L'homélie du dimanche (prochain)

21 mars 2016

Le Jeudi saint de Pierre

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Le Jeudi saint de Pierre
Cf. également :

Jeudi Saint / De la bouchée au baiser : la méprise de Judas
Jeudi Saint : la nappe-monde eucharistique
La table du Jeudi saint
Le pain perdu du Jeudi Saint


Homélie pour le Jeudi saint / Année C
24/03/2016

 

La marche de fiducie

Connaissez-vous cet amusant exercice de cohésion, souvent pratiqué dans les séminaires de team building (ou les camps de jeunes !) ? Il s’agit, les yeux bandés, de former une file avec des collègues, chacun tenant l’autre de devant par les épaules. Seul le dernier de la file a les yeux ouverts. Il doit, sans parler, par des gestes sur les épaules de son voisin de devant, guider la file vers un but donné dans la pièce (exemple : aller mettre un ballon dans un panier). C’est bien une question de confiance (fiducie).


Nous sommes ces joueurs aveugles, obligés de compter les uns sur les autres, nous laissant guider par le Christ caché et invisible, hors de nos regards, à travers d’innombrables médiations aussi difficiles à déchiffrer qu’une légère pression sur l’épaule…

 

Dieu par surprise

C’est bien à une marche de fiducie que Jésus invite ses amis pendant cette semaine sainte, à commencer par le geste étrange du lavement des pieds ce Jeudi soir. Pierre a du mal à ce jeu-là : il nous ressemble, ou l’inverse !

Nous avons du mal à comprendre comment Dieu agit à notre égard.

Nous avons des préjugés, des conceptions préétablies de ce qu’il devrait être ou faire. Et voilà qu’il nous déçoit parfois, qu’il nous surprend souvent, en agissant à contre-courant, en nous prenant à contre-pied.

C’est ce qui arrive à Pierre le soir de ce dernier repas. Sa conception de la puissance de Dieu ne cadre pas avec l’attitude du domestique lavant les pieds des invités au repas. Comme nous, il a un geste de recul en voyant le Christ s’abaisser, aux pieds de ses disciples, proche de leur saleté, de leur transpiration, de la poussière accumulée sur les routes.

« C’est toi Seigneur qui me laves les pieds ? » La surprise et l’étonnement de Pierre doivent être les nôtres : si nous voulons discerner les signes de l’action de Dieu dans nos vies, commençons par repérer ce qui nous étonne, ce qui nous scandalise, ce qui nous surprend, ce qui ne cadre pas avec nos conceptions. Car Dieu agit souvent par effraction, comme un voleur : à nous  de chercher ailleurs que là où nous avons commencé à le trouver…

 

Plus tard tu comprendras

Afficher l'image d'origineL’avertissement de Jésus vaut également pour nous. Sur le moment, nous comprenons rarement ce qui nous arrive et où cela nous conduit. Que ce soit un événement heureux (une rencontre, une opportunité, une réussite etc.) ou difficile  (une séparation, une porte qui se ferme etc.), il nous faut du temps, comme à Pierre, pour deviner où cela peut nous conduire. Ce n’est qu’après Pâques que Pierre comprendra. Nous, c’est après bien des cheminements, après bien des discussions, bien des silences en solitude également que nous pourrons dire : « je comprends pour quoi cela m’est arrivé… »

Ne pas tout comprendre est notre condition humaine. Cela n’invalide pas notre quête du pourquoi. Mais cela nous aide à laisser ouverte à l’infini la question du pour  quoi. Et du coup à nous laisser conduire sans savoir où nous allons…

 

Pierre le radical

Quand Pierre comprend qu’il ne fera pas changer d’avis Jésus, il radicalise son geste : « pas seulement les pieds, mais aussi les mains et la tête ! »

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Décidément, il n’a guère le sens de la mesure… Confondant le signifié et le signifiant – pourrait-on dire – Pierre croit que c’est la matérialité du bain qui compte et non la disposition intérieure qu’il incarne. Un peu comme des nouveaux convertis croient volontiers que c’est l’accumulation des prières, des jeûnes, des grandes croix sur la poitrine qui leur garantiront l’identité chrétienne. La quantité des actes dits ‘religieux’ est beaucoup moins importante que le désir d’y conformer toute son existence. Nous en ‘rajoutons’ parfois, comme Pierre, sur les pèlerinages, les messes, les chapelets, les retraites en monastère etc. comme si le lavement des pieds devait s’étendre à tout le corps, alors que le bain d’eau du baptême nous a déjà transformé au plus intime.

Méfions-nous donc de tout les radicalismes qui prétendraient imposer des rituels à n’en plus finir sous prétexte de faire comme le Christ.

Pendant les persécutions antichrétiennes des trois premiers siècles, la question était d’importance : que faire des lapsi, ceux qui avait renié leur foi à cause de la peur, la prison, la menace contre leur famille ? Les radicaux voulaient l’exclusion totale, mais d’autres, et les papes avec eux, se sont souvenus de la miséricorde et n’ont pas voulu imposer davantage que le lavement des pieds pratiqué par le Christ, sous la forme de la confession réintégrant dans la communion ecclésiale.

Que le Jeudi saint de Pierre nous révèle notre propre résistance à laisser le Christ  nous servir en toute humilité.

 

 

Messe du soir
1ère lecture : Prescriptions concernant le repas pascal (Ex 12, 1-8.11-14)
Lecture du livre de l’Exode

En ces jours-là, dans le pays d’Égypte, le Seigneur dit à Moïse et à son frère Aaron : « Ce mois-ci sera pour vous le premier des mois, il marquera pour vous le commencement de l’année. Parlez ainsi à toute la communauté d’Israël : le dix de ce mois, que l’on prenne un agneau par famille, un agneau par maison. Si la maisonnée est trop peu nombreuse pour un agneau, elle le prendra avec son voisin le plus proche, selon le nombre des personnes. Vous choisirez l’agneau d’après ce que chacun peut manger. Ce sera une bête sans défaut, un mâle, de l’année. Vous prendrez un agneau ou un chevreau. Vous le garderez jusqu’au quatorzième jour du mois. Dans toute l’assemblée de la communauté d’Israël, on l’immolera au coucher du soleil. On prendra du sang, que l’on mettra sur les deux montants et sur le linteau des maisons où on le mangera. On mangera sa chair cette nuit-là, on la mangera rôtie au feu, avec des pains sans levain et des herbes amères. Vous mangerez ainsi : la ceinture aux reins, les sandales aux pieds, le bâton à la main. Vous mangerez en toute hâte : c’est la Pâque du Seigneur. Je traverserai le pays d’Égypte, cette nuit-là ; je frapperai tout premier-né au pays d’Égypte, depuis les hommes jusqu’au bétail. Contre tous les dieux de l’Égypte j’exercerai mes jugements : Je suis le Seigneur. Le sang sera pour vous un signe, sur les maisons où vous serez. Je verrai le sang, et je passerai : vous ne serez pas atteints par le fléau dont je frapperai le pays d’Égypte.  Ce jour-là sera pour vous un mémorial. Vous en ferez pour le Seigneur une fête de pèlerinage. C’est un décret perpétuel : d’âge en âge vous la fêterez. »

