L'homélie du dimanche (prochain)

18 avril 2014

Pâques : Courir plus vite que Pierre

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Pâques : courir plus vite que Pierre

Homélie du dimanche de Pâques
20/04/204 

COURIR

Qu’est-ce qui nous fait courir ?

Quiconque a déjà voyagé dans des pays chauds devine le caractère incongru de la scène : des hommes et des femmes courant sur une piste poussiéreuse sous le soleil d’Afrique ou de Palestine. C’est hautement improbable. D’abord parce que la notion de temps dans ces cultures traditionnelles fait peu de place à l’urgence. Il est rare et même indécent de courir faire quelque chose. Et ensuite parce que le climat dissuade très vite de se livrer à ce genre d’exercice. Hormis les Kenyans sur leurs hauts plateaux, courir sur les routes de Jérusalem ou d’Abidjan relève au mieux d’un manque de savoir-vivre, au pire d’un état de déraison avancé.

Dans cet évangile de Pâques, on court pourtant beaucoup.

Marie-Madeleine, dans le sens tombeau => apôtres, pour les prévenir et leur demander de venir vérifier ses dires.

Pierre et Jean, dans le sens Église => tombeau vide, pour voir si elle dit vrai.

L’Église de Pâques naît donc dans la course, inhabituelle, inconvenante, inquiète.

- Courir vers l’Église pour lui signaler l’absence du corps du Christ : c’est la mission symbolique au plus haut point de Marie-Madeleine. Cette course est encore la nôtre lorsque nous devons alerter en urgence l’Église des endroits de nos villes, de notre culture, de la communauté où il n’y a plus de corps du Christ, c’est-à-dire plus de présence ecclésiale.

- Courir de l’Église vers le tombeau vide : c’est le go fast de Pierre et Jean qui préfigure notre propre course pour chercher et découvrir les lieux où la mort n’a pas eu le dernier mot.

Pâques : Courir plus vite que Pierre dans Communauté spirituelle Pierre+et+Jean 

Ces deux courses se répondent et s’appellent sans cesse l’une l’autre encore aujourd’hui.

Devenir chrétien au petit matin de Pâques, c’est s’entraîner à courir de ces deux quêtes à jamais inassouvies : prévenir l’Église qui doit sortir d’elle-même pour aller voir ; courir soi-même pour visiter les lieux où la victoire sur le mal et la mort s’inscrivent en creux, à la manière du tombeau vide.

La course est essentielle à la vie chrétienne, à tel point que Paul prendra sans cesse cette image sportive : ne pas courir en vain, tenir bon jusqu’au bout de l’épreuve, permettre à la parole de Dieu de poursuivre et d’achever sa course :

1Corinthiens 9,24 : Ne savez-vous pas que, dans les courses du stade, tous courent, mais un seul obtient le prix? Courez donc de manière à le remporter.

1Corinthiens 9,26 : Et c’est bien ainsi que je cours, moi, non à l’aventure; c’est ainsi que je fais du pugilat, sans frapper dans le vide.

2Thessaloniciens 3,1 : Enfin, frères, priez pour nous, demandant que la parole du Seigneur accomplisse sa course et soit glorifiée, comme elle le fait chez vous,

2Timothée 4,7 : J’ai combattu jusqu’au bout le bon combat, j’ai achevé ma course, j’ai gardé la foi.

Actes 20,24 : Mais je n’attache aucun prix à ma propre vie, pourvu que je mène à bonne fin ma course et le ministère que j’ai reçu du Seigneur Jésus: rendre témoignage à l’Évangile de la grâce de Dieu.

Galates 2,2 : J’y montai à la suite d’une révélation; et je leur exposai Évangile que je prêche parmi les païens – mais séparément aux notables, de peur de courir ou d’avoir couru pour rien.

Hébreux 12,1 : Voilà donc pourquoi nous aussi, enveloppés que nous sommes d’une si grande nuée de témoins, nous devons (?) courir avec constance l’épreuve qui nous est proposée,

Philippiens 3,12 : Non que je sois déjà au but, ni déjà devenu parfait; mais je poursuis ma course pour tâcher de saisir, ayant été saisi moi-même par le Christ Jésus.

Philippiens 3,14 : et je cours vers le but, en vue du prix que Dieu nous appelle à recevoir là-haut, dans le Christ Jésus

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Et nous, pour quoi, pour qui courons-nous ?

Sommes-nous dans cette dynamique de la course qui nous guérit de la résignation, du fatalisme, du ?à quoi bon ?’ des apôtres après la catastrophe de l’échec au Golgotha ?

Qu’est-ce qui nous fait nous lever le matin ?

Quelles bandelettes roulées à part nous attendent, et où ?

Quelle est notre course en réponse aux appels de ceux qui nous disent d’aller voir ailleurs des absences étonnantes ?

 

Courir plus vite que Pierre

Courir donc.

Pierre et Jean en sont des symboles.

Avec cette précision que seul l’auteur du quatrième évangile apporte : le disciple que Jésus aimait a couru plus vite que Pierre.

Pourquoi souligner ce détail ? Est-ce uniquement parce que ce disciple (souvent identifié à Jean, mais on n’en est pas sûr) était plus jeune et donc plus vigoureux que Pierre ?

Difficile de ne pas y voir là encore une touche symbolique : courir plus vite que Pierre est nécessaire à l’Église pour qu’elle se convertisse à son Seigneur. Car, parce qu’il se sait aimé du Christ, ce disciple sera plus rapide non seulement pour arriver au tombeau mais également pour interpréter cette absence, ce vide, ces bandelettes roulées à part avec soin. « Il vit et il crut », alors qu’on ne sait pas ce que Pierre en a pensé.

le+tombeau+vide croire

Si Pierre symbolise – à juste titre – le caractère institutionnel et hiérarchique de l’Église, alors l’auteur du quatrième évangile a voulu marquer d’emblée que l’Église dès sa naissance ne pouvait se contenter du seul Pierre. Il y faut également Jean, ce contemplatif actif, ce disciple aimé qui voit et croit.

Autrement dit, à côté de la structure institutionnelle (pape, évêques, prêtres…), il faut impérativement à l’Église des disciples bien-aimés qui courent plus vite que Pierre, qui sont capables de voir et de croire avant que la lourde machine ecclésiale se convertisse enfin elle aussi, grâce à leur témoignage.

Ces chevaux ailés de la foi, ces gazelles de la course mystique existent toujours, et ont la belle mission de contester la toute-puissance que Pierre tend parfois à s’arroger, en lui rappelant qu’il est une autre connaissance, celle du coeur, une foi  plus active – celle du juste regard porté sur les choses – qui va plus vite que l’institution et l’empêche de se croire suffisante.

