L'homélie du dimanche (prochain)

14 juillet 2024

Droit dans le mur !

Classé sous Communauté spirituelle — lhomeliedudimanche @ 12 h 30 min

Droit dans le mur !

 

Homélie pour le 16° Dimanche du Temps ordinaire / Année B 

21/07/24

 

Cf. également :

Les écarts de Jésus et les nôtres
Il a détruit le mur de la haine
Medium is message
Du bon usage des leaders et du leadership
Des brebis, un berger, un loup
Le berger et la porte
La différence entre martyr et kamikaze ou djihadiste
Un manager nommé Jésus
Le Passe-murailles de Pâques


La faillite du mur de Gaza

Sur un tracé de 708 km, environ 500 km de murs ont été réalisés Il s’agit à 95 % d’une haute clôture, mais dans les endroits urbains, comme ici à Bethléem, le mur est en béton et atteint 9 m de haut.C’est un peu la ligne Maginot des Israéliens : le « mur de fer » séparant la bande de Gaza d’Israël était censé protégé les colons juifs des commandos du Hamas. Mais le 7 octobre 2023 au matin, des milliers de roquettes enfoncèrent le poste-frontière d’Eretz, y ouvrant une brèche énorme, des dizaines d’ULM de combattants volèrent par-dessus des 8 m de métal, un bulldozer ouvrit un passage à travers l’immense grillage fortifié prolongeant le mur de Gaza…

Stupéfaits, les Israéliens découvraient que ce mur si coûteux (plus d’un milliard de dollars), si technologique (bardé de capteurs, radars, surveillance vidéo etc.), fièrement construit depuis 2002 (à cause de l’intifada) pour garantir leur sécurité était en réalité un leurre…

La faillite de ce système sécuritaire est totale. Le mur n’a pas empêché les 1200 victimes et 252 otages juifs du Hamas. Que deviendra-t-il après la guerre actuelle en riposte à ce pogrom ? Peut-être Israël devait-il méditer sur la 2e lecture de ce dimanche :

« Mais maintenant, dans le Christ Jésus, vous qui autrefois étiez loin, vous êtes devenus proches par le sang du Christ. C’est lui, le Christ, qui est notre paix : des deux, le Juif et le païen, il a fait une seule réalité ; par sa chair crucifiée, il a détruit ce qui les séparait, le mur de la haine ; il a supprimé les prescriptions juridiques de la loi de Moïse. Ainsi, à partir des deux, le Juif et le païen, il a voulu créer en lui un seul Homme nouveau en faisant la paix, et réconcilier avec Dieu les uns et les autres en un seul corps par le moyen de la croix ; en sa personne, il a tué la haine. Il est venu annoncer la bonne nouvelle de la paix, la paix pour vous qui étiez loin, la paix pour ceux qui étaient proches. Par lui, en effet, les uns et les autres, nous avons, dans un seul Esprit, accès auprès du Père » (Ep 2,13-18).

Paul sait bien qu’il y a un mur invisible séparant les juifs des non-juifs : les habits, la cuisine, les prescriptions juridiques, les rites, la circoncision, le shabbat, les papillotes, les  tsitsits etc. : tout sépare les uns des autres, tout nourrit la haine réciproque. On mesure mal aujourd’hui la révolution apportée par le christianisme, qui abolit ces différences en n’imposant plus ni la circoncision ni l’incirconcision, ni la cashrout, ni la kippa, ni tout le reste ! Mais il suffit d’appliquer le texte de Paul aux relations actuelles entre juifs et palestiniens pour réaliser le renversement inouï opéré en Christ : « en sa personne, il a tué la haine » (Ep 2,16) qui séparait les deux. Il a détruit le mur qui divisait la Terre sainte. Car « le Seigneur ne fait pas de différence entre les hommes » (Ac 10,34 ; 15,9), là où pourtant eux sacralisent ces différences au point de les ériger en murs infranchissables.

 

Depuis la chute du mur de Berlin en 1989, on croyait que cette époque d’enfermement des peuples était révolue. C’était oublier que l’humanité ne cesse d’ériger des murs tout au long de son histoire.

- Muraille de Chine

Le plus vieux est sans doute la Grande Muraille de Chine : plus de 6000 km de protection contre les invasions mongoles et autres, construit depuis le III° siècle et sans cesse reconstruit.

N’oublions pas les autres murailles hélas célèbres :

– Mur de Corée

238 km de murs dans la zone démilitarisée entre Corée du Nord et Corée du Sud (le film « Meurs un autre jour » s’ouvre sur une séquence spectaculaire où James Bond traverse cette zone en hovercraft !).

– Mur des sables

2700 km, 3 m de hauteur : ce mur construit par le Maroc dans les années 50 traverse le Sahara occidental pour protéger le pays des incursions du Front Polisario.

