Que faire de nos reniements ?
Que faire de nos reniements ?
Homélie pour le 12° Dimanche du Temps Ordinaire / Année A
25/06/2023
Cf. également :
Une utopie à proclamer sur les toits
Terreur de tous côtés !
N’arrêtez pas vos jérémiades !
L’effet saumon
Sous le signe de la promesse
La « réserve eschatologique »
Les volte-face de Mitterrand, et les nôtres
La vie de François Mitterrand est une mine inépuisable d’articles, de sujets de thèses de doctorat, de conférences et autres documentaires pour les historiens. Comment ce jeune catholique charentais, de famille traditionnelle, a-t-il pu prendre autant de visages et incarner autant de courants politiques ? Ses années de jeunesse vichyssoise à l’extrême droite lui valurent d’être décoré de la francisque en 1943, et de figurer dans des gouvernements où il appliquait une répression féroce en Algérie française. Son retournement idéologique dans les années 70 l’a conduit opportunément à fonder le Parti Socialiste autour d’une grande idée : la rupture avec le capitalisme. Au congrès d’Épinay de 1971, sa prédication enflammée pour mettre le cap à gauche est devenue célèbre : « la révolution, c’est d’abord une rupture avec l’ordre établi. Celui-qui n’accepte pas cette rupture avec l’ordre établi, avec la société capitaliste, celui-là ne peut pas être adhérent du Parti socialiste ».
Las ! : élu Président de la République en 1981, Mitterrand s’aperçoit que la réalité économique est plus complexe que ce qu’il croyait, et il fait à nouveau volte-face, abandonnant la révolution et la rupture avec le capitalisme pour « le tournant de la rigueur » en 1983. Le socialiste révolutionnaire devenait un social-démocrate compatible avec les marchés et l’orthodoxie budgétaire. Dernier renoncement : 1984, lorsqu’il veut appliquer un point essentiel du Programme Commun de la Gauche sur lequel il s’était engagé la main sur le cœur. Il s’agissait de nationaliser l’enseignement privé pour le fusionner en un seul système public. Un million de manifestants dans la rue plus tard, il abandonne sagement la réforme emblématique de son engagement de gauche, et choisit le statut quo…
Réalisme, diront certains. Manque de courage politique, diront les autres.
Toujours est-il que « le Sphinx » – comme on le surnommait – est passé dans l’histoire comme un excellent disciple de Machiavel, prêt à renier ses convictions pour d’autres si cela lui permettait de conquérir ou garder le pouvoir.
Sur l’air de : « Paris vaut bien une messe », nos dirigeants nous ont malheureusement habitué à retourner leur veste assez souvent en fonction du vent dominant et de leurs intérêts…
Soyons honnêtes, ces volte-face sont également les nôtres. Plus ordinaires, plus mesquines peut-être que le passage de la francisque à la révolution puis aux compromissions de tous ordres. Mais nos petits reniements peuvent pareillement lézarder la belle façade de nos réussites et de nos combats.
Qui est vraiment allé au bout de ses idéaux de jeunesse ?
Qui n’a pas mis d’eau dans son vin pour vivre plus confortablement ?
Qui a accepté de payer le prix fort pour rester fidèle à une conviction dangereuse ?
La question s’est vite posée dans les premières communautés chrétiennes. L’enthousiasme du début a été douché par les menaces et persécutions romaines ou juives. L’ardeur des convertis butait sur l’ampleur des conséquences désastreuses pour eux et leurs familles s’ils persévéraient dans leur foi au Christ. À tel point que beaucoup renièrent leur baptême pour ne pas être arrêtés, suppliciés, brûlés au jetés au feu.
Quel sort fallait-il réserver à ces renégats ? Et plus troublant encore, quel sort fallait-il leur accorder s’ils voulaient revenir après avoir renié ?
La rigueur ou la mansuétude ?
Il y a dans le Nouveau Testament une contradiction apparente au sujet de l’apostasie. Quand Jésus parle de reniement dans notre Évangile de ce dimanche (Mt 10,26-33), on sent que les Églises locales y entendent un avertissement très net : « celui qui me reniera devant les hommes, moi aussi je le renierai devant mon Père qui est aux cieux ».
