L'homélie du dimanche (prochain)

15 octobre 2023

Rendre à Dieu la monnaie de sa pièce

Classé sous Communauté spirituelle — lhomeliedudimanche @ 12 h 30 min

Rendre à Dieu la monnaie de sa pièce

Homélie pour le 29° Dimanche du temps ordinaire / Année A
22/10/2023

Cf. également :
Charlie, César et Dieu
Résistez à la dictature du format court !
Refusez la pression fiscale !

« Tous pourris » ?
INRI : annulez l’ordre injuste !

Il s’agit d’impôt et non de laïcité
Rendre à Dieu la monnaie de sa pièce dans Communauté spirituelle Rendez-a-Cesar-Philippe-de-Champaigne
Évacuons d’emblée une lecture courante de notre célébrissime maxime de l’Évangile de ce dimanche (Mt 22,15-21) : « rendez à César ce qui est à César, et à Dieu ce qui est à Dieu ». Certains commentateurs – et non des moindres – voudraient trouver dans cette phrase de Jésus le fondement d’une laïcité ‘à la française’, avec une séparation nette des deux pouvoirs, politique et spirituel.

Cette lecture apologétique est doublement anachronique :
– d’abord parce qu’à l’époque de Jésus, la question ne se pose pas. Elle est même totalement hors champ, impensable. Il est évident pour tous les peuples de l’Antiquité que le politique et le religieux sont inextricablement mêlés, inséparables. Les juifs sont persuadés que Dieu seul est au principe d’Israël : même un roi – accepté avec réticence après les Juges, car toujours infidèle – n’est que le ‘lieu-tenant’ de Dieu. Les prophètes ne cessent de lui rappeler la supériorité de la Torah sur son gouvernement.

– ensuite, parce que tout au long de 20 siècles d’histoire, les Églises n’ont jamais interprété ni vécu cette maxime selon notre conception moderne Quanta Cura & Syllabusd’une laïcité à la française. Pendant les trois premiers siècles, sous les persécutions, l’Église clandestine refuse d’adorer César et de lui offrir des sacrifices. Après Constantin, elle fait alliance avec le pouvoir impérial et devient religion d’État. Point de séparation dans l’alliance du trône et de l’autel, dans la théorie féodale des trois ordres (chevaliers, prêtres, paysans), dans la monarchie de droit divin, dans la théorie de la symphonie des pouvoirs en Orient (l’aigle à deux têtes de Byzance ou de la Russie actuelle) ou dans la théorie des deux glaives de l’Occident (où le glaive religieux doit l’emporter sur le politique, comme à Canossa). Le Syllabus de 1864 résume cette longue histoire de subordination – ou au mieux de lien intime – de César à Dieu en qualifiant la liberté de conscience de « liberté de perdition », de « délire », et en condamnant la séparation de l’Église et de l’État (‘erreur’ 55). Les Églises orthodoxes sont toujours sur cette ligne. L’Église anglicane continue de couronner rois et reines du Royaume-Uni. Les protestants certes sont les plus critiques envers ces collusions, mais les évangélistes américains font tout pour soumettre les lois des États à leur interprétation de la Bible (avortement, peine de mort, homosexualité etc.) et les luthériens du nord de l’Europe continuent à être une quasi religion d’État.

Bref : notre évangile de ce jour n’est pas un débat sur la laïcité, quoi qu’en disent les Français un peu isolés dans le monde à cause de leur conception si singulière des relations Églises-État.

Le texte évangélique est on ne peut plus clair : le piège tendu à Jésus porte sur l’impôt, et non sur la séparation des pouvoirs. C’est une question très pragmatique, casuistique même comme les aiment les juifs : dois-je remplir ma déclaration d’impôts ou choisir la désobéissance civile ? Dois-je accepter le prélèvement automatique sans broncher s’il vient de l’occupant ? C’est ce qu’on appelle le consentement à l’impôt : les citoyens l’acceptent de bon cœur s’ils le trouvent légitime. Sinon ils le boycottent ou ils fraudent, et en France la fraude fiscale est un sport national…
C’est donc d’argent dont il est question.