– Mur Inde–Bangladesh

3200 km de fil de fer barbelé : l’Inde a construit cette séparation entre les deux pays jusqu’en 2013, pour stopper les immigrations clandestines bangladaises.

- « Bouclier Est »
La Pologne va construire une ligne de fortification militarisée de 700 km de long en frontière de la Biélorussie et de Kaliningrad.

- Sans oublier les « Peace Walls » qui en Irlande séparent encore certains quartiers catholiques et protestants depuis 1970. Ni la « Ligne verte » (mur surveillé par la Force des Nations Unies) qui coupe l’île de Chypre en deux entre Turcs et Grecs.

- Ni le fameux mur USA–Mexique dont Donald Trump avait fait le symbole de sa détermination anti immigrationniste.

On le voit, l’humanité ne cesse d’ériger des murs depuis 1989 (plus de 70 autour du globe, sur 41 000 km, soit le tour de la Terre !). Sous couvert de préoccupations légitimes : terrorisme, immigration massive, trafics illégaux, insécurité, ils s’exposent au tard à la faillite de celui de Gaza. Et ils tombent sous la condamnation de Paul : Christ est venu détruire les murs de séparation entre les peuples, il est venu pour la communion et non la partition.

Comment puis-je contribuer à démasquer l’idéologie des murs de haine ?


Le mur du séparatisme

L'Archipel français: Naissance dune nation multiple et diviséeNous pourrions en France nous croire loin de ces dangers. Pourtant, le mur de Calais sépare la jungle des migrants de l’agglomération de Calais. Et la séparation dont parlait Paul est parfois dans les têtes plus que dans les parpaings, dans les cœurs plus que dans les barbelés. L’archipélisation de la France décrite par Jérôme Fouquet nous dessine en effet un paysage morcelé. Des groupes ethniques se rassemblent pour vivre entre eux dans certains quartiers ; des modes de vie s’imposent ici, incompatibles avec ceux qui sont pratiqués là. Moins de mariages mixtes, peu de liberté de changer de religion, police des mœurs, repli sur une langue étrangère… : des îlots se forment, afghans, marocains, algériens, turcs, comme autrefois polonais, italiens, portugais, mais plus radicaux, et portés  par des schémas culturels incompatibles. La perspective n’est plus le fameux « vivre ensemble », mais plutôt vivre séparés : chacun selon ses coutumes, ses langues, ses habits, sa cuisine, son quartier, son droit coutumier etc.


Bref : le séparatisme progresse à pas de géant. Le modèle anglo-saxon en faisait autrefois un éloge très idéologique, accusant la laïcité française de ne rien comprendre au mélange des peuples. Il semblerait que les Britanniques en reviennent, comme les Suédois, les Danois, les Norvégiens, tous pays où la montée des partis nationalistes inquiète mais révèle en creux la faillite du multiculturalisme.


Dans tous ces pays, pourquoi les chrétiens ne font-ils pas valoir davantage leur vision paulinienne de la société ? Pour Paul, prêcher le Christ c’est refuser tout séparatisme, qu’il soit juif ou païen. Abolir la circoncision, manger des viandes consacrées aux idoles, s’affranchir du shabbat, s’asseoir à la même table que les païens, laisser libre et ne rien imposer sinon le respect de l’autre : les premiers chrétiens ont appris à cohabiter – non sans tensions – entre hébreux, grecs, romains, esclaves et hommes libres, hommes et femmes…

Retrouvons cette capacité d’innovation sociale pour aujourd’hui ! Inventons des manières d’être où chacun peut exprimer le génie propre de sa culture d’origine tout en se mélangeant réellement aux autres.

Refusons le séparatisme qui fait mentir la croix du Christ, lui qui est « mort afin de rassembler dans l’unité les enfants de Dieu dispersés » (Jn 11,52). Nous voulons la communion et non la séparation, la communion et non la créolisation (qui n’est jamais que la domination du nombre), la communion et non le mode de vie unique.

Comment puis-je contribuer à faire reculer le séparatisme autour de moi ?

 

Notre mur intérieur

clivage du moiDétruire le mur qui sépare juifs et nations, chrétiens et musulmans, israéliens et palestiniens, hindous et bangladais etc. : la division à l’extérieur ne doit pas nous faire perdre de vue la division à l’intérieur. Car le mur de la division passe au-dedans de nous. Ce que les psychologues appellent le clivage du moi est un défi commun à tous.
Qui ne s’affronte pas en effet à ce clivage intime où, comme le dit Paul encore, « je fais le mal que je ne voudrais pas et je ne fais pas le bien que je voudrais » (Rm 7,19) ? Au-dedans de notre esprit, de notre conscience, intelligence et volonté, s’affrontent des pulsions antagonistes, des projets contradictoires. Il y a en chacun des forces opposées le déchirant intérieurement. Surmonter ce clivage intime pour devenir davantage Un est la voie spirituelle ouverte par le Christ et en lui. Lui-même s’est battu à Gethsémani pour ne faire qu’un avec la volonté de son Père. Lui-même a dû accepter de surmonter sa répulsion juive envers la femme cananéenne, les lépreux embarrassants, la femme hémorroïsse, les impurs et les exclus de l’Israël d’alors. Et le possédé de Gérasa avoue lui-même être clivé au point d’utiliser le pluriel en parlant de lui, symptôme diabolique d’une personnalité profondément désunie : « que nous veux-tu Jésus de Nazareth ? Je sais fort bien qui tu es… » (Lc 4,34).

