L'homélie du dimanche (prochain)

17 novembre 2015

Vous n’aurez pas ma haine

Classé sous Communauté spirituelle — lhomeliedudimanche @ 18 h 46 min

« Vous n’aurez pas ma haine »

 

Antoine Leiris vit à Paris et a perdu la mère de son fils de 17 mois, vendredi soir, lors des attaques terroristes à Paris.

Il a publié sur Facebook ce texte très beau, où il refuse la haine :

 

« Vendredi soir vous avez volé la vie d’un être d’exception, l’amour de ma vie, la mère de mon fils mais vous n’aurez pas ma haine. Je ne sais pas qui vous êtes et je ne veux pas le savoir, vous êtes des âmes mortes. Si ce Dieu pour lequel vous tuez aveuglément nous a fait à son image, chaque balle dans le corps de ma femme aura été une blessure dans son coeur.

Alors non je ne vous ferai pas ce cadeau de vous haïr. Vous l’avez bien cherché pourtant mais répondre à la haine par la colère ce serait céder à la même ignorance qui a fait de vous ce que vous êtes. Vous voulez que j’ai peur, que je regarde mes concitoyens avec un oeil méfiant, que je sacrifie ma liberté pour la sécurité. Perdu. Même joueur joue encore.

Je l’ai vue ce matin. Enfin, après des nuits et des jours d’attente. Elle était aussi belle que lorsqu’elle est partie ce vendredi soir, aussi belle que lorsque j’en suis tombé éperdument amoureux il y a plus de 12 ans. Bien sûr je suis dévasté par le chagrin, je vous concède cette petite victoire, mais elle sera de courte durée. Je sais qu’elle nous accompagnera chaque jour et que nous nous retrouverons dans ce paradis des âmes libres auquel vous n’aurez jamais accès.

Nous sommes deux, mon fils et moi, mais nous sommes plus forts que toutes les armées du monde. Je n’ai d’ailleurs pas plus de temps à vous consacrer, je dois rejoindre Melvil qui se réveille de sa sieste. Il a 17 mois à peine, il va manger son goûter comme tous les jours, puis nous allons jouer comme tous les jours et toute sa vie ce petit garçon vous fera l’affront d’être heureux et libre. Car non, vous n’aurez pas sa haine non plus. »

cf. https://www.facebook.com/antoine.leiris

Des bougies bleu-blanc-rouge à Aix-en-Provence...

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18 mars 2015

La corde à nœuds…

Classé sous Communauté spirituelle — lhomeliedudimanche @ 1 h 01 min

La corde à nœuds…

Homélie du 5ème Dimanche de Carême / Année B
Dimanche 22 Mars 2015

Un vieux rabbin racontait :

La corde à nœuds… dans Communauté spirituelle plat« Chacun de nous est relié à Dieu par un fil.
Ce fil peut être tendu, vibrant, chaleureux…, ou bien distendu, relâché…
Et lorsqu’on commet un péché, le fil est cassé.
Mais lorsqu’on regrette son péché, Dieu fait un nœud au fil.
Du coup, le fil est plus court après la réconciliation qu’avant le péché.
Et le pécheur réconcilié est un peu plus près de Dieu !

Ainsi, de faute en repentir, de nœud en nœud, Dieu nous rapproche de lui… »

 

Finalement, chacun de nos péchés est l’occasion pour Dieu de rac­courcir d’un cran la corde à nœuds ; et pour nous d’arriver plus vite près du cœur de Dieu ! C’est le fameux « simul peccator et justus » de Martin Luther (« à la fois pécheur et justifié »).

Même nos péchés peuvent nous rapprocher de Dieu, grâce au pardon…

Voilà le fil rouge de notre Carême qui arrive ainsi à son terme : le pardon offert, dans le sacrement de réconciliation notamment. C’est bien le nœud par lequel Dieu lui-même vient renouer la relation coupée ou abîmée. Et ainsi, il nous rapproche sans cesse davantage de lui.

Dimanche dernier, il s’agissait, tel le pêcheur avec sa ligne de traîne, de défaire les noeuds existentiels qui nous empêchent de filer une vie droite. Ce dimanche, il s’agit plutôt de laisser Dieu lui-même raccourcir la distance entre lui et tous, en acceptant qu’il nous « rabiboche » avec lui, comme on disait autrefois d’une couturière qui arrivait à remettre ensemble des tissus séparés.