 

Jésus n’a pas un sou en poche
4e229d72661d557f8db29d06a930c7d9-780x405 argent dans Communauté spirituelle
La suite de la controverse confirme que l’argent est au centre de la dispute : « Montrez-moi la monnaie de l’impôt ». Tiens : pourquoi Jésus ne sort-il pas lui-même une pièce de monnaie de sa poche ? Pourquoi est-il obligé de demander aux pharisiens et Hérodiens en face de lui ? Parce que Jésus « n’a pas une pierre où reposer la tête » (Lc 9,58). Parce qu’il a choisi de vivre littéralement sans argent sur lui, sans argent à lui. Il n’a pas un sou en poche. Car il savait qu’avoir toujours sur soi cette double image de César gravée dans l’argent finit par rendre dépendant, comme une drogue, ou plutôt comme une idole.

On finit souvent par idolâtrer ce qu’on a constamment sous les yeux, que ce soit son smartphone, sa carte bancaire, son ordinateur ou sa montre. Nos objets nous possèdent, bien plus que l’inverse. Nous finissons par ressembler à ce que nous contemplons. Si c’est une icône, elle nous conduit vers Dieu. Si c’est une idole, elle nous déshumanise et nous nous résignons à notre servitude volontaire.
Les pharisiens et les Hérodiens sont du côté du pouvoir et de l’argent : ils ont toujours leur Dieu dans la poche.
Jésus lui n’a pas un sou en poche : son Dieu est ailleurs.

 

Où est l’autre pièce de monnaie ?
220px-Denarius_of_Tiberius_%28YORYM_2000_1953%29_obverse César
On montre à Jésus la pièce de César. Mais où donc est celle de Dieu ? Si l’on veut comparer César et Dieu, il faut comparer leurs deux monnaies, leurs deux impôts. Or le denier d’argent est à l’image (icône en grec) de César ; l’autre pièce devrait donc être à l’image de Dieu. On devine que c’est chaque personne humaine qui est la vraie monnaie de Dieu. L’effigie dont parle Jésus est l’image divine en tout homme. Car Dieu a créé l’homme à son image (icône). L’homme est l’icône de Dieu.
La seule monnaie que Jésus a toujours sur lui est l’image de Dieu, qui resplendit sur son visage en plénitude, et qu’il scrute amoureusement sur le visage de chaque rencontre. Si payer l’impôt à César est lui rendre son image, rendre à Dieu ce qui est à Dieu est alors reconnaître son image en chacun, et la laisser resplendir sur nous-même.

Voilà comment rendre à Dieu la monnaie de sa pièce : voir en chacun son icône, et servir en lui sa vocation divine.

 

De l’image à la ressemblance
Dieu a fait l’homme à son image et à sa ressemblance (Gn 1,26-27;5,1). C’est ce qui fonde son inaliénable dignité : « Si quelqu’un verse le sang de l’homme, par l’homme son sang sera versé. Car Dieu a fait l’homme à son image » (Gn 9,6).
Plus exactement, le texte hébreu de Gn 1,26 écrit :
וַיֹּ֣אמֶר אֱלֹהִ֔ים נַֽעֲשֶׂ֥ה אָדָ֛ם בְּצַלְמֵ֖נוּ כִּדְמוּתֵ֑נוּ וְיִרְדּוּ֩ בִדְגַ֨ת הַיָּ֜ם וּבְע֣וֹף הַשָּׁמַ֗יִם וּבַבְּהֵמָה֙ וּבְכָל־הָאָ֔רֶץ וּבְכָל־הָרֶ֖מֶשׂ הָֽרֹמֵ֥שׂ עַל־הָאָֽרֶץ׃
« Dieu dit : faisons l’homme dans (בְּ) notre image, comme (כִּ) notre ressemblance »
.

