L'homélie du dimanche (prochain)

16 octobre 2022

Pharisien lucide, publicain illucide ?

Classé sous Communauté spirituelle — lhomeliedudimanche @ 12 h 30 min

Pharisien lucide, publicain illucide ?

 

Homélie pour le 30° dimanche du Temps Ordinaire / Année C
23/10/2022

 

Cf. également :

D’Anubis à saint Michel 

Dans les petits papiers de Dieu

Simul peccator et justus : de l’intérêt d’être pécheur et de le savoir

« J’ai renoncé au comparatif »

Cendres : soyons des justes illucides

Toussaint : le bonheur illucide

La croissance illucide

Divine surprise

La docte ignorance

 

Tel est pharisien qui se croyait très publicain !

le chat et l'humilité« Un homme regarda une fois, de plus près, l’histoire du pharisien qui remercie Dieu, plein d’hypocrisie parce qu’il n’était pas un collecteur d’impôts. 

« Dieu soit loué ! – s’écria-t-il dans sa vanité – je ne suis pas un pharisien !« 

Ce bref texte d’Eugène Roth (poète bavarois du XX° siècle) illustre à merveille le piège paradoxal qui guette le lecteur de la parabole de ce dimanche (Lc 18, 9-14) : dès que j’ai conscience d’être l’humble publicain, je ne suis plus humble !  Il est trop facile de lire cette parabole comme la dénonciation de l’hypocrisie des autres, car d’une part je suis parfois – sans le savoir – ce pharisien content de lui-même parce qu’il a fait objectivement des choses bien, et d’autre part dès que je dis être comme cette humble publicain, je ne suis plus humble ! 

L’humilité est une pensée destructrice d’elle-même [1] en quelque sorte. Celui qui se dit humble se contredit lui-même ! Et celui qui se reconnaît pharisien hypocrite ne l’est plus… St Jean Chrysostome († 404) écrivait : 

« Tout en faisant une foule de choses bien faites, si tu te dis que tu peux t’en vanter, tu perdras le fruit de ta prière ». 

Cet effet boomerang nous interdit de nous identifier à l’un ou à l’autre.

Comment sortir de ce piège paradoxal ? 

 

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Ne pas chercher à savoir

Commençons par remarquer que c’est Jésus qui commente la prière au Temple des deux personnages. Eux n’en savent rien ! Le pharisien descend chez lui tout content d’avoir prié, sans savoir qu’il n’est pas justifié. Le publicain reprend sa triste activité de collabo, sans savoir que Dieu l’a justifié lorsqu’il battait sa poitrine à genoux. Les auditeurs de la parabole connaissent le résultat de ces deux actions, pas les deux acteurs.

Autrement dit : la justification est illucide, c’est-à-dire qu’en avoir conscience serait la dissoudre. Un peu comme le chat de Schrödinger dont on ne peut pas savoir s’il est vivant ou mort, la justice donnée par Dieu ne se possède pas en pleine conscience, sinon elle dégénère en orgueil et hypocrisie. Rappelez-vous la réplique célèbre de Jeanne d’Arc au tribunal ecclésiastique qui lui demandait si elle était en état de grâce :

« Si je n’y suis pas Dieu m’y mette. 

Si j’y suis, Dieu m’y garde ! »

Ne pas chercher à savoir si je suis juste ou pas me libère de l’angoisse du publicain comme de la suffisance du pharisien. C’est une docte ignorance (Nicolas de Cues, XIV° siècle) qui fait confiance sans savoir, qui renonce à posséder le salut, qui accepte de ne pas le maîtriser, et donc d’ignorer. 

Jeanne d'Arc devant ses jugesOn peut ainsi appeler illucide le juste qui accomplit sa justice sans la comptabiliser pour lui-même, sans même en être conscient. 

L’adjectif lucide vient du latin lux, lucis = lumière (élucider = mettre en pleine lumière). Est lucide celui qui a conscience, qui juge, voit clairement, objectivement les choses dans leur réalité (Larousse). Illucide désigne à l’inverse celui qui n’a pas conscience de lui-même.

Le juste illucide ne tient pas la liste des personnes secourues, ni des aides accordées. Il oublie le bien qu’il fait au moment même où il l’accomplit. Le publicain illucide sait qu’il ne mérite rien, et s’en remet totalement à Dieu en acceptant de ne pas savoir en sortant du Temple s’il est justifié ou non. D’ailleurs, soyons honnêtes, ce publicain est davantage dans la vérité que dans l’humilité, comme le note St Jean Chrysostome :

« Le pharisien a perdu sa justice acquise par des actes, tandis que le publicain, grâce à un langage empreint d’humilité, a obtenu la justice. Encore cela n’était-il pas à proprement parler de l’humilité, si toutefois l’humilité est bien le fait de celui qui, alors qu’il est grand, s’abaisse lui-même. Or le fait du publicain n’est pas l’humilité, mais la vérité ; ces paroles, en effet, étaient vraies, puisque celui-là était pécheur ».

 

le-bonheur-illucide--homlies-2009-10--anne-c ignorance dans Communauté spirituelleNous avons vu que le caractère illucide du salut affleure tout au long des Évangiles. À la Toussaint par exemple et à la fête du Christ-Roi, nous lisons le texte du Jugement dernier de Matthieu 25 où les justes sont tout étonnés d’être sauvés pour un verre d’eau qu’ils ont oublié, alors que les autres sont tout autant étonnés d’être condamnés pour leur rejet du Fils de l’homme dont ils n’avaient pas conscience (les malades, les prisonniers, les démunis…). Divine surprise de la justification !

Dans la parabole du grain qui pousse tout seul (Mc 4,26-34), c’est la croissance illucide du royaume de Dieu en nous et autour de nous qui nous est cachée : même pendant notre sommeil, il pousse, il grandit, et nous n’y sommes pas pour grand-chose. Et nous n’en savons rien.

Chaque Mercredi des Cendres, l’évangile de Matthieu (Mt 6,1-18) nous appelle au secret, jusqu’à cacher à nous-même le bien accompli : « que ta main gauche ignore ce que fait ta main droite »

Notre parabole d’aujourd’hui s’inscrit dans cette trame d’illucidité ; elle prolonge le fil rouge du non-savoir qui est la condition du salut.

 

Le caractère illucide du royaume prêché par Jésus fait du bonheur une conséquence et non un but, de la croissance un don et non un effort, de la justification une grâce et non un mérite. Mais tout cela se fait « de nuit », comme l’écrivait Saint Jean de la Croix dans sa métaphore de « la vive flamme d’amour », où celui qui est plongé dans la flamme ne voit plus rien. Plus il est uni à la lumière, moins il voit. La physique quantique dit un peu la même chose au sujet des trous noirs qui structurent nos univers : quand un astre est aspiré par un trou noir, impossible de savoir ce qu’il devient…

 

Devenir illucide ne signifie pas pour autant être un inconscient sur le plan moral ou spirituel ! Cela veut dire : accomplir le bien sans le comptabiliser, pleurer sur le mal sans désespérer, renoncer à savoir si je suis juste ou non et laisser Dieu m’aimer à sa guise. 

Ne pas renoncer à ce savoir, c’est en réalité être plus intéressé par la récompense à obtenir que par l’amour de celui qui la donne, plus motivé par le don que par le donateur. 

« Et quand vous priez, ne soyez pas comme les hypocrites : ils aiment à se tenir debout dans les synagogues et aux carrefours pour bien se montrer aux hommes quand ils prient. Amen, je vous le déclare : ceux-là ont reçu leur récompense » (Mt 6,5).