N’oublions pas que diabolos (diable) signifie diviseur en grec, exactement à l’opposé du synbolon (symbole) = rassembler, réunir, mettre ensemble.

Le clivage est diabolique ; l’unification est intérieure et divine.


Unifier sa conscience intérieure, unifier sa personne et ses actes, unifier son intelligence, sa volonté et ses sentiments : la vocation chrétienne est d’abord de vivre la communion trinitaire offerte en Christ, en devenant toujours plus cohérent avec soi-même, à la manière de Dieu.

Les incohérents finissent dans la folie. Incohérente, la lumière se dissipe, se disperse ; cohérente, elle a la puissance du faisceau laser capable de toucher les étoiles et sa précision pour toucher l’infiniment petit.

Dans quel domaine puis-je travailler à éliminer mes clivages intérieurs ?

 

LECTURES DE LA MESSE

PREMIÈRE LECTURE
« Je ramènerai le reste de mes brebis, je susciterai pour elles des pasteurs » (Jr 23, 1-6)

Lecture du livre du prophète Jérémie
Quel malheur pour vous, pasteurs ! Vous laissez périr et vous dispersez les brebis de mon pâturage – oracle du Seigneur ! C’est pourquoi, ainsi parle le Seigneur, le Dieu d’Israël, contre les pasteurs qui conduisent mon peuple : Vous avez dispersé mes brebis, vous les avez chassées, et vous ne vous êtes pas occupés d’elles. Eh bien ! Je vais m’occuper de vous, à cause de la malice de vos actes – oracle du Seigneur. Puis, je rassemblerai moi-même le reste de mes brebis de tous les pays où je les ai chassées. Je les ramènerai dans leur enclos, elles seront fécondes et se multiplieront. Je susciterai pour elles des pasteurs qui les conduiront ; elles ne seront plus apeurées ni effrayées, et aucune ne sera perdue – oracle du Seigneur.
Voici venir des jours – oracle du Seigneur, où je susciterai pour David un Germe juste : il régnera en vrai roi, il agira avec intelligence, il exercera dans le pays le droit et la justice. En ces jours-là, Juda sera sauvé, et Israël habitera en sécurité. Voici le nom qu’on lui donnera : « Le-Seigneur-est-notre-justice. »
 
PSAUME
(Ps 22 (23), 1-2ab, 2c-3, 4, 5, 6)
R/ Le Seigneur est mon berger : rien ne saurait me manquer. (cf. Ps 22, 1)

Le Seigneur est mon berger :
je ne manque de rien.
Sur des prés d’herbe fraîche,
il me fait reposer.


Il me mène vers les eaux tranquilles
et me fait revivre ;
il me conduit par le juste chemin
pour l’honneur de son nom.


Si je traverse les ravins de la mort,
je ne crains aucun mal,
car tu es avec moi :
ton bâton me guide et me rassure.


Tu prépares la table pour moi
devant mes ennemis ;
tu répands le parfum sur ma tête,
ma coupe est débordante.


Grâce et bonheur m’accompagnent
tous les jours de ma vie ;
j’habiterai la maison du Seigneur
pour la durée de mes jours.

 
DEUXIÈME LECTURE
« Le Christ est notre paix : des deux, le Juif et le païen, il a fait une seule réalité » (Ep 2, 13-18)

Lecture de la lettre de saint Paul apôtre aux Éphésiens
Frères, maintenant, dans le Christ Jésus, vous qui autrefois étiez loin, vous êtes devenus proches par le sang du Christ. C’est lui, le Christ, qui est notre paix : des deux, le Juif et le païen, il a fait une seule réalité ; par sa chair crucifiée, il a détruit ce qui les séparait, le mur de la haine ; il a supprimé les prescriptions juridiques de la loi de Moïse. Ainsi, à partir des deux, le Juif et le païen, il a voulu créer en lui un seul Homme nouveau en faisant la paix, et réconcilier avec Dieu les uns et les autres en un seul corps par le moyen de la croix ; en sa personne, il a tué la haine. Il est venu annoncer la bonne nouvelle de la paix, la paix pour vous qui étiez loin, la paix pour ceux qui étaient proches. Par lui, en effet, les uns et les autres, nous avons, dans un seul Esprit, accès auprès du Père.
 
