De quoi l’ânon des rameaux est-il le nom ?
De quoi l’ânon des Rameaux est-il le nom ?
Homélie pour le Dimanche des Rameaux / Année B
24/03/2024
Cf. également :
Le coq défait Pierre
Rameaux : la Passion du Christ selon Mel Gibson
Rameaux : vous reprendrez bien un psaume ?
Rameaux : la Passion hallucinée de Jérôme Bosch
Rameaux : le conflit ou l’archipel
Comment devenir dépassionnés
Rameaux : assumer nos conflits
Rameaux, kénose et relèvement
Briser la logique infernale du bouc émissaire
Les multiples interprétations symboliques du dimanche des rameaux
Le tag cloud de la Passion du Christ
Mon Dieu, mon Dieu, pourquoi m’as-tu abandonné ?
C’est l’outrage et non pas la douleur
Il a été compté avec les pécheurs
Sortir, partir ailleurs…
Le Théâtre des deux ânes
De tradition, la France est un pays où l’on aime bien les chansonniers. Ce genre d’humour politique nous est propre : comme les fous du roi autrefois, les chansonniers dans les cabarets et théâtres ont le droit de tout dire sur nos gouvernants, nos responsables politiques, nos célébrités. Et ils ne s’en privent pas ! Aujourd’hui encore, le Caveau de la République à Paris, le Café d’Edgard ou le Théâtre des deux ânes etc. portent chaque semaine à l’affiche des one-man-shows légèrement délirants, des spectacles où les imitateurs, les comédiens, les humoristes nous font rire sans souci des convenances. Chaque vendredi, la chaîne de télévision Paris Première diffuse le show de la ‘Revue de presse’ au Théâtre des deux ânes. Si on aime cet humour décalé, les larmes de rire sont garanties ! Élodie Poux, Bernard Mabille, Philippe Chevallier, Régis Mailhot et autres Guidoni n’arrêtent pas de faire l’âne pendant deux heures en passant nos personnages importants à l’essoreuse de leurs mots d’esprit.
Faire l’âne est une qualité chez nous. Tant que cette impertinence restera autorisée par le pouvoir, nous serons en pays libre.
En ce dimanche des Rameaux, centrons notre regard sur le petit âne qui rentre à Jérusalem, acclamé par la foule :
de quoi l’ânon des Rameaux est-il le nom ?
1. L’accomplissement des Écritures
Le choix insolite de Jésus – un cheval eut été plus noble – est aux yeux des évangélistes une façon de montrer qu’il est le Messie annoncé dans les Écritures. La citation de Zacharie l’atteste : « Exulte de toutes tes forces, fille de Sion ! Pousse des cris de joie, fille de Jérusalem ! Voici ton roi qui vient à toi : il est juste et victorieux, pauvre et monté sur un âne, un ânon, le petit d’une ânesse » (Za 9,9).
Comme l’entrée à Jérusalem est le début de la Passion, l’importance de ce rappel est majeur : contrairement aux apparences désastreuses (échec, supplice, mise à mort, déshonneur) ce que va subir Jésus à Jérusalem est bien ce que promettaient les prophètes : un roi juste et victorieux. Juste, car démasquant l’injustice des pouvoirs des puissants de ce monde. Victorieux, car la résurrection viendra couronner le chemin de la Croix. Roi jusqu’au bout, comme l’attestera la pancarte INRI sur le gibet.
Jésus ne subit pas : il choisit de donner sa vie, de donner la Vie en donnant sa vie.
Ce thème de l’accomplissement des Écritures est si important à destination des juifs choqués par la Passion que Mathieu convoquera l’ânesse avec l’ânon (Mt 21,2). Comme cela il y aura deux témoins [1], comme le prescrit la Loi juive (Dt 19,5), pour attester de la messianité de Jésus.
Lorsque les événements ne se déroulent pas comme nous l’avions prévu, faisons mémoire de l’ânon des Rameaux : si le Christ monte à notre bord, il transformera nos galères en entrée triomphale !
2. Douceur, humilité, non-violence
L’autre image qui nous vient aussitôt à l’esprit en pensant un petit âne, c’est la douceur, la gentillesse, l’humilité. Imaginez-vous le Président Macron descendant les Champs Élysées le 14 Juillet 2022 dans une Clio deux places et non dans sa luxueuse et blindée DS 7 hybride ?
Sobre et serviable des années durant, l’âne ne demande pas grand-chose, mais soulève de si lourdes charges et rend tant de services ! Il ne parade pas avec les chevaux en tête de défilé, ni avec les lions sur les podiums de cirque. Quel animal conviendrait mieux que lui pour brosser le portrait d’un Messie « doux et humble de cœur » (Mt 11,29) ? Pas d’attitude guerrière chez Jésus lorsqu’il franchit les portes des remparts de Jérusalem. Au contraire, on l’acclame comme « celui qui sauve » : hosanna ! Littéralement : « sauve-nous ! » « Le salut est avec toi, fils de David ! »
La douceur du Christ est le reflet de la miséricorde du Père. S’il est victorieux, ce n’est pas à la manière des rois guerriers : il est vainqueur du mal et de la mort justement pour en sauver les pires d’entre nous qui s’y adonnent.