« Il leur dit alors : Vous (pharisiens), vous êtes de ceux qui se font passer pour justes aux yeux des gens, mais Dieu connaît vos cœurs ; en effet, ce qui est prestigieux pour les gens est une chose abominable aux yeux de Dieu » (Lc 16,15).

Peu importe alors d’être pharisien impeccable ou publicain dépravé : le salut n’est pas dans ce que je fais, mais dans l’accueil de Dieu qui se donne.

 

Sortir du pélagianisme

Pélage vs AugustinNe pas chercher à savoir, rester dans une docte ignorance : cette illucidité non seulement nous libère de l’angoisse, mais également du pélagianisme. Ce mot compliqué désigne le volontarisme forcené qui croit pouvoir faire son salut à la force du poignet, en accumulant les mérites des bonnes œuvres. Pélage était un moine des III°-IV° siècles qui ferrailla avec Saint Augustin au sujet d’une question assez grave (dont nous verrons quelques harmoniques politiques et sociales) : est-il possible à l’homme de faire son salut, de « gagner son paradis » (comme on dit en Afrique !) ?

Augustin soulignait avec réalisme que « le cœur de l’homme est compliqué et malade » (Jr 17,9) : c’est un constat facile à faire que de découvrir en chacun et en tous une certaine inclination au mal, que la tradition catholique appelle depuis Augustin « péché originel ». Pélage quant à lui était beaucoup plus optimiste, beaucoup trop sans doute. Il pensait que l’homme peut, s’il le veut vraiment, se justifier lui-même. 

Pour Pélage, la justice se confond avec la sainteté, elle est la véritable sainteté. Point n’est besoin pour l’obtenir d’un secours surnaturel, d’une grâce spéciale, d’un recours particulier à la prière : il suffit d’avoir la conscience claire du but à atteindre et la force d’y parvenir. Cette force est en nous une propriété inhérente à la nature humaine, pas un don du Créateur. Ainsi l’Homme n’est pas « esclave du péché » ; il peut coopérer activement à son salut ; ou, plus exactement, il en est le premier moteur. À la limite, il peut, s’il le veut, se « justifier » lui-même [2].

 

Pélage met un actif là où Jésus conjuguait au passif. Le début de la parabole du pharisien et du publicain nous précise que Jésus parlait « pour ceux qui se flattaient d’être des gens bien ». Le texte dit précisément : « d’être des justes », ce qui contraste avec le verset 14 : « être justifié ». Pour Jésus, le salut est d’abord un passif : être justifié (par Dieu), alors que le pharisien ne connaît que l’actif : se justifier soi-même (par ses bonnes actions). Le pharisien est pélagien en ce sens qu’il croit que l’accumulation impressionnante [3] de ses bonnes œuvres lui mérite le salut. Il possède au lieu de recevoir, il maîtrise au lieu d’ignorer. Voilà comment le pélagianisme, qui fait toujours des ravages dans l’Église, substitue la morale à la foi, l’action à la contemplation, le volontarisme à l’accueil, les œuvres à la grâce, le mérite à la gratuité…

 

Sortir du pélagianisme est donc le chemin du salut !

Car ce n’est pas ce que je fais – que je sois publicain ou pharisien, peu importe ! – qui compte, mais ma capacité à recevoir ce qui m’est donné gratuitement. D’ailleurs, notons avec un brin de malice que le publicain non seulement obtient miséricorde sans l’avoir méritée, mais à aucun moment il ne promet à Dieu de changer et de vivre plus pieusement (il semble même revenir chez lui pour continuer son métier comme avant !) et pourtant il a le regard favorable de Dieu. 

Luc note que la rumeur de cet accueil inconditionnel des pécheurs par Jésus s’est répandue comme une traînée de poudre :

« Les publicains et les gens de mauvaise vie venaient tous à Jésus pour l’écouter » (Lc 15,1).

On ne peut pas montrer de manière plus claire que les œuvres ne sont d’aucune utilité pour être justifié devant Dieu. Ce petit texte est un de ceux qui parlent le plus clairement du salut par la grâce seule (la sola gratia chère aux protestants) !

Les œuvres arrivent ensuite, certes, mais viennent seulement fleurir là où la grâce a coulé abondamment, conséquences gratuites et reconnaissantes du don reçu, et non conditions nécessaires au préalable.

 

Bien avant Luther, François d’Assise avait déjà fait briller cette intuition de la vraie pauvreté évangélique qui ne s’attache pas à ses œuvres et se reçoit d’un autre :

« - Dieu, fit observer frère Léon, réclame notre effort et notre fidélité.

- Oui, sans doute, répondit François. Mais la sainteté n’est pas l’accomplissement de soi, ni une plénitude que l’on se donne. Elle est d’abord un vide que l’on se découvre et que l’on accepte, et que Dieu vient remplir dans la mesure où l’on s’ouvre à sa plénitude. Notre néant, vois-tu, s’il est accepté, peut devenir l’espace libre où Dieu peut encore créer [4] ».

 

Le clivage droite-gauche à la lumière de la parabole

1280px-Sch%C3%A9ma_politique_gauche_droite.svg illucideBon, tout ça peut vous paraître un peu trop spirituel, un peu loin de nos problèmes actuels. Pas si sûr ! Prenez par exemple le bon vieux clivage droite-gauche en France, dont on nous dit qu’il aurait disparu alors qu’il ne cesse de faire des petits. Formellement, on date la naissance de ce clivage en 1789, lorsque les députés royalistes de l’Assemblée Nationale se sont regroupés à la droite de Louis XVI (comme dans la parabole de Matthieu 25 !) pour lui exprimer leur soutien, alors que ceux de gauche étaient des révolutionnaires purs et durs. À bien étudier l’histoire des doctrines politiques et économiques qui marquent la vie de notre pays depuis 1789 (libéralisme, communisme, socialisme, voire fascisme etc.) on s’aperçoit que c’est le vieux clivage Pélage vs Augustin qui refait surface, mâtiné de l’opposition pharisien vs publicain.


Comme le disait André Frossard avec humour :

« Le malheur, c’est que la gauche ne croit pas beaucoup au péché originel et que la droite ne croit pas beaucoup à la rédemption ».

La Gauche, la droite et le péché originel eBook by Léo MoulinLa droite sait que le mal existe, indéracinable, dès le début, en toute aventure humaine. Elle ne cherche pas à l’éradiquer, mais à l’utiliser autant que possible pour lui faire produire du bien (en faisant appel aux intérêts de chacun). Elle tient d’Augustin un certain réalisme (voire pessimisme) sur l’homme et se méfie de tous ceux qui veulent faire son bonheur par la force. La droite croit donc au péché originel et à ses conséquences sociales. Elle sait que le royaume de Dieu n’est pas de ce monde. Par contre, elle a du mal avec la rédemption, c’est-à-dire l’action d’un tiers (État, associations, actions collectives etc.) pour sauver les pauvres.

La gauche – elle – est plutôt rousseauiste : elle ne croit pas au péché originel, mais pense que l’homme est foncièrement bon et que c’est la société (injuste) qui le corrompt. Il faut donc renverser les structures injustes (la royauté, le capitalisme etc.) et les remplacer par des systèmes plus justes (la propriété collective, les taxations, les lois révolutionnaires etc.) et cela devrait suffire. Du coup, la gauche ne comprend pas pourquoi des pauvres resteraient du côté de la méchanceté, du mal et de l’injustice, et n’a jamais pu envisager que derrière le communisme à l’Est il y aurait le goulag…

La gauche a un problème avec le péché originel.
La droite a un problème avec la Rédemption.
Mais toutes deux sont pélagiennes….

