L'homélie du dimanche (prochain)

20 décembre 2020

Noël : La contagion du Verbe

Classé sous Communauté spirituelle — lhomeliedudimanche @ 12 h 30 min

Noël : La contagion du Verbe

Homélie de Noël / Année B
25/12/2020

Cf. également :

Y aura-t-il du neuf à Noël ?
Noël : évangéliser le païen en nous
Tenir conte de Noël
Noël : solstices en tous genres
Noël : Il n’y avait pas de place pour eux dans la salle commune…
Noël : la trêve des braves
Noël : croyance dure ou croyance molle ?
Le potlatch de Noël
La bienveillance de Noël
Noël « numérique », version réseaux sociaux…
Noël : « On vous écrira… »
Enfanter le Verbe en nous…

Le corps est langage

Une vidéo a été vue plus de 2 millions de fois sur YouTube : on y voit une ancienne ballerine espagnole, maintenant âgée, en fauteuil roulant, dans une maison de retraite. Alors que résonnent les premières notes du « Lac des cygnes » de Tchaïkovski, Marta Cinta s’illumine lentement. Elle tente d’abord d’esquisser quelques mouvements, puis renonce, se décourage. Finalement elle se reprend, et dessine de ses mains la chorégraphie du ballet de Tchaïkovski, pendant plusieurs minutes, avec une grâce et une minutie saisissantes…

Le corps a sa mémoire ! Le corps humain parle à sa manière. Notre chair se souvient, frémit d’angoisse ou de joie, exprime ses émotions dans un langage paraverbal très riche en messages pour les autres comme pour nous-même. Eh bien !, à Noël, on peut dire que notre vieille humanité, souvent immobilisée comme la ballerine âgée, reçoit du Verbe fait chair la capacité de se mettre en mouvement, de faire parler son corps et danser ses émotions !

Depuis le mois de mars, nous mesurons mieux comment la propagation d’une petite chose comme le Coronavirus peut en circulant modifier les modes de vie des humains sur notre planète. Nous l’avions entendu dire à propos de la grande peste d’Occident au XIV° siècle ; nos grands-parents nous avaient raconté la grippe espagnole de 1918 et ses millions de morts. Mais là nous revivons cette tragique réalité : en nous contaminant mutuellement nous propageons l’épidémie à tous à une vitesse incroyable. L’allégement du confinement depuis le 15 décembre ne doit pas nous illusionner : c’est la permission du moment, pour fêter Noël et le nouvel an, mais après, la troisième vague pourrait bien déferler de nouveau…

En cette nuit de Noël, nous fêtons un Dieu qui est à l’exact opposé de cette pandémie. Lui, le Verbe fait chair, a initié en ce monde une propagation bien plus efficace que celle de la Covid : la contagion du Verbe, la contamination du bien. La circulation du virus peut nous aider en négatif à mieux comprendre comment cette toute petite chose dans la paille de l’auberge de Bethléem continue à transformer le monde mieux que le meilleur des antivirus.

 

Le Logos fait parler

En désignant Jésus comme le Verbe de Dieu, l’évangéliste Jean utilise le mot grec Logos, qui signifie parole mais aussi raison (rationalité). La plupart des sciences humaines intègrent le Logos comme suffixe : sociologie, anthropologie, philologie, théologie, sémiologie, criminologie etc. Le Logos est là dès qu’il s’agit d’élaborer un discours rationnel sur un phénomène, ce qu’on appelle une science. Le Logos est par excellence ce qui fait parler, ce par quoi l’on parle. D’ailleurs, en français, quand quelqu’un est intarissable au point de ne pas pouvoir s’arrêter de parler, on dit qu’il est atteint de logorrhée, sorte de diarrhée verbale.

Appeler Logos le bébé de la crèche est un oxymore, puisque l’enfant (en latin in-fans) désigne justement celui qui ne peut pas parler. Le nouveau-né ne peut que crier, pleurer et pousser quelques soupirs de satisfaction après avoir tété. Mais cet enfant-là est le Verbe fait chair. Avec lui, toute chair se met à parler. Écoutez : il y a comme une réaction en chaîne avec cette naissance ! Les anges toujours exubérants chantent le Gloria à tue-tête mieux que dans une pastorale des santons de Provence. Les bergers, ces analphabètes qu’on n’écoute jamais, se parlent et vont s’émerveiller devant la mangeoire où ils chuchoteront leur étonnement ravi. Les mages se mettent en route car ils ont su faire parler le signe d’une étoile dans le ciel. Même les vieux textes prophétiques se mettent à parler ! La prophétie de Malachie sur Bethléem s’accomplit, et tous les passages parlant du Messie, de la Genèse aux derniers prophètes en passant par les psaumes, convergent soudain vers Jésus. Quand les événements deviennent des signes (mages), quand les plus pauvres osent prendre la parole (bergers), quand les textes deviennent limpides pour éclairer l’actualité (Malachie), quand une autre musique se fait entendre venue d’ailleurs (anges), alors le Verbe prend chair dans nos vies, aujourd’hui comme à Noël.

Oui, ce Logos fait parler : la louange des anges, l’émerveillement des bergers, l’offrande des mages, le sens des textes. Voilà bien une première bonne nouvelle de Noël : le Verbe s’est fait chair pour que notre chair puisse parler ! Et Dieu sait que notre corps a des choses à dire, il une mémoire à exprimer. Tout notre être est fait pour communiquer, entrer en relation. Alors que le confinement nous entraîne à la solitude, voire à l’isolement pour certains, en tout cas au repli sur soi, la naissance de cette nuit nous redit que nous sommes faits pour parler, toucher, nous confier, nous abandonner.

Pour être honnête, il faut également mentionner que le Verbe incarné fait parler les forces du mal dont les accusations se déchaînèrent contre l’humble Messie de Bethléem. Hérode interroge les mages pour supprimer son rival potentiel. Les aubergistes de Bethléem refusent de faire de la place à ce couple étranger descendant de Nazareth. Demain, les puissants, les autorités politiques et religieuses, la foule, les possédés vociféreront contre ce Messie devant lequel décidément on ne peut pas se taire (sauf peut-être Marie « qui médite toutes ces choses en son cœur »).

À Noël, le Verbe de Dieu a pris chair de notre chair pour que notre chair apprenne à parler comme Dieu…

 

Les antis gestes barrières

À bien y regarder, Noël manifeste un Dieu assez rebelle aux mesures anti-Covid qui nous contraignent depuis le mois de mars !

 

- Bas les masques !

La venue de cet enfant démasque la folie politique d’Hérode, la démesure (hybris) de son désir de pouvoir. Par contre, le vrai visage des bergers est révélé, non plus nomades marginaux peu considérés, mais les premiers à se réjouir et à reconnaître le Messie. Il en est ainsi pour tous les protagonistes des récits de Noël : le visage exposé, vulnérable, sans fard, du nouveau-né incarnant la présence divine bouleverse les stratégies et les apparences. Les masques tombent : chacun est révélé à lui-même ou aux autres tel qu’il est, sans les étiquettes habituelles.

 

- Le Tout-proche

Vous vous souvenez de ce désastreux slogan officiel : « quand on aime ses proches, on ne s’approche pas trop ».

Le gouvernement a remis le couvert pour Noël avec une publicité où une petite fille éloigne deux Pères Noël trop proches sur la bûche du réveillon…

On comprend la visée sanitaire de cette fameuse distanciation sociale en temps de virus. Mais elle induit à la longue une sorte de méfiance envers la proximité, le contact, le toucher, l’intimité. Une amie célibataire me confiait qu’elle prenait rendez-vous avec son kiné en période de confinement sans autre motif que la nécessité pour elle d’avoir quelqu’un qui la touche, la manipule, lui assure par ce contact physique qu’elle était vivante. À la différence des cartes bancaires, nous ne sommes pas faits pour le sans contact ! C’est inhumain. L’enfant de Noël, lui, se laisse langer, allaiter, manipuler, trimbaler sur le dos de sa mère ou sur l’âne de Joseph.