L’image est donnée dès le départ, la ressemblance est une potentialité à développer. C’est la subtile différence entre « dans notre image » et « comme notre ressemblance ».
Image et ressemblance : ces deux termes ne sont pas équivalents pour les Pères de l’Église. L’image est comme le sceau royal apposé au bas d’un traité. Il est scellé par le roi et garde en creux dans la cire la trace de son propriétaire. En regardant le sceau et le symbole royal qu’il porte (un lion, un lys, des armoiries etc.), on sait que le prince s’est engagé et que, même absent, il garantit sa signature. De même l’image divine en tout être humain : elle est gravée, indélébile, et nous parle en creux de Celui qui nous a façonné et qui s’est engagé pour nous. Même le pire des criminels a toujours cette image, cette icône de Dieu enfouie en lui. La vie du croyant est alors de dégager cette image de tout ce qui l’obscurcit, pour laisser resplendir la ressemblance divine. « Ceux que, d’avance, il connaissait, il les a aussi destinés d’avance à être configurés à l’image de son Fils, pour que ce Fils soit le premier-né d’une multitude de frères » (Rm 8,29).

Le couple « image et ressemblance » n’est pas utilisé pour les animaux mais pour l’homme seulement. Ainsi, en Gn 5,3, après avoir dit que Dieu créa l’homme à la ressemblance de Dieu, le texte poursuit : « Adam engendra un fils à sa ressemblance, selon son image« . C’est le propre de l’humain que d’être appelé à ressembler à Dieu en engendrant la vie.

A son image et ressemblance : l'homme à l'image de Dieu ou Dieu à l'image de l'homme ?L’image divine en l’homme échappe à toute définition, mais elle peut être caractérisée comme une capacité à participer à la nature divine. Cette capacité est déjà inscrite comme « en creux » dans la nature, humaine, mais elle devient vraiment effective par la grâce du baptême. Il ne s’agit pourtant encore que d’une capacité initiale, d’un germe appelé à se développer par la coopération de notre liberté et de la grâce divine ; la « ressemblance » est le plein accomplissement de l’image, fruit de la coopération de la liberté humaine et de la grâce. Elle s’identifie avec la déification, la pleine participation aux énergies divines incréées. Elle est une participation à la filiation du Fils par nature, à la gloire du Père. Elle fait ainsi entrer l’homme dans une relation d’amour personnel et d’intimité avec les divines Personnes de la Trinité. Elle ne sera pleinement achevée que par notre résurrection corporelle au dernier jour : « Et nous tous qui n’avons pas de voile sur le visage, nous reflétons la gloire du Seigneur, et nous sommes transformés en son image avec une gloire de plus en plus grande, par l’action du Seigneur qui est Esprit et vérité » (2 Co 3,18).

Rendre à Dieu la monnaie de sa pièce, c’est passer de l’image (innée) à la ressemblance (acquise) par l’accueil de l’amour divin.
Déjà au IV° siècle, on lisait sous la plume d’un auteur anonyme :

« L’image de Dieu n’est pas imprimée sur l’or mais sur le genre humain. La monnaie de César est d’or, celle de Dieu est l’humanité… Par conséquent, donne ta richesse matérielle à César, mais réserve à Dieu l’unique innocence de ta conscience, là où Dieu est contemplé… En effet, César a voulu son image sur chaque monnaie, mais Dieu a choisi l’homme qu’Il a créé pour refléter sa gloire » (Anonyme, Œuvre incomplète sur Matthieu, Homélie 42).

Et saint Augustin a utilisé plusieurs fois cette référence dans ses homélies :

« Si César exige sa propre image sur la monnaie, Dieu n’exigera-t-il pas que l’homme grave en lui-même l’image divine ? » (En. in Ps. Ps 94,2).
Comme l’on rend à César sa monnaie, ainsi rend-on à Dieu l’âme illuminée, reflet de la lumière de son visage… Christ, en effet, habite dans l’homme intérieur » (Ibid., Ps 4,8).

