L'homélie du dimanche (prochain)

8 novembre 2020

Égalité n’est pas équité

Classé sous Communauté spirituelle — lhomeliedudimanche @ 12 h 30 min

Égalité n’est pas équité

Homélie pour le 33° Dimanche du temps ordinaire / Année A
15/11/2020

Cf. également :

Le dollar et le goupillon ?
Entre dans la joie de ton maître
Décevante est la grâce et vaine la beauté
Le polythéisme des valeurs

Deux versions, deux logiques

Égalité n’est pas équité dans Communauté spirituelle 800px-Synoptic_word-for-wordPourquoi diable ce maître de maison n’a-t-il pas remis la même somme d’argent à chacun de ses trois serviteurs ? Cinq talents (soit environ 150 000 €), deux talents (60 000 €], un talent (30 000 €) : la mise de départ est bien inégale ! Cela ne semble pas très juste, et très dévalorisant pour le dernier qui peut se sentir jugé inférieur à la vue de la somme remise. En plus, tout le monde sait que l’argent va à l’argent, et que donc il est plus facile de faire fructifier une grosse somme qu’une petite.
La parabole des talents de Jésus dans l’Évangile de Matthieu (Mt 25, 14-30) a donc un caractère apparemment discriminatoire. Cela n’a pas échappé à Luc qui on donne une tout autre version (Lc 19, 11-28) : les serviteurs n’y sont plus 3 mais 10, et surtout ils reçoivent chacun – enfin ! pourrait-on dire – la même somme : une mine chacun, ce qui représente 60 fois moins que le talent de Matthieu. Luc souligne ainsi la disproportion gracieuse entre la récompense royale (gouvernance de 10 ou 5 villes) et la « toute petite affaire » des mines à faire fructifier. Matthieu quant à lui promet la même intimité divine aux deux premiers serviteurs : « entre dans la joie de ton maître ».

Résumons-nous : chez Luc, chaque serviteur reçoit la même (petite) somme d’argent et se distingue par un rendement différent (ou nul), ce qui souligne l’efficacité différente de chacun (10, 5 ou 1 pour 1). Chez Mathieu les dépôts sont plus importants et différent selon les serviteurs ; par contre le rendement (l’efficacité) est le même (1 pour 1), de même que la récompense (partager la joie divine).
La raison de cette différence entre les deux versions de la parabole réside dans l’explication propre à Matthieu : « à chacun selon ses capacités » (v 15).

En vocabulaire moderne, on pourrait dire que Matthieu distribue les talents selon une logique d’équité, alors que Luc applique le principe d’égalité.
Or égalité n’est pas équité !
Jugeant un petit voleur et un assassin, si vous leur coupez la main à tous deux, vous les traitez à égalité ; si vous employez l’un dans un travail d’utilité collective et tenez l’autre reclus pour des années, vous agissez avec équité. L’égalité uniformise, l’équité proportionne en ajustant aux niveaux convenables.

Ces deux logiques sont différentes ; elles sont même en tension, voire conflictuelles dans l’action politique. En France, la valeur Égalité gravée sur les frontons de nos mairies est plutôt de gauche. La révolution de 1789 a supprimé l’inégalité de naissance inscrite dans l’Ancien Régime avec la noblesse, les privilèges et le Tiers État. Les républiques successives ont promu ensuite l’égalité des chances (l’école publique), l’égalité des droits et devoirs devant la loi etc.
À chacun la même part.

Pourtant, à y regarder de près, les régimes de gauche ont voulu corriger l’effet inégalitaire de la liberté républicaine en donnant plus à ce qui ont moins : dégressivité de l’impôt en fonction des revenus (jusqu’à en exempter 40 % de la population), prestations de Sécurité Sociale inversement proportionnelles aux revenus, et plus récemment discrimination positive (comme à Sciences-Po) ou quotas obligatoires d’un certain pourcentage de salariés handicapés (6%), ou de femmes dans les conseils d’administration, allocations familiales proportionnelles au nombre d’enfants etc.
À chacun selon ses besoins.

 égalité dans Communauté spirituelle

À l’inverse, les régimes de droite ont célébré la méritocratie, qui relève plutôt de l’équité : on donne plus (de dividendes, d’actions, d’honneur) à ceux qui produisent plus.
À chacun selon ses capacités.
Là encore les positions peuvent s’inverser. Par exemple, le projet de réforme du régime des retraite veut remplacer les régimes spéciaux (équitables, car basés sur la pénibilité spécifique du travail de chacun) par un système de retraite à points, égalitaire s’il en est (1 heure de travail donne le même nombre de points à tout le monde).

Bref, la droite et la gauche se sont montrées à tour de rôle égalitaires et équitables, faisant semblant de se référer à la seule valeur Égalité. Alors qu’il s’agit de régler le curseur entre les trois valeurs républicaines, qui sont en tension permanente (ce que le sociologue Max Weber appelait le polythéisme des valeurs).

À cause de la liberté qui finit par avantager les plus forts, l’égalité ne peut se passer de l’équité, correctif plus juste que la seule répartition arithmétique.
À cause de la fraternité, l’équité ne peut se passer de l’égalité, sans laquelle les jalousies et la discorde vienne miner l’unité nationale.