 

- S’exposer à l’infect

Noël : La contagion du Verbe dans Communauté spirituelle Jesus-Christ-guerit-dix-lepreuxMalgré le risque de contamination dû au péché humain, le Verbe de Dieu n’a pas peur de plonger au plus bas de notre condition. Exposé dès sa naissance au rejet, à l’exclusion, à la persécution (fuite en Égypte), il continuera demain en se rangeant parmi la file des pécheurs au Jourdain, en acceptant de toucher les lépreux, de frayer avec les miséreux, de guérir les handicapés. Pire encore, il sera lui-même assimilé à une ordure en étant condamné au châtiment de la croix, en compagnie de deux criminels avérés.

Pendant l’épidémie, on nous répète à l’envie qu’il nous faut tout désinfecter régulièrement. Entre deux clients au restaurant, le serveur doit désinfecter tables et couverts. Dans les bureaux, poignées de portes, open space et photocopieurs sont nettoyés chaque jour etc. Le risque serait de finir par croire qu’un isolement aseptisé vaut mieux qu’une vie exposée. Jésus a toujours voulu rejoindre ceux qui étaient au plus bas, jusqu’à faire corps avec eux dans leur infection, c’est-à-dire ce qui les rendait infectés et infects aux yeux de leurs contemporains. Les Évangiles grouillent de ces Cours des miracles où Jésus aimait rencontrer ceux qui ne comptaient plus pour la société. Pendant les grandes épidémies, des saints et des saintes admirables ont préféré risquer leur vie plutôt que de laisser des malades seuls et abandonnés.

Noël c’est aussi cela : toucher l’infect, communier avec les indésirables.

 

- Ne pas s’en laver les mains

Le gel hydroalcoolique est devenu un compagnon de toutes nos activités. Se laver les mains avant de rentrer dans un commerce, avant de saisir un objet etc. devient une habitude. Or, si elle s’installait, cette préoccupation de l’hygiène pourrait devenir obsessionnelle, voire compulsive. On se souvient que Pilate a immortalisé ce geste en voulant ainsi se dédouaner de la mort de Jésus. Le bois de la mangeoire de Bethléem dans laquelle dort l’enfant annonce le bois de la Croix du Golgotha sur lequel s’endort le Christ dans la mort. Personne ne peut s’en laver les mains. Il n’y a pas de gel hydroalcoolique pour la responsabilité spirituelle ! À nous d’assumer les conséquences de nos actes, de Noël au Vendredi saint, face à l’enfant sur la paille, face au bandit traité comme un sous-homme.

 

- Pas de jauge de 8 m² !

Le propre de Dieu est de « rassembler dans l’unité ses enfants dispersés » (Jn 11,52). Le mot communion est un synonyme de la divinité en christianisme : communion trinitaire, communion ecclésiale, communion universelle. L’Eglise est par nature l’assemblée convoquée où chacun répond à l’appel de Dieu sans choisir son voisin. Impossible de restreindre l’entrée à quelques-uns seulement ! Impossible de se contenter de petits groupes (les JMJ l’ont démontré !). Impossible de ne pas se réunir à plusieurs. Les martyrs chrétiens des premiers siècles ont donné leur vie pour participer au dominicum = rassemblement du dimanche sans lequel il disait ne pas pouvoir vivre.

 

Noël, ou l’anti-confinement

creche01On le voit : Noël conteste radicalement les gestes barrières, les seuils de rassemblement, les obsessions hygiénistes, la trop célèbre distanciation sociale. Cela ne veut pas dire qu’il faudrait désobéir aux mesures de confinement/déconfinement ! Fêter Noël nous aide à ne pas nous habituer à cet état d’urgence un temps nécessaire : si le Verbe de Dieu a voulu naître d’une femme, fréquenter les pécheurs, toucher les lépreux, recevoir l’onction de Marie-Madeleine, s’étendre sur le bois de la croix, c’est pour nous ouvrir un chemin de communion avec Dieu, avec nous-même, avec les autres, avec le monde créé.

Laissons-nous donc toucher dans notre humanité par tout ce qui affecte nos proches.

La place manque pour examiner ce que la stratégie prônée par l’OMS : tester / isoler et tracer / soigner peut nous dire de la stratégie de Dieu à notre égard. On devine que la première étape : tester, fera plutôt référence à notre capacité personnelle d’autoévaluation spirituelle (discernement, accompagnement). La deuxième étape : isoler et tracer, est quant à elle radicalement contestée par la volonté de salut qui pousse Dieu justement à ne pas isoler le pécheur. La troisième étape : soigner, est bien sûre cohérente avec cette même volonté de salut : pardonner, réconcilier, libérer du mal.

La seule mesure à garder serait peut-être l’aération régulière des pièces ! Contre la Covid, cela permet de chasser le virus. Dans une vie chrétienne, cela permet de laisser l’Esprit renouveler régulièrement notre manière de voir et de penser. Ouvrons tout grand nos fenêtres au souffle de l’Esprit pour chasser de nos vies les miasmes de l’isolement et du repli !

Face à la pandémie, notre réel espoir est dans les vaccins que les labos développent en y mettant le paquet. Face à la contagion de la solitude, de la dépression morale et économique, notre réelle espérance est la fraternité inconditionnelle que cet enfant apporte au monde. Le vaccin de la fraternité nous préservera du repli, du déclin. Plutôt que de nous habituer aux horizons rétrécis du confinement, apprenons avec Noël à dilater notre cœur aux dimensions divines.

Cette nuit, le Verbe de Dieu s’est fait chair, pour que notre chair puisse parler !

 

 

MESSE DE LA NUIT

PREMIÈRE LECTURE
« Un enfant nous est né » (Is 9, 1-6)

Lecture du livre du prophète Isaïe
Le peuple qui marchait dans les ténèbres a vu se lever une grande lumière ; et sur les habitants du pays de l’ombre, une lumière a resplendi. Tu as prodigué la joie, tu as fait grandir l’allégresse : ils se réjouissent devant toi, comme on se réjouit de la moisson, comme on exulte au partage du butin. Car le joug qui pesait sur lui, la barre qui meurtrissait son épaule, le bâton du tyran, tu les as brisés comme au jour de Madiane. Et les bottes qui frappaient le sol, et les manteaux couverts de sang, les voilà tous brûlés : le feu les a dévorés.
Oui, un enfant nous est né, un fils nous a été donné ! Sur son épaule est le signe du pouvoir ; son nom est proclamé : « Conseiller-merveilleux, Dieu-Fort, Père-à-jamais, Prince-de-la-Paix. » Et le pouvoir s’étendra, et la paix sera sans fin pour le trône de David et pour son règne qu’il établira, qu’il affermira sur le droit et la justice dès maintenant et pour toujours. Il fera cela, l’amour jaloux du Seigneur de l’univers !

PSAUME
(Ps 95 (96), 1-2a, 2b-3, 11-12a, 12b-13a, 13bc)
R/ Aujourd’hui, un Sauveur nous est né : ’est le Christ, le Seigneur.
 (cf. Lc 2, 11)

Chantez au Seigneur un chant nouveau,
chantez au Seigneur, terre entière,
chantez au Seigneur et bénissez son nom !

De jour en jour, proclamez son salut,
racontez à tous les peuples sa gloire,
à toutes les nations ses merveilles !

Joie au ciel ! Exulte la terre !
Les masses de la mer mugissent,
la campagne tout entière est en fête.

Les arbres des forêts dansent de joie
devant la face du Seigneur, car il vient,
car il vient pour juger la terre.

