L'homélie du dimanche (prochain)

29 janvier 2018

Des sommaires pas si sommaires

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Des sommaires pas si sommaires


Homélie pour le 5° Dimanche du temps ordinaire / Année B
04/02/2018

Cf. également :

Sortir, partir ailleurs…

Avec Job, faire face à l’excès du mal

Qu’est-ce que « faire autorité » ?

Ce n’est pas le savoir qui sauve

 

Comment résumeriez-vous l’essentiel de vos activités ordinaires de la semaine ?
Sur quoi mettriez-vous l’accent ?
Qu’est-ce qui occupe 80 % de votre temps ?

Pour beaucoup d’entre nous, le tiercé transport – boulot – dodo risque fort d’arriver en tête… Quantitativement, oui, sans doute. Mais qualitativement ?

Des sommaires pas si sommaires dans Communauté spirituelle 39301735-ic%C3%B4ne-de-document-de-contr%C3%B4le-de-la-grammaire-Banque-d%27imagesL’évangéliste Marc est confronté à cette question lorsqu’il commence son évangile. Comment résumer simplement l’essentiel des activités ordinaires de cet homme extraordinaire nommé Jésus ? Le passage de ce dimanche (Mc 1, 29-39) nous donne quelques pistes. Marc campe tout de suite le paysage des années publiques de Jésus : Capharnaüm, une guérison, un sommaire, une nuit de prière, un autre sommaire. La guérison de la belle-mère de Pierre, outre qu’elle nous apprend que Pierre était marié, nous montre le ministère de la diaconie au cœur de la vie de famille et d’Église, accompli par une femme : « et elle les servait »… Le temps utilisé par Marc (l’aoriste = un imparfait qui se prolonge) souligne combien servir est la conséquence de la guérison opérée par Jésus au contact de son corps (« la prenant pas la main, il la fit se lever », et se lever – egeïro-  est le verbe de la résurrection). La diaconie du Christ serviteur trouve dès le début une figure féminine pour l’incarner : la belle-mère de Pierre, première diaconesse en quelque sorte !

Pourquoi appelées ‘sommaire’ ces deux passages ? Parce que Marc y fait la synthèse du ministère de Jésus, en évoquant son activité en général.

Premier sommaire :
Le soir venu, après le coucher du soleil, on lui amenait tous ceux qui étaient atteints d’un mal ou possédés par des démons. La ville entière se pressait à la porte. Il guérit beaucoup de gens atteints de toutes sortes de maladies, et il expulsa beaucoup de démons ; il empêchait les démons de parler, parce qu’ils savaient, eux, qui il était.

Deuxième sommaire :
Et il parcourut toute la Galilée, proclamant l’Évangile dans leurs synagogues, et expulsant les démons.

Que nous apprennent ces deux sommaires ?

 

- Un mouvement d’accueil / de sortie

La réputation de guérisseur de Jésus est telle que dans un premier temps, il n’a pas besoin d’aller vers les gens : ce sont eux qui viennent à lui. « La ville entière se pressait à la porte ». Il est lui-même cette porte qui attire à lui l’humanité souffrante. Saint Jean dira la même chose, autrement, dans son langage théologique : « élevé de terre, j’attirerai à moi tous les hommes ». « Je suis la porte ».

Cette mission d’accueil de ceux qui souffrent fait structurellement partie de la mission de l’Église, de tout disciple. Accueil gratuit, inconditionnel (le sommaire n’énonce aucune exigence pour être guéri, sinon venir vers le Christ). Accueil libérateur, car selon la culture de l’époque (encore si prégnante dans nombre de continents et de visions du monde préscientifiques) les maladies et troubles personnels viennent de forces invisibles, de démons, qui causent « toutes sortes de maladies ».

Cet accueil à la maison aurait pu suffire à Jésus, qui aurait bien vécu après avoir posé sa plaque de guérisseur à Capharnaüm… Mais non, il est sorti de Dieu pour aller à la rencontre de l’humanité. Il sortira donc de Capharnaüm pour aller jusqu’au bout de la sortie de soi (exode/kénose) qui est la caractéristique de l’amour trinitaire : « allons ailleurs dans les villages voisins. C’est pour cela que je suis sorti ».

Le double mouvement d’accueil / sortie – qui nous fait penser au mouvement du cœur (diastole / systole), ou à la respiration (inspiration/ expiration) – est constitutif de note identité chrétienne.

