à l’extrême, pour qu’elle n’ait plus sur nous aucune victoire.

Entrée messianique du Seigneur à Jérusalem : (Mc 11, 1-10)

Évangile de Jésus Christ selon saint Marc

Quelques jours avant la fête de la Pâque, Jésus et ses disciples approchent de Jérusalem, de Bethphagé et de Béthanie, près du mont des Oliviers. Jésus envoie deux de ses disciples :
« Allez au village qui est en face de vous. Dès l’entrée, vous y trouverez un petit âne attaché, que personne n’a encore monté. Détachez-le et amenez-le. Si l’on vous demande : ‘Que faites-vous là ?’ répondez : ‘Le Seigneur en a besoin : il vous le renverra aussitôt.’ »
Ils partent, trouvent un petit âne attaché près d’une porte, dehors, dans la rue, et ils le détachent. Des gens qui se trouvaient là leur demandaient : « Qu’avez-vous à détacher cet ânon ? » Ils répondirent ce que Jésus leur avait dit, et on les laissa faire.
Ils amènent le petit âne à Jésus, le couvrent de leurs manteaux, et Jésus s’assoit dessus.
Alors, beaucoup de gens étendirent sur le chemin leurs manteaux, d’autres, des feuillages coupés dans la campagne.
Ceux qui marchaient devant et ceux qui suivaient criaient : « Hosanna ! Béni soit celui qui vient au nom du Seigneur ! Béni le Règne qui vient, celui de notre père David. Hosanna au plus haut des cieux ! »

1ère lecture : Le Serviteur de Dieu accepte ses souffrances (Is 50, 4-7)
Lecture du livre d’Isaïe

Dieu mon Seigneur m’a donné le langage d’un homme qui se laisse instruire, pour que je sache à mon tour réconforter celui qui n’en peut plus. La Parole me réveille chaque matin, chaque matin elle me réveille pour que j’écoute comme celui qui se laisse instruire. Le Seigneur Dieu m’a ouvert l’oreille, et moi, je ne me suis pas révolté, je ne me suis pas dérobé. J’ai présenté mon dos à ceux qui me frappaient, et mes joues à ceux qui m’arrachaient la barbe. Je n’ai pas protégé mon visage des outrages et des crachats. Le Seigneur Dieu vient à mon secours ; c’est pourquoi je ne suis pas atteint par les outrages, c’est pourquoi j’ai rendu mon visage dur comme pierre : je sais que je ne serai pas confondu.

Psaume : 21, 8-9, 17-18a, 19-20, 22c-24a

R/ Mon Dieu, mon Dieu, pourquoi m’as-tu abandonné ?

Tous ceux qui me voient me bafouent,
ils ricanent et hochent la tête :
« Il comptait sur le Seigneur : qu’il le délivre !
Qu’il le sauve, puisqu’il est son ami ! » 

Oui, des chiens me cernent,
une bande de vauriens m’entoure.
Ils me percent les mains et les pieds ;
je peux compter tous mes os. 

Ils partagent entre eux mes habits
et tirent au sort mon vêtement.
Mais toi, Seigneur, ne sois pas loin :
ô ma force, viens vite à mon aide ! 

Mais tu m’as répondu !
Et je proclame ton nom devant mes frères,
je te loue en pleine assemblée.
Vous qui le craignez, louez le Seigneur.

2ème lecture : Abaissement et glorification de Jésus (Ph 2, 6-11)
Lecture de la lettre de saint Paul Apôtre aux Philippiens

Le Christ Jésus, lui qui était dans la condition de Dieu, n’a pas jugé bon de revendiquer son droit d’être traité à l’égal de Dieu ; mais au contraire, il se dépouilla lui-même en prenant la condition de serviteur. Devenu semblable aux hommes et reconnu comme un homme à son comportement, il s’est abaissé lui-même en devenant obéissant jusqu’à mourir, et à mourir sur une croix. C’est pourquoi Dieu l’a élevé au-dessus de tout ; il lui a conféré le Nom qui surpasse tous les noms, afin qu’au Nom de Jésus, aux cieux, sur terre et dans l’abîme, tout être vivant tombe à genoux, et que toute langue proclame : « Jésus Christ est le Seigneur », pour la gloire de Dieu le Père.

Evangile : La Passion (brève : 15,1-39) (Mc 14, 1-72; 15, 1-47)

Acclamation : Gloire et louange à toi, Seigneur Jésus. 

Pour nous, le Christ s’est fait obéissant, jusqu’à la mort, et la mort sur une croix.
Voilà pourquoi Dieu l’a élevé souverainement et lui a donné le Nom qui est dessus de tout nom.
Gloire et louange à toi, Seigneur Jésus. 
(Ph 2, 8-9)

La Passion de notre Seigneur Jésus Christ selon saint Marc

La fête de la Pâque et des pains sans levain allait avoir lieu dans deux jours. Les chefs des prêtres et les scribes cherchaient le moyen d’arrêter Jésus par ruse, pour le faire mourir. Car ils se disaient : « Pas en pleine fête, pour éviter une émeute dans le peuple. »
Jésus se trouvait à Béthanie, chez Simon le lépreux. Pendant qu’il était à table, une femme entra, avec un flacon d’albâtre contenant un parfum très pur et de grande valeur. Brisant le flacon, elle le lui versa sur la tête. Or, quelques-uns s’indignaient : « À quoi bon gaspiller ce parfum ? On aurait pu le vendre pour plus de trois cents pièces d’argent et en faire don aux pauvres. » Et ils la critiquaient.
Mais Jésus leur dit : « Laissez-la ! Pourquoi la tourmenter ? C’est une action charitable qu’elle a faite envers moi. Des pauvres, vous en aurez toujours avec vous, et, quand vous voudrez, vous pourrez les secourir ; mais moi, vous ne m’aurez pas toujours. Elle a fait tout ce qu’elle pouvait faire. D’avance elle a parfumé mon corps pour mon ensevelissement. Amen, je vous le dis : Partout où la Bonne Nouvelle sera proclamée dans le monde entier, on racontera, en souvenir d’elle, ce qu’elle vient de faire. » 

Judas Iscariote, l’un des Douze, alla trouver les chefs des prêtres pour leur livrer Jésus. À cette nouvelle, ils se réjouirent et promirent de lui donner de l’argent. Dès lors Judas cherchait une occasion favorable pour le livrer.
Le premier jour de la fête des pains sans levain, où l’on immolait l’agneau pascal, les disciples de Jésus lui disent : « Où veux-tu que nous allions faire les préparatifs pour ton repas pascal ? » Il envoie deux disciples : « Allez à la ville ; vous y rencontrerez un homme portant une cruche d’eau. Suivez-le. Et là où il entrera, dites au propriétaire : ‘Le maître te fait dire : Où est la salle où je pourrai manger la Pâque avec mes disciples ?’ Il vous montrera, à l’étage, une grande pièce toute prête pour un repas. Faites-y pour nous les préparatifs. »
Les disciples partirent, allèrent en ville ; tout se passa comme Jésus le leur avait dit ; et ils préparèrent la Pâque. 

