L'homélie du dimanche (prochain)

30 mars 2013

Les Inukshuks de Pâques

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Les Inukshuks de Pâques

Homélie de Pâques / Année C
30/03/2013

 Connaissez-vous les Inukshuks ?

A large stone Inukshuk on a snowy mountain.« Sur l’île de Baffin (c’est la plus grande île du Canada, habitée par les Inuits, dans l’archipel arctique canadien, territoire du Nunavut) on peut voir de curieux monuments parsemés ici et là dans la toundra.

Faits d’énormes pierres superposées, on dirait des croix ou des humains.

En fait, est-ce l’humain qui a forme de croix lorsqu’il étend les bras? ou la croix qui a la forme d’un humain? Est-ce que l’humain porte la croix ou repose sur la croix? Je ne sais pas. Je les trouvais bien beaux ces monuments appelés Inukshuks !

Inuk = humain, shuk = guide : ces formes de pierre guident les humains dans le désert gelé…

On raconte qu’un jour, un homme se dirigeait vers un point d’eau où il comptait pêcher le jeune saumon ; il demande sa route à un vieil Inuit. Il lui répond :

    - Suis les Inukshuks.
    – Mais comment ? Ils sont dispersés un peu partout dans la toundra.
Le vieil Inuit l’incite fermement à se déplacer un peu, à pencher la tête, à fermer un ?il pour voir plus juste et il dit :
    – Quand tu vois plusieurs Inukshuks c’est que tu es en errance, que tu ne vas nulle part; il faut te placer de façon à ce qu’ils soient si parfaitement alignés que tu n’en vois plus qu’un : alors seulement tu es en chemin.

Et j’ai pensé aux croix de nos vies, aux Inukshuks de notre toundra intérieure… Quand on s’applique à les dénombrer, à dresser le bilan de nos épreuves, à effectuer l’autopsie de nos peines, peut-être sommes-nous en errance.

    Lorsqu’on se décide à se déplacer un peu, à pencher la tête, à fermer un oeil pour voir plus juste … Lorsqu’enfin toutes nos croix bien alignées permettent au regard de n’en apercevoir qu’une, celle qui sauve, celle sur laquelle repose notre résurrection, alors seulement nous sommes en chemin » (Rita Coulombe-Habel).

         L’espérance folle de Pâques, c’est peut-être cela : découvrir le chemin de vie que le Christ trace pour nous dans sa Résurrection.

Dans le désordre apparent des évènements qui jalonnent notre route, la nuit de Pâques vient ordonner ces sentinelles de pierre pour qu’elles deviennent une ligne de vie sur la paume de nos existences.

Quelles sont ces pierres ? ces Inukshuks ? que la renaissance de Pâques vient nous faire voir autrement ?

         Pour certains c’est une succession de séparations : deuils, déménagements, divorces? Dans la Pâque du Christ, ces séparations peuvent devenir des rendez-vous, en Dieu, des rendez-vous avec d’autres relations?

         Pour d’autres, c’est une litanie de difficultés qui s’accumulent, ennuis de santé, problèmes d’argent, changements professionnels?

Dans la Pâque du Christ, ces difficultés peuvent être transformées en autant d’appels à faire confiance, à rebondir, à tirer du fond de soi des trésors de courage, grâce à Dieu? Mais les évènements de notre vie auxquels Pâques donne sens sont également les évènements heureux et joyeux :

- la naissance d’un enfant (d’un petit fils, petite fille) ; et Pâques nous invite à croire que renaître est possible à tout âge.

- un mariage dans la famille ; et Pâques nous invite à croire que l’amour est plus fort que la mort.

- des repas avec des amis, des anniversaires à fêter, des confidences à partager… ; et Pâques nous appelle à tisser entre nous de tels liens, que la Résurrection du Christ va transfigurer.

         Bref, évènements heureux ou périodes difficiles peuvent être lus autrement à la lumière de Pâques : comme des passages, des traversées, des morts et des résurrections successives, jusqu’à l’ultime Résurrection?

Nous pouvons « apprendre à pratiquer davantage cette lecture pascale de tous les évènements de notre existence et de notre histoire. Si nous lisons les Écritures comme Jésus le fait avec les disciples d’Emmaüs, c’est pour comprendre comment dans les souffrances du temps présent se prépare la gloire qui doit se révéler un jour. Nous sommes appelés, à la suite de Jésus, à affronter l’épreuve du mal, avec la force de sa foi, en y ouvrant les chemins de résurrection ». (Lettre aux catholiques de France, 1996, II 4)

         Pratiquer une lecture pascale des évènements de notre histoire

Emmanuel Mounier écrivait : « L’évènement sera notre maître intérieur ».