Apparemment, la ligne de conduite est claire : les renégats doivent être reniés, c’est-à-dire exclus définitivement des communautés locales, comme le Christ les reniera à la fin des temps. Oui, mais voilà… Le seul autre usage du verbe renier (ἀρνέομαι, arneomai) dans les Évangiles est réservé… à Pierre ! Pierre le renégat, qui par 3 fois a juré : « je ne connais pas cet homme », dans la cour du grand prêtre au début du procès de Jésus. Même Judas n’est pas traité de renégat : Pierre est le seul à avoir renié Jésus dans les textes, car Judas l’a livré, pas renié (cf.Choisir Judas comme ami). Donc, logiquement, selon notre évangile, le Christ aurait dû renier Pierre devant Dieu, lui qui l’avait renié devant les hommes. Or, pas du tout ! Au contraire : selon Jean, Jésus ressuscité a demandé par 3 fois à Pierre : « m’aimes-tu ? » pour le pardonner de son triple reniement, et il lui a confié le premier rôle dans l’Église naissante : « sois le berger de mes brebis » (Jn 21,15-19).
Pierre, seul renégat du Nouveau Testament, n’est pas renié comme annoncé par Jésus mais au contraire promu au premier plan : que s’est-il passé entre Matthieu et Jean ? Comment lever cette contradiction apparente entre ces deux passages ?
Si l’on oppose seulement la lettre de nos deux évangiles, la contradiction est insoluble. Alors, mettons-les en perspective historique.
Écrits entre 30 et 60 après la mort de Jésus, ces textes ont été longuement ruminés, prêchés, travaillés, ciselés par la tradition orale dans les premières communautés chrétiennes. On l’a dit, ces communautés étaient fragiles et instables, exposées aux menaces et persécutions. Refuser d’offrir un sacrifice à l’empereur ou à une divinité païenne pouvait entraîner la prison et la mort. Jude par exemple écrit : « il s’est glissé parmi vous certains hommes, dont la condamnation est écrite depuis longtemps, des impies, qui changent la grâce de notre Dieu en dissolution, et qui renient (arneomai) notre seul maître et Seigneur Jésus-Christ » (Jude 1,4). Ce qui confirme le constat de Pierre : « Il y a eu parmi le peuple de faux prophètes, et il y aura de même parmi vous de faux docteurs, qui introduiront des sectes pernicieuses, et qui, reniant (arneomai) le maître qui les a rachetés, attireront sur eux une ruine soudaine » (2P 2,1).
L’Apocalypse quant à elle préfère par contraste encourager les Résistants en louant les Églises locales qui tiennent bon dans la foi malgré leur faiblesse et le danger : « Je sais où tu demeures, je sais que là est le trône de Satan. Tu retiens mon nom, et tu n’as pas renié (arneomai) ma foi, même aux jours d’Antipas, mon témoin fidèle, qui a été mis à mort chez vous, là où Satan a sa demeure » (Ap 2,13). « Je connais tes œuvres. Voici, parce que tu as peu de puissance, et que tu as gardé ma parole, et que tu n’as pas renié (arneomai) mon nom, j’ai mis devant toi une porte ouverte, que personne ne peut fermer » (Ap 3,8).
Reste que beaucoup préféraient renier le Christ plutôt que d’avoir des ennuis. Ces lapsi (en latin : ceux qui sont tombés, qui ont chuté) se multiplièrent. À chaque persécution nouvelle augmentait le nombre de ceux qui parmi eux reniaient le Christ. Ainsi Tertullien déplore l’« appréhension des clercs aux pieds de cerfs devant le martyre » et l’« appréhension des chrétiens devant la douleur ». Il raconte que des communautés entières ont éloigné d’elles les persécutions en corrompant les autorités, chose que l’« ordre régnant de l’Église » a approuvée. Dans ses épîtres, l’évêque Cyprien de Carthage évoque à de nombreuses reprises le fait que les évêques et hautes personnalités ecclésiastiques s’accusaient mutuellement d’avoir renié leur foi à l’occasion d’une persécution. Il mentionne également le fait que de très nombreux chrétiens se faisaient établir en sous-main, contre de l’argent, publiquement ou secrètement, une attestation (libellus) de la part des autorités, certifiant qu’ils étaient païens et sacrifiaient selon le rite païen. On en a trouvé confirmation il y a quelques années en Égypte dans ce que l’on appelle le papyrus Rainer, qui contient un registre administratif de ceux qui reniaient leur baptême et que l’on appelait libellatici. Ailleurs, Pierre d’Alexandrie dans son ouvrage sur la pénitence (Liber de poenitentia), évoque les moyens employés par les chrétiens pour échapper aux persécutions. Il y parle de chrétiens qui forçaient leurs esclaves chrétiens (!) à pratiquer pour eux des sacrifices selon le mode païen ou à mourir pour eux en martyrs s’ils refusaient ! Pas très glorieux…
Le théologien protestant Von Harnack reconnaissait que « le nombre des ceux qui reniaient leur foi dépassait largement celui des martyrs et de ceux qui, ouvertement ou secrètement, se considéraient de confession chrétienne ».
