L'homélie du dimanche (prochain)

2 novembre 2023

Ni rabbi, ni père, ni maître : serviteur !

Classé sous Communauté spirituelle — lhomeliedudimanche @ 12 h 30 min

Ni rabbi, ni père, ni maître : serviteur !

Homélie pour le 31° Dimanche du temps ordinaire / Année A
05/11/2023

Cf. également :
Ils disent et ne font pas
Une autre gouvernance

L’Église et la modernité: sel de la terre ou lumière du monde ? 
Conjuguer le « oui » et le « non » de Dieu à notre monde

Ni rabbi, ni père, ni maître : serviteur ! dans Communauté spirituelle 69327_vod_thumb_318816-hd« Ni Dieu ni maître ! »
Ce slogan souvent tagué à la hâte sur les murs parisiens pendant les manifestations de rue a d’abord été le titre du journal fondé par Auguste Blanqui en 1880. Il résume la doctrine anarchiste du XIX° siècle : s’émanciper de la tutelle des religions et de l’État, pour laisser les citoyens s’organiser librement. On raconte qu’à cette devise Paul Claudel aurait répondu : « choisir Dieu est le seul moyen radical de n’avoir aucun maître »
Bien vu ! C’est un peu cette remise en place que Jésus opère dans notre Évangile (Mt 23,1-12) : ne donnez à personne le nom de rabbi/père/maître, car vous n’avez qu’un seul rabbi/Père/maître : Dieu, plus grand que tous les pouvoirs terrestres.

Le Christ ne se fait pas que des amis avec cette triple contestation de l’autorité, qui pourrait paraître anarchiste si elle ne recentrait pas en Dieu la source de toute autorité, fondement de la fraternité entre nous tous.

 

1. Ni rabbi : contestation de l’autorité religieuse
Qu’est-ce qu’un rabbi au temps de Jésus ? C’est un titre de respect, qui veut honorer la sagesse du rabbin. Son rôle est celui d’un juge, d’un arbitre dont la décision permet de se conformer à la Loi dans une situation inédite. Il s’appuie sur son interprétation de la Torah pour conseiller les juifs le questionnant sur ce qu’il convient de faire en telle ou telle circonstance. Par exemple, lorsque des juifs viennent trouver Jésus pour des questions d’héritage, ils le prennent pour un rabbi. Et cela ne lui plaît pas ! Il leur répond d’ailleurs vertement : « Qui donc m’a établi pour être votre juge ou l’arbitre de vos partages ? » (Lc 12,14).

L’objet de l’enseignement d’un rabbi est de trouver des solutions à des questions complexes concernant l’application de la Torah. En plus de la Bible, il se fonde sur les interprétations de ses prédécesseurs et sur leur jurisprudence. Un peu comme un juge du Tribunal des prud’hommes aujourd’hui en matière professionnelle. Son autorité ne repose que sur le respect qu’inspire sa science, indépendamment de son ascendance et de son passé. Sa consécration est de voir cette autorité reconnue par ses pairs et par les étudiants qui souhaitent apprendre auprès de lui avant d’enseigner à leur tour.

Rabbi Mennachem Mendel Schneerson Le Rabbi de LoubavitchDans le hassidisme contemporain, le rabbin est un « nassi », c’est-à-dire un chef guidant ses disciples, selon la définition du rabbi de Loubavitch : « Un nassi, au sens large, est un ‘chef des multitudes d’Israël’ [1]. Il est leur ‘tête’ et leur ‘cerveau’, leur source de vie et de vitalité. À travers leur attachement à lui, ils sont liés et unis avec leur source suprême en haut ». « Chacun et chacune d’entre nous doit savoir – c’est-à-dire méditer profondément et implanter dans son esprit – que le rabbi est notre nassi et notre tête : qu’il est la source et le canal pour tous nos besoins matériels et spirituels, et que c’est à travers notre lien avec lui que nous sommes liés et unis à notre source, et la source de notre source, jusqu’à notre source ultime en haut » (Lettre du 18 juin 1950).

Jésus conteste radicalement cet ascendant qu’un sage religieux pourrait obtenir sur ses disciples. D’ailleurs, dans l’Évangile de Matthieu, seul Judas utilise ce titre de rabbi pour désigner Jésus, signe qu’il se méprend sur son identité, sur sa mission, qu’il confond avec l’exercice habituel de l’autorité religieuse. Lors de la Cène, Judas demande qui doit aller livrer Jésus, ce qui dans son esprit correspond à une mission de médiation entre Jésus le Messie et les chefs juifs, pour s’unir afin de chasser les Romains hors d’Israël : « Judas, celui qui le livrait, prit la parole : ‘Rabbi, serait-ce moi ?’ Jésus lui répond : ‘C’est toi-même qui l’as dit !’ » (Mt 26,25). Et, dans le jardin des oliviers à Gethsémani, Judas embrasse sincèrement son ami en l’appelant rabbi, marque de son respect : « S’approchant de Jésus, il lui dit : ‘Salut, Rabbi !’ Et il l’embrassa. » (Mt 26,49).