C’est bien la Nouvelle Alliance annoncée par Jérémie :« Je pardonnerai leurs fautes, je ne me rappellerai plus leurs péchés ». Et comment cela se fait-il ? Comment Dieu procède-t-il pour renouer avec nous ? Écoutez Jérémie toujours : « Je mettrai la loi au plus profond d’eux-mêmes ; je l’inscrirai dans leur cœur » (Jr 31, 31-34).

Ici ce n’est plus l’image du fil renoué, mais celle du passage de l’extérieur à l’intérieur.

radar-tron%C3%A7on charia dans Communauté spirituelleTant que la loi est à l’extérieur de nous-mêmes, nous restons à l’extérieur de l’amour qu’est Dieu. Par exemple : si je respecte la limitation de vitesse sur une Nationale parce que j’ai peur des radars (et il y en a pas mal !), je respecte la loi certes, mais de l’extérieur. Je subis la pression policière, et du coup je peste quand il faut rouler à 90 km/h alors qu’il n’y a personne la nuit… Par contre, si je respecte la même limitation de vitesse en pensant aux victimes que je pourrais faire en roulant trop vite, si de moi-même je me limite par amour des autres finalement plus que par peur du gendarme, alors là c’est comme si la loi était inscrite à l’intérieur, au plus profond de moi-même.

La peur est utile pour éviter les excès de vitesse ; l’amour est plus précieux encore pour intérioriser une conduite qui ne sera pas dangereuse pour autrui.

 

9782204102551 EspritDans la tradition chrétienne, c’est le rôle de l’Esprit Saint de faire passer de l’extérieur à l’intérieur : du texte à la Parole, de la lettre à l’Esprit, de l’obligation au don gratuit … Depuis notre Baptême et notre Confirmation, nous n’avons plus besoin qu’une loi extérieure nous dise ce qu’il faut faire.« Ils n’auront plus besoin d’instruire chacun son compagnon. Car tous me connaîtront, des plus petits jusqu’aux plus grands ». (Jn, 31) C’est ce qu’on appelle le sens de la foi des fidèles (sensus fidei). L’Esprit Saint est répandu en chacun pour discerner le bien du mal. Il parle à travers la conscience de tout homme de bonne volonté lorsqu’il écoute cette voix intérieure lui souffler : « fais ceci, évite cela ». Il inspire nos décisions pour qu’elles ne soient plus prises sous la contrainte mais par amour.

Depuis la Nouvelle Alliance scellée dans le sang du Christ, il jaillit en chacun de nous une source de liberté qui inspire nos actes et nos pensées de l’intérieur, du plus profond.

Cette loi nouvelle, inscrite dans nos cœurs, nous fait vivre sous le signe du pardon.

L’ancienne loi, extérieure, ne pouvait déboucher que sur la désobéissance, la fraude, l’hypocrisie, le « pas vu / pas pris », ou au contraire sur le rigorisme sévère des intégristes de la loi.

La nouvelle loi vient du plus intime de nous-mêmes, ou plutôt de Dieu au plus intime de nous-mêmes. Nous ne pouvons la renier sans nous renier nous-mêmes. Voilà pourquoi il est plus facile de vivre sous le régime de la grâce que de la loi, car l’une vient de l’intérieur – de Dieu en nous – alors que l’autre vient de l’extérieur, de Dieu hors de nous.

Toute sa vie, Jésus a combattu ceux qui enfermaient la relation à Dieu dans des rites extérieurs : sacrifices d’animaux, obsession de la pureté du corps, hypocrisie pharisienne… Ne faudrait-il pas, dans le même esprit, combattre aujourd’hui ceux qui voudraient enfermer l’Église dans une position extérieure au monde, jugeant de haut et condamnant ce qui va contre sa loi ? Dieu merci nous n’avons pas dans le monde chrétien l’équivalent de la charia, que les djihadistes de Daesh ou Boko Haram veulent d’imposer de force (pensez au magnifique film « Timbuktu », hélas très réaliste). Il ne peut y avoir de charia, de loi extérieure s’imposant à tous, pour un disciple du Christ : l’Alliance Nouvelle jaillit du cœur de l’homme, pas de la contrainte.

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Le signe de cette Alliance Nouvelle annoncée par Jérémie, c’est le pardon : le fil sans cesse renoué de notre relation à Dieu et aux autres.

Le sang du Christ est le sceau de cette Alliance Nouvelle et éternelle, sang « versé pour nous et pour la multitude en rémission des péchés » (prière eucharistique).

