L'homélie du dimanche (prochain)

26 décembre 2009

Familles, je vous aime ?

Classé sous Communauté spirituelle — lhomeliedudimanche @ 0 h 03 min

Familles, je vous aime ?

 

Homélie de la fête de la sainte Famille / Année C

27/12/2009

 

Fêter la Sainte Famille à partir des textes de ce dimanche, et dans le contexte social des familles actuelles, cela relève d’une double gageure !

Regardez les familles dans ces textes :

- Anne était stérile ; ou du moins se croyait telle, comme tant de couples aujourd’hui qui ont du mal à avoir des enfants. Elle n’a eu Samuel que tardivement, sur le fil, après avoir supplié Dieu si longtemps. Du coup, elle reconnaît que Samuel – « Dieu exauce » – n’est pas à elle, n’est pas sa propriété : elle le donne au Seigneur, sans retour. Samuel sera élevé dans le temple de Silo, au service de Dieu. Voilà donc un couple qui souffre d’hypo-fécondité, et qui pourtant abandonne son fils unique loin de la cellule familiale…

- Saint Jean lui, dans la deuxième lecture, nous affirme que nous sommes enfants de Dieu, de sa famille donc. Sacrée famille, qui se moque des liens du sang, puisque seuls les liens du baptême comptent !

- L’Évangile nous montre une famille encore plus étrange : Marie, vierge – mère, avec son compagnon Joseph, et le jeune Jésus de 12 ans. Cet épisode ressemble à une fugue à l’envers : ce sont les parents qui partent, et l’enfant qui reste. Mais ce faisant, l’enfant prend le risque d’inquiéter ses parents en marquant en plus une troublante volonté d’autonomie, d’indépendance, voire de séparation. Jusqu’à réclamer une autre filiation que celle, naturelle, qu’on lui avait enseignée. « C’est chez mon Père – mon vrai Père, au temple de Jérusalem – que je dois être ». De quoi mettre en colère Marie et Joseph, ou du moins de quoi les angoisser, et faire de vifs reproches à leur fils.

Voilà donc une autre famille, atypique, confrontée à la première crise de croissance de leur enfant déjà adolescent.

nullDe quoi rassurer nos familles actuelles qui sont elles aussi bouleversées par les évolutions sociales !
Quelques chiffres pour vous rappeler l’ampleur des mutations en cours : 180 000 pactes civils de solidarité (PACS) ont été signé en 2009, pour environ 270 000 mariages (66 %). L’âge moyen du mariage est passé de 22 ans en 1975 à 29 ans aujourd’hui : à cause des études et de la recherche d’emploi, on se marie plus tard.

Les couples non mariés sont passés de 3 % vers 1970 à 22 % en 2006 ! Les divorces ont augmenté de même : de 40 000 divorces en 1970 à 130 000 par an actuellement  (50 % des mariages).

Du coup, les familles monoparentales – expression pudique qui recouvre en fait de grandes solitudes, et de grandes difficultés pour les femmes – sont nombreuses, plus exposées à la précarité et à la pauvreté que les autres… Les familles – en se recomposant – résistent plus ou moins bien à ces ruptures et ces nouvelles alliances.

On pourrait allonger le constat. La famille change, c’est sûr !

Sans qu’il y ait eu d’âge d’or, d’ailleurs, comme nous le montrent les textes bibliques très réalistes sur la complexité familiale.

 

Mais la bonne nouvelle, c’est la capacité de nos familles, d’hier et d’aujourd’hui, à assumer l’éducation de leurs enfants.

Beaucoup de parents, comme Anne, acceptent de ne pas posséder leurs fils, leur fille, et de les laisser aller à leur vocation, comme pour Samuel.

Beaucoup de familles sont capables d’aller au-delà des liens du sang pour recomposer de vraies solidarités.

Beaucoup de parents, comme Marie et Joseph, sont confrontés à de sérieuses difficultés dans l’éducation de leurs enfants. Pourtant, à travers reproches, angoisse, et parfois colère, ils apprennent leur métier d’éducateur : accepter de ne pas tout comprendre, pas tout de suite, faire confiance à la puissance de vie que chaque enfant a en lui, rester disponible aux signes ultérieurs qui aideront l’enfant a trouver sa voie…

 

Pourquoi désespérer de nos familles, telles quels sont ?