Jacques Delors résumait ainsi le dilemme égalité/équité qui parcourt l’histoire de la gauche française :

« La gauche a vécu une bataille politique entre ceux qui prônaient le principe « à chacun selon ses besoins » et ceux pour qui il fallait donner « à chacun selon ses mérites ». Pendant longtemps, la gauche a mis l’accent sur la première devise, car la société était trop injuste et trop inégalitaire. Si l’on devait résumer en une formule l’orientation vers laquelle on devrait aller, c’est « à chacun selon ses besoins essentiels », qu’il s’agisse de l’éducation, de la santé, du droit à un travail, d’un revenu décent pour vivre. Mais aussi  » à chacun selon ses mérites  » dans l’effort qu’il accomplit pour contribuer au progrès de la société et à la solidarité vis-à-vis des autres » [1].


Dieu est-il équitable ou égalitaire ?

ResetLe mot égalité renvoie à un partage arithmétique, à parts identiques : on donne la même chose à chacun. Il relève de ce que Thomas d’Aquin, à la suite d’Aristote, appelait la justice commutative. Le problème on l’a vu est que – à cause des capacités différentes de chacun – on aura très vite de fortes différences de fortune. L’accumulation de capital dans certaines familles au cours des décennies le démontre bien (cf. les travaux de Thomas Piketty), et ce depuis longtemps ! Ainsi la Bible se révèle très égalitaire lorsqu’elle prescrit d’observer le Jubilé (Lv 25) : tous les 50 ans, Israël devait théoriquement annuler les dettes au sein du peuple, libérer les esclaves, rendre les terres aliénées ou gagnées, afin que chacun réintègre son patrimoine initial. Une remise des compteurs à zéro pour tous en quelque sorte, afin de ne pas compromettre l’égalité des chances.

65ec266f73fb35969af5114c473cb372 équitéLe mot équité renvoie quant à lui à la justice distributive : on distribue les aides et les richesses en fonction des capacités ou des besoins de chacun. Cette justice est proportionnelle, alors que l’égalité est arithmétique. La parabole des talents selon Matthieu se veut équitable en ce qu’elle fait peser davantage de responsabilités sur les épaules de celui qui en est capable (5 talents à faire fructifier au lieu de 2). La Bible connaît également l’égalité symétrique, celle des Actes des Apôtres demandant de répartir la richesse de la communauté « à chacun selon ses besoins » (Ac 4,35).
L’Esprit Saint également sera équitable lorsqu’il distribuera ses charismes en fonction de la personnalité de chacun, même si c’est sur fond d’égalité de tous les baptisés entre eux : tous ont reçu l’Esprit, mais il ne se manifeste pas de la même manière en chacun.
En fait, dans la Bible, Dieu agit souvent de manière inégalitaire : il choisit Marie entre toutes les femmes, David au lieu de ses frères, il préfère le sacrifice d’Abel à celui de Caïn, il confie à Pierre un ministère unique, il admet le bon larron avant le croyant vertueux, il valorise la piécette de la veuve davantage que les grosses offrandes des pharisiens, il récompense le verre d’eau offert plus que les taureaux égorgés sur l’autel des sacrifices…

Bien malin qui pourrait ranger Dieu du côté de l’égalité ou de l’équité seulement !

 

Jésus n’est pas providentialiste

 paraboleÉcartons au passage une interprétation dangereuse de l’équité de la parabole des talents dans Matthieu.
Dieu ne donne pas la même chose à chacun. Certains voudraient en tirer la conclusion qu’il faut se résigner aux différences entre nous, car ce serait la volonté de Dieu. La Providence aurait ainsi réparti les talents le plus judicieusement possible. Même si pour nous cette inégalité de départ est révoltante, il faudrait se soumettre.

Mais alors on serait en islam (qui signifie soumission) et non pas en christianisme ! Jésus a clairement dénoncé à plusieurs reprises cette conception fataliste des inégalités, alors qu’elles ne sont pas voulues par Dieu. Ainsi il n’y a aucun lien entre la cécité de l’aveugle-né et un supposé péché de lui ou de ses parents (Jn 9, 1-41). De même les malheureux écrasés par la chute de la tour de Siloé n’y sont pour rien, et Dieu non plus (Lc 13, 4-5). De même ceux qui ont été massacrés par Pilate au cours d’une liturgie au Temple ne l’ont en rient mérité, et cela ne vient pas de Dieu (Lc 13, 1-3).

Ce sont des talents (des richesses, des atouts) que le maître de maison distribue, et non des épreuves ou des punitions ! Un handicap de naissance, le fait d’être né dans une favela à Rio, une intelligence diminuée, une santé fragile ne doivent rien à la Providence : ce sont évidemment des effets du hasard, des lois sociales ou génétiques. Quand Dieu distribue ses talents équitablement, c’est qu’il confie davantage de responsabilités à celui qui a plus de capacités, selon le proverbe que Matthieu cite deux fois dans son Évangile (13,12 et 25,29) :
« À celui qui a, on donnera encore, et il sera dans l’abondance ; mais celui qui n’a rien se verra enlever même ce qu’il a ».
Il n’est pas question de Providence ici, mais de responsabilité humaine. Nombre de grands patrons, de scientifiques, d’intellectuels, d’industriels ou de leaders charismatiques chrétiens ont eu conscience d’avoir reçu beaucoup, beaucoup plus que les autres (de par leur naissance, leur intelligence, leur talent) et donc d’être d’autant plus redevables envers le bien commun. La tradition du catholicisme social avec ses audaces en faveur des ouvriers aux XIX° et XX° siècles (1 % logement, allocations familiales, participation au capital, luttes syndicales etc.) s’enracine là. La foi de Galilée, Newton, Einstein ou Pasteur les a poussés à se dévouer à leur cause, au nom du don reçu qui leur conférait une responsabilité particulière, une ardente obligation (selon le mot de De Gaulle).