Aujourd’hui, ceux qui courent plus vite que Pierre existent toujours au milieu de nous. Ce sont les fondateurs comme Jean Vanier ou le Père Wrézinski, les prophètes comme cette jeune religieuse triomphant dans The Voice à l’italienne ou ces millions de couples pratiquants tranquillement leur propre spiritualité conjugale apparemment éloignée des canons rigides romains, les sages comme les moines et les moniales écoutant la vraie soif du monde et y répondant avec le silence, les psaumes, la fraternité inconditionnelle etc…

9782204101950 JeanCourir plus vite que Pierre n’est pas pour autant s’opposer frontalement à lui : Jean attend devant le tombeau, et s’efface pour laisser Pierre entrer le premier. On se souvient des Pères Congar et Chenu, précurseurs du concile Vatican II, qui pourtant avaient été durement « crossés » auparavant pour leurs écrits théologiques : ils ne sont pas entrés en dissidence, ils ont obéi humblement, en continuant leur travail de recherche, en croyant qu’avec le temps Pierre lui aussi finirait par voir et croire. Et l’histoire leur a donné raison. La suite a montré que grâce à leur obéissance, l’énorme paquebot Église allait finalement se convertir elle aussi à devenir « servante et pauvre », selon les mots de Congar. Le pape François actuel en est un symbole vivant : il incarne Pierre courant plus vite que Pierre en quelque sorte, dans son humilité joyeuse au service des pauvres.

Voilà donc une voie de réforme toujours actuelle : courir plus vite que Pierre, c’est-à-dire détecter plus vite que nos évêques, que nos innombrables et lourdes structures ecclésiales, les vrais désirs, la vraie soif de notre société, et croire avant Pierre que le Christ n’est plus enfermé dans les bandelettes du passé. Que ce soit à propos de la situation des divorcés remariés, de la morale familiale, de l’engagement économique ou politique, ils sont nombreux ces disciples aimés du Christ qui vont plus vite que leur Église officielle sur bien des points !

Mais cette course plus rapide ne sera féconde que si elle attend Pierre patiemment, et l’aide à se convertir lui-même.

La contestation adolescente ou stérile n’est pas à l’auteur du défi de Pâques. S’il doit y avoir confrontation – car parfois cela est nécessaire – que ce soit à la manière de Paul, qui ose reprocher publiquement à Pierre de ne pas être fidèle à la gratuité du salut en Christ :

« Quand Céphas (Pierre) vint à Antioche, je lui résistai en face, parce qu’il s’était donné tort. En effet, avant l’arrivée de certaines gens de l’entourage de Jacques, il prenait ses repas avec les païens; mais quand ces gens arrivèrent, on le vit se dérober et se tenir à l’écart, par peur des circoncis. Et les autres Juifs l’imitèrent dans sa dissimulation, au point d’entraîner Barnabé lui-même à dissimuler avec eux. Mais quand je vis qu’ils ne marchaient pas droit selon la vérité de Évangile, je dis à Céphas devant tout le monde: « Si toi qui es Juif, tu vis comme les païens, et non à la juive, comment peux-tu contraindre les païens à judaïser? (Ga 2,11-14)

Tout en reprenant Pierre devant tout le monde, Paul aura à coeur de ne rien faire sans être visiblement en communion avec lui.

« Reconnaissant la grâce qui m’avait été départie, Jacques, Céphas et Jean, ces notables, ces colonnes, nous tendirent la main, à moi et à Barnabé, en signe de communion : nous irions, nous aux païens, eux à la Circoncision » (Ga 2,9).

Exigence évangélique et obéissance sont donc compatibles au sein de notre Église.

Reste qu’il est essentiel que quelques-uns courent plus vite que Pierre, c’est-à-dire  plus vite que leur évêque, leur conseil paroissial, leurs supérieurs hiérarchiques. Sans eux, l’Église risque de voir sans voir, et – pire encore – de voir sans croire.

 

Messe du jour de Pâques

1ère lecture : Les Apôtres témoins de la Résurrection (Ac 10, 34a.37-43)

Quand Pierre arriva de Césarée chez un centurion de l’armée romaine, il prit la parole : « Vous savez ce qui s’est passé à travers tout le pays des Juifs, depuis les débuts en Galilée, après le baptême proclamé par Jean :
Jésus de Nazareth, Dieu l’a consacré par l’Esprit Saint et rempli de sa force. Là où il passait, il faisait le bien, et il guérissait tous ceux qui étaient sous le pouvoir du démon. Car Dieu était avec lui.
Et nous, les Apôtres, nous sommes témoins de tout ce qu’il a fait dans le pays des Juifs et à Jérusalem. Ils l’ont fait mourir en le pendant au bois du supplice.
Et voici que Dieu l’a ressuscité le troisième jour.
Il lui a donné de se montrer, non pas à tout le peuple, mais seulement aux témoins que Dieu avait choisis d’avance, à nous qui avons mangé et bu avec lui après sa résurrection d’entre les morts.
Il nous a chargés d’annoncer au peuple et de témoigner que Dieu l’a choisi comme Juge des vivants et des morts.
C’est à lui que tous les prophètes rendent ce témoignage : Tout homme qui croit en lui reçoit par lui le pardon de ses péchés. » 

Psaume : Ps 117, 1.4, 16-17, 22-23

R/ Ce jour que fit le Seigneur est un jour de joie, alléluia !

Rendez grâce au Seigneur : Il est bon !
Éternel est son amour !
Qu’ils le disent, ceux qui craignent le Seigneur :
Éternel est son amour !

Le bras du Seigneur se lève, 
le bras du Seigneur est fort ! 
Non, je ne mourrai pas, je vivrai, 
pour annoncer les actions du Seigneur.

La pierre qu’ont rejetée les bâtisseurs 
est devenue la pierre d’angle : 
c’est là l’oeuvre du Seigneur,  
la merveille devant nos yeux..

2ème lecture : Vivre avec le Christ ressuscité (Col 3, 1-4)

Frères, vous êtes ressuscités avec le Christ. Recherchez donc les réalités d’en haut : c’est là qu’est le Christ, assis à la droite de Dieu.
Tendez vers les réalités d’en haut, et non pas vers celles de la terre.

En effet, vous êtes morts avec le Christ, et votre vie reste cachée avec lui en Dieu.
Quand paraîtra le Christ, votre vie, alors vous aussi, vous paraîtrez avec lui en pleine gloire.

sequence : 

À la victime pascale,
chrétiens, offrez le sacrifice de louange. 

L’Agneau a racheté les brebis; 
le Christ innocent a réconcilié 
l’homme pécheur avec le Père. 

La mort et la vie s’affrontèrent 
en un duel prodigieux. 
Le Maître de la vie mourut ; vivant, il règne. 

?Dis-nous, Marie Madeleine, 
qu’as-tu vu en chemin ?? 

?J’ai vu le sépulcre du Christ vivant, 
j’ai vu la gloire du Ressuscité. 

J’ai vu les anges ses témoins, 
le suaire et les vêtements. 

Le Christ, mon espérance, est ressuscité ! 
Il vous précédera en Galilée.? 

Nous le savons : le Christ 
est vraiment ressuscité des morts. 

Roi victorieux, 
prends-nous tous en pitié ! 
Amen.