À travers ce qui arrive (ex-venire : l’évènement est ce qui surgit de l’extérieur), ce qui est imprévu, ce qui nous est donné gratuitement, la dynamique de Pâques fait son travail en nous.

         Pratiquer une lecture pascale de son existence, c’est discerner, avec l’aide de l’Esprit (et d’un bon accompagnateur spirituel !) ce qui en moi demande à mourir, à disparaître, et ce que Dieu appelle à faire surgir.

C’est accepter de traverser les inévitables petites mort d’un parcours humain pour s’ouvrir aux renaissances à venir.

C’est déchiffrer le sens caché, le sens profond, de telle rencontre, de telle parole.

C’est aller jusqu’au bout des vrais désirs, des désirs forts, des saints désirs que Dieu suscite en moi et pour lesquels je dois bousculer ma vie.

C’est contempler la Passion du Christ, et y reconnaître la passion que je sois appelé à vivre avec lui, pour vivre avec lui.

Vous voyez : pratiquer une lecture pascale des évènements de son existence, c’est aligner les Inukshuks, les sentinelles de pierre que Dieu a placé sur ma route : au lieu de l’errance dans l’Arctique gelé, cet alignement pascal me dévoile une ligne de vie qui me permet de tout traverser, joie ou épreuve, jusqu’à la résurrection avec le Christ et en Lui.

         Que l’immense espérance de Pâques change notre regard sur ce qui nous arrive. Alors la joie, elle aussi immense, le joie de suivre le Christ ressuscité ne nous quittera plus?

         Bonne fête de Pâque, grâce aux Inukshuks qui jalonnent votre route? !

 

Messe du jour de Pâques

1ère lecture : Les Apôtres témoins de la Résurrection (Ac 10, 34a.37-43)

Lecture du livre des Actes des Apôtres

Quand Pierre arriva de Césarée chez un centurion de l’armée romaine, il prit la parole : « Vous savez ce qui s’est passé à travers tout le pays des Juifs, depuis les débuts en Galilée, après le baptême proclamé par Jean :
Jésus de Nazareth, Dieu l’a consacré par l’Esprit Saint et rempli de sa force. Là où il passait, il faisait le bien, et il guérissait tous ceux qui étaient sous le pouvoir du démon. Car Dieu était avec lui.
Et nous, les Apôtres, nous sommes témoins de tout ce qu’il a fait dans le pays des Juifs et à Jérusalem. Ils l’ont fait mourir en le pendant au bois du supplice.
Et voici que Dieu l’a ressuscité le troisième jour.
Il lui a donné de se montrer, non pas à tout le peuple, mais seulement aux témoins que Dieu avait choisis d’avance, à nous qui avons mangé et bu avec lui après sa résurrection d’entre les morts.
Il nous a chargés d’annoncer au peuple et de témoigner que Dieu l’a choisi comme Juge des vivants et des morts.
C’est à lui que tous les prophètes rendent ce témoignage : Tout homme qui croit en lui reçoit par lui le pardon de ses péchés. »

Psaume : Ps 117, 1-2, 3-4, 16-17, 22-23

R/ Ce jour que fit le Seigneur
est un jour de joie, alléluia!

Rendez grâce au Seigneur : Il est bon !
Éternel est son amour !
Oui, que le dise Israël :
Éternel est son amour !

Que le dise la maison d’Aaron :
Éternel est son amour !
Qu’ils le disent, ceux qui craignent le Seigneur :
Éternel est son amour !

le bras du Seigneur se lève,
le bras du Seigneur est fort !
Non, je ne mourrai pas, je vivrai
pour annoncer les actions du Seigneur :

La pierre qu’ont rejetée les bâtisseurs
est devenue la pierre d’angle :
c’est là l’oeuvre du Seigneur,
la merveille devant nos yeux.