 

Alors : égalité ou équité ?

Nos deux versions de la même parabole des talents répondent à leur manière.
Matthieu nous dit que l’équité (« à chacun selon ses capacités ») est utile et même indispensable pour atteindre finalement une égale béatitude (« entre dans la joie de ton maître »).
Luc nous dit que l’égalité (donner la même somme à chacun) est utile pour apprécier ensuite l’efficacité du travail de chacun (rendement de 10, 5 ou 0 pour un) et obtenir finalement une récompense équitable (10 villes, 5 villes, rien).

Et vous : comment allez-vous conjuguer égalité et équité dans votre vie professionnelle, familiale, amicale ?

 


[1]. Jacques Delors, L’unité d’un homme, Ed. Odile Jacob, 1994, pp. 379-380.

 

 

LECTURES DE LA MESSE

PREMIÈRE LECTURE
« Ses mains travaillent volontiers » (Pr 31, 10-13.19-20.30-31)

Lecture du livre des Proverbes

Une femme parfaite, qui la trouvera ? Elle est précieuse plus que les perles ! Son mari peut lui faire confiance : il ne manquera pas de ressources. Elle fait son bonheur, et non pas sa ruine, tous les jours de sa vie. Elle sait choisir la laine et le lin, et ses mains travaillent volontiers. Elle tend la main vers la quenouille, ses doigts dirigent le fuseau. Ses doigts s’ouvrent en faveur du pauvre, elle tend la main au malheureux. Le charme est trompeur et la beauté s’évanouit ; seule, la femme qui craint le Seigneur mérite la louange. Célébrez-la pour les fruits de son travail : et qu’aux portes de la ville, ses œuvres disent sa louange !

PSAUME
(Ps 127 (128), 1-2, 3, 4-5)
R/ Heureux qui craint le Seigneur ! (Ps 127, 1a)

Heureux qui craint le Seigneur
et marche selon ses voies !
Tu te nourriras du travail de tes mains :
Heureux es-tu ! À toi, le bonheur !

Ta femme sera dans ta maison
comme une vigne généreuse,
et tes fils, autour de la table,
comme des plants d’olivier.

Voilà comment sera béni
l’homme qui craint le Seigneur.
De Sion, que le Seigneur te bénisse !
Tu verras le bonheur de Jérusalem tous les jours de ta vie.

DEUXIÈME LECTURE
« Que le jour du Seigneur ne vous surprenne pas comme un voleur » (1 Th 5, 1-6)

Lecture de la première lettre de saint Paul apôtre aux Thessaloniciens

Pour ce qui est des temps et des moments de la venue du Seigneur, vous n’avez pas besoin, frères, que je vous en parle dans ma lettre. Vous savez très bien que le jour du Seigneur vient comme un voleur dans la nuit. Quand les gens diront : « Quelle paix ! quelle tranquillité ! », c’est alors que, tout à coup, la catastrophe s’abattra sur eux, comme les douleurs sur la femme enceinte : ils ne pourront pas y échapper. Mais vous, frères, comme vous n’êtes pas dans les ténèbres, ce jour ne vous surprendra pas comme un voleur. En effet, vous êtes tous des fils de la lumière, des fils du jour ; nous n’appartenons pas à la nuit et aux ténèbres. Alors, ne restons pas endormis comme les autres, mais soyons vigilants et restons sobres.

 

ÉVANGILE

« Tu as été fidèle pour peu de choses, je t’en confierai beaucoup » (Mt 25, 14-30)
Alléluia. Alléluia.Demeurez en moi, comme moi en vous, dit le Seigneur ; celui qui demeure en moi porte beaucoup de fruit. Alléluia. (Jn 15, 4a.5b)