Evangile : Le tombeau vide et la foi des Apôtres (Jn 20, 1-9)

Acclamation : Alléluia. Alléluia. Notre Pâque immolée, c’est le Christ !
Rassasions-nous dans la joie au festin du Seigneur !
Alléluia. (1 Co 5, 7-8)

Évangile de Jésus Christ selon saint Jean

Le premier jour de la semaine, Marie Madeleine se rend au tombeau de grand matin, alors qu’il fait encore sombre. Elle voit que la pierre a été enlevée du tombeau.
Elle court donc trouver Simon-Pierre et l’autre disciple, celui que Jésus aimait, et elle leur dit : « On a enlevé le Seigneur de son tombeau, et nous ne savons pas où on l’a mis. »
Pierre partit donc avec l’autre disciple pour se rendre au tombeau.
Ils couraient tous les deux ensemble, mais l’autre disciple courut plus vite que Pierre et arriva le premier au tombeau.
En se penchant, il voit que le linceul est resté là ; cependant il n’entre pas.
Simon-Pierre, qui le suivait, arrive à son tour. Il entre dans le tombeau, et il regarde le linceul resté là, et le linge qui avait recouvert la tête, non pas posé avec le linceul, mais roulé à part à sa place.
C’est alors qu’entra l’autre disciple, lui qui était arrivé le premier au tombeau. Il vit, et il crut.
Jusque-là, en effet, les disciples n’avaient pas vu que, d’après l’Écriture, il fallait que Jésus ressuscite d’entre les morts.
Patrick Braud

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3 mars 2014

La radieuse tristesse du Carême

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La radieuse tristesse du Carême

Homélie du Mercredi des Cendres / Année A
05/03/2014

Homélie pour entrer en Carême : 

La « radieuse tristesse » de ces 40 jours

La radieuse tristesse du Carême dans Communauté spirituelle saint-careme2 « Radieuse tristesse »
C’est par cette belle et énigmatique expression que nos frères orthodoxes saluent ces 40 jours du Carême qui commencent.
« Radieuse tristesse » : en français, on appelle cela un oxymore, c’est-à-dire une association de deux contraires logiquement incompatibles (comme ?aigre-doux’ ou ?clair-obscur’). Mais Dieu n’est-il pas justement dans l’union des contraires ?
« Radieuse tristesse » : on y entend d’abord la tristesse, en écho à la lecture du prophète Joël : « Revenez à moi de tout votre coeur, dans le jeûne, les larmes, et le deuil ! Entre le portail et l’autel, les prêtres iront pleurer : ‘pitié Seigneur pour ton peuple’? » (Jl 2,12-18)

Impossible de rayer la tristesse de cette période de Carême sous prétexte que ce ne serait pas à  la mode, ou commercialement peu attractif !

Cette tristesse parcourt toute la Bible en fait :

- celle de Marie-Madeleine pleurant sur ses nombreux péchés,

- celle de David se couvrant de cendres en découvrant qu’il a commis un adultère et un meurtre,

- la tristesse de l’enfant prodigue qui revient poussé par la faim,

- ou encore la tristesse de Pierre qui s’entend dire par 3 fois : « M’aimes-tu ? »?

- c’est notre propre tristesse, le front marqué de cendres, conscient de la conversion que nous avons à vivre…

Saint André de Crète a composé un très bel hymne qui est chanté par l’Église orthodoxe pendant le Carême. Olivier Clément l’appelle « le chant des larmes ». Il constitue une confession publique, dans un élan de sincérité religieuse absolue, après repentance.

« Viens donc, âme endurcie, revêtue de ta chair,
confesse-toi au Créateur de toutes choses ;
rejette loin de toi ton délire et offre à Dieu des larmes de pénitence.

Comme David, je suis tombé dans la folie. Et je me suis roulé dans la boue.
Mais lave-moi, ô mon Sauveur, par mes larmes.

Ne t’abandonne pas au désespoir, ô mon âme.
Médite la foi de la Cananéenne, dont la fille fut guérie par une seule parole de Dieu, et avec elle, crie du fond de ton coeur : « Fils de David, sauve-moi !’ »
 

 

Ainsi s’exprime la liturgie orthodoxe dans le chant des larmes du Carême…

Mais cette tristesse est radieuse, parce qu’elle est déjà illuminée de l’évènement pascal.

De même qu’à Noël nous ne faisons pas semblant de faire naître l’enfant Jésus dans la crèche, car cela est accompli une fois pour toutes, de même pendant le Carême nous ne faisons pas semblant de vivre la Passion sans avoir déjà la force de la Résurrection en nous. Comme le dit Paul, il s’agit de « le connaître, lui, le Christ, avec la puissance de sa résurrection et la communion à ses souffrances, afin de parvenir si possible à ressusciter d’entre les morts » (Ph 3, 10). 

Dans cet ordre: la Résurrection d’abord (celle du Christ), puis la Passion, puis la Résurrection ensuite (la nôtre) !

Parce que nous sommes d’après Pâques, la tristesse du Carême est radieuse de cette promesse de vie déjà accomplie en Christ.

Les lamentations de la Semaine Sainte sont rayonnantes de la consolation pascale.

L’office des Ténèbres du Vendredi Saint lui-même est diaphane de la victoire du Christ sur le mal et la mort.

Une beauté intérieure illumine ces jours de tristesse, comme les premiers rayons de l’aurore illuminent l’au-delà de l’horizon courbe des marins alors qu’ils naviguent dans la nuit noire?

« Radieuse tristesse » : tristesse de notre exil, du gâchis que nous faisons parfois de notre vie ; radieuse espérance de retrouver par là même le désir de chercher Dieu, le goût de sa présence, la paix du domicile retrouvé…

« Radieuse tristesse »  est donc bien le climat liturgique de ce Carême.

Les orthodoxes, explorant cette piste de l’union des contraires en Dieu, disent aussi : « douloureuse joie », car la joie de la renaissance passe par les douleurs de l’enfantement, ou encore : « triste clarté » car la clarté de Pâques dévoile les ombres de notre existence que nous découvrons alors avec tristesse, au moment même où elles sont dissipées.

Une traduction musicale de cette étonnante tristesse pourrait s’entendre dans l’oeuvre d’Arnold Schoenberg : la « nuit transfigurée » : un pèlerinage nocturne magnifique à travers l’épreuve d’un couple qui réussit à surmonter la nuit de sa désunion…


Nuit transfigurée,

triste clarté,

douloureuse joie …: 

que ce Carême nous donne d’expérimenter la radieuse tristesse des enfants de Dieu que nous sommes, pécheurs et aimés, pardonnés et encore en chemin vers la liberté parfaite !

1ère lecture : Appel à la pénitence (Jl 2, 12-18)

Lecture du livre Joël

Parole du Seigneur : « Revenez à moi de tout votre coeur, dans le jeûne, les larmes et le deuil ! »
Déchirez vos coeurs et non pas vos vêtements, et revenez au Seigneur votre Dieu, car il est tendre et miséricordieux, lent à la colère et plein d’amour, renonçant au châtiment.
Qui sait ? Il pourrait revenir, il pourrait renoncer au châtiment, et vous combler de ses bienfaits : ainsi vous pourrez offrir un sacrifice au Seigneur votre Dieu.
Sonnez de la trompette dans Jérusalem : prescrivez un jeûne sacré, annoncez une solennité, réunissez le peuple, tenez une assemblée sainte, rassemblez les anciens, réunissez petits enfants et nourrissons ! Que le jeune époux sorte de sa maison, que la jeune mariée quitte sa chambre !
Entre le portail et l’autel, les prêtres, ministres du Seigneur, iront pleurer et diront : « Pitié, Seigneur, pour ton peuple, n’expose pas ceux qui t’appartiennent à l’insulte et aux moqueries des païens ! Faudra-t-il qu’on dise : ‘Où donc est leur Dieu ?’ »

Et le Seigneur s’est ému en faveur de son pays, il a eu pitié de son peuple.