Parfois, certains lapsi voulaient revenir à l’Église après l’avoir quitté. À la fin des persécutions, ces « chrétiens de nom » affluèrent à nouveau dans l’Église, qui les accueillit avec empressement, car, comme le dit déjà le Pasteur d’Hermas, « seuls ceux qui sont butés sont rejetés pour toujours », et l’Église avait besoin de renforcer ses rangs. Tertullien prêche l’excuse du reniement arraché par la force : « si le reniement a été extorqué, la foi peut être conservée intacte dans le cœur »…
Que faire de ces repentis ?
Si l’on suit la ligne de notre évangile de Matthieu – la ligne rigoriste – on restera inflexible et on n’admettra pas le retour des renégats.
Si l’on suit la ligne johannique – la ligne pénitentielle – on aménagera un retour possible moyennant une procédure de réintégration où l’apostat exprimera son repentir et son désir de choisir le Christ.
Nos deux textes apparemment contradictoires reflètent en réalité la forte tension permanente – car cela a duré plusieurs siècles – entre ces deux lignes au cœur de l’Église. Faut-il être exigeant pour sauvegarder la pureté du baptême ? ou conciliant en acceptant les fidèles tels qu’ils sont, pécheurs, mais capables de conversion ?
La rigueur sonne comme un avertissement de la gravité de la faute.
La pénitence prend en compte la faiblesse des croyants, pour ne pas les perdre.
Les deux courants sont présents dans le Nouveau Testament, et souvent s’affrontent sans merci.
La solution viendra plus tard, au temps de Cyprien de Carthage (III° siècle), avec l’invention de la pénitence publique comme condition pour réintégrer les lapsi désirant revenir dans l’Église. Il faut dire qu’avec l’empereur Constantin le vent aura tourné en faveur de la secte nouvelle : jadis persécutée, l’Église deviendra impériale, suscitant un afflux de demandes de baptêmes pas toujours sincères…
Paul recueille les deux traditions sans choisir : intransigeance vis-à-vis des lapsi, et miséricorde pourtant jusqu’au bout.
Pour l’intransigeance :
« Si nous persévérons, nous régnerons aussi avec lui ; si nous le renions (arneomai), lui aussi nous reniera (arneomai) » (2Tim 2,12).
« Si quelqu’un n’a pas soin des siens, et principalement de ceux de sa famille, il a renié (arneomai) la foi, et il est pire qu’un infidèle » (1Tim 5,8).
« Certains ont l’apparence de la piété, mais renient (arneomai) ce qui en fait la force. Éloigne-toi de ces hommes-là (2Tim 3,5) ».
« Ils font profession de connaître Dieu, mais ils le renient (arneomai) par leurs œuvres, étant abominables, rebelles, et incapables d’aucune bonne œuvre (Ti 1,16) ».
Pour la mansuétude :
« Si nous sommes infidèles, il demeure fidèle, car il ne peut se renier (arneomai) lui-même » (2Tim 3,13).
À l’appui du courant insistant sur la miséricorde, on trouvera bien sûr dans le Nouveau Testament la parabole du fils prodigue (Lc 15,11–32). Dans le contexte des chrétiens quittant l’Église par peur du danger, le fils cadet est devenu la figure des lapsi, ces chrétiens qui ont renié leur baptême mais font pénitence pour revenir à l’Église, tandis que le frère aîné est semblable aux rigoristes intransigeants. Cette interprétation se trouve chez Tertullien, Ambroise et Jérôme. On trouve ainsi dans les Constitutions apostoliques : « Ô évêque, tu ne te détourneras pas avec dégoût de celui qui aura chuté une première et une seconde fois, (…) Celui qui dans son repentir produit des fruits de pénitence, admettez-le à la prière, comme le fils perdu, le libertin » (Constitutions apostoliques II, 40,1-4).