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- Prier pour rester fidèle

Le succès facile de Capharnaüm aurait pu griser Jésus. Les foules adorent le pain et les jeux. Elles voudront faire roi ce guérisseur extraordinaire. Mais Capharnaüm est trop petit pour contenir son amour, et ‘roi de Judée’ est un titre trop étroit pour le roi de l’univers. Pourtant, la tentation est là : s’installer, surfer sur l’adulation des foules, se construire un petit bonheur tranquille et durable. Qui n’en rêve pas ? C’est sans doute à cause de cette tentation qui veut le détourner de sa vocation que Jésus à nouveau se rend dans un endroit désert pour prier. Cette prière avant l’aube lui permet de se recentrer sur l’essentiel de sa mission : proclamer l’Évangile dans les villages voisins, toute la Galilée, et à Jérusalem.

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Lorsque la tentation nous vient d’arrêter notre course, de nous installer dans nos succès faciles, le Christ nous montre le chemin de la prière solitaire pour y trouver la force de devenir fidèle, c’est-à-dire de continuer notre route nous aussi. Nous retrouvons parfois  l’urgence de la prière dans l’épreuve, pourquoi l’abandonnerions-nous dans les temps heureux où tout va bien ? L’infidélité nous y guette tout autant. Prier pour rester fidèle reste pour nous une ressource précieuse dans les Capharnaüm comme dans les Gethsémani de notre existence.

 

- Guérir et délivrer

Les deux sommaires de ce début d’évangile de Marc font la part belle aux guérisons et aux exorcismes pratiqués par Jésus. Guérir les malades et expulser les démons sont visiblement au cœur de l’activité de Jésus. Aux yeux de ses contemporains, avant d’être un prophète, un sage ou un messie, Jésus est un thérapeute, un faiseur de miracles, un exorciste (les trois étant liés dans les mentalités de l’époque). D’ailleurs, si l’on supprimait des évangiles les récits de guérison, les miracles et les exorcismes, il faudrait enlever au moins un tiers du texte en volume ! Autant dire que l’Église doit rechercher et comprendre ce que veut dire guérir et libérer aujourd’hui, avec la même puissance de l’Esprit qui animait le Christ autrefois.

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Soigner les corps, les esprits, les cœurs, les âmes ont toujours été des composantes essentielles de l’évangélisation. Dispensaires et PMI fleurissaient en Afrique autant que les églises. Les religieuses ont été infirmières bien avant le service public. Et délivrer les gens de leurs passions morbides a toujours fait partie du ministère de la confession et du charisme de l’accompagnement spirituel.

À continuer !

 

 

- Le savoir ne sauve pas

Jesus-et-la-gnose diaconieLe premier sommaire précise : Jésus « empêchait les démons de parler, parce qu’ils savaient eux, qui il était ». La foi n’est donc pas une question de connaissance, car ici ceux qui savent (les démons) sont expulsés, alors que ceux qui font confiance (les malades-possédés) sont accueillis. La gnose n’apporte pas le salut, contrairement à ce que prêcheront toutes les sociétés secrètes ultérieurement, des cathares aux francs-maçons…

 

- Parcourir / proclamer / libérer sont finalement les trois activités qui occupent 90 % de l’agenda de Jésus lors de ses trois années publiques. À sa suite, l’Église doit infatigablement sortir à la rencontre des peuples et de leurs cultures (Paul VI avait ré-initié cette tradition des voyages pontificaux dans le monde entier), proclamer l’Évangile à temps et à contretemps (même lorsque la liberté religieuse est limitée, comme sous le communisme autrefois où l’islam d’État actuellement), et libérer chacun et tous des démons qui les aliènent collectivement ou individuellement (de la soif d’argent qui déshumanise une société aux liens psychologiques et spirituels qui peuvent enchaîner une personne).

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Finalement, ces sommaires de Marc sont assez instructifs !

Et vous, si on vous demandait de faire le sommaire de vos journées, de vos semaines, qu’écririez-vous ? Y trouverait-on, selon votre charisme, la passion de parcourir, de proclamer, de libérer ?