Voilà pourquoi Jésus ne veut pas de ce titre de rabbi, qu’il réserve à Dieu seul. Si on attribue ce titre à un humain – fut-il le plus sage des hommes – la domination n’est pas loin, sous couvert d’autorité religieuse.

N’est-ce pas ce qui se produisit à la Pentecôte ? L’ancienne prophétie de Joël s’accomplissait enfin : « Je répandrai mon Esprit sur tout être de chair, vos fils et vos filles prophétiseront, vos anciens seront instruits par des songes, et vos jeunes gens par des visions. Même sur les serviteurs et sur les servantes je répandrai mon Esprit en ces jours-là » (Jl 3,1-2). Pierre constatait alors (Ac 2,14-22) que l’Esprit de Dieu fait naître ce peuple où tous sont prêtres, prophètes et rois (cf. rituel de l’onction d’huile du baptême). Ceux qui voudraient s’arroger l’exclusivité de cette triple onction baptismale commettent un véritable « péché contre l’Esprit ».
Jean confirme que cette démocratisation de l’Esprit s’opère par l’onction baptismale : « L’onction que vous avez reçue de lui demeure en vous, et vous n’avez pas besoin d’enseignement. Cette onction vous enseigne toutes choses, elle qui est vérité et non pas mensonge ; et, selon ce qu’elle vous a enseigné, vous demeurez en lui » (1 Jn 2,27).
Pas  besoin d’être enseignés à la manière humaine donc : l’Esprit est notre rabbi intérieur. Pourquoi se soumettre au prestige des titres, des diplômes, des médailles en tous genres ?…

On voit combien cette radicale contestation de l’autorité religieuse des rabbis est nécessaire en tout siècle ! Les rabbis d’aujourd’hui pullulent, réclamant vénération, soumission et influence sociale.
Il faut étendre cette contestation évangélique aux imams, qui prétendent fixer les règles de pureté, du licite et de l’illicite, et plus encore les soi-disant imams autoproclamés qui sur Internet influencent des millions de jeunes followers avec des vidéos courtes, simplistes, terriblement légalistes et autoritaires.

L’autorité religieuse certes est nécessaire, mais elle ne doit jamais occulter sa source, lui faire écran en se perdant dans sa propre recherche de puissance. Parodiant Claudel, on pourrait dire que choisir Dieu est le seul moyen radical pour ne se laisser dominer par aucune institution religieuse, même la plus prestigieuse.

 

2. Ni père : contestation de l’autorité familiale
Le pater familias ches les latins
Cette fois-ci, c’est l’autorité familiale qui est remise en cause ! Pas n’importe laquelle : celle du pater familias, si puissante dans toutes les sociétés traditionnelles, patriarcales à l’excès. Le premier, Jésus n’a appelé personne Père sur cette terre. Il réservait ce titre à Dieu, la source de son existence, qu’il appelait d’ailleurs affectueusement abba c’est-à-dire papa, témoignant ainsi d’une intimité unique avec l’origine de toute vie.

De plus, Jésus n’a pas été tendre avec les liens du sang, dont il voyait bien les dérives mafieuses : « Qui est ma mère, et qui sont mes frères ? Étendant la main vers ses disciples, il dit : ‘Voici ma mère et mes frères. Car celui qui fait la volonté de mon Père qui est aux cieux, celui-là est pour moi un frère, une sœur, une mère’ » (Mt 12,46-50). La pauvre Marie a dû en être toutes retournée : se faire ainsi rembarrer devant tout le monde aurait pu l’humilier. Mais non : elle comprit que père ou mère ne sont pas des titres donnés par le sang, mais par la foi. Marie est mère parce qu’elle a cru, bien plus que parce qu’elle a accouché. Elle recevra Jean comme son fils au pied de la croix, car la famille dont parle Jésus n’est pas limitée à la génération.

Contester l’autorité patriarcale est encore une idée neuve en christianisme ! Il a fallu des siècles en Occident pour que les baptisés s’émancipent d’un modèle familial où le pater familias décide de tout, depuis les études jusqu’au mariage ou même la croyance de ses enfants ! Le clergé lui-même reproduisait cette domination patriarcale. Le patriarcat existe toujours en Afrique, en Asie ou ailleurs. La parole de Jésus est on ne peut plus claire : « vous n’avez qu’un seul Père, celui qui est aux cieux ». Mais les chrétiens ne prennent pas au sérieux ce qu’ils lisent…

Très vite, les ermites égyptiens, les supérieurs des abbayes ou les prêtres en paroisse se sont faits appeler : « Monsieur l’Abbé » (abba = papa) ou « Mon Père » (ce qui est pareil).
Faut-il récuser cet usage au nom de Mt 23,9 ?
Oui, s’il est le prétexte au cléricalisme, mal pernicieux qui ronge les Églises catholique et orthodoxe depuis des siècles.
Non, s’il renvoie humblement à l’unique paternité divine dont les prêtres peuvent être le symbole en contestant l’exclusivité de la paternité biologique.