Alors, pour préparer votre confession de Carême, revisitez les liens qui vous unissent à Dieu et à vos frères. Comme la corde du rabbin, ces liens sont par endroit coupés, ou distendus, ou disparus… Laissez Dieu renouer avec vous. Approchez-vous de son pardon. Laissez-vous aimer…

 

 

 

 

1ère lecture : « Je conclurai une alliance nouvelle et je ne me rappellerai plus leurs péchés » (Jr 31, 31-34)
Lecture du livre du prophète Jérémie

Voici venir des jours – oracle du Seigneur –, où je conclurai avec la maison d’Israël et avec la maison de Juda une alliance nouvelle. Ce ne sera pas comme l’alliance que j’ai conclue avec leurs pères, le jour où je les ai pris par la main pour les faire sortir du pays d’Égypte : mon alliance, c’est eux qui l’ont rompue, alors que moi, j’étais leur maître – oracle du Seigneur.

Mais voici quelle sera l’alliance que je conclurai avec la maison d’Israël quand ces jours-là seront passés – oracle du Seigneur. Je mettrai ma Loi au plus profond d’eux-mêmes ; je l’inscrirai sur leur cœur. Je serai leur Dieu, et ils seront mon peuple. Ils n’auront plus à instruire chacun son compagnon, ni chacun son frère en disant : « Apprends à connaître le Seigneur ! » Car tous me connaîtront, des plus petits jusqu’aux plus grands – oracle du Seigneur. Je pardonnerai leurs fautes, je ne me rappellerai plus leurs péchés.

Psaume : 50 (51), 3-4, 12-13, 14-15
R/ Crée en moi un cœur pur, ô mon Dieu. (50, 12a)

Pitié pour moi, mon Dieu, dans ton amour,
selon ta grande miséricorde, efface mon péché.
Lave-moi tout entier de ma faute,
purifie-moi de mon offense.

Crée en moi un cœur pur, ô mon Dieu,
renouvelle et raffermis au fond de moi mon esprit.
Ne me chasse pas loin de ta face,
ne me reprends pas ton esprit saint.

Rends-moi la joie d’être sauvé ;
que l’esprit généreux me soutienne.
Aux pécheurs, j’enseignerai tes chemins ;
vers toi, reviendront les égarés.

2ème lecture : « Il a appris l’obéissance et est devenu la cause du salut éternel » (He 5, 7-9)
Lecture de la lettre aux Hébreux

Le Christ, pendant les jours de sa vie dans la chair, offrit, avec un grand cri et dans les larmes, des prières et des supplications à Dieu qui pouvait le sauver de la mort, et il fut exaucé en raison de son grand respect. Bien qu’il soit le Fils, il apprit par ses souffrances l’obéissance et, conduit à sa perfection, il est devenu pour tous ceux qui lui obéissent la cause du salut éternel.

Evangile : « Si le grain de blé tombé en terre meurt, il porte beaucoup de fruit » (Jn 12, 20-33)

Acclamation : Gloire à toi, Seigneur, gloire à toi. Si quelqu’un veut me servir, qu’il me suive, dit le Seigneur ; et là où moi je suis, là aussi sera mon serviteur. Gloire à toi, Seigneur, gloire à toi. (Jn 12, 26)
Évangile de Jésus Christ selon saint Jean

En ce temps-là, il y avait quelques Grecs parmi ceux qui étaient montés à Jérusalem pour adorer Dieu pendant la fête de la Pâque. Ils abordèrent Philippe, qui était de Bethsaïde en Galilée, et lui firent cette demande : « Nous voudrions voir Jésus. » Philippe va le dire à André, et tous deux vont le dire à Jésus. Alors Jésus leur déclare : « L’heure est venue où le Fils de l’homme doit être glorifié. Amen, amen, je vous le dis : si le grain de blé tombé en terre ne meurt pas, il reste seul ; mais s’il meurt, il porte beaucoup de fruit. Qui aime sa vie la perd ; qui s’en détache en ce monde la gardera pour la vie éternelle. Si quelqu’un veut me servir, qu’il me suive ; et là où moi je suis, là aussi sera mon serviteur. Si quelqu’un me sert, mon Père l’honorera.  Maintenant mon âme est bouleversée. Que vais-je dire ? “Père, sauve-moi de cette heure” ? – Mais non ! C’est pour cela que je suis parvenu à cette heure-ci ! Père, glorifie ton nom ! » Alors, du ciel vint une voix qui disait : « Je l’ai glorifié et je le glorifierai encore. » En l’entendant, la foule qui se tenait là disait que c’était un coup de tonnerre. D’autres disaient : « C’est un ange qui lui a parlé. » Mais Jésus leur répondit : « Ce n’est pas pour moi qu’il y a eu cette voix, mais pour vous. Maintenant a lieu le jugement de ce monde ; maintenant le prince de ce monde va être jeté dehors ; et moi, quand j’aurai été élevé de terre, j’attirerai à moi tous les hommes. » Il signifiait par là de quel genre de mort il allait mourir.
Patrick BRAUD

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18 février 2015

Ne faisons pas mentir la croix du Christ !