Le pélagianisme de la droite est tout individuel : c’est à chacun de faire son salut, il n’y a rien à attendre du collectif si ce n’est garantir les libertés individuelles. Ce pharisaïsme actif prône et sacralise la responsabilité individuelle, le sens de l’initiative, la valeur travail et le mérite. Le mythe du self-made-man incarne au plus haut point le salut libéral, acquis à la force du poignet par la seule force de l’individu.

Le pélagianisme de la gauche est plutôt collectif. Il suffit de s’unir pour renverser les inégalités et notre action rétablira la justice. Cela ne dépend que de nous. L’Utopie (version sécularisée du royaume de Dieu) est à portée de main, fruit de notre combat collectif.

 

On voit que droite et gauche laissent peu de place finalement à ce que Jésus appelle « être justifié », c’est-à-dire à l’accueil de ce qui nous est donné sans pouvoir le produire par nous-mêmes. Peut-être est-ce l’écologie politique qui pourrait nous faire sortir de ces excès ? Car l’écologie nous rappelle qu’il y a un donné naturel, indépendant de l’homme, sensible à ses actions, et que ce donné n’est pas illimité. L’homme n’est pas tout-puissant : les conséquences de sa volonté de maîtrise totale risquent de lui revenir en pleine figure. Accumuler des performances techniques comme le pharisien ses bonnes œuvres, ou même énumérer ses gaspillages comme le publicain ses péchés ne le sauvera pas. Il faudra une nouvelle alliance avec la nature, où l’homme acceptera d’accueillir et pas seulement de prendre, d’être justifié en quelque sorte au lieu de se justifier.

La plupart des grandes idées politiques sont des concepts théologiques sécularisés. Qu’au moins la parabole du pharisien et du publicain inspire d’autres politiques à ceux qui nous gouvernent, et à nous qui sommes censés les choisir !

 

 ______________________

[1]. Ce concept est popularisé par Etienne Klein, philosophe des sciences, à propos du néant à qui on donnerait un contenu si on le définissait alors qu’il n’en n’a pas : « L’idée du néant est destructrice d’elle-même, on ne peut penser au néant qu’en n’y pensant pas ». L’humilité est comme le néant : impensable…

[2]. Pour trop minimiser la grâce, la doctrine de Pélage fut désavouée par le 16° concile de Carthage en 418.

[3]. Il en fait beaucoup plus que les autres. Par exemple la Loi obligeait les Juifs à jeûner deux fois par an : le Jour de Yom Kippour et l’anniversaire de la destruction du Temple par les Babyloniens en 586 av. J.-C. Certains pharisiens zélés pratiquaient cependant le jeûne deux fois par semaine : le jeudi et le lundi, car selon les rabbins Moïse est monté chercher les tables de la Loi le quatrième jour de la semaine et il est revenu le premier jour de la semaine suivante. Les cas de jeûne de deux jours étaient pourtant rares et cela fait croire au pharisien qu’il était extraordinaire dans ses actes.

[4]. Eloi Leclerc, Sagesse d’un pauvre, Paris, Éditions franciscaines, 1984, p.114


LECTURES DE LA MESSE

 

PREMIÈRE LECTURE

« La prière du pauvre traverse les nuées » (Si 35, 15b-17.20-22a)

 

Lecture du livre de Ben Sira le Sage

Le Seigneur est un juge qui se montre impartial envers les personnes. Il ne défavorise pas le pauvre, il écoute la prière de l’opprimé. Il ne méprise pas la supplication de l’orphelin, ni la plainte répétée de la veuve. Celui dont le service est agréable à Dieu sera bien accueilli, sa supplication parviendra jusqu’au ciel. La prière du pauvre traverse les nuées ; tant qu’elle n’a pas atteint son but, il demeure inconsolable. Il persévère tant que le Très-Haut n’a pas jeté les yeux sur lui, ni prononcé la sentence en faveur des justes et rendu justice.

 

PSAUME

(Ps 33 (34), 2-3, 16.18, 19.23)
R/ Un pauvre crie ; le Seigneur entend. (Ps 33, 7a)

 

Je bénirai le Seigneur en tout temps,
sa louange sans cesse à mes lèvres.
Je me glorifierai dans le Seigneur :
que les pauvres m’entendent et soient en fête !

 

Le Seigneur regarde les justes,
il écoute, attentif à leurs cris.
Le Seigneur entend ceux qui l’appellent :
de toutes leurs angoisses, il les délivre.

 

Il est proche du cœur brisé,
il sauve l’esprit abattu.
Le Seigneur rachètera ses serviteurs :
pas de châtiment pour qui trouve en lui son refuge.

 

DEUXIÈME LECTURE

« Je n’ai plus qu’à recevoir la couronne de la justice » (2 Tm 4, 6-8.16-18)

 

Lecture de la deuxième lettre de saint Paul apôtre à Timothée

Bien-aimé, je suis déjà offert en sacrifice, le moment de mon départ est venu. J’ai mené le bon combat, j’ai achevé ma course, j’ai gardé la foi. Je n’ai plus qu’à recevoir la couronne de la justice : le Seigneur, le juste juge, me la remettra en ce jour-là, et non seulement à moi, mais aussi à tous ceux qui auront désiré avec amour sa Manifestation glorieuse. La première fois que j’ai présenté ma défense, personne ne m’a soutenu : tous m’ont abandonné. Que cela ne soit pas retenu contre eux. Le Seigneur, lui, m’a assisté. Il m’a rempli de force pour que, par moi, la proclamation de l’Évangile s’accomplisse jusqu’au bout et que toutes les nations l’entendent. J’ai été arraché à la gueule du lion ; le Seigneur m’arrachera encore à tout ce qu’on fait pour me nuire. Il me sauvera et me fera entrer dans son Royaume céleste. À lui la gloire pour les siècles des siècles. Amen.

 

ÉVANGILE

« Le publicain redescendit dans sa maison ; c’est lui qui était devenu juste, plutôt que le pharisien » (Lc 18, 9-14)
Alléluia. Alléluia. Dans le Christ, Dieu réconciliait le monde avec lui : il a mis dans notre bouche la parole de la réconciliation. Alléluia. (cf. 2 Co 5, 19)

 

Évangile de Jésus Christ selon saint Luc

En ce temps-là, à l’adresse de certains qui étaient convaincus d’être justes et qui méprisaient les autres, Jésus dit la parabole que voici : « Deux hommes montèrent au Temple pour prier. L’un était pharisien, et l’autre, publicain (c’est-à-dire un collecteur d’impôts). Le pharisien se tenait debout et priait en lui-même : ‘Mon Dieu, je te rends grâce parce que je ne suis pas comme les autres hommes – ils sont voleurs, injustes, adultères –, ou encore comme ce publicain. Je jeûne deux fois par semaine et je verse le dixième de tout ce que je gagne.’ Le publicain, lui, se tenait à distance et n’osait même pas lever les yeux vers le ciel ; mais il se frappait la poitrine, en disant : ‘Mon Dieu, montre-toi favorable au pécheur que je suis !’ Je vous le déclare : quand ce dernier redescendit dans sa maison, c’est lui qui était devenu un homme juste, plutôt que l’autre. Qui s’élève sera abaissé ; qui s’abaisse sera élevé ».