2ème lecture : Vivre avec le Christ ressuscité (Col 3, 1-4)

Lecture de la lettre de saint Paul Apôtre aux Colossiens

Frères, vous êtes ressuscités avec le Christ. Recherchez donc les réalités d’en haut : c’est là qu’est le Christ, assis à la droite de Dieu.
Tendez vers les réalités d’en haut, et non pas vers celles de la terre.
En effet, vous êtes morts avec le Christ, et votre vie reste cachée avec lui en Dieu.
Quand paraîtra le Christ, votre vie, alors vous aussi, vous paraîtrez avec lui en pleine gloire.

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À la victime pascale,
chrétiens, offrez le sacrifice de louange.
L’Agneau a racheté les brebis;
le Christ innocent a réconcilié l’homme pécheur avec le Père.
La mort et la vie s’affrontèrent en un duel prodigieux.
Le Maître de la vie mourut; vivant, il règne.
?Dis-nous, Marie Madeleine,
qu’as-tu vu en chemin ??
?J’ai vu le sépulcre du Christ vivant,
j’ai vu la gloire du Ressuscité.
J’ai vu les anges ses témoins,
le suaire et les vêtements.
Le Christ, mon espérance, est ressuscité !
Il vous précédera en Galilée.?
Nous le savons : le Christ
est vraiment ressuscité des morts.
Roi victorieux, prends-nous tous en pitié !
Amen.

Evangile : Le tombeau vide et la foi des Apôtres (Jn 20, 1-9)

Acclamation : Alleluia ! Alleluia !
Notre Pâque immolée, c’est le Christ !
Rassasions-nous dans la joie
au festin du Seigneur !
Alleluia !

Évangile de Jésus Christ selon saint Jean

Le premier jour de la semaine, Marie Madeleine se rend au tombeau de grand matin, alors qu’il fait encore sombre. Elle voit que la pierre a été enlevée du tombeau.
Elle court donc trouver Simon-Pierre et l’autre disciple, celui que Jésus aimait, et elle leur dit : « On a enlevé le Seigneur de son tombeau, et nous ne savons pas où on l’a mis. »
Pierre partit donc avec l’autre disciple pour se rendre au tombeau.
Ils couraient tous les deux ensemble, mais l’autre disciple courut plus vite que Pierre et arriva le premier au tombeau.
En se penchant, il voit que le linceul est resté là ; cependant il n’entre pas.
Simon-Pierre, qui le suivait, arrive à son tour. Il entre dans le tombeau, et il regarde le linceul resté là,
et le linge qui avait recouvert la tête, non pas posé avec le linceul, mais roulé à part à sa place.
C’est alors qu’entra l’autre disciple, lui qui était arrivé le premier au tombeau. Il vit, et il crut.
Jusque-là, en effet, les disciples n’avaient pas vu que, d’après l’Écriture, il fallait que Jésus ressuscite d’entre les morts.
Patrick Braud

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23 janvier 2010

L’événement sera notre maître intérieur

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« L’événement sera notre maître intérieur »

 

Homélie du  3° Dimanche du temps ordinaire / Année C

24/01/10

 L'événement sera notre maître intérieur dans Communauté spirituelle 9782130521068

« L’événement sera notre maître intérieur »*


Cette phrase d’Emmanuel Mounier, philosophe et artisan du personnalisme communautaire, est devenue célèbre parce qu’elle cristallise une ligne spirituelle très pertinente pour l’homme d’action.

C’est l’événement qui appelle, et d’une certaine façon qui fait la personne humaine. C’est en répondant aux imprévus de la vie, à ce qui arrive d’ailleurs, que peu à peu je me constitue comme personne engagée dans l’histoire.

Cette philosophie de l’événement – qui appelle un engagement – est cohérente avec notre évangile d’aujourd’hui. Plus encore, elle est cohérente avec la rédaction même des quatre évangiles que nous décrit saint Luc au début du sien.


 
DE JÉSUS À THÉOPHILE : LE QUADRIPTYQUE

Relisez sa déclaration inaugurale (Lc 1,1), plus importante qu’il n’y paraît.

On y distingue quatre moments successifs, de Jésus à Théophile, qui forment le quadriptyque suivant :

 

 

Quadriptyque

 

C’est donc que les événements autour de la personne de Jésus ont suivi ce cheminement de pensée, de parole, d’écriture, avant de pouvoir émouvoir le lecteur en bout de chaîne.

 

On le voit facilement : il n’y a pas d’événements bruts ou « objectifs ».

Il y a d’abord ce qui vient d’ailleurs : le mot événement (« ex-venire » en latin = venir d’ailleurs) suggère d’ailleurs une certaine transcendance, une altérité radicale, imprévue, imprévisible, non maîtrisable.