ÉVANGILE
« Ils étaient comme des brebis sans berger » (Mc 6, 30-34)
Alléluia. Alléluia. Mes brebis écoutent ma voix, dit le Seigneur ; moi, je les connais, et elles me suivent. Alléluia. (Jn 10, 27)

Évangile de Jésus Christ selon saint Marc
En ce temps-là, après leur première mission, les Apôtres se réunirent auprès de Jésus, et lui annoncèrent tout ce qu’ils avaient fait et enseigné. Il leur dit : « Venez à l’écart dans un endroit désert, et reposez-vous un peu. » De fait, ceux qui arrivaient et ceux qui partaient étaient nombreux, et l’on n’avait même pas le temps de manger. Alors, ils partirent en barque pour un endroit désert, à l’écart. Les gens les virent s’éloigner, et beaucoup comprirent leur intention. Alors, à pied, de toutes les villes, ils coururent là-bas et arrivèrent avant eux. En débarquant, Jésus vit une grande foule. Il fut saisi de compassion envers eux, parce qu’ils étaient comme des brebis sans berger. Alors, il se mit à les enseigner longuement.
.Patrick Braud

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16 juillet 2018

Il a détruit le mur de la haine

Classé sous Communauté spirituelle — lhomeliedudimanche @ 0 h 01 min

Il a détruit le mur de la haine


Homélie pour le 16° dimanche du temps ordinaire / Année B
22/07/2018

Cf. également :

Medium is message
Du bon usage des leaders et du leadership
Des brebis, un berger, un loup
Le berger et la porte
La différence entre martyr et kamikaze ou djihadiste
Un manager nommé Jésus


Résultat de recherche d'images pour "mstislav rostropovitch mur de berlin"Vous souvenez-vous de la chute du mur de Berlin en 1989 ? De ces images incroyables où des jeunes gens abattaient à coups de pioche le symbole de la guerre froide ? Des familles d’Est et d’Ouest s’embrassant incrédules place de Magdebourg ? De Mitislav Rostropovitch venu poser son violoncelle au milieu des débris du mur pour jouer les sonates de Bach en hommage à la liberté retrouvée et au génie allemand enfin réunifié ?

C’est un peu de cette joie et beaucoup plus encore que Paul exulte en constatant que la résurrection du Christ a aboli toutes les séparations entre les hommes, au premier rang desquelles la distinction entre juifs et païens qui était alors comme un apartheid social opposant les uns et les autres :

C’est lui, le Christ, qui est notre paix : des deux, le Juif et le païen, il a fait une seule réalité ; par sa chair crucifiée, il a détruit ce qui les séparait, le mur de la haine ; il a supprimé les prescriptions juridiques de la loi de Moïse. Ainsi, à partir des deux, le Juif et le païen, il a voulu créer en lui un seul Homme nouveau en faisant la paix, et réconcilier avec Dieu les uns et les autres en un seul corps par le moyen de la croix ; en sa personne, il a tué la haine (2° lecture de ce dimanche : Ep 2, 13-18).

Paul sait de quoi il parle : pharisien, fils de pharisien, formé à la prestigieuse école de Gamaliel, il a autrefois théorisé la différence juifs / païens, et il a même usé de violence en son nom. En Christ ressuscité, ces murs de haine tombent. Plus besoin de circoncision pour mettre à part quelques-uns, car tous sont appelés. La marque spirituelle du baptême - discrète et invisible - prend le relais, car les baptisés ont pour mission de servir l’unité entre tous. Paul affirme que devant le monde nouveau de la résurrection affluant vers nous, les vieilles oppositions sociales ou même biologiques ne tiennent plus :

Il n’y a ni Juif ni Grec, il n’y a ni esclave ni homme libre, il n’y a ni homme ni femme; car tous vous ne faites qu’un dans le Christ Jésus (Ga 3,28).

Nous n’avons pas encore tiré toutes les conséquences de cette destruction des murs de haine, entre croyants et incroyants, hommes et femmes, conditions sociales… L’Église catholique notamment a pu dans son histoire devenir complice des bâtisseurs de murs entre les peuples avec la colonisation en Afrique ou en Amérique latine, entre les sexes avec une dérive patriarcale omniprésente, entre conditions  sociales avec tant d’hésitation à promouvoir les laissés-pour-compte de la Révolution industrielle etc.

Jésus sur le mur Banque d'images - 10664885

En 1989, l’euphorie était telle qu’on pensait ne plus jamais revoir des murs par sur nos cartes de géographie (à part peut-être les restes historiques de la Grande Muraille de Chine, si symbolique elle aussi). Hélas, Donald Trump a inclus dans ses promesses électorales le projet fou d’un mur (plutôt des grillages en fait) entre le Mexique et les USA. Hélas, des kilomètres de béton vertical ont été construits par les Israéliens pour les ‘protéger’ des palestiniens. Hélas, on parle en France de construire un mur végétalisé à Calais pour séparer les migrants des zones d’embarquement etc.