Le soir venu, Jésus arrive avec les Douze. Pendant qu’ils étaient à table et mangeaient, Jésus leur déclara : « Amen, je vous le dis : l’un de vous, qui mange avec moi, va me livrer. » Ils devinrent tout tristes, et ils lui demandaient l’un après l’autre : « Serait-ce moi ? » Il leur répondit : « C’est l’un des Douze, qui se sert au même plat que moi. Le Fils de l’homme s’en va, comme il est écrit à son sujet ; mais malheureux celui qui le livre ! Il vaudrait mieux pour lui qu’il ne soit pas né. »
Pendant le repas, Jésus prit du pain, prononça la bénédiction, le rompit, et le leur donna, en disant : « Prenez, ceci est mon corps. »
Puis, prenant une coupe et rendant grâce, il la leur donna, et ils en burent tous. Et il leur dit : « Ceci est mon sang, le sang de l’Alliance, répandu pour la multitude. Amen, je vous le dis : je ne boirai plus du fruit de la vigne, jusqu’à ce jour où je boirai un vin nouveau dans le royaume de Dieu. » 

Après avoir chanté les psaumes, ils partirent pour le mont des Oliviers. Jésus leur dit : « Vous allez tous être exposés à tomber, car il est écrit : Je frapperai le berger, et les brebis seront dispersées. Mais, après que je serai ressuscité, je vous précéderai en Galilée. »
Pierre lui dit alors : « Même si tous viennent à tomber, moi, je ne tomberai pas. »
Jésus lui répond : « Amen, je te le dis : toi, aujourd’hui, cette nuit même, avant que le coq chante deux fois, tu m’auras renié trois fois. » Mais lui reprenait de plus belle : « Même si je dois mourir avec toi, je ne te renierai pas. » Et tous disaient de même.

Ils parviennent à un domaine appelé Gethsémani. Jésus dit à ses disciples : « Restez ici ; moi, je vais prier. »
Puis il emmène avec lui Pierre, Jacques et Jean, et commence à ressentir frayeur et angoisse. Il leur dit : « Mon âme est triste à mourir. Demeurez ici et veillez. »
S’écartant un peu, il tombait à terre et priait pour que, s’il était possible, cette heure s’éloigne de lui. Il disait : « Abba… Père, tout est possible pour toi. Éloigne de moi cette coupe. Cependant, non pas ce que je veux, mais ce que tu veux ! »
Puis il revient et trouve les disciples endormis. Il dit à Pierre : « Simon, tu dors ! Tu n’as pas eu la force de veiller une heure ? Veillez et priez pour ne pas entrer en tentation : l’esprit est ardent, mais la chair est faible. »
Il retourna prier, en répétant les mêmes paroles. Quand il revint près des disciples, il les trouva endormis, car leurs yeux étaient alourdis. Et ils ne savaient que lui dire.
Une troisième fois, il revient et leur dit : « Désormais vous pouvez dormir et vous reposer. C’est fait ; l’heure est venue : voici que le Fils de l’homme est livré aux mains des pécheurs. Levez-vous ! Allons ! Le voici tout proche, celui qui me livre. » 

Jésus parlait encore quand Judas, l’un des Douze, arriva avec une bande armée d’épées et de bâtons, envoyée par les chefs des prêtres, les scribes et les anciens. Or, le traître leur avait donné un signe convenu : « Celui que j’embrasserai, c’est lui : arrêtez-le, et emmenez-le sous bonne garde. » À peine arrivé, Judas, s’approchant de Jésus, lui dit : « Rabbi ! » Et il l’embrassa. Les autres lui mirent la main dessus et l’arrêtèrent. Un de ceux qui étaient là tira son épée, frappa le serviteur du grand prêtre et lui trancha l’oreille.
Alors Jésus leur déclara : « Suis-je donc un bandit pour que vous soyez venus m’arrêter avec des épées et des bâtons ? Chaque jour, j’étais parmi vous dans le Temple, où j’enseignais ; et vous ne m’avez pas arrêté. Mais il faut que les Écritures s’accomplissent. »
Les disciples l’abandonnèrent et s’enfuirent tous.
Or, un jeune homme suivait Jésus ; il n’avait pour vêtement qu’un drap. On le saisit. Mais lui, lâchant le drap, se sauva tout nu. 

Ils emmenèrent Jésus chez le grand prêtre, et tous les chefs des prêtres, les anciens et les scribes se rassemblent. Pierre avait suivi Jésus de loin, jusqu’à l’intérieur du palais du grand prêtre, et là, assis parmi les gardes, il se chauffait près du feu. Les chefs des prêtres et tout le grand conseil cherchaient un témoignage contre Jésus pour le faire condamner à mort, et ils n’en trouvaient pas.
De fait, plusieurs portaient de faux témoignages contre Jésus, et ces témoignages ne concordaient même pas. Quelques-uns se levaient pour porter contre lui ce faux témoignage : « Nous l’avons entendu dire : ‘Je détruirai ce temple fait de main d’homme, et en trois jours j’en rebâtirai un autre qui ne sera pas fait de main d’homme.’ »
Et même sur ce point, ils n’étaient pas d’accord.
Alors le grand prêtre se leva devant l’assemblée et interrogea Jésus : « Tu ne réponds rien à ce que ces gens déposent contre toi ? » Mais lui gardait le silence, et il ne répondait rien. Le grand prêtre l’interroge de nouveau : « Es-tu le Messie, le Fils du Dieu béni ? »
Jésus lui dit : « Je le suis, et vous verrez le Fils de l’homme siéger à la droite du Tout-Puissant, et venir parmi les nuées du ciel. »
Alors, le grand prêtre déchire ses vêtements et dit : « Pourquoi nous faut-il encore des témoins ? Vous avez entendu le blasphème. Quel est votre avis ? » Tous prononcèrent qu’il méritait la mort. Quelques-uns se mirent à cracher sur lui, couvrirent son visage d’un voile, et le rouèrent de coups, en disant : « Fais le prophète ! » Et les gardes lui donnèrent des gifles. 

Comme Pierre était en bas, dans la cour, arrive une servante du grand prêtre. Elle le voit qui se chauffe, le dévisage et lui dit : « Toi aussi, tu étais avec Jésus de Nazareth ! » Pierre le nia : « Je ne sais pas, je ne comprends pas ce que tu veux dire. » Puis il sortit dans le vestibule. La servante, l’ayant vu, recommença à dire à ceux qui se trouvaient là : « En voilà un qui est des leurs ! » De nouveau, Pierre le niait. Un moment après, ceux qui étaient là lui disaient : « Sûrement tu en es ! D’ailleurs, tu es Galiléen. » Alors il se mit à jurer en appelant sur lui la malédiction : « Je ne connais pas l’homme dont vous parlez. » Et aussitôt, un coq chanta pour la seconde fois.
Alors Pierre se souvint de la parole de Jésus : « Avant que le coq chante deux fois, tu m’auras renié trois fois. » Et il se mit à pleurer. 

Dès le matin, les chefs des prêtres convoquèrent les anciens et les scribes, et tout le grand conseil. Puis ils enchaînèrent Jésus et l’emmenèrent pour le livrer à Pilate.
Celui-ci l’interrogea : « Es-tu le roi des Juifs ? »
Jésus répond : « C’est toi qui le dis. »
Les chefs des prêtres multipliaient contre lui les accusations.Pilate lui demandait à nouveau : « Tu ne réponds rien ? Vois toutes les accusations qu’ils portent contre toi. » Mais Jésus ne répondit plus rien, si bien que Pilate s’en étonnait.
À chaque fête de Pâque, il relâchait un prisonnier, celui que la foule demandait. Or, il y avait en prison un dénommé Barabbas, arrêté avec des émeutiers pour avoir tué un homme lors de l’émeute. La foule monta donc, et se mit à demander à Pilate la grâce qu’il accordait d’habitude. Pilate leur répondit : « Voulez-vous que je vous relâche le roi des Juifs ? »
(Il se rendait bien compte que c’était par jalousie que les chefs des prêtres l’avaient livré.)
Ces derniers excitèrent la foule à demander plutôt la grâce de Barabbas. Et comme Pilate reprenait : « Que ferai-je donc de celui que vous appelez le roi des Juifs ? », ils crièrent de nouveau : « Crucifie-le ! » Pilate leur disait : « Qu’a-t-il donc fait de mal ? » Mais ils crièrent encore plus fort : « Crucifie-le ! » Pilate, voulant contenter la foule, relâcha Barabbas, et après avoir fait flageller Jésus, il le livra pour qu’il soit crucifié.
Les soldats l’emmenèrent à l’intérieur du Prétoire, c’est-à-dire dans le palais du gouverneur. Ils appellent toute la garde, ils lui mettent un manteau rouge, et lui posent sur la tête une couronne d’épines qu’ils ont tressée. Puis ils se mirent à lui faire des révérences : « Salut, roi des Juifs ! »
Ils lui frappaient la tête avec un roseau, crachaient sur lui, et s’agenouillaient pour lui rendre hommage. Quand ils se furent bien moqués de lui, ils lui ôtèrent le manteau rouge, et lui remirent ses vêtements. 