 

 

Lectures de la messe
Première lecture
« Je ne compte que des nuits de souffrance » (Jb 7, 1-4.6-7)
Lecture du livre de Job

Job prit la parole et dit : « Vraiment, la vie de l’homme sur la terre est une corvée, il fait des journées de manœuvre. Comme l’esclave qui désire un peu d’ombre, comme le manœuvre qui attend sa paye, depuis des mois je n’ai en partage que le néant, je ne compte que des nuits de souffrance. À peine couché, je me dis : “Quand pourrai-je me lever ?” Le soir n’en finit pas : je suis envahi de cauchemars jusqu’à l’aube. Mes jours sont plus rapides que la navette du tisserand, ils s’achèvent faute de fil. Souviens-toi, Seigneur : ma vie n’est qu’un souffle, mes yeux ne verront plus le bonheur. »

Psaume
(Ps 146 (147a), 1.3, 4-5, 6-7)
R/ Bénissons le Seigneur qui guérit nos blessures ! ou : Alléluia ! (Ps 146, 3)

Il est bon de fêter notre Dieu,
il est beau de chanter sa louange :
il guérit les cœurs brisés
et soigne leurs blessures.

Il compte le nombre des étoiles,
il donne à chacune un nom ;
il est grand, il est fort, notre Maître :
nul n’a mesuré son intelligence.

Le Seigneur élève les humbles
et rabaisse jusqu’à terre les impies.
Entonnez pour le Seigneur l’action de grâce,
jouez pour notre Dieu sur la cithare !

Deuxième lecture
« Malheur à moi si je n’annonçais pas l’Évangile ! » (1 Co 9, 16-19.22-23)
Lecture de la première lettre de saint Paul apôtre aux Corinthiens

Frères, annoncer l’Évangile, ce n’est pas là pour moi un motif de fierté, c’est une nécessité qui s’impose à moi. Malheur à moi si je n’annonçais pas l’Évangile ! Certes, si je le fais de moi-même, je mérite une récompense. Mais je ne le fais pas de moi-même, c’est une mission qui m’est confiée. Alors quel est mon mérite ? C’est d’annoncer l’Évangile sans rechercher aucun avantage matériel, et sans faire valoir mes droits de prédicateur de l’Évangile. Oui, libre à l’égard de tous, je me suis fait l’esclave de tous afin d’en gagner le plus grand nombre possible. Avec les faibles, j’ai été faible, pour gagner les faibles. Je me suis fait tout à tous pour en sauver à tout prix quelques-uns. Et tout cela, je le fais à cause de l’Évangile, pour y avoir part, moi aussi.

Évangile
« Il guérit beaucoup de gens atteints de toutes sortes de maladies » (Mc 1, 29-39)
Alléluia. Alléluia. Le Christ a pris nos souffrances, il a porté nos maladies. Alléluia. (Mt 8, 17)
Évangile de Jésus Christ selon saint Marc

En ce temps-là, aussitôt sortis de la synagogue de Capharnaüm, Jésus et ses disciples allèrent, avec Jacques et Jean, dans la maison de Simon et d’André. Or, la belle-mère de Simon était au lit, elle avait de la fièvre. Aussitôt, on parla à Jésus de la malade. Jésus s’approcha, la saisit par la main et la fit lever. La fièvre la quitta, et elle les servait.
Le soir venu, après le coucher du soleil, on lui amenait tous ceux qui étaient atteints d’un mal ou possédés par des démons. La ville entière se pressait à la porte. Il guérit beaucoup de gens atteints de toutes sortes de maladies, et il expulsa beaucoup de démons ; il empêchait les démons de parler, parce qu’ils savaient, eux, qui il était.
Le lendemain, Jésus se leva, bien avant l’aube. Il sortit et se rendit dans un endroit désert, et là il priait. Simon et ceux qui étaient avec lui partirent à sa recherche. Ils le trouvent et lui disent : « Tout le monde te cherche. » Jésus leur dit : « Allons ailleurs, dans les villages voisins, afin que là aussi je proclame l’Évangile ; car c’est pour cela que je suis sorti. »
Et il parcourut toute la Galilée, proclamant l’Évangile dans leurs synagogues, et expulsant les démons.
Patrick BRAUD

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19 octobre 2013

Ne baissez pas les bras !

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Ne baissez pas les bras !

Homélie du 29ème Dimanche du temps ordinaire / Année C
Dimanche 20 Octobre 2013

« Ne baissez pas les bras ! »

L’histoire de Moïse qui se tient les mains levées pour soutenir le long combat de Josué contre l’ennemi est célèbre. Peut-être est-ce de là que vient l’expression : « Ne baissez pas les bras ! ». Car si Moïse laissait retomber ses bras, l’ennemi était le plus fort ; sinon, Israël devenait le plus fort.