Il y a ensuite des témoins, et il en faut plusieurs parce qu’un seul ne peut tout dire, et parce que l’événement échappe toujours à ses interprétations ultérieures.

Ces témoins ruminent ce qui s’est passé (à l’image de Marie, « qui conservait toutes ces choses en son coeur »), et à partir de cette méditation inspirée « composent un récit ».

Ce récit circule par oral dans les communautés chrétiennes, et ces communautés en retour modifient, peaufinent, affinent le récit.

Vient alors à un rédacteur (ici Luc) qui, lui aussi « inspiré » par une force d’écriture et de discernement, va mettre des mots et risquer un texte sur l’événement.

La chaîne interprétative de l’événement ne s’arrête pas là : car le lecteur (ici Théophile) a lui aussi le pouvoir de faire vivre le texte reçu, pour qu’il devienne à nouveau une parole vivante pour lui et la communauté (c’est le rôle de l’homélie par exemple !).

 

Mine de rien, avec cette petite synthèse de la méthode de rédaction de son évangile, Luc nous dit des  choses essentielles : le texte répond à des événements, l’interprétation (l’herméneutique) de ce qui s’y est arrivé étant le moteur pour témoigner de qui est Jésus de Nazareth et pour s’engager à sa suite.

 

Quand on regarde de près cette phrase inaugurale de Luc, on ne peut plus lire un texte d’évangile naïvement, comme si c’était un reportage en direct sur les paroles et gestes de Jésus (et même des reportages télévisés aujourd’hui auraient des visions très différentes les uns des autres !)

Mais surtout Luc nous rappelle qu’à la base de tout, il y a des événements, incontournables, inépuisables, irréversibles.

Ce n’est qu’à l’écoute des événements de notre histoire que nous deviendrons nous-mêmes.

 

À L’ÉCOUTE DES ÉVÉNEMENTS

 

Il y a de l’inattendu et des surprises dans l’histoire biblique.
Telle bataille tourne au désastre ou au contraire au triomphe.
Quand le peuple se détourne de Dieu, le surgissement d’un prophète peut changer la pratique collective, mais peut également se heurter à la dureté de coeur du peuple.
Cyrus Même en Exil où apparemment tout est perdu, il suffit d’un roi nouveau pour que tout redevienne possible: donner à Cyrus le titre de Messie (Is 45,1) est cette reconnaissance de l’action divine à travers l’événement inattendu de son décret de retour en Israël.

Bataille, prophète, nouveau roi perse…: les textes bibliques scrutent les bifurcations de l’histoire pour y discerner l’inattendu de Dieu.

Le discernement historique est alors une école d’interprétation, où les événements en tant qu’énigmes, surgissements de non-maîtrisable et créations de possibles imprévus, sont nos maîtres, selon la formule d’Emmanuel Mounier: « l’événement sera notre maître intérieur ».

 

Jésus-Christ est en personne l’événement par excellence, l’action par laquelle Dieu met fin à l’ancien monde. Il ne l’est pas en tant que fait établi du passé. Il l’est en tant qu’événement présent, en tant qu’il s’adresse à chacun ici et maintenant dans la lecture ou la prédication. À la lecture ou l’audition de l’évangile, Dieu entre en relation avec l’homme, l’éternel pénètre dans le temporel, le transcendant se manifeste au sein de l’immanent. C’est l’instant présent de cette rencontre qui change tout et fait tout basculer. Dans l’accueil de la Parole du Christ se joue maintenant l’événement du salut.
« Cette parole de l’Écriture, que vous venez d’entendre, c’est aujourd’hui qu’elle s’accomplit. »

 

Finalement qu’est-ce qu’un événement ?
 

Cone temporel


C’est ce qui introduit une brisure de symétrie fondamentale entre passé et futur : une modification dont on repère après coup l’importance (ou au contraire l’insignifiance) en ce qu’elle aura provoqué ou permis une évolution vers un état ultérieur qui n’était pas strictement prédictible auparavant (de façon nécessaire et univoque).

De tels événements n’ont lieu qu’une fois, et cessent d’exister une fois réalisés, au sens où ils ne réapparaîtront jamais identiques à eux-mêmes. En ce sens, ils sont irréversibles, contrairement à beaucoup d’autres choses que nous faisons et répétons.

Notre vie est remplie de tels événements, qui se présentent à nous, venus d’ailleurs, comme des bifurcations possibles.