La parole de Jésus : « le Fils de l’homme est venu chercher et sauver ce qui était perdu » (Lc 19,10) ne cesse de résonner comme un appel à une miséricorde plus grande que toute offense…
Conclusion
La ligne rigoriste de ce dimanche est utile comme garde-fou et avertisseur : attention, renier le Christ arrive plus facilement que vous ne le pensez ! Or c’est une question de vie ou de mort !
La ligne pénitentielle corrige cette dureté apparente en composant avec la faiblesse humaine : « Dieu ne veut pas la mort du pécheur, mais qu’il se convertisse » (Ez 18,23.32).
Donc si les lapsi regrettent leur reniement et font à nouveau le choix du Christ (« Pierre, m’aimes-tu ? ») ils pourront à nouveau s’asseoir à la table eucharistique avec l’assemblée-Église. La condition de ce retour – directement dérivée de l’exigence rigoriste – est de suivre un chemin pénitentiel, graduel (cf. les trois « je t’aime » de Pierre), public, et unique. Ce n’est qu’après le IX° siècle que la pénitence deviendra privée et réitérable.
L’intérêt de ce débat pour nous aujourd’hui est de nous questionner en profondeur sur notre inclination personnelle :
- suis-je plutôt rigoriste par nature ? auquel cas pratiquer la miséricorde me ferait du bien…
- ou suis-je plutôt miséricordieux, acceptant facilement par réalisme la faiblesse d’autrui et la mienne ? auquel cas je devrais réétudier la radicalité de l’Évangile pour éviter que mes compromis se changent en compromissions.
- quels sont mes reniements ? comment les dépasser ?
En outre, ce débat entre rigorisme et mansuétude peut éclairer d’un jour nouveau l’accès des divorcés remariés aujourd’hui à la table eucharistique : ces « lapsi » du sacrement de mariage pourraient-ils bénéficier eux aussi une procédure pénitentielle de réintégration ?
Excursus rapide sur le statut des renégats dans le judaïsme et dans l’islam
Le statut des apostats dans le judaïsme
Dans la tradition juive, il n’y a pas de sanction légale ou de peine séculaire pour l’apostasie. Le judaïsme met l’accent sur le libre arbitre et la responsabilité personnelle en matière de croyance religieuse. Chaque individu est libre de choisir sa propre voie spirituelle et de quitter la pratique religieuse juive s’il le souhaite. L’apostasie n’est donc pas considérée comme un crime ou un péché punissable par les autorités religieuses ou civiles. Mais elle peut avoir des implications sociales et familiales au sein de certaines communautés juives plus traditionnelles. Dans ces contextes, un individu qui abandonne la foi juive peut être exposé à l’ostracisme, à des conséquences sociales ou à des tensions familiales en raison de la désapprobation de sa décision.
Quelques versets vont ainsi dans le sens d’une intransigeance rigoureuse :
« Si ton frère, fils de ta mère, ou ton fils, ou ta fille, ou la femme qui repose sur ton sein, ou ton ami que tu aimes comme toi-même, t’incite secrètement en disant : Allons, servons d’autres dieux ! – des dieux que ni toi ni tes pères n’avez connus, des dieux des peuples qui vous entourent, près de toi ou loin de toi, d’une extrémité de la terre à l’autre -, tu n’y consentiras pas, et tu ne l’écouteras pas ; tu ne jetteras pas sur lui un regard de pitié, tu n’auras point de miséricorde, tu ne le couvriras pas, et tu ne déroberas pas pour lui ; mais tu le feras mourir » (Dt 13,6-10).
« Mon peuple est détruit, parce qu’il lui manque la connaissance. Puisque tu as rejeté la connaissance, je te rejetterai, et tu seras dépouillé de mon sacerdoce ; puisque tu as oublié la loi de ton Dieu, j’oublierai aussi tes enfants » (Os 4,6).