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« Ne baissez pas les bras ! »

L’expression peut également venir de la boxe. Si un boxeur baisse sa garde en abaissant ses mains, il va vite se retrouver KO. Le fait de baisser les bras pour un boxeur est un geste d’abandon dans un combat. Par extension, « baisser les bras » en est venu à signifier que l’on abandonne un projet ou une action par manque de courage, de force ou de volonté.

Comment Moïse est-il parvenu à ne pas baisser les bras là où tant d’autres avaient capitulé ? Regardons bien le texte et transposons-le à aujourd’hui.

1)  D’abord, Moïse a su déléguer et garder une certaine distance.

Il appelle Josué, l’envoie à la bataille pendant que lui va regarder les choses de haut depuis le sommet de la colline.

Vous aussi, si vous voulez tenir bon dans les combats qui sont les vôtres, apprenez à déléguer, à ne pas vous noyer dans l’action, à garder une certaine distance intérieure, à voir les choses « d’en haut ».

 

2) Ensuite, Moïse ne monte pas seul sur la colline. Il emmène Aaron et Hour.

Croire qu’on pourra s’en sortir tout seul est l’une des grandes tentations. Le piège, c’est de ne vouloir personne à ses côtés dans les combats de nos vies.

Tentation du repli sur soi, de l’autosuffisance, du mutisme?

Moïse sait qu’il aura besoin d’être aidé, et il l’accepte humblement. (Car Moïse est le plus humble des hommes que la terre ait portés?).

Vous aussi, acceptez d’être accompagné, aidé, sinon votre solitude se changera en lassitude.

 

3) Continuons le texte :

Quand ses mains deviennent trop lourdes pour rester levées, Moïse s’assoit sur une pierre. Il ne tient plus debout tout seul, il prend appui sur un autre que lui-même. Il se repose sur Dieu, son « rocher », comme disent les Psaumes.

Ce serait une illusion très prétentieuse que de vouloir se passer de Dieu pour aller jusqu’au bout de nos projets.

S’asseoir, être assis en Dieu, est paradoxalement la 1ère attitude pour mener la bataille.

 

4) Après s’être assis, Moïse accepte que d’autres lui tiennent les mains levéesAaron et Hour lui soutiennent la main gauche et la main droite vers le ciel.

Impossible là encore de tenir bon sans accepter d’être porté, supporté, élevé par nos compagnons d’armes. Tantôt ce sont des amis, tantôt un père spirituel, une équipe de réflexion et de partage, un groupe de prière?

Si vous voulez ne pas baisser les bras, entourez-vous de compagnons qui soient de vrais soutiens et acceptez leur aide, humblement.

 

5) « Ainsi les mains de Moïse demeurèrent levées jusqu’au coucher du soleil ».

La dernière attitude de Moïse dans le récit biblique, c’est de persévérer, jusqu’au bout du jour, de durer sans se lasser. Cette persévérance dans la prière (que reprend Jésus dans l’évangile d’aujourd’hui) est une condition sine qua non de notre fidélité. Il y a des bons et des mauvais jours, il y a des réussites et des échecs, il y a des doutes et des grands élans : l’important, pour ne pas baisser les bras, est de persévérer jusqu’à la fin.

Dans le monde économique ou politique, on est quelquefois prisonnier de la dictature du court terme, du très court terme : qui raisonne au-delà de 6 mois en entreprise ? La culture de l’efficacité rapide peut obscurcir l’horizon d’une action durable.

Dans la foi chrétienne, nous préférons le présent au court-terme.

Sans renier l’efficacité, nous lui préférons la fécondité qui demande du temps, qui demande de passer par la mort et la résurrection du grain de blé.

Le long-terme s’appelle plutôt pour nous : avenir, espérance ; et « l’espérance ne déçoit pas » (Rm 8).

perseverance courage dans Communauté spirituelle

Voilà donc quelques points de repère pour, à la suite de Moïse, ne pas baisser les bras :

- savoir déléguer et garder une certaine distance

- accepter d’être accompagné (et bien choisir ces compagnons !)

- s’asseoir, s’appuyer sur Dieu

- accepter d’être porté

- durer, persévérer jusqu’au bout.

 

Un poème anonyme traduit à sa manière cette espérance en la fécondité de cette attitude spirituelle. Je vous le livre :

Ne baissez pas les bras

1. Quand parfois rien ne veut s’arranger
Quand la route pénible continue de monter
Quand les fonds sont en baisse, les dettes amoncelées
Quand vous voulez sourire et que vous soupirez
Quand tout vous presse et que vous êtes surmené
Faites une pause, mais ne baissez pas les bras.