Psaume : 115 (116b), 12-13, 15-16ac, 17-18

R/ La coupe de bénédiction est communion au sang du Christ. (cf. 1 Co 10, 16)

Comment rendrai-je au Seigneur
tout le bien qu’il m’a fait ?
J’élèverai la coupe du salut,
j’invoquerai le nom du Seigneur.

Il en coûte au Seigneur
de voir mourir les siens !
Ne suis-je pas, Seigneur, ton serviteur,
moi, dont tu brisas les chaînes ?

Je t’offrirai le sacrifice d’action de grâce,
j’invoquerai le nom du Seigneur.
Je tiendrai mes promesses au Seigneur,
oui, devant tout son peuple.

2ème lecture : « Chaque fois que vous mangez ce pain et que vous buvez cette coupe, vous proclamez la mort du Seigneur » (1 Co 11, 23-26)
Lecture de la première lettre de saint Paul apôtre aux Corinthiens

Frères, moi, Paul, j’ai moi-même reçu ce qui vient du Seigneur, et je vous l’ai transmis : la nuit où il était livré, le Seigneur Jésus prit du pain, puis, ayant rendu grâce, il le rompit, et dit : « Ceci est mon corps, qui est pour vous. Faites cela en mémoire de moi. » Après le repas, il fit de même avec la coupe, en disant : « Cette coupe est la nouvelle Alliance en mon sang. Chaque fois que vous en boirez, faites cela en mémoire de moi. »
 Ainsi donc, chaque fois que vous mangez ce pain et que vous buvez cette coupe, vous proclamez la mort du Seigneur, jusqu’à ce qu’il vienne.

Evangile : « Il les aima jusqu’au bout » (Jn 13, 1-15)
Acclamation : Gloire et louange à toi, Seigneur Jésus !
Je vous donne un commandement nouveau, dit le Seigneur :
« Aimez-vous les uns les autres comme je vous ai aimés. »
Gloire et louange à toi, Seigneur Jésus ! (cf. Jn 13, 34)

Évangile de Jésus Christ selon saint Jean

Avant la fête de la Pâque, sachant que l’heure était venue pour lui de passer de ce monde à son Père, Jésus, ayant aimé les siens qui étaient dans le monde, les aima jusqu’au bout.

 Au cours du repas, alors que le diable a déjà mis dans le cœur de Judas, fils de Simon l’Iscariote, l’intention de le livrer, Jésus, sachant que le Père a tout remis entre ses mains, qu’il est sorti de Dieu et qu’il s’en va vers Dieu, se lève de table, dépose son vêtement, et prend un linge qu’il se noue à la ceinture ; puis il verse de l’eau dans un bassin. Alors il se mit à laver les pieds des disciples et à les essuyer avec le linge qu’il avait à la ceinture. Il arrive donc à Simon-Pierre, qui lui dit : « C’est toi, Seigneur, qui me laves les pieds ? » Jésus lui répondit : « Ce que je veux faire, tu ne le sais pas maintenant ; plus tard tu comprendras. » Pierre lui dit : « Tu ne me laveras pas les pieds ; non, jamais ! » Jésus lui répondit : « Si je ne te lave pas, tu n’auras pas de part avec moi. » Simon-Pierre lui dit : « Alors, Seigneur, pas seulement les pieds, mais aussi les mains et la tête ! » Jésus lui dit : « Quand on vient de prendre un bain, on n’a pas besoin de se laver, sinon les pieds : on est pur tout entier. Vous-mêmes, vous êtes purs, mais non pas tous. » Il savait bien qui allait le livrer ; et c’est pourquoi il disait : « Vous n’êtes pas tous purs. »

 Quand il leur eut lavé les pieds, il reprit son vêtement, se remit à table et leur dit : « Comprenez-vous ce que je viens de faire pour vous ? Vous m’appelez “Maître” et “Seigneur”, et vous avez raison, car vraiment je le suis. Si donc moi, le Seigneur et le Maître, je vous ai lavé les pieds, vous aussi, vous devez vous laver les pieds les uns aux autres. C’est un exemple que je vous ai donné afin que vous fassiez, vous aussi, comme j’ai fait pour vous. »
Patrick BRAUD

 

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8 avril 2015

Le maillon faible

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Le maillon faible

Homélie du 2ème Dimanche de Pâques
Année B    12/05/2015

Vous souvenez-vous du « maillon faible » ?

Le maillon faible dans Communauté spirituelle lmfapc0bCe jeu télévisé était mené chaque samedi soir sur TF1 par l’inénarrable Laurence Boccolini du 9 juillet 2001 au 12 août 2007 (puis prolongé par Laurent Courbet sur D8 depuis le 8 Septembre 2014), jouant à la maîtresse d’école impitoyable devant les candidats ridiculisés à tour de rôle. À chaque question qu’elle posait, les joueurs votaient pour éliminer le plus faible d’entre eux, celui qui avait le plus mal répondu. Invariablement, Laurence Boccolini prenait son air le plus sévère derrière ses lunettes carrées pour éliminer l’infortuné perdant : « Éric, vous êtes le maillon faible. Au revoir. »  Quelquefois la perversité du jeu poussait les participants à éliminer le plus fort, celui qui avait le mieux répondu, par peur de se retrouver contre lui en finale…

0eff19e9 angulaire dans Communauté spirituelle* Et si « le maillon faible », c’était la pierre dont parle le psaume 117 : « la pierre qu’ont rejetée les bâtisseurs »c’est à dire la pierre qu’on a jugée inintégrable dans la construction commune, la pierre éliminée parce qu’elle a un défaut. Voilà un des sens les plus profonds de Pâques que la liturgie nous livre par ce psaume 117 en ce 2ème dimanche de Pâques : « la pierre qu’ont rejetée les bâtisseurs est devenue la pierre d’angle ». Le Christ, qui avait été rejeté, éliminé comme le maillon faible de la société juive et romaine, est devenu le fondement d’une cité nouvelle. Sur la Croix, le Christ est le maillon faible ‘par excellence’, si j’ose dire.