La grandeur du Messie n’est pas dans l’or de ses palais ni la taille de son jet présidentiel. Il est grand de ce que nous lui donnons, comme en témoignent les vêtements de la foule qu’elle dépose sur ses pas.
Lorsque la tentation de la grandeur nous enivre, dans nos missions, nos responsabilités, nos prises de parole, gardons à l’esprit l’humble ânon des Rameaux, qui a porté le Maître du monde grâce à sa simplicité.
3. Filiation
C’est d’un ânon dont Jésus a besoin. Pas d’un âne. Car il est question de filiation ici. Le fils de David, le fils unique de Dieu se définit toujours en dépendance de sa source. Il n’est pas à lui-même sa propre origine. Il se reçoit un autre, comme l’ânon reçoit de l’ânesse pour la naissance et le lait.
Avec les Rameaux, c’est bien la question de la filiation qui est posée : comment devenir enfant de Dieu, réellement ? Sur le mont Moriah, Abraham a sacrifié un bélier et non un agneau à la place d’Isaac, car c’était sa paternité qui était en cause. Ici, c’est le petit d’une ânesse qui va désigner le Fils par excellence. Monter sur un ânon nous rappelle que notre vocation est de devenir enfant de Dieu, en vérité.
Lorsque le succès, la réussite nous griseront au point de nous croire indépendants, sans devoir rien à personne, regardons l’ânon des Rameaux : quelle est ma source ? de qui ai-je reçu ? de qui suis-je l’enfant ?
4. La liberté des enfants de Dieu
Cet ânon était attaché : c’est plus qu’un détail ! Notre identité filiale est comme ligotée, prisonnière des liens d’attachement à nos œuvres, à notre vaine gloire, à notre volonté d’indépendance. Lorsque Jésus ordonne à ses disciples : « détachez-le et amenez-le », on entend comme un écho de l’ordre donné aux proches de Lazare sortant du tombeau : « déliez-le et laissez-le aller ». L’ânon christophore (qui porte le Christ) est un enfant libre, comme on dirait en Analyse Transactionnelle (à la différence de l’enfant soumis, ou de l’enfant rebelle). Le verbe détacher est répété trois fois dans l’Évangile de Marc 11, tellement c’est capital de libérer les enfants de Dieu pour les rendre disponibles au service de leurs frères, ici le service du Christ entrant à Jérusalem.
On entend également dans ce « détachez-le » un écho inversé de la ligature d’Isaac (Gn 22) : Abraham le père avait lié son fils sur l’autel au nom de ses croyances sanguinaires ; l’ange lui fait utiliser le couteau pour couper les cordes liant en son fils et non pour lui trancher le cou.
En Christ, les fils sont libres, les filles ne sont plus esclaves. Jésus acceptera pour cela d’être lui-même ligoté (Mc 15,1) par les pouvoirs juifs pour aller rejoindre tous ceux qui étaient prisonniers de la Loi, afin de les délier par sa Résurrection.
Visualisons l’ânon attaché par une corde à un anneau dans le mur : que voudrait dire délier de leurs attaches nos proches, nos collègues ? Comment faire grandir en moi le désir de les amener au Christ ?
4. Nouveauté
Marc prend soin de préciser que cet âne est tout neuf en quelque sorte, « un ânon sur lequel personne n’était jamais monté ». Un être neuf au début de la Passion.
À la fin de la Passion, ce sera dans un tombeau neuf, « un tombeau qui n’avait jamais servi pour personne » (Jn 19,41), que Jésus mort sera déposé.
D’une nouveauté à l’autre, c’est la radicale innovation du christianisme qui est en jeu : héritier du judaïsme (l’ânesse, le pharisien propriétaire du tombeau neuf), le christianisme sait « tirer du neuf de l’ancien » (Mt 13,52). Jésus avait conscience que sa Passion allait dévoiler quelque chose d’inouï, que l’homme n’aurait jamais pu inventer : l’amour de Dieu vainqueur de la mort par le service et le don de soi.
Que nul n’efface cette différence irréductible !
Que personne n’annule la nouveauté du Christ en « retournant à son vomi » (Pr 26,11) !
« À vin nouveau, outres neuves » (Mt 9,17).
Lorsque les audaces évangélisatrice de l’Esprit aujourd’hui nous troublent, nous effraient, revenons à la nouveauté de l’ânon des Rameaux : il y aura toujours de l’inédit dans la foi chrétienne, pourquoi y résister ?
5. Gentilité
Une de ces nouveautés chrétiennes, c’est bien sûr l’ouverture aux païens, ceux que l’on appelait les Gentils (et qui ne l’étaient pas tous !). Les Pères de l’Église ont souvent commenté cet épisode des Rameaux en identifiant l’ânesse à Israël, la mère de la Révélation, et l’ânon à l’Église, qui s’est ouverte aux non-juifs, à ceux que la Révélation n’avait pas encore explicitement touché.