Les jeunes prêtres en France reviennent à la soutane, aux dentelles, aux dorures liturgiques, comme si l’habit leur garantissait un statut à part. En octobre dernier, devant le Synode ébahi, le pape François a vertement critiqué ces mondanités cléricales : « Il suffit d’aller chez les tailleurs ecclésiastiques de Rome pour voir le scandale des jeunes prêtres essayant des soutanes et des chapeaux ou des aubes avec dentelle ! Le cléricalisme, c’est un fléau, c’est une forme de mondanité qui salit et qui abîme ».

ob_bcd4a6_pape-francois diacre dans Communauté spirituelleLe cléricalisme profite de l’ordination presbytérale pour transformer l’ancien (presbyter) en clerc, le pouvoir sacramentel en pouvoir de domination sur les laïcs etc. Le pape François ne cesse de répéter que le cléricalisme est à la source des maux les plus graves de l’Église actuelle :

« Cette mondanité spirituelle à l’intérieur de l’Église fait grandir une chose grossière : le cléricalisme, a poursuivi François. Le cléricalisme est une perversion de l’Église. C’est le cléricalisme qui crée la rigidité. Et sous chaque type de rigidité, il y a de la pourriture. Toujours » (Entretien diffusé dimanche 6 février 2022 à la télévision italienne).

« Le manque de conscience d’appartenir au peuple fidèle de Dieu comme serviteurs, et non pas comme maîtres, peut nous conduire à l’une des tentations qui porte le plus de préjudice au dynamisme missionnaire que nous sommes appelés à impulser : le cléricalisme qui est une caricature de la vocation reçue » (Rencontre du 6 janvier 2018).

Par contre, si appeler un prêtre « Mon Père » traduit une conception de la paternité plus grande que biologique, dont Dieu seul est la source, alors ce titre peut effectivement renvoyer à la reconnaissance de Dieu Père, plus haut que toutes les autres formes de paternité, familiale, sociale, ecclésiale, artistique etc.

 

3. Ni maître : contestation de l’autorité sociale
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Le mot maître traduit en français le mot grec καθηγητς (kathēgētēs), dont les 3 seules occurrences sont justement dans le passage d’évangile de ce dimanche. La liturgie dit « maîtres » ; la TOB : « Docteurs » ; la BJ et Louis Segond : « Directeurs », Chouraqui : « chefs ». On ne sait donc pas trop qui sont ces καθηγητς. Quoiqu’il en soit, on devine qu’il s’agit d’une position officielle, réputée savante, qui a le droit d’enseigner et de diriger.

Tout le contraire de ce que Jésus incarne ! Son enseignement est de renvoyer l’autre à lui-même, de l’inviter à remonter à sa source intérieure : le royaume de Dieu présent en chacun. Quand le Messie enseigne, on croirait voir et entendre Bernadette Soubirous à genoux dans la tutte aux cochons de Massabielle, dégageant la boue du rocher pour que la source puisse jaillir à nouveau au fond de la grotte…
Jésus – le Christ – conteste radicalement tout enseignement, toute direction (on dirait aujourd’hui : tout management), tout leadership qui aliène aurait lieu de libérer, qui rendrait dépendant au lieu d’autonomiser, qui infantiliserait au lieu d’éduquer.

Que ce soit au bureau, dans l’atelier, dans la paroisse ou l’association, nous croulons sous les petits chefs qui veulent exister sur le dos des autres. Déboulonner la statue du Commandeur qui préside encore à tant de secteurs de notre vie est l’œuvre en nous de l’Esprit de liberté, l’Esprit dont Jésus est l’Oint, « l’imbibé » par excellence plus que l’éponge immergée dans l’océan…
N’avoir que le Messie – le Christ – pour maître est vraiment le choix le plus radical pour n’avoir aucun maître…

 

4. Dieu premier servi !
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Car finalement, si nul ne peut usurper l’autorité religieuse, familiale ou sociale de Dieu, c’est que notre identité en Christ est diaconale : « le plus grand parmi vous sera votre serviteur (δικονος= diakonos) ». Jésus avait déjà indiqué cette voie de la diaconie à la mère de Jacques et Jean qui voulait voir ses deux enfants chéris en bonne place dans le ‘shadow-cabinet’ du Messie : « Jésus lui dit : ‘Que veux-tu ?’ Elle répondit : ‘Ordonne que mes deux fils que voici siègent, l’un à ta droite et l’autre à ta gauche, dans ton Royaume’ » (Mt 20,21). La réponse est cinglante : « Il leur dit : ‘Ma coupe, vous la boirez ; quant à siéger à ma droite et à ma gauche, ce n’est pas à moi de l’accorder ; il y a ceux pour qui cela est préparé par mon Père’ » (Mt 20,23). Et Jésus avait été obligé de le marteler au groupe des disciples qui le suivaient sur la route : « Jésus les appela et dit : Vous le savez : les chefs des nations les commandent en maîtres, et les grands font sentir leur pouvoir. Parmi vous, il ne devra pas en être ainsi : celui qui veut devenir grand parmi vous sera votre serviteur (δικονος) » (Mt 20,25–26).