Voilà donc le sens de sa Passion : faire corps avec les exclus, les rejetés, les maillons faibles de tous les temps, de tous les lieux, cultures ou ethnies, les damnés de la terre.  « La pierre rejetée par les bâtisseurs est devenue la pierre d’angle ».

Voilà donc le sens de sa Résurrection : le Christ réintègre dans le peuple nouveau ceux dont personne ne voulait. Mieux encore, il bâtit son Corps qu’est l’Église, « l’humanité réconciliée » (Saint Augustin), à partir des maillons faibles !

 

* Et si « le maillon faible » était également une parabole de notre société ? Regardez les plans sociaux et les restructurations d’entreprises qui se succèdent en France : « Vous êtes de la  masse salariale surnuméraire.Au revoir. »

* Pensez aux personnes handicapées dont notre société aimerait bien se débarrasser, à coup de thérapie génique ou de diagnostic anténataux.

Yz2YJW5LtjPZXeVpg9gv3Hi7MFc@271x258 Arche dans Communauté spirituelleHeureusement, il y a des témoins du Ressuscité comme Jean Vanier qui est venu au nom du Christ réinventer la vie ensemble, handicapés ou non, en créant des CAT (Centre d’Aide par le Travail, aujourd’hui ESAT) et des foyers de vie à partir de ces êtres rejetés, maillons faibles entre tous. Ces communautés de vie en ville ou en CAT appliquent le psaume 117 intégralement : les rejetés deviennent les pièces maîtresses des Foyers de l’Arche.

Mais cela ne suffit pas encore. Tant d’autres personnes handicapées continuent de s’entendre dire : «  Vous êtes un cas hors norme. Au revoir ». « Votre maladie est orpheline. Nous n’avons pas les moyens de la traiter. Au revoir ».

* Depuis l’hiver 1954, la communauté Emmaüs accueille les SDF et les rejetés de la société qui errent dans nos rues. Dans l’esprit de l’Abbé Pierre – témoin du ressuscité s’il en est – donner à ces zonards la possibilité de redevenir des êtres humains, des personnes respectées, gagnant leur vie, c’est vraiment appliquer le Psaume 117 à la lettre : « la pierre qu’ont rejetée les bâtisseurs est devenue la pierre d’angle. C’est là l’œuvre du Seigneur ».

photo gérard, 63 ans, compagnon d'emmaüs, avec le chanteur guinéen abdul karim bangoura  accueilli à la communauté emmaüs de saint-jean-de-lignières. 

*  À l’autre bout de l’existence, pensez aux milliers d’enfants qui ne naissent pas chaque année en France.

210 000 avortements dont personne ne veut parler parce que c’est politiquement incorrect. Rien à voir avec les réels cas de détresse où seuls le silence et l’accompagnement miséricordieux conviennent.

En 5 ans, 1 million d’enfants en France se seront entendus dire : « Tu n’es pas désiré, tu ne viens pas au bon moment, tu présentes un risque de malformation. Au revoir ». Personne ne s’en émeut plus : ces maillons sont si faibles qu’ils n’ont plus de voix pour les défendre. Notre belle culture occidentale qui se veut championne des Droits de l’Homme devient  sous nos yeux une « culture de mort », comme le disait hélas fort justement Jean-Paul II en dénonçant l’accoutumance à l’IVG massive, comme on s’habitue à une drogue délétère.

 

* L’avertissement de Pâques est fort : si vous éliminez les plus faibles, vous devenez une société inhumaine.Vous mettez Dieu à la porte. Vous vous suicidez à petit feu  en croyant bâtir une grande civilisation, car elle n’est bâtie que sur le rejet et l’exclusion.

18019_apercu avortement 

Une bonne nouvelle de Pâques est ce renversement absolu des valeurs dans lequel Dieu s’engage absolument, jusqu’à livrer son Fils unique : « la pierre qu’ont rejetée les bâtisseurs est devenue la pierre d’angle. C’est là l’œuvre du Seigneur, la merveille devant vos yeux. »

C’est comme si on disait aujourd’hui : « vous les éliminés des plans sociaux, vous les personnes handicapées qu’on voudrait cacher, vous les enfants que l’on va tuer avant de naître, vous les damnés de la terre, vous les personnes âgées qu’on va bientôt trouver inutiles et trop chères à entretenir, vous tous les maillons faibles de notre société, venez au Christ : il fait de vous les fondations d’un monde nouveau, il rebâtit l’humanité nouvelle à partir de vous, afin que nul ne soit exclu. »

 

Saurons-nous témoigner de ce renversement inouï que Pâques opère sous nos yeux ? Saurons-nous agir pour que les maillons faibles ne soient plus éliminés ? Pour que les pierres rejetées deviennent d’autres pièces maîtresses ?

Que l’Esprit qui a ressuscité Jésus d’entre les morts fasse aussi surgir en nous cette espérance et cet engagement pascal !

 

 

 

1ère lecture : « Un seul cœur et une seule âme » (Ac 4, 32-35)

Lecture du livre des Actes des Apôtres

La multitude de ceux qui étaient devenus croyants avait un seul cœur et une seule âme ; et personne ne disait que ses biens lui appartenaient en propre, mais ils avaient tout en commun. C’est avec une grande puissance que les Apôtres rendaient témoignage de la résurrection du Seigneur Jésus, et une grâce abondante reposait sur eux tous. Aucun d’entre eux n’était dans l’indigence, car tous ceux qui étaient propriétaires de domaines ou de maisons les vendaient, et ils apportaient le montant de la vente pour le déposer aux pieds des Apôtres ; puis on le distribuait en fonction des besoins de chacun.