Amener un ânon pour porter le Christ, c’est la gentilité de l’Église, c’est l’ardente obligation qui nous est faite de nous ouvrir à l’universel et de permettre à tous les peuples, toutes les cultures, de devenir christophores.
Lorsque la tentation nous habite de nous replier sur de petits cercles cathos bien au chaud entre nous, ré-entendons le Christ nous demandant de libérer l’ânon pour lui amener ; laissons son Esprit nous faire « passer aux barbares »…
6. Bonnet d’âne
Au XIX° siècle, les instituteurs punissaient les élèves indisciplinés ou paresseux en les mettant au coin, coiffés d’un bonnet d’âne à grandes oreilles. Une façon d’humilier les récalcitrants en les assimilant à des ânes… S’afficher avec un âne n’était alors pas glorieux ! Pourtant, c’est vrai que l’âne a de grandes oreilles, et du coup il est devenu le symbole d’une créature qui écoute. « Écoute » est le premier commandement de la Torah : « Schema Israël », « Écoute Israël » (Dt 6,4). La règle de saint Benoît commence par ces mots : « Écoute, ô mon fils, les préceptes du Maître, et prête l’oreille de ton cœur ». Le moine est souvent représenté avec de grandes oreilles pour écouter mieux la parole de Dieu.
Lorsque le bruit incessant de notre société te submerge, concentre-toi sur les grandes oreilles de l’ânon des Rameaux : il est temps d’écouter, quitte à paraître coiffer le bonnet d’âne aux yeux des autres étourdis de non-silence.…
7. Tu me fais braire
L’âne est encore célèbre pour ses braiments à réveiller les morts ! À tel point que, quand on dit à quelqu’un : tu me fais braire, on lui signifie qu’il peut toujours ergoter, l’âne que vous êtes continuera à faire entendre sa voix…
Et La Fontaine nous a prévenus : ne vous fiez pas à l’apparence inoffensive de cet animal ! Lorsque le vieux lion affaibli tombe malade, le coup de pied de l’âne va l’expédier ad patres ! Regardez les sabots de l’âne : une ruade peut être mortelle. La non-violence du Christ n’exclut pas la violence envers le mal (pas envers celui qui le commet) pour l’empêcher de nuire. Samson n’a-t-il pas autrefois terrassé 1000 hommes avec une mâchoire d’âne (Jg 15,15) ?
Quelle image plus réaliste que le braiment d’un âne pour symboliser le prophétisme des baptisés ? Comme le Messie, ils proclament la Parole « à temps et à contretemps » (2Tm 4,2), quitte à insupporter les bien-pensants. Rien n’a pu faire taire les martyrs, ni le supplice ni la mort : ils ont proclamé leur foi jusqu’au bout.
Lorsqu’on veut vous faire taire parce que votre foi dérange, n’arrêtez pas de braire comme l’ânon des Rameaux !
8. Adorer un dieu à tête d’âne
On a retrouvé dans les catacombes romaines un vieux graffiti du II° siècle, montrant des chrétiens adorant un crucifié à tête d’âne. Une caricature façon Charlie Hebdo avant la lettre ! C’est donc que certains Romains identifiaient Jésus à son âne, et se moquaient de ce soi-disant Messie échouant lamentablement sur la croix. Ces critiques mettent pourtant en évidence un trait original la foi : il s’est rangé du côté des exclus, des ânes moqués par tous. Il a fait corps avec les moins-que-rien à qui on déniait toute humanité, jusqu’à les traiter comme des animaux, des bêtes de somme, des ânes…
Voilà le message de l’âne des Rameaux : le chrétien doit avoir ce courage de paraître fou pour le monde, de paraître un âne pour les autres, un imbécile, d’être incompris, d’être considéré comme discordant. Il est rejeté, certes, mais c’est lui qui annonce la vérité.
Et d’ailleurs, il est très injuste de dire que l’âne est bête. Il ne l’est pas, il est même beaucoup plus intelligent qu’un cheval. Et en soi, le chrétien n’est pas un imbécile, il est plutôt un incompris, il peut passer pour fou mais il ne l’est pas du tout ! Paul écrit en effet : « Le langage de la croix est folie pour ceux qui vont à leur perte, mais pour ceux qui vont vers leur salut, pour nous, il est puissance de Dieu. […] La sagesse du monde, Dieu ne l’a-t-il pas rendue folle ? Puisque, en effet, par une disposition de la sagesse de Dieu, le monde, avec toute sa sagesse, n’a pas su reconnaître Dieu, il a plu à Dieu de sauver les croyants par cette folie qu’est la proclamation de l’Évangile » (1Co 1,18-21).