Quand on totalise les longueurs de tous les murs construits entre les hommes ces  dernières années, on arrive à… la circonférence de la terre (65 murs construits et planifiés, soit 40.000 km de long). Oui, vous avez bien lu : c’est comme si un immense mur ceinturait désormais notre planète pour couper l’humanité en deux !

Carte des murs entre pays

Et ce n’est sans doute pas fini. Les pressions migratoires venant du sud sont si fortes que l’Europe va ériger d’autres frontières, terrestres maritimes, physiques  ou invisibles, pour essayer de limiter ces flux jugés inquiétants et dangereux pour l’identité et la cohésion des peuples européens.

Face à cet amer constat d’une planète se hérissant à nouveau de murs de haine en tous genres et en tous lieux, les chrétiens doivent revenir à l’expérience forte faite par Paul : communier au Christ ressuscité, c’est ne faire qu’un avec son Corps qui est l’humanité tout entière rassemblée en lui. Les haines s’appuyant sur les réelles difficultés de coexistence n’auront pas de prise sur eux. Les murs leur font horreur et ils deviendront acteurs de leur chute à nouveau. Les séparations sociales, idéologiques ou sexuelles leur apparaîtront injustes et inutiles.

Ce n’est pas un programme politique, c’est le fruit d’une expérience spirituelle.

Ce n’est pas une morale obligée, qui contraindrait par exemple les chrétiens à s’aligner sur les discours ‘droits-de-l’hommistes’ les plus clivants. Non, c’est la paisible et joyeuse découverte de Paul : la haine n’est plus possible depuis que  Christ est mort pour nous tous ; les murs sont inefficaces depuis que l’Esprit Saint a été répandu sur toute chair afin de former une seule famille humaine.

 

Histoire des murs par QuételPour les non-chrétiens, d’autres arguments devront être évoqués pour les convaincre d’abandonner ces absolutisations de nos différences.

Ainsi Elisabeth Vallet (politologue canadienne de l’université du Québec à Montréal ) identifie quatre principaux problèmes, paradoxes ou apories, causés par les murs :

· Les murs ne servent à rien car ils induisent des logiques de transgression. On a dénombré 150 tunnels sous la frontière mexicano-américaine. Les trafiquants contournent les murs et barrières par la mer avec des sous-marins ou par les airs avec des drones… Ces stratégies de contournement sont multiples, de plus en plus sophistiquées et dangereuses à mesure que les murs se renforcent.

· Les murs viennent fracturer une zone transfrontalière, donc déstructurer une économie locale.

· Alors que les passages de frontières pouvaient être pendulaires, saisonniers, temporaires – on pouvait revenir en arrière, retourner dans son pays d’origine, ces murs empêchent paradoxalement ceux qui les ont franchis de ressortir du pays où ils sont indésirables.

· Les murs « invitent les mafias à la table de la frontière ». On ne peut plus franchir un mur sans faire appel à des structures criminelles, et de plus en plus criminalisées. Une situation plus grave que le problème originel est ainsi créée.

Ce n’est pas donc seulement au nom de notre foi que nous pouvons appeler à détruire ces murs : notre raison nous y invite également.

 

Le mur de haine ne se construit pas qu’entre les peuples. Il peut séparer des proches à l’intérieur d’une même famille. Il peut s’alimenter de doctrines, libérales  ou syndicales, qui opposent des collègues au sein d’une entreprise. Il peut, brique par brique, monter à nouveau en plein cœur de chacun et l’enfermer dans ses  peurs ou ses difficultés relationnelles.

Roger Waters et les Pink Floyd chantaient dans les années 80 qu’il faut détruire ce mur où nous ne sommes qu’une brique parmi d’autres, impersonnelle et séparatrice. Le film The Wall a eu un énorme retentissement justement parce qu’il faisait appel à cette espérance d’un monde sans murs.

Unissons nos forces à celles de tous les hommes de bonne volonté pour faire tomber ces murs de haine se nourrissant de la peur et la nourrissant en retour.