Classé sous Communauté spirituelle — lhomeliedudimanche @ 14 h 00 min

Ne faisons pas mentir la croix du Christ !


Homélie du Dimanche 22 Février 2015 – Année B
1er Dimanche de Carême

Ne faisons pas mentir la croix du Christ ! dans Communauté spirituelle 35Christ_entier
Allons-nous faire mentir la Croix du Christ ?
Allons-nous rendre vaine sa mort ?
En nous éloignant du pardon, c’est comme si nous effacions sa Passion des tablettes de l’histoire.
Pire encore : en négligeant d’être pardonnés ou de pardonner, nous annulons la Résurrection du Christ qui devient alors inutile.

C’est Saint Pierre qui nous le dit dans sa lettre : « Frères, le Christ est mort pour les péchés, une fois pour toutes ; lui le juste, il est mort pour les coupables, afin de vous introduire devant Dieu ».

Avons-nous vraiment pris conscience que Jésus est mort pour les coupables que nous sommes ? Si nous disons que nous n’avons pas de péché, non seulement nous faisons de Dieu un menteur (1Jn 1,10), mais en plus nous insinuons que le Christ est mort pour rien. Et sans nous en rendre compte, nous nous coupons en même temps du dynamisme de Résurrection qui est à l’œuvre dans notre baptême. « Être baptisé, martèle Pierre, ce n’est pas être purifié de souillures extérieures, mais s’engager avec une conscience droite, et participer ainsi à la résurrection de Jésus-Christ ».

Donc, confesser son péché, c’est donner raison à la Croix du Christ, lui qui a cloué sur le bois de la Croix le billet de la dette qui nous étranglait, disait St Paul (Col 2,14). À l’image du bon larron :« Pour nous, c’est juste : nous recevons ce que nos actes ont mérité ; mais lui n’a rien fait de mal… Jésus souviens-toi de moi quand tu viendras comme roi » (Lc 23,41)

« S’il n’y avait pas eu la croix, le Christ n’aurait pas été crucifié (…) Les sources de l’immortalité n’auraient pas jailli de son côté, le document reconnaissant le péché n’aurait pas été déchiré, nous n’aurions pas reçu la liberté, nous n’aurions pas profité de l’arbre de vie, le paradis ne se serait plus ouvert. S’il n’y avait pas eu la Croix, la mort n’aurait pas été terrassée, l’enfer n’aurait pas été dépouillé de ses armes » (homélie de St André de Crête, 660-740).

La contemplation du Christ en croix peut donc nous amener à nous rapprocher du sacrement du pardon avec confiance : s’il a donné sa vie pour nous tels que nous sommes, avec nos grandeurs et nos misères, nos élans et nos contradictions, pourquoi refuser d’être pécheurs ?

Pourquoi nous cacher derrière de faux alibis : ‘je n’ai pas le temps, on ne trouve jamais un prêtre disponible (c’est faux !), je ne sais plus comment faire (c’est peut-être vrai, mais c’est facile à rattraper !)’ ?

Pourquoi nous dissimuler derrière de faux arguments : ‘pas besoin de passer pour un prêtre, j’ai pas tué, j’ai pas volé, je dis toujours la même chose’… ?

Il suffit de camper devant la Croix du Christ, et de la laisser nous redire : « c’est pour toi que Jésus a souffert, c’est pour toi que le Christ est mort. Vas-tu accepter le cadeau de vie qu’il te fait ainsi, ou lui répondre que tout va bien pour toi et que tu n’as pas besoin d’un tel sacrifice ? »

Je me souviens de Laetitia, la fille de bons amis, qui avait 5 ans. Elle arrivait dans une maison qu’elle ne connaissait pas, où on passait le week-end ensemble. On la laisse découvrir sa chambre. Quand on revient 10 mn plus tard, une grosse larme roule sur sa joue alors qu’elle fixe le crucifix accroché au mur.