Psaume : Ps 50, 3-4, 5-6ab, 12-13, 14.17

R/ Pitié, Seigneur, car nous avons péché.

Pitié pour moi, mon Dieu, dans ton amour,
selon ta grande miséricorde, efface mon péché.
Lave-moi tout entier de ma faute,
purifie-moi de mon offense.

Oui, je connais mon péché,
ma faute est toujours devant moi.
Contre toi, et toi seul, j’ai péché,
ce qui est mal à tes yeux, je l’ai fait.

Crée en moi un c?ur pur, ô mon Dieu, 
renouvelle et raffermis au fond de moi mon esprit. 
Ne me chasse pas loin de ta face, 
ne me reprends pas ton esprit saint. 

Rends-moi la joie d’être sauvé ; 
que l’esprit généreux me soutienne. 
Seigneur, ouvre mes lèvres, 
et ma bouche annoncera ta louange.

2ème lecture : « Laissez-vous réconcilier avec Dieu » (2 Co 5, 20-21; 6, 1-2)

Lecture de la seconde lettre de saint Paul Apôtre aux Corinthiens

Frères,
nous sommes les ambassadeurs du Christ, et par nous c’est Dieu lui-même qui, en fait, vous adresse un appel. Au nom du Christ, nous vous le demandons, laissez-vous réconcilier avec Dieu.
Celui qui n’a pas connu le péché, Dieu l’a pour nous identifié au péché des hommes, afin que, grâce à lui, nous soyons identifiés à la justice de Dieu.
Et puisque nous travaillons avec lui, nous vous invitons encore à ne pas laisser sans effet la grâce reçue de Dieu.
Car il dit dans l’Écriture : Au moment favorable je t’ai exaucé, au jour du salut je suis venu à ton secours. Or, c’est maintenant le moment favorable, c’est maintenant le jour du salut.

Evangile : L’aumône, la prière et le jeûne comme Dieu les aime(Mt 6,1-6.16-18)

Acclamation : Ta Parole, Seigneur, est vérité, et ta loi, délivrance. « Convertissez-vous, dit le Seigneur, car le Royaume des cieux est proche. » Ta Parole, Seigneur, est vérité, et ta loi, délivrance. (Mt 4, 17)

Évangile de Jésus Christ selon saint Matthieu

 Comme les disciples s’étaient rassemblés autour de Jésus, sur la montagne, il leur disait :
« Si vous voulez vivre comme des justes, évitez d’agir devant les hommes pour vous faire remarquer. Autrement, il n’y a pas de récompense pour vous auprès de votre Père qui est aux cieux.
Ainsi, quand tu fais l’aumône, ne fais pas sonner de la trompette devant toi, comme ceux qui se donnent en spectacle dans les synagogues et dans les rues, pour obtenir la gloire qui vient des hommes. Amen, je vous le déclare : ceux-là ont touché leur récompense.
Mais toi, quand tu fais l’aumône, que ta main gauche ignore ce que donne ta main droite, afin que ton aumône reste dans le secret ; ton Père voit ce que tu fais dans le secret : il te le revaudra.
Et quand vous priez, ne soyez pas comme ceux qui se donnent en spectacle : quand ils font leurs prières, ils aiment à se tenir debout dans les synagogues et les carrefours pour bien se montrer aux hommes. Amen, je vous le déclare : ceux-là ont touché leur récompense.
Mais toi, quand tu pries, retire-toi au fond de ta maison, ferme la porte, et prie ton Père qui est présent dans le secret ; ton Père voit ce que tu fais dans le secret : il te le revaudra.
Et quand vous jeûnez, ne prenez pas un air abattu, comme ceux qui se donnent en spectacle : ils se composent une mine défaite pour bien montrer aux hommes qu’ils jeûnent. Amen, je vous le déclare : ceux-là ont touché leur récompense.
Mais toi, quand tu jeûnes, parfume-toi la tête et lave-toi le visage ; ainsi, ton jeûne ne sera pas connu des hommes, mais seulement de ton Père qui est présent dans le secret ; ton Père voit ce que tu fais dans le secret : il te le revaudra. »
Patrick BRAUD

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3 mai 2013

L’Esprit et la mémoire

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L’Esprit et la mémoire

 

Homélie du 6°dimanche de Pâques / Année C
05/05/2013

 

Dans l’évangile de Jean, l’Esprit Saint est intimement lié à deux fonctions essentielles de la vie chrétienne : le pardon et la mémoire.

Le pardon y apparaît comme un fruit de l’Esprit répandu sur les disciples lors de l’équivalent de la Pentecôte chez Jean, lorsque Jésus nécessité « souffle » à ses disciples le pouvoir de pardonner : « il souffla sur eux et leur dit : « Recevez l’Esprit Saint. Ceux à qui vous remettrez les péchés, ils leur seront remis; ceux à qui vous les retiendrez, ils leur seront retenus. » » (Jn 12,22-23)

La mémoire quant à elle apparaît clairement liée à l’envoi de l’Esprit Saint par le Père lui-même : « il vous enseignera tout, il vous fera souvenir de tout ce que je vous ai dit ». (Jn 14,26)

 

Attardons sur ce deuxième effet spirituel qui est au coeur de la page d’évangile de ce Dimanche : l’Esprit et le souvenir.

 

Du travail de mémoire

Si le Christ nous promet l’Esprit Saint au secours de notre mémoire, c’est donc que naturellement, par nous-mêmes, nous avons du mal à nous souvenir. Notre mémoire sélectionne à notre insu, fait un tri dont la clé nous échappe. Il suffit d’écouter les personnes âgées raconter leur vie pour deviner ce qui n’est pas dit… La même mésaventure est arrivée aux disciples de Jésus alors qu’ils étaient encore à ses côtés. Comme le dit la sagesse populaire, ses paroles sont bien souvent rentrées par une oreille et sorties par l’autre !

Jésus est donc obligé de les faire souvenir de ses paroles et de ses actes, pour les aider à comprendre ce qui leur arrive.

Ainsi devant le choc des persécutions qui s’annoncent : « Rappelez-vous la parole que je vous ai dite : Le serviteur n’est pas plus grand que son maître. S’ils m’ont persécuté, vous aussi ils vous persécuteront ; s’ils ont gardé ma parole, la vôtre aussi ils la garderont. » (Jn 15,)

Au lieu du Messie glorifié devant tous, voilà que les arrestations, emprisonnements, coups de fouet et autres humiliations vont s’abattre sur les premiers chrétiens. Se souvenir de la fin lamentable de Jésus sur la croix, et de sa parole : « le serviteur n’est pas plus grand que son maître » aidera les croyants à ne pas se décourager, à déchiffrer les persécutions comme une voie d’union intime au Christ. Les martyrs ont affronté les supplices et la mort en s’appuyant sur cette parole, vivant trésor de l’Église grâce à l’Esprit Saint qui la maintenait actuelle en la faisant circuler sur les lèvres des premiers témoins.