On célébrait même une « fête de l’âne » au XIII° siècle dans les cathédrales de Sens, Beauvais, Rouen etc. C’était au moment du solstice d’hiver. Cette fête de l’âne était fort curieuse. Ce jour-là donc, lors de la grand-messe, on faisait entrer un âne solennellement dans la cathédrale, il était revêtu d’un manteau d’or et il avait une grande traîne qui était tenue par quatre des membres les plus éminents du clergé du chapitre. Dans l’église, l’âne se tenait dans le chœur, juste à côté de l’évangile. On célébrait ensuite toute la messe en son honneur. Le peuple répondait « hi-han » en guise d’ « Amen ». La messe se terminait ainsi : le prêtre disait « deo gratias / ite missa est / hi-han », et toute la foule dans la cathédrale disait trois fois « hi-han, hi-han, hi-han »… L’âne des Rameaux (de la crèche et de la fuite en Égypte) a donc eu un succès étonnant jusque dans nos liturgies !
Lorsque le dégoût ou le rejet te tente au point de vouloir exclure ceux qui ne correspondent pas à des critères, contemple le crucifié à tête d’âne. Qu’il t’aide à faire le lien entre le Messie triomphant entrant à Jérusalem et le condamné déshonoré, à l’écart…
9. Au pas de l’âne
Terminons par une autre caractéristique de l’âne : contrairement au cheval qui galope à grande allure, l’âne au mieux trottine, le plus souvent marche à pas mesurés. Aller vite ou loin ? Des fois, il faut choisir ! En montagne, il n’y a pas plus sûr par les sentiers pierreux escarpés que le pas de l’âne, lent et mesuré.
Ce chemin pour aller vers Dieu, c’est un chemin qui doit se faire au pas d’un âne. C’est ainsi que doit être notre cheminement dans la foi : tranquillement, avec le temps, en douceur. Pour découvrir Dieu, s’en rapprocher, il faut aller pas à pas, avec une certaine constance et bien tranquillement. La conversion à Dieu n’est pas toujours quelque chose de spectaculaire, c’est un lent trajet. Il faut tout au long de sa vie suive ce chemin, doucement, comme assis sur un âne, sans éclat, sans brutalité, sans violence, en douceur, en toute paix. Et ainsi simplement laisser travailler en soi ce cheminement long et pacifique qui nous rapproche de Dieu.
Notre marche à la suite du Christ ferait bien de s’inspirer de ce pas de l’âne, comme l’écrivait non sans humour le cardinal Etchegaray :
J’avance, comme l’âne de Jérusalem
dont le Messie, un jour des Rameaux, fit une monture royale et pacifique.
Je ne sais pas grand’chose,
mais je sais que je porte le Christ sur mon dos
et j’en suis plus fier que d’être bourguignon ou basque.
Je le porte, mais c’est lui qui me mène :
je sais qu’il me conduit vers son Royaume et j’ai confiance en lui.
J’avance à mon rythme.
Par des chemins escarpés,
loin de ces autoroutes où la vitesse vous empêche
de reconnaître monture et cavalier.
Quand je bute contre une pierre, mon Maître doit être
bien cahoté, mais il ne me reproche rien.
C’est merveilleux comme il est bon et patient avec moi :
il me laisse le temps de saluer la ravissante ânesse de Balaam,
de rêver devant un champ de lavande,
d’oublier même que je le porte.
J’avance, en silence.
C’est fou comme on se comprend sans parler ;
d’ailleurs, je n’entends pas trop quand il me souffle des mots à l’oreille.
La seule parole de lui que j’ai comprise semblait être pour moi tout seul
et je puis témoigner de sa vérité : » Mon joug est facile à porter et mon fardeau léger. » (Mt 11,30).
C’est comme, foi d’animal, quand je portais allègrement sa mère vers Bethléem, un soir de Noël.
Jules Supervielle, le poète ami des ânes, l’a bien deviné :
»elle pesait peu, n’étant occupée que de l’avenir en elle ».
J’avance, dans la joie.
Quand je veux chanter ses louanges,
je fais un boucan de tous les diables, je chante faux.
Lui, alors, il rit de bon cœur, d’un rire qui transforme
les ornières en piste de danse
et mes sabots en sandales de vent.
Ces jours-là, je vous jure, on en fait du chemin !
J’avance, j’avance comme un âne
qui porte le Christ sur son dos.