 

L'arbre de Jessé, d'où est issu le ChristLa Bible regorge de généalogies mélangées, d’histoires familiale tordues, de séparations et de ruptures, jusque dans la propre histoire familiale de Jésus. Et pourtant Dieu ne cesse pas d’agir à travers tout cela ; et pourtant des rois sont issus d’adultères, des prophètes d’unions polygames, des prêtres de fratries sanglantes…

Jésus lui-même a dans ses ancêtres des assassins, des prostituées, des adultères, des incestueux (cf. Matthieu 1, 1-16) : lui, le fils de David, assume cette histoire compliquée et douloureuse, confiant en la puissance de l’Esprit qui lui fera porter le Messie d’Israël…

 


Fêtons donc la Sainte Famille, non pas avec la nostalgie d’un âge d’or familial qui n’a jamais existé, mais avec la confiance de Marie qui croit en son fils qu’elle a pourtant tant de mal à comprendre…

 

 

 

 

1ère lecture : L’enfant donné par le Seigneur (1 S 1, 20-22.24-28)

Lecture du premier livre de Samuel

Le temps venu, Anne conçut et mit au monde un fils ; elle lui donna le nom de Samuel (c’est-à-dire : Dieu exauce) car, disait-elle : « Je l’ai demandé au Seigneur. »
Elcana, son mari, monta au sanctuaire avec toute sa famille pour offrir au Seigneur le sacrifice habituel et celui du voeu pour la naissance de l’enfant.
Anne, elle, n’y monta pas. Elle dit à son mari : « Quand l’enfant sera sevré, je l’emmènerai : il sera présenté au Seigneur, et il restera là pour toujours. »
Lorsque Samuel eut été sevré, Anne, sa mère, le conduisit à la maison du Seigneur, à Silo ; elle avait pris avec elle un taureau de trois ans, un sac de farine et une outre de vin.
On offrit le taureau en sacrifice, et on présenta l’enfant au prêtre Éli.
Anne lui dit alors : « Écoute-moi, mon seigneur, je t’en prie ! Aussi vrai que tu es vivant, je suis cette femme qui se tenait ici près de toi en priant le Seigneur.
C’est pour obtenir cet enfant que je priais, et le Seigneur me l’a donné en réponse à ma demande.
A mon tour je le donne au Seigneur. Il demeurera donné au Seigneur tous les jours de sa vie. » Alors ils se prosternèrent devant le Seigneur.

 

Psaume : 83, 3, 4, 5-6, 9-10

R/ Seigneur, en ta demeure, toute paix, toute joie !

Mon âme s’épuise à désirer
les parvis du Seigneur ;
mon coeur et ma chair sont un cri

vers le Dieu vivant ! 

L’oiseau lui-même s’est trouvé une maison,
et l’hirondelle, un nid :
tes autels, Seigneur de l’univers,
mon Roi et mon Dieu !

Heureux les habitants de ta maison :
ils pourront te chanter encore !
Heureux les hommes dont tu es la force :
des chemins s’ouvrent dans leur coeur !

Seigneur, Dieu de l’univers, entends ma prière ;
écoute, Dieu de Jacob.
Dieu, vois notre bouclier,
regarde le visage de ton messie.

2ème lecture : Dieu fait de nous ses enfants (1 Jn 3, 1-2.21-24)

Lecture de la première lettre de saint Jean

Mes bien-aimés, voyez comme il est grand, l’amour dont le Père nous a comblés :il a voulu que nous soyons appelés enfants de Dieu- et nous le sommes. Voilà pourquoi le monde ne peut pas nous connaître : puisqu’il n’a pas découvert Dieu.
Bien-aimés, dès maintenant, nous sommes enfants de Dieu, mais ce que nous serons ne paraît pas encore clairement. Nous le savons : lorsque le Fils de Dieu paraîtra, nous serons semblables à lui parce que nous le verrons tel qu’il est.

Mes bien-aimés,si notre coeur ne nous accuse pas,nous nous tenons avec assurance devant Dieu.
Tout ce que nous demandons à Dieu, il nous l’accorde, parce que nous sommes fidèles à ses commandements, et que nous faisons ce qui lui plaît.
Or, voici son commandement :avoir foi en son Fils Jésus Christ, et nous aimer les uns les autresc omme il nous l’a commandé.
Et celui qui est fidèle à ses commandements demeure en Dieu, et Dieu en lui ; et nous reconnaissons qu’il demeure en nous, puisqu’il nous a donné son Esprit.