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De même en Jn 16,3-4 : « On vous exclura des synagogues. Bien plus, l’heure vient où quiconque vous tuera pensera rendre un culte à Dieu. Et cela, ils le feront pour n’avoir reconnu ni le Père ni moi. Mais je vous ai dit cela, pour qu’une fois leur heure venue, vous vous rappeliez que je vous l’ai dit. »

Quand on n’y voit plus clair, quand on n’y comprend plus rien, se rappeler les paroles du Christ sur l’exclusion et le fanatisme religieux meurtrier à l’encontre des chrétiens permet de comprendre : au-delà de leur victoire apparente, les persécuteurs en fait vont manifester le vrai dessein de Dieu, à savoir la victoire de l’amour sur la haine.

Nous sommes tellement bouchés que Jésus est obligé de son vivant d’interpeller vivement ses disciples : « Avez-vous donc l’esprit bouché, des yeux pour ne point voir et des oreilles pour ne point entendre ? Et ne vous rappelez-vous pas, quand j’ai rompu les cinq pains pour les 5.000 hommes, combien de couffins pleins de morceaux vous avez emportés ? » Ils lui disent: « Douze »  –  « Et lors des sept pour les 4.000 hommes, combien de corbeilles pleines de morceaux avez-vous emportées ? » Et ils disent: « Sept. » Alors il leur dit: « Ne comprenez-vous pas encore ? »  » (Mc 8,18-21).

Pour interpréter le sens des gestes de Jésus, au-delà de leur signification matérielle immédiate, il faut ce travail de l’Esprit en nous.

Après le sens littéral, c’est donc qu’il y a un sens spirituel aux événements qui nous affectent. C’est justement le rôle de l’Esprit que de nous introduire dans une intelligence plus profonde, plus subtile des événements de notre histoire 1.

Les intégristes se limitent à une lecture fondamentaliste, littérale, des textes. Ils se ferment à une lecture authentiquement spirituelle, c’est-à-dire inspirée par l’Esprit Saint, où ces textes d’hier deviennent une parole pour aujourd’hui.

Devant le tombeau vide et l’étonnement des femmes, les anges font appel à leur souvenir des paroles de Jésus : « Rappelez-vous comment il vous a parlé, quand il était encore en Galilée : « Il faut, disait-il, que le Fils de l’homme soit livré aux mains des pécheurs, qu’il soit crucifié, et qu’il ressuscite le troisième jour. » Et elles se rappelèrent ses paroles. » (Lc 24,7-8)

Pour interpréter la Passion et la croix comme librement assumées par Jésus, il faut faire mémoire de ses paroles où il y a vu l’aboutissement de la volonté du Père (« aller chercher et sauver ceux qui étaient perdus », en allant les rejoindre au plus bas).

 

De même, devant le choix bizarre de Jésus : pourquoi vouloir un petit âne pour entrer triomphalement dans Jérusalem ? « Jésus, trouvant un petit âne, s’assit dessus selon qu’il est écrit : « Sois sans crainte, fille de Sion : voici que ton roi vient, monté sur un petit d’ânesse. » Cela, ses disciples ne le comprirent pas tout d’abord; mais quand Jésus eut été glorifié, alors ils se souvinrent que cela était écrit de lui et que c’était ce qu’on lui avait fait. » (Jn 12,15-16)

Là, c’est le souvenir – après-coup – de la parole du prophète qui permet d’éclairer le comportement de Jésus. Sur le moment, ses disciples n’y ont rien compris. C’est seulement après, avec la venue de l’Esprit Saint, que leur intelligence s’est ouverte. Ce n’est qu’après coup qu’on peut mettre des paroles sur des événements ; et c’est le rôle de l’Esprit.

D’où l’importance d’apprendre l’Écriture par c?ur, afin que ce travail se fasse à partir du plus profond de nous-mêmes, à partir du c?ur de notre être : Jésus avait appris par coeur les paroles des psaumes, qui lui sont remontées naturellement aux lèvres lorsqu’il lui a fallu faire face à l’horreur de la croix (« j’ai soif » ; « Pourquoi m’as-tu abandonné ? » ; « Père entre tes mains? »)

Pierre fait également l’expérience de la force du souvenir d’une parole du Christ : « Alors il se mit à jurer avec force imprécations : « Je ne connais pas cet homme. » Et aussitôt un coq chanta. Et Pierre se souvint de la parole que Jésus avait dite: « Avant que le coq chante, tu m’auras renié trois fois. » Et, sortant dehors, il pleura amèrement. » (Mt 26,74-75)

Le souvenir de la parole de Jésus permet la contrition, c’est-à-dire le regret sincère de ce qui nous a éloigné de lui. On retrouve ainsi le lien entre l’Esprit Saint et le pardon.

Même les ennemis de Jésus se souviennent de ses paroles ! Ils contribuent sans le savoir à les accomplir : « Le lendemain, c’est-à-dire après la Préparation, les grands prêtres et les Pharisiens se rendirent en corps chez Pilate et lui dirent: « Seigneur, nous nous sommes souvenus que cet imposteur  a dit,  de son  vivant : Après  trois jours je ressusciterai ! Commande donc que le sépulcre soit tenu en sûreté jusqu’au troisième jour, pour éviter que ses disciples ne viennent le dérober et ne disent au peuple : Il est ressuscité des morts! Cette dernière imposture serait pire que la première. » » (Mt 27,63-64) Les grands prêtres veulent éviter une supercherie, mais cela tourne finalement à renforcer le témoignage des femmes : qui aurait pu déjouer la surveillance de ces forces de sécurité romaines ?

 

Bien des choses qui nous arrivent sont obscures sur le moment. À l’image de Marie, ne comprenant pas tout, nous pouvons cependant garder et méditer toutes ces choses en notre coeur. Alors l’Esprit fera son chemin, et tissera les liens entre notre histoire et la parole de Dieu qui nous permet de déchiffrer cette histoire.

« Les Juifs lui dirent alors: « Il a fallu 46 ans pour bâtir ce sanctuaire, et toi, en trois jours tu le relèveras? » Mais lui parlait du sanctuaire de son  corps. Aussi, quand il ressuscita d’entre les morts, ses disciples se rappelèrent qu’il avait dit cela, et ils crurent à l’Écriture et à la parole qu’il avait dite. » (Jn 2,21-22)

Ce n’est qu’après la résurrection que les disciples comprirent la parole de Jésus. Nous aussi, c’est bien souvent après une expérience spirituelle forte de renaissance que nous pouvons interpréter autrement les destructions ou les bouleversements qui ont jalonné notre parcours.