Puis, ils l’emmenèrent pour le crucifier, et ils réquisitionnent, pour porter la croix, un passant, Simon de Cyrène, le père d’Alexandre et de Rufus, qui revenait des champs. Et ils amènent Jésus à l’endroit appelé Golgotha, c’est-à-dire : Lieu-du-Crâne, ou Calvaire. Ils lui offraient du vin aromatisé de myrrhe ; mais il n’en prit pas. Alors ils le crucifient, puis se partagent ses vêtements, en tirant au sort pour savoir la part de chacun.
Il était neuf heures lorsqu’on le crucifia.
L’inscription indiquant le motif de sa condamnation portait ces mots : « Le roi des Juifs ».
Avec lui on crucifie deux bandits, l’un à sa droite, l’autre à sa gauche. Les passants l’injuriaient en hochant la tête : « Hé ! toi qui détruis le Temple et le rebâtis en trois jours, sauve-toi toi-même, descends de la croix ! »
De même, les chefs des prêtres se moquaient de lui avec les scribes, en disant entre eux : « Il en a sauvé d’autres, et il ne peut pas se sauver lui-même ! Que le Messie, le roi d’Israël, descende maintenant de la croix ; alors nous verrons et nous croirons. »
Même ceux qui étaient crucifiés avec lui l’insultaient. 

Quand arriva l’heure de midi, il y eut des ténèbres sur toute la terre jusque vers trois heures. Et à trois heures, Jésus cria d’une voix forte : « Éloï, Éloï, lama sabactani ? », ce qui veut dire : « Mon Dieu, mon Dieu, pourquoi m’as-tu abandonné ? »
Quelques-uns de ceux qui étaient là disaient en l’entendant : « Voilà qu’il appelle le prophète Élie ! » L’un d’eux courut tremper une éponge dans une boisson vinaigrée, il la mit au bout d’un roseau, et il lui donnait à boire, en disant : « Attendez ! Nous verrons bien si Élie vient le descendre de là ! » Mais Jésus, poussant un grand cri, expira. 

Le rideau du Temple se déchira en deux, depuis le haut jusqu’en bas. Le centurion qui était là en face de Jésus, voyant comment il avait expiré, s’écria : « Vraiment, cet homme était le Fils de Dieu ! »
Il y avait aussi des femmes, qui regardaient de loin, et parmi elles, Marie Madeleine, Marie, mère de Jacques le petit et de José, et Salomé, qui suivaient Jésus et le servaient quand il était en Galilée, et encore beaucoup d’autres, qui étaient montées avec lui à Jérusalem.
Déjà le soir était venu ; or, comme c’était la veille du sabbat, le jour où il faut tout préparer, Joseph d’Arimathie intervint. C’était un homme influent, membre du Conseil, et il attendait lui aussi le royaume de Dieu. Il eut le courage d’aller chez Pilate pour demander le corps de Jésus.
Pilate, s’étonnant qu’il soit déjà mort, fit appeler le centurion, pour savoir depuis combien de temps Jésus était mort. Sur le rapport du centurion, il permit à Joseph de prendre le corps.
Joseph acheta donc un linceul, il descendit Jésus de la croix, l’enveloppa dans le linceul et le déposa dans un sépulcre qui était creusé dans le roc. Puis il roula une pierre contre l’entrée du tombeau.
Or, Marie Madeleine et Marie, mère de José, regardaient l’endroit où on l’avait mis.
Patrick BRAUD

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16 avril 2011

C’est l’outrage et non pas la douleur

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C’est l’outrage et non pas la douleur

Homélie pour le Dimanche des Rameaux / Année A
17/04/2011

Pourquoi réduire la Passion à la douleur physique ?

La flagellation, les coups, la crucifixion, l’asphyxie de la croix : beaucoup de commentaires de la Passion du Christ ont insisté sur la souffrance qu’il a endurée dans sa chair. Le dolorisme était aux siècles derniers une spiritualité extrémiste s’appuyant sur la contemplation de cette souffrance physique : c’est en proportion de sa douleur que Jésus aurait « mérité » le plus grand salut pour tous.

Le corollaire de cette position doloriste est inquiétant : plus nous souffrons, nous nous serions associés à la Passion du Christ, et donc plus nous contribuerions au salut du monde. D’où des excès insupportables, comme chaque année les crucifiés  des Philippines le Vendredi saint, les pénitents fouettés jusqu’au sang, et tous les vieux discours encore entendus sur le thème : « réjouissez-vous si vous souffrez. Offrez votre souffrance. Le Christ vous associe à sa Passion. »

Il peut arriver à des chrétiens de resservir ce discours doloriste révoltant aux malades ou à leurs familles. Comment offrir à Dieu quelque chose qui est mauvais en soi : la douleur ? « Ce que Dieu aime à recevoir, ce ne sont pas nos souffrances, mais la foi, l’espérance, l’amour que Dieu préserve en nous au coeur de nos souffrances » (Xavier Thévenot).

 

C’est l’outrage et non pas la douleur

Relisons la Passion telle que ce Dimanche des Rameaux nous l’a fait entendre chez Mathieu. C’est essentiellement un drame de la dérision, aboutissant à une solitude extrême. Aucun terme ne traduit une douleur physique exprimée par Jésus, aucun ! Nulle part il est écrit qu’il avait mal, qu’il criait ou pleurait de douleur. Il y a à peine quelques termes évoquant cette dimension : « ils le rouèrent de coups » (Mt 26,67).

Même la crucifixion n’est mentionnée qu’après coup, presque discrètement : « après l’avoir crucifié… » (27,35). On ne peut en faire moins sur cet instant pourtant terriblement douloureux.

Par contre, relevez toutes les expressions qui évoquent la dérision, la moquerie, l’insulte, ou la déréliction (sentiment d’abandon) :

- mon âme est triste à en mourir 26,38
- s’il est possible que cette coupe passe loin de moi 26,42
- livré aux mains des pécheurs 26,45
- trahi 26,46. 50
- suis-je donc un brigand ? 26,55
- il a blasphémé 26,65
- ils lui crachaient au visage 26,68
- ils le giflaient en disant : fais-nous le prophète, Messie ! 26, 68
- la foule lui préfère Barabbas, un criminel 27,22
- on lui impose la nudité, le manteau rouge, la couronne d’épines, le roseau en guise de sceptre, les agenouillements, tout cela pour se moquer de lui 27, 28-31
- vêtements tirés au sort 27,35
- écriteau parodiant une royauté lamentable 27,37
- insultes des passants, des chefs religieux, des brigands en croix avec lui 27,39-44
- cri de déréliction : Eli, Eli, lama sabbachtani 27,46
- grand cri final 27,50

Cette liste est impressionnante car elle fait ressortir que la Passion du Christ est une descente aux enfers en matière d’injures, d’insultes, de mépris, de moquerie, de dérision et de solitude.

Cette liste est également impressionnante car bon nombre de « moins que rien » de nos sociétés peuvent s’y reconnaître, hélas. 

Or cette liste ne parle pas de douleur physique. Jésus n’est pas le champion de la douleur, mais de l’amour offert jusqu’au bout, même à travers la souffrance.

C’est l’outrage, et non pas la douleur, qui est au coeur de la Passion du Christ.