Ici, Jésus nous invite à devenir diacre, chacun et tous. Il ne dit pas : il n’y a qu’un seul diacre, le Messie. Au contraire, il affirme que nous le sommes tous ! C’est peut-être le plus beau titre partagé par tous les chrétiens de par leur baptême : serviteur. Servir la vie, la croissance de l’autre, sa liberté, son autonomie… : tout le contraire du cléricalisme. Si dans l’Église quelques-uns sont ordonnés diacres, c’est pour rappeler à tous qu’ils sont appelés à devenir serviteurs.

Notre vocation diaconale est l’antidote aux dérives autoritaires stigmatisées par Jésus.
Idolâtrer l’autorité religieuse conduit au cléricalisme [2].
Idolâtrer la famille conduite à la mafia.
Idolâtrer l’autorité sociale conduit à la servitude volontaire.
Mais pratiquer le service rend libre comme Jésus : servir nous inspire comment nous agenouiller pour libérer en l’autre la source d’eau vive que l’Esprit fait jaillir en lui.

Et il en est du service comme de l’amour : le détour par Dieu est le plus court chemin vers l’autre, et le plus sûr. La devise de Jeanne d’Arc : « Dieu premier servi ! » nous garantit de servir les autres avec gratuité, désintéressement, en vérité, dès que nous plaçons le service de Dieu en clé de voûte de ce que nous construisons. Sinon, les serviteurs deviennent vite des mercenaires, des Wagner du pouvoir…

Diacres, nous le sommes à l’autel et dans l’assemblée, servant en nourriture à nos proches la Parole et la charité dont ils ont besoin pour vivre en plénitude.

Que la triple contestation de l’autorité humaine proclamée aujourd’hui par Jésus nous oblige à un examen de conscience honnête et rigoureux : quand suis-je rabbi/père/maître à la manière humaine et non diacre à la manière du Christ ?

 


[1]. Le mot « rav » qui a donné « rabbin », provient de la racine « R-B-B », qui dénote la grandeur ou la multitude. Il apparaît dans la Bible hébraïque lors de l’épisode de la sortie d’Égypte où il désigne l’Erev Rav, la Grande Multitude (ערב רב), les esclaves convertis qui suivaient les Enfants d’Israël.

[2]. « L’autre danger, qui est une tentation très forte et j’en ai parlé plusieurs fois, est le cléricalisme. Et celui-ci est très fort. Pensons qu’aujourd’hui, plus de 60% des paroisses n’ont pas de conseil pour les affaires économiques ni de conseil pastoral. Qu’est-ce que cela signifie ? Que cette paroisse et ce diocèse sont conduits dans un esprit clérical, uniquement par le prêtre, qui n’applique pas la synodalité paroissiale, la synodalité diocésaine, qui n’est pas une nouveauté de ce Pape. Non ! Cela figure dans le droit canonique, c’est une obligation qu’a le curé d’avoir le conseil des laïcs pour la pastorale et pour les affaires économiques. Et ils ne font pas cela. Et cela est le danger du cléricalisme aujourd’hui dans l’Église. Nous devons aller de l’avant et éliminer ce danger, car le prêtre est un serviteur de la communauté, l’évêque est un serviteur de la communauté, mais ce n’est pas le chef d’une entreprise. Non ! Cela est important » (Entretien du 12 mai 2016).

 

 

LECTURES DE LA MESSE

Première lecture
« Vous vous êtes écartés de la route, vous avez fait de la Loi une occasion de chute » (Ml 1, 14b – 2, 2b.8-10.

Lecture du livre du prophète Malachie
Je suis un grand roi – dit le Seigneur de l’univers –, et mon nom inspire la crainte parmi les nations. Maintenant, prêtres, à vous cet avertissement : Si vous n’écoutez pas, si vous ne prenez pas à cœur de glorifier mon nom – dit le Seigneur de l’univers –, j’enverrai sur vous la malédiction, je maudirai les bénédictions que vous prononcerez. Vous vous êtes écartés de la route, vous avez fait de la Loi une occasion de chute pour la multitude, vous avez détruit mon alliance avec mon serviteur Lévi, – dit le Seigneur de l’univers. À mon tour je vous ai méprisés, abaissés devant tout le peuple, puisque vous n’avez pas gardé mes chemins, mais agi avec partialité dans l’application de la Loi. Et nous, n’avons-nous pas tous un seul Père ? N’est-ce pas un seul Dieu qui nous a créés ? Pourquoi nous trahir les uns les autres, profanant ainsi l’Alliance de nos pères ?

Psaume
(Ps 130 (131), 1, 2, 3)
R/ Garde mon âme dans la paix près de toi, Seigneur.

Seigneur, je n’ai pas le cœur fier ni le regard ambitieux ;
je ne poursuis ni grands desseins,
ni merveilles qui me dépassent.

Non, mais je tiens mon âme égale et silencieuse ;
mon âme est en moi comme un enfant,
comme un petit enfant contre sa mère.

Attends le Seigneur, Israël, maintenant et à jamais.

