Les Inukshuks de Pâques
Les Inukshuks de Pâques
Homélie de Pâques / Année C
30/03/2013
Connaissez-vous les Inukshuks ?
« Sur l’île de Baffin (c’est la plus grande île du Canada, habitée par les Inuits, dans l’archipel arctique canadien, territoire du Nunavut) on peut voir de curieux monuments parsemés ici et là dans la toundra.
Faits d’énormes pierres superposées, on dirait des croix ou des humains.
En fait, est-ce l’humain qui a forme de croix lorsqu’il étend les bras? ou la croix qui a la forme d’un humain? Est-ce que l’humain porte la croix ou repose sur la croix? Je ne sais pas. Je les trouvais bien beaux ces monuments appelés Inukshuks !
Inuk = humain, shuk = guide : ces formes de pierre guident les humains dans le désert gelé…
On raconte qu’un jour, un homme se dirigeait vers un point d’eau où il comptait pêcher le jeune saumon ; il demande sa route à un vieil Inuit. Il lui répond :
- Suis les Inukshuks.
– Mais comment ? Ils sont dispersés un peu partout dans la toundra.
Le vieil Inuit l’incite fermement à se déplacer un peu, à pencher la tête, à fermer un ?il pour voir plus juste et il dit :
– Quand tu vois plusieurs Inukshuks c’est que tu es en errance, que tu ne vas nulle part; il faut te placer de façon à ce qu’ils soient si parfaitement alignés que tu n’en vois plus qu’un : alors seulement tu es en chemin.
Et j’ai pensé aux croix de nos vies, aux Inukshuks de notre toundra intérieure… Quand on s’applique à les dénombrer, à dresser le bilan de nos épreuves, à effectuer l’autopsie de nos peines, peut-être sommes-nous en errance.
Lorsqu’on se décide à se déplacer un peu, à pencher la tête, à fermer un oeil pour voir plus juste … Lorsqu’enfin toutes nos croix bien alignées permettent au regard de n’en apercevoir qu’une, celle qui sauve, celle sur laquelle repose notre résurrection, alors seulement nous sommes en chemin » (Rita Coulombe-Habel).
L’espérance folle de Pâques, c’est peut-être cela : découvrir le chemin de vie que le Christ trace pour nous dans sa Résurrection.
Dans le désordre apparent des évènements qui jalonnent notre route, la nuit de Pâques vient ordonner ces sentinelles de pierre pour qu’elles deviennent une ligne de vie sur la paume de nos existences.
Quelles sont ces pierres ? ces Inukshuks ? que la renaissance de Pâques vient nous faire voir autrement ?
Pour certains c’est une succession de séparations : deuils, déménagements, divorces? Dans la Pâque du Christ, ces séparations peuvent devenir des rendez-vous, en Dieu, des rendez-vous avec d’autres relations?
Pour d’autres, c’est une litanie de difficultés qui s’accumulent, ennuis de santé, problèmes d’argent, changements professionnels?
Dans la Pâque du Christ, ces difficultés peuvent être transformées en autant d’appels à faire confiance, à rebondir, à tirer du fond de soi des trésors de courage, grâce à Dieu? Mais les évènements de notre vie auxquels Pâques donne sens sont également les évènements heureux et joyeux :
- la naissance d’un enfant (d’un petit fils, petite fille) ; et Pâques nous invite à croire que renaître est possible à tout âge.
- un mariage dans la famille ; et Pâques nous invite à croire que l’amour est plus fort que la mort.
- des repas avec des amis, des anniversaires à fêter, des confidences à partager… ; et Pâques nous appelle à tisser entre nous de tels liens, que la Résurrection du Christ va transfigurer.
Bref, évènements heureux ou périodes difficiles peuvent être lus autrement à la lumière de Pâques : comme des passages, des traversées, des morts et des résurrections successives, jusqu’à l’ultime Résurrection?
Nous pouvons « apprendre à pratiquer davantage cette lecture pascale de tous les évènements de notre existence et de notre histoire. Si nous lisons les Écritures comme Jésus le fait avec les disciples d’Emmaüs, c’est pour comprendre comment dans les souffrances du temps présent se prépare la gloire qui doit se révéler un jour. Nous sommes appelés, à la suite de Jésus, à affronter l’épreuve du mal, avec la force de sa foi, en y ouvrant les chemins de résurrection ». (Lettre aux catholiques de France, 1996, II 4)
Pratiquer une lecture pascale des évènements de notre histoire
Emmanuel Mounier écrivait : « L’évènement sera notre maître intérieur ».
À travers ce qui arrive (ex-venire : l’évènement est ce qui surgit de l’extérieur), ce qui est imprévu, ce qui nous est donné gratuitement, la dynamique de Pâques fait son travail en nous.
Pratiquer une lecture pascale de son existence, c’est discerner, avec l’aide de l’Esprit (et d’un bon accompagnateur spirituel !) ce qui en moi demande à mourir, à disparaître, et ce que Dieu appelle à faire surgir.
C’est accepter de traverser les inévitables petites mort d’un parcours humain pour s’ouvrir aux renaissances à venir.
C’est déchiffrer le sens caché, le sens profond, de telle rencontre, de telle parole.
C’est aller jusqu’au bout des vrais désirs, des désirs forts, des saints désirs que Dieu suscite en moi et pour lesquels je dois bousculer ma vie.
C’est contempler la Passion du Christ, et y reconnaître la passion que je sois appelé à vivre avec lui, pour vivre avec lui.