Ce qui caractérise l’attitude du Fils ici, c’est d’aller partager la condition des méprisés, des maudits, des sans-Dieu. Et, pour lui qui est dans l’intimité du Père plus que nul autre, cette séparation est la souffrance la plus haute. Elle est spirituelle. Par amour, le Fils de Dieu va jusqu’au bout de la volonté de son Père : faire corps avec les damnés de la terre pour les ramener à lui ; aller chercher aux enfers et sauver ceux qui étaient perdus, en remontant avec eux.

Pour accomplir cette oeuvre de salut, Jésus va jusqu’à endurer la malédiction juive qui s’attache au crucifié : « maudit soit quiconque pend au bois de la croix » (Ga 3,13 ; Dt 21,23). Les maudits vont ainsi avoir Dieu lui-même comme compagnon de galère?

 

Au plus bas

Voilà le déchirement intérieur qui parcourt Jésus dans sa Passion : lui – le saint – fait corps avec les damnés ; lui – le Fils – est considéré comme un sans-Dieu ; lui - le juste - est assimilé au criminel ; lui - sur qui repose l’Esprit de communion - fait l’expérience de la solitude absolue (« pourquoi m’as-tu abandonné ? »).

En allant ainsi « jusqu’à l’extrême », Jésus va rejoindre les pécheurs, ceux qui se croyaient exclus de toute espérance, de toute considération humaine, de toute bienveillance divine. Avec lui, ils sortiront de leurs tombeaux : de la haine, de l’exclusion, de la dérision, du mépris, de la solitude, parce que le Christ aura eu la force de les rejoindre au plus bas.

 

L’offrande véritable

Arrêtons donc de faire l’éloge de la douleur ! Il n’y a rien à offrir dans la souffrance physique.

Par contre, le désir d’aimer peut traverser la douleur et devenir source de vie. Répétons-le : ce n’est pas par la douleur que le Christ a sauvé le monde, mais par sa solidarité avec les damnés de la terre, jusqu’à devenir l’un d’entre eux, et même le pire (blasphémateur et maudit).

 

Passionnés

Entendre la Passion du Christ, c’est entendre l’appel qu’il nous lance à aller avec lui faire corps avec ceux que l’on considère comme « perdus », ceux dont on se moque, ceux qui sont abandonnés.

Ou bien croire qu’il partage notre condition si nous faisons ces expériences terribles.

Impossible d’avoir ce courage sans la force de l’Esprit en nous ! Supplions donc l’Esprit de nous passionner, en étroite communion avec le Christ outragé, humilié, abandonné, et pourtant en cela vainqueur du mal.

 

 

 

 

Lecture de la Passion selon St Matthieu

  14 Alors l’un des Douze, appelé Judas Iscariote, se rendit auprès des grands prêtres  15 et leur dit: « Que voulez-vous me donner, et moi je vous le livrerai? » Ceux-ci lui versèrent 30 pièces d’argent.  16 Et de ce moment il cherchait une occasion favorable pour le livrer.

Préparatifs du repas pascal

  17 Le premier jour des Azymes, les disciples s’approchèrent de Jésus et lui dirent: « Où veux-tu que nous te préparions de quoi manger la Pâque? »  18 Il dit: « Allez à la ville, chez un tel, et dites-lui: Le Maître te fait dire: Mon temps est proche, c’est chez toi que je vais faire la Pâque avec mes disciples. »  19 Les disciples firent comme Jésus leur avait ordonné et préparèrent la Pâque.

Annonce de la trahison de Judas

  20 Le soir venu, il était à table avec les Douze.  21 Et tandis qu’ils mangeaient, il dit: « En vérité je vous le dis, l’un de vous me livrera. »  22 Fort attristés, ils se mirent chacun à lui dire: « Serait-ce moi, Seigneur? »  23 Il répondit: « Quelqu’un qui a plongé avec moi la main dans le plat, voilà celui qui va me livrer!  24 Le Fils de l’homme s’en va selon qu’il est écrit de lui; mais malheur à cet homme-là par qui le Fils de l’homme est livré! Mieux eût valu pour cet homme-là de ne pas naître! »  25 A son tour, Judas, celui qui allait le livrer, lui demanda: « Serait-ce moi, Rabbi » — « Tu l’as dit », répond Jésus.

Institution de l’Eucharistie

  26 Or, tandis qu’ils mangeaient, Jésus prit du pain, le bénit, le rompit et le donna aux disciples en disant: « Prenez, mangez, ceci est mon corps. »  27  Puis, prenant une coupe, il rendit grâces et la leur donna en disant: « Buvez-en tous;  28 car ceci est mon sang, le sang de l’alliance, qui va être répandu pour une multitude en rémission des péchés.  29 Je vous le dis, je ne boirai plus désormais de ce produit de la vigne jusqu’au jour où je le boirai avec vous, nouveau, dans le Royaume de mon Père. »

Prédiction du reniement de Pierre

  30 Après le chant des psaumes, ils partirent pour le mont des Oliviers.  31 Alors Jésus leur dit: « Vous tous, vous allez succomber à cause de moi, cette nuit même. Il est écrit en effet: Je frapperai le pasteur, et les brebis du troupeau seront dispersées.  32 Mais après ma résurrection je vous précéderai en Galilée. »  33 Prenant la parole, Pierre lui dit: « Si tous succombent à cause de toi, moi je ne succomberai jamais. »  34 Jésus lui répliqua: « En vérité je te le dis: cette nuit même, avant que le coq chante, tu m’auras renié trois fois. »  35 Pierre lui dit: « Dussé-je mourir avec toi, non, je ne te renierai pas. » Et tous les disciples en dirent autant.

A Gethsémani

  36 Alors  Jésus parvient avec eux  à un domaine appelé Gethsémani, et il dit aux disciples: « Restez ici, tandis que je m’en irai prier là-bas. »  37 Et prenant avec lui Pierre et les deux fils de Zébédée, il commença à ressentir tristesse et angoisse.  38 Alors il leur dit: « Mon âme est triste à en mourir, demeurez ici et veillez avec moi. »  39 Etant allé un peu plus loin, il tomba face contre terre en faisant cette prière: « Mon Père, s’il est possible, que  cette coupe passe loin de moi! Cependant, non pas comme je veux, mais comme tu veux. »  40 Il vient vers les disciples et les trouve en train de dormir; et il dit à Pierre: « Ainsi, vous n’avez pas eu la force de veiller une heure avec moi!  41 Veillez et priez pour ne pas entrer en tentation: l’esprit est ardent, mais la chair est faible. »  42 A nouveau, pour la deuxième fois, il s’en alla prier: « Mon Père, dit-il, si cette coupe ne peut passer sans que je la boive, que ta volonté soit faite! »  43 Puis il vint et les trouva à nouveau en train de dormir; car leurs yeux étaient appesantis.  44 Il les laissa et s’en alla de nouveau prier une troisième fois, répétant les mêmes paroles.  45 Alors il vient vers les disciples et leur dit: « Désormais vous pouvez dormir et vous reposer: voici toute proche l’heure où le Fils de l’homme va être livré aux mains des pécheurs.  46 Levez-vous! Allons! Voici tout proche celui qui me livre. »

L’arrestation de Jésus

  47 Comme il parlait encore, voici Judas, l’un des Douze, et avec lui une bande nombreuse  armée de glaives et de bâtons, envoyée par les grands prêtres et les anciens du peuple.  48 Or le traître leur avait donné ce signe: « Celui à qui je donnerai un baiser, c’est lui; arrêtez-le. »  49 Et aussitôt il s’approcha de Jésus en disant: « Salut, Rabbi » , et il lui donna un baiser.  50 Mais Jésus lui dit: « Ami, fais ta besogne. » Alors, s’avançant, ils mirent la main sur Jésus et l’arrêtèrent.  51 Et voilà qu’un des compagnons de Jésus, portant la main à son glaive, le dégaina, frappa le serviteur du Grand Prêtre et lui enleva l’oreille.  52 Alors Jésus lui dit: « Rengaine ton glaive; car tous ceux qui prennent le glaive périront par le glaive.  53 Penses-tu donc que je ne puisse faire appel à mon Père, qui me fournirait sur-le-champ plus de douze légions d’anges?  54 Comment alors s’accompliraient les Ecritures d’après lesquelles il doit en être ainsi? »  55 A ce moment-là Jésus dit aux foules: « Suis-je un brigand, que vous vous soyez mis en campagne avec des glaives et des bâtons pour me saisir? Chaque jour j’étais assis dans le Temple, à enseigner, et vous ne m’avez pas arrêté. »  56 Or tout ceci advint pour que s’accomplissent les Ecritures des prophètes. Alors les disciples l’abandonnèrent tous et prirent la fuite.