- « Laetitia, tu pleures ? »
- « Regarde celui qui est accroché là : pourquoi on lui a fait tant de mal ? »
Il faudrait retrouver la Laetitia qui est nous et pleurer nous aussi sur le mal commis, pour le confier au Christ. Un peu comme Marie-Madeleine qui pleure sur les pieds de Jésus, et deviendra le premier témoin de la Résurrection.
Heureux ceux qui pleurent sur leur péché !
Heureux ceux qui participent ainsi à la Résurrection de Jésus-Christ !

La mode actuelle serait dit-on à éliminer toute forme de culpabilité pour essayer d’aller mieux. Si le mal arrive, on vous dit que c’est la faute d’un coupable qu’il faut traquer et faire payer. Ou bien on vous dit que c’est la faute de vos parents, de votre  passé traumatisant. Ou bien encore c’est la faute de la société qui vous manipule et vous empêche d’être libre etc.

782034 Carême dans Communauté spirituelleEh bien, redisons avec force que le sentiment de culpabilité peut être utile. Sans lui, les bourreaux nazis, staliniens ou cambodgiens font leur travail en toute bonne conscience  (relisez Les Bienveillantes  de Jonathan Littell) ; sans lui les djihadistes de tous bords assassinent des innocents en croyant honorer leur Dieu…

C’est lui qui devrait nous réveiller avant de nous habituer à notre péché.
C’est lui qui nous  pousse à faire la lumière en nous au lieu de tout rejeter sur les autres.
C’est lui qui nous fait découvrir que « nous n’avons droit » à rien vis-à-vis de Dieu ; tout ce que nous recevons de lui est gracieux, gratuit.
La foi chrétienne appelle à la responsabilité personnelle : impossible de se défausser en disant toujours : ‘c’est les autres…’

« Le Christ est mort pour les coupables afin de les introduire devant Dieu ».
Celui qui ne se reconnaît jamais coupable ne pourra pas être introduit devant Dieu. Puissions-nous réapprendre à plaider coupable grâce à un tel médiateur qui ne veut que notre salut !

Cette semaine, contemplez davantage la Croix du Christ : à votre travail (discrètement !), dans votre chambre, ou la croix de votre chapelet dans votre poche. Qu’elle vous fasse méditer la phrase de Pierre :

« Frères, le Christ est mort pour les péchés, une fois pour toutes ; lui le juste, il est mort pour les coupables, afin de vous introduire devant Dieu ».

 

 

 

1ère lecture : Alliance de Dieu avec Noé qui a échappé au déluge (Gn 9, 8-15)

Lecture du livre de la Genèse

Dieu dit à Noé et à ses fils : « Voici que moi, j’établis mon alliance avec vous, avec votre descendance après vous, et avec tous les êtres vivants qui sont avec vous : les oiseaux, le bétail, toutes les bêtes de la terre, tout ce qui est sorti de l’arche. Oui, j’établis mon alliance avec vous : aucun être de chair ne sera plus détruit par les eaux du déluge, il n’y aura plus de déluge pour ravager la terre. » Dieu dit encore : « Voici le signe de l’alliance que j’établis entre moi et vous, et avec tous les êtres vivants qui sont avec vous, pour les générations à jamais : je mets mon arc au milieu des nuages, pour qu’il soit le signe de l’alliance entre moi et la terre. Lorsque je rassemblerai les nuages au-dessus de la terre, et que l’arc apparaîtra au milieu des nuages, je me souviendrai de mon alliance qui est entre moi et vous, et tous les êtres vivants : les eaux ne se changeront plus en déluge pour détruire tout être de chair. »

Psaume : 24 (25), 4-5ab, 6-7bc, 8-9

R/ Tes chemins, Seigneur, sont amour et vérité pour qui garde ton alliance. (cf. 24, 10)

Seigneur, enseigne-moi tes voies,
fais-moi connaître ta route.
Dirige-moi par ta vérité, enseigne-moi,
car tu es le Dieu qui me sauve.

Rappelle-toi, Seigneur, ta tendresse,
ton amour qui est de toujours.
Dans ton amour, ne m’oublie pas,
en raison de ta bonté, Seigneur.

Il est droit, il est bon, le Seigneur,
lui qui montre aux pécheurs le chemin.
Sa justice dirige les humbles,
il enseigne aux humbles son chemin.