Il jugera le monde avec justice
et les peuples selon sa vérité.

DEUXIÈME LECTURE
« La grâce de Dieu s’est manifestée pour tous les hommes » (Tt 2, 11-14)

Lecture de la lettre de saint Paul apôtre à Tite

Bien-aimé, la grâce de Dieu s’est manifestée pour le salut de tous les hommes. Elle nous apprend à renoncer à l’impiété et aux convoitises de ce monde, et à vivre dans le temps présent de manière raisonnable, avec justice et piété, attendant que se réalise la bienheureuse espérance : la manifestation de la gloire de notre grand Dieu et Sauveur, Jésus Christ. Car il s’est donné pour nous afin de nous racheter de toutes nos fautes, et de nous purifier pour faire de nous son peuple, un peuple ardent à faire le bien.

ÉVANGILE
« Aujourd’hui vous est né un Sauveur » (Lc 2, 1-14)
Alléluia. Alléluia.
Je vous annonce une grande joie : Aujourd’hui vous est né un Sauveur qui est le Christ, le Seigneur ! Alléluia. (cf. Lc 2, 10-11)

Évangile de Jésus Christ selon saint Luc

 En ces jours-là, parut un édit de l’empereur Auguste, ordonnant de recenser toute la terre – ce premier recensement eut lieu lorsque Quirinius était gouverneur de Syrie. Et tous allaient se faire recenser, chacun dans sa ville d’origine. Joseph, lui aussi, monta de Galilée, depuis la ville de Nazareth, vers la Judée, jusqu’à la ville de David appelée Bethléem. Il était en effet de la maison et de la lignée de David. Il venait se faire recenser avec Marie, qui lui avait été accordée en mariage et qui était enceinte.
Or, pendant qu’ils étaient là, le temps où elle devait enfanter fut accompli. Et elle mit au monde son fils premier-né ; elle l’emmaillota et le coucha dans une mangeoire, car il n’y avait pas de place pour eux dans la salle commune. Dans la même région, il y avait des bergers qui vivaient dehors et passaient la nuit dans les champs pour garder leurs troupeaux. L’ange du Seigneur se présenta devant eux, et la gloire du Seigneur les enveloppa de sa lumière. Ils furent saisis d’une grande crainte. Alors l’ange leur dit : « Ne craignez pas, car voici que je vous annonce une bonne nouvelle, qui sera une grande joie pour tout le peuple : Aujourd’hui, dans la ville de David, vous est né un Sauveur qui est le Christ, le Seigneur. Et voici le signe qui vous est donné : vous trouverez un nouveau-né emmailloté et couché dans une mangeoire. » Et soudain, il y eut avec l’ange une troupe céleste innombrable, qui louait Dieu en disant : « Gloire à Dieu au plus haut des cieux, et paix sur la terre aux hommes, qu’Il aime. »
Patrick Braud

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22 décembre 2019

Y aura-t-il du neuf à Noël ?

Classé sous Communauté spirituelle — lhomeliedudimanche @ 12 h 30 min

Y aura-t-il du neuf à Noël ?

Homélie de Noël / Année A
24/12/2019

Cf. également :

Noël : évangéliser le païen en nous
Tenir conte de Noël
Noël : solstices en tous genres
Noël : Il n’y avait pas de place pour eux dans la salle commune…
Noël : la trêve des braves
Noël : croyance dure ou croyance molle ?
Le potlatch de Noël
La bienveillance de Noël
Noël « numérique », version réseaux sociaux…
Noël : « On vous écrira… »
Enfanter le Verbe en nous…

Y aura t-il de la neige à Noël ?

Y aura-t-il du neuf à Noël ?

Evidemment, on aurait plutôt tendance à se demander en cette période de grève : y aura-t-il des trains à Noël et après…?
Mais ce titre vous fera peut-être penser également à ce film inclassable sorti en 1996 qui a eu un joli succès – et inattendu – aussi bien auprès du public que de la critique (prix Louis Delluc, César de la meilleure première œuvre) : « Y aura-t-il de la neige à Noël ? » On y suit de près une famille éclatée dans une ferme isolée, près d’Avignon. Une mère courageuse y élève ses  sept enfants dans le dénuement et sous la menace constante de son mari, qui pourtant l’a officiellement quittée pour aller vivre avec une autre dont il a également deux enfants. Le quotidien des travaux agricoles s’égrène au fil des saisons, dur, sans fin, épuisant. Le père est là presque chaque jour, et sa violence – voire pire – est redoutée par la mère et ses enfants. La famille est un peu perdue, à l’image de la scène initiale où ils jouent au labyrinthe à travers les meules de foin. Mais la longue scène finale du réveillon ouvre sur un possible avenir différent, peut-être grâce aux flocons de neige qui tombent miraculeusement à Noël et qui symbolisent le renouveau inespéré.

Et vous, y aura-t-il de la neige dans votre Noël ? C’est-à-dire : y aura-t-il du neuf à partir de là ? Ou n’est-ce qu’une parenthèse convenue qui finalement ne changera rien à votre existence ?

Tout dépend de la façon dont vous aurez vécu ce Noël 2019.

Si c’était pour vous un Noël plus sobre que les autres, alors la sobriété de vie peut devenir une sagesse que vous aurez envie de mettre en œuvre : moins d’achats, moins d’accumulation, une concentration sur l’essentiel et pas sur l’accessoire, une auto-limitation pour ne pas être esclave de ses appétits multiples…
La fidélité à l’enfant né sur la paille peut passer par là.

Si vous avez fêté un Noël solidaire, par exemple avec un réveillon style Secours catholique ou Restos du cœur partagé avec des gens plus pauvres que vous, alors la solidarité sera peut-être un de vos fils rouges pour l’année à venir. Prendre de nouveaux engagements, se tenir à ceux qui sont déjà pris  mais en s’y investissant vraiment, ou rejoindre un collectif pour un combat qui vous tient à cœur : les pistes ne manquent pas pour donner de son temps, de son énergie, de ses compétences au service des autres.
La fidélité à celui qui a voulu prendre notre chair peut passer par là.

Si vous avez eu un Noël essentiellement familial, ce qui est le cas de la majorité, alors pourquoi ne pas choisir d’investir davantage sur votre famille dans les mois qui viennent. Visites, mails, coups de fil, réconciliations, affection partagée… : il n’y a rien de moins naturel que l’harmonie familiale ! Tant de séparations, de rancœurs, d’incompréhensions voire de violence défigurent nos familles ! Raison de plus pour entretenir soigneusement cette harmonie malgré les différences et l’éloignement des « way of life » de chacun.
La fidélité à l’humble famille de Nazareth peut passer par là.

th_ophile_gautier_en_bd__1Si vous n’avez pas fêté Noël, par conviction peut-être (athée, musulmane, anticapitaliste…), alors vous saurez être attentif à tous ceux que les fêtes suivantes mettront hors-jeu socialement : la Fête des Mères ou des Pères pour ceux qui n’ont pas d’enfants ou plus de parents, la Saint Valentin pour les célibataires, les ponts du mois de mai pour ceux qui n’ont pas de congés etc.
Le respect du message altruiste contenu dans Noël, quelles que soient ses opinions, peut passer par là.

« Personne n’est tenu à l’écart de cette allégresse, car le même motif de joie est commun à tous. Notre Seigneur, chargé de détruire le péché et la mort, n’ayant trouvé personne qui en fût affranchi, est venu en affranchir tous les hommes. Que le saint exulte, car il approche du triomphe. Que le pécheur se réjouisse, car il est invité au pardon. Que le païen prenne courage, car il est appelé à la vie. » (Sermon de Saint Léon le Grand pour Noël)

Si vous avez loupé Noël par manque de temps (le boulot, les soucis : tout passe si vite et Noël est déjà fini sans l’avoir vu arriver), vous pourrez prendre la ferme résolution de ne plus vous laisser submerger par le quotidien, en vous ménageant des espaces pour prendre de la hauteur, des moments pour faire silence, des pauses pour respirer, des temps rien qu’à vous pour faire ce que vous aimez…
La fidélité aux mages de l’Épiphanie qui ont quitté leur pays pour voir l’enfant de la crèche peut passer par là.