Évangile de Jésus Christ selon saint Matthieu

En ce temps-là, Jésus disait à ses disciples cette parabole : « C’est comme un homme qui partait en voyage : il appela ses serviteurs et leur confia ses biens. À l’un il remit une somme de cinq talents, à un autre deux talents, au troisième un seul talent, à chacun selon ses capacités. Puis il partit.
Aussitôt, celui qui avait reçu les cinq talents s’en alla pour les faire valoir et en gagna cinq autres. De même, celui qui avait reçu deux talents en gagna deux autres. Mais celui qui n’en avait reçu qu’un alla creuser la terre et cacha l’argent de son maître.
Longtemps après, le maître de ces serviteurs revint et il leur demanda des comptes. Celui qui avait reçu cinq talents s’approcha, présenta cinq autres talents et dit : ‘Seigneur, tu m’as confié cinq talents ; voilà, j’en ai gagné cinq autres.’ Son maître lui déclara : ‘Très bien, serviteur bon et fidèle, tu as été fidèle pour peu de choses, je t’en confierai beaucoup ; entre dans la joie de ton seigneur.’ Celui qui avait reçu deux talents s’approcha aussi et dit : ‘Seigneur, tu m’as confié deux talents ; voilà, j’en ai gagné deux autres.’ Son maître lui déclara : ‘Très bien, serviteur bon et fidèle, tu as été fidèle pour peu de choses, je t’en confierai beaucoup ; entre dans la joie de ton seigneur.’
Celui qui avait reçu un seul talent s’approcha aussi et dit : ‘Seigneur, je savais que tu es un homme dur : tu moissonnes là où tu n’as pas semé, tu ramasses là où tu n’as pas répandu le grain. J’ai eu peur, et je suis allé cacher ton talent dans la terre. Le voici. Tu as ce qui t’appartient.’ Son maître lui répliqua : ‘Serviteur mauvais et paresseux, tu savais que je moissonne là où je n’ai pas semé, que je ramasse le grain là où je ne l’ai pas répandu. Alors, il fallait placer mon argent à la banque ; et, à mon retour, je l’aurais retrouvé avec les intérêts. Enlevez-lui donc son talent et donnez-le à celui qui en a dix. À celui qui a, on donnera encore, et il sera dans l’abondance ; mais celui qui n’a rien se verra enlever même ce qu’il a. Quant à ce serviteur bon à rien, jetez-le dans les ténèbres extérieures ; là, il y aura des pleurs et des grincements de dents !’ »
Patrick BRAUD

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19 juillet 2020

Tout concourt au bien de ceux qui aiment Dieu

Classé sous Communauté spirituelle — lhomeliedudimanche @ 12 h 30 min

Tout concourt au bien de ceux qui aiment Dieu

Homélie du 17° Dimanche du temps ordinaire / Année A
26/07/2020

Cf. également :

Tirer de son trésor du neuf et de l’ancien
Que demander dans la prière ?
Quelle sera votre perle fine ?
Acquis d’initié
Donne-moi la sagesse, assise près de toi
Les bonheurs de Sophie

« Tout concourt au bien de ceux qui aiment Dieu »

Qui oserait écrire cette énormité aujourd’hui ? après la Shoah, comment soutenir que cette barbarie peut finalement servir le bien ? Après la boucherie de 14-18, comment prétendre qu’il pourrait y avoir un bilan positif pour quiconque ? Plus près de nous, les morts du Coronavirus auraient-il une utilité ? La souffrance des centaines de milliers de licenciements à venir en France peut-elle être convertie en quelque chose de bien ?

Écouter notre deuxième lecture (Rm 8, 28-30) de ce dimanche sans broncher, c’est avoir la tête ailleurs, et ne pas écouter ! Battons-nous contre ce texte jusqu’à ce qu’il rende les armes…

Il y a d’abord un problème de traduction.

 

Les choses, ou la main invisible
Et pas un petit, car des traductions différentes donnent des interprétations différentes, ici particulièrement. La Traduction Oecuménique de la Bible écrit (comme beaucoup de Bibles) : « toutes choses concourent au bien de ceux qui aiment Dieu ». Comme si les choses par elles-mêmes s’ordonnaient en lignes de force pour converger vers le bien. Une main invisible en quelque sorte, à la manière de celle d’Adam Smith ordonnant le marché pour servir l’intérêt général. Il se peut d’ailleurs que cette croyance fondamentale du libéralisme provienne de Rm 8 lu à travers le prisme de l’État minimum : laissez les choses se dérouler d’elles-mêmes et vous verrez que le résultat final sera meilleur que les autres, malgré les inégalités inévitables. Cette interprétation accorde à l’ordre du monde un quasi personnalité, immanente : tout se passe comme si les événements, ressentis comme bons ou mauvais, convergeaient d’eux-mêmes vers un optimum. Comme si les passions humaines, morales et immorales, servaient finalement à leur insu le bien commun. La Fable des abeilles de Mandeville (1714) racontait déjà comment les vices et les vertus de chacun dans la ruche humaine s’intégraient avec brio dans la réussite de la construction commune :
« La Vertu ne peut faire vivre les nations dans la Splendeur.
Qui veut Ramener l’âge d’or doit accueillir également le Vice et la Vertu. »

 

Le problème avec cette traduction si répandue de Rm 8,28 est qu’elle n’est pas fidèle au texte grec ! En voici le mot à mot (qu’on appelle version interlinéaire grec-français) :

Οἴδαμεν Nous savons δὲ maintenant ὅτι τοῖς ἀγαπῶσι τὸν θεὸν que pour ceux aimant Dieu πάντα toutes choses συνεργεῖ (il) travaille ensemble εἰς ἀγαθόν pour le bien

 

Dieu, ou la Providence

Tout concourt au bien de ceux qui aiment Dieu dans Communauté spirituelle couv_peb_53_providence-212x300Le sujet du verbe synergei (συνεργεῖ : travailler ensemble à = concourir à) n’est pas « tout » (panta = toutes choses). C’est soit « Dieu » (ho theos : mais cette locution vient de certains manuscrits où elle a été rajoutée [1]), soit plutôt l’Esprit (Pneumatos), en cohérence avec la phrase précédente : « L’Esprit Saint vient au secours de notre faiblesse, car nous ne savons pas prier comme il faut. L’Esprit lui-même intercède pour nous par des gémissements inexprimables. Et Dieu, qui scrute les cœurs, connaît les intentions de l’Esprit puisque c’est selon Dieu que l’Esprit intercède pour les fidèles » (Rm 8, 20 27).