 

 

 

Lectures de la messe

Première lecture
« Je ramènerai le reste de mes brebis, je susciterai pour elles des pasteurs » (Jr 23, 1-6)

Lecture du livre du prophète Jérémie

Quel malheur pour vous, pasteurs ! Vous laissez périr et vous dispersez les brebis de mon pâturage – oracle du Seigneur ! C’est pourquoi, ainsi parle le Seigneur, le Dieu d’Israël, contre les pasteurs qui conduisent mon peuple : Vous avez dispersé mes brebis, vous les avez chassées, et vous ne vous êtes pas occupés d’elles. Eh bien ! Je vais m’occuper de vous, à cause de la malice de vos actes – oracle du Seigneur. Puis, je rassemblerai moi-même le reste de mes brebis de tous les pays où je les ai chassées. Je les ramènerai dans leur enclos, elles seront fécondes et se multiplieront. Je susciterai pour elles des pasteurs qui les conduiront ; elles ne seront plus apeurées ni effrayées, et aucune ne sera perdue – oracle du Seigneur.
 Voici venir des jours – oracle du Seigneur, où je susciterai pour David un Germe juste : il régnera en vrai roi, il agira avec intelligence, il exercera dans le pays le droit et la justice. En ces jours-là, Juda sera sauvé, et Israël habitera en sécurité. Voici le nom qu’on lui donnera : « Le-Seigneur-est-notre-justice. »

Psaume
(Ps 22 (23), 1-2ab, 2c-3, 4, 5, 6)
R/ Le Seigneur est mon berger : rien ne saurait me manquer. (cf. Ps 22, 1)

Le Seigneur est mon berger :
je ne manque de rien.
Sur des prés d’herbe fraîche,
il me fait reposer.

Il me mène vers les eaux tranquilles
et me fait revivre ;
il me conduit par le juste chemin
pour l’honneur de son nom.

Si je traverse les ravins de la mort,
je ne crains aucun mal,
car tu es avec moi :
ton bâton me guide et me rassure.

Tu prépares la table pour moi
devant mes ennemis ;
tu répands le parfum sur ma tête,
ma coupe est débordante.

Grâce et bonheur m’accompagnent
tous les jours de ma vie ;
j’habiterai la maison du Seigneur
pour la durée de mes jours.

Deuxième lecture
« Le Christ est notre paix : des deux, le Juif et le païen, il a fait une seule réalité » (Ep 2, 13-18)

Lecture de la lettre de saint Paul apôtre aux Éphésiens

Frères, maintenant, dans le Christ Jésus, vous qui autrefois étiez loin, vous êtes devenus proches par le sang du Christ. C’est lui, le Christ, qui est notre paix : des deux, le Juif et le païen, il a fait une seule réalité ; par sa chair crucifiée, il a détruit ce qui les séparait, le mur de la haine ; il a supprimé les prescriptions juridiques de la loi de Moïse. Ainsi, à partir des deux, le Juif et le païen, il a voulu créer en lui un seul Homme nouveau en faisant la paix, et réconcilier avec Dieu les uns et les autres en un seul corps par le moyen de la croix ; en sa personne, il a tué la haine. Il est venu annoncer la bonne nouvelle de la paix, la paix pour vous qui étiez loin, la paix pour ceux qui étaient proches. Par lui, en effet, les uns et les autres, nous avons, dans un seul Esprit, accès auprès du Père.

Évangile

« Ils étaient comme des brebis sans berger » (Mc 6, 30-34) Alléluia. Alléluia.
Mes brebis écoutent ma voix, dit le Seigneur ; moi, je les connais, et elles me suivent. Alléluia. (Jn 10, 27)

Évangile de Jésus Christ selon saint Marc

En ce temps-là, après leur première mission, les Apôtres se réunirent auprès de Jésus, et lui annoncèrent tout ce qu’ils avaient fait et enseigné. Il leur dit : « Venez à l’écart dans un endroit désert, et reposez-vous un peu. » De fait, ceux qui arrivaient et ceux qui partaient étaient nombreux, et l’on n’avait même pas le temps de manger. Alors, ils partirent en barque pour un endroit désert, à l’écart. Les gens les virent s’éloigner, et beaucoup comprirent leur intention. Alors, à pied, de toutes les villes, ils coururent là-bas et arrivèrent avant eux. En débarquant, Jésus vit une grande foule. Il fut saisi de compassion envers eux, parce qu’ils étaient comme des brebis sans berger. Alors, il se mit à les enseigner longuement.
Patrick BRAUD

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4 décembre 2009

Une foi historique

Classé sous Communauté spirituelle — lhomeliedudimanche @ 9 h 08 min

Une foi historique

Homélie du 2ème dimanche de l’Avent
Dimanche 6 Décembre 2009 / Année C

Dieu parle dans l’histoire humaine

Imaginez que sur la brique la Cathédrale d’Evry, inaugurée en 1996, on ait représenté la chute du Mur de Berlin de 1989, et vous aurez une idée du caractère historique de la foi…
Et pourtant on aurait raison de graver une telle scène : dans la foi, nous pouvons lire l’évènement de la chute du Mur de Berlin comme une parole de Dieu pour notre monde, comme une action de l’Esprit de Dieu pour plus de liberté et moins de mon songe. Ce mur qui tombait en 1989 nous révèle quelque chose de Dieu lui-même que nous n’avons pas fini de méditer.