La vraie magie de Noël opère lorsque effectivement du neuf surgit dans nos vies, lorsqu’une naissance nous travaille, au point d’infléchir notre course et de renouveler nos objectifs. La gueule de bois du lendemain de fête vient des excès ponctuels masquant mal nos déficits chroniques de sens. La reprise de la routine quotidienne, « comme si de rien n’était », referme la parenthèse et nous replonge en apnée jusqu’à la prochaine fête.

Fêtons donc Noël comme un point de départ, un commencement : si les flocons peuvent se mettre à tomber le jour de Noël pour réveiller l’espoir d’une famille dans la rudesse, isolée et menacée, ils pourront également blanchir nos lendemains de Noël pour revêtir de neuf les mois à venir…

Celui qui croit fera tomber la neige qui renouvellera son univers en l’habillant d’espérance.

MESSE DE LA NUIT

PREMIÈRE LECTURE
« Un enfant nous est né » (Is 9, 1-6)

Lecture du livre du prophète Isaïe

Le peuple qui marchait dans les ténèbres a vu se lever une grande lumière ; et sur les habitants du pays de l’ombre, une lumière a resplendi. Tu as prodigué la joie, tu as fait grandir l’allégresse : ils se réjouissent devant toi, comme on se réjouit de la moisson, comme on exulte au partage du butin. Car le joug qui pesait sur lui, la barre qui meurtrissait son épaule, le bâton du tyran, tu les as brisés comme au jour de Madiane. Et les bottes qui frappaient le sol, et les manteaux couverts de sang, les voilà tous brûlés : le feu les a dévorés.
Oui, un enfant nous est né, un fils nous a été donné ! Sur son épaule est le signe du pouvoir ; son nom est proclamé : « Conseiller-merveilleux, Dieu-Fort, Père-à-jamais, Prince-de-la-Paix. » Et le pouvoir s’étendra, et la paix sera sans fin pour le trône de David et pour son règne qu’il établira, qu’il affermira sur le droit et la justice dès maintenant et pour toujours. Il fera cela, l’amour jaloux du Seigneur de l’univers !

PSAUME

(Ps 95 (96), 1-2a, 2b-3, 11-12a, 12b-13a, 13bc)
R/ Aujourd’hui, un Sauveur nous est né : ’est le Christ, le Seigneur. (cf. Lc 2, 11)

Chantez au Seigneur un chant nouveau,
chantez au Seigneur, terre entière,
chantez au Seigneur et bénissez son nom !

De jour en jour, proclamez son salut,
racontez à tous les peuples sa gloire,
à toutes les nations ses merveilles !

Joie au ciel ! Exulte la terre !
Les masses de la mer mugissent,
la campagne tout entière est en fête.

Les arbres des forêts dansent de joie
devant la face du Seigneur, car il vient,
car il vient pour juger la terre.

Il jugera le monde avec justice
et les peuples selon sa vérité.

DEUXIÈME LECTURE

« La grâce de Dieu s’est manifestée pour tous les hommes » (Tt 2, 11-14)

Lecture de la lettre de saint Paul apôtre à Tite

Bien-aimé, la grâce de Dieu s’est manifestée pour le salut de tous les hommes. Elle nous apprend à renoncer à l’impiété et aux convoitises de ce monde, et à vivre dans le temps présent de manière raisonnable, avec justice et piété, attendant que se réalise la bienheureuse espérance : la manifestation de la gloire de notre grand Dieu et Sauveur, Jésus Christ. Car il s’est donné pour nous afin de nous racheter de toutes nos fautes, et de nous purifier pour faire de nous son peuple, un peuple ardent à faire le bien.

ÉVANGILE

« Aujourd’hui vous est né un Sauveur » (Lc 2, 1-14)
Alléluia. Alléluia.Je vous annonce une grande joie : Aujourd’hui vous est né un Sauveur qui est le Christ, le Seigneur ! Alléluia. (cf. Lc 2, 10-11)

Évangile de Jésus Christ selon saint Luc

 En ces jours-là, parut un édit de l’empereur Auguste, ordonnant de recenser toute la terre – ce premier recensement eut lieu lorsque Quirinius était gouverneur de Syrie. Et tous allaient se faire recenser, chacun dans sa ville d’origine. Joseph, lui aussi, monta de Galilée, depuis la ville de Nazareth, vers la Judée, jusqu’à la ville de David appelée Bethléem. Il était en effet de la maison et de la lignée de David. Il venait se faire recenser avec Marie, qui lui avait été accordée en mariage et qui était enceinte.
Or, pendant qu’ils étaient là, le temps où elle devait enfanter fut accompli. Et elle mit au monde son fils premier-né ; elle l’emmaillota et le coucha dans une mangeoire, car il n’y avait pas de place pour eux dans la salle commune. Dans la même région, il y avait des bergers qui vivaient dehors et passaient la nuit dans les champs pour garder leurs troupeaux. L’ange du Seigneur se présenta devant eux, et la gloire du Seigneur les enveloppa de sa lumière. Ils furent saisis d’une grande crainte. Alors l’ange leur dit : « Ne craignez pas, car voici que je vous annonce une bonne nouvelle, qui sera une grande joie pour tout le peuple : Aujourd’hui, dans la ville de David, vous est né un Sauveur qui est le Christ, le Seigneur. Et voici le signe qui vous est donné : vous trouverez un nouveau-né emmailloté et couché dans une mangeoire. » Et soudain, il y eut avec l’ange une troupe céleste innombrable, qui louait Dieu en disant : « Gloire à Dieu au plus haut des cieux, et paix sur la terre aux hommes, qu’Il aime. »
Patrick Braud

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23 décembre 2018

Noël : évangéliser le païen en nous

Classé sous Communauté spirituelle — lhomeliedudimanche @ 12 h 00 min

Noël : évangéliser le païen en nous


Homélie pour la fête de Noël / Année C
24/12/2018

Cf. également :

Tenir conte de Noël
Noël : solstices en tous genres
Noël : Il n’y avait pas de place pour eux dans la salle commune…
Noël : la trêve des braves
Noël : croyance dure ou croyance molle ?
Le potlatch de Noël
La bienveillance de Noël
Noël « numérique », version réseaux sociaux…
Noël : « On vous écrira… »
Enfanter le Verbe en nous…

Bien sûr, « le petit Jésus » n’est pas né un 25 décembre, encore moins à minuit.
Bien sûr, la mise en scène des anges a été choisie par Luc parce qu’elle faisait partie du croyable disponible en Palestine il y a 2000 ans.
Bien sûr, l’étable de Bethléem ne ressemblait guère à nos crèches enguirlandées.
Bien sûr, le Père Noël n’a rien à voir avec Noël, sinon dans sa dimension commerciale. Et bien sûr il ne passe pas par la cheminée…
À force de raconter des histoires aux enfants, soi-disant pour les émerveiller, on transforme la Nativité en un événement magique qu’une fois adultes les enfants rangeront dans leurs souvenirs familiaux sans accorder beaucoup de crédit au contenu de cette légende improbable.