Ce verset souligne les conséquences néfastes de l’abandon de la connaissance de Dieu et de la Loi, entraînant la destruction du peuple.
« Qu’il n’y ait parmi vous ni homme, ni femme, ni famille, ni tribu, dont le cœur se détourne aujourd’hui de l’Éternel, notre Dieu, pour aller servir les dieux de ces nations-là. Qu’il n’y ait point parmi vous de racine qui produise du poison et de l’absinthe. Que personne, après avoir entendu les paroles de cette malédiction, ne se croie en sécurité dans son cœur, en disant : J’aurai la paix, quoique je suive mes penchants, et que j’ajoute l’ivresse à la soif » (Dt 29,18-20).
Ce verset énonce les conséquences spirituelles négatives et les dangers associés à l’abandon de la foi et de l’alliance avec Dieu.
Le statut des apostats dans le Coran
Dans le Coran, il existe de nombreux versets qui abordent la question de l’apostasie ou des renégats. Voici quelques-uns d’entre eux qui sont plutôt intransigeants et rigoristes :
Sourate Al-Baqarah (2,217) : « Et ceux qui croient, puis mécroient, puis croient de nouveau, puis mécroient, et augmentent en mécréance, Allah ne leur pardonnera jamais, ni les guidera vers un chemin. »
Sourate Al-Ma’idah (5,54) : « Ô les croyants! Celui parmi vous qui apostasie de sa religion… Allah va faire venir un peuple qu’Il aime et qui L’aime, modeste envers les croyants et fier et puissant envers les mécréants, qui lutte dans le sentier d’Allah, ne craignant le blâme d’aucun blâmeur. »
Sourate An-Nisa (4,137) : « Ceux qui croient, puis mécroient, puis croient de nouveau, ensuite mécroient, et deviennent de plus en plus mécréants, Allah ne leur pardonnera jamais, ni ne les guidera vers un chemin. »
Sourate Al-Imran (3,90) : « Ceux qui ont mécru après avoir eu la foi, puis qui ont persisté dans leur mécréance, leur repentir ne sera jamais accepté, et ce sont eux les égarés. »
Sourate Al-Imran (3,85) : « Et quiconque cherche une autre religion que l’Islam, cela ne lui sera point agréé, et il sera, dans l’au-delà, parmi les perdants. »
Sourate Al-Ma’idah (5,72-73) : « Ils ont mécru ceux qui disent: ‘Allah, c’est le Messie, fils de Marie.’… Ils ont certes mécru ceux qui disent: ‘Allah est le troisième de trois.’ Mais il n’y a de divinité qu’Une Divinité Unique. Si ils ne cessent pas de tenir de tels propos, un châtiment douloureux touchera ceux d’entre eux qui auront mécru. »
Il y a cependant quelques autres versets du Coran qui relèvent plutôt de la mansuétude que du rigorisme :
Sourate Al-Baqarah (2,256) : « Nulle contrainte en religion ! Car le bon chemin s’est distingué de l’égarement. Donc, quiconque mécroit au Rebelle tandis qu’il croit en Allah saisit l’anse la plus solide, qui ne peut se briser. Et Allah est Audient et Omniscient. »
Ce verset est souvent invoqué pour souligner le principe de la liberté de religion et rejeter la contrainte dans les questions de foi. Certains soutiennent que cela implique que l’apostasie ne doit pas être punie, car la foi doit être basée sur un choix volontaire.
Sourate Al-Kafirun (109,1-6) : « Dis : Ô les infidèles ! Je n’adore pas ce que vous adorez. Et vous n’êtes pas adorateurs de ce que j’adore. Je ne suis pas adorateur de ce que vous adorez. Et vous n’êtes pas adorateurs de ce que j’adore. À vous votre religion, et à moi ma religion. »
Ce verset souligne le respect mutuel des croyances religieuses et l’importance de reconnaître la diversité des religions. Certains musulmans soutiennent que cela implique que les apostats doivent être libres de choisir leur propre religion sans être soumis à des sanctions.