nullNous avons fêté donc le 20° anniversaire de la chute du Mur de Berlin cette année. Une immense espérance ! Mais peu de commentateurs ont souligné le rôle actif, irremplaçable, des chrétiens d’Allemagne de l’Est, dans cette révolution pacifique. Les temples protestants et les églises catholiques étaient devenus les seuls lieux de parole libre. L’inspiration évangélique ancrait l’envie de liberté dans la non-violence, et même l’amour des ennemis. La résistance spirituelle, dérisoire au début à force de bougies dans la nuit sur les places de la RDA, est devenue peu à peu une vague populaire que Gorbatchev n’a heureusement pas voulu briser dans le sang. De même qu’en Pologne la foi a fait plier un régime inhumain, la prière et l’attente spirituelle des allemands de l’Est a fini par faire tomber les murailles de Jéricho élevées en 1962 dans Berlin.

C’est donc que la foi transforme l’histoire (avec d’autres facteurs, c’est vrai : mais justement, elle fait système).

 

Dieu parle dans l’histoire humaine

À nous de la déchiffrer !

Les textes de ce Dimanche nous invitent à voir l’histoire autrement : pas seulement les faits divers le journal télévisée de 20h, pas d’abord l’histoire des puissants de ce monde, pas uniquement une histoire de drames et de violence.
Non : une histoire habitée par Dieu lui-même. Des évènements à déchiffrer. Des gestes collectifs à travers lesquels Dieu parle…

Quelle est votre théologie de l’histoire ?…

Écoutez le prophète Baruch qui relit le prophète Isaïe : « Débout Jérusalem ! vois tes enfants rassemblés. Tu les avais vu partir à pied, emmenés par des ennemis, et Dieu te les ramène portés en triomphe ! » Parce qu’il se souvient du retour à Jérusalem, après les 60 ans d’Exil à Babylone, Baruch annonce aux Juifs que leurs diaspora un jour se terminera.

nullIl aura fallu attendre 22 siècles, jusqu’en 1948, pour que ce texte de Baruch s’accomplisse, avec le retenir des Juifs à Jérusalem? De même que l’Exil à Babylone avait un sens ainsi que le retour d’Exil, l’exil du temps de Baruch et la dispersion de l’an 70 sont également des évènements de leur histoire que les juifs ne cessent de méditer (et nous chrétiens avec eux).

Ainsi la Shoah, cette catastrophe épouvantable de la 2° guerre mondiale, et ensuite la création de l’État moderne d’Israël, continuent d’être une histoire où Dieu se révèle?

L’histoire est également très présente dans l’Evangile d’aujourd’hui, qui fourmille de noms et de lieux historiques :Tibère, Ponce Pilate, Hérode, Philippe, Lysanias, Anne et Caiphe, Jean le Baptiste… Autant dire que les actes de ces personnages sont le théâtre où Dieu va se révéler.

C’est ce que la tradition chrétienne appelle « l’économie du salut » : à travers les évènements et les personnes de notre histoire, Dieu se révèle, en communiquant son salut.
Le Concile Vatican II précise :
« Pareille économie de la Révélation comprend des événements et des paroles intimement unis entre eux. Les oeuvres, réalisées par Dieu dans l’histoire du salut, attestent et corroborent (…) les paroles, tandis que les paroles (…) éclairent le mystère que les oeuvres contiennent. » (Dei Verbum n° 2)

« Dieu se révéla, en paroles et en actes, au peuple de son choix, comme l’unique Dieu véritable et vivant. L’économie du salut, (…) racontée et expliquée par les auteurs sacrés, apparaît donc dans les livres de l’Ancien Testament comme la vraie parole de Dieu. (Dei Verbum n° 13)

Notre histoire est une histoire du salut. Dieu ne se révèle pas seulement dans la Bible.
« Dieu ne se révèle pas seulement dans la liturgie.
Il se communique également lui-même à travers les évènements de notre histoire.

Plus encore que dans la création, Dieu parle dans l’histoire de l’humanité. Il révèle sa présence dans les événements du monde, en établissant à diverses reprises un dialogue avec les hommes créés à son image, pour créer avec chacun une communion de vie et d’amour. L’histoire devient ainsi un chemin de connaissance réciproque entre le Créateur et l’être humain, un dialogue qui a pour but ultime de nous conduire de l’esclavage du péché à la liberté de l’amour.
Ainsi vécue, l’histoire devient un chemin vers la liberté.
Voulez-vous parcourir ce chemin?
Voulez-vous participer vous aussi à cette aventure? »
JEAN PAUL II à Lviv (Ukraine) Mardi 26 Juin 2001

 

Dieu parle dans l’histoire humaine
Ce 2ème Dimanche de l’Avent interroge ainsi notre conception de l’histoire.
Histoire collective :
- pouvons-nous en Eglise nous entraider à lire les « signes des temps » (Vatican II) ?
- à interpréter les bouleversements et les progrès actuels ?
- à discerner la parole de Dieu qui nous est adressée à travers l’actualité ? les évènements présents ? les échéances à venir ?