Giotto___Legend_of_St_Francis____13____Institution_of_the_Crib_at_GreccioPourtant François d’Assise a eu raison d’inventer la crèche au XIV° siècle pour que le petit peuple se réjouisse dans sa culture paysanne et rurale.
Pourtant la tradition de s’offrir des cadeaux peut être une belle préparation à accueillir le cadeau ultime quelle est la naissance du Verbe on nous.
Pourtant la Pastorale des santons de Provence constitue une formidable catéchèse où tous les métiers peuvent contribuer à l’œuvre de Dieu, où tous les costumes locaux s’intègrent à la procession des offrandes…

Ambigüe, polysémique, contrastée, cette fête de Noël nous parvient à travers une longue histoire d’évangélisation de l’Occident. Il y avait à l’origine les fêtes romaines « saturnales », en l’honneur du dieu Saturne qui aurait séjourné dans le Latium avant la fondation de Rome. L’inversion sociale des rôles faisait de ces réjouissances un espace de décompensation populaire : les esclaves avaient le droit de critiquer les maîtres et de leur commander, nombre d’interdits devenaient possibles en étant levés temporairement. À la fin des saturnales, on fêtait le solstice d’hiver (sol invictus) et la naissance de la divinité solaire Mithra, très célébrée aux I°-III° siècles.

L’Église naissante a très vite compris le parti qu’elle pouvait tirer en superposant le récit chrétien à ces récits païens. Sans choquer le peuple, on l’invitait à orienter ses coutumes vers le Christ, véritable soleil levant, vainqueur des ténèbres. Les conditions humbles et pauvres de la naissance de Jésus relayaient la soif de l’inversion sociale des saturnales (que ne renieraient pas les gilets jaunes ou bonnets rouges chez nous !). Mithra devenait une préfiguration du Christ, et son repas rituel trouvait son accomplissement dans l’eucharistie. En faisant naître Jésus le 25 décembre à minuit, l’Église chargeait Noël de toute cette symbolique solaire, divine, sociale venue du paganisme. Une conversion par accomplissement en quelque sorte.

Noël : évangéliser le païen en nous dans Communauté spirituelle Samedi-saint-Gap-2012-0001Noël n’est pas la seule fête païenne à avoir été ainsi évangélisée. Les juifs avaient commencé bien avant ! Pentecôte était la fête agricole des prémices (premières récoltes) : elle est devenue la fête du don de la Torah. Pâque était une fête païenne du printemps et de son renouveau de vie. Après l’Exode, les juifs l’ont transformé en fête historique, mémorial du passage de l’esclavage à la liberté, programme toujours actuel. À la différence des Romains, le calendrier juif était lunaire et non solaire, et donc davantage marqué par le caractère « lunatique » du temps et du monde. Mais le jour juif commence le soir lorsque la nuit est tombée, pour se terminer dans la lumière de l’après-midi : il va de la nuit au jour, alors que le jour romain (le nôtre) va de la nuit à la nuit (mi-nuit) : l’espérance chrétienne née de la Résurrection du Christ n’a eu aucune peine à conserver ces rythmes lunaires pour sa liturgie, fixant la date de Pâques d’après la lune et commençant la célébration dès le samedi soir par la veillée pascale, ou en célébrant les fêtes dès les vêpres de la veille car le jour liturgique commence le soir etc.

Le réalisme ecclésial fait toujours partie de l’évangélisation pour nous aujourd’hui : plutôt que de combattre de front des traditions païennes en s’y opposant frontalement (ce que hélas nombre de missionnaires chrétiens ou musulmans ont fait en Afrique ou en Asie), mieux vaut les transformer de l’intérieur pour que le meilleur de ce qu’elles recèlent  porte désormais le message évangélique.

Évidemment, la tâche semble ardue. Halloween, le Black Friday, les jouets de Noël, les soldes d’hiver… : comment lutter avec la puissance commerciale de ces rendez-vous païens éclipsant les fêtes chrétiennes ?

300px-Mithras_banquet_Louvre_Ma3441 évangélisation dans Communauté spirituellePaïen  est l’adjectif latin paganus, qui désigne le paysan, l’habitant des campagnes. Or, on l’a vu, la civilisation paysanne était liée par la terre à des divinités transposées de la nature. Il n’en est plus ainsi dans notre monde de mégalopoles où trois habitants sur 4 sont en ville. C’est l’urbain et non plus le païen qu’il nous faut évangéliser ! Mais quelles sont les légendes urbaines, les valeurs et croyances des villes sur lesquelles s’appuyer pour annoncer le Christ ? Serait-ce l’interdépendance mutuelle généralisée, puisque personne n’est autosuffisant en ville ? Ou bien l’interconnexion des services et des réseaux de relations ? Ou encore l’abondance de services et de vie culturelle que seul le nombre permet ? Ce travail reste à faire, sinon nous continuerons de prêcher un christianisme rural et païen à des gens qui ne le sont plus comme autrefois.

 NoëlDernier point enfin : cette fête de Noël nous invite à évangéliser le païen qui est en nous ! Pas seulement dans la culture ambiante, pas d’abord chez les autres, mais en chacun de nous. Car à l’intérieur de nous-mêmes, des zones entières sont encore asservies à des divinités multiples (rurales ou urbaines !), exprimant une soif d’absolu qui souvent se trompe de cible. Le culte des écrans, le culte de la performance économique, le culte du corps sculpté et parfait, le culte de l’apparence sociale… : les petits dieux modernes se bousculent pour capter notre énergie, notre soif spirituelle, nos ressources financières également !

Que chacun s’examine : quelle est la zone païenne qui en moi attend d’être évangélisée ? Comment lui faire porter la symbolique de Noël, naissance de Dieu en nous et de nous en Dieu ?

 

 

Messe de la nuit
Première lecture
« Un enfant nous est né » (Is 9, 1-6)

Lecture du livre du prophète Isaïe

Le peuple qui marchait dans les ténèbres a vu se lever une grande lumière ; et sur les habitants du pays de l’ombre, une lumière a resplendi. Tu as prodigué la joie, tu as fait grandir l’allégresse : ils se réjouissent devant toi, comme on se réjouit de la moisson, comme on exulte au partage du butin. Car le joug qui pesait sur lui, la barre qui meurtrissait son épaule, le bâton du tyran, tu les as brisés comme au jour de Madiane. Et les bottes qui frappaient le sol, et les manteaux couverts de sang, les voilà tous brûlés : le feu les a dévorés.

 Oui, un enfant nous est né, un fils nous a été donné ! Sur son épaule est le signe du pouvoir ; son nom est proclamé : « Conseiller-merveilleux, Dieu-Fort, Père-à-jamais, Prince-de-la-Paix. » Et le pouvoir s’étendra, et la paix sera sans fin pour le trône de David et pour son règne qu’il établira, qu’il affermira sur le droit et la justice dès maintenant et pour toujours. Il fera cela, l’amour jaloux du Seigneur de l’univers !

Psaume
(Ps 95 (96), 1-2a, 2b-3, 11-12a, 12b-13a, 13bc)
R/ Aujourd’hui, un Sauveur nous est né : c’est le Christ, le Seigneur.
(cf. Lc 2, 11)

Chantez au Seigneur un chant nouveau,
chantez au Seigneur, terre entière,
chantez au Seigneur et bénissez son nom !

De jour en jour, proclamez son salut,
racontez à tous les peuples sa gloire,
à toutes les nations ses merveilles !

Joie au ciel ! Exulte la terre !
Les masses de la mer mugissent,
la campagne tout entière est en fête.

Les arbres des forêts dansent de joie
devant la face du Seigneur, car il vient,
car il vient pour juger la terre.

Il jugera le monde avec justice
et les peuples selon sa vérité !