 

L'événement sera notre maître intérieurCe peut être une crise financière, un divorce aussi bien qu’une naissance, une rencontre fortuite comme une jambe cassée?

Suite à une jambe cassée qui lui donne le temps de lire, Ignace de Loyola devient le fondateur des jésuites au lieu d’un noble chevalier.

Suite à un éblouissement sur le chemin de Damas, Saul deviendra Paul au lieu du persécuteur.

Suite à une rencontre avec deux personnes handicapées mentales en hôpital psychiatrique, Jean Vanier est embarqué dans l’aventure de l’Arche au lieu de couler une paisible retraite d’officier de marine?

 

À nous de déchiffrer « ce qui nous arrive », heureux ou douloureux, comme autant d’événements, c’est-à-dire d’appels à nous engager avec le Christ pour devenir nous-mêmes, et écrire notre propre histoire à la manière de Luc.

 

« L’événement sera notre maître intérieur » : que Luc nous serve de grand frère pour – nous aussi –  donner un sens aux événements qui nous tombent dessus, et pour nous engager dans les bifurcations qu’ils dessinent…

 

* Lettre d’Emmanuel Mounier en septembre 1949 à Jean-Marie Domenach (directeur de la revue Esprit)
 

1ère lecture : Le peuple de Dieu redécouvre la Parole (Ne 8, 1-4a.5-6.8-10)

Lecture du livre de Néhémie

Quand arriva la fête du septième mois, tout le peuple se rassembla comme un seul homme sur la place située devant la Porte des eaux. On demanda au scribe Esdras d’apporter le livre de la loi de Moïse, que le Seigneur avait donnée à Israël.
Alors le prêtre Esdras apporta la Loi en présence de l’assemblée, composée des hommes, des femmes, et de tous les enfants en âge de comprendre. C’était le premier jour du septième mois.
Esdras, tourné vers la place de la Porte des eaux, fit la lecture dans le livre, depuis le lever du jour jusqu’à midi, en présence des hommes, des femmes, et de tous les enfants en âge de comprendre : tout le peuple écoutait la lecture de la Loi.
Le scribe Esdras se tenait sur une tribune de bois, construite tout exprès.
Esdras ouvrit le livre ; tout le peuple le voyait, car il dominait l’assemblée. Quand il ouvrit le livre, tout le monde se mit debout.
Alors Esdras bénit le Seigneur, le Dieu très grand, et tout le peuple, levant les mains, répondit : « Amen ! Amen ! » Puis ils s’inclinèrent et se prosternèrent devant le Seigneur, le visage contre terre.
Esdras lisait un passage dans le livre de la loi de Dieu, puis les lévites traduisaient, donnaient le sens, et l’on pouvait comprendre.
Néhémie le gouverneur, Esdras qui était prêtre et scribe, et les lévites qui donnaient les explications, dirent à tout le peuple : « Ce jour est consacré au Seigneur votre Dieu ! Ne prenez pas le deuil, ne pleurez pas ! » Car ils pleuraient tous en entendant les paroles de la Loi.
Esdras leur dit encore : « Allez, mangez des viandes savoureuses, buvez des boissons aromatisées, et envoyez une part à celui qui n’a rien de prêt. Car ce jour est consacré à notre Dieu ! Ne vous affligez pas : la joie du Seigneur est votre rempart ! »

Psaume : Ps 18, 8, 9, 10, 15
R/ La joie du Seigneur est notre rempart

La loi du Seigneur est parfaite,
qui redonne vie ;
la charte du Seigneur est sûre,
qui rend sages les simples.Les préceptes du Seigneur sont droits,
ils réjouissent le coeur ;
le commandement du Seigneur est limpide,
il clarifie le regard.

La crainte qu’il inspire est pure,
elle est là pour toujours ;
les décisions du Seigneur sont justes
et vraiment équitables.

Accueille les paroles de ma bouche,
le murmure de mon coeur ;
qu’ils parviennent devant toi,
Seigneur, mon rocher, mon défenseur !