Deuxième lecture
« Nous aurions voulu vous donner non seulement l’Évangile de Dieu, mais même nos propres vies » (1 Th 2, 7b-9.13)

Lecture de la première lettre de saint Paul apôtre aux Thessaloniciens
Frères, nous avons été pleins de douceur avec vous, comme une mère qui entoure de soins ses nourrissons. Ayant pour vous une telle affection, nous aurions voulu vous donner non seulement l’Évangile de Dieu, mais jusqu’à nos propres vies, car vous nous étiez devenus très chers. Vous vous rappelez, frères, nos peines et nos fatigues : c’est en travaillant nuit et jour, pour n’être à la charge d’aucun d’entre vous, que nous vous avons annoncé l’Évangile de Dieu. Et voici pourquoi nous ne cessons de rendre grâce à Dieu : quand vous avez reçu la parole de Dieu que nous vous faisions entendre, vous l’avez accueillie pour ce qu’elle est réellement, non pas une parole d’hommes, mais la parole de Dieu qui est à l’œuvre en vous, les croyants.

Évangile
« Ils disent et ne font pas » (Mt 23, 1-12)
Alléluia. Alléluia. Vous n’avez qu’un seul Père, celui qui est aux cieux ; vous n’avez qu’un seul maître, le Christ. Alléluia. (cf. Mt 23, 9b.10b)

Évangile de Jésus Christ selon saint Matthieu
En ce temps-là, Jésus s’adressa aux foules et à ses disciples, et il déclara : « Les scribes et les pharisiens enseignent dans la chaire de Moïse. Donc, tout ce qu’ils peuvent vous dire, faites-le et observez-le. Mais n’agissez pas d’après leurs actes, car ils disent et ne font pas. Ils attachent de pesants fardeaux, difficiles à porter, et ils en chargent les épaules des gens ; mais eux-mêmes ne veulent pas les remuer du doigt. Toutes leurs actions, ils les font pour être remarqués des gens : ils élargissent leurs phylactères et rallongent leurs franges ; ils aiment les places d’honneur dans les dîners, les sièges d’honneur dans les synagogues et les salutations sur les places publiques ; ils aiment recevoir des gens le titre de rabbi.
Pour vous, ne vous faites pas donner le titre de rabbi (ῥ
αββ= rhabbi), car vous n’avez qu’un seul maître pour vous enseigner, et vous êtes tous frères.
Ne donnez à personne sur terre le nom de père (
πατρ= patēr), car vous n’avez qu’un seul Père, celui qui est aux cieux.
Ne vous faites pas non plus donner le titre de maîtres (
καθηγητς= kathēgētēs), car vous n’avez qu’un seul maître, le Christ.
Le plus grand parmi vous sera votre serviteur (διάκονος = diakonos). Qui s’élèvera sera abaissé, qui s’abaissera sera élevé. »
Patrick BRAUD

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10 janvier 2021

La relation maître-disciple

Classé sous Communauté spirituelle — lhomeliedudimanche @ 12 h 30 min

La relation maître-disciple

Homélie pour le 2° dimanche du Temps Ordinaire / Année B
17/01/2021

Cf. également :

Alors Clarice, les agneaux se sont tus ?
Révéler le mystère de l’autre
Quel Éli élirez-vous ?
Pour une vie inspirée
Libres ricochets…
L’agneau mystique de Van Eyck

Apophtegme, apophtegme…

La relation maître-disciple dans Communauté spirituelle 81RLnwEvG1LUn jour, des anciens viennent voir Abba Antoine. Abba Joseph est avec eux. Abba Antoine veut les mettre à l’épreuve. Alors il leur donne une parole de la Bible. Abba Antoine interroge d’abord les plus jeunes. Il leur demande : « Que veut dire cette parole ?  » Chacun explique le mieux possible. Mais Abba Antoine dit à chacun : « Non, tu n’as pas trouvé ». Abba Joseph est le dernier qui doit répondre ; l’ancien lui dit : « Et toi, Abba Joseph, comment expliques-tu cette parole de la Bible ?  » Il répond : « Je ne sais pas ». Alors Abba Antoine dit : « Vraiment, Abba Joseph a trouvé le vrai chemin. En effet, il a dit : « Je ne sais pas ».

De telles anecdotes fourmillent par centaines dans l’histoire des premiers siècles. On appelle apophtegmes (du grec ancien ἀπόφθεγμα / apóphthegma : précepte, sentence) ces paroles étonnantes, souvent paradoxales, par lesquelles les Pères du désert délivraient un enseignement spirituel inoubliable. Ici, c’est la confession de non-savoir qui est louée par Abba Antoine : celui qui sait ignorer s’est ouvert au progrès spirituel, mieux que ceux qui prétendent déjà savoir. Le peuple était friand de ces apophtegmes : il courait au désert entendre les maîtres spirituels qui avaient fui la mondanité du christianisme urbain de l’époque. Il se mettait à leur école. Il demeurait des heures, des jours, des mois en leur compagnie au désert pour avancer grâce à eux sur le chemin de la sainteté intérieure.

Cette relation maître-disciple est constitutive du christianisme comme du judaïsme. Le Talmud déclare explicitement : « quiconque apprend par lui-même n’est pas comparable à qui reçoit l’enseignement d’un maître«  (Traité des Pères).   