Cardinal Etchegaray (†)
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[1]. Mais on voit mal comment Jésus aurait pu être assis sur les deux à la fois (Mt 21,7) !…
PROCESSION DES RAMEAUX
Évangile
« Béni soit celui qui vient au nom du Seigneur ! » (Mc 11, 1-10)
Évangile de Jésus Christ selon saint Marc
Lorsqu’ils approchent de Jérusalem, vers Bethphagé et Béthanie, près du mont des Oliviers, Jésus envoie deux de ses disciples et leur dit : « Allez au village qui est en face de vous. Dès que vous y entrerez, vous trouverez un petit âne attaché, sur lequel personne ne s’est encore assis. Détachez-le et amenez-le. Si l’on vous dit : ‘Que faites-vous là ?’, répondez : ‘Le Seigneur en a besoin, mais il vous le renverra aussitôt.’ » Ils partirent, trouvèrent un petit âne attaché près d’une porte, dehors, dans la rue, et ils le détachèrent. Des gens qui se trouvaient là leur demandaient : « Qu’avez-vous à détacher cet ânon ? » Ils répondirent ce que Jésus leur avait dit, et on les laissa faire. Ils amenèrent le petit âne à Jésus, le couvrirent de leurs manteaux, et Jésus s’assit dessus. Alors, beaucoup de gens étendirent leurs manteaux sur le chemin, d’autres, des feuillages coupés dans les champs. Ceux qui marchaient devant et ceux qui suivaient criaient : « Hosanna ! Béni soit celui qui vient au nom du Seigneur ! Béni soit le Règne qui vient, celui de David, notre père. Hosanna au plus haut des cieux ! »
MESSE DE LA PASSION
PREMIÈRE LECTURE
« Je n’ai pas caché ma face devant les outrages, je sais que je ne serai pas confondu » (Is 50, 4-7)
Lecture du livre du prophète Isaïe
Le Seigneur mon Dieu m’a donné le langage des disciples, pour que je puisse, d’une parole, soutenir celui qui est épuisé. Chaque matin, il éveille, il éveille mon oreille pour qu’en disciple, j’écoute. Le Seigneur mon Dieu m’a ouvert l’oreille, et moi, je ne me suis pas révolté, je ne me suis pas dérobé. J’ai présenté mon dos à ceux qui me frappaient, et mes joues à ceux qui m’arrachaient la barbe. Je n’ai pas caché ma face devant les outrages et les crachats. Le Seigneur mon Dieu vient à mon secours ; c’est pourquoi je ne suis pas atteint par les outrages, c’est pourquoi j’ai rendu ma face dure comme pierre : je sais que je ne serai pas confondu.
PSAUME
(21 (22), 8-9, 17-18a, 19-20, 22c-24a)
R/ Mon Dieu, mon Dieu, pourquoi m’as-tu abandonné ? (21, 2a)
Tous ceux qui me voient me bafouent,
ils ricanent et hochent la tête :
« Il comptait sur le Seigneur : qu’il le délivre !
Qu’il le sauve, puisqu’il est son ami ! »
Oui, des chiens me cernent,
une bande de vauriens m’entoure.
Ils me percent les mains et les pieds ;
je peux compter tous mes os.
Ils partagent entre eux mes habits
et tirent au sort mon vêtement.
Mais toi, Seigneur, ne sois pas loin :
ô ma force, viens vite à mon aide !
Tu m’as répondu !
Et je proclame ton nom devant mes frères,
je te loue en pleine assemblée.
Vous qui le craignez, louez le Seigneur.
DEUXIÈME LECTURE
« Il s’est abaissé : c’est pourquoi Dieu l’a exalté » (Ph 2, 6-11)
Lecture de la lettre de Saint Paul apôtre aux Philippiens
Le Christ Jésus, ayant la condition de Dieu, ne retint pas jalousement le rang qui l’égalait à Dieu.
Mais il s’est anéanti, prenant la condition de serviteur, devenant semblable aux hommes.
Reconnu homme à son aspect, il s’est abaissé, devenant obéissant jusqu’à la mort, et la mort de la croix.
C’est pourquoi Dieu l’a exalté : il l’a doté du Nom qui est au-dessus de tout nom,
afin qu’au nom de Jésus tout genou fléchisse au ciel, sur terre et aux enfers,
et que toute langue proclame : « Jésus Christ est Seigneur » à la gloire de Dieu le Père.
ÉVANGILE
Passion de notre Seigneur Jésus Christ (Mc 14, 1 – 15, 47)
Gloire et louange à toi, Seigneur Jésus !
Pour nous, le Christ est devenu obéissant, jusqu’à la mort, et la mort de la croix. C’est pourquoi Dieu l’a exalté : il l’a doté du Nom qui est au-dessus de tout nom.
Gloire et louange à toi, Seigneur Jésus ! (cf. Ph 2, 8-9)
La Passion de notre Seigneur Jésus Christ selon saint Marc
Indications pour la lecture dialoguée : Les sigles désignant les divers interlocuteurs son les suivants :
X = Jésus ; L = Lecteur ; D = Disciples et amis ; F = Foule ; A = Autres personnages.
L. La fête de la Pâque et des pains sans levain allait avoir lieu deux jours après. Les grands prêtres et les scribes cherchaient comment arrêter Jésus par ruse, pour le faire mourir. Car ils se disaient : A. « Pas en pleine fête, pour éviter des troubles dans le peuple. »
L. Jésus se trouvait à Béthanie, dans la maison de Simon le lépreux. Pendant qu’il était à table, une femme entra, avec un flacon d’albâtre contenant un parfum très pur et de grande valeur. Brisant le flacon, elle lui versa le parfum sur la tête. Or, de leur côté, quelques-uns s’indignaient : A. « À quoi bon gaspiller ce parfum ? On aurait pu, en effet, le vendre pour plus de trois cents pièces d’argent, que l’on aurait données aux pauvres. » L. Et ils la rudoyaient. Mais Jésus leur dit : X « Laissez-la ! Pourquoi la tourmenter ? Il est beau, le geste qu’elle a fait envers moi. Des pauvres, vous en aurez toujours avec vous, et, quand vous le voulez, vous pouvez leur faire du bien ; mais moi, vous ne m’avez pas pour toujours. Ce qu’elle pouvait faire, elle l’a fait. D’avance elle a parfumé mon corps pour mon ensevelissement. Amen, je vous le dis : partout où l’Évangile sera proclamé – dans le monde entier –, on racontera, en souvenir d’elle, ce qu’elle vient de faire. »
L. Judas Iscariote, l’un des Douze, alla trouver les grands prêtres pour leur livrer Jésus. À cette nouvelle, ils se réjouirent et promirent de lui donner de l’argent. Et Judas cherchait comment le livrer au moment favorable.