Jésus devant le Sanhédrin

  57 Ceux qui avaient arrêté Jésus l’emmenèrent chez Caïphe le Grand Prêtre, où se réunirent les scribes et les anciens.  58 Quant à Pierre, il le suivait de loin, jusqu’au palais du Grand Prêtre; il pénétra à l’intérieur et s’assit avec les valets, pour voir le dénouement.

  59 Or, les grands prêtres  et le Sanhédrin tout entier cherchaient un faux témoignage contre Jésus, en vue de le faire mourir;  60 et ils n’en trouvèrent pas, bien que des faux témoins se fussent présentés en grand nombre. Finalement il s’en présenta deux,  61 qui déclarèrent: « Cet homme a dit: Je puis détruire le Sanctuaire de Dieu et le rebâtir en trois jours. »  62 Se levant alors, le Grand Prêtre lui dit: « Tu ne réponds rien? Qu’est-ce que ces gens attestent contre toi? »  63 Mais Jésus se taisait. Le Grand Prêtre lui dit: « Je t’adjure par le Dieu Vivant de nous dire si tu es le Christ, le Fils de Dieu » –  64  »Tu l’as dit, lui dit Jésus. D’ailleurs je vous le déclare: dorénavant, vous verrez le Fils de l’homme siégeant à droite de la Puissance et venant sur les nuées du ciel. »  65 Alors le Grand Prêtre déchira ses vêtements en disant: « Il a blasphémé! qu’avons-nous encore besoin de témoins? Là, vous venez d’entendre le blasphème!  66 Qu’en pensez-vous? » Ils répondirent: « Il est passible de mort. »

  67 Alors ils lui crachèrent au visage et le giflèrent; d’autres lui donnèrent des coups  68 en disant: « Fais le prophète, Christ, dis-nous qui t’a frappé. »

Reniements de Pierre

  69 Cependant Pierre était assis dehors, dans la cour. Une servante s’approcha de lui en disant: « Toi aussi, tu étais avec Jésus le Galiléen. »  70 Mais lui nia devant tout le monde en disant: « Je ne sais pas ce que tu dis. »  71 Comme il s’était retiré vers le porche, une autre le vit et dit à ceux qui étaient là: « Celui-là était avec Jésus le Nazôréen. »  72 Et de nouveau il nia avec serment: « Je ne connais pas cet homme. »  73 Peu après, ceux qui se tenaient là s’approchèrent et dirent à Pierre: « Sûrement, toi aussi, tu en es: et d’ailleurs ton langage te trahit. »  74 Alors il se mit à jurer avec force imprécations: « Je ne connais pas cet homme. » Et aussitôt un coq chanta.  75 Et Pierre se souvint de la parole que Jésus avait dite: « Avant que le coq chante, tu m’auras renié trois fois. » Et, sortant dehors, il pleura amèrement.

Jésus est livré à Pilate

                27  1 Le matin étant arrivé, tous les grands prêtres et les anciens du peuple tinrent un conseil contre Jésus, en sorte de le faire mourir.  2 Et, après l’avoir ligoté, ils l’emmenèrent et le livrèrent à Pilate le gouverneur.

Mort de Judas

  3 Alors Judas, qui l’avait livré, voyant qu’il avait été condamné, fut pris de remords et rapporta les 30 pièces d’argent aux grands prêtres et aux anciens:  4  »J’ai péché, dit-il, en livrant un sang innocent. » Mais ils dirent: « Que nous importe? A toi de voir. »  5 Jetant alors les pièces dans le sanctuaire, il se retira et s’en alla se pendre.  6 Ayant ramassé l’argent, les grands prêtres dirent: « Il n’est  pas permis de le verser au trésor, puisque c’est le prix du sang. »  7 Après délibération, ils achetèrent avec cet argent le « champ du potier » comme lieu de sépulture pour les étrangers.  8 Voilà pourquoi ce champ-là s’est appelé jusqu’à ce jour le « Champ du Sang. »  9 Alors s’accomplit l’oracle de Jérémie le prophète: Et ils prirent les 30 pièces d’argent, le prix du Précieux qu’ont apprécié des fils d’Israël,  10 et ils les donnèrent pour le champ du potier, ainsi que me l’a ordonné le Seigneur.

Jésus devant Pilate

  11 Jésus fut amené en présence du gouverneur et le gouverneur l’interrogea en disant: « Tu es le Roi des Juifs? » Jésus répliqua: « Tu le dis. »  12 Puis, tandis qu’il était accusé par les grands prêtres et les anciens, il ne répondit rien.  13 Alors Pilate lui dit: « N’entends-tu pas tout ce qu’ils attestent contre toi? »  14 Et il ne lui répondit sur aucun point, si bien que le gouverneur était fort étonné.

  15 A chaque Fête, le gouverneur avait coutume de relâcher à la foule un prisonnier, celui qu’elle voulait.  16 On avait alors un prisonnier fameux, nommé Barabbas.  17 Pilate dit donc aux gens qui se trouvaient rassemblés: « Lequel voulez-vous que je vous relâche, Barabbas, ou Jésus que l’on appelle Christ? »  18 Il savait bien que c’était par jalousie qu’on l’avait livré.

  19 Or, tandis qu’il siégeait au tribunal, sa femme lui fit dire: « Ne te mêle point de l’affaire de ce juste; car aujourd’hui j’ai été très affectée dans un songe à cause de lui. »

  20 Cependant, les grands prêtres et les anciens persuadèrent aux foules de réclamer Barabbas et de perdre Jésus.  21 Prenant la parole, le gouverneur leur dit: « Lequel des deux voulez-vous que je vous relâche? » Ils dirent: « Barabbas. »  22 Pilate leur dit: « Que ferai-je donc de Jésus que l’on appelle Christ? » Ils disent tous: « Qu’il soit crucifié! »  23 Il reprit: « Quel mal a-t-il donc fait? » Mais ils criaient plus fort: « Qu’il soit crucifié! »  24 Voyant alors qu’il n’aboutissait à rien, mais qu’il s’ensuivait plutôt du tumulte, Pilate prit de l’eau et se lava les mains en présence de la foule, en disant: « Je ne suis pas responsable de ce sang; à vous de voir! »  25 Et tout le peuple répondit: « Que son sang soit sur nous et sur nos enfants! »  26 Alors il leur relâcha Barabbas; quant à Jésus, après l’avoir fait flageller, il le livra pour être crucifié.

Le couronnement d’épines

  27 Alors les soldats du gouverneur prirent avec eux Jésus dans le Prétoire et ameutèrent sur lui toute la cohorte.  28 L’ayant dévêtu, ils lui mirent une chlamyde écarlate,  29 puis, ayant tressé une couronne avec des épines, ils la placèrent sur sa tête, avec un roseau dans sa main droite. Et, s’agenouillant devant lui, ils se moquèrent de lui en disant: « Salut, roi des Juifs! »  30 et, crachant sur lui, ils prenaient le roseau et en frappaient sa tête.  31 Puis, quand ils se furent moqués de lui, ils lui ôtèrent la chlamyde, lui remirent ses vêtements et l’emmenèrent pour le crucifier.
Patrick Braud

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27 mars 2010

Il a été compté avec les pécheurs

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Il a été compté avec les pécheurs

 

Homélie du Dimanche des Rameaux / Année C

28/03/10

 

« Il a été compté avec les pécheurs » (Is 53,12).