Devant un acte provoquant et choquant, seule la mémoire de l’Écriture peut permettre de voir ces événements sous un autre angle, et ainsi de les interpréter autrement :« aux vendeurs de colombes il dit: « Enlevez cela d’ici. Ne faites pas de la maison de mon Père une maison de commerce. » Ses disciples se rappelèrent qu’il est écrit : « Le zèle pour ta maison me dévorera. » (Jn 2,16-17)

Pierre, devant le centurion Romain Corneille inondé d’Esprit Saint, est interloqué : comment, des païens ont eux aussi accès à la vie dans l’Esprit, à égalité avec les juifs ? «Je me suis alors rappelé cette parole du Seigneur : Jean, disait-il, a baptisé avec de l’eau, mais vous, vous serez baptisés dans l’Esprit Saint. Si donc Dieu leur a accordé le même don qu’à nous, pour avoir cru au Seigneur Jésus Christ, qui étais-je, moi, pour faire obstacle à Dieu. » » (Ac 11,16-17)

On ne comprend rien à l’Église, à sa Tradition vivante, si on ne se souvient pas comme Pierre que l’Esprit tire sans cesse du neuf de l’ancien, et conduit l’Église là où elle-même n’aurait jamais pensé aller.

À l’approche de son supplice qui va dérouter bien des baptisés, Pierre encouragera la communauté de Rome à se souvenir : « Je crois juste, tant que je suis dans cette tente, de vous tenir en éveil par mes rappels, sachant, comme d’ailleurs notre Seigneur Jésus Christ me l’a manifesté, que l’abandon de ma tente est proche. Mais j’emploierai mon zèle à ce qu’en toute occasion, après mon départ, vous puissiez vous remettre ces choses en mémoire. » (2P 1,13-15)

Et Paul insistera : c’est un vrai travail que de se souvenir des paroles de Jésus. « De toutes manières je vous l’ai montré : c’est en peinant ainsi qu’il faut venir en aide aux faibles et se souvenir des paroles du Seigneur Jésus, qui a dit lui-même : Il y a plus de bonheur à donner qu’à recevoir. » (Ac 20) Ce souvenir de Paul nous livre une phrase de Jésus inconnue des 4 évangiles : comme quoi la mémoire vivante déborde largement la lettre de l’Écriture !

 

La mémoire chrétienne n’a pour autant rien à voir avec l’invention de faux souvenirs.

Afficher l'image d'origineUne expérience de psychologie sociale menée en 2010 auprès de 5269 participants aux USA indique que 50 % des participants se sont « souvenus » de la fameuse poignée de main entre Obama et Ahmadinejad (président d’Iran) 2. Or ce soi-disant événement… n’a jamais existé ! C’est ce qu’on appelle un faux souvenir, un souvenir qui est induit par une pression ou un contexte extérieur ambiant qui le rend crédible. Ces faux souvenirs induits ont fait des ravages dans beaucoup de familles aux USA comme en Europe : sous couvert de travail thérapeutique de mémoire, des soi-disant thérapeutes induisaient chez leurs patients la remontée de paroles ou d’actes n’ayant jamais existé, mais auxquels les patients finissent par croire dur comme fer.

Rien de tel dans la mémoire chrétienne : l’Esprit Saint nous conduit « vers la vérité tout entière », pas vers une manipulation de nos souvenirs. Les témoins du Ressuscité n’ont pas inventé le souvenir de leurs rencontres avec lui. Les évangélistes n’ont pas imaginé ce qu’ils racontent. Les premières communautés chrétiennes n’ont pas reconstruit les actes de Jésus pour les utiliser à légitimer leur pratique. Non : le travail de l’Esprit est de se souvenir fidèlement, et bien souvent de manière critique, c’est-à-dire interrogeant la communauté elle-même au lieu de lui donner raison sur tout. C’est ce qu’un théologien (Henri-Jérôme Gagey) appelle « la tradition d’un rapport critique à la Tradition ». Ce travail de mémoire qu’opère l’Esprit Saint n’est pas un travail de légitimation de ses intérêts en s’appuyant sur de faux souvenirs habilement reconstruits, mais un travail critique de remise en cause de l’Église elle-même pour devenir plus fidèle à ce que la parole du Christ attend d’elle aujourd’hui.

 

Vous le voyez : le lien entre l’Esprit Saint et la mémoire est très étroit.

La langue française en garde d’ailleurs quelques traces : perdre l’esprit va de pair avec perdre la mémoire ; il nous faut rassembler nos esprits pour pouvoir nous souvenir ; et avoir à l’esprit quelque chose, c’est justement ne pas l’oublier.

Si nous ne voulons pas qu’un Alzheimer intérieur nous prive de notre identité profonde, comment cultiver une mémoire chrétienne des paroles et des actes qui ont compté pour nous ?

 

La liturgie de l’Église est une éducation à cette mémoire chrétienne :

« Dans la Liturgie de la Parole l’Esprit Saint  » rappelle  » à l’Assemblée tout ce que le Christ a fait pour nous. Selon la nature des actions liturgiques et les traditions rituelles des Églises, une célébration  » fait mémoire  » des merveilles de Dieu dans une Anamnèse plus ou moins développée. L’Esprit Saint, qui éveille ainsi la mémoire de l’Église, suscite alors l’action de grâces et la louange (doxologie). » (Catéchisme de l’Église catholique n° 1103)

 

À quelle source allons-nous puiser pour laisser l’Esprit nous faire souvenir de ce que le Christ a dit et fait pour nous tout au long de notre histoire ?

 

 

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 1. Ici, en Mc 8,18, c’est le symbolisme des chiffres de la multiplication des pains : 5000 hommes pour le peuple de la Torah (les 5 livres de la Loi), 12 couffins pour les 12 tribus d’Israël, 4000 hommes pour les 4 coins de l’horizon, 7 corbeilles pour les 7 jours de la création, et donc finalement l’universalité de l’eucharistie réunissant à la fois Israël et l’Église.

2. Journal of Experimental Social Psychology, Vol. 49, 2013.

 

1ère lecture : L’Église décide d’accueillir les païens sans leur imposer la loi juive (Ac 15, 1-2.22-29)

Lecture du livre des Actes des Apôtres

Certaines gens venus de Judée voulaient endoctriner les frères de l’Église d’Antioche en leur disant : « Si vous ne recevez pas la circoncision selon la loi de Moïse, vous ne pouvez pas être sauvés. » Cela provoqua un conflit et des discussions assez graves entre ces gens-là et Paul et Barnabé. Alors on décida que Paul et Barnabé, avec quelques autres frères, monteraient à Jérusalem auprès des Apôtres et des Anciens pour discuter de cette question.

Finalement, les Apôtres et les Anciens décidèrent avec toute l’Église de choisir parmi eux des hommes qu’ils enverraient à Antioche avec Paul et Barnabé. C’étaient des hommes qui avaient de l’autorité parmi les frères : Jude (appelé aussi Barsabbas) et Silas.
Voici la lettre qu’ils leur confièrent : « Les Apôtres et les Anciens saluent fraternellement les païens convertis, leurs frères, qui résident à Antioche, en Syrie et en Cilicie.
Nous avons appris que quelques-uns des nôtres, sans aucun mandat de notre part, sont allés tenir des propos qui ont jeté chez vous le trouble et le désarroi. Nous avons décidé à l’unanimité de choisir des hommes que nous enverrions chez vous, avec nos frères bien-aimés Barnabé et Paul qui ont consacré leur vie à la cause de notre Seigneur Jésus Christ.
Nous vous envoyons donc Jude et Silas, qui vous confirmeront de vive voix ce qui suit :
L’Esprit Saint et nous-mêmes avons décidé de ne pas faire peser sur vous d’autres obligations que celles-ci, qui s’imposent : vous abstenir de manger des aliments offerts aux idoles, du sang, ou de la viande non saignée, et vous abstenir des unions illégitimes. En évitant tout cela, vous agirez bien. Courage ! »

Psaume : Ps 66, 2b-3, 5abd, 7b-8

R/ Dieu, que les peuples t’acclament ! Qu’ils t’acclament, tous ensemble !