 

Evangile : Les parents de Jésus le retrouvent chez son Père (Lc 2, 41-52)

Évangile de Jésus Christ selon saint Luc

Chaque année, les parents de Jésus allaient à Jérusalem pour la fête de la Pâque.
Quand il eut douze ans, ils firent le pèlerinage suivant la coutume.
Comme ils s’en retournaient à la fin de la semaine, le jeune Jésus resta à Jérusalem sans que ses parents s’en aperçoivent.
Pensant qu’il était avec leurs compagnons de route, ils firent une journée de chemin avant de le chercher parmi leurs parents et connaissances.
Ne le trouvant pas, ils revinrent à Jérusalem en continuant à le chercher.
C’est au bout de trois jours qu’ils le trouvèrent dans le Temple, assis au milieu des docteurs de la Loi : il les écoutait et leur posait des questions,
et tous ceux qui l’entendaient s’extasiaient sur son intelligence et sur ses réponses.
En le voyant, ses parents furent stupéfaits, et sa mère lui dit : « Mon enfant, pourquoi nous as-tu fait cela ? Vois comme nous avons souffert en te cherchant, ton père et moi ! »
Il leur dit : « Comment se fait-il que vous m’ayez cherché ? Ne le saviez-vous pas ? C’est chez mon Père que je dois être. »
Mais ils ne comprirent pas ce qu’il leur disait.
Il descendit avec eux pour rentrer à Nazareth, et il leur était soumis. Sa mère gardait dans son coeur tous ces événements.
Quant à Jésus, il grandissait en sagesse, en taille et en grâce, sous le regard de Dieu et des hommes.
Patrick BRAUD

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23 décembre 2009

Noël : « On vous écrira… »

Classé sous Communauté spirituelle — lhomeliedudimanche @ 9 h 11 min

Noël : « On vous écrira… »

 

Homélie de la nuit de Noël / Année C

24/12/2009

 

« Il n’y avait pas de place pour eux dans la salle commune. »

 

Cette phrase de notre évangile de Noël est toujours d’une terrible actualité.

Quand Dieu vient nous visiter, il fait la cruelle expérience d’être « de trop », d’être celui pour qui il n’y a rien, aucune place de libre. « On vous écrira… »

null

Quand Dieu vient nous visiter, il commence par une mangeoire dans une étable, l’équivalent d’une tente rouge le long du canal saint Martin. Dieu SDF !

Exclu de la salle commune dès sa naissance, Jésus pourra ensuite tout au long de sa vie accueillir les exclus de la société de son époque : lépreux, prostituées, collaborateurs même… Comme quoi Dieu fait feu de tout bois pour nous aimer : même notre rejet devient pour lui tendresse envers les rejetés ; même notre exclusion devient en lui une fraternité avec les exclus ; même nos refus deviennent en Dieu la porte ouverte au refusés de nos sociétés : les bergers le soir de Noël, les isolés ou ceux qui ne trouvent pas de place dans notre société aujourd’hui.

 

Saint Jean en fera le constat désolé dans le prologue de son Évangile : « il est venu chez les siens et les siens ne l’ont pas reçu. Mais à tous ceux qui l’ont reçu, il a donné de pouvoir devenir enfants de Dieu ».

Voilà donc l’enjeu de cette nuit de Noël :

- accueillir l’enfant dont personne ne veut, et ainsi devenir nous-mêmes enfants de Dieu.

 -faire de la place à d’autres dans la salle commune, c’est-à-dire dans nos entreprises, nos associations, nos familles mêmes, et ainsi trouver notre propre place dans le coeur de Dieu.

- remuer ciel et terre pour qu’une famille ne soit plus obligée de dormir dans des conditions indignes, et ainsi entrer dans la famille de Dieu…

 

« Il n’y avait pas de place pour eux dans la salle commune ».

Notre évangile de Noël est finalement très politique : il nous parle de vie commune, de recherche d’un logement, de nomades à l’écart du village, de recensement orgueilleux par un pouvoir en fait fragile…

Le christianisme n’est décidément pas une affaire privée !

La joie de Noël est dès l’origine destinée à se manifester sur la place publique :

- grâce à l’enfant de la crèche, ceux qui ne savent plus où crécher reprennent espoir ;

- à cause du bébé sur la paille, ceux qui sont bien au chaud vont se laisser attendrir et laisser une place à ceux qui en cherchent.

- devant Marie, jeune accouchée anonyme mise à l’écart, comment ne pas s’engager pour toutes ces femmes qui aujourd’hui encore donnent naissance et élèvent leurs enfants avec toutes les peines du monde, dans la précarité ?

 

L’immense espérance de Noël, l’espérance politique de cette fête de la Nativité, c’est que « la pierre rejetée par les bâtisseurs est devenue la pierre d’angle », selon la parole du psaume.

Oui : il est possible de bâtir la vie commune avec et à partir des exclus.

Oui : tout homme rejeté par les siens peut trouver en Jésus un frère, sans haine ni vengeance.

Oui : l’exclusion n’est pas une fatalité; que ce soit celle du chômage ou de la séparation familiale, en Jésus, Dieu vient endosser nos ruptures, nos rejets, nos refus, pour qu’ils n’aient pas le dernier mot.