Lecture de la première lettre de saint Pierre apôtre

Bien-aimés, le Christ, lui aussi, a souffert pour les péchés, une seule fois, lui, le juste, pour les injustes, afin de vous introduire devant Dieu ; il a été mis à mort dans la chair, mais vivifié dans l’Esprit. C’est en lui qu’il est parti proclamer son message aux esprits qui étaient en captivité. Ceux-ci, jadis, avaient refusé d’obéir, au temps où se prolongeait la patience de Dieu, quand Noé construisit l’arche, dans laquelle un petit nombre, en tout huit personnes, furent sauvées à travers l’eau. C’était une figure du baptême qui vous sauve maintenant : le baptême ne purifie pas de souillures extérieures, mais il est l’engagement envers Dieu d’une conscience droite et il sauve par la résurrection de Jésus Christ, lui qui est à la droite de Dieu, après s’en être allé au ciel, lui à qui sont soumis les anges, ainsi que les Souverainetés et les Puissances.

Evangile : « Jésus fut tenté par Satan, et les anges le servaient » (Mc 1, 12-15)

Acclamation : Ta Parole, Seigneur, est vérité, et ta loi, délivrance. L’homme ne vit pas seulement de pain, mais de toute parole qui sort de la bouche de Dieu. Ta Parole, Seigneur, est vérité, et ta loi, délivrance. (Mt 4, 4b)

Évangile de Jésus Christ selon saint Marc

Jésus venait d’être baptisé. Aussitôt l’Esprit le pousse au désert et, dans le désert, il resta quarante jours, tenté par Satan. Il vivait parmi les bêtes sauvages, et les anges le servaient.  Après l’arrestation de Jean, Jésus partit pour la Galilée proclamer l’Évangile de Dieu ; il disait : « Les temps sont accomplis : le règne de Dieu est tout proche. Convertissez-vous et croyez à l’Évangile. »
Patrick BRAUD

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22 février 2014

Boali, ou l’amour des ennemis

Classé sous Communauté spirituelle — lhomeliedudimanche @ 0 h 01 min

Boali, ou l’amour des ennemis

Homélie du 7° dimanche du temps ordinaire / Année A
23/02/2014

 

Centrafrique : dans un pays en plein chaos, où la guerre civile dégénère en guerre de religion entre musulmans et chrétiens, ils sont quelques-uns à croire à la parole du Christ d’aujourd’hui : « vous avez appris qu’il a été dit : tu aimeras ton prochain. Eh bien moi, je vous dis : aimez vos ennemis ».

Protéger la famille de son ennemi

Boali le 19 janvier 2014.

Nous sommes au nord de Bangui, capitale de la Centrafrique. Le 17 janvier, des combats ont éclaté entre milices chrétiennes (anti-balaka) et musulmanes (Seleka) : six musulmans et chrétiens sont tués, des maisons sont incendiées, dévastées. Les familles musulmanes, craignant que ces représailles des anti-balaka sur les Seleka s’amplifient, s’enfuient affolées, sans savoir où aller. Face à l’urgence, l’abbé Xavier Fagba et son diacre Boris Wiligale ont alors ouvert les portes de leur paroisse (St Pierre) à des centaines de musulmans, dont de nombreux Peuls (éleveurs nomades), fuyant les violences.

Quelque 700 civils selon l’abbé, en majorité des femmes et des enfants, ont déjà passé deux nuits dans l’église au toit de tôle ondulée, gardée par quelque 70 hommes de l’opération militaire française Sangaris.

cf. http://actu.orange.fr/societe/videos/reportage-a-boali-je-ne-permettrai-pas-qu-on-touche-quiconque-dans-mon-eglise-VID0000001FsrC.html

Lors de la messe ce dimanche 19 janvier, l’abbé Xavier invite les paroissiens à sortir de l’église au moment du geste de paix pour aller saluer les musulmans assis dehors. C’est la mise en pratique très concrète, simple et forte, du chapitre 5 de Matthieu d’où est tiré notre évangile de ce dimanche : « Quand donc tu présentes ton offrande à l’autel, si là tu te souviens que ton frère a quelque chose contre toi, laisse là ton offrande, devant l’autel, et va d’abord te réconcilier avec ton frère; puis reviens, et alors présente ton offrande. Hâte-toi de t’accorder avec ton adversaire, tant que tu es encore avec lui sur le chemin? » (Mt 5, 23-25).

À la fin de la messe, le diacre Boris partage un repas avec des musulmans, et les encourage à tenir bon.