Vous voyez : pratiquer une lecture pascale des évènements de son existence, c’est aligner les Inukshuks, les sentinelles de pierre que Dieu a placé sur ma route : au lieu de l’errance dans l’Arctique gelé, cet alignement pascal me dévoile une ligne de vie qui me permet de tout traverser, joie ou épreuve, jusqu’à la résurrection avec le Christ et en Lui.
Que l’immense espérance de Pâques change notre regard sur ce qui nous arrive. Alors la joie, elle aussi immense, le joie de suivre le Christ ressuscité ne nous quittera plus?
Bonne fête de Pâque, grâce aux Inukshuks qui jalonnent votre route? !
Messe du jour de Pâques
1ère lecture : Les Apôtres témoins de la Résurrection (Ac 10, 34a.37-43)
Lecture du livre des Actes des Apôtres
Quand Pierre arriva de Césarée chez un centurion de l’armée romaine, il prit la parole : « Vous savez ce qui s’est passé à travers tout le pays des Juifs, depuis les débuts en Galilée, après le baptême proclamé par Jean :
Jésus de Nazareth, Dieu l’a consacré par l’Esprit Saint et rempli de sa force. Là où il passait, il faisait le bien, et il guérissait tous ceux qui étaient sous le pouvoir du démon. Car Dieu était avec lui.
Et nous, les Apôtres, nous sommes témoins de tout ce qu’il a fait dans le pays des Juifs et à Jérusalem. Ils l’ont fait mourir en le pendant au bois du supplice.
Et voici que Dieu l’a ressuscité le troisième jour.
Il lui a donné de se montrer, non pas à tout le peuple, mais seulement aux témoins que Dieu avait choisis d’avance, à nous qui avons mangé et bu avec lui après sa résurrection d’entre les morts.
Il nous a chargés d’annoncer au peuple et de témoigner que Dieu l’a choisi comme Juge des vivants et des morts.
C’est à lui que tous les prophètes rendent ce témoignage : Tout homme qui croit en lui reçoit par lui le pardon de ses péchés. »
Psaume : Ps 117, 1-2, 3-4, 16-17, 22-23
R/ Ce jour que fit le Seigneur
est un jour de joie, alléluia!
Rendez grâce au Seigneur : Il est bon !
Éternel est son amour !
Oui, que le dise Israël :
Éternel est son amour !
Que le dise la maison d’Aaron :
Éternel est son amour !
Qu’ils le disent, ceux qui craignent le Seigneur :
Éternel est son amour !
le bras du Seigneur se lève,
le bras du Seigneur est fort !
Non, je ne mourrai pas, je vivrai
pour annoncer les actions du Seigneur :
La pierre qu’ont rejetée les bâtisseurs
est devenue la pierre d’angle :
c’est là l’oeuvre du Seigneur,
la merveille devant nos yeux.
2ème lecture : Vivre avec le Christ ressuscité (Col 3, 1-4)
Lecture de la lettre de saint Paul Apôtre aux Colossiens
Frères, vous êtes ressuscités avec le Christ. Recherchez donc les réalités d’en haut : c’est là qu’est le Christ, assis à la droite de Dieu.
Tendez vers les réalités d’en haut, et non pas vers celles de la terre.
En effet, vous êtes morts avec le Christ, et votre vie reste cachée avec lui en Dieu.
Quand paraîtra le Christ, votre vie, alors vous aussi, vous paraîtrez avec lui en pleine gloire.
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À la victime pascale,
chrétiens, offrez le sacrifice de louange.
L’Agneau a racheté les brebis;
le Christ innocent a réconcilié l’homme pécheur avec le Père.
La mort et la vie s’affrontèrent en un duel prodigieux.
Le Maître de la vie mourut; vivant, il règne.
?Dis-nous, Marie Madeleine,
qu’as-tu vu en chemin ??
?J’ai vu le sépulcre du Christ vivant,
j’ai vu la gloire du Ressuscité.
J’ai vu les anges ses témoins,
le suaire et les vêtements.
Le Christ, mon espérance, est ressuscité !
Il vous précédera en Galilée.?
Nous le savons : le Christ
est vraiment ressuscité des morts.
Roi victorieux, prends-nous tous en pitié !
Amen.
Evangile : Le tombeau vide et la foi des Apôtres (Jn 20, 1-9)
Acclamation : Alleluia ! Alleluia !
Notre Pâque immolée, c’est le Christ !
Rassasions-nous dans la joie
au festin du Seigneur !
Alleluia !
Évangile de Jésus Christ selon saint Jean
Le premier jour de la semaine, Marie Madeleine se rend au tombeau de grand matin, alors qu’il fait encore sombre. Elle voit que la pierre a été enlevée du tombeau.
Elle court donc trouver Simon-Pierre et l’autre disciple, celui que Jésus aimait, et elle leur dit : « On a enlevé le Seigneur de son tombeau, et nous ne savons pas où on l’a mis. »
Pierre partit donc avec l’autre disciple pour se rendre au tombeau.
Ils couraient tous les deux ensemble, mais l’autre disciple courut plus vite que Pierre et arriva le premier au tombeau.
En se penchant, il voit que le linceul est resté là ; cependant il n’entre pas.
Simon-Pierre, qui le suivait, arrive à son tour. Il entre dans le tombeau, et il regarde le linceul resté là,
et le linge qui avait recouvert la tête, non pas posé avec le linceul, mais roulé à part à sa place.
C’est alors qu’entra l’autre disciple, lui qui était arrivé le premier au tombeau. Il vit, et il crut.
Jusque-là, en effet, les disciples n’avaient pas vu que, d’après l’Écriture, il fallait que Jésus ressuscite d’entre les morts.
Patrick Braud