L'homélie du dimanche (prochain)

2 mars 2013

Les multiples interprétations symboliques du buisson ardent

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Les multiples interprétations symboliques du buisson ardent

Homélie du 3° Dimanche de Carême / Année C
03/03/2013

Ce célébrissime épisode du buisson ardent contient une multitude de pistes (il est polysémique, dirait-on pour faire savant) : la continuité pour Moïse entre le métier de berger dans le désert et celui de leader de l’Exode; la révélation de la transcendance ; le tétragramme (Y. H. W. H.) ; le lien entre la vision de Moïse, celle de Dieu (« j’ai vu ») et la libération de l’esclavage, les résistances de Moïse à se laisser envoyer au service de cette libération (cf. les résistances de Moïse et les nôtres) etc…

Limitons-nous en ce Dimanche au symbolisme de buisson ardent.
Pourquoi une telle bizarrerie ? que peut-elle bien signifier ?

Parcourons avec la sagesse juive quelques-unes des interprétations les plus vivifiantes de cet événement étrange.

 

1. Le buisson, symbole de l’humilité de Dieu

Quoi de plus raz de terre qu’un buisson dans l’immensité d’un désert ? Ce n’est pas un arbre majestueux qui dominerait le plateau caillouteux. Ce n’est pas une forêt puissante ni une palmeraie accueillante. Non, ce n’est qu’une boule de ronces qui essaie de survivre en s’accrochant à un sol ingrat. Et Dieu se manifesterait dans ce végétal rachitique ?

Eh bien justement, le grand Dieu transcendant, celui que rien ne peut contenir ni les cieux  ni les galaxies, choisit de se manifester dans ce modeste amas d’épines. C’est donc que Dieu peut s’incarner dans les réalités les plus dérisoires de notre monde.

Le buisson est ainsi le signe de l’immanence de Dieu dans les zones les plus humbles de la création.

Un non juif demanda à R. Yochoua ben Korha : pourquoi Dieu a-t-il  choisi de parler à Moïse à partir du buisson ?  Il lui répondit: et si c’était  à partir d’un caroubier ou d’un sycomore, m’aurais-tu également posé  la question ?!? Enfin, pour ne pas te laisser sans réponse, apprends que cela nous révèle que nul endroit au monde n’est dénué  de Présence divine, et même le buisson.  Exode Raba 2, 5 (Commentaire du V-VI° siècle)
Rabbi  Eliezer disait: de même que le buisson est le plus bas de tous les arbustes, ainsi les fils Israël étaient vils et humiliés en  Égypte; et c’est  pourquoi Dieu les sauva.

Les chrétiens n’auront aucun mal à plus tard à faire le lien avec le pain eucharistique : ce modeste bout de pain peut flamboyer de la présence divine ; il suffit que Dieu le veuille ainsi.
Et Jésus, l’humble messie humilié, sera lui-même en personne l’incarnation du Dieu tout-puissant et en même temps si proche.

 

2. Le buisson ardent, symbole de l’existence éternelle du peuple d’Israël et de l’Église

Un buisson, c’est fait d’épines. Cela évoque donc la souffrance de ce qui s’enfonce dans la chair au point de provoquer douleur et sang versé. En se révélant à Moïse du coeur d’un buisson, Dieu annonce que le peuple libéré par Moïse connaîtra l’épreuve de l’Exil, puis l’horreur de la Shoah.

Rabbi  Yossi disait : de même que le buisson est l’arbuste le plus hostile, de sorte que tout oiseau qui y pénètre ne peut en sortir indemne, ainsi l’esclavage en Égypte dépassa tout ce que l’on connaîtra par la  suite.

La liberté d’Israël lui coûtera cher, car les hommes ne la supporteront pas.
Mais puisque ces épines brûlent sans se consumer, c’est donc que même l’Exil, même la Shoah ne pourront rayer Israël de la carte des peuples de la terre. La promesse est ainsi faite au serviteur souffrant qu’est Israël que, même à travers le feu des pogroms et des rejets en tout genre qu’on lui fera subir, il continuera jusqu’au terme de l’histoire humaine à témoigner du Dieu unique : Y.H.W.H.