Deuxième lecture
« La grâce de Dieu s’est manifestée pour tous les hommes » (Tt 2, 11-14)

Lecture de la lettre de saint Paul apôtre à Tite

Bien-aimé, la grâce de Dieu s’est manifestée pour le salut de tous les hommes. Elle nous apprend à renoncer à l’impiété et aux convoitises de ce monde, et à vivre dans le temps présent de manière raisonnable, avec justice et piété, attendant que se réalise la bienheureuse espérance : la manifestation de la gloire de notre grand Dieu et Sauveur, Jésus Christ. Car il s’est donné pour nous afin de nous racheter de toutes nos fautes, et de nous purifier pour faire de nous son peuple, un peuple ardent à faire le bien.

Évangile
« Aujourd’hui vous est né un Sauveur » (Lc 2, 1-14) Alléluia. Alléluia.
Je vous annonce une grande joie : Aujourd’hui vous est né un Sauveur qui est le Christ, le Seigneur ! Alléluia. (cf. Lc 2, 10-11)

Évangile de Jésus Christ selon saint Luc

 En ces jours-là, parut un édit de l’empereur Auguste, ordonnant de recenser toute la terre – ce premier recensement eut lieu lorsque Quirinius était gouverneur de Syrie. Et tous allaient se faire recenser, chacun dans sa ville d’origine. Joseph, lui aussi, monta de Galilée, depuis la ville de Nazareth, vers la Judée, jusqu’à la ville de David appelée Bethléem. Il était en effet de la maison et de la lignée de David. Il venait se faire recenser avec Marie, qui lui avait été accordée en mariage et qui était enceinte.
Or, pendant qu’ils étaient là, le temps où elle devait enfanter fut accompli. Et elle mit au monde son fils premier-né ; elle l’emmaillota et le coucha dans une mangeoire, car il n’y avait pas de place pour eux dans la salle commune. Dans la même région, il y avait des bergers qui vivaient dehors et passaient la nuit dans les champs pour garder leurs troupeaux. L’ange du Seigneur se présenta devant eux, et la gloire du Seigneur les enveloppa de sa lumière. Ils furent saisis d’une grande crainte. Alors l’ange leur dit : « Ne craignez pas, car voici que je vous annonce une bonne nouvelle, qui sera une grande joie pour tout le peuple : Aujourd’hui, dans la ville de David, vous est né un Sauveur qui est le Christ, le Seigneur. Et voici le signe qui vous est donné : vous trouverez un nouveau-né emmailloté et couché dans une mangeoire. » Et soudain, il y eut avec l’ange une troupe céleste innombrable, qui louait Dieu en disant : « Gloire à Dieu au plus haut des cieux, et paix sur la terre aux hommes, qu’Il aime. 
Patrick BRAUD

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18 décembre 2017

Tenir conte de Noël

Classé sous Communauté spirituelle — lhomeliedudimanche @ 0 h 01 min

Tenir conte de Noël…


Homélie pour la fête de Noël / Année B
24/12/2017

Noël : solstices en tous genres
Noël : Il n’y avait pas de place pour eux dans la salle commune…
Noël : la trêve des braves
Noël : croyance dure ou croyance molle ?
Le potlatch de Noël
La bienveillance de Noël
Noël « numérique », version réseaux sociaux…
Noël : « On vous écrira… »
Enfanter le Verbe en nous…


Tenir conte de Noël…

La faute d’orthographe est bien sûr voulue. Noël est le temps des contes, et la plupart des veillées dans nos églises commencent avec un conte de Noël : indispensable !

Illustration: Conte de noël - Guy de MaupassantPourquoi se raconter des histoires devant la crèche ? Quelle est la fonction sociale de ces légendes merveilleuses qui courent d’une génération à l’autre ? Quelle valeur spirituelle accorder à ces enjoliveurs d’événements que sont nos histoires de fées, de lutins et autres Saint-Nicolas ?

Qu’est-ce qu’un conte ?

On peut le distinguer de la fable, qui est à visée morale, voire moralisante (cf. la leçon de la fable). Et également du mythe, qui a pour but de fonder hors du temps les modes de vie actuels. Un conte n’est pas non plus une parabole, qui développe une image en y transposant les éléments contemporains ; ni une allégorie, qui projette terme à terme des personnages et objets d’une situation dans une scène imaginaire.

Le conte est plutôt proche de la légende, au sens étymologique du terme : legenda (en latin) = ce qui doit être lu pour comprendre tel événement. Sans la légende au bas d’une cartographie, impossible de décoder les chiffres et graphiques représentés. De même, sans le conte de Noël, la nativité du Christ risque fort de ne pas être interprétée à sa juste profondeur…

Le conte se raconte : c’est donc tout simplement un récit, imaginé à partir un événement pour en faire percevoir toute la richesse.

Les spécialistes du conte ont identifié au moins trois fonctions sociales de ce genre littéraire (ou plutôt oral) : divertir /instruire /initier.

 

Divertir

Tenir conte de Noël dans Communauté spirituelle 41WJdvpF-6L._SX275_BO1,204,203,200_On raconte une histoire étincelante pour aider un enfant à s’endormir, ou à patienter pendant une longue veillée, ou à se calmer après une colère en ouvrant grand ses oreilles et en lâchant la bride à son imagination. Parce qu’il est parlé (à l’encontre d’un film, d’une bande dessinée ou d’un jeu vidéo), le conte possède en plus les propriétés de ce que Mac Luhan appelait le média chaud par excellence : la voix, l’oralité, qui laisse le champ libre à l’imaginaire.
Les yeux grands ouverts de l’enfant le sont sur sa vie intérieure, sur l’habillage fantasmatique des héros au nom programmatique : Chat Botté, Cendrillon, Blanche Neige, Riquet à la Houppe, Boucle d’or…
Le plaisir, le divertissement, intriguer, faire rire, pleurer et sourire font toujours partie des premiers effets recherchés par les conteurs.

 

Instruire

La deuxième fonction du conte est d’instruire, d’éduquer.
On apprend un tas de choses dans les contes ! Ce qu’il faut faire et ne pas faire, ce qui est admis ou non en société. Avec le Petit Poucet (Perrault) par exemple, on apprend que l’intelligence peut vaincre la force brute des ogres environnants. Avec la Petite Fille aux allumettes (Andersen), on découvre qu’il y a des enfants près de chez soi vivant dans la misère, la violence et la solitude, effrayantes. Avec la pastorale des santons de Provence, on s’émerveille de tous les métiers représentés autour de la crèche et de leur savoir-faire.

 

Initier

51Ca0cL-LDL._SX303_BO1,204,203,200_ Bettelheim dans Communauté spirituelleLa troisième fonction du conte est d’initier. Au sens fort (en latin, initium = chemin), initier  c’est mettre quelqu’un sur le chemin où il va grandir pour passer d’un stade à un autre. Le conte initie ses auditeurs à d’autres manières de voir le monde, l’existence. La mort de la Petite Fille aux allumettes fait toujours pleurer des milliers d’enfants, qui redemandent pourtant qu’on leur lise encore et encore cette histoire si triste. Ce qu’ils y découvrent les prépare à la dure réalité de leur propre vie : oui, affronter la violence familiale, la misère sociale, et ultimement la mort font partie de la beauté de l’existence. Les monstres des contes (ogres, sorcières, dragons, et tous les « méchants ») préparent les enfants à devenir fort et courageux devant le mal.
Le psychanalyste Bruno Bettelheim a popularisé ce rôle initiatique des contes :

« Tel  est  exactement  le  message  que  les  contes  de  fées, de  mille manières  différentes  délivrent à l’enfant : que la  lutte contre  les graves difficultés  de la vie est  inévitable et  fait  partie intrinsèque de l’existence humaine,  mais que si,  au lieu de se dérober, on affronte  fermement les épreuves attendues et souvent injuste, on vient à bout de tous les obstacles et on finit par remporter victoire. » (Psychanalyse des contes de fées, 1976)

Vladimir Propp (Morphologie du conte, 1928) a donné ses lettres de noblesse au genre littéraire du conte en étudiant la structure commune à plus d’une centaine de contes russes. Il est à l’origine de l’analyse sémiotique, méthode rigoureuse d’un texte à partir de lui-même.