Patrick BRAUD

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19 octobre 2016

Dans les petits papiers de Dieu

Classé sous Communauté spirituelle — lhomeliedudimanche @ 0 h 01 min

Dans les petits papiers de Dieu

 

Homélie du 30° Dimanche du temps ordinaire / Année C
23/10/2016

Cf. également :

Simul peccator et justus : de l’intérêt d’être pécheur et de le savoir

« J’ai renoncé au comparatif »

Le pur amour : pour qui êtes-vous prêts à aller en enfer ?


Un billet dans le Mur

Si vous allez à Jérusalem, vous irez immanquablement devant le mur occidental du Temple (appelé à tort « mur des lamentations »). Vous verrez les yeshivot (écoles juives d’étude de la Torah) danser et chanter devant le mur, les hassidim (juifs religieux très stricts) hocher de la tête et se casser en deux tout en psalmodiant les textes bibliques… Au milieu de cette effervescence joyeuse et brillante, regardez attentivement les pierres du Temple. Dans les jointures apparaissent des bouts de papier pliés, des petits rouleaux de parchemin.

Que signifie cette coutume de glisser des billets écrits entre les pierres ? C’est la demande que chacun dans sa prière adresse à Dieu qui est ainsi déposée, confiant dans la puissance de l’intervention divine. Les papes Jean-Paul II et François ont déposé eux aussi un tel billet dans le mur lors de leur pèlerinage en Israël. Le mois précédent Yom Kippour, la fête du Grand Pardon, les juifs vont par milliers déposer de tels papiers implorant la miséricorde de Dieu. Il s’agit en quelque sorte d’être dans les petits papiers de Dieu, c’est-à-dire d’être de ceux dont la prière est exaucée pour obtenir miséricorde.

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Aux innocents les mains pleines ?

Dans la parabole de Jésus sur les gens « bien » qui méprisent les autres, c’est le fonctionnaire véreux qui s’avère être dans les petits papiers de Dieu, alors que l’impeccable pharisien (traduisez : pratiquant juif, chrétien ou musulman, sûr de lui) est déclaré injuste ! Renversement de situation que le Christ affectionne. « Dieu renverse les puissants de leur trône, il élève les humbles », chantait déjà sa mère dès sa tendre enfance.

Incroyable ! Nos bonnes actions ne nous serviraient donc à rien ?

À quoi sert effectivement de jeûner plus que prescrit (deux fois par semaine !), de redonner 10 % de son salaire au Temple et aux pauvres, si tout cela ne vous ouvre pas les portes de la justification ? Un salafiste dirait aujourd’hui : si je pratique le ramadan, mange halal, recouvre mes femmes de la burka et fais mes cinq prières par jour, nul doute que j’irai au paradis.

Que nenni !’ semble dire Jésus avec un joyeux plaisir de désarmer ses auditeurs. Ce ne sont pas tes bonnes œuvres, religieuses ou charitables, qui te rendront juste. Si tu t’en vantes, tu risques au contraire de mépriser ceux qui ne sont pas comme toi. À force de manger halal, tu ne fréquenteras plus d’athées ou de chrétiens ; à voiler tes femmes, elles ne rencontreront que leurs semblables. Et voilà que tu seras convaincu d’être juste alors que Dieu te vomit de sa bouche pour manque de fraternité !

Tu as les mains pleines de ta pratique religieuse à la mosquée ou à l’église, et tu te crois innocent ? C’est l’inverse : tes mains pleines t’accusent. Tu ne comptes que sur toi. Tu te glorifies toi-même. Tu n’attends plus rien de Dieu, tant tu es riche de tes bonnes œuvres.

Des générations de catholiques, et maintenant de musulmans, ont cru qu’il fallait accumuler des ‘mérites’, des ‘bonnes actions’, des tonnes d’exercice de piété pour paraître devant Dieu les mains pleines. D’ailleurs, c’est un précepte rituel de l’Ancien Testament. Au moment d’offrir un sacrifice au Temple de Jérusalem, « tu n’arriveras pas devant Dieu les mains vides ». (Ex 23, 15 ; Dt 16, 16-17).

Dans la logique sacrificielle, il s’agit bien d’un échange, voire d’un marché : il faut donner quelque chose à Dieu pour recevoir de lui et en retour. Les prophètes critiqueront cette relation marchande (Dieu aurait-il besoin d’animaux ou de gerbes de blé ?). Mais elle perdurera même après la destruction du Temple, qui signifie l’impossibilité d’offrir des sacrifices d’animaux. Elle perdurera également dans le commerce des indulgences, dans les prescriptions rituelles de la charia, dans la course aux médailles, dans le communautarisme engendrant le mépris et la peur de l’autre…

Dans cette parabole du pharisien et du publicain, comme pour l’ensemble de sa vie et de son message, Jésus de Nazareth conteste toute tentative de marchandage avec Dieu : celui qui arrive les mains pleines devant Dieu repartira comme il est venu ; le poids de sa pratique deviendra pour lui un boulet d’injustice.

 

Le miracle des mains vides

Le publicain (figure antique de la corruption style Jérôme Cahuzac, Bygmalion, Société Générale ou autre) n’a rien à présenter devant Dieu. Il sait que son salut ne viendra pas de ce qu’il a fait de bien. Alors il ne peut compter que sur le pardon et la miséricorde d’un Autre. Le bon larron avant la lettre en quelque sorte.

Est-ce un encouragement à commettre les pires crimes pour ensuite être agréé par Dieu ? Évidemment non. Mais c’est l’invitation à ne pas transformer ses bonnes actions en moyen de chantage. « Là où est ton trésor, là aussi est ton cœur » constate Jésus. Si donc tu amasses des richesses, n’y mets pas ton cœur ». C’est vrai des richesses matérielles comme spirituelles. Ne t’attache pas à tes œuvres. Oublie-les. Sois libre du bien que tu as fait.

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Sainte Thérèse de Lisieux – qu’on ne peut pas soupçonner d’absence de motivation spirituelle ! – écrivait ainsi dans son acte d’offrande :

« Au soir de cette vie, je paraîtrai devant vous les mains vides, car je ne vous demande pas, Seigneur, de compter mes œuvres. Toutes nos justices ont des taches à vos yeux. Je veux donc me revêtir de votre propre Justice, et recevoir de votre Amour la possession éternelle de Vous-même. »  (9 Juin 1895, fête de la Trinité).

Comme la plupart des mystiques, avec son souhait d’arriver devant le Père avec des mains vides, Thérèse se situe hors du modèle économique de la loi d’échange, loin du seul point de vue de la Justice. Elle est imprégnée d’un amour gratuit, qu’on appelait au XVII° siècle le « pur amour », comme est gratuit l’amour de Dieu lui-même. Elle ne cherche pas à accumuler ses mérites, mais les oublie en Dieu.

Saint Vincent de Paul recommandait de même :

« Il faut se faire pardonner par les pauvres le bien qu’on leur fait ».

Afficher l'image d'origineLe franciscain Éloi Leclerc a merveilleusement décrit l’esprit de pauvreté intérieure qui animait François d’Assise dans ce domaine. Au moment où il est contesté, puis évincé par l’Ordre qu’il a pourtant fondé, il découvre que le but de sa vie n’était pas de fonder quelque chose ou de ne pas fonder, mais de se fonder lui-même sur l’amour gratuit de Dieu :

- Dieu, fit observer frère Léon, réclame notre effort et notre fidélité.