Psaume : 117 (118), 2-4, 16ab-18, 22-24

R/ Rendez grâce au Seigneur : Il est bon ! Éternel est son amour ! ou : Alléluia ! (117,1)

Oui, que le dise Israël :
Éternel est son amour !
Que le dise la maison d’Aaron :
Éternel est son amour !
Qu’ils le disent, ceux qui craignent le Seigneur :
Éternel est son amour 

Le bras du Seigneur se lève,
le bras du Seigneur est fort !
Non, je ne mourrai pas, je vivrai
pour annoncer les actions du Seigneur.
Il m’a frappé, le Seigneur, il m’a frappé,
mais sans me livrer à la mort

La pierre qu’ont rejetée les bâtisseurs
est devenue la pierre d’angle :
c’est là l’œuvre du Seigneur,
la merveille devant nos yeux.
Voici le jour que fit le Seigneur,
qu’il soit pour nous jour de fête et de joie !

2ème lecture : « Tout être qui est né de Dieu est vainqueur du monde » (1 Jn 5, 1-6)

Lecture de la première lettre de saint Jean

Bien-aimés, celui qui croit que Jésus est le Christ, celui-là est né de Dieu ; celui qui aime le Père qui a engendré aime aussi le Fils qui est né de lui.

Voici comment nous reconnaissons que nous aimons les enfants de Dieu : lorsque nous aimons Dieu et que nous accomplissons ses commandements. Car tel est l’amour de Dieu : garder ses commandements ; et ses commandements ne sont pas un fardeau, puisque tout être qui est né de Dieu est vainqueur du monde. Or la victoire remportée sur le monde, c’est notre foi. Qui donc est vainqueur du monde ? N’est-ce pas celui qui croit que Jésus est le Fils de Dieu ?

 C’est lui, Jésus Christ, qui est venu par l’eau et par le sang : non pas seulement avec l’eau, mais avec l’eau et avec le sang. Et celui qui rend témoignage, c’est l’Esprit, car l’Esprit est la vérité.

Evangile : « Huit jours plus tard, Jésus vient » (Jn 20, 19-31)

Acclamation : Alléluia. Alléluia.
Thomas, parce que tu m’as vu, tu crois, dit le Seigneur. Heureux ceux qui croient sans avoir vu !
Alléluia. (Jn 20, 29)

Évangile de Jésus Christ selon saint Jean

C’était après la mort de Jésus. Le soir venu, en ce premier jour de la semaine, alors que les portes du lieu où se trouvaient les disciples étaient verrouillées par crainte des Juifs, Jésus vint, et il était là au milieu d’eux. Il leur dit : « La paix soit avec vous ! » Après cette parole, il leur montra ses mains et son côté. Les disciples furent remplis de joie en voyant le Seigneur. Jésus leur dit de nouveau : « La paix soit avec vous ! De même que le Père m’a envoyé, moi aussi, je vous envoie. » Ayant ainsi parlé, il souffla sur eux et il leur dit : « Recevez l’Esprit Saint. À qui vous remettrez ses péchés, ils seront remis ; à qui vous maintiendrez ses péchés, ils seront maintenus. »

 Or, l’un des Douze, Thomas, appelé Didyme (c’est-à-dire Jumeau), n’était pas avec eux quand Jésus était venu. Les autres disciples lui disaient : « Nous avons vu le Seigneur ! » Mais il leur déclara :

« Si je ne vois pas dans ses mains la marque des clous, si je ne mets pas mon doigt dans la marque des clous, si je ne mets pas la main dans son côté, non, je ne croirai pas ! »

 Huit jours plus tard, les disciples se trouvaient de nouveau dans la maison, et Thomas était avec eux. Jésus vient, alors que les portes étaient verrouillées, et il était là au milieu d’eux. Il dit : « La paix soit avec vous ! » Puis il dit à Thomas : « Avance ton doigt ici, et vois mes mains ; avance ta main, et mets-la dans mon côté : cesse d’être incrédule, sois croyant. » Alors Thomas lui dit : « Mon Seigneur et mon Dieu ! » Jésus lui dit : « Parce que tu m’as vu, tu crois. Heureux ceux qui croient sans avoir vu. »

 Il y a encore beaucoup d’autres signes que Jésus a faits en présence des disciples et qui ne sont pas écrits dans ce livre. Mais ceux-là ont été écrits pour que vous croyiez que Jésus est le Christ, le Fils de Dieu, et pour qu’en croyant, vous ayez la vie en son nom.
Patrick BRAUD

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2 octobre 2014

Les sans-dents, pierre angulaire

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Les sans-dents, pierre angulaire

Homélie du 27° dimanche du temps ordinaire / Année A
05/10/14

Une émotion rassurante

Valérie Trierweiler écrit dans son livre choc ‘Merci pour ce moment’ que François Hollande « s’est présenté comme l’homme qui n’aime pas les riches. En réalité, le président n’aime pas les pauvres ». Elle poursuit : « Lui, l’homme de gauche, dit en privé: “les sans-dents” très fier de son trait d’humour. »

En écrivant que François Hollande se moquait des sans-dents, Valérie Trierweiler a suscité une énorme émotion, qui allait de l’indignation à la méfiance devant une telle outrance.

Que ses propos soient vrais ou non, la réaction générale fut plutôt rassurante. Traiter de sans-dents les pauvres, les exclus de Les sans-dents, pierre angulaire dans Communauté spirituellenotre société qui n’ont – c’est vrai - pas les moyens de soigner leur dentition est proprement insupportable. Le mépris ordinaire se change là en insulte dégradante. La gêne quotidienne devant les mendiants, SDF et autres silhouettes fantomatiques des couloirs du métro et des cartons-pour-dormir se transforme là on attaque déshumanisante. Que les laissés-pour-compte engendrent un certain malaise quand on les croise, chacun s’y habitue, hélas. Mais là, trop c’est trop ! On sent bien que c’est tout le lien social qui risque de se déchirer si un minimum de respect et de considération n’est pas accordé aux damnés de la terre.

Remarquez au passage combien est exacte malheureusement la description cinglante des sans-dents. Effectivement, les plus pauvres se reconnaissent à une dentition effroyable, à un sourire qui n’a rien d’étincelant. La survie dans la rue ou les squats est peu compatible avec l’hygiène et les soins dentaires. Rajoutez la chevelure qui la plupart du temps est devenue clairsemée et filasse, le visage portant la trace de la galère à travers bien des rides, cicatrices et autres crevasses où la peau n’a plus guère de fleur, et vous aurez un portrait réaliste de la misère, instinctivement repoussante.