Le conte a ainsi une fonction d’apprentissage : il apprend à l’enfant à espérer même face aux pires difficultés qu’il rencontre ou rencontrera et qui sont à l’image des horribles sorcières ou des énormes géants.

Cela marche aussi pour les adultes ! Le lecteur attentif du Petit Prince (Saint Exupéry) sera peu à peu initié à un autre regard sur les ‘roses’ pour en singulariser une comme unique, à l’importance des rituels qui permettent de s’apprivoiser mutuellement, à affronter les ‘boas’ qui engloutissent toute espérance etc…

Initier et conter vont très bien ensemble !

Voilà donc trois bonnes raisons de continuer à tenir conte dans la veillée de Noël. Grâce aux contes, cette paraliturgie basée sur l’émerveillement, le questionnement et le rêve  prépare en effet enfants et adultes à accueillir le mystère de Noël avec un cœur grand ouvert.

 

Le midrash de Noël

41QrY8k1z9L._SX338_BO1,204,203,200_ conteIl y a peut-être plus encore. Dans la littérature juive et biblique, il existe une manière de raconter quelque chose sur un événement qu’on appelle midrash.

Qu’est-ce que le Midrash ? Une exégèse particulière. Midrash (pl.  Midrashim)  signifie  en  hébreu  « qui  vient du drash ». La racine hébreu drash  signifie « exiger », au sens second, « rechercher». Il s’agit donc d’une exégèse qui recherche les harmoniques cachées d’un évènement. Toutefois, il s’agit d’une  exégèse  très  particulière  qui  use  de  paraboles,  d’allégories,  de  métaphores,  de  jeux  de  mots  à  base  de glissements  phoniques  (y  compris  entre  hébreu,  araméen,  grec,  voire  latin),  sémantiques,  allusifs,  de  concordances témuriques (permutation des jeux de voyelles) et guématriques (à partir du calcul de la valeur  numérique des mots)… et qui finit par produire des textes fort éloignés du texte biblique commenté. (www.akadem.org )

Il se peut que les Évangiles de l’enfance (Bethléem, l’étoile, les anges, les mages, les saints innocents, la fuite en Égypte) soient eux-mêmes un superbe midrash nous aidant à décrypter les enjeux de la Nativité. Ce n’est pas mettre en péril le caractère historique et extraordinaire de cette naissance que de lire les premiers chapitres de Luc avec cette grille d’interprétation midrashique. Là où Matthieu fait une longue démonstration généalogique, là où Jean s’abîme dans une intense méditation sur le Verbe et la lumière, là où Marc est plutôt sobre et discret en sautant par-dessus ces premières années de Jésus, Luc prend le temps de développer à sa manière la portée immense de la conception et de la venue au monde de cet homme exceptionnel. Il le fait avec le matériau symbolique de son époque, et avec le croyable disponible de sa culture. Le résultat est plutôt réussi ! Car les scènes de la Nativité racontée par lui ont eu sûrement plus de succès populaire que les exigeantes méditations de Jean. Pourtant il faut les deux, et c’est bien pour cela qu’il y a quatre Évangiles ! Pour ne pas laisser le conte (Luc), la mystique (Jean), l’exégèse (Matthieu) ou le reportage (Marc) avoir le dernier mot, tant l’événement de Noël est irréductible à l’une ou l’autre de ces composantes portant chacune légitime !

Alors, continuons à tenir conte de Noël, afin de nous initier mutuellement à la vie divine que le Verbe de Dieu engendre en nous, de sa naissance à sa venue.

 

N.B. : Pour ne pas vous laisser sur votre faim, voici un conte de Noël, triste et joyeux, intrigant et savoureux comme beaucoup d’autres. Bonne lecture !

 

LES QUATRE ARBRES

·         Il était une fois, en haut d’une montagne, quatre petits arbres qui rêvaient à ce qu’ils voudraient devenir quand ils seraient plus grands.

Ø  Le premier regarda les étoiles qui brillaient comme des diamants au dessus de lui.

« Je veux abriter un trésor. Je veux être recouvert d’or et rempli de pierres précieuses. Je serai le plus beau coffre à trésor du monde. »

Ø  Le deuxième arbre regarda le petit ruisseau qui suivait sa route vers l’océan.

« Je veux être un grand voilier. Je veux naviguer sur de vastes océans et transporter des rois puissants. Je serai le bateau le plus fort du monde. »

Ø  Le troisième petit arbre regarda dans la vallée au dessous de lui et il vit la ville où des hommes et des femmes s’affairaient.

« Je ne veux jamais quitter cette montagne. Je veux pousser si haut que lorsque les gens s’arrêteront pour me regarder, ils lèveront leurs yeux au ciel et penseront à Dieu. Je serai le plus grand arbre du monde ! »

Ø  Le quatrième arbre leva les yeux vers le château fort qui dominait tout le paysage.

« Je veux être le pont-levis qui défend l’entrée de ce château. Devant moi, les gens seront impressionnés et se sentiront tout-petits. Je serai le pont-levis le plus impressionnant du monde ».

·         Les années passèrent. Les pluies tombèrent, le soleil brilla, et les petits arbres devinrent grands.

Un jour, quatre bûcherons montèrent dans la montagne.

Ø  Le premier bûcheron regarda le premier arbre et dit : « C’est un bel arbre. Il est parfait. » En un éclair, abattu d’un coup de hache, le premier arbre tomba.
« Maintenant, je vais être un coffre magnifique », pensa le premier arbre. « J’abriterai un merveilleux trésor ».

Ø  Le deuxième bûcheron regarda le deuxième arbre et dit: « Cet arbre est vigoureux. Voilà ce qu’il me faut. » En un éclair, abattu d’un coup de hache, le deuxième arbre tomba.
« Désormais, je vais naviguer sur de vastes océans »,
pensa le deuxième arbre. « Je serai un grand navire digne des rois. »

Ø  Le troisième arbre sentit son cœur flancher quand le bûcheron le regarda.
« N’importe quel arbre me conviendra », se dit le bûcheron. En un éclair, abattu d’un coup de hache, le troisième arbre tomba.

Ø  Le quatrième bûcheron remarqua le dernier arbre et dit : « Cet arbre est assez large. C’est exactement ce que je cherche ». En un éclair, abattu d’un coup de hache, le quatrième arbre tomba.
Il se disait :
« Maintenant, je vais partir rejoindre le château fort ».

Ø  Le premier arbre se réjouit lorsque le bûcheron l’apporta chez le charpentier, mais le charpentier était bien trop occupé pour penser à fabriquer des coffres. De ses mains calleuses, il transforma l’arbre en mangeoire pour animaux. L’arbre qui avait été autrefois très beau n’était pas recouvert d’or ni rempli de trésors. Il était couvert de sciure et rempli de foin pour nourrir les animaux affamés de la ferme.

Le deuxième arbre sourit quand le bûcheron le transporta vers le chantier naval, mais ce jour là, nul ne songeait à construire un voilier. À grands coups de marteau et de scie, l’arbre fut transformé en simple bateau de pêche. Trop petit, trop fragile pour naviguer sur un océan ou même sur une rivière, il fut emmené sur un petit lac. Tous les jours, il transportait des cargaisons de poissons morts qui sentaient affreusement fort.