- Oui, sans doute, répondit François. Mais la sainteté n’est pas l’accomplissement de soi, ni une plénitude que l’on se donne. Elle est d’abord un vide que l’on se découvre et que l’on accepte, et que Dieu vient remplir dans la mesure où l’on s’ouvre à sa plénitude. Notre néant, vois-tu, s’il est accepté, peut devenir l’espace libre où Dieu peut encore créer.
Eloi Leclerc, Sagesse d’un pauvre, Éditions franciscaines, 1984, p.114

Celui qui ne laisse pas couler le flux de la grâce passant à travers lui vers les autres, celui qui comptabilise ses mérites au lieu d’oublier le bien qu’il a fait, celui-là sera bientôt seul, éloigné de Dieu, méprisant les autres.

Lacan disait : « l’amour consiste à donner ce qu’on n’a pas ». C’est peut-être cela le miracle des mains vides de notre parabole.

Bernanos l’a formidablement mis en scène dans ce passage du « Journal d’un curé de campagne », où l’on voit le jeune abbé, en proie au doute et en pleine dépression spirituelle, apporter cependant le réconfort et la paix à la comtesse obsédée par la mort de sa fille :

Afficher l'image d'origineLe prêtre est allé au château pour parler à la comtesse de sa fille, Chantal, dont la révolte est pour lui source d’angoisse. Par-delà l’apparence policée d’une grande dame chrétienne et résignée, le petit prêtre perce le secret d’une âme fermée à Dieu, révoltée depuis la mort de son premier enfant. Après un échange terrible sur le désespoir et l’enfer, la comtesse se rend, et jette, dans un geste fou, le médaillon et la mèche de son enfant qu’elle gardait, dans le feu où le prêtre essaie de les reprendre : « Prenez-vous Dieu pour un bourreau ? » lui dit-il. Et il ajoute : « Il veut que nous ayons pitié de nous-mêmes ».

Rentré chez lui, il trouve une lettre de la comtesse qui lui écrit :

« Le souvenir désespéré d’un petit enfant me tenait éloignée de tout, dans une solitude effrayante, et il me semble qu’un autre enfant m’a tiré de cette solitude. J’espère ne pas vous froisser en vous traitant ainsi d’enfant ? Vous l’êtes. Que le Bon Dieu vous garde tel, à jamais (…). Tout est bien. Je ne croyais pas la résignation possible. Et ce n’est pas la résignation qui est venue en effet. Elle n’est pas dans ma nature (…) Je ne suis pas résignée, je suis heureuse. Je ne désire rien ».

Puis, sur son journal intime, le prêtre note : « 6h30, Mme la Comtesse est morte cette nuit ».

L’abbé Donissan a donné à cette femme la paix que lui-même cherchait en vain.
L’amour consiste à donner ce que l’on n’a pas…

 

Pour être dans les petits papiers de Dieu, délestons-nous de toute prétention à être juste, à compter sur nous-mêmes, à capitaliser sur nos soi-disant bonnes actions.

Seul celui qui arrive les mains vides peut expérimenter l’absolue gratuité de l’amour divin.

Effaçons toute trace d’attachement à nos bonnes pratiques, dont le mépris des autres est le signe.

 

 1ère lecture : « La prière du pauvre traverse les nuées » (Si 35, 15b-17.20-22a)

Lecture du livre de Ben Sira le Sage

Le Seigneur est un juge qui se montre impartial envers les personnes. Il ne défavorise pas le pauvre, il écoute la prière de l’opprimé. Il ne méprise pas la supplication de l’orphelin, ni la plainte répétée de la veuve. Celui dont le service est agréable à Dieu sera bien accueilli, sa supplication parviendra jusqu’au ciel. La prière du pauvre traverse les nuées ; tant qu’elle n’a pas atteint son but, il demeure inconsolable. Il persévère tant que le Très-Haut n’a pas jeté les yeux sur lui, ni prononcé la sentence en faveur des justes et rendu justice.

Psaume : Ps 33 (34), 2-3, 16.18, 19.23

R/ Un pauvre crie ; le Seigneur entend. (Ps 33, 7a)

Je bénirai le Seigneur en tout temps,
sa louange sans cesse à mes lèvres.
Je me glorifierai dans le Seigneur :
que les pauvres m’entendent et soient en fête !

Le Seigneur regarde les justes,
il écoute, attentif à leurs cris.
Le Seigneur entend ceux qui l’appellent :
de toutes leurs angoisses, il les délivre.

Il est proche du cœur brisé,
il sauve l’esprit abattu.
Le Seigneur rachètera ses serviteurs :
pas de châtiment pour qui trouve en lui son refuge.

2ème lecture : « Je n’ai plus qu’à recevoir la couronne de la justice » (2 Tm 4, 6-8.16-18)
Lecture de la deuxième lettre de saint Paul apôtre à Timothée

Bien-aimé, je suis déjà offert en sacrifice, le moment de mon départ est venu. J’ai mené le bon combat, j’ai achevé ma course, j’ai gardé la foi. Je n’ai plus qu’à recevoir la couronne de la justice : le Seigneur, le juste juge, me la remettra en ce jour-là, et non seulement à moi, mais aussi à tous ceux qui auront désiré avec amour sa Manifestation glorieuse. La première fois que j’ai présenté ma défense, personne ne m’a soutenu : tous m’ont abandonné. Que cela ne soit pas retenu contre eux. Le Seigneur, lui, m’a assisté. Il m’a rempli de force pour que, par moi, la proclamation de l’Évangile s’accomplisse jusqu’au bout et que toutes les nations l’entendent. J’ai été arraché à la gueule du lion ; le Seigneur m’arrachera encore à tout ce qu’on fait pour me nuire. Il me sauvera et me fera entrer dans son Royaume céleste. À lui la gloire pour les siècles des siècles. Amen.

Evangile : « Le publicain redescendit dans sa maison ; c’est lui qui était devenu juste, plutôt que le pharisien » (Lc 18, 9-14)

Acclamation : Alléluia. Alléluia. 
Dans le Christ, Dieu réconciliait le monde avec lui : il a mis dans notre bouche la parole de la réconciliation.
Alléluia. (cf. 2 Co 5, 19)

Évangile de Jésus Christ selon saint Luc

En ce temps-là, à l’adresse de certains qui étaient convaincus d’être justes et qui méprisaient les autres, Jésus dit la parabole que voici : « Deux hommes montèrent au Temple pour prier. L’un était pharisien, et l’autre, publicain (c’est-à-dire un collecteur d’impôts). Le pharisien se tenait debout et priait en lui-même : ‘Mon Dieu, je te rends grâce parce que je ne suis pas comme les autres hommes – ils sont voleurs, injustes, adultères –, ou encore comme ce publicain. Je jeûne deux fois par semaine et je verse le dixième de tout ce que je gagne.’ Le publicain, lui, se tenait à distance et n’osait même pas lever les yeux vers le ciel ; mais il se frappait la poitrine, en disant : ‘Mon Dieu, montre-toi favorable au pécheur que je suis !’ Je vous le déclare : quand ce dernier redescendit dans sa maison, c’est lui qui était devenu un homme juste, plutôt que l’autre. Qui s’élève sera abaissé ; qui s’abaisse sera élevé. »
Patrick BRAUD

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26 octobre 2013

Simul peccator et justus : de l’intérêt d’être pécheur et de le savoir

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Simul peccator et justus :
de l’intérêt d’être pécheur et de le savoir

Homélie du 30° dimanche du temps ordinaire / Année C
27/10/2013

Irréprochable ?

Simul peccator et justus : de l'intérêt d'être pécheur et de le savoir dans Communauté spirituelle 700-147577-Dipl%C3%B4me%20de%20l'homme%20le%20plus%20irr%C3%A9prochable« Moi ? Je n’ai rien à me reprocher. »

Cet argument, vous l’entendez sûrement mille fois lorsque les gens se mettent à taper sur « les autres ».