Ce soir notre réconciliation nous est offerte : « paix sur la terre aux hommes qu’il aime ».

 

Fêtons Noël en promettant de nous battre pour qu’il y ait désormais de la place pour un enfant et sa famille dans la salle commune…

 

 

1ère lecture : Le prince de la paix (Is 9, 1-6)

Lecture du livre d’Isaïe

Le peuple qui marchait dans les ténèbres a vu se lever une grande lumière ; sur ceux qui habitaient le pays de l’ombre, une lumière a resplendi.
Tu as prodigué l’allégresse, tu as fait grandir la joie : ils se réjouissent devant toi comme on se réjouit en faisant la moisson, comme on exulte en partageant les dépouilles des vaincus.
Car le joug qui pesait sur eux, le bâton qui meurtrissait leurs épaules, le fouet du chef de corvée, tu les as brisés comme au jour de la victoire sur Madiane.
Toutes les chaussures des soldats qui piétinaient bruyamment le sol, tous leurs manteaux couverts de sang, les voilà brûlés : le feu les a dévorés.
Oui ! un enfant nous est né, un fils nous a été donné ; l’insigne du pouvoir est sur son épaule ; on proclame son nom : « Merveilleux-Conseiller, Dieu-Fort,Père-à-jamais, Prince-de-la-Paix ».
Ainsi le pouvoir s’étendra, la paix sera sans fin pour David et pour son royaume. Il sera solidement établi sur le droit et la justice dès maintenant et pour toujours. Voilà ce que fait l’amour invincible du Seigneur de l’univers.

 

Psaume : 95, 1-2a, 2b-3, 11-12a, 12b-13a.c

R/ Aujourd’hui, un Sauveur nous est né :
c’est le Christ, le Seigneur.

Chantez au Seigneur un chant nouveau,
chantez au Seigneur, terre entière,
chantez au Seigneur et bénissez son nom !

De jour en jour, proclamez son salut,
racontez à tous les peuples sa gloire,
à toutes les nations ses merveilles !

Joie au ciel ! Exulte la terre !
Les masses de la mer mugissent,
la campagne tout entière est en fête.

Les arbres des forêts dansent de joie
devant la face du Seigneur, car il vient,
pour gouverner le monde avec justice.

 

2ème lecture : La grâce de Dieu s’est manifestée (Tt 2, 11-14)

Lecture de la lettre de saint Paul Apôtre à Tite

La grâce de Dieu s’est manifestée pour le salut de tous les hommes.
C’est elle qui nous apprend à rejeter le péché et les passions d’ici-bas, pour vivre dans le monde présent en hommes raisonnable, justes et religieux,
et pour attendre le bonheur que nous espérons avoir quand se manifestera la gloire de Jésus Christ, notre grand Dieu et notre Sauveur.
Car il s’est donné pour nous afin de nous racheter de toutes nos fautes, et de nous purifier pour faire de nous son peuple, un peuple ardent à faire le bien


Evangile : Naissance de Jésus (Lc 2, 1-14)

Évangile de Jésus Christ selon saint Luc

En ces jours-là, parut un édit de l’empereur Auguste, ordonnant de recenser toute la terre ? ce premier recensement eut lieu lorsque Quirinius était gouverneur de Syrie. ?
Et chacun allait se faire inscrire dans sa ville d’origine.
Joseph, lui aussi, quitta la ville de Nazareth en Galilée, pour monter en Judée, à la ville de David appelée Bethléem, car il était de la maison et de la descendance de David.
Il venait se faire inscrire avec Marie, son épouse, qui était enceinte.
Or, pendant qu’ils étaient là, arrivèrent les jours où elle devait enfanter.
Et elle mit au monde son fils premier-né ; elle l’emmaillota et le coucha dans une mangeoire, car il n’y avait pas de place pour eux dans la salle commune.
Dans les environs se trouvaient des bergers qui passaient la nuit dans les champs pour garder leurs troupeaux.
L’ange du Seigneur s’approcha, et la gloire du Seigneur les enveloppa de sa lumière. Ils furent saisis d’une grande crainte,
mais l’ange leur dit : « Ne craignez pas, car voici que je viens vous annoncer une bonne nouvelle, une grande joie pour tout le peuple :
Aujourd’hui vous est né un Sauveur, dans la ville de David. Il est le Messie, le Seigneur.
Et voilà le signe qui vous est donné : vous trouverez un nouveau-né emmailloté et couché dans une mangeoire. »
Et soudain, il y eut avec l’ange une troupe céleste innombrable, qui louait Dieu en disant :
« Gloire à Dieu au plus haut des cieux, et paix sur la terre aux hommes qu’il aime. »

 

Patrick BRAUD
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