Et pour quelle raison Dieu se révéla t-il à Moïse  de  cette façon ?   C’est que celui-ci portait l’inquiétude dans son coeur : les Égyptiens ne sont-ils pas capables d’exterminer le peuple d’Israël ?  Dieu lui montra  alors le feu qui ne dévorait pas le buisson, et lui dit : ainsi les Égyptiens ne parviendront pas à détruire Israël ! (Chemot Raba 2,5)

Ce grand prodige : c’est le premier signe mentionné dans la Torah que Dieu fit à son  prophète Moïse. C’est pourquoi Il lui dit : « ce sera pour toi un signe que Je t’ai envoyé »»  (Exode 3,12). Et ceci constitue un bon signe, car l’ennemi est comparé au feu et Israël au  buisson ; c’est pourquoi il ne se consume pas.
Abraham ibn Ezra (1089?1164)

Les chrétiens n’auront aucun mal à superposer à cette interprétation collective l’interprétation individuelle ou Jésus, couronné d’épines, connaît le feu de la passion sans être dévoré ni par la mort, ni par la haine, ni par le mal. Hélas, certaines traditions auront tendance à substituer la deuxième à la première ; mais il faut absolument garder les deux ensemble.

Le buisson que les flammes ne peuvent anéantir est à la fois le Messie humble, humilié, et son peuple qui fait corps avec lui, Israël et l’Église indissolublement unis. « Les portes de la mort ne pourront rien contre elle », prédira Jésus.

 

3. Le buisson, symbole de l’angoisse de Moïse

Un buisson ne porte pas de fruits, mais seulement des épines, sur une terre désolée. En contemplant le buisson du désert, Moïse pouvait y reconnaître son angoisse devant la condition de son peuple : prisonnier de l’esclavage comme un buisson enserré dans ces épines, stérile puisque condamné à n’être pas un peuple, et condamné à voir ses premiers-nés mourir à cause de la peur de ses maîtres devant son désir de vie (sa démographie jugée galopante). Moïse peut légitimement se demander si son appartenance hébreu n’est plus qu’un mauvais souvenir : il est devenu berger, héritier probable du riche Jethro, marié avec bonheur à sa fille Cippora, enfin loin des troubles de la cour égyptienne.

Pourtant, chaque buisson fait remonter en lui cette bouffée d’angoisse de celui qui se souvient que les siens sont restés là-bas, comme des brindilles bientôt sèches, stériles et mortes.

Salutaire angoisse, lorsqu’elle nous rappelle les libération inachevées auxquels nous devons nous atteler.

Salutaire angoisse qui nous empêche d’oublier nos solidarités les plus vraies, avec ceux qui sont les vaincus de l’histoire officielle.

Les chrétiens n’ont aucun mal à faire le lien avec Jésus pleurant sur Jérusalem à cause de son infécondité, ou immensément déçu devant la stérilité du figuier dont il attendait des fruits.

L’angoisse de Jésus est également que son peuple porte des fruits. Israël et l’Église sont indissolublement unis dans cette angoisse qui pousse Jésus à s’offrir « pour la vie du monde ».

 

4. Le buisson ardent, symbole de la Torah

Dans le désert, les bergers utilisent les buissons pour former des haies très efficaces, protégeant ainsi leur bétail des prédateurs, des fennecs et autres rapaces à l’affût de proies faciles.

C’est pourquoi les rabbins ont souvent vu dans le buisson un des symboles de la Torah. Comme ces épineux, la Torah pose des limites et éduque ainsi le désir d’Israël, à l’image du  buisson indiquant au troupeau qu’au-delà il est en danger de mort.

Patrick Braud

La Torah protège Israël, mieux que les remparts Jérusalem, mieux que les buissons les troupeaux du désert. C’est la Torah qui préserve Israël de l’anéantissement. C’est en flamboyant de la présence divine qu’elle lui permet de résister à tous les prédateurs, depuis les empires antiques jusqu’aux idéologies modernes. 