Histoire personnelle également :
– désirons-nous apprendre à relire notre histoire individuelle ?
– à en repérer les tournants décisifs, les lignes de force, les points de rupture ?…
Le traditionnel « examen de conscience » du soir de St Ignace et des jésuites par exemple, repose sur le caractère historique de notre foi : ne pas laisser passer une journée sans recueillir le nouveau visage de Dieu qui s’y révèle, à travers les rencontres, les gestes, les paroles d’une journée ordinaire ou extraordinaire.

Dieu parle dans l’histoire humaine… :
que l’Avent nous éveille à une foi authentiquement historique
.

 

Lectures du 2° Dimanche de l’Avent / Année C

Ba 5, 1-9
Jérusalem, quitte ta robe de tristesse et de misère, et revêts la parure de la gloire de Dieu pour toujours, enveloppe-toi dans le manteau de la justice de Dieu, mets sur ta tête le diadème de la gloire de l’Éternel. Dieu va déployer ta splendeur partout sous le ciel, car Dieu pour toujours te donnera ces noms : « Paix-de-la-justice » et « Gloire-de-la-piété-envers-Dieu ». Debout, Jérusalem ! Tiens-toi sur la hauteur, et regarde vers l’orient : vois tes enfants rassemblés du levant au couchant par la parole du Dieu Saint ; ils se réjouissent parce que Dieu se souvient. Tu les avais vus partir à pied, emmenés par les ennemis, et Dieu te les ramène, portés en triomphe, comme sur un trône royal. Car Dieu a décidé que les hautes montagnes et les collines éternelles seraient abaissées, et que les vallées seraient comblées :ainsi la terre sera aplanie, afin qu’Israël chemine en sécurité dans la gloire de Dieu. Sur l’ordre de Dieu, les forêts et leurs arbres odoriférants donneront à Israël leur ombrage ; car Dieu conduira Israël dans la joie, à la lumière de sa gloire, lui donnant comme escorte sa miséricorde et sa justice.
Ps 125 (126), 1-2ab, 2cd-3, 4-5, 6
Le Seigneur a fait merveille : nous voici dans la joie
Quand le Seigneur ramena les captifs à Sion,
nous étions comme en rêve !
Alors notre bouche était pleine de rires,
nous poussions des cris de joie.Alors on disait parmi les nations :

« Quelles merveilles fait pour eux le Seigneur ! »
Quelles merveilles le Seigneur fit pour nous :
nous étions en grande fête !

Ramène, Seigneur, nos captifs,
comme les torrents au désert.
Qui sème dans les larmes
moissonne dans la joie.

Il s’en va, il s’en va en pleurant,
il jette la semence ;
il s’en vient, il s’en vient dans la joie,
il rapporte les gerbes.

Ph 1, 4-6.8-11
Frères, chaque fois que je prie pour vous tous, c’est toujours avec joie, à cause de ce que vous avez fait pour l’Évangile en communion avec moi, depuis le premier jour jusqu’à maintenant. Et puisque Dieu a si bien commencé chez vous son travail, je suis persuadé qu’il le continuera jusqu’à son achèvement au jour où viendra le Christ Jésus.
Oui, Dieu est témoin de mon attachement pour vous tous dans la tendresse du Christ Jésus. Et, dans ma prière, je demande que votre amour vous fasse progresser de plus en plus dans la connaissance vraie et la parfaite clairvoyance
qui vous feront discerner ce qui est plus important. Ainsi, dans la droiture, vous marcherez sans trébucher vers le jour du Christ ; et vous aurez en plénitude la justice obtenue grâce à Jésus Christ, pour la gloire et la louange de Dieu.

Lc 3, 1-6
L’an quinze du règne de l’empereur Tibère, Ponce Pilate étant gouverneur de la Judée, Hérode prince de Galilée, son frère Philippe prince du pays d’Iturée et de Traconitide, Lysanias prince d’Abilène, les grands prêtres étant Anne et Caïphe, la parole de Dieu fut adressée dans le désert à Jean, fils de Zacharie. Il parcourut toute la région du Jourdain ; il proclamait un baptême de conversion pour le pardon des péchés, comme il est écrit dans le livre du prophète Isaïe :A travers le désert, une voix crie : Préparez le chemin du Seigneur,aplanissez sa route. Tout ravin sera comblé,toute montagne et toute colline seront abaissées ; les passages tortueux deviendront droits,les routes déformées seront aplanies ; et tout homme verra le salut de Dieu.
Patrick BRAUD
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