Au XVI° siècle, Saint-Laurent de Brindisi tire ce même fil : rendre à Dieu ce qui est à Dieu, c’est passer de l’image à la ressemblance :

« Il nous faut payer à César le denier portant l’effigie et l’inscription de César, à Dieu ce qui a reçu le sceau de l’image et de la ressemblance divines: La lumière de ton visage a laissé sur nous ton empreinte, Seigneur (cf. Ps 4,7).
Nous sommes faits à l’image et à la ressemblance (Gn 1,26) de Dieu. Tu es homme, ô chrétien. Tu es donc la monnaie du trésor divin, un denier portant l’effigie et l’inscription de l’empereur divin. Dès lors, je demande avec le Christ : cette effigie et cette légende, de qui sont-elles ? Tu réponds: « De Dieu ». J’ajoute : « Pourquoi donc ne rends-tu pas à Dieu ce qui est à lui ? »
Si nous voulons être réellement une image de Dieu, nous devons ressembler au Christ, puisqu’il est l’image de la bonté de Dieu et l’effigie exprimant son être (cf. He 1,3). Et Dieu a destiné ceux qu’il connaissait par avance à être l’image de son Fils (Rm 8,29) ».
(Hom. 22° dimanche après la Pentecôte)

Restaurer l’homme dans sa dignité d’enfant de Dieu, c’est sans doute la mission que le « bon samaritain » confie à l’aubergiste, en lui donnant deux deniers pour subvenir à la guérison du blessé sur la route (Lc 10,35). En effet, dans l’évangile de Luc, le seul autre usage du mot δηνάριον (= denarion, denier) de notre passage se trouve dans la parabole du bon samaritain. L’humanité blessée par le péché, gisant sur le bord du chemin, est défigurée. C’est le rôle de l’aubergiste (Pierre ?) et de son auberge (l’Église ?) que de lui redonner image et ressemblance d’avec Dieu, les deux deniers que le Christ lui a confiés avant de s’absenter de l’histoire…

 

L’inscription de César, et celle de Dieu
« Cette effigie (εκν, eikon = icône) et cette inscription (πιγραφ, épigraphe), de qui sont-elles ? »
Si l’icône nous met sur la voie service de la vie divine en chaque être humain, de quoi l’inscription est-elle le nom ?

L’inscription de César renvoie clairement à la condamnation écrite du Juste innocent sur la croix. En effet il n’y a que 5 usages du mot πιγραφ (épigraphe) dans le Nouveau Testament : 3 pour notre controverse sur l’impôt (Mt 22,20 ; Mc 12,16 ; Lc 20,24), et 2 pour les mots gravés sur le bois du gibet (Mc 15,26 ; Lc 23,38) : « L’inscription (πιγραφ) indiquant le motif de sa condamnation portait ces mots : ‘Le roi des Juifs’ » (Mc 15,26).
Rendre à César son inscription, c’est donc constater que sa condamnation est vaine, injuste, et n’aura pas le dernier mot. INRI, cet écriteau multiplié à l’infini sur nos crucifix, calvaires, tableaux et autres statues est un défi lancé à César : ‘tu as cru éliminer le Juste par la force de ton pouvoir, cet épigraphe te revient en pleine face comme un signe de victoire du condamné sur l’injustice, le mal et la mort’.

Photo-100 image

Rendre à Dieu son inscription à Lui, c’est découvrir ce qu’a gravé sur nos cœurs l’Esprit de la Loi, et non sa lettre, comme l’écrit Paul : « Dieu nous a rendus capables d’être les ministres d’une Alliance nouvelle, fondée non pas sur la lettre mais dans l’Esprit ; car la lettre tue, mais l’Esprit donne la vie » (2 Co 3,6).
C’est aussi agir en conscience : « la façon d’agir prescrite par la Loi est inscrite dans le cœur des païens, et leur conscience en témoigne… » (Rm 2,15).
Pour l’apôtre, c’est également offrir à Dieu des communautés vivantes et animées par l’Esprit : « De toute évidence, vous êtes cette lettre du Christ, produite par notre ministère, écrite non pas avec de l’encre, mais avec l’Esprit du Dieu vivant, non pas, comme la Loi, sur des tables de pierre, mais sur des tables de chair, sur vos cœurs » (2 Co 3,3).