2. La vie est surprenante avec ses volte-face
Chacun de nous un jour a pu le constater.
Maints échecs en succès ont été transformés.
Celui qui est en tête est parfois dépassé.
Ne baissez pas les bras bien que l’allure soit lente
Un petit vent nouveau peut vous faire triompher.

3. Le but est bien souvent à portée de la main
De l’homme fatigué, affaibli, chancelant.
Il arrive au vainqueur parfois de renoncer
Alors que la victoire est au bout du chemin.
C’est après qu’il comprend, mais hélas trop tard,
Combien il était près de la couronne d’or.

4. Le succès, c’est l’échec qui change soudain de cap
Et contourne très loin les nuages du doute
Et nul ne peut dire si le but se rapproche.
Il peut être tout près alors qu’il semble loin.
Plongez dans la bagarre lorsque vous êtes en tête
Et lorsque tout va mal, ne baissez pas les bras,
Ne baissez pas les bras.

 

1ère lecture : La prière persévérante de Moïse obtient la victoire (Ex 17, 8-13)

Lecture du livre de l’Exode

Le peuple d’Israël marchait à travers le désert.
Les Amalécites survinrent et attaquèrent Israël à Rephidim. Moïse dit alors à Josué : « Choisis des hommes, et va combattre les Amalécites. Moi, demain, je me tiendrai sur le sommet de la colline, le bâton de Dieu à la main. »
Josué fit ce que Moïse avait dit : il livra bataille aux Amalécites. Moïse, Aaron et Hour étaient montés au sommet de la colline. Quand Moïse tenait la main levée, Israël était le plus fort. Quand il la laissait retomber, Amalec était le plus fort. Mais les mains de Moïse s’alourdissaient ; on prit une pierre, on la plaça derrière lui, et il s’assit dessus. Aaron et Hour lui soutenaient les mains, l’un d’un côté, l’autre de l’autre. Ainsi les mains de Moïse demeurèrent levées jusqu’au coucher du soleil. Et Josué triompha des Amalécites au tranchant de l’épée.

Psaume : Ps 120, 1-2, 3-4, 5-6, 7-8

R/ Notre secours, c’est Dieu, le Maître du monde !

Je lève les yeux vers les montagnes :
d’où le secours me viendra-t-il ?
Le secours me viendra du Seigneur 
qui a fait le ciel et la terre.

Qu’il empêche ton pied de glisser, 
qu’il ne dorme pas, ton gardien. 
Non, il ne dort pas, ne sommeille pas, 
le gardien d’Israël. 

Le Seigneur, ton gardien, le Seigneur, ton ombrage, 
se tient près de toi. 
Le soleil, pendant le jour, ne pourra te frapper, 
ni la lune, durant la nuit. 

Le Seigneur te gardera de tout mal, 
il gardera ta vie. 
Le Seigneur te gardera, au départ et au retour, 
maintenant, à jamais.

2ème lecture : Méditer l’Écriture pour proclamer la Parole(2Tm 3, 14-17; 4, 1-2)

Lecture de la seconde lettre de saint Paul Apôtre à Timothée

Fils bien-aimé, 
tu dois en rester à ce qu’on t’a enseigné : tu l’as reconnu comme vrai, sachant bien quels sont les maîtres qui te l’ont enseigné. Depuis ton plus jeune âge, tu connais les textes sacrés : ils ont le pouvoir de te communiquer la sagesse, celle qui conduit au salut par la foi que nous avons en Jésus Christ. Tous les textes de l’Écriture sont inspirés par Dieu ; celle-ci est utile pour enseigner, dénoncer le mal, redresser, éduquer dans la justice ; grâce à elle, l’homme de Dieu sera bien armé, il sera pourvu de tout ce qu’il faut pour faire un bon travail.

Devant Dieu, et devant le Christ Jésus qui doit juger les vivants et les morts, je te le demande solennellement, au nom de sa manifestation et de son Règne : proclame la Parole, interviens à temps et à contretemps, dénonce le mal, fais des reproches, encourage, mais avec une grande patience et avec le souci d’instruire.