Qu ton visage s’illumine pour nous ;
et ton chemin sera connu sur la terre,
ton salut, parmi toutes les nations.

Que les nations chantent leur joie,
car tu gouvernes le monde avec justice ;
sur la terre, tu conduis les nations.

Dieu, notre Dieu, nous bénit.
Que Dieu nous bénisse,
et que la terre tout entière l’adore !

2ème lecture : L’Agneau est la lumière du peuple de Dieu (Ap 21, 10-14.22-23)

Lecture de l’Apocalypse de saint Jean

Moi, Jean, j’ai vu un ange qui m’entraîna par l’esprit sur une grande et haute montagne ; il me montra la cité sainte, Jérusalem, qui descendait du ciel, d’auprès de Dieu.
Elle resplendissait de la gloire de Dieu, elle avait l’éclat d’une pierre très précieuse, comme le jaspe cristallin.
Elle avait une grande et haute muraille, avec douze portes gardées par douze anges ; des noms y étaient inscrits : ceux des douze tribus des fils d’Israël.
Il y avait trois portes à l’orient, trois au nord, trois au midi, et trois à l’occident.
La muraille de la cité reposait sur douze fondations portant les noms des douze Apôtres de l’Agneau.
Dans la cité, je n’ai pas vu de temple, car son Temple, c’est le Seigneur, le Dieu tout-puissant, et l’Agneau.
La cité n’a pas besoin de la lumière du soleil ni de la lune, car la gloire de Dieu l’illumine, et sa source de lumière, c’est l’Agneau.

Evangile : La promesse de la venue de l’Esprit (Jn 14, 23-29)

Acclamation : Alléluia. Alléluia. Le Seigneur ressuscité demeure au milieu des siens : il leur donne sa paix. Alléluia. (cf. Jn 14, 25.27)

Évangile de Jésus Christ selon saint Jean

À l’heure où Jésus passait de ce monde à son Père, il disait à ses disciples : « Si quelqu’un m’aime, il restera fidèle à ma parole ; mon Père l’aimera, nous viendrons chez lui, nous irons demeurer auprès de lui. Celui qui ne m’aime pas ne restera pas fidèle à mes paroles. Or, la parole que vous entendez n’est pas de moi : elle est du Père, qui m’a envoyé. Je vous dis tout cela pendant que je demeure encore avec vous ; mais le Défenseur, l’Esprit Saint que le Père enverra en mon nom, lui, vous enseignera tout, et il vous fera souvenir de tout ce que je vous ai dit.
C’est la paix que je vous laisse, c’est ma paix que je vous donne ; ce n’est pas à la manière du monde que je vous la donne. Ne soyez donc pas bouleversés et effrayés. Vous avez entendu ce que je vous ai dit : Je m’en vais, et je reviens vers vous. Si vous m’aimiez, vous seriez dans la joie puisque je pars vers le Père, car le Père est plus grand que moi. Je vous ai dit toutes ces choses maintenant, avant qu’elles n’arrivent ; ainsi, lorsqu’elles arriveront, vous croirez. »
Patrick Braud

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20 avril 2013

L’agneau mystique de Van Eyck

Classé sous Communauté spirituelle — lhomeliedudimanche @ 0 h 01 min

L’agneau mystique de Van Eyck

Homélie du 4° Dimanche de Pâques / Année C
21/04/2103

La vision de Jean dans l’Apocalypse (Ap 7) a inspiré de nombreuses oeuvres d’art, dont la plus célèbre est le triptyque des frères Van Eyck : l’Agneau mystique (1432). Exposé sous très haute protection (car victime de 13 vols en quelques six siècles !), ces trois volets repliables constituent l’un des sommets de la peinture occidentale. Ce retable marque le passage du Moyen Âge iconographique à la Renaissance naturaliste, tout en élaborant une synthèse théologique extraordinairement puissante.

 

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On y voit bien la foule dont parle l’Apocalypse, et l’Agneau qui trône sur l’autel.
On y reconnaît les vainqueurs de « la grande épreuve », palmes à la main, en vêtements blancs.
« Celui qui siège sur le trône » est bien représenté, établissant un axe trinitaire structurant l’ensemble :

- le Père est assis sur le trône en haut (même si certaines interprétations y voient le Fils, notamment à cause du manteau rouge sang) ;
- le Fils est désigné sous l’aspect de l’Agneau mystique sur l’autel ;
- l’Esprit Saint, sous la forme d’une colombe, irradie tous les personnages de ses rayons dorés éblouissants.

La cathédrale saint Bavon de Gand (en Belgique) est ainsi devenu l’écrin de ce joyau de la foi chrétienne.
Détaillons-en quelques éléments théologiquement remarquables.

Le point focal vers lequel tous les regards convergents est bien sûr le Christ, l’Agneau mystique. Il est vainqueur de la mort, mais reste offert sur l’autel, et continue de verser son sang dans un calice représentant celui de l’eucharistie. Ce calice possède une base octogonale, comme est octogonale la fontaine de vie qui irrigue le paysage de son eau vive, juste en dessous, symbole des sacrements qui irriguent l’Église.

Octogonale : 8 est le chiffre de la Résurrection (le Christ est ressuscité un dimanche, c’est-à-dire le huitième jour de la semaine juive) : c’est donc que la vie éternelle, plus forte que de la mort, est offerte à tous dans l’eucharistie et les autres sacrements de l’Église.

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Autour de l’Agneau mystique, 12 anges sont en adoration.

Quatre de ces anges tiennent en main les instruments de la Passion (la colonne où le Christ a été fouetté, le fouet, l’éponge et le vinaigre, la croix, qui pourrait bien être un tau à la manière franciscaine, la lance qui a percé le coeur). La Passion du Christ est donc pour le salut de tous les peuples (quatre est le chiffre de l’universel : les quatre points cardinaux, les quatre vents etc.). Et l’Église est l’Israël de Dieu (les 12 tribus) rassemblé devant le Christ.

Deux autres anges font voler les encensoirs dans les airs, marquant ainsi le côté permanent du service d’adoration « jour et nuit » comme le décrit l’Apocalypse.

Mais plus de Temple sur le retable : c’est la nature elle-même qui est devenue le monde nouveau, où Dieu est « tout en tous ». « Dans la cité, je n’ai pas vu de temple, car son Temple, c’est le Seigneur, le Dieu tout-puissant, et l’Agneau. » (Ap 21,22)
Plus de soleil ni de lune non plus, car l’Apocalypse là encore précise que le Christ lui-même est le flambeau qui éclaire tout.

Vers l’autel central marche quatre groupes de personnages, en croix de saint André, s’approchant symétriquement de l’Agneau mystique.