Chaque être humain porte au fond de lui en filigrane ce titre royal : enfant de Dieu, et c’est vraiment rendre à Dieu la monnaie de sa pièce que de devenir pleinement ce fils/cette fille bien-aimés à qui il partage son intimité.

 

Par ici la monnaie !
Par ici la monnaie !
Résumons-nous : l’enjeu de la controverse entre Jésus et les pharisiens unis aux Hérodiens  concerne l’impôt, et non la laïcité. Pendant des siècles, on y a lu l’invitation à cultiver notre ressemblance d’avec Dieu plutôt que notre servitude envers César. Il s’agit de participer à la nature divine (2P 1,4), selon la parole de la Loi reprise par Jésus : « vous êtes des dieux » (Jn 10,34). Nous avançons sur la voie de cette divinisation lorsque nous désacralisons le pouvoir en lui rendant son effigie pour ne pas lui être soumis, lorsque nous combattons son injustice mortelle en lui rendant son inscription (INRI).

Nous rendons à Dieu la monnaie de sa pièce lorsque nous révélons à tout homme sa dignité en tant qu’icône de Dieu, appelé à lui ressembler toujours davantage, et lorsque nous rendons à Dieu son épigraphe, c’est-à-dire la loi d’amour gravée en nos cœurs par l’Esprit de vérité.

Ne rendez plus la monnaie comme avant…

LECTURES DE LA MESSE

PREMIÈRE LECTURE
« J’ai pris Cyrus par la main pour lui soumettre les nations » (Is 45, 1.4-6)

Lecture du livre du prophète Isaïe
Ainsi parle le Seigneur à son messie, à Cyrus, qu’il a pris par la main pour lui soumettre les nations et désarmer les rois, pour lui ouvrir les portes à deux battants, car aucune porte ne restera fermée : « À cause de mon serviteur Jacob, d’Israël mon élu, je t’ai appelé par ton nom, je t’ai donné un titre, alors que tu ne me connaissais pas. Je suis le Seigneur, il n’en est pas d’autre : hors moi, pas de Dieu. Je t’ai rendu puissant, alors que tu ne me connaissais pas, pour que l’on sache, de l’orient à l’occident, qu’il n’y a rien en dehors de moi. Je suis le Seigneur, il n’en est pas d’autre. »

PSAUME
(Ps 95 (96), 1.3, 4-5, 7-8, 9-10ac)
R/ Rendez au Seigneur la gloire et la puissance. (Ps 95, 7b)

Chantez au Seigneur un chant nouveau,
chantez au Seigneur, terre entière,
racontez à tous les peuples sa gloire,
à toutes les nations ses merveilles !

Il est grand, le Seigneur, hautement loué,
redoutable au-dessus de tous les dieux :
néant, tous les dieux des nations !
Lui, le Seigneur, a fait les cieux.

Rendez au Seigneur, familles des peuples,
rendez au Seigneur la gloire et la puissance,
rendez au Seigneur la gloire de son nom.
Apportez votre offrande, entrez dans ses parvis.

Adorez le Seigneur, éblouissant de sainteté :
tremblez devant lui, terre entière.
Allez dire aux nations : « Le Seigneur est roi ! »
Il gouverne les peuples avec droiture.

DEUXIÈME LECTURE
« Nous nous souvenons de votre foi, de votre charité, de votre espérance » (1 Th 1, 1-5b)

Lecture de la première lettre de saint Paul apôtre aux Thessaloniciens
Paul, Silvain et Timothée, à l’Église de Thessalonique qui est en Dieu le Père et dans le Seigneur Jésus Christ. À vous, la grâce et la paix. À tout moment, nous rendons grâce à Dieu au sujet de vous tous, en faisant mémoire de vous dans nos prières. Sans cesse, nous nous souvenons que votre foi est active, que votre charité se donne de la peine, que votre espérance tient bon en notre Seigneur Jésus Christ, en présence de Dieu notre Père. Nous le savons, frères bien-aimés de Dieu, vous avez été choisis par lui. En effet, notre annonce de l’Évangile n’a pas été, chez vous, simple parole, mais puissance, action de l’Esprit Saint, pleine certitude.