Impossible de grandir sans s’appuyer sur plus grand que soi.
Jésus a tout de suite été perçu comme un rabbi à nul autre pareil. L’évangile de ce dimanche en témoigne (Jn 1, 35-42) : 

« En ce temps-là, Jean le Baptiste se trouvait avec deux de ses disciples. Posant son regard sur Jésus qui allait et venait, il dit : « Voici l’Agneau de Dieu. » Les deux disciples entendirent ce qu’il disait, et ils suivirent Jésus. Se retournant, Jésus vit qu’ils le suivaient, et leur dit : « Que cherchez-vous ? » Ils lui répondirent : « Rabbi – ce qui veut dire : Maître –, où demeures-tu ? » Il leur dit : « Venez, et vous verrez. » Ils allèrent donc, ils virent où il demeurait, et ils restèrent auprès de lui ce jour-là. »

Est rabbi celui que des disciples appellent ainsi, car nul ne s’autoproclame maître. Est  disciple celui qui s’attache à son maître pour apprendre de lui par ses gestes, sa vie et ses paroles. La relation qui existe entre les deux – aujourd’hui encore – est empreinte de respect mutuel, de pédagogie, avec des responsabilités asymétriques : nourrir le disciple d’un côté, suivre le maître de l’autre. Certes, Jésus conseillera de ne pas abuser de ce titre comme de tant d’autres : « Ne vous faites pas appeler ‘rabbi’, car un seul est votre maître, et vous êtes tous frères » (Mt 23, 9). Jésus veut dire par là que le Maître ne doit pas s’enorgueillir de sa fonction comme les pharisiens le font, il doit en quelque sorte l’oublier en se comportant comme un serviteur; mais même en ce cas, sa fonction n’en est pas moins réelle. Du point de vue du disciple, cette même vertu d’humilité l’amène à vénérer le maître, pratiquement malgré les résistances de ce dernier.

 

Passer du « quoi ? » au « où ? »

41HOokTixBL._SX322_BO1,204,203,200_ apophtegme dans Communauté spirituelleUn indice de cette quête spirituelle dans notre texte d’évangile est la réponse de Jean et André. Jésus leur demande : que cherchez-vous ? Avec finesse, ils ne décrivent pas un objet à acquérir (le savoir, la sagesse, le bonheur). Ils répondent par une autre question : où demeures-tu ? Ils deviennent ainsi disciples par le fait de passer du « quoi ? » au « où ? ». Ce qu’ils désirent n’est pas l’acquisition de quelque chose, ni même l’imitation de ce qu’il faudrait faire, mais la possibilité de demeurer avec Jésus, d’habiter son lieu.

Marie-Madeleine fera le même passage le matin de Pâques (Jn 20). Lorsqu’on lui demande : « que cherches-tu ? », elle ne répond pas : « le corps de mon ami » mais : « où l’avez-vous mis ? »

Dans les deux cas, le lieu où est Jésus est un non-lieu. Jean, André et Pierre vont découvrir qu’il n’a pas une pierre où reposer sa tête. Ils accepteront de tout quitter pour être avec lui sur les chemins de Palestine et de Judée. Jésus habite donc un non-lieu qui est l’itinérance. Pour devenir ses disciples, André, Jean et Pierre accepteront d’habiter ce non-lieu, découvrant que le fait d’être en mouvement est plus important que d’acquérir un savoir figé. Au matin de Pâques, le non-lieu de Jésus est le monde de la résurrection : Marie-Madeleine quitte le tombeau pour revenir vers l’Église et devenir ainsi disciple du Ressuscité plus que l’amie du mort.

Dans les deux cas, passer du « quoi ? » au « où ? » marque la condition du disciple qui suit son maître. En termes contemporains, on dirait aujourd’hui qu’il passe du savoir à l’être-avec, du savoir-faire au savoir-être.

 

Mais quels sont vos maîtres ?

51F-AGKZVoL discipleSuivre un maître, devenir disciple d’un rabbi est alors un cheminement dont les Évangiles retracent quelques étapes : l’admiration, l’étonnement, l’incompréhension, la fidélité, l’infidélité, le courage, la lâcheté, l’envie d’imiter qui se transforme en responsabilité d’innover etc. Retenons pour l’instant le moment initial au bord du Jourdain, avec Jean-Baptiste qui désigne l’Agneau de Dieu pour que d’autres le suivent.

La transposition à notre propre cheminement est facile à faire : quels maîtres avez-vous choisi dans votre vie ? (professionnelle, amicale, familiale…) ? Qui vous les a désignés ? Avez-vous cherché ils demeurent ? Vous êtes-vous contentés d’acquérir quelques connaissances suffisantes pour réussir plus ou moins ?

Demandez autour de vous, au travail notamment : il n’est pas rare qu’un collègue puisse citer quelqu’un qui l’a fortement impressionné et influencé dans sa carrière et son évolution professionnelle.