En haut à gauche, des hommes d’Église, martyrs, tenant en main des rameaux.

En haut à droite, les femmes, vierges, martyres et princesses, palmes à la main, constituent elles aussi un cortège d’entrée triomphale dans la Jérusalem céleste (Ap 7,10).

En bas à gauche, les prophètes de l’Ancien Testament, leur livre prophétique à la main, sont eux aussi associés à cette victoire sur la mort. Signe qu’au XV° siècle, les chrétiens n’avaient pas perdu de vue ce que Paul écrivait en Rm 9-11 : « Dieu n’a pas rejeté le peuple que d’avance il a discerné » (Rm 11,2).

Le Concile Vatican II le redira dans la déclaration Nostra Aetate :

« les Juifs restent encore, à cause de leurs pères, très chers à Dieu, dont les dons et l’appel sont sans repentance. Avec les prophètes et le même apôtre, l’Église attend le jour, connu de Dieu seul, où tous les peuples invoqueront le Seigneur d’une seule voix et « le serviront sous un même joug » ». (NA n°4)

Avant que les pogroms et autres persécutions éclatent contre les juifs en Europe, les frères Van Eyck proclamaient de manière éclatante que juifs et chrétiens sont associés à part égale à la Jérusalem céleste.

Plus encore, derrière les prophètes juifs, on reconnaît à leur faciès des sages et philosophes païens venus de tous les continents, (et parmi eux sans doute Virgile, vêtu de blanc, une couronne tressée à la main). C’est donc que le salut est offert largement à tous les hommes de sagesse qui ont cherché la vérité dans leur culture, et pas seulement aux fils d’Abraham. Belle affirmation de l’universalité du salut, hors des frontières visibles de l’Église !

En bas à droite, reconnaissables à leurs habits liturgiques, viennent les prêtres, diacres (Etienne y porte les pierres de sa lapidation), évêques, papes et autres membres de l’Église, derrière les 12 apôtres représentés pauvrement habillés de leur robe de bure. À égalité avec Israël et les païens, l’Église est conviée à se désaltérer à la fontaine de vie, au calice de l’eucharistie.

Dans le paysage en arrière-plan, on reconnaît mille et un détails réalistes de l’époque des frères Van Eyck (Hubert et Jan) : les clochers, les villes, les plantes, les passants sur le chemin, les forêts renvoient au monde connu des Gantois, ainsi qu’à l’immensité du monde à découvrir (cf. les espèces végétales non européennes).

Le retable replié fait apparaître le « Oui » de Marie à l’Annonciation : l’écart  extrême entre l’acceptation d’une jeune femme de la Palestine occupée par les Romains et l’ouverture de la source de vie à toutes les nations qu’elle permet ainsi !

Cette magnifique méditation sur l’Apocalypse attire des centaines de milliers de touristes à Gand chaque année. Le reste de la ville mérite d’ailleurs largement le détour.

Que l’Agneau mystique nous fasse également faire ce détour par l’Apocalypse, pour nous dévoiler (c’est le sens du mot Apocalypse) le sens ultime de notre marche à travers « la grande épreuve »

 

 

1ère lecture : L’Évangile annoncé aux païens (Ac 13, 14.43-52)
Lecture du livre des Actes des Apôtres

Paul et Barnabé étaient arrivés à Antioche de Pisidie. Le Jour du sabbat, ils entrèrent à la synagoque. Quand l’assemblée se sépara, beaucoup de Juifs et de convertis au judaïsme les suivirent. Paul et Barnabé, parlant avec eux, les encourageaient à rester fidèles à la grâce de Dieu. Le sabbat suivant, presque toute la ville se rassembla pour entendre la parole du Seigneur. Quand les Juifs virent tant de monde, ils furent remplis de fureur ; ils repoussaient les affirmations de Paul avec des injures. Paul et Barnabé leur déclarèrent avec assurance : « C’est à vous d’abord qu’il fallait adresser la parole de Dieu. Puisque vous la rejetez et que vous-mêmes ne vous jugez pas dignes de la vie éternelle, eh bien ! nous nous tournons vers les païens. C’est le commandement que le Seigneur nous a donné : J’ai fait de toi la lumière des nations pour que, grâce à toi, le salut parvienne jusqu’aux extrémités de la terre. En entendant cela, les païens étaient dans la joie et rendaient gloire à la parole du Seigneur ; tous ceux que Dieu avait préparés pour la vie éternelle devinrent croyants. Ainsi la parole du Seigneur se répandait dans toute la région. Mais les Juifs entraînèrent les dames influentes converties au judaïsme, ainsi que les notables de la ville ; ils provoquèrent des poursuites contre Paul et Barnabé, et les expulsèrent de leur territoire. Ceux-ci secouèrent contre eux la poussière de leurs pieds et se rendirent à Iconium, tandis que les disciples étaient pleins de joie dans l’Esprit Saint.

Psaume : Ps 99, 1-2, 3, 5
R/ Tu nous guideras aux sentiers de vie, tu nous ouvriras ta maison, Seigneur.

Acclamez le Seigneur, terre entière,
servez le Seigneur dans l’allégresse,
venez à lui avec des chants de joie ! 

Reconnaissez que le Seigneur est Dieu : 
il nous a faits, et nous sommes à lui, 
nous, son peuple, son troupeau. 

Oui, le Seigneur est bon, 
éternel est son amour, 
sa fidélité demeure d’âge en âge.

2ème lecture : La joie éternelle des rachetés (Ap 7, 9.14b-17)
Lecture de l’Apocalypse de saint Jean
Moi, Jean, j’ai vu une foule immense, que nul ne pouvait dénombrer, une foule de toutes nations, races, peuples et langues. Ils se tenaient debout devant le Trône et devant l’Agneau, en vêtements blancs, avec des palmes à la main. L’un des Anciens me dit :« Ils viennent de la grande épreuve ; ils ont lavé leurs vêtements, ils les ont purifiés dans le sang de l’Agneau. C’est pourquoi ils se tiennent devant le trône de Dieu, et le servent jour et nuit dans son temple. Celui qui siège sur le Trône habitera parmi eux. Ils n’auront plus faim, ils n’auront plus soif,la brûlure du soleil ne les accablera plus, puisque l’Agneau qui se tient au milieu du Trône sera leur pasteur pour les conduire vers les eaux de la source de vie. Et Dieu essuiera toute larme de leurs yeux. »

Evangile : Le Bon Pasteur donne la Vie à ses brebis (Jn 10, 27-30)
Acclamation : Alléluia. Alléluia. Jésus, le bon Pasteur, connaît ses brebis et ses brebis le connaissent : pour elles il a donné sa vie. Alléluia. (cf. Jn 10, 14-15)
Évangile de Jésus Christ selon saint Jean

Jésus avait dit aux Juifs : « Je suis le Bon Pasteur (le vrai berger). » Il leur dit encore : « Mes brebis écoutent ma voix ; moi je les connais, et elles me suivent. Je leur donne la vie éternelle : jamais elles ne périront, personne ne les arrachera de ma main.
Mon Père, qui me les a données, est plus grand que tout, et personne ne peut rien arracher de la main du Père. Le Père et moi, nous sommes UN. » 
Patrick BRAUD

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