Evangile : Parabole de la veuve qui demandait justice (Lc 18, 1-8)

Acclamation : Alléluia. Alléluia. Le Seigneur est juste en toutes ses voies, il est proche de ceux qui l’invoquent, il écoute leur cri : il les sauve. Alléluia. (Ps 144, 17-19)

Évangile de Jésus Christ selon saint Luc

Jésus dit une parabole pour montrer à ses disciples qu’il faut toujours prier sans se décourager :
« Il y avait dans une ville un juge qui ne respectait pas Dieu et se moquait des hommes.
Dans cette même ville, il y avait une veuve qui venait lui demander : ‘Rends-moi justice contre mon adversaire.’ Longtemps il refusa ; puis il se dit : ‘Je ne respecte pas Dieu, et je me moque des hommes, mais cette femme commence à m’ennuyer : je vais lui rendre justice pour qu’elle ne vienne plus sans cesse me casser la tête.’ »
Le Seigneur ajouta : « Écoutez bien ce que dit ce juge sans justice ! Dieu ne fera-t-il pas justice à ses élus, qui crient vers lui jour et nuit ? Est-ce qu’il les fait attendre ? Je vous le déclare : sans tarder, il leur fera justice. Mais le Fils de l’homme, quand il viendra, trouvera-t-il la foi sur terre ? »
Patrick Braud

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16 octobre 2010

La grenouille qui ne se décourageait jamais

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Homélie du 17/10/2010

29° Dimanche du temps ordinaire / Année C

 

La grenouille qui ne se décourageait jamais

 

 

Grenouiller jusqu’en haut

Afficher l'image d'origineIl était une fois une course …  de grenouilles.
L’objectif était d’arriver en haut d’une grande tour. Beaucoup de gens se rassemblèrent pour les voir et les soutenir.  La course commença.
En fait, les gens ne croyaient pas possible que les grenouilles atteignent le sommet de la tour, et toutes les phrases que l’on entendit furent de ce genre :
« Inutile !!!
Elles n’y arriveront jamais! »
Les grenouilles commencèrent peu à peu à se décourager, sauf une qui continua de grimper.
Les gens continuaient :
« … Vraiment pas la peine  !!! Elles n’y arriveront jamais!… »
Et les grenouilles s’avouèrent vaincues, sauf une qui continuait envers et contre tout !
A la fin, toutes abandonnèrent, sauf cette grenouille qui, seule et au prix d’un énorme effort, rejoignit la cime.
Les autres, stupéfaites, voulurent savoir comment elle avait fait.
A sa descente, l’une d’entre elles s’approcha pour lui demander comment elle avait fait pour terminer l’épreuve.
Et découvrit qu’elle… était sourde !

Cette histoire de grenouilles nous invite à rester sourds à tous ceux qui nous disent que « c’est impossible », à tout ce qui nous décourage d’aller au bout de notre désir le plus vrai.

 

Prier sans se décourager

Ne pas se laisser décourager est bien sûr le La grenouille qui ne se décourageait jamais dans Communauté spirituelle ex17_12bthème central des textes de ce dimanche.

Moïse a besoin de son frère Aaron et de Hour pour le soutenir dans son intercession, les bras levés. S’il « baisse les bras » (l’expression en français vient de là), le peuple perdra le combat.

 

Le psaume 120, comme bien des psaumes, cherche lui aussi du courage dans la prière : « Je lève les yeux vers les montagnes : d’où le secours me viendra-t-il ? »

 

Et Jésus enfonce le clou avec sa parabole « pour montrer à ses disciples qu’il faut toujours prier sans se décourager ».

La prière est un combat où le découragement nous guette immanquablement tôt ou tard : devant le silence de Dieu, devant le temps qui passe et où il ne se passe rien, devant tant d’injustices qui se répètent à longueur d’années, de siècles…

Pourtant, prier sans se décourager, c’est trouver du courage en priant.

Et saint Paul rajoute à la prière l’Écriture comme source de courage : « tu connais les textes sacrés : ils ont le pouvoir de te communiquer la sagesse, celle qui conduit au salut par la foi que nous avons en Jésus Christ ».

 

La question de ce dimanche taraude bien des ‘combattants de la survie ordinaire’.

29z3c5ig courage dans Communauté spirituelleAujourd’hui comme hier, où trouver la force pour continuer à chercher du travail quand on est chômeur depuis trop longtemps ? Où trouver l’énergie pour continuer à se battre pour ses enfants quand on est une femme seule ? Comment ne pas sombrer dans l’alcool ou la dépression lorsqu’on est à la rue ? Où trouver un soutien pour ne pas « baisser les bras » lorsqu’on entre en chimiothérapie ? lorsque la mort nous enlève un être proche ?