Depuis 1968 environ, notre époque n’aime pas les maîtres, les rabbis. « Ni dieu ni maître » : ce slogan sur les murs de Paris a fait croire des générations qu’il vaudrait mieux se débarrasser des modèles, aliénants, encombrants, paternalistes, étouffants. Des pédagogies nouvelles ont parié sur ce que chacun porte en lui plus que ce sur ce que d’autres pourraient lui apporter. La soif d’égalité a déboulonné les statues (et c’était parfois bien utile !). On ne parle plus de maîtres, mais d’éducateurs. Plus de cours magistraux, mais des ateliers participatifs où chacun est censé apprendre par lui-même. Les livres ne sont plus les relais entre générations, avantageusement remplacés par les réseaux sociaux où l’autorité se compte en like et en followers. Le père spirituel cède la place au coach, au développement personnel où chacun est censé être son propre maître.

Dans la droite ligne des rabbis juifs, l’Église a pourtant inventé pour chaque siècle les maîtres qui convenaient pour servir le peuple : les Pères du désert (en Égypte à partir du III° siècle), puis les Pères de l’Église (Augustin, Jean Chrysostome, Grégoire de Nysse…). Au Moyen Âge, les saints et saintes innombrables ont pris le relais, sources d’inspiration pour des multitudes de chrétiens. Les mystiques ont ensuite incarné des écoles spirituelles toujours vivantes (François d’Assise, Eckhart, les béguines, Thérèse d’Avila…). En Orient, les starets continuent la lignée des Pères du désert, guides spirituels incontournables. Les monastères bénédictins et autres obédiences jouent toujours ce rôle pour une petite minorité en Occident. Dans le domaine profane, pendant des siècles les compagnons d’apprentissage ont cherché un maître pour devenir adultes dans leur art (Compagnons du Devoir, du Tour de France) ; les francs-maçons ont toujours élu un Maître pour leur loge etc.

Mais la modernité s’est chargée de disqualifier cet héritage au nom de l’individu et de sa liberté : on ne va pas se mettre à l’école d’un professeur, d’un penseur, d’un sage ! Ce serait retomber dans des liens de dépendance. De même on ne va pas reconnaître que quelqu’un est plus grand que soi : ce serait bafouer le principe d’égalité. Et l’on proclame que chacun possède en lui seul les solutions à ses problèmes, sinon ce serait contredire au principe d’immanence qui exclut l’altérité, l’extériorité.

Bref, notre époque a du mal avec les rabbis comme Jésus !

Cela rappelle la méthode prônée par Socrate, qui se vantait « d’accoucher » les esprits, c’est à dire de leur faire découvrir la vérité qu’ils portent en eux. La nécessité affirmée du maître, cette irruption extérieure qui s’impose à l’élève, est bien différente en effet de la maïeu­tique socratique. Celle-ci suppose que l’individu peut tout tirer de sa propre intériorité. Le « dialogue » socratique n’enseigne rien, il ne fait que rendre manifeste ce qui était déjà su dans les profondeurs de la conscience. L’accoucheur de l’esprit ne se propose pas de transmettre un savoir, encore moins de délivrer un message : son rôle consiste à éveiller, à réveiller l’individu de son amnésie. Il se refuse à professer; sa didactique consiste essentiellement à semer l’incertitude et, à provoquer la déstabilisation de son interlocuteur. Il conduit chacun à prendre conscience de la vérité qu’il porte en soi et de récupérer par lui-même un savoir latent. Drapé dans sa subjectivité, ne représentant que son individualité propre, il ne s’insère dans aucune tradition, ni sociale ni historique, et ne transmet aucun contenu positif. Utile pour éveiller quelqu’un à ses potentialités, la maïeutique et ses avatars récents ne peuvent suffire à apporter à une jeune pousse de quoi grandir en se hissant sur les épaules de ses prédécesseurs. Le succès des conférences TEDX par exemple montre bien que le besoin d’apports extérieurs est vital pour progresser.

Insidieusement, cette croyance en l’inutilité des maîtres favorise la prise de pouvoir par de pseudos gourous ou nouveaux maîtres à penser (les médias, les GAFAM, Twitter, la Doxa communément admise etc.) qui savent exploiter la soif de modèles perdurant en tout homme ! Sans dire leur nom, de faux rabbis prennent le contrôle de ce qu’il faut penser et faire. Sans notre consentement, ils nous amènent à les imiter. À l’insu de notre plein gré, ils  nous forcent à les suivre. Et nous, nous ne voyons que les choses à acquérir (le quoi ?) sans faire attention à la demeure qu’il nous faut habiter (le où ?).

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Heureusement, il n’est jamais trop tard pour réagir et contester cette prétention folle à se passer de maîtres. Ne serait-ce qu’en témoignant de ceux qui nous ont permis de nous construire : tel professeur, tel penseur, tel écrit, tel artiste, tel héros, telle figure spirituelle… Également en proposant aux jeunes générations de découvrir ces géants qui ont marqué l’histoire de nos sciences, de notre nation, de la pensée de l’humanité.

 

Quels sont les maîtres dont j’ai choisi l’influence ?
Quels impacts ont-ils sur ma vie ?
Comment devenir moi-même cette référence si d’autres me le demandent ?
Que voudrait dire pour moi : choisir Jésus comme rabbi, pour le suivre et demeurer avec lui (même dans les non-lieux où il erre !) ?