Le premier jour de la fête des pains sans levain, où l’on immolait l’agneau pascal, les disciples de Jésus lui disent : D. « Où veux-tu que nous allions faire les préparatifs pour que tu manges la Pâque ? » L. Il envoie deux de ses disciples en leur disant : X « Allez à la ville ; un homme portant une cruche d’eau viendra à votre rencontre. Suivez-le, et là où il entrera, dites au propriétaire : ‘Le Maître te fait dire : Où est la salle où je pourrai manger la Pâque avec mes disciples ?’ Il vous indiquera, à l’étage, une grande pièce aménagée et prête pour un repas. Faites-y pour nous les préparatifs. » L. Les disciples partirent, allèrent à la ville ; ils trouvèrent tout comme Jésus leur avait dit, et ils préparèrent la Pâque.
Le soir venu, Jésus arrive avec les Douze. Pendant qu’ils étaient à table et mangeaient, Jésus déclara : X « Amen, je vous le dis : l’un de vous, qui mange avec moi, va me livrer. » L. Ils devinrent tout tristes et, l’un après l’autre, ils lui demandaient : D. « Serait-ce moi ? » L. Il leur dit : X « C’est l’un des Douze, celui qui est en train de se servir avec moi dans le plat. Le Fils de l’homme s’en va, comme il est écrit à son sujet ; mais malheureux celui par qui le Fils de l’homme est livré ! Il vaudrait mieux pour lui qu’il ne soit pas né, cet homme-là ! » L. Pendant le repas, Jésus, ayant pris du pain et prononcé la bénédiction, le rompit, le leur donna, et dit : X « Prenez, ceci est mon corps. » L. Puis, ayant pris une coupe et ayant rendu grâce, il la leur donna, et ils en burent tous. Et il leur dit : X « Ceci est mon sang, le sang de l’Alliance, versé pour la multitude. Amen, je vous le dis : je ne boirai plus du fruit de la vigne, jusqu’au jour où je le boirai, nouveau, dans le royaume de Dieu. »
L. Après avoir chanté les psaumes, ils partirent pour le mont des Oliviers. Jésus leur dit : X « Vous allez tous être exposés à tomber, car il est écrit : Je frapperai le berger,et les brebis seront dispersées. Mais, une fois ressuscité, je vous précéderai en Galilée. » L. Pierre lui dit alors : D. « Même si tous viennent à tomber, moi, je ne tomberai pas. » L. Jésus lui répond : X « Amen, je te le dis : toi, aujourd’hui, cette nuit même, avant que le coq chante deux fois, tu m’auras renié trois fois. » L. Mais lui reprenait de plus belle : D. « Même si je dois mourir avec toi, je ne te renierai pas. » L. Et tous en disaient autant.
Ils parviennent à un domaine appelé Gethsémani. Jésus dit à ses disciples : X « Asseyez-vous ici, pendant que je vais prier. » L. Puis il emmène avec lui Pierre, Jacques et Jean, et commence à ressentir frayeur et angoisse. Il leur dit : X « Mon âme est triste à mourir. Restez ici et veillez. » L. Allant un peu plus loin, il tombait à terre et priait pour que, s’il était possible, cette heure s’éloigne de lui. Il disait : X « Abba… Père, tout est possible pour toi. Éloigne de moi cette coupe. Cependant, non pas ce que moi, je veux, mais ce que toi, tu veux ! » L. Puis il revient et trouve les disciples endormis. Il dit à Pierre : X « Simon, tu dors ! Tu n’as pas eu la force de veiller seulement une heure ? Veillez et priez, pour ne pas entrer en tentation ; l’esprit est ardent, mais la chair est faible. » L. De nouveau, il s’éloigna et pria, en répétant les mêmes paroles. Et de nouveau, il vint près des disciples qu’il trouva endormis, car leurs yeux étaient alourdis de sommeil. Et eux ne savaient que lui répondre. Une troisième fois, il revient et leur dit : X « Désormais, vous pouvez dormir et vous reposer. C’est fait ; l’heure est venue : voici que le Fils de l’homme est livré aux mains des pécheurs. Levez-vous ! Allons ! Voici qu’il est proche, celui qui me livre. »
L. Jésus parlait encore quand Judas, l’un des Douze, arriva et avec lui une foule armée d’épées et de bâtons, envoyée par les grands prêtres, les scribes et les anciens. Or, celui qui le livrait leur avait donné un signe convenu : D. « Celui que j’embrasserai, c’est lui : arrêtez-le, et emmenez-le sous bonne garde. » L. À peine arrivé, Judas, s’approchant de Jésus, lui dit : D. « Rabbi ! » L. Et il l’embrassa. Les autres mirent la main sur lui et l’arrêtèrent. Or un de ceux qui étaient là tira son épée, frappa le serviteur du grand prêtre et lui trancha l’oreille. Alors Jésus leur déclara : X « Suis-je donc un bandit, pour que vous soyez venus vous saisir de moi, avec des épées et des bâtons ? Chaque jour, j’étais auprès de vous dans le Temple en train d’enseigner, et vous ne m’avez pas arrêté. Mais c’est pour que les Écritures s’accomplissent. » L. Les disciples l’abandonnèrent et s’enfuirent tous. Or, un jeune homme suivait Jésus ; il n’avait pour tout vêtement qu’un drap. On essaya de l’arrêter. Mais lui, lâchant le drap, s’enfuit tout nu.