 

Jésus et les sans-dents

Pourquoi rappeler cette charge (juste ou injuste, seuls eux le savent) d’une femme trahie et jalouse envers son ex-compagnon ?

0eff19e9 angulaire dans Communauté spirituelleParce que l’indignation suscitée nous rappelle qu’il y a des limites à fixer au mépris des pauvres.
Parce que notre évangile de ce dimanche (Mt 21, 33-43) nous demande d’aller encore plus loin. Non seulement ne méprisons pas les exclus que nous engendrons, mais bien plus reconstruisons le lien social à partir d’eux. « La pierre qu’ont rejetée les bâtisseurs est devenu la pierre d’angle. C’est là l’œuvre du Seigneur, une merveille sous nos yeux. »

En faisant corps avec les sans-dents de son époque et de sa Palestine, Jésus est devenu lui-même un de ces rejetés devant lesquels on se bouche le nez pour ne pas subir leur déchéance. « Il n’avait plus apparence humaine » (Is 52,14) disait Isaïe en annonçant le Messie défiguré sous l’opprobre de la croix. « Je suis un ver, non pas un homme »  (Ps 22,7) gémissait le psaume que Jésus crucifié a su prier dans sa détresse.

 

Une bonne nouvelle pour les moins-que-rien

Pierre rejetée, pierre angulaire : d’habitude, on commente ce genre d’images en se plaçant du côté des bâtisseurs. Avec une conclusion fort logique : réintégrez les rejetés dans vos projets, vos constructions, si vous voulez que ce que vous construisez ne soit pas vain, promis à la destruction.

Et c’est déjà un message d’une extraordinaire portée sociale. « Si Dieu ne bâtit la maison, les bâtisseurs travaillent en vain » (Ps 127,1). Or la manière dont Dieu bâtit l’humanité nouvelle, c’est en partant des exclus pour en faire le pivot, le critère de réussite de la construction globale. Si donc nous voulons bâtir comme Dieu et avec lui, c’est en intégrant les exclus en amont, au fondement de nos projets que nous pourrons réussir.

Mais plaçons-nous maintenant du côté de ceux qui sont rejetés par les bâtisseurs, et le message est encore plus puissant :

Vous qui êtes humiliés aujourd’hui, Dieu vous remettra au centre.

Vous qu’on regarde à la dérobée, un jour dans le face-à-face avec Dieu vous retrouverez l’attention de vos frères.

Vous devant qui on se bouche le nez imperceptiblement lorsqu’on est obligé de vous frôler, vous êtes appelés à répandre autour de vous l’odeur même de la sainteté de Dieu !

Si vous êtes de ces invisibles qui n’apparaissent nulle part si ce n’est dans les statistiques du chômage ou de l’aide sociale, cet évangile est pour vous.

Si vous faites partie des 150 000 SDF qui en France sont à la charge des autres, ou bien des milliers d’immigrants sans existence légale, ou bien de la foule des anonymes que justement personne ne remarque parce que vous êtes en dehors des cercles qui comptent dans la société, alors réjouissez-vous : Dieu lui-même reconstruit l’humanité à partir de vous, dès maintenant.

Comment ? Vous seuls pouvez raconter.
Vous seuls pouvez témoigner de la façon dont Dieu s’y prend, à travers des rencontres, des événements, pour reconstruire des espérances autrefois ruinées.
Votre responsabilité est grande :
- proclamer à la face de tous ceux qui ont réussi que le rejet et l’exclusion n’auront pas le dernier mot.
- incarner la promesse qui a permis au Christ de traverser sa Passion : « la pierre rejetée par les bâtisseurs est devenue la pierre d’angle ».

Pourquoi ? Parce que votre expérience d’être « jeté dehors », « à l’extérieur de la vigne », peut aider les autres à devenir plus humains, si vous savez raconter et transmettre tout ce que vous apprenez de l’épreuve.

Et si vous ne faites pas partie de ce peuple de l’ombre, parce que vous avez à peu près réussi les grandes étapes de votre existence, alors prêtez l’oreille à ceux qui ont un message salutaire à vous transmettre.

40013_diaconia_440x260 exclusEt donnez-leur la parole.
Dans vos assemblées de prière, vos associations, vos  entreprises, vos quartiers, arrêtez de parler d’eux, de parler sur eux, de prier pour eux ; redonnez-leur la place qui est la leur dans votre prière, votre travail, votre vie sociale : au centre, pierre angulaire d’une nouvelle manière de vivre plus humaine et plus vraie.

L’Église est par nature le peuple des sans-dents, des invisibles, des pierres rejetées par les bâtisseurs.

Aux paroisses, communautés religieuses et diocèses de laisser les exclus occuper le centre de nos assemblées, et non pas la périphérie.

Arrêtons de parler sur la pauvreté ; laissons les plus pauvres prendre la parole au milieu de nous (cf. le rassemblement Diaconia 2013 à Lourdes) …

 

Lectures du 27° dimanche du temps ordinaire Année A 

Livre d’Isaïe 5,1-7.

Je chanterai pour mon ami le chant du bien-aimé à sa vigne. Mon ami avait une vigne sur un coteau plantureux. Il en retourna la terre et en retira les pierres, pour y mettre un plant de qualité. Au milieu, il bâtit une tour de garde et creusa aussi un pressoir. Il en attendait de beaux raisins, mais elle en donna de mauvais. Et maintenant, habitants de Jérusalem, hommes de Juda, soyez donc juges entre moi et ma vigne ! Pouvais-je faire pour ma vigne plus que je n’ai fait ? J’attendais de beaux raisins, pourquoi en a-t-elle donné de mauvais ? Eh bien, je vais vous apprendre ce que je vais faire de ma vigne : enlever sa clôture pour qu’elle soit dévorée par les animaux, ouvrir une brèche dans son mur pour qu’elle soit piétinée. J’en ferai une pente désolée ; elle ne sera ni taillée ni sarclée, il y poussera des épines et des ronces ; j’interdirai aux nuages d’y faire tomber la pluie. La vigne du Seigneur de l’univers, c’est la maison d’Israël. Le plant qu’il chérissait, ce sont les hommes de Juda. Il en attendait le droit, et voici l’iniquité ; il en attendait la justice, et voici les cris de détresse.