 

Comment apprendre à devenir cette grenouille sourde : sourde à la fatigue, à l’échec, à la frustration, à la peur… ?

 

Du coeur à l’ouvrage

Le mot courage en français vient du latin cor, le coeur_anatomie Expéditcoeur. Quelques expressions en gardent la trace : « avoir du coeur à l’ouvrage », c’est le signe du courage. « Perdre coeur » au contraire, c’est abandonner peu à peu le combat.

Le courage et le coeur ont partie liée. Non pas au plan sentimental, mais anatomique : le coeur est cette formidable pompe qui injecte à tout l’organisme le combustible et l’énergie nécessaires à l’activité de l’ensemble. Aller puiser du courage, c’est retrouver en soi la pompe à énergie qui va galvaniser l’effort et le faire durer. Le coureur de fond harmonise les battements de son coeur avec ses pieds et sa respiration, pour tenir bon des kilomètres durant, sans points de côté, sans se décourager.

 

On comprend alors pourquoi Jésus, le psaume et Moïse lient le courage et la prière.

Prier, c’est se recentrer sur le coeur de soi-même en Dieu, ou de Dieu en soi-même…

Prier, c’est revenir à l’essentiel de ce qui nous anime, et ainsi laisser à nouveau le sang de la confiance irriguer nos combats, même les plus longs, même ceux qui nous semblent interminables…

La prière n’est pas ‘expéditive’

Notre vieux fond païen rêverait une prière « expéditive ». Lorsque le résultat d’une telle demande païenne se fait attendre, nous sommes découragés. On a même inventé un saint dans nos églises pour cultiver cette tendance « expéditive » de la prière : c’est justement… Saint Expédit ! Le jeu de mot qui découle du nom de saint Expédit en dit long sur notre impatience !

 

La légende faisait de saint Expédit un commandant Romain d’Arménie, converti au Christ et décapité pour cette raison en 303 par l’empereur Dioclétien. Le pape Pie XI a rayé son nom du martyrologe romain en 1905, mais rien n’y fait : on continue à espérer de lui un traitement en colissimo de nos prières urgentes… Sans doute à cause de la légende de sa conversion. On raconte qu’Expédit était sur le point de demander le baptême lorsqu’un corbeau arriva en criant : ‘Cras ! cras ! cras ! cras !’ (ce qui signifie : ?demain !’, en latin, et cela ressemble au croassement du corbeau). Expédit l’écrasa en criant à son tour : ‘Hodie ! hodie ! hodie ! hodie !’ (?aujourd’hui !’). Expédit est donc souvent représenté portant la palme du martyre, écrasant un corbeau, avec les inscriptions : Cras ! Hodie !

Mais la ferveur populaire oublie que c’est sur la conversion que porte la rapidité « expéditive » de la prière du saint, pas sur la réalisation d’une demande dans la prière !

La conversion peut être expéditive, la prière plus rarement…

Voilà pourquoi il nous faut apprendre à « toujours prier sans se décourager jamais ».

« Luttez avec moi dans la prière », écrit Saint-Paul (Rm 15,30).

 

La faim heureuse

Telle la grenouille sourde, celui qui va puiser du courage dans la prière et l’Écriture cmic8mu2 grenouilledécouvrira en cours d’ascension ce que saint Augustin appelait la « faim heureuse ». Rien à voir avec le Happy End d’Hollywood ! Mais la lente transformation qu’opère en nous la fidélité qui ne se décourage pas d’attendre, qui ne se décourage pas de se battre encore et encore :

« Quand Dieu tarde à vous donner, c’est, non pour vous refuser ses dons, mais pour vous les faire apprécier. On reçoit avec plus de joie ce qu’on a désiré longtemps ; on n’apprécie pas ce qu’on obtient trop vite. Demandez, cherchez, insistez. En demandant et en cherchant vous grandissez, et vous vous préparez à recevoir ce que vous demandez. Dieu vous réserve ce qu’il ne veut pas vous donner tout de suite, afin que vous appreniez à désirer avec grandeur de grandes choses. Nous demandons ce que nous devons posséder éternellement, ce qui doit nous rassasier éternellement. Mais pour être rassasiés, ayons faim et soif. Il a été dit : « bienheureux ceux qui ont faim et soif de justice » ; la faim peut donc quelquefois être heureuse ? Oui, lorsqu’elle prépare au rassasiement, car si vous n’aviez que dégoût, vous n’arriveriez pas à la possession des trois pains » 

(saint Augustin : sermon LXI, 5 & 6).