 

Cette citation du prophète Isaïe est sans doute la clé, propre à Luc, qui lui permet de déchiffrer l’énigme de la passion de Jésus que nous lisons en ce dimanche des Rameaux.

Luc est en effet le seul évangéliste à aller chercher dans les « chants du Serviteur souffrant » d’Isaïe l’explication du déchaînement du mal contre Jésus, et son apparente faiblesse tout au long de son procès et de sa passion.

 

« Il a été compté avec les pécheurs ».

De Etty Hillesum à Nelson Mandela, du capitaine Dreyfus aux erreurs judiciaires d’aujourd’hui, ils sont nombreux ceux qui peuvent se reconnaître dans cette expérience douloureuse : être injustement rangé au rang des criminels.

Mais, en plus, dans cette passion singulière, c’est Dieu lui-même qui est compté avec les pécheurs ! Le Dieu trois fois saint est plongé dans l’abîme de la dérision, de l’insulte, du mépris, et on veut faire croire à Jésus qu’il est un blasphémateur, qu’il est loin de Dieu, lui l’Intime !

 

L’extrême souffrance de l’accusé Jésus n’est alors pas d’abord la douleur physique des épines ou des clous. C’est l’affreuse immersion dans « l’océan pestilentiel du péché », selon l’expression des mystiques. Il fait corps avec les pécheurs, avec les rejetés, les réprouvés, les exclus de la société, les sans-Dieu, les contre-Dieu…

 

- Contemplez son angoisse au Mont des Oliviers : ce n’est pas la douleur physique qui le fait suer du sang ; c’est l’opprobre de la croix (cf. He 13,13) qui approche, symbole de la malédiction (« maudit soit qui pend au gibet de la croix », dit le Deutéronome 21,23 // Ga 3,13) et de l’éloignement absolu.

- Ressentez sa tristesse, lorsqu’il découvre que les amis et les gestes d’amitié deviennent des armes utilisées contre lui :« Judas, c’est par un baiser que tu livres le fils de l’homme ? » « Pierre, tu vas me renier trois fois ».

- Partagez son indignation lorsqu’on le traite comme un moins que rien : « suis-je donc un bandit pour que vous soyez venus m’arrêter avec des épées et des bâtons ? »

 

- Plongez dans son désarroi lorsqu’on l’insulte : « fais le prophète ! » ; lorsqu’on l’accuse de blasphème (lui, le fils de Dieu !), lorsque Hérode le traite avec mépris et se moque de lui.


- Laissez résonner cet immense silence qui étonne ses accusateurs : Jésus se tait devant le tribunal, comme il s’était tu devant les accusateurs de la femme adultère…

- Mesurez son sentiment d’abandon, et peut-être de honte, lorsque la foule de son peuple lui préfère le meurtrier Barabbas, et crie sa haine : « crucifie-le ! ».

 

- Même l’un des malfaiteurs le traite comme un inférieur : suspendu à la croix, Jésus se fait injurier par l’un de ses compagnons d’infortune…

 

« Il a été compté avec les pécheurs ».

Lui qui était Dieu, il s’est abaissé jusque là (cf. 1° lecture : Philippiens 2,6-11), jusqu’à cette descente aux enfers où on le range avec les blasphémateurs, les sans-Dieu, les criminels à éliminer…

 

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Pourquoi a-t-il bu cette coupe jusqu’à la lie ?

Pourquoi a-t-il accompli cette prophétie d’Isaïe : être assimilé aux derniers des pécheurs?

·     Pour que nul ne désespère.

·     Pour que nul enfer ne soit scellé à jamais.

·     Pour que ceux dont la dignité est bafouée soient sûrs qu’en Dieu elle est pleinement reconnue.

·     Pour que les exclus, les rejetés des hommes découvrent en Jésus leur frère, qui les  réintroduit dans la famille de Dieu.

·     Pour que ceux dont on se moque, qu’on insulte, qu’on maltraite, qu’on exclut de la compagnie des hommes entendent cette parole incroyable : « aujourd’hui, tu seras avec moi dans le paradis ».

 

Que la passion du Christ vienne soutenir toutes nos passions humaines…

 

 


1ère lecture : Le Serviteur de Dieu accepte ses souffrances (Is 50, 4-7)

Dieu mon Seigneur m’a donné le langage d’un homme qui se laisse instruire, pour que je sache à mon tour réconforter celui qui n’en peut plus. La Parole me réveille chaque matin, chaque matin elle me réveille pour que j’écoute comme celui qui se laisse instruire.
Le Seigneur Dieu m’a ouvert l’oreille, et moi, je ne me suis pas révolté, je ne me suis pas dérobé.
J’ai présenté mon dos à ceux qui me frappaient, et mes joues à ceux qui m’arrachaient la barbe. Je n’ai pas protégé mon visage des outrages et des crachats.
Le Seigneur Dieu vient à mon secours ; c’est pourquoi je ne suis pas atteint par les outrages,c’est pourquoi j’ai rendu mon visage dur comme pierre :je sais que je ne serai pas confondu.
Parole du Serviteur de Dieu : Le Seigneur Dieu m »a ouvert l »oreille et moi, je ne me suis pas révolté, je ne me suis pas dérobé.

 

Psaume : Ps 21, 8-9, 17-18a, 19-20, 22c-24a

R/ Mon Dieu, mon Dieu, pourquoi m’as-tu abandonné ?

Tous ceux qui me voient me bafouent, ils ricanent et hochent la tête :
« Il comptait sur le Seigneur : qu’il le délivre ! Qu’il le sauve, puisqu’il est son ami ! »
C’est toi qui m’as tiré du ventre de ma mère, qui m’a mis en sûreté entre ses bras.
A toi je fus confié dès ma naissance ; dès le ventre de ma mère, tu es mon Dieu.
Ne sois pas loin : l’angoisse est proche, je n’ai personne pour m’aider.
Des fauves nombreux me cernent, des taureaux de Basan m’encerclent.
Des lions qui déchirent et rugissent ouvrent leur gueule contre moi.
Je suis comme l’eau qui se répand, tous mes membres se disloquent. Mon coeur est comme la cire, il fond au milieu de mes entrailles.
Ma vigueur a séché comme l’argile, ma langue colle à mon palais.

Tu me mènes à la poussière de la mort. +
Oui, des chiens me cernent, une bande de vauriens m’entoure. Ils me percent les mains et les pieds ;
je peux compter tous mes os. Ces gens me voient, ils me regardent. +
Ils partagent entre eux mes habits et tirent au sort mon vêtement.
Mais toi, Seigneur, ne sois pas loin : ô ma force, viens vite à mon aide !
Préserve ma vie de l’épée, arrache-moi aux griffes du chien ;
sauve-moi de la gueule du lion et de la corne des buffles. Tu m’as répondu ! +
Et je proclame ton nom devant mes frères, je te loue en pleine assemblée.
Vous qui le craignez, louez le Seigneur, + glorifiez-le, vous tous, descendants de Jacob, vous tous, redoutez-le, descendants d’Israël.
Car il n’a pas rejeté, il n’a pas réprouvé le malheureux dans sa misère ; il ne s’est pas voilé la face devant lui, mais il entend sa plainte.
Tu seras ma louange dans la grande assemblée ; devant ceux qui te craignent, je tiendrai mes promesses.
Les pauvres mangeront : ils seront rassasiés ; ils loueront le Seigneur, ceux qui le cherchent : « A vous, toujours, la vie et la joie ! »
La terre entière se souviendra et reviendra vers le Seigneur, chaque famille de nations se prosternera devant lui :
« Oui, au Seigneur la royauté, le pouvoir sur les nations ! »
Tous ceux qui festoyaient s’inclinent ; promis à la mort, ils plient en sa présence.
Et moi, je vis pour lui : ma descendance le servira ; on annoncera le Seigneur aux générations à venir.
On proclamera sa justice au peuple qui va naître : Voilà son oeuvre !