Si l’on choisit Dieu comme sujet du verbe synergei, on a alors la théorie selon laquelle c’est Dieu qui fait travailler ensemble les événements pour le bien de ceux qu’il aime. C’est l’option de la Bible de Jérusalem, ainsi que de la traduction liturgique : « Nous le savons, quand les hommes aiment Dieu, lui-même fait tout contribuer à leur bien, puisqu’ils sont appelés selon le dessein de son amour » (Rm 8, 28). On rejoint ainsi le thème de la mystérieuse Providence divine à l’œuvre dans l’histoire. Le philosophe Leibniz a théorisé cette idée : selon lui, Dieu ayant en main des cartes et une vision bien plus grande que les nôtres, compose avec le mal et la souffrance pour obtenir ce que lui sait être le meilleur. Ce monde est vraiment le meilleur des mondes possibles, même s’il nous révolte par son absurdité et son injustice apparente.

Le Catéchisme de l’Église catholique semble suivre cette piste au n° 313 :
« Tout concourt au bien de ceux qui aiment Dieu  » (Rm 8,28). Le témoignage des saints ne cesse de confirmer cette vérité :
Ainsi, S. Catherine de Sienne dit à  » ceux qui se scandalisent et se révoltent de ce qui leur arrive » : « Tout procède de l’amour, tout est ordonné au salut de l’homme, Dieu ne fait rien que dans ce but ».
Et S. Thomas More, peu avant son martyre, console sa fille : « Rien ne peut arriver que Dieu ne l’ait voulu. Or, tout ce qu’il veut, si mauvais que cela puisse nous paraître, est cependant ce qu’il y a de meilleur pour nous ».
Et Lady Julian of Norwich : « J’appris donc, par la grâce de Dieu, qu’il fallait m’en tenir fermement à la foi, et croire avec non moins de fermeté que toutes choses seront bonnes… Et tu verras que toutes choses seront bonnes ».

Cette figure de la Providence divine a eu son heure de gloire dans les siècles passés, lorsqu’il s’agissait de prêcher la résignation à ceux qui gémissaient sous le poids du fardeau social, la soumission à ceux qui étaient tentés de se révolter devant les inégalités, les richesses, la domination des puissants, la peste, la famine… [2]

Quel est ce Dieu qui demanderait de s’accommoder du monde tel qu’il est sous prétexte que lui saurait en tirer un bon parti pour les croyants ? D’ailleurs, la plupart du temps, les commentateurs situaient le résultat final (« le bien de ceux qui aiment Dieu ») dans l’au-delà de la mort, expliquant ainsi que cela vaut la peine de souffrir ici-bas si c’est pour la gloire future. Or Paul ne parle pas d’un bien futur en Rm 8. Il décrit son expérience passée, sur laquelle se fonde cette espérance. Nous y reviendrons plus tard.

 

L’Esprit, puissance de transformation
La troisième interprétation fait de l’Esprit du verset 27 le vrai sujet du verbe synergei.
Paul n’a pas voulu le répéter, de même que nous employons le pronom « il » afin de ne pas reprendre deux fois le même terme.
« L’Esprit vient en aide à notre faiblesse, car nous ne savons pas ce que nous devons, selon nos besoins, demander dans nos prières. Mais l’Esprit lui-même prie pour nous par des gémissements ineffables; et celui qui sonde les cœurs connaît quels sont les désirs de l’Esprit; il sait qu’il prie selon Dieu pour des saints »  (Rm 8, 26-27). J’avoue préférer cette troisième voie, faisant de l’Esprit l’acteur historique d’une transformation de toutes choses – même le mal – en occasion de progrès pour ceux qui aiment Dieu. C’est le parti de la traduction de la New English Bible : « en toutes choses, il (l’Esprit) coopère (fait concourir toutes choses) pour le bien avec ceux qui aiment Dieu ». Ce qui n’excuse pas le mal ni ne l’explique. Ce qui ne dispense pas de lutter contre lui, au contraire. Mais ce qui affirme que le mal n’aura pas le dernier mot. Constatant sa présence (sans l’expliquer) les croyants trouveront en eux la force spirituelle de transformer sa négativité en quelque chose de plus grand et de meilleur.

Résultat de recherche d'images pour "hillesum etty une vie bouleversée"Le Catéchisme de l’église Catholique suit cette voie au n° 2379 :
« Chez S. Paul, cette confiance est audacieuse (cf. Rm 10,12-13), fondée sur la prière de l’Esprit en nous et sur l’amour fidèle du Père qui nous a donné son Fils unique (cf. Rm 8,26-39). La transformation du cœur qui prie est la première réponse à notre demande ».