ÉVANGILE
« Rendez à César ce qui est à César, et à Dieu ce qui est à Dieu » (Mt 22, 15-21)
Alléluia. Alléluia. Vous brillez comme des astres dans l’univers en tenant ferme la parole de vie. Alléluia. (Ph 2, 15d.16a)

Évangile de Jésus Christ selon saint Matthieu
En ce temps-là, les pharisiens allèrent tenir conseil pour prendre Jésus au piège en le faisant parler. Ils lui envoient leurs disciples, accompagnés des partisans d’Hérode : « Maître, lui disent-ils, nous le savons : tu es toujours vrai et tu enseignes le chemin de Dieu en vérité ; tu ne te laisses influencer par personne, car ce n’est pas selon l’apparence que tu considères les gens. Alors, donne-nous ton avis : Est-il permis, oui ou non, de payer l’impôt à César, l’empereur ? » Connaissant leur perversité, Jésus dit : « Hypocrites ! pourquoi voulez-vous me mettre à l’épreuve ? Montrez-moi la monnaie de l’impôt. » Ils lui présentèrent une pièce d’un denier. Il leur dit : « Cette effigie et cette inscription, de qui sont-elles ? » Ils répondirent : « De César. » Alors il leur dit : « Rendez donc à César ce qui est à César, et à Dieu ce qui est à Dieu. »
Patrick BRAUD

Mots-clés : , , , , , , ,

9 octobre 2014

Tenue de soirée exigée…

Classé sous Communauté spirituelle — lhomeliedudimanche @ 0 h 01 min

Tenue de soirée exigée…

Homélie du 28° Dimanche du temps ordinaire Année A
12/10/2014

 

Tenue de soirée exigée… dans Communauté spirituelle menu

         Reines de l’océan en Belle-Vue
         Turbot au chablis
         Veau braisé soubise
         Poulardes truffées
         Salade mimosa
         Fromages
         Bavaroise
         Fruits – Café                 

Ça vous met l’eau à la bouche !

 

J’avais retrouvé ce menu d’un repas de noces dans ma famille, d’un mariage célébré en 1945 ! À écouter un tel menu de noces, on se demande pourquoi il y en a qui refuseraient de s’asseoir à la table ! Et pourtant, la parabole de ce Dimanche nous rappelle que ce refus est toujours possible, et que Jésus s’y est exposé, jusqu’à la Croix.

« Le Royaume des Cieux est comparable à un roi qui célébrait les noces de son fils ».

Quand Jésus évoque le Royaume des cieux, il prend l’une des plus vieilles réalités humaines : les noces.

C’est lui le Fils qui célèbre ses épousailles avec l’humanité.

Et chacun de nous est demandé en mariage aujourd’hui par le Fils de Dieu lui-même !

C’est la grandeur et la dignité du mariage, et c’est pour cela que le mariage est pour nous un sacrement. En regardant vivre les gens mariés, on devrait pouvoir deviner combien le Christ désire épouser chacun. D’où la responsabilité particulière des couples mariés à l’église : témoigner des noces que Dieu célèbre pour son fils avec tout être humain, toute l’humanité. Heureux les invités à ce repas de noces où le Christ lui-même dresse la table de l’eucharistie, nouvelle Alliance !

Or certains refusent de venir.

1nouve12 César dans Communauté spirituelle

La violence meurtrière

Et nous sommes parfois de ceux-là qui ne tiennent aucun compte de cette invitation, à cause de fausses bonnes raisons : un champ à cultiver, un commerce à faire tourner – comme dans la parabole -, c’est-à-dire une vie professionnelle qui devient envahissante, une vie trop remplie de choses à faire pour entendre l’invitation. Pire encore, le Christ sait qu’il s’expose à la violence, alors même qu’il est porteur d’une invitation d’amour. L’homme est ainsi fait qu’il peut choisir de répondre par la violence à une invitation d’amour.

Il peut saccager ce qu’il a de plus cher.

Là encore, reprenez l’image-sacrement du couple : la violence peut répondre à l’amour ; c’est un constat, malheureusement.