On peut ainsi justifier beaucoup de choses :

- allez à l’église le dimanche ne sert à rien puisque vous voyez bien que ceux qui y vont ne sont pas meilleurs.

- allez recevoir le pardon dans le sacrement de réconciliation est hors jeu, puisque grosso modo je n’ais rien à me faire pardonner.

- critiquer et les politiques et les acteurs sociaux devient facile, car eux ils ont plein d’affaires où ils ne sont pas irréprochables.

- tomber à bras raccourcis sur les braqueurs, les Roms, les délinquants en tout genre devient une évidence, car je ne fait pas partie de « ces gens-là », Monsieur *…

Bref : si je n’ai rien à me reprocher, je suis prêt à faire le procès de tous ceux qui visiblement ont franchi une ligne jaune dans leur vie.

 

Pas d’auto-rédemption

Le malentendu vient peut-être de cette forme auto-accusative ou auto-justificative.

C’est du moins ce vers quoi pointe de la parabole du pharisien et du publicain en prière au Temple.

Le publicain se situe devant Dieu et non pas devant lui-même. Ce n’est pas même devant sa conscience qu’il s’accuserait. Comme l’écrit St Jean : « notre coeur aurait beau nous accuser, Dieu est plus grand que notre coeur » (1Jn 3,20). Non : c’est dans la relation à Dieu – le grand Dieu au-dessus de tout – qu’il reconnaît sa petitesse, et qu’il s’adresse en acceptant de ne pas cacher devant Dieu les contradictions qui le traversent.

Le pharisien lui aussi devrait être devant Dieu, mais il se tient en réalité « en lui-même ». Il ne respecte pas la distance entre lui et Dieu que le publicain marquait avec humilité. Sa longue prière est en fait un discours qu’il s’adresse à lui-même. Il énumère tout ce qu’il fait de bien dans le domaine moral et rituel, et juge au passage les autres hommes qui ne sont pas comme lui.

L’auto-justification aboutit toujours au mépris des autres.
L’auto-accusation n’aboutirait qu’au désespoir.

 

Simul justus et peccator

simul-justus-et-peccator justification dans Communauté spirituelleSeule une vraie relation à Dieu – le tout Autre – me permet de me découvrir à la fois justifié et pécheur, dans le même mouvement. C’est la fameuse formule de Luther : simul justus et peccator.

Catholiques et protestants se sont affrontés autour de cette formule. Les uns, catholiques, croyant en la réalité du salut offert dans le baptême, insistaient sur le renouveau intégral apporté par ce sacrement, si bien que l’homme n’est plus fondamentalement pécheur, mais réconcilié avec Dieu.

Les autres, suivant Luther et St Augustin, affirmaient l’expérience que tout en étant sauvé, l’homme continue à être intérieurement déchiré par une tendance à s’éloigner de Dieu, tendance qui n’est cependant plus dominante dans le régime de la grâce chrétienne.

Saint Paul semble déjà exprimer cette contradiction profonde dans un passage dramatique de l’Épître aux Romains :

« Vraiment ce que je fais je ne le comprends pas : car je ne fais pas ce que je veux, mais je fais ce que je hais [...] en réalité ce n’est plus moi qui accomplis l’action, mais le péché qui habite en moi. [...] Car je me complais dans la loi de Dieu du point de vue de l’homme intérieur ; mais j’aperçois une autre loi dans mes membres qui lutte contre la loi de ma raison et m’enchaîne à la loi du péché qui est dans mes membres. Malheureux homme que je suis ! » (Rm 7,15-24)

La solution à cette tension entre l’optimisme catholique (sur la réalité de la justification) et le réalisme protestant (sur la rémanence du péché) a été formulé dans un document récent (et capital pour l’oecuménisme) :

Déclaration conjointe  sur la doctrine de la justification de la Fédération Luthérienne Mondiale et de l’Église catholique (1999) :


4.4 L’être pécheur du justifié    

28. Nous confessons ensemble que, dans le baptême, le Saint-Esprit unit la personne humaine au Christ, la justifie et la renouvelle effectivement. Malgré cela, le justifié demeure sa vie durant et constamment dépendant de la grâce de Dieu qui le justifie sans conditions. Il n’est pas soustrait au pouvoir toujours encore affluant du péché et à son emprise (cf. Rm 6, 12-14), il n’est pas dispensé de combattre perpétuellement la convoitise égoïste du vieil homme qui le met en opposition à Dieu (cf. Ga 5, 16 ; Rm 7, 7.10). Même le justifié doit quotidiennement implorer le pardon de Dieu comme dans le Notre Père (Mt 6, 12 ; 1 Jn 1, 9). Il est constamment appelé à la conversion et à la repentance, et le pardon lui est toujours à nouveau accordé.  

29. Les luthériens veulent exprimer cela lorsqu’ils disent que le chrétien est « à la fois juste et pécheur » : Il est entièrement juste car Dieu lui pardonne son péché par la parole et le sacrement, et lui accorde la justice du Christ qui dans la foi devient la sienne et fait de lui, en Christ et devant Dieu, une personne juste. Face à lui-même cependant, il reconnaît par la loi qu’il demeure aussi totalement pécheur, que le péché habite encore en lui (1 Jn 1, 8; Rm 7, 17.20) car il ne cesse de placer sa confiance dans de faux dieux et n’aime pas Dieu avec cet amour sans partage que Dieu, son créateur, exige de lui (Dt 6, 5 ; Mt 22, 36-40 par.). Cette opposition à Dieu est en tant que telle véritablement péché. Cependant, par le mérite du Christ, le pouvoir aliénant du péché est brisé : le péché n’est plus péché « dominant » le chrétien car il est « dominé » par le Christ auquel le justifié est lié par la foi ; ainsi, tant qu’il vit sur terre, le chrétien peut, du moins partiellement, mener une vie dans la justice. Malgré le péché, le chrétien n’est plus séparé de Dieu car, né de nouveau par le baptême et le Saint-Esprit, il reçoit le pardon de son péché par le retour quotidien à son baptême ; ainsi son péché ne le condamne plus et n’entraîne plus sa mort éternelle. Lorsque les luthériens affirment que le justifié est aussi pécheur et que son opposition à Dieu est véritablement péché, ils ne nient pas que, malgré le péché, le justifié n’est plus, en Christ, séparé de Dieu et que son péché est un péché dominé. En cela ils s’accordent avec le partenaire catholique-romain malgré les différences dans la compréhension du péché du justifié.  

 

Simul peccator et justus

Nous pouvons donc – catholiques et protestants – nous reconnaître ensemble dans cette célèbre formule de Luther : simul justus et peccator, qui s’énoncerait presque dans l’ordre inverse dans notre parabole d’aujourd’hui : simul peccator et justus. Car c’est dans le mouvement même où il se reconnaît pécheur que le publicain est justifié, déclaré juste par Dieu. C’est parce qu’il confesse son péché qu’il est justifié dans le même mouvement. À l’inverse, le pharisien s’auto-déclare juste et par là même perd la grâce de la justification : il repart pécheur du Temple. C’est le reproche que Jésus formule aux pharisiens dans une autre controverse célèbre, à propos de l’aveugle qu’il avait guéri : « vous dites : nous voyons ! et votre péché demeure » (Jn 9,41).

Dieu nous reproche de nous vouloir irréprochables !