Voilà une première traduction de l’amour des ennemis : protéger les familles menacées, de quelque bord qu’elles soient. Ne pas confondre légitime défense et anéantissement du clan de l’autre.

Pourquoi agir ainsi ? Pas seulement pour obéir au Christ ; ou plutôt en lui obéissant pour préparer l’après conflit, où il faudra bien se parler à nouveau. Pour sauvegarder la possibilité de manger ensemble, d’habiter ensemble après. Car si les familles des combattants ont été massacrées, humiliées, comment reconstruire un avenir commun ? Quand on sait ce que font les soldats aux femmes et aux enfants des camps adverses dans toutes les guerres, on mesure combien est révolutionnaire cette protection de la famille de ses ennemis.

La réconciliation après la guerre doit s’anticiper pendant la guerre, pour que l’avenir reste ouvert.

 

Apprendre la langue de son ennemi

Lorsqu’il était en prison, Nelson Mandela a voulu apprendre l’afrikaner, la langue de ses ennemis blancs qui l’avaient emprisonné… Impressionnant ! C’est un peu comme vouloir apprendre l’allemand sous l’occupation nazie.

Pourquoi a-t-il voulu le faire ? Pour pouvoir leur parler au coeur. « Vous savez, quand vous parlez afrikaner, vous les touchez droit au coeur ».

C’est réellement impressionnant. Ce n’est pas par calcul pour mieux les affaiblir que Mandela veut apprendre la langue de ses geôliers, mais pour ouvrir avec eux un dialogue qui les touche au plus profond. C’est donc qu’il savait voir le coeur de ses ennemis au-delà de leur uniforme ou de leur position pro-apartheid. C’est donc qu’il traduisait l’amour des ennemis par ce désir de toucher l’autre au coeur.

Sommes-nous prêts à apprendre la langue de nos adversaires ? C’est-à-dire à découvrir leur culture, leur vision du monde, leur génie propre ?

Sommes-nous prêts à parler à leur coeur au lieu de renverser la tyrannie par la force ? Osons-nous faire ce pari d’écouter ce qu’ils portent de plus profond en eux  (et qu’ils ignorent peut-être eux-mêmes) pour y faire appel ?

On peut encore décliner ce commandement si paradoxal du Christ en plusieurs attitudes à portée de main de chacun de nous.

 

Ne pas vouloir haïr.

Même si nous avons des reproches légitimes à faire, nous n’avons pas besoin de nous laisser gagner par le désir de vouloir du mal.

Le mal gagnerait deux fois : la première quand notre ennemi est submergé par la violence, la deuxième quand la violence nous dominerait à notre tour.

Ne pas vouloir haïr est le premier pas pour aimer son ennemi.

 

« Prier pour ceux qui nous persécutent » (cf. Lc 6,28)

C’est la version positive du refus de la haine : bénir ceux qui nous maudissent et nous diffament, vouloir du bien à ceux qui nous font du mal, intercéder auprès de Dieu pour qu’ils vivent. Nous ne savons pas ce qui est bon pour eux, et nous n’avons pas forcément à nous y impliquer ; mais nous pouvons confier à Dieu leur devenir et souhaiter le meilleur pour eux.

À travers ces quelques attitudes, les chrétiens ne manifestent aucune complicité avec le mal. Ils le dénoncent avec vigueur, mais ne confondent jamais une personne avec les actes qu’elle commet. C’est le mal qu’il faut combattre, pas celui qui l’accomplit. Cette distinction est capitale. Sans elle, le Christ n’aurait jamais dit : « Père, pardonne-leur, car ils ne savent pas ce qu’ils font » (Lc 23,33). Il savait discerner combien ses bourreaux étaient aveuglés sur la réalité de leurs actes. Sans les excuser, il manifestait qu’ils valent infiniment plus que les clous qu’ils enfoncent  dans sa chair et la dérision dont ils l’enveloppent.

Regardez avec lucidité ceux qui sont vos adversaires : au travail, dans la famille, dans vos relations.

Demandez à Dieu dans la prière la grâce d’aimer vos ennemis, non pas d’une manière sentimentale en attendant que votre coeur batte pour eux, mais en vous engageant résolument dans la volonté de ne pas haïr, de prier pour eux, de protéger ceux qu’ils aiment, tout en dénonçant et combattant le mal commis, jusqu’à la grâce ultime du pardon…

Car il faudra une réconciliation nationale, et il faudra que chrétiens et musulmans réapprennent à vivre ensemble en Centrafrique.