La version sécularisée de cette intégration du mal dans un bien supérieur grâce au travail de l’Esprit est bien sûr la dialectique hégélienne :

« L’Esprit conquiert sa vérité seulement à condition de se retrouver soi-même dans l’absolu déchirement […]. L’Esprit est cette puissance seulement en sachant regarder le négatif en face, et en sachant séjourner près de lui. Ce séjour est le pouvoir magique qui convertit le négatif en être » [3].

Il s’agit d’utiliser la puissance du négatif pour en faire sortir autre chose : le travail du négatif par l’Esprit pourra finalement faire émerger un bien supérieur, une œuvre utile. Le dépassement (Aufhebung) du mal ne le détruit pas, mais l’assume et l’intègre dans une œuvre plus grande. Puisqu’il existe, puisqu’il est là, autant en faire quelque chose ! Ceux qui croient au travail de l’Esprit en eux trouveront l’alchimie par laquelle convertir le négatif en force de transformation vers le bien.

On échappe ainsi aux justifications douteuses que la Providence fournissait autrefois pour expliquer le mal et s’y habituer. Chez Hegel comme chez Job, le mal est injuste, inacceptable. Le vaincre n’implique pas de le nier ou de l’expliquer, mais de le dépasser.

Etty Hillesum, jeune femme juive dans le ghetto d’Amsterdam, déportée à Westerbork, puis à Auschwitz où elle mourra en 1943, en est témoin :

« Mes enfants je suis pleine de bonheur et de gratitude, je trouve la vie si belle et si riche de sens. Mais oui, belle et riche de sens, au moment même où je me tiens au chevet de mon ami mort - mort beaucoup trop jeune – et où je me prépare à être déportée d’un jour à l’autre à des régions inconnues. Mon Dieu je te suis si reconnaissante de tout. » [4]

 

Un savoir expérimental
Qui fait concourir toutes choses au bien de ceux qui aiment Dieu ? Et comment ?
Au-delà de ces questions, il faut revenir à l’auteur de Rm 8,28. Ce qui est écrit est énorme, mais ce n’est pas un philosophe qui a trouvé ces mots. Ni un moraliste ou un conseiller du prince. Paul n’est pas en train de réfléchir ou de se lancer dans une spéculation intellectuelle. Non : il relit sa vie ; il relie les événements heureux et malheureux qui l’ont jalonné ; il constate au cœur de ce chaos apparent qu’une fidélité et une ligne de conduite ont progressivement émergé ; il découvre en lui cette capacité étonnante à faire feu de tout bois – même du pire – pour devenir ce qu’il est appelé à être : l’apôtre des nations. Il aura connu les naufrages en Méditerranée, le fouet, les caricatures de procès juifs et romains, les chaînes, le froid, la faim, la soif, le supplice, la prison, le mépris, et finalement la décapitation dont il se doute qu’elle l’attend à Rome. Mais tout cela a finalement servi sa mission : annoncer l’Évangile aux païens. À chaque étape, il a puisé en lui – ou plutôt dans le travail de l’Esprit en lui – une force (dynami) grandissante lui donnant par expérience cette certitude époustouflante qu’il crie dans cette longue litanie de la même lettre aux Romains :

« Que dire de plus ? Si Dieu est pour nous, qui sera contre nous ? Il n’a pas épargné son propre Fils, mais il l’a livré pour nous tous : comment pourrait-il, avec lui, ne pas nous donner tout ? Qui accusera ceux que Dieu a choisis ? Dieu est celui qui rend juste : alors, qui pourra condamner ? Le Christ Jésus est mort ; bien plus, il est ressuscité, il est à la droite de Dieu, il intercède pour nous : alors, qui pourra nous séparer de l’amour du Christ ? la détresse ? l’angoisse ? la persécution ? la faim ? le dénuement ? le danger ? le glaive ? En effet, il est écrit : C’est pour toi qu’on nous massacre sans arrêt, qu’on nous traite en brebis d’abattoir. Mais, en tout cela nous sommes les grands vainqueurs grâce à celui qui nous a aimés. J’en ai la certitude : ni la mort ni la vie, ni les anges ni les Principautés célestes, ni le présent ni l’avenir, ni les Puissances, ni les hauteurs, ni les abîmes, ni aucune autre créature, rien ne pourra nous séparer de l’amour de Dieu qui est dans le Christ Jésus notre Seigneur. » (Rm 8, 31 39)

 Esprit dans Communauté spirituellePaul proclame une confiance qui s’appuie sur son expérience passée, et non sur un raisonnement ou des idées. C’est un savoir expérimental, et non théorique. Il témoigne de son espérance invincible en la victoire sur la mort et le mal pour soutenir le combat spirituel des chrétiens de Rome exposés aux menaces, aux persécutions, à la dérision. Les martyrs romains l’ont entendu cinq sur cinq ! Ils chanteront dans l’arène face aux fauves ; ils pardonneront à leurs bourreaux ; ils béniront ceux qui les maudiront. Et Tertullien constatera au troisième siècle que l’incendie qu’ils ont allumé n’est pas celui de Rome par Néron, mais l’Évangile se répandant comme une traînée de poudre autour du bassin méditerranéen : « le sang des martyrs est semence de chrétiens ». Nul éloge des persécutions dans cet adage, mais le constat historique que « l’Esprit fait concourir toutes choses au bien de ceux qui aiment Dieu ».