LECTURES DE LA MESSE
PREMIÈRE LECTURE
« Il a délivré le malheureux de la main des méchants » (Jr 20, 10-13)
Lecture du livre du prophète Jérémie
Moi Jérémie, j’entends les calomnies de la foule : « Dénoncez-le ! Allons le dénoncer, celui-là, l’Épouvante-de-tous-côtés. » Tous mes amis guettent mes faux pas, ils disent : « Peut-être se laissera-t-il séduire… Nous réussirons, et nous prendrons sur lui notre revanche ! » Mais le Seigneur est avec moi, tel un guerrier redoutable : mes persécuteurs trébucheront, ils ne réussiront pas. Leur défaite les couvrira de honte, d’une confusion éternelle, inoubliable.
Seigneur de l’univers, toi qui scrutes l’homme juste, toi qui vois les reins et les cœurs, fais-moi voir la revanche que tu leur infligeras, car c’est à toi que j’ai remis ma cause.
Chantez le Seigneur, louez le Seigneur : il a délivré le malheureux de la main des méchants.
PSAUME
(Ps 68 (69), 8-10, 14.17, 33-35)
R/ Dans ton grand amour, Dieu, réponds-moi. (Ps 68, 14c)
C’est pour toi que j’endure l’insulte,
que la honte me couvre le visage :
je suis un étranger pour mes frères,
un inconnu pour les fils de ma mère.
L’amour de ta maison m’a perdu ; on t’insulte, et l’insulte retombe sur moi.
Et moi, je te prie, Seigneur : c’est l’heure de ta grâce ;
dans ton grand amour, Dieu, réponds-moi,
par ta vérité sauve-moi.
Réponds-moi, Seigneur, car il est bon, ton amour ;
dans ta grande tendresse, regarde-moi.
Les pauvres l’ont vu, ils sont en fête :
« Vie et joie, à vous qui cherchez Dieu ! »
Car le Seigneur écoute les humbles,
il n’oublie pas les siens emprisonnés.
Que le ciel et la terre le célèbrent,
les mers et tout leur peuplement !
DEUXIÈME LECTURE
« Le don gratuit de Dieu et la faute n’ont pas la même mesure » (Rm 5, 12-15)
Lecture de la lettre de saint Paul Apôtre aux Romains
Frères, nous savons que par un seul homme, le péché est entré dans le monde, et que par le péché est venue la mort ; et ainsi, la mort est passée en tous les hommes, étant donné que tous ont péché. Avant la loi de Moïse, le péché était déjà dans le monde, mais le péché ne peut être imputé à personne tant qu’il n’y a pas de loi. Pourtant, depuis Adam jusqu’à Moïse, la mort a établi son règne, même sur ceux qui n’avaient pas péché par une transgression semblable à celle d’Adam. Or, Adam préfigure celui qui devait venir. Mais il n’en va pas du don gratuit comme de la faute. En effet, si la mort a frappé la multitude par la faute d’un seul, combien plus la grâce de Dieu s’est-elle répandue en abondance sur la multitude, cette grâce qui est donnée en un seul homme, Jésus Christ.
ÉVANGILE
« Ne craignez pas ceux qui tuent le corps » (Mt 10, 26-33)
Alléluia. Alléluia. L’Esprit de vérité rendra témoignage en ma faveur, dit le Seigneur. Et vous aussi, vous allez rendre témoignage. Alléluia. (cf. Jn 15, 26b-27a)
Évangile de Jésus Christ selon saint Matthieu
En ce temps-là, Jésus disait à ses Apôtres : « Ne craignez pas les hommes ; rien n’est voilé qui ne sera dévoilé, rien n’est caché qui ne sera connu. Ce que je vous dis dans les ténèbres, dites-le en pleine lumière ; ce que vous entendez au creux de l’oreille, proclamez-le sur les toits. Ne craignez pas ceux qui tuent le corps sans pouvoir tuer l’âme ; craignez plutôt celui qui peut faire périr dans la géhenne l’âme aussi bien que le corps. Deux moineaux ne sont-ils pas vendus pour un sou ? Or, pas un seul ne tombe à terre sans que votre Père le veuille. Quant à vous, même les cheveux de votre tête sont tous comptés. Soyez donc sans crainte : vous valez bien plus qu’une multitude de moineaux. Quiconque se déclarera pour moi devant les hommes, moi aussi je me déclarerai pour lui devant mon Père qui est aux cieux. Mais celui qui me reniera devant les hommes, moi aussi je le renierai devant mon Père qui est aux cieux. »
Patrick BRAUD