Dieu, lui, envoie son invitation sans se lasser. Dans un couple, on se lasse vite de la violence de l’autre, et on n’accepte que difficilement d’être la bête grasse égorgée pour lui ou pour elle ! Dieu dénonce cette violence, qui se retourne d’ailleurs contre ceux qui la commettent : ils s’y détruisent, en refusant d’être aimés…

La violence peut répondre à l’amour. La Croix en est le signe.

L’indifférence suicidaire

La violence ou, pire encore, l’indifférence.
« Ils n’en tirent aucun compte et s’en allèrent, l’un à son champ, l’autre à son commerce. »
Regardez les dégâts que peut provoquer l’indifférence dans un couple : lorsque s’installe silencieusement la juxtaposition et non la communion, lorsque chacun s’investit dans son champ, son commerce – comme dit la parabole – sans tenir compte de l’autre. L’indifférence est peut-être le plus grand péché contre l’Amour. C’est elle qui nous rend imperméable aux appels de nos frères, aux appels de Dieu.

 

Le silence incompréhensible

Un dernier mot enfin sur les pleurs et les grincements de dents qui attendent l’invité qui n’a pas revêtu son vêtement de noces. Cela fait penser aux bristols très officiels à la carte d’invitation précise : « Tenue de soirée exigée ! ».

Que signifie ce vêtement de noces ?

On peut penser à la robe de baptême. Il ne suffit pas d’être invité, encore faut-il se laisser revêtir de cette robe baptismale.

Le plus dur dans l’amour, ce n’est pas aimer, c’est d’accepter d’être aimé, et d’accepter que cet amour nous change. « Dépouillez-vous du vieil homme et revêtez l’homme nouveau » disait St Paul en évoquant lui aussi ce vêtement de noces.

Reprenez l’image-sacrement de l’amour humain : revêtir la robe de l’amour mutuel, c’est laisser l’être aimé me dépouiller de mon égoïsme, faire tomber mes blocages, mes défenses, mes forteresses intérieures…

En cela, le mariage est dans le droit fil du baptême, et la mariée a raison d’être en blanc ! Car se marier est un chemin pour mourir à soi-même et renaître à l’autre, comme le Christ est mort et ressuscité pour nous. Alors, celui qui est dans la salle de noces, dans l’Église, et fait semblant d’être chrétien alors que sa vie n’est pas en accord avec ce qu’il croit, celui-là abîme le témoignage de l’Église. Dieu l’interroge : « Mon ami – car il est toujours son ami à ce stade – comment es-tu entré ici sans avoir le vêtement de noce ? »

Mais le silence répond à l’amour. « L’autre garda le silence ».

 

Après l’indifférence ou la violence, voilà maintenant le silence, la non communication, le non-dit, ce que l’on cache, le refus d’entrer en dialogue.

Demandez aux couples en difficulté combien cette non-communication est la pire des épreuves ! Se taire alors qu’il y a des contradictions à lever, fuir alors que Dieu nous propose la confiance et le dialogue, c’est finalement suicidaire. Cela n’engendre que des pleurs et des grincements de dents.

Heureusement, l’invitation au repas des noces reste la plus forte : Dieu fait le nécessaire pour remplir la salle des noces avec les mauvais et les bons que nous sommes tous. À nous de nous laisser transformer de fond en comble par notre présence ici, pour revêtir « la tenue de soirée » qui va avec.

Que ce banquet de l’eucharistie nous rappelle la grandeur et l’exigence de notre baptême.
Que ce festin des noces renouvelle pour les époux la grâce de leur mariage.
Que cette invitation à nous laisser aimer par le Christ ne rencontre en nous ni indifférence, ni violence, ni silence coupable.