Paul expose dans les versets précédents le rôle de l’Esprit en nous : (Rm 8,26 27). C’est vrai : nous ne savons pas ce qui est bon pour nous. Nous appelons « bien » la santé, la richesse, la tranquillité alors qu’elles sont peut-être en train de nous éloigner de Dieu. Nous appelons « mal » nos déceptions, nos fragilités, nos finitudes, alors qu’elles pourraient peut-être nous faire grandir en humanité. Voilà pourquoi l’Esprit prie en nous mieux que nous-mêmes, car nous ne savons pas quoi demander. La vraie demande n’est pas tel ou tel bien particulier (est-ce si bien que cela ?) mais la Sagesse demandée par Salomon, l’Esprit du Veni Creator. Jésus avait indiqué à ses disciples comment accomplir la prière de demande : « combien plus le Père du ciel donnera-t-il l’Esprit Saint à ceux qui le lui demandent ! » (Lc 11, 13) Quel bien plus grand que l’Esprit Saint pourrions-nous demander ?

Le travail de l’Esprit en nous est d’abord de nous déprendre de nos représentations (au-delà du bien et du mal, aurait dit Nietzsche) pour nous donner d’accueillir toutes choses comme un matériau à transformer en vue d’un bien supérieur révélé en cours de route…

Faites vous-même cet exercice de relecture qui était celui de Paul : quelles sont les blessures, les catastrophes de votre existence que finalement vous avez réussi à transformer en autre chose ? À l’inverse, quelles réussites, quels succès vous apparaissent aujourd’hui trompeurs et superficiels ?

 

Et ceux qui n’aiment pas Dieu ?

 HegelUn dernier mot sur la fin de notre désormais célèbre phrase : « pour le bien de ceux qui aiment Dieu ». Ah bon ! Et les autres ? Ceux qui n’aiment pas Dieu ? L’Esprit les laisserait tomber ? Ou pire : Dieu se vengerait en les broyant dans la grande machine de l’Histoire ? Comment notre amour de Dieu pourrait-il être un pur amour, gratuit et désintéressé, s’il avait pour moteur d’obtenir que tout s’arrange pour le mieux en finale ? Interrogations un peu anachroniques, car ce n’est pas le problème de Paul. Lui veut réconforter et soutenir les croyants dans la tourmente romaine. Il écrit une lettre aux chrétiens de Rome, pas à leurs persécuteurs. D’ailleurs, comment savoir qui aime Dieu et qui ne l’aime pas ? Saint Augustin disait avec finesse à propos de l’Église : « il y en a qui se croient dedans alors qu’ils sont dehors ; il y en a qui se croient dehors alors qu’ils sont dedans ». Paul affirme que l’Esprit a la puissance de tout transformer pour peu que l’on soit porté par l’amour de Dieu. Son but ici n’est donc pas d’affirmer la perte des ‘méchants’, mais la force de l’amour que nous portons à Dieu dans l’adversité. Et qui sait si « le bien de ceux qui aiment Dieu » n’inclue pas le salut des ennemis ?
Ne transformons pas en machine de guerre contre nos adversaires réels ou supposés ce qui est essentiellement une proclamation d’espérance :
« rien ne pourra nous séparer de l’amour de Dieu manifesté en Jésus-Christ ».

 

Conclusion
Résumons-nous : Rm 8,28 n’est pas une théodicée justifiant le mal par son utilité ; pas besoin d’une mystérieuse Providence à qui attribuer tout ce qui arrive ; pas de résignation devant ce qui arrive non plus, parce que les choses n’ont pas de consistance en elles-mêmes  (il n’y a pas de destin ; Paul parle de vocation, d’appel et non de destin).

Paul nous appelle à découvrir ce trésor de l’extraordinaire énergie de l’Esprit, capable de tout transformer – même le pire – à l’avantage de ceux qui aiment Dieu, justement parce que cet amour (agapê dans le texte) est le vrai moteur de l’Histoire.

Apprenons donc à relire notre vie, les événements qui nous touchent, en positif comme en négatif, pour que cette alchimie spirituelle les transforme en quelque chose de plus grand.

 


[1]. Karl Lachmann Lachmann a ajouté ho theos après synergei dans son Nouveau testament grec en 1831, en s’appuyant sur le Papyrus P46 datant d’environ l’an 200 et d’autres sources, notamment les manuscrits A (5e siècle) et B (4e siècle) ainsi que la version copte sahidique. Cette variante a permis d’avoir la traduction faisant de Dieu le sujet du verbe synergei.

[2]. Le Catéchisme de l’Église Catholique au n° 395 utilise même Rm 8,28 pour justifier l’existence de l’activité diabolique, car elle ne peut empêcher la réalisation du Royaume de Dieu : « La puissance de Satan n’est cependant pas infinie. Il n’est qu’une créature, puissante du fait qu’il est pur esprit, mais toujours une créature : il ne peut empêcher l’édification du Règne de Dieu. Quoique Satan agisse dans le monde par haine contre Dieu et son Royaume en Jésus-Christ, et quoique son action cause de graves dommages – de nature spirituelle et indirectement même de nature physique – pour chaque homme et pour la société, cette action est permise par la divine Providence qui avec force et douceur dirige l’histoire de l’homme et du monde. La permission divine de l’activité diabolique est un grand mystère, mais  » nous savons que Dieu fait tout concourir au bien de ceux qui l’aiment » (Rm 8,28).