2ème lecture : Diversité des membres dans l’unité du corps du Christ (1Co 12, 12-30)

Lecture de la première lettre de saint Paul Apôtre au Corinthiens

Frères,
Prenons une comparaison : notre corps forme un tout, il a pourtant plusieurs membres ; et tous les membres, malgré leur nombre, ne forment qu’un seul corps. Il en est ainsi pour le Christ.
Tous, Juifs ou païens, esclaves ou hommes libres, nous avons été baptisés dans l’unique Esprit pour former un seul corps. Tous nous avons été désaltérés par l’unique Esprit.
Le corps humain se compose de plusieurs membres, et non pas d’un seul.
[ Le pied aura beau dire : « Je ne suis pas la main, donc je ne fais pas partie du corps », il fait toujours partie du corps.
L’oreille aura beau dire : « Je ne suis pas l’oeil, donc je ne fais pas partie du corps », elle fait toujours partie du corps.
Si, dans le corps, il n’y avait que les yeux, comment pourrait-on entendre ? S’il n’y avait que les oreilles, comment pourrait-on sentir les odeurs ?
Mais, dans le corps, Dieu a disposé les différents membres comme il l’a voulu.
S’il n’y en avait qu’un seul, comment cela ferait-il un corps ?
Il y a donc à la fois plusieurs membres, et un seul corps.
L’oeil ne peut pas dire à la main : « Je n’ai pas besoin de toi » ; la tête ne peut pas dire aux pieds : « Je n’ai pas besoin de vous ».
Bien plus, les parties du corps qui paraissent les plus délicates sont indispensables.
Et celles qui passent pour moins respectables, c’est elles que nous traitons avec plus de respect ; celles qui sont moins décentes, nous les traitons plus décemment ;
pour celles qui sont décentes, ce n’est pas nécessaire. Dieu a organisé le corps de telle façon qu’on porte plus de respect à ce qui en est le plus dépourvu :
il a voulu qu’il n’y ait pas de division dans le corps, mais que les différents membres aient tous le souci les uns des autres.
Si un membre souffre, tous les membres partagent sa souffrance ; si un membre est à l’honneur, tous partagent sa joie. ]
Or, vous êtes le corps du Christ et, chacun pour votre part, vous êtes les membres de ce corps.
[ Parmi ceux que Dieu a placés ainsi dans l’Église, il y a premièrement des apôtres, deuxièmement des prophètes, troisièmement ceux qui sont chargés d’enseigner, puis ceux qui font des miracles, ceux qui ont le don de guérir, ceux qui ont la charge d’assister leurs frères ou de les guider, ceux qui disent des paroles mystérieuses.
Tout le monde évidemment n’est pas apôtre, tout le monde n’est pas prophète, ni chargé d’enseigner ; tout le monde n’a pas à faire des miracles,
à guérir, à dire des paroles mystérieuses, ou à les interpréter. ]

Evangile : Prologue de Saint Luc – « Aujourd’hui, s’accomplit la Parole »
(Lc 1, 1-4; 4, 14-21)

Commencement de l’Evangile de Jésus Christ selon saint Luc

Plusieurs ont entrepris de composer un récit des événements qui se sont accomplis parmi nous,
tels que nous les ont transmis ceux qui, dès le début, furent les témoins oculaires et sont devenus les serviteurs de la Parole.
C’est pourquoi j’ai décidé, moi aussi, après m’être informé soigneusement de tout depuis les origines, d’en écrire pour toi, cher Théophile, un exposé suivi,
afin que tu te rendes bien compte de la solidité des enseignements que tu as reçus.

Lorsque Jésus, avec la puissance de l’Esprit, revint en Galilée, sa renommée se répandit dans toute la région.

Il enseignait dans les synagogues des Juifs, et tout le monde faisait son éloge.
Il vint à Nazareth, où il avait grandi. Comme il en avait l’habitude, il entra dans la synagogue le jour du sabbat, et il se leva pour faire la lecture.
On lui présenta le livre du prophète Isaïe. Il ouvrit le livre et trouva le passage où il est écrit :
L’Esprit du Seigneur est sur moi parce que le Seigneur m’a consacré par l’onction. Il m’a envoyé porter la Bonne Nouvelle aux pauvres, annoncer aux prisonniers qu’ils sont libres, et aux aveugles qu’ils verront la lumière, apporter aux opprimés la libération,
annoncer une année de bienfaits accordée par le Seigneur.Jésus referma le livre, le rendit au servant et s’assit. Tous, dans la synagogue, avaient les yeux fixés sur lui.
Alors il se mit à leur dire : « Cette parole de l’Écriture, que vous venez d’entendre, c’est aujourd’hui qu’elle s’accomplit. »
Patrick BRAUD
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