 

 

1ère lecture : Le festin messianique (Is 25, 6-9)

Lecture du livre d’Isaïe

Ce jour-là, le Seigneur, Dieu de l’univers, préparera pour tous les peuples, sur sa montagne, un festin de viandes grasses et de vins capiteux, un festin de viandes succulentes et de vins décantés. Il enlèvera le voile de deuil qui enveloppait tous les peuples et le linceul qui couvrait toutes les nations. Il détruira la mort pour toujours. Le Seigneur essuiera les larmes sur tous les visages, et par toute la terre il effacera l’humiliation de son peuple ; c’est lui qui l’a promis.
Et ce jour-là, on dira : « Voici notre Dieu, en lui nous espérions, et il nous a sauvés ; c’est lui le Seigneur, en lui nous espérions ; exultons, réjouissons-nous : il nous a sauvés ! »

Psaume : 22, 1-2ab, 2c-3, 4, 5, 6

 R/ Près de toi, Seigneur, sans fin nous vivrons.

Le Seigneur est mon berger :
je ne manque de rien.
Sur des prés d’herbe fraîche,
il me fait reposer.

Il me mène vers les eaux tranquilles
et me fait revivre ;
il me conduit par le juste chemin
pour l’honneur de son nom.

Si je traverse les ravins de la mort,
je ne crains aucun mal,
car tu es avec moi :
ton bâton me guide et me rassure.

Tu prépares la table pour moi
devant mes ennemis ;
tu répands le parfum sur ma tête,
ma coupe est débordante.

Grâce et bonheur m’accompagnent
tous les jours de ma vie ;
j’habiterai la maison du Seigneur
pour la durée de mes jours.

2ème lecture : La vraie richesse dans le Christ (Ph 4, 12-14.19-20)

Lecture de la lettre de saint Paul Apôtre aux Philippiens

Frères, je sais vivre de peu, je sais aussi avoir tout ce qu’il me faut. Être rassasié et avoir faim, avoir tout ce qu’il me faut et manquer de tout, j’ai appris cela de toutes les façons. Je peux tout supporter avec celui qui me donne la force. Cependant, vous avez bien fait de m’aider tous ensemble quand j’étais dans la gêne. Et mon Dieu subviendra magnifiquement à tous vos besoins selon sa richesse, dans le Christ Jésus.
Gloire à Dieu notre Père pour les siècles des siècles. Amen.

Evangile : Parabole des invités au festin (brève : 1-10) (Mt 22, 1-14)

Acclamation : Alléluia. Alléluia. Voici la Pâque du Seigneur au milieu de son peuple. Heureux les invités au festin du Royaume ! Alléluia.

Évangile de Jésus Christ selon saint Matthieu

Jésus disait en paraboles : « Le Royaume des cieux est comparable à un roi qui célébrait les noces de son fils. Il envoya ses serviteurs pour appeler à la noce les invités, mais ceux-ci ne voulaient pas venir. Il envoya encore d’autres serviteurs dire aux invités : ‘Voilà : mon repas est prêt, mes bœufs et mes bêtes grasses sont égorgés ; tout est prêt : venez au repas de noce.’ Mais ils n’en tinrent aucun compte et s’en allèrent, l’un à son champ, l’autre à son commerce ; les autres empoignèrent les serviteurs, les maltraitèrent et les tuèrent. Le roi se mit en colère, il envoya ses troupes, fit périr les meurtriers et brûla leur ville. Alors il dit à ses serviteurs : ‘Le repas de noce est prêt, mais les invités n’en étaient pas dignes. Allez donc aux croisées des chemins : tous ceux que vous rencontrerez, invitez-les au repas de noce.’ Les serviteurs allèrent sur les chemins, rassemblèrent tous ceux qu’ils rencontrèrent, les mauvais comme les bons, et la salle de noce fut remplie de convives. Le roi entra pour voir les convives. Il vit un homme qui ne portait pas le vêtement de noce, et lui dit : ‘Mon ami, comment es-tu entré ici, sans avoir le vêtement de noce ?’ L’autre garda le silence. Alors le roi dit aux serviteurs : ‘Jetez-le, pieds et poings liés, dehors dans les ténèbres ; là il y aura des pleurs et des grincements de dents.’
Certes, la multitude des hommes est appelée, mais les élus sont peu nombreux. »
Patrick BRAUD

Mots-clés : , , , , , , , ,