 

 

 

1ère lecture : Moïse ne baisse pas les bras (Ex 17, 8-13)

Lecture du livre de l’Exode

Le peuple d’Israël marchait à travers le désert.
Les Amalécites survinrent et attaquèrent Israël à Rephidim.
Moïse dit alors à Josué : « Choisis des hommes, et va combattre les Amalécites. Moi, demain, je me tiendrai sur le sommet de la colline, le bâton de Dieu à la main. »
Josué fit ce que Moïse avait dit : il livra bataille aux Amalécites. Moïse, Aaron et Hour étaient montés au sommet de la colline.
Quand Moïse tenait la main levée, Israël était le plus fort. Quand il la laissait retomber, Amalec était le plus fort.
Mais les mains de Moïse s’alourdissaient ; on prit une pierre, on la plaça derrière lui, et il s’assit dessus. Aaron et Hour lui soutenaient les mains, l’un d’un côté, l’autre de l’autre. Ainsi les mains de Moïse demeurèrent levées jusqu’au coucher du soleil.
Et Josué triompha des Amalécites au tranchant de l’épée.

 

Psaume : Ps 120, 1-2, 3-4, 5-6, 7-8

R/ Notre secours, c’est Dieu, le Maître du monde !

Je lève les yeux vers les montagnes :
d’où le secours me viendra-t-il ?
Le secours me viendra du Seigneur
qui a fait le ciel et la terre.

Qu’il empêche ton pied de glisser, 
qu’il ne dorme pas, ton gardien. 
Non, il ne dort pas, ne sommeille pas, 
le gardien d’Israël. 

Le Seigneur, ton gardien, le Seigneur, ton ombrage, 
se tient près de toi. 
Le soleil, pendant le jour, ne pourra te frapper, 
ni la lune, durant la nuit. 

Le Seigneur te gardera de tout mal, 
il gardera ta vie. 
Le Seigneur te gardera, au départ et au retour, 
maintenant, à jamais.

2ème lecture : Méditer l’Écriture pour proclamer la Parole(2Tm 3, 14-17; 4, 1-2)

 

Lecture de la seconde lettre de saint Paul Apôtre à Timothée

Fils bien-aimé,
tu dois en rester à ce qu’on t’a enseigné : tu l’as reconnu comme vrai, sachant bien quels sont les maîtres qui te l’ont enseigné.
Depuis ton plus jeune âge, tu connais les textes sacrés : ils ont le pouvoir de te communiquer la sagesse, celle qui conduit au salut par la foi que nous avons en Jésus Christ.
Tous les textes de l’Écriture sont inspirés par Dieu ; celle-ci est utile pour enseigner, dénoncer le mal, redresser, éduquer dans la justice ; grâce à elle, l’homme de Dieu sera bien armé, il sera pourvu de tout ce qu’il faut pour faire un bon travail.

Devant Dieu, et devant le Christ Jésus qui doit juger les vivants et les morts, je te le demande solennellement, au nom de sa manifestation et de son Règne : proclame la Parole, interviens à temps et à contretemps, dénonce le mal, fais des reproches, encourage, mais avec une grande patience et avec le souci d’instruire.

Evangile : Parabole de la veuve qui demandait justice sans se décourager  (Lc 18, 1-8)

 

Évangile de Jésus Christ selon saint Luc

Jésus dit une parabole pour montrer à ses disciples qu’il faut toujours prier sans se décourager :
« Il y avait dans une ville un juge qui ne respectait pas Dieu et se moquait des hommes.
Dans cette même ville, il y avait une veuve qui venait lui demander : ‘Rends-moi justice contre mon adversaire.’
Longtemps il refusa ; puis il se dit : ‘Je ne respecte pas Dieu, et je me moque des hommes, mais cette femme commence à m’ennuyer : je vais lui rendre justice pour qu’elle ne vienne plus sans cesse me casser la tête.’ »
Le Seigneur ajouta : « Écoutez bien ce que dit ce juge sans justice !
Dieu ne fera-t-il pas justice à ses élus, qui crient vers lui jour et nuit ? Est-ce qu’il les fait attendre ?
Je vous le déclare : sans tarder, il leur fera justice. Mais le Fils de l’homme, quand il viendra, trouvera-t-il la foi sur terre ? » 
 Patrick Braud

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