Psaume 80(79), 9-10.13-14.15-16a.19-20. 

La vigne que tu as prise à l’Égypte,
tu la replantes en chassant des nations.
Tu déblaies le sol devant elle,
tu l’enracines pour qu’elle emplisse le pays.

Pourquoi as-tu percé sa clôture ?
Tous les passants y grappillent en chemin ;
le sanglier des forêts la ravage
et les bêtes des champs la broutent.

Dieu de l’univers reviens !
Du haut des cieux, regarde et vois :
visite cette vigne, protège-la,
celle qu’a plantée ta main puissante.

Jamais plus nous n’irons loin de toi :
fais-nous vivre et invoquer ton nom !
Seigneur, Dieu de l’univers, fais-nous revenir ;
que ton visage s’éclaire, et nous serons sauvés !

Lettre de saint Paul Apôtre aux Philippiens 4,6-9.

Frères, ne soyez inquiets de rien, mais, en toute circonstance, dans l’action de grâce priez et suppliez pour faire connaître à Dieu vos demandes.
Et la paix de Dieu, qui dépasse tout ce qu’on peut imaginer, gardera votre cœur et votre intelligence dans le Christ Jésus.
Enfin, mes frères, tout ce qui est vrai et noble, tout ce qui est juste et pur, tout ce qui est digne d’être aimé et honoré, tout ce qui s’appelle vertu et qui mérite des éloges, tout cela, prenez-le à votre compte.
Ce que vous avez appris et reçu, ce que vous avez vu et entendu de moi, mettez-le en pratique. Et le Dieu de la paix sera avec vous.

Évangile de Jésus Christ selon saint Matthieu 21,33-43.

Jésus disait aux chefs des prêtres et aux pharisiens : « Écoutez cette parabole : Un homme était propriétaire d’un domaine ; il planta une vigne, l’entoura d’une clôture, y creusa un pressoir et y bâtit une tour de garde. Puis il la donna en fermage à des vignerons, et partit en voyage. Quand arriva le moment de la vendange, il envoya ses serviteurs auprès des vignerons pour se faire remettre le produit de la vigne. Mais les vignerons se saisirent des serviteurs, frappèrent l’un, tuèrent l’autre, lapidèrent le troisième. De nouveau, le propriétaire envoya d’autres serviteurs plus nombreux que les premiers ; mais ils furent traités de la même façon. Finalement, il leur envoya son fils, en se disant : ‘Ils respecteront mon fils. ‘ Mais, voyant le fils, les vignerons se dirent entre eux : ‘Voici l’héritier : allons-y ! tuons-le, nous aurons l’héritage ! ‘ Ils se saisirent de lui, le jetèrent hors de la vigne et le tuèrent. Eh bien, quand le maître de la vigne viendra, que fera-t-il à ces vignerons ? » On lui répond : « Ces misérables, il les fera périr misérablement. Il donnera la vigne en fermage à d’autres vignerons, qui en remettront le produit en temps voulu. » Jésus leur dit : « N’avez-vous jamais lu dans les Écritures : La pierre qu’ont rejetée les bâtisseurs est devenue la pierre angulaire. C’est là l’œuvre du Seigneur, une merveille sous nos yeux ! Aussi, je vous le dis : Le royaume de Dieu vous sera enlevé pour être donné à un peuple qui lui fera produire son fruit.
Patrick Braud

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18 avril 2014

Pâques : Courir plus vite que Pierre

Classé sous Communauté spirituelle — lhomeliedudimanche @ 0 h 01 min

Pâques : courir plus vite que Pierre

Homélie du dimanche de Pâques
20/04/204 

COURIR

Qu’est-ce qui nous fait courir ?

Quiconque a déjà voyagé dans des pays chauds devine le caractère incongru de la scène : des hommes et des femmes courant sur une piste poussiéreuse sous le soleil d’Afrique ou de Palestine. C’est hautement improbable. D’abord parce que la notion de temps dans ces cultures traditionnelles fait peu de place à l’urgence. Il est rare et même indécent de courir faire quelque chose. Et ensuite parce que le climat dissuade très vite de se livrer à ce genre d’exercice. Hormis les Kenyans sur leurs hauts plateaux, courir sur les routes de Jérusalem ou d’Abidjan relève au mieux d’un manque de savoir-vivre, au pire d’un état de déraison avancé.

Dans cet évangile de Pâques, on court pourtant beaucoup.

Marie-Madeleine, dans le sens tombeau => apôtres, pour les prévenir et leur demander de venir vérifier ses dires.

Pierre et Jean, dans le sens Église => tombeau vide, pour voir si elle dit vrai.

L’Église de Pâques naît donc dans la course, inhabituelle, inconvenante, inquiète.

- Courir vers l’Église pour lui signaler l’absence du corps du Christ : c’est la mission symbolique au plus haut point de Marie-Madeleine. Cette course est encore la nôtre lorsque nous devons alerter en urgence l’Église des endroits de nos villes, de notre culture, de la communauté où il n’y a plus de corps du Christ, c’est-à-dire plus de présence ecclésiale.

- Courir de l’Église vers le tombeau vide : c’est le go fast de Pierre et Jean qui préfigure notre propre course pour chercher et découvrir les lieux où la mort n’a pas eu le dernier mot.

Pâques : Courir plus vite que Pierre dans Communauté spirituelle Pierre+et+Jean 

Ces deux courses se répondent et s’appellent sans cesse l’une l’autre encore aujourd’hui.

Devenir chrétien au petit matin de Pâques, c’est s’entraîner à courir de ces deux quêtes à jamais inassouvies : prévenir l’Église qui doit sortir d’elle-même pour aller voir ; courir soi-même pour visiter les lieux où la victoire sur le mal et la mort s’inscrivent en creux, à la manière du tombeau vide.

La course est essentielle à la vie chrétienne, à tel point que Paul prendra sans cesse cette image sportive : ne pas courir en vain, tenir bon jusqu’au bout de l’épreuve, permettre à la parole de Dieu de poursuivre et d’achever sa course :

1Corinthiens 9,24 : Ne savez-vous pas que, dans les courses du stade, tous courent, mais un seul obtient le prix? Courez donc de manière à le remporter.

1Corinthiens 9,26 : Et c’est bien ainsi que je cours, moi, non à l’aventure; c’est ainsi que je fais du pugilat, sans frapper dans le vide.