Ils emmenèrent Jésus chez le grand prêtre. Ils se rassemblèrent tous, les grands prêtres, les anciens et les scribes. Pierre avait suivi Jésus à distance, jusqu’à l’intérieur du palais du grand prêtre, et là, assis avec les gardes, il se chauffait près du feu. Les grands prêtres et tout le Conseil suprême cherchaient un témoignage contre Jésus pour le faire mettre à mort, et ils n’en trouvaient pas. De fait, beaucoup portaient de faux témoignages contre Jésus, et ces témoignages ne concordaient pas. Quelques-uns se levèrent pour porter contre lui ce faux témoignage : A. « Nous l’avons entendu dire : ‘Je détruirai ce sanctuaire fait de main d’homme, et en trois jours j’en rebâtirai un autre qui ne sera pas fait de main d’homme.’ » L. Et même sur ce point, leurs témoignages n’étaient pas concordants. Alors s’étant levé, le grand prêtre, devant tous, interrogea Jésus : A. « Tu ne réponds rien ? Que dis-tu des témoignages qu’ils portent contre toi ? » L. Mais lui gardait le silence et ne répondait rien. Le grand prêtre l’interrogea de nouveau : A. « Es-tu le Christ, le Fils du Dieu béni ? » L. Jésus lui dit : X « Je le suis. Et vous verrez le Fils de l’homme siéger à la droite du Tout-Puissant, et venir parmi les nuées du ciel. » L. Alors, le grand prêtre déchire ses vêtements et dit : A. « Pourquoi nous faut-il encore des témoins ? Vous avez entendu le blasphème. Qu’en pensez-vous ? » L. Tous prononcèrent qu’il méritait la mort. Quelques-uns se mirent à cracher sur lui, couvrirent son visage d’un voile, et le giflèrent, en disant : F. « Fais le prophète ! » L. Et les gardes lui donnèrent des coups.
Comme Pierre était en bas, dans la cour, arrive une des jeunes servantes du grand prêtre. Elle voit Pierre qui se chauffe, le dévisage et lui dit : A. « Toi aussi, tu étais avec Jésus de Nazareth ! » L. Pierre le nia : D. « Je ne sais pas, je ne comprends pas de quoi tu parles. » L. Puis il sortit dans le vestibule, au dehors. Alors un coq chanta. La servante, ayant vu Pierre, se mit de nouveau à dire à ceux qui se trouvaient là : A. « Celui-ci est l’un d’entre eux ! » L. De nouveau, Pierre le niait. Peu après, ceux qui se trouvaient là lui disaient à leur tour : F. « Sûrement tu es l’un d’entre eux ! D’ailleurs, tu es Galiléen. » L. Alors il se mit à protester violemment et à jurer : D. « Je ne connais pas cet homme dont vous parlez. » L. Et aussitôt, pour la seconde fois, un coq chanta. Alors Pierre se rappela cette parole que Jésus lui avait dite : « Avant que le coq chante deux fois, tu m’auras renié trois fois. » Et il fondit en larmes.
L. Dès le matin, les grands prêtres convoquèrent les anciens et les scribes, et tout le Conseil suprême. Puis, après avoir ligoté Jésus, ils l’emmenèrent et le livrèrent à Pilate. Celui-ci l’interrogea : A. « Es-tu le roi des Juifs ? » Jésus répondit : X « C’est toi-même qui le dis. » L. Les grands prêtres multipliaient contre lui les accusations. Pilate lui demanda à nouveau : A. « Tu ne réponds rien ? Vois toutes les accusations qu’ils portent contre toi. » L. Mais Jésus ne répondit plus rien, si bien que Pilate fut étonné. À chaque fête, il leur relâchait un prisonnier, celui qu’ils demandaient. Or, il y avait en prison un dénommé Barabbas, arrêté avec des émeutiers pour un meurtre qu’ils avaient commis lors de l’émeute. La foule monta donc chez Pilate, et se mit à demander ce qu’il leur accordait d’habitude. Pilate leur répondit : A. « Voulez-vous que je vous relâche le roi des Juifs ? » L. Il se rendait bien compte que c’était par jalousie que les grands prêtres l’avaient livré. Ces derniers soulevèrent la foule pour qu’il leur relâche plutôt Barabbas. Et comme Pilate reprenait : A. « Que voulez-vous donc que je fasse de celui que vous appelez le roi des Juifs ? », L. de nouveau ils crièrent : F. « Crucifie-le ! » L. Pilate leur disait : A. « Qu’a-t-il donc fait de mal ? » L. Mais ils crièrent encore plus fort : F. « Crucifie-le ! » L. Pilate, voulant contenter la foule, relâcha Barabbas et, après avoir fait flageller Jésus, il le livra pour qu’il soit crucifié.