[3]. G.W.F. Hegel, Phénoménologie de l’Esprit, Préface (1807).

[4]. Etty Hillesum, Une vie bouleversée, Journal 1941-1943, Seuil, 1985, p. 206.

 

 

LECTURES DE LA MESSE

PREMIÈRE LECTURE
« Tu m’as demandé le discernement » (1 R 3, 5.7-12)

Lecture du premier livre des Rois
En ces jours-là, à Gabaon, pendant la nuit, le Seigneur apparut en songe à Salomon. Dieu lui dit : « Demande ce que je dois te donner. » Salomon répondit : « Ainsi donc, Seigneur mon Dieu, c’est toi qui m’as fait roi, moi, ton serviteur, à la place de David, mon père ; or, je suis un tout jeune homme, ne sachant comment se comporter, et me voilà au milieu du peuple que tu as élu ; c’est un peuple nombreux, si nombreux qu’on ne peut ni l’évaluer ni le compter. Donne à ton serviteur un cœur attentif pour qu’il sache gouverner ton peuple et discerner le bien et le mal ; sans cela, comment gouverner ton peuple, qui est si important ? »
Cette demande de Salomon plut au Seigneur, qui lui dit : « Puisque c’est cela que tu as demandé, et non pas de longs jours, ni la richesse, ni la mort de tes ennemis, mais puisque tu as demandé le discernement, l’art d’être attentif et de gouverner, je fais ce que tu as demandé : je te donne un cœur intelligent et sage, tel que personne n’en a eu avant toi et que personne n’en aura après toi. »

 

PSAUME
(Ps 118 (119), 57.72, 76-77, 127-128, 129-130)
R/ De quel amour j’aime ta loi, Seigneur ! (Ps 118, 97a)

Mon partage, Seigneur, je l’ai dit,
c’est d’observer tes paroles.
Mon bonheur, c’est la loi de ta bouche,
plus qu’un monceau d’or ou d’argent.

Que j’aie pour consolation ton amour
selon tes promesses à ton serviteur !
Que vienne à moi ta tendresse, et je vivrai :
ta loi fait mon plaisir.

Aussi j’aime tes volontés,
plus que l’or le plus précieux.
Je me règle sur chacun de tes préceptes,
je hais tout chemin de mensonge.

Quelle merveille, tes exigences,
aussi mon âme les garde !
Déchiffrer ta parole illumine
et les simples comprennent.

 

DEUXIÈME LECTURE
« Il nous a destinés d’avance à être configurés à l’image de son Fils » (Rm 8, 28-30)

Lecture de la lettre de saint Paul Apôtre aux Romains
Frères, nous le savons, quand les hommes aiment Dieu, lui-même fait tout contribuer à leur bien, puisqu’ils sont appelés selon le dessein de son amour. Ceux que, d’avance, il connaissait, il les a aussi destinés d’avance à être configurés à l’image de son Fils, pour que ce Fils soit le premier-né d’une multitude de frères. Ceux qu’il avait destinés d’avance, il les a aussi appelés ; ceux qu’il a appelés, il en a fait des justes ; et ceux qu’il a rendus justes, il leur a donné sa gloire.

 

ÉVANGILE
« Il va vendre tout ce qu’il possède, et il achète ce champ » (Mt 13, 44-52)
Alléluia. Alléluia.Tu es béni, Père, Seigneur du ciel et de la terre, tu as révélé aux tout-petits les mystères du Royaume ! Alléluia. (cf. Mt 11, 25)

Évangile de Jésus Christ selon saint Matthieu
En ce temps-là, Jésus disait à la foule ces paraboles : « Le royaume des Cieux est comparable à un trésor caché dans un champ ; l’homme qui l’a découvert le cache de nouveau. Dans sa joie, il va vendre tout ce qu’il possède, et il achète ce champ.
Ou encore : Le royaume des Cieux est comparable à un négociant qui recherche des perles fines. Ayant trouvé une perle de grande valeur, il va vendre tout ce qu’il possède, et il achète la perle.
Le royaume des Cieux est encore comparable à un filet que l’on jette dans la mer, et qui ramène toutes sortes de poissons. Quand il est plein, on le tire sur le rivage, on s’assied, on ramasse dans des paniers ce qui est bon, et on rejette ce qui ne vaut rien. Ainsi en sera-t-il à la fin du monde : les anges sortiront pour séparer les méchants du milieu des justes et les jetteront dans la fournaise : là, il y aura des pleurs et des grincements de dents. »
 « Avez-vous compris tout cela ? » Ils lui répondent : « Oui ». Jésus ajouta : « C’est pourquoi tout scribe devenu disciple du royaume des Cieux est comparable à un maître de maison qui tire de son trésor du neuf et de l’ancien. »
Patrick BRAUD

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