1ère lecture : Tu aimeras ton prochain, car je suis saint (Lv 19, 1-2.17-18)

Lecture du livre des Lévites

Le Seigneur adressa la parole à Moïse : 
« Parle à toute l’assemblée des fils d’Israël ; tu leur diras : Soyez saints, car moi, le Seigneur votre Dieu, je suis saint. Tu n’auras aucune pensée de haine contre ton frère. Mais tu n’hésiteras pas à réprimander ton compagnon, et ainsi tu ne partageras pas son péché. Tu ne te vengeras pas. Tu ne garderas pas de rancune contre les fils de ton peuple. Tu aimeras ton prochain comme toi-même. Je suis le Seigneur ! »

Psaume : 102, 1-2, 3-4; 8.10, 12-13

R/ Le Seigneur est tendresse et pitié.

Bénis le Seigneur, ô mon âme, 
bénis son nom très saint, tout mon être ! 
Bénis le Seigneur, ô mon âme, 
n’oublie aucun de ses bienfaits ! 

Car il pardonne toutes tes offenses 
et te guérit de toute maladie ; 
il réclame ta vie à la tombe 
et te couronne d’amour et de tendresse.

Le Seigneur est tendresse et pitié, 
lent à la colère et plein d’amour ; 
il n’agit pas envers nous selon nos fautes, 
ne nous rend pas selon nos offenses. 

Aussi loin qu’est l’orient de l’occident, 
il met loin de nous nos péchés ; 
comme la tendresse du père pour ses fils, 
la tendresse du Seigneur pour qui le craint !

2ème lecture : La sagesse véritable : appartenir tous ensemble au Christ (1 Co 3, 16-33)

Lecture de la première lettre de saint Paul Apôtre aux Corinthiens

Frères,
n’oubliez pas que vous êtes le temple de Dieu, et que l’Esprit de Dieu habite en vous. 
Si quelqu’un détruit le temple de Dieu, Dieu le détruira ; car le temple de Dieu est sacré, et ce temple, c’est vous. Que personne ne s’y trompe : si quelqu’un parmi vous pense être un sage à la manière d’ici-bas, qu’il devienne fou pour devenir sage. Car la sagesse de ce monde est folie devant Dieu. L’Écriture le dit : C’est lui qui prend les sages au piège de leur propre habileté. Elle dit encore : Le Seigneur connaît les raisonnements des sages : ce n’est que du vent ! Ainsi, il ne faut pas mettre son orgueil en des hommes dont on se réclame. Car tout vous appartient, Paul et Apollos et Pierre, le monde et la vie et la mort, le présent et l’avenir : tout est à vous, mais vous, vous êtes au Christ, et le Christ est à Dieu.

Evangile : Sermon sur la montagne. Aimez vos ennemis, soyez parfaits comme votre Père céleste (Mt 5, 38-48)

Acclamation : Alléluia. Alléluia. Celui qui garde la parole du Christ connaît l’amour de Dieu dans sa perfection. Alléluia. (cf. 1 Jn 2, 5)

Évangile de Jésus Christ selon saint Matthieu

Comme les disciples s’étaient rassemblés autour de Jésus, sur la montagne, il leur disait :
« Vous avez appris qu’il a été dit : ?il pour ?il, dent pour dent. Eh bien moi, je vous dis de ne pas riposter au méchant ; mais si quelqu’un te gifle sur la joue droite, tends-lui encore l’autre. Et si quelqu’un veut te faire un procès et prendre ta tunique, laisse-lui encore ton manteau. Et si quelqu’un te réquisitionne pour faire mille pas, fais-en deux mille avec lui. Donne à qui te demande ; ne te détourne pas de celui qui veut t’emprunter. 

Vous avez appris qu’il a été dit : Tu aimeras ton prochain et tu haïras ton ennemi. Eh bien moi, je vous dis : Aimez vos ennemis, et priez pour ceux qui vous persécutent, afin d’être vraiment les fils de votre Père qui est dans les cieux ; car il fait lever son soleil sur les méchants et sur les bons, et tomber la pluie sur les justes et sur les injustes. Si vous aimez ceux qui vous aiment, quelle récompense aurez-vous ? Les publicains eux-mêmes n’en font-ils pas autant ? Et si vous ne saluez que vos frères, que faites-vous d’extraordinaire ? Les païens eux-mêmes n’en font-ils pas autant ? Vous donc, soyez parfaits comme votre Père céleste est parfait. »
Patrick BRAUD 

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