Un pasteur protestant résumait ainsi l’intérêt de cette parabole du pharisien et du publicain :

La parabole qui met en scène deux personnages qui, en réalité peut-être, n’en font qu’un, nous rappelle la tension féconde, libératrice et bénéfique dans laquelle nous nous tenons : à la fois pécheurs et justifiés, à la fois loin de Dieu, mais pourtant profondément assurés qu’il nous aime. Simul justus, simul peccator, semper penitens, écrivait si justement Luther : à la fois justes et pécheurs, et toujours pénitents, reconnaissant que c’est sa grâce qui nous libère, et non nos pauvres prétentions humaines, pour le service du Christ et des hommes. Nous voici donc à la fois assurés de sa grâce, comme le pharisien, à la fois conscients de notre finitude, de notre fragilité et de notre impuissance, comme le collecteur d’impôts, et toujours pénitents, mendiants mais rendus immensément riches de la pleine et entière indulgence du Christ -ce terme d’indulgence, ici, équivalant à celui de salut -.
François Clavairoly

http://www.erf-saint-esprit.org/Luc-18-9-14-Une-parabole-pour-dire#nh3

 

En guise de conclusion

1) Nous sommes très réalistement pécheurs. Nous faisons alors l’expérience d’être justifiés par le fait même de nous confier à Dieu tels que nous sommes, car il nous aime gratuitement. La confession de nos péchés nous ouvre à la justice, c’est-à-dire à une juste relation, une relation ajustée à Dieu.

2) Nous sommes de par notre baptême à la fois justes et encore engagés dans le combat contre le péché qui nous séduit toujours.

 

Que l’Esprit du Christ nous garde dans cette double tension intérieure !
C’est elle qui nous permettra de ne jamais désespérer de nous-mêmes (car nous sommes justifiés, et réellement, totalement).
C’est elle qui nous donnera de ne jamais mépriser ceux qui sont différents de nous (car nous sommes tous pécheurs).
Il y a là de quoi combattre toute violence religieuse qui se nourrit du mépris des autres, ce que Jésus dénonce dans cette parabole.

 

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* Comme le chantait Jacques Brel avant de repérer qu’il y avait Mathilde au milieu de ces gens-là

 

1ère lecture : Dieu écoute la prière du pauvre (Si 35, 12-14.16-18)

Lecture du livre de Ben Sirac le Sage

Le Seigneur est un juge qui ne fait pas de différence entre les hommes.
Il ne défavorise pas le pauvre, il écoute la prière de l’opprimé.
Il ne méprise pas la supplication de l’orphelin, ni la plainte répétée de la veuve.
Le Seigneur est un juge qui ne fait pas de différence entre les hommes.
Celui qui sert Dieu de tout son c?ur est bien accueilli, et sa prière parvient jusqu’au ciel.
La prière du pauvre traverse les nuées ; tant qu’elle n’a pas atteint son but, il demeure inconsolable.
Il ne s’arrête pas avant que le Très-Haut ait jeté les yeux sur lui, prononcé en faveur des justes et rendu justice.

Psaume : Ps 33, 2-3, 16.18, 19.23

R/ Un pauvre a crié : Dieu l’écoute et le sauve.

Je bénirai le Seigneur en tout temps,
sa louange sans cesse à mes lèvres.
Je me glorifierai dans le Seigneur :
que les pauvres m’entendent et soient en fête !

Le Seigneur regarde les justes, 
il écoute, attentif à leurs cris.
Le Seigneur entend ceux qui l’appellent : 
de toutes leurs angoisses, il les délivre.

Il est proche du coeur brisé, 
il sauve l’esprit abattu.
Le Seigneur rachètera ses serviteurs : 
pas de châtiment pour qui trouve en lui son refuge.

2ème lecture : Paul au soir de sa vie (2Tm 4, 6-8.16-18)

Lecture de la seconde lettre de saint Paul Apôtre à Timothée

Me voici déjà offert en sacrifice, le moment de mon départ est venu. Je me suis bien battu, j’ai tenu jusqu’au bout de la course, je suis resté fidèle. Je n’ai plus qu’à recevoir la récompense du vainqueur : dans sa justice, le Seigneur, le juge impartial, me la remettra en ce jour-là, comme à tous ceux qui auront désiré avec amour sa manifestation dans la gloire.
La première fois que j’ai présenté ma défense, personne ne m’a soutenu : tous m’ont abandonné. Que Dieu ne leur en tienne pas rigueur. Le Seigneur, lui, m’a assisté. Il m’a rempli de force pour que je puisse annoncer jusqu’au bout l’Évangile et le faire entendre à toutes les nations païennes. J’ai échappé à la gueule du lion ; le Seigneur me fera encore échapper à tout ce qu’on fait pour me nuire. Il me sauvera et me fera entrer au ciel, dans son Royaume. À lui la gloire pour les siècles des siècles. Amen.

Evangile : Parabole du pharisien et du publicain (Lc 18, 9-14)

Acclamation : Alléluia. Alléluia. Dieu ne regarde pas l’apparence, comme font les hommes : il sonde les reins et les c?urs. Alléluia. (cf. 1 S 16, 7)

Évangile de Jésus Christ selon saint Luc
Jésus dit une parabole pour certains hommes qui étaient convaincus d’être justes et qui méprisaient tous les autres :
« Deux hommes montèrent au Temple pour prier. L’un était pharisien, et l’autre, publicain.
Le pharisien se tenait là et priait en lui-même : ‘Mon Dieu, je te rends grâce parce que je ne suis pas comme les autres hommes : voleurs, injustes, adultères, ou encore comme ce publicain. Je jeûne deux fois par semaine et je verse le dixième de tout ce que je gagne.’
Le publicain, lui, se tenait à distance et n’osait même pas lever les yeux vers le ciel ; mais il se frappait la poitrine, en disant : ‘Mon Dieu, prends pitié du pécheur que je suis !’
Quand ce dernier rentra chez lui, c’est lui, je vous le déclare, qui était devenu juste, et non pas l’autre. Qui s’élève sera abaissé ; qui s’abaisse sera élevé. »
Patrick Braud

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5 février 2011

L’Eglise et la modernité: sel de la terre ou lumière du monde ?

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L’Église et la modernité : sel de la terre ou lumière du monde ?

 

Homélie pour le 5° dimanche ordinaire / Année A

Dimanche 6 Février 2011

 

Deux images contradictoires

·       « Sel de la terre », « lumière du monde » : ces deux images employées par Jésus (Mt 5, 13-16) pour décrire l’attitude de ses disciples dans la société de leur époque sont ultra célèbres.

On peut commenter chacune d’elles, indépendamment de l’autre. Or, ce qui est à la fois étonnant et remarquable dans ce texte, c’est que Jésus pose ces deux images ensemble, alors qu’elles sont logiquement contradictoires !

 

·       Réfléchissez : les propriétés du sel et de la lumière sont antagonistes.

- Le sel va s’enfouir dans la nourriture

 

- La lumière au contraire surplombe (comme le fait le lampadaire dans le texte) ce qu’elle éclaire

- Le sel disparaît en agissant

- La source de lumière, elle, brille distinctement, séparée du reste

- Le sel révèle et relève le goût du plat, de l’intérieur

- La lumière fait sortir la réalité des ténèbres, de l’extérieur

 

Si ces deux images parlent de la façon dont les chrétiens se situent dans le monde, on a alors sur le plan sociologique deux extrêmes, qui définissent un axe « politique » :

 sel  <=======================> lumière,

de l’intégration (sel) à la contestation (lumière) du monde environnant.