 

2ème lecture : Abaissement et glorification de Jésus (Ph 2, 6-11)

Lui qui était dans la condition de Dieu,il n’a pas jugé bon de revendiquer son droit d’être traité à l’égal de Dieu ; mais au contraire, il se dépouilla lui-même en prenant la condition de serviteur.

Devenu semblable aux hommes et reconnu comme un homme à son comportement,
il s’est abaissé lui-même en devenant obéissant jusqu’à mourir,et à mourir sur une croix.
C’est pourquoi Dieu l’a élevé au-dessus de tout ; il lui a conféré le Nom qui surpasse tous les noms,
afin qu’au Nom de Jésus, aux cieux, sur terre et dans l’abîme, tout être vivant tombe à genoux,
et que toute langue proclame : « Jésus Christ est le Seigneur »,pour la gloire de Dieu le Père.
Le Christ Jésus, lui qui était dans la condition de Dieu, n »a pas jugé bon de revendiquer son droit d »être traité à l »égal de Dieu ;

 

Evangile : La Passion (Lc 22, 14-71; 23, 1-16.18-56)

Quand l’heure fut venue, Jésus se mit à table, et les Apôtres avec lui.
Il leur dit : « J’ai ardemment désiré manger cette Pâque avec vous avant de souffrir !
Car je vous le déclare : jamais plus je ne la mangerai jusqu’à ce qu’elle soit pleinement réalisée dans le royaume de Dieu. »
Il prit alors une coupe, il rendit grâce et dit : « Prenez, partagez entre vous.
Car je vous le déclare : jamais plus désormais je ne boirai du fruit de la vigne jusqu’à ce que vienne le règne de Dieu. »
Puis il prit du pain ; après avoir rendu grâce, il le rompit et le leur donna, en disant : « Ceci est mon corps, donné pour vous. Faites cela en mémoire de moi. »
Et pour la coupe, il fit de même à la fin du repas, en disant : « Cette coupe est la nouvelle Alliance en mon sang répandu pour vous.
Cependant la main de celui qui me livre est là, à côté de moi sur la table.
En effet, le Fils de l’homme s’en va selon ce qui a été fixé. Mais malheureux l’homme qui le livre ! »
Les Apôtres commencèrent à se demander les uns aux autres lequel d’entre eux allait faire cela.
Ils en arrivèrent à se quereller : lequel d’entre eux, à leur avis, était le plus grand ?
Mais il leur dit : « Les rois des nations païennes leur commandent en maîtres, et ceux qui exercent le pouvoir sur elles se font appeler bienfaiteurs.
Pour vous, rien de tel ! Au contraire, le plus grand d’entre vous doit prendre la place du plus jeune, et celui qui commande, la place de celui qui sert.
Quel est en effet le plus grand : celui qui est à table, ou celui qui sert ? N’est-ce pas celui qui est à table ? Eh bien moi, je suis au milieu de vous comme celui qui sert.
Vous, vous avez tenu bon avec moi dans mes épreuves.
Et moi, je dispose pour vous du Royaume, comme mon Père en a disposé pour moi.
Ainsi vous mangerez et boirez à ma table dans mon Royaume, et vous siégerez sur des trônes pour juger les douze tribus d’Israël.
Simon, Simon, Satan vous a réclamés pour vous passer au crible comme le froment.
Mais j’ai prié pour toi, afin que ta foi ne sombre pas. Toi donc, quand tu sera revenu, affermis tes frères. »
Pierre lui dit : « Seigneur, avec toi, je suis prêt à aller en prison et à la mort. »
Jésus reprit : « Je te le déclare, Pierre : le coq ne chantera pas aujourd’hui avant que, par trois fois, tu aies affirmé que tu ne me connais pas. »
Puis il leur dit : « Quand je vous ai envoyés sans argent, ni sac, ni sandales, avez-vous manqué de quelque chose ? »
Ils lui répondirent : « Mais non. » Jésus leur dit : « Eh bien maintenant, celui qui a de l’argent, qu’il en prenne, de même celui qui a un sac ; et celui qui n’a pas d’épée, qu’il vende son manteau pour en acheter une.
Car, je vous le déclare : il faut que s’accomplisse en moi ce texte de l’Écriture : Il a été compté avec les pécheurs. De fait, ce qui me concerne va se réaliser. »
Ils lui dirent : « Seigneur, voici deux épées. » Il leur répondit : « Cela suffit. »
Jésus sortit pour se rendre, comme d’habitude, au mont des Oliviers, et ses disciples le suivirent.
Arrivé là, il leur dit : « Priez, pour ne pas entrer en tentation. »
Puis il s’écarta à la distance d’un jet de pierre environ. Se mettant à genoux, il priait :
« Père, si tu veux, éloigne de moi cette coupe ; cependant, que ce ne soit pas ma volonté qui se fasse, mais la tienne. »
Alors, du ciel, lui apparut un ange qui le réconfortait.
Dans l’angoisse, Jésus priait avec plus d’insistance ; et sa sueur devint comme des gouttes de sang qui tombaient jusqu’à terre.
Après cette prière, Jésus se leva et rejoignit ses disciples qu’il trouva endormis à force de tristesse.
Il leur dit : « Pourquoi dormez-vous ? Levez-vous et priez, pour ne pas entrer en tentation. »
Il parlait encore quand parut une foule de gens. Le nommé Judas, l’un des Douze, marchait à leur tête. Il s’approcha de Jésus pour l’embrasser.
Jésus lui dit : « Judas, c’est par un baiser que tu livres le Fils de l’homme ? »
Voyant ce qui allait se passer, ceux qui entouraient Jésus lui dirent : « Seigneur, faut-il frapper avec l’épée ? »
L’un d’eux frappa le serviteur du grand prêtre et lui trancha l’oreille droite.
Jésus répondit : « Laissez donc faire ! » Et, touchant l’oreille de l’homme, il le guérit.
Jésus dit alors à ceux qui étaient venus l’arrêter, chefs des prêtres, officiers de la garde du Temple et anciens : « Suis-je donc un bandit, pour que vous soyez venus avec des épées et des bâtons ?
Chaque jour, j’étais avec vous dans le Temple, et vous ne m’avez pas arrêté. Mais c’est maintenant votre heure, c’est la domination des ténèbres. »
Ils se saisirent de Jésus pour l’emmener et ils le firent entrer dans la maison du grand prêtre. Pierre suivait de loin.
Ils avaient allumé un feu au milieu de la cour et ils s’étaient tous assis là. Pierre était parmi eux.
Une servante le vit assis près du feu ; elle le dévisagea et dit : « Celui-là aussi était avec lui. »
Mais il nia : « Femme, je ne le connais pas. »
Peu après, un autre dit en le voyant : « Toi aussi, tu en fais partie. » Pierre répondit : « Non, je n’en suis pas. »
Environ une heure plus tard, un autre insistait : « C’est sûr : celui-là était avec lui, et d’ailleurs il est Galiléen. »
Pierre répondit : « Je ne vois pas ce que tu veux dire. » Et à l’instant même, comme il parlait encore, un coq chanta.
Le Seigneur, se retournant, posa son regard sur Pierre ; et Pierre se rappela la parole que le Seigneur lui avait dite : « Avant que le coq chante aujourd’hui, tu m’auras renié trois fois. »
Il sortit et pleura amèrement.
Les hommes qui gardaient Jésus se moquaient de lui et le maltraitaient.
Ils lui avaient voilé le visage, et ils l’interrogeaient : « Fais le prophète ! Qui est-ce qui t’a frappé ? »
Et ils lançaient contre lui beaucoup d’autres insultes.
Lorsqu’il fit jour, les anciens du peuple, chefs des prêtres et scribes, se réunirent, et ils l’emmenèrent devant leur grand conseil.