2Thessaloniciens 3,1 : Enfin, frères, priez pour nous, demandant que la parole du Seigneur accomplisse sa course et soit glorifiée, comme elle le fait chez vous,

2Timothée 4,7 : J’ai combattu jusqu’au bout le bon combat, j’ai achevé ma course, j’ai gardé la foi.

Actes 20,24 : Mais je n’attache aucun prix à ma propre vie, pourvu que je mène à bonne fin ma course et le ministère que j’ai reçu du Seigneur Jésus: rendre témoignage à l’Évangile de la grâce de Dieu.

Galates 2,2 : J’y montai à la suite d’une révélation; et je leur exposai Évangile que je prêche parmi les païens – mais séparément aux notables, de peur de courir ou d’avoir couru pour rien.

Hébreux 12,1 : Voilà donc pourquoi nous aussi, enveloppés que nous sommes d’une si grande nuée de témoins, nous devons (?) courir avec constance l’épreuve qui nous est proposée,

Philippiens 3,12 : Non que je sois déjà au but, ni déjà devenu parfait; mais je poursuis ma course pour tâcher de saisir, ayant été saisi moi-même par le Christ Jésus.

Philippiens 3,14 : et je cours vers le but, en vue du prix que Dieu nous appelle à recevoir là-haut, dans le Christ Jésus

Une-soiree-historique_full_diapos_large courir dans Communauté spirituelle

Et nous, pour quoi, pour qui courons-nous ?

Sommes-nous dans cette dynamique de la course qui nous guérit de la résignation, du fatalisme, du ?à quoi bon ?’ des apôtres après la catastrophe de l’échec au Golgotha ?

Qu’est-ce qui nous fait nous lever le matin ?

Quelles bandelettes roulées à part nous attendent, et où ?

Quelle est notre course en réponse aux appels de ceux qui nous disent d’aller voir ailleurs des absences étonnantes ?

 

Courir plus vite que Pierre

Courir donc.

Pierre et Jean en sont des symboles.

Avec cette précision que seul l’auteur du quatrième évangile apporte : le disciple que Jésus aimait a couru plus vite que Pierre.

Pourquoi souligner ce détail ? Est-ce uniquement parce que ce disciple (souvent identifié à Jean, mais on n’en est pas sûr) était plus jeune et donc plus vigoureux que Pierre ?

Difficile de ne pas y voir là encore une touche symbolique : courir plus vite que Pierre est nécessaire à l’Église pour qu’elle se convertisse à son Seigneur. Car, parce qu’il se sait aimé du Christ, ce disciple sera plus rapide non seulement pour arriver au tombeau mais également pour interpréter cette absence, ce vide, ces bandelettes roulées à part avec soin. « Il vit et il crut », alors qu’on ne sait pas ce que Pierre en a pensé.

le+tombeau+vide croire

Si Pierre symbolise – à juste titre – le caractère institutionnel et hiérarchique de l’Église, alors l’auteur du quatrième évangile a voulu marquer d’emblée que l’Église dès sa naissance ne pouvait se contenter du seul Pierre. Il y faut également Jean, ce contemplatif actif, ce disciple aimé qui voit et croit.

Autrement dit, à côté de la structure institutionnelle (pape, évêques, prêtres…), il faut impérativement à l’Église des disciples bien-aimés qui courent plus vite que Pierre, qui sont capables de voir et de croire avant que la lourde machine ecclésiale se convertisse enfin elle aussi, grâce à leur témoignage.

Ces chevaux ailés de la foi, ces gazelles de la course mystique existent toujours, et ont la belle mission de contester la toute-puissance que Pierre tend parfois à s’arroger, en lui rappelant qu’il est une autre connaissance, celle du coeur, une foi  plus active – celle du juste regard porté sur les choses – qui va plus vite que l’institution et l’empêche de se croire suffisante.

Aujourd’hui, ceux qui courent plus vite que Pierre existent toujours au milieu de nous. Ce sont les fondateurs comme Jean Vanier ou le Père Wrézinski, les prophètes comme cette jeune religieuse triomphant dans The Voice à l’italienne ou ces millions de couples pratiquants tranquillement leur propre spiritualité conjugale apparemment éloignée des canons rigides romains, les sages comme les moines et les moniales écoutant la vraie soif du monde et y répondant avec le silence, les psaumes, la fraternité inconditionnelle etc…

9782204101950 JeanCourir plus vite que Pierre n’est pas pour autant s’opposer frontalement à lui : Jean attend devant le tombeau, et s’efface pour laisser Pierre entrer le premier. On se souvient des Pères Congar et Chenu, précurseurs du concile Vatican II, qui pourtant avaient été durement « crossés » auparavant pour leurs écrits théologiques : ils ne sont pas entrés en dissidence, ils ont obéi humblement, en continuant leur travail de recherche, en croyant qu’avec le temps Pierre lui aussi finirait par voir et croire. Et l’histoire leur a donné raison. La suite a montré que grâce à leur obéissance, l’énorme paquebot Église allait finalement se convertir elle aussi à devenir « servante et pauvre », selon les mots de Congar. Le pape François actuel en est un symbole vivant : il incarne Pierre courant plus vite que Pierre en quelque sorte, dans son humilité joyeuse au service des pauvres.

Voilà donc une voie de réforme toujours actuelle : courir plus vite que Pierre, c’est-à-dire détecter plus vite que nos évêques, que nos innombrables et lourdes structures ecclésiales, les vrais désirs, la vraie soif de notre société, et croire avant Pierre que le Christ n’est plus enfermé dans les bandelettes du passé. Que ce soit à propos de la situation des divorcés remariés, de la morale familiale, de l’engagement économique ou politique, ils sont nombreux ces disciples aimés du Christ qui vont plus vite que leur Église officielle sur bien des points !

Mais cette course plus rapide ne sera féconde que si elle attend Pierre patiemment, et l’aide à se convertir lui-même.