 

L’axe sel <==> lumière

·      Les chrétiens se reconnaissant dans l’image du sel chercheront à « vivre avec »  leurs frères, à « vivre comme » eux. Cela a donné par exemple l’expérience des prêtres ouvriers depuis les années 1950, mais aussi l’Action Catholique (évangélisation du semblable par le semblable), le ralliement à la République (le ?toast d’Alger’ en 1890 !), l’acceptation de la laïcité à la française, des lois sur l’école etc… Pensez encore aux églises construites dans les années 70-80, si humbles et modestes dans les banlieues qu’elles en demeurent invisibles?

 

L'Eglise et la modernité: sel de la terre ou lumière du monde ? dans Communauté spirituelle lumiere-et-sel-500-x-297-gif·      Les chrétiens se reconnaissant dans l’image de la lumière chercheront quant à eux au contraire à manifester leur différence, à préserver leur identité. Ils seront parfois tentés par le repli communautariste, mais auront à cœur de montrer que l’Église peut être une « société alternative » au monde moderne. Cela produit des groupes aussi divers que l’Opus Dei, les frères de Saint-Jean, ou le Renouveau charismatique, les nouvelles écologies spirituelles etc…

Il est d’ailleurs intéressant selon cette grille de lecture de noter que le titre choisi par Benoît XVI pour livrer ses confidences est précisément : « Lumière du monde » (livre paru en 2010), ce qui est cohérent avec la ligne directrice de son pontificat.

 

·      Or Jésus inscrit à la fois le sel et la lumière dans la feuille de route de son Église ! Comme souvent, il unit les contraires. C’est donc il faut tenir les deux ensemble. Et ne pas céder au mouvement de balancier qui fait passer l’Église de la contestation du monde environnant à la complicité avec ses dérives, puis à nouveau à une crispation identitaire etc…

Il nous faut, collectivement (et peut-être même chacun individuellement !) être à la fois sel et lumière, vivre « avec » et « séparés », vivre « comme » et « différents », accompagner et innover, attester et contester…

 

L’axe levain <==> pharisien

On pourrait d’ailleurs croiser cet axe sel <=> lumière avec un autre axe, très présent dans l’Évangile :

 levain (dans la pâte)    <=============================>  pharisien.

- L’image du levain dans la pâte (Lc 13,21) invite les chrétiens à participer à la construction du monde moderne, à accueillir positivement ses caractéristiques (liberté de la science, pluralisme démocratique…), et même à concourir à la réussite de cette société moderne (avec le risque de devenir complice de certaines de ses dérives).

- L’attitude pharisienne, elle, illustre les risques permanents de la fuite hors du monde, et d’un superbe isolement qui a toujours menacé les communautés chrétiennes. En fustigeant le pharisaïsme, Jésus prévient ses disciples de ne pas tomber eux non plus dans cette attitude de refus de leur société, d’éviter la disqualification de la modernité pour nous aujourd’hui. Sur le thème : « tous pourris », « il n’y a plus de valeurs morales », « ce monde court à sa perte », la tentation sectaire fait des dégâts dans certains courants chrétiens (évangélistes surtout), en réinvestissant paradoxalement le vieux thème du monopole du salut (« hors de l’Église point de salut »).

 

Une représentation schématique

·      Si l’on croise ces deux axes : sel <=> lumière et levain <=> pharisien, on peut alors tenter la représentation suivante, où les différents groupes et courants chrétiens vont se répartir dans l’espace ainsi repéré, selon leur degré d’acceptation ou de refus de la modernité, selon leur attitude active ou passive envers elle.

 

Eglise et Modernité 

 

Conjuguer les contraires

·      Dans l’histoire, la position de notre Église catholique a énormément bougé dans cet espace : les premiers martyrs chrétiens étaient plutôt en haut à gauche, l’Église constantinienne en haut à droite, l’Action Française en bas à gauche, les prêtres ouvriers en bas à droite etc… (amusez-vous à placer les groupes que vous connaissez !)

Une telle représentation reste schématique, et ne doit surtout pas être utilisée pour figer les positions des uns ou des autres. Car ces positions bougent sans cesse, et sont aujourd’hui disséminées dans tout l’espace.

 

L’important est de prendre conscience de sa propre trajectoire, de celle des  groupes auxquels j’appartiens, et d’entendre l’appel du Christ à conjuguer les contraires : « vous êtes le sel de la terre et la lumière du monde ».

 

1ère lecture : Celui qui donne aux malheureux est une lumière(Is 58, 7-10)

 

Lecture du livre d’Isaïe

Partager ton pain avec celui qui a faim, recueille chez toi le malheureux sans abri, couvre celui que tu verras sans vêtement, ne te dérobe pas à ton semblable.

Alors ta lumière jaillira comme l’aurore, et tes forces reviendront rapidement. Ta justice marchera devant toi, et la gloire du Seigneur t’accompagnera.

Alors, si tu appelles, le Seigneur répondra ; si tu cries, il dira : « Me voici. » Si tu fais disparaître de ton pays le joug, le geste de menace, la parole malfaisante, si tu donnes de bon coeur à celui qui a faim, et si tu combles les désirs du malheureux, ta lumière se lèvera dans les ténèbres et ton obscurité sera comme la lumière de midi.

 

Psaume : Ps 111, 1a.4, 5a.6, 7-8a, 9

R/ Dans la nuit de ce monde, brille la lumière du juste.

Heureux qui craint le Seigneur ! Lumière des coeurs droits, il s’est levé dans les ténèbres, homme de justice, de tendresse et de pitié.

L’homme de bien a pitié, il partage ; cet homme jamais ne tombera ; toujours on fera mémoire du juste. Il ne craint pas l’annonce d’un malheur : le c?ur ferme, il s’appuie sur le Seigneur. Son c?ur est confiant, il ne craint pas. À pleines mains, il donne au pauvre ; à jamais se maintiendra sa justice, sa puissance grandira, et sa gloire !

2ème lecture : En guise de sagesse, Paul annonce un Messie crucifié (1 Co 2, 1-5)

 

Lecture de la première lettre de saint Paul Apôtre aux Corinthiens

Frères, quand je suis venu chez vous, je ne suis pas venu vous annoncer le mystère de Dieu avec le prestige du langage humain ou de la sagesse.

Parmi vous, je n’ai rien voulu connaître d’autre que Jésus Christ, ce Messie crucifié.

Et c’est dans la faiblesse, craintif et tout tremblant, que je suis arrivé chez vous.

Mon langage, ma proclamation de l’Évangile, n’avaient rien à voir avec le langage d’une sagesse qui veut convaincre ; mais c’est l’Esprit et sa puissance qui se manifestaient, pour que votre foi ne repose pas sur la sagesse des hommes, mais sur la puissance de Dieu.

 

Evangile : Sermon sur la montagne. Le sel de la terre et la lumiière du monde (Mt 5, 13-16)

Acclamation : Alléluia. Alléluia. Lumière du monde, Jésus Christ, celui qui marche à ta suite aura la lumière de la vie. Alléluia. (cf. Jn 8, 12)

Évangile de Jésus Christ selon saint Matthieu

Comme les disciples s’étaient rassemblés autour de Jésus, sur la montagne, il leur disait : « Vous êtes le sel de la terre. Si le sel se dénature, comment redeviendra-t-il du sel ? Il n’est plus bon à rien : on le jette dehors et les gens le piétinent.

Vous êtes la lumière du monde. Une ville située sur une montagne ne peut être cachée.

Et l’on n’allume pas une lampe pour la mettre sous le boisseau ; on la met sur le lampadaire, et elle brille pour tous ceux qui sont dans la maison. De même, que votre lumière brille devant les hommes : alors en voyant ce que vous faites de bien, ils rendront gloire à votre Père qui est aux cieux. » Patrick Braud 

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