Ils lui dirent : « Si tu es le Messie, dis-le nous. » Il leur répondit : « Si je vous le dis, vous ne me croirez pas ;
et si j’interroge, vous ne répondrez pas.
Mais désormais le Fils de l’homme sera assis à la droite du Dieu Puissant. »
Tous lui dirent alors : « Tu es donc le Fils de Dieu ? » Il leur répondit : « C’est vous qui dites que je le suis. »
Ils dirent alors : « Pourquoi nous faut-il encore un témoignage ? Nous-mêmes nous l’avons entendu de sa bouche. »
Quand l »heure du repas pascal fut venue, Jésus se mit à tables, et les Apôtres avec lui.
Ils se levèrent tous ensemble et l’emmenèrent chez Pilate.
Ils se mirent alors à l’accuser : « Nous avons trouvé cet homme en train de semer le désordre dans notre nation : il empêche de payer l’impôt à l’empereur, et se dit le Roi Messie. »
Pilate l’interrogea : « Es-tu le roi des Juifs ? » Jésus répondit : « C’est toi qui le dis. »
Pilate s’adressa aux chefs des prêtres et à la foule : « Je ne trouve chez cet homme aucun motif de condamnation. »
Mais ils insistaient : « Il soulève le peuple en enseignant dans tout le pays des Juifs, à partir de la Galilée jusqu’ici. »
A ces mots, Pilate demanda si l’homme était Galiléen.
Apprenant qu’il relevait de l’autorité d’Hérode, il le renvoya à ce dernier, qui se trouvait lui aussi à Jérusalem en ces jours-là.
A la vue de Jésus, Hérode éprouva une grande joie : depuis longtemps il désirait le voir à cause de ce qu’il entendait dire de lui, et il espérait lui voir faire un miracle.
Il lui posa beaucoup de questions, mais Jésus ne lui répondit rien.
Les chefs des prêtres et les scribes étaient là, et l’accusaient avec violence.
Hérode, ainsi que ses gardes, le traita avec mépris et se moqua de lui : il le revêtit d’un manteau de couleur éclatante et le renvoya à Pilate.
Ce jour-là, Hérode et Pilate devinrent des amis, alors qu’auparavant ils étaient ennemis.
Alors Pilate convoqua les chefs des prêtres, les dirigeants et le peuple.
Il leur dit : « Vous m’avez amené cet homme en l’accusant de mettre le désordre dans le peuple. Or, j’ai moi-même instruit l’affaire devant vous, et, parmi les faits dont vous l’accusez, je n’ai trouvé chez cet homme aucun motif de condamnation.
D’ailleurs, Hérode non plus, puisqu’il nous l’a renvoyé. En somme, cet homme n’a rien fait qui mérite la mort.
Je vais donc le faire châtier et le relâcher. »
Les chefs des prêtres et les scribes emmenèrent Jésus chez Pilate.
Ils se mirent à crier tous ensemble : « Mort à cet homme ! Relâche-nous Barabbas. »
Ce dernier avait été emprisonné pour un meurtre et pour une émeute survenue dans la ville.
Pilate, dans son désir de relâcher Jésus, leur adressa de nouveau la parole.
Mais ils criaient : « Crucifie-le ! Crucifie-le ! »
Pour la troisième fois, il leur dit : « Quel mal a donc fait cet homme ? Je n’ai trouvé en lui aucun motif de condamnation à mort. Je vais donc le faire châtier, puis le relâcher. »
Mais eux insistaient à grands cris, réclamant qu’il soit crucifié ; et leurs cris s’amplifiaient.
Alors Pilate décida de satisfaire leur demande.
Il relâcha le prisonnier condamné pour émeute et pour meurtre, celui qu’ils réclamaient, et il livra Jésus à leur bon plaisir.
Pendant qu’ils l’emmenaient, ils prirent un certain Simon de Cyrène, qui revenait des champs, et ils le chargèrent de la croix pour qu’il la porte derrière Jésus.
Le peuple, en grande foule, le suivait, ainsi que des femmes qui se frappaient la poitrine et se lamentaient sur Jésus.
Il se retourna et leur dit : « Femmes de Jérusalem, ne pleurez pas sur moi ! Pleurez sur vous-mêmes et sur vos enfants !
Voici venir des jours où l’on dira : ‘Heureuses les femmes stériles, celles qui n’ont pas enfanté, celles qui n’ont pas allaité !’
Alors on dira aux montagnes : ‘Tombez sur nous’, et aux collines : ‘Cachez-nous’.
Car si l’on traite ainsi l’arbre vert, que deviendra l’arbre sec ? »
On emmenait encore avec Jésus deux autres, des malfaiteurs, pour les exécuter.
Lorsqu’on fut arrivé au lieu dit : Le Crâne, ou Calvaire, on mit Jésus en croix, avec les deux malfaiteurs, l’un à droite et l’autre à gauche.
Jésus disait : « Père, pardonne-leur : ils ne savent pas ce qu’ils font. » Ils partagèrent ses vêtements et les tirèrent au sort.
Le peuple restait là à regarder. Les chefs ricanaient en disant : « Il en a sauvé d’autres : qu’il se sauve lui-même, s’il est le Messie de Dieu, l’Élu ! »
Les soldats aussi se moquaient de lui. S’approchant pour lui donner de la boisson vinaigrée,
ils lui disaient : « Si tu es le roi des Juifs, sauve-toi toi-même ! »
Une inscription était placée au-dessus de sa tête : « Celui-ci est le roi des Juifs. »
L’un des malfaiteurs suspendus à la croix l’injuriait : « N’es-tu pas le Messie ? Sauve-toi toi-même, et nous avec ! »
Mais l’autre lui fit de vifs reproches : « Tu n’as donc aucune crainte de Dieu ! Tu es pourtant un condamné, toi aussi !
Et puis, pour nous, c’est juste : après ce que nous avons fait, nous avons ce que nous méritons. Mais lui, il n’a rien fait de mal. »
Et il disait : « Jésus, souviens-toi de moi quand tu viendras inaugurer ton Règne. »
Jésus lui répondit : « Amen, je te le déclare : aujourd’hui, avec moi, tu seras dans le Paradis. »
Il était déjà presque midi ; l’obscurité se fit dans tout le pays jusqu’à trois heures, car le soleil s’était caché.
Le rideau du Temple se déchira par le milieu.
Alors, Jésus poussa un grand cri : « Père, entre tes mains je remets mon esprit. » Et après avoir dit cela, il expira.
A la vue de ce qui s’était passé, le centurion rendait gloire à Dieu : « Sûrement, cet homme, c’était un juste. »
Et tous les gens qui s’étaient rassemblés pour ce spectacle, voyant ce qui était arrivé, s’en retournaient en se frappant la poitrine.
Tous ses amis se tenaient à distance, ainsi que les femmes qui le suivaient depuis la Galilée, et qui regardaient.
Alors arriva un membre du conseil, nommé Joseph ; c’était un homme bon et juste.
Il n’avait donné son accord ni à leur délibération, ni à leurs actes. Il était d’Arimathie, ville de Judée, et il attendait le royaume de Dieu.
Il alla trouver Pilate et demanda le corps de Jésus.
Puis il le descendit de la croix, l’enveloppa dans un linceul et le mit dans un sépulcre taillé dans le roc, où personne encore n’avait été déposé.
C’était le vendredi, et déjà brillaient les lumières du sabbat.
Les femmes qui accompagnaient Jésus depuis la Galilée suivirent Joseph. Elles regardèrent le tombeau pour voir comment le corps avait été placé.
Puis elles s’en retournèrent et préparèrent aromates et parfums. Et, durant le sabbat, elles observèrent le repos prescrit.
Patrick BRAUD

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