« Cette vision fait référence à Moïse, lorsque l’Éternel donnera la Tora  par son intermédiaire, à cet endroit précis et par  le feu, et que tout  Israël y entendra les dix commandements  [?]  Le « s.  n.  eh »  (buisson) est comme le Si.  n.  aï: ici, il est dit  » le buisson était en  feu », et plus loin (Devarim 5, 19) « la montagne était en feu »!  » (commentaire Haemek Davar)

 Ce commentaire juif souligne fort justement la cohérence de l’épisode du buisson ardent avec celui du don de la loi à Moïse sur le mont Sinaï, au milieu du feu et de la nuée. Les tables de la loi sont gravées dans le feu et par le feu : car écrire sur un parchemin reste encore trop extérieur. En effet l’encre qui sèche sur une peau ou sur un papier se surajoute à ce support, mais n’en fait pas vraiment partie. C’est une excroissance, rajoutée par-dessus. La loi au contraire surgit de l’intérieur de la conscience du peuple habité par Dieu. C’est pourquoi le feu grave les 10 paroles en creux, à même la pierre, au  lieu de la plaquer de l’extérieur. Comme le feu brûle le buisson de l’intérieur.

Ainsi le feu du buisson ardent rejoint-il de celui du Sinaï fumant pour indiquer à l’homme que le premier détour qu’il ait à faire pour trouver la loi de vie, c’est en lui-même. Car elle est gravée en son coeur, s’il sait l’écouter.

Les chrétiens n’auront aucun mal à garder le meilleur de cet amour de la Torah qui protège son peuple de l’anéantissement. Pour eux, le feu qui transforme la ligne de boules de ronces en une flamboyante et paisible sécurité sera le feu de l’Esprit Saint, qui vient transfigurer la lettre de la loi pour qu’elle soit source de vie.

Recueillons au passage cet indice précieux : faire un détour pour scruter la loi / les Écritures est le début de la libération authentique (cf. traverser la dépression : le chemin d’Elie)

 

5. Le buisson ardent, symbole de la curiosité spirituelle

Normalement, un buisson épineux n’intrigue personne. Pas besoin de faire un détour pour mieux l’apercevoir : on le connaît par coeur. Mais un buisson qui brûle sans se consumer, voilà qui interroge, voilà qui mérite de se détourner de sa route !

Si Moïse n’avait pas eu cette curiosité-là, s’il n’avait pas pris le temps d’aller voir exprès, il aurait continué son chemin sans entendre Dieu lui parler, et il ne serait jamais devenu le libérateur des esclaves hébreux.

Dieu ne cesse de jalonner notre itinéraire d’humbles réalités devenues intrigantes sous le feu de sa présence. Encore faut-il que nous ayons cette capacité à nous étonner, à nous détourner de la route prévue. Encore faut-il que la curiosité spirituelle soit assez vivre en nous pour nous faire trouver le temps et l’envie d’aller voir, pour accepter les détours que nous impose cette soif de connaître.

De multiples autres interprétations du buisson ardent existent encore dans la littérature juive ou chrétienne :

- le buisson, symbole d’un Israël « mélangé »

« De même que le buisson produit des  épines et des  roses, ainsi Israël comporte des justes et aussi des méchants. »  

Les chrétiens n’auront aucun mal à prolonger cette acceptation réaliste en l’appliquant à l’Église. Ecclesia permixta (une Église mélangée), disait saint Augustin : non pas un peuple de purs mais d’appelés à la liberté ; pas un peuple de parfaits mais un signe de l’unique sainteté de Dieu.

- le buisson, symbole des justes qui suffisent à sauver tout un peuple

Rabbi  Nahman disait : tous les  arbustes ont une, deux ou trois feuilles ? ainsi le myrte possède trois  feuilles, mais le buisson, lui, est doté de cinq  feuilles; ainsi, dit  l’Éternel à Moïse : les fils Israël seront sauvés grâce au mérite de cinq justes :  Abraham, Isaac, Jacob, par le tien et par celui d’Aaron. »   

Les chrétiens n’auront aucun mal là encore à prolonger cette intercession salvifique de quelques-uns en faveur de tous dans la communion des saints : il suffit de quelques personnalités pour transformer tout un peuple ; il ne faut quelquefois que la prière de quelques saints pour conjurer le malheur menaçant tout le peuple.