Les soldats l’emmenèrent à l’intérieur du palais, c’est-à-dire dans le Prétoire. Alors ils rassemblent toute la garde, ils le revêtent de pourpre, et lui posent sur la tête une couronne d’épines qu’ils ont tressée. Puis ils se mirent à lui faire des salutations, en disant : F. « Salut, roi des Juifs ! » L. Ils lui frappaient la tête avec un roseau, crachaient sur lui, et s’agenouillaient pour lui rendre hommage. Quand ils se furent bien moqués de lui, ils lui enlevèrent le manteau de pourpre, et lui remirent ses vêtements.
Puis, de là, ils l’emmènent pour le crucifier, et ils réquisitionnent, pour porter sa croix, un passant, Simon de Cyrène, le père d’Alexandre et de Rufus, qui revenait des champs. Et ils amènent Jésus au lieu dit Golgotha, ce qui se traduit : Lieu-du-Crâne (ou Calvaire). Ils lui donnaient du vin aromatisé de myrrhe ; mais il n’en prit pas. Alors ils le crucifient, puis se partagent ses vêtements, en tirant au sort pour savoir la part de chacun. C’était la troisième heure (c’est-à-dire : neuf heures du matin) lorsqu’on le crucifia. L’inscription indiquant le motif de sa condamnation portait ces mots : « Le roi des Juifs ». Avec lui ils crucifient deux bandits, l’un à sa droite, l’autre à sa gauche. Les passants l’injuriaient en hochant la tête ; ils disaient : F. « Hé ! toi qui détruis le Sanctuaire et le rebâtis en trois jours, sauve-toi toi-même, descends de la croix ! » L. De même, les grands prêtres se moquaient de lui avec les scribes, en disant entre eux : A. « Il en a sauvé d’autres, et il ne peut pas se sauver lui-même ! Qu’il descende maintenant de la croix, le Christ, le roi d’Israël ; alors nous verrons et nous croirons. » L. Même ceux qui étaient crucifiés avec lui l’insultaient.
Quand arriva la sixième heure (c’est-à-dire : midi), l’obscurité se fit sur toute la terre jusqu’à la neuvième heure. Et à la neuvième heure, Jésus cria d’une voix forte : X « Éloï, Éloï, lema sabactani ? », L. ce qui se traduit : X « Mon Dieu, mon Dieu, pourquoi m’as-tu abandonné ? » L. L’ayant entendu, quelques-uns de ceux qui étaient là disaient : F. « Voilà qu’il appelle le prophète Élie ! » L. L’un d’eux courut tremper une éponge dans une boisson vinaigrée, il la mit au bout d’un roseau, et il lui donnait à boire, en disant : A. « Attendez ! Nous verrons bien si Élie vient le descendre de là ! » L. Mais Jésus, poussant un grand cri, expira.
(Ici on fléchit le genou et on s’arrête un instant)
Le rideau du Sanctuaire se déchira en deux, depuis le haut jusqu’en bas. Le centurion qui était là en face de Jésus, voyant comment il avait expiré, déclara : A. « Vraiment, cet homme était Fils de Dieu ! »
L. Il y avait aussi des femmes, qui observaient de loin, et parmi elles, Marie Madeleine, Marie, mère de Jacques le Petit et de José, et Salomé, qui suivaient Jésus et le servaient quand il était en Galilée, et encore beaucoup d’autres, qui étaient montées avec lui à Jérusalem. Déjà il se faisait tard ; or, comme c’était le jour de la Préparation, qui précède le sabbat, Joseph d’Arimathie intervint. C’était un homme influent, membre du Conseil, et il attendait lui aussi le règne de Dieu. Il eut l’audace d’aller chez Pilate pour demander le corps de Jésus. Pilate s’étonna qu’il soit déjà mort ; il fit appeler le centurion, et l’interrogea pour savoir si Jésus était mort depuis longtemps. Sur le rapport du centurion, il permit à Joseph de prendre le corps. Alors Joseph acheta un linceul, il descendit Jésus de la croix, l’enveloppa dans le linceul et le déposa dans un tombeau qui était creusé dans le roc. Puis il roula une pierre contre l’entrée du tombeau.
Or, Marie Madeleine et Marie, mère de José, observaient l’endroit où on l’avait mis.
Patrick BRAUD