La contestation adolescente ou stérile n’est pas à l’auteur du défi de Pâques. S’il doit y avoir confrontation – car parfois cela est nécessaire – que ce soit à la manière de Paul, qui ose reprocher publiquement à Pierre de ne pas être fidèle à la gratuité du salut en Christ :

« Quand Céphas (Pierre) vint à Antioche, je lui résistai en face, parce qu’il s’était donné tort. En effet, avant l’arrivée de certaines gens de l’entourage de Jacques, il prenait ses repas avec les païens; mais quand ces gens arrivèrent, on le vit se dérober et se tenir à l’écart, par peur des circoncis. Et les autres Juifs l’imitèrent dans sa dissimulation, au point d’entraîner Barnabé lui-même à dissimuler avec eux. Mais quand je vis qu’ils ne marchaient pas droit selon la vérité de Évangile, je dis à Céphas devant tout le monde: « Si toi qui es Juif, tu vis comme les païens, et non à la juive, comment peux-tu contraindre les païens à judaïser? (Ga 2,11-14)

Tout en reprenant Pierre devant tout le monde, Paul aura à coeur de ne rien faire sans être visiblement en communion avec lui.

« Reconnaissant la grâce qui m’avait été départie, Jacques, Céphas et Jean, ces notables, ces colonnes, nous tendirent la main, à moi et à Barnabé, en signe de communion : nous irions, nous aux païens, eux à la Circoncision » (Ga 2,9).

Exigence évangélique et obéissance sont donc compatibles au sein de notre Église.

Reste qu’il est essentiel que quelques-uns courent plus vite que Pierre, c’est-à-dire  plus vite que leur évêque, leur conseil paroissial, leurs supérieurs hiérarchiques. Sans eux, l’Église risque de voir sans voir, et – pire encore – de voir sans croire.

 

Messe du jour de Pâques

1ère lecture : Les Apôtres témoins de la Résurrection (Ac 10, 34a.37-43)

Quand Pierre arriva de Césarée chez un centurion de l’armée romaine, il prit la parole : « Vous savez ce qui s’est passé à travers tout le pays des Juifs, depuis les débuts en Galilée, après le baptême proclamé par Jean :
Jésus de Nazareth, Dieu l’a consacré par l’Esprit Saint et rempli de sa force. Là où il passait, il faisait le bien, et il guérissait tous ceux qui étaient sous le pouvoir du démon. Car Dieu était avec lui.
Et nous, les Apôtres, nous sommes témoins de tout ce qu’il a fait dans le pays des Juifs et à Jérusalem. Ils l’ont fait mourir en le pendant au bois du supplice.
Et voici que Dieu l’a ressuscité le troisième jour.
Il lui a donné de se montrer, non pas à tout le peuple, mais seulement aux témoins que Dieu avait choisis d’avance, à nous qui avons mangé et bu avec lui après sa résurrection d’entre les morts.
Il nous a chargés d’annoncer au peuple et de témoigner que Dieu l’a choisi comme Juge des vivants et des morts.
C’est à lui que tous les prophètes rendent ce témoignage : Tout homme qui croit en lui reçoit par lui le pardon de ses péchés. » 

Psaume : Ps 117, 1.4, 16-17, 22-23

R/ Ce jour que fit le Seigneur est un jour de joie, alléluia !

Rendez grâce au Seigneur : Il est bon !
Éternel est son amour !
Qu’ils le disent, ceux qui craignent le Seigneur :
Éternel est son amour !

Le bras du Seigneur se lève, 
le bras du Seigneur est fort ! 
Non, je ne mourrai pas, je vivrai, 
pour annoncer les actions du Seigneur.

La pierre qu’ont rejetée les bâtisseurs 
est devenue la pierre d’angle : 
c’est là l’oeuvre du Seigneur,  
la merveille devant nos yeux..

2ème lecture : Vivre avec le Christ ressuscité (Col 3, 1-4)

Frères, vous êtes ressuscités avec le Christ. Recherchez donc les réalités d’en haut : c’est là qu’est le Christ, assis à la droite de Dieu.
Tendez vers les réalités d’en haut, et non pas vers celles de la terre.

En effet, vous êtes morts avec le Christ, et votre vie reste cachée avec lui en Dieu.
Quand paraîtra le Christ, votre vie, alors vous aussi, vous paraîtrez avec lui en pleine gloire.

sequence : 

À la victime pascale,
chrétiens, offrez le sacrifice de louange. 

L’Agneau a racheté les brebis; 
le Christ innocent a réconcilié 
l’homme pécheur avec le Père. 

La mort et la vie s’affrontèrent 
en un duel prodigieux. 
Le Maître de la vie mourut ; vivant, il règne. 

?Dis-nous, Marie Madeleine, 
qu’as-tu vu en chemin ?? 

?J’ai vu le sépulcre du Christ vivant, 
j’ai vu la gloire du Ressuscité. 

J’ai vu les anges ses témoins, 
le suaire et les vêtements. 

Le Christ, mon espérance, est ressuscité ! 
Il vous précédera en Galilée.? 

Nous le savons : le Christ 
est vraiment ressuscité des morts. 

Roi victorieux, 
prends-nous tous en pitié ! 
Amen.

Evangile : Le tombeau vide et la foi des Apôtres (Jn 20, 1-9)

Acclamation : Alléluia. Alléluia. Notre Pâque immolée, c’est le Christ !
Rassasions-nous dans la joie au festin du Seigneur !
Alléluia. (1 Co 5, 7-8)

Évangile de Jésus Christ selon saint Jean

Le premier jour de la semaine, Marie Madeleine se rend au tombeau de grand matin, alors qu’il fait encore sombre. Elle voit que la pierre a été enlevée du tombeau.
Elle court donc trouver Simon-Pierre et l’autre disciple, celui que Jésus aimait, et elle leur dit : « On a enlevé le Seigneur de son tombeau, et nous ne savons pas où on l’a mis. »
Pierre partit donc avec l’autre disciple pour se rendre au tombeau.
Ils couraient tous les deux ensemble, mais l’autre disciple courut plus vite que Pierre et arriva le premier au tombeau.
En se penchant, il voit que le linceul est resté là ; cependant il n’entre pas.
Simon-Pierre, qui le suivait, arrive à son tour. Il entre dans le tombeau, et il regarde le linceul resté là, et le linge qui avait recouvert la tête, non pas posé avec le linceul, mais roulé à part à sa place.
C’est alors qu’entra l’autre disciple, lui qui était arrivé le premier au tombeau. Il vit, et il crut.
Jusque-là, en effet, les disciples n’avaient pas vu que, d’après l’Écriture, il fallait que Jésus ressuscite d’entre les morts.
Patrick Braud

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