Ø  Le troisième arbre devint très triste quand le bûcheron le coupa pour le transformer en grosses poutres qu’il empila dans la cour. « Que s’est -il passé ? » se demanda l’arbre qui avait été autrefois très grand. « Tout ce que je désirais, c’était rester sur la montagne en pensant à Dieu. »

Ø  Le quatrième arbre frémit lorsque le bûcheron le découpa en planches bien larges. Le menuisier les assembla, non pas pour en faire un pont-levis, mais une grande table bien ordinaire, même si elle pouvait porter beaucoup de monde. Déçu, l’arbre pleurait en voyant le château fort s’éloigner et son pont-levis…

·         Beaucoup de jours et de nuits passèrent. Les quatre arbres oublièrent presque leurs rêves.

Ø  Mais une nuit, la lumière d’une étoile dorée éclaira le premier arbre au moment où une jeune femme plaçait son nouveau né dans la mangeoire. « J’aurais aimé pouvoir lui faire un berceau », murmura son mari. La mère serra la main du père et sourit tandis que la lumière de l’étoile brillait sur le bois poli. « Cette mangeoire est magnifique », dit-elle.
Et soudain, le premier arbre sut qu’il renfermait le trésor le plus précieux du monde.

Ø  D’autres jours et d’autres nuits passèrent, mais un soir, un voyageur fatigué et ses amis s’entassèrent dans la vieille barque de pêcheur. Tandis que le deuxième arbre voguait tranquillement sur le lac, le voyageur s’endormit. Soudain, l’orage éclata et la tempête se leva. Le petit arbre trembla. Il savait qu’il n’avait pas la force de transporter tant de monde en sécurité dans le vent et la pluie. Le voyageur s’éveilla. Il se leva, écarta les bras et dit : « Paix ». La tempête se calma aussi vite qu’elle était apparue.
Et soudain, le deuxième arbre sut qu’il transportait le roi des cieux et de la terre.

Ø  À quelque temps de là, un vendredi matin, le troisième arbre fut fort surpris lorsque ses poutres furent arrachées de la pile de bois oubliée. Transporté au milieu des cris d’une foule en colère et railleuse, il frissonna quand les soldats clouèrent sur lui les mains d’un homme. Il se sentit horrible et cruel.
Mais le dimanche matin, quand le soleil se leva et que la terre tout entière vibra d’une joie immense, le troisième arbre sut que l’amour de Dieu avait tout transformé. Il avait rendu le premier arbre beau. Il avait rendu le second arbre fort. Et à chaque fois que les gens penseraient au troisième arbre, ils penseraient à Dieu.
Cela était beaucoup mieux que d’être le plus grand arbre du monde.

Ø  Des années et des années passèrent encore. Le quatrième arbre fut transporté un jour à Jérusalem, où on intégra le bois dans une table étonnante, placée au milieu d’une église. Il n’avait jamais vu une table en bois pareille. On l’appelait « autel ». Il s’étonnait de voir des gens de partout venir autour de lui. Toute cette foule parlait beaucoup de joie, de paix, de familles réunies… Chaque année, une nuit de plein hiver, la porte restait ouverte pour accueillir plein d’enfants… À chaque fois, l’arbre pleurait de joie, et était si fier de porter sur lui l’enfant de Noël présent dans un peu de pain et de vin…
Il se disait, souriant au milieu des larmes : « Je suis fait pour offrir et non pas pour défendre. Je suis le plus heureux des arbres »…

 

Messe de la Nuit de Noël

1ère lecture : Le prince de la paix (Is 9, 1-6)
Lecture du livre d’Isaïe

Le peuple qui marchait dans les ténèbres a vu se lever une grande lumière ; sur ceux qui habitaient le pays de l’ombre, une lumière a resplendi.
Tu as prodigué l’allégresse, tu as fait grandir la joie : ils se réjouissent devant toi comme on se réjouit en faisant la moisson, comme on exulte en partageant les dépouilles des vaincus.
Car le joug qui pesait sur eux, le bâton qui meurtrissait leurs épaules, le fouet du chef de corvée, tu les as brisés comme au jour de la victoire sur Madiane.
Toutes les chaussures des soldats qui piétinaient bruyamment le sol, tous leurs manteaux couverts de sang, les voilà brûlés : le feu les a dévorés.
Oui ! un enfant nous est né, un fils nous a été donné ; l’insigne du pouvoir est sur son épaule ; on proclame son nom : « Merveilleux-Conseiller, Dieu-Fort,Père-à-jamais, Prince-de-la-Paix ».
Ainsi le pouvoir s’étendra, la paix sera sans fin pour David et pour son royaume. Il sera solidement établi sur le droit et la justice dès maintenant et pour toujours. Voilà ce que fait l’amour invincible du Seigneur de l’univers.

Psaume : Ps 95, 1-2a, 2b-3, 11-12a, 12b-13ac
R/ Aujourd’hui, un Sauveur nous est né : c’est le Christ, le Seigneur.

Chantez au Seigneur un chant nouveau,
chantez au Seigneur, terre entière,
chantez au Seigneur et bénissez son nom !

De jour en jour, proclamez son salut,
racontez à tous les peuples sa gloire,
à toutes les nations ses merveilles !

Joie au ciel ! Exulte la terre !
Les masses de la mer mugissent,
la campagne tout entière est en fête.

Les arbres des forêts dansent de joie
devant la face du Seigneur, car il vient,
pour gouverner le monde avec justice.

2ème lecture : La grâce de Dieu s’est manifestée (Tt 2, 11-14)
Lecture de la lettre de saint Paul Apôtre à Tite

La grâce de Dieu s’est manifestée pour le salut de tous les hommes.
C’est elle qui nous apprend à rejeter le péché et les passions d’ici-bas, pour vivre dans le monde présent en hommes raisonnable, justes et religieux,
et pour attendre le bonheur que nous espérons avoir quand se manifestera la gloire de Jésus Christ, notre grand Dieu et notre Sauveur.
Car il s’est donné pour nous afin de nous racheter de toutes nos fautes, et de nous purifier pour faire de nous son peuple, un peuple ardent à faire le bien.

Evangile : Naissance de Jésus (Lc 2, 1-14)
Acclamation : Alléluia. Alléluia. Je vous annonce une grande joie. Aujourd’hui nous est né un Sauveur : c’est le Messie, le Seigneur !Alléluia. (cf. Lc 2, 10-11)
Évangile de Jésus Christ selon saint Luc

En ces jours-là, parut un édit de l’empereur Auguste, ordonnant de recenser toute la terre ? ce premier recensement eut lieu lorsque Quirinius était gouverneur de Syrie ?
Et chacun allait se faire inscrire dans sa ville d’origine.
Joseph, lui aussi, quitta la ville de Nazareth en Galilée, pour monter en Judée, à la ville de David appelée Bethléem, car il était de la maison et de la descendance de David.
Il venait se faire inscrire avec Marie, son épouse, qui était enceinte.
Or, pendant qu’ils étaient là, arrivèrent les jours où elle devait enfanter.
Et elle mit au monde son fils premier-né ; elle l’emmaillota et le coucha dans une mangeoire, car il n’y avait pas de place pour eux dans la salle commune.
Dans les environs se trouvaient des bergers qui passaient la nuit dans les champs pour garder leurs troupeaux.
L’ange du Seigneur s’approcha, et la gloire du Seigneur les enveloppa de sa lumière. Ils furent saisis d’une grande crainte,
mais l’ange leur dit : « Ne craignez pas, car voici que je viens vous annoncer une bonne nouvelle, une grande joie pour tout le peuple :
Aujourd’hui vous est né un Sauveur, dans la ville de David. Il est le Messie, le Seigneur.
Et voilà le signe qui vous est donné : vous trouverez un nouveau-né emmailloté et couché dans une mangeoire. »
Et soudain, il y eut avec l’ange une troupe céleste innombrable, qui louait Dieu en disant :
« Gloire à Dieu au plus haut des cieux, et paix sur la terre aux hommes qu’il aime. »
Patrick Braud

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