 

 

LECTURES DE LA MESSE

PREMIÈRE LECTURE
« Parle, Seigneur, ton serviteur écoute » (1 S 3, 3b-10.19)

Lecture du premier livre de Samuel

En ces jours-là, le jeune Samuel était couché dans le temple du Seigneur à Silo, où se trouvait l’arche de Dieu. Le Seigneur appela Samuel, qui répondit : « Me voici ! » Il courut vers le prêtre Éli, et il dit : « Tu m’as appelé, me voici. » Éli répondit : « Je n’ai pas appelé. Retourne te coucher. » L’enfant alla se coucher. De nouveau, le Seigneur appela Samuel. Et Samuel se leva. Il alla auprès d’Éli, et il dit : « Tu m’as appelé, me voici. » Éli répondit : « Je n’ai pas appelé, mon fils. Retourne te coucher. » Samuel ne connaissait pas encore le Seigneur, et la parole du Seigneur ne lui avait pas encore été révélée.
De nouveau, le Seigneur appela Samuel. Celui-ci se leva. Il alla auprès d’Éli, et il dit : « Tu m’as appelé, me voici. » Alors Éli comprit que c’était le Seigneur qui appelait l’enfant, et il lui dit : « Va te recoucher, et s’il t’appelle, tu diras : “Parle, Seigneur, ton serviteur écoute.” » Samuel alla se recoucher à sa place habituelle. Le Seigneur vint, il se tenait là et il appela comme les autres fois : « Samuel ! Samuel ! » Et Samuel répondit : « Parle, ton serviteur écoute. »
Samuel grandit. Le Seigneur était avec lui, et il ne laissa aucune de ses paroles sans effet.

PSAUME
(39 (40), 2abc.4ab, 7-8a, 8b-9, 10cd.11cd)
R/ Me voici, Seigneur,je viens faire ta volonté. (cf. 39, 8a.9a)

D’un grand espoir, j’espérais le Seigneur : il s’est penché vers moi. En ma bouche il a mis un chant nouveau, une louange à notre Dieu.

Tu ne voulais ni offrande ni sacrifice, tu as ouvert mes oreilles ; tu ne demandais ni holocauste ni victime, alors j’ai dit : « Voici, je viens.

« Dans le livre, est écrit pour moi ce que tu veux que je fasse. Mon Dieu, voilà ce que j’aime : ta loi me tient aux entrailles. »

Vois, je ne retiens pas mes lèvres, Seigneur, tu le sais. J’ai dit ton amour et ta vérité à la grande assemblée.

 

DEUXIÈME LECTURE
« Vos corps sont les membres du Christ » (1 Co 6, 13c-15a. 17-20

Lecture de la première lettre de saint Paul apôtre aux Corinthiens

Frères, le corps n’est pas pour la débauche, il est pour le Seigneur, et le Seigneur est pour le corps ; et Dieu, par sa puissance, a ressuscité le Seigneur et nous ressuscitera nous aussi. Ne le savez-vous pas ? Vos corps sont les membres du Christ. Celui qui s’unit au Seigneur ne fait avec lui qu’un seul esprit. Fuyez la débauche. Tous les péchés que l’homme peut commettre sont extérieurs à son corps ; mais l’homme qui se livre à la débauche commet un péché contre son propre corps.
Ne le savez-vous pas ? Votre corps est un sanctuaire de l’Esprit Saint, lui qui est en vous et que vous avez reçu de Dieu ; vous ne vous appartenez plus à vous-mêmes, car vous avez été achetés à grand prix. Rendez donc gloire à Dieu dans votre corps.

 

ÉVANGILE
« Ils virent où il demeurait, et ils restèrent auprès de lui » (Jn 1, 35-42)
Alléluia. Alléluia. En Jésus Christ, nous avons reconnu le Messie : par lui sont venues la grâce et la vérité. Alléluia. (cf. Jn 1, 41.17)

Évangile de Jésus Christ selon saint Jean

En ce temps-là, Jean le Baptiste se trouvait avec deux de ses disciples. Posant son regard sur Jésus qui allait et venait, il dit : « Voici l’Agneau de Dieu. » Les deux disciples entendirent ce qu’il disait, et ils suivirent Jésus. Se retournant, Jésus vit qu’ils le suivaient, et leur dit : « Que cherchez-vous ? » Ils lui répondirent : « Rabbi – ce qui veut dire : Maître –, où demeures-tu ? » Il leur dit : « Venez, et vous verrez. » Ils allèrent donc, ils virent où il demeurait, et ils restèrent auprès de lui ce jour-là. C’était vers la dixième heure (environ quatre heures de l’après-midi).
André, le frère de Simon-Pierre, était l’un des deux disciples qui avaient entendu la parole de Jean et qui avaient suivi Jésus. Il trouve d’abord Simon, son propre frère, et lui dit : « Nous avons trouvé le Messie » – ce qui veut dire : Christ. André amena son frère à Jésus. Jésus posa son regard sur lui et dit : « Tu es Simon, fils de Jean ; tu t’appelleras Kèphas » – ce qui veut dire : Pierre.
Patrick BRAUD

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