Vous le voyez : le symbolisme du buisson ardent est quasiment inépuisable, à l’image du feu qui le transfigure.

Il suffira pour chacun de nous d’entendre quelle harmonique de cette image est d’actualité pour nous :

- reconnaître Dieu dans l’humilité de sa création et de ses créatures les plus « basses ».
- croire qu’aucun mal, aucune épreuve ne peut consumer ceux qui comptent sur Dieu.
- éprouver de l’angoisse devant les stérilités de notre propre vie ou de celle de nos proches.
- raviver notre amour de la Loi, ou plutôt de l’Esprit venant habiter la Loi pour que les commandements deviennent source de vie.
- cultiver la curiosité idée spirituelle et oser les détours qu’elle implique.

Choisissez ce qui va ainsi devenir votre détour vers Pâque.

 

 

 LECTURES DE LA MESSE

1ère lecture : Le Dieu Sauveur se révèle à Moïse (Ex 3, 1-8a.10.13-15)

Lecture du livre de l’Exode

Moïse gardait le troupeau de son beau-père Jéthro, prêtre de Madiane. Il mena le troupeau au-delà du désert et parvint à l’Horeb, la montagne de Dieu.L’ange du Seigneur lui apparut au milieu d’un feu qui sortait d’un buisson. Moïse regarda : le buisson brûlait sans se consumer.
Moïse se dit alors : « Je vais faire un détour pour voir cette chose extraordinaire : pourquoi le buisson ne brûle-t-il pas ? »
Le Seigneur vit qu’il avait fait un détour pour venir regarder, et Dieu l’appela du milieu du buisson : « Moïse ! Moïse ! » Il dit : « Me voici ! »
Dieu dit alors : « N’approche pas d’ici ! Retire tes sandales, car le lieu que foulent tes pieds est une terre sainte ! Je suis le Dieu de ton père, Dieu d’Abraham, Dieu d’Isaac, Dieu de Jacob. » Moïse se voila le visage car il craignait de porter son regard sur Dieu.
Le Seigneur dit à Moïse : « J’ai vu, oui, j’ai vu la misère de mon peuple qui est en Égypte, et j’ai entendu ses cris sous les coups des chefs de corvée. Oui, je connais ses souffrances. Je suis descendu pour le délivrer de la main des Égyptiens et le faire monter de cette terre vers une terre spacieuse et fertile, vers une terre ruisselant de lait et de miel, vers le pays de Canaan. Et maintenant, va ! Je t’envoie chez Pharaon : tu feras sortir d’Égypte mon peuple, les fils d’Israël. »
Moïse répondit : « J’irai donc trouver les fils d’Israël, et je leur dirai : ‘Le Dieu de vos pères m’a envoyé vers vous.’ Ils vont me demander quel est son nom ; que leur répondrai-je ? »
Dieu dit à Moïse : « Je suis celui qui suis. Tu parleras ainsi aux fils d’Israël : ‘Celui qui m’a envoyé vers vous, c’est : JE-SUIS.’»
Dieu dit encore à Moïse : « Tu parleras ainsi aux fils d’Israël : ‘Celui qui m’a envoyé vers vous, c’est YAHVÉ, c’est LE SEIGNEUR, le Dieu de vos pères, Dieu d’Abraham, Dieu d’Isaac, Dieu de Jacob.’ C’est là mon nom pour toujours, c’est le mémorial par lequel vous me célébrerez, d’âge en âge. »

Psaume : Ps 102, 1-2, 3-4, 6-7, 8.11

R/ Le Seigneur est tendresse et pitié.

Bénis le Seigneur, ô mon âme,
bénis son nom très saint, tout mon être !
Bénis le Seigneur, ô mon âme,
n’oublie aucun de ses bienfaits !

Car il pardonne toutes tes offenses
et te guérit de toute maladie ;
il réclame ta vie à la tombe
et te couronne d’amour et de tendresse.

Le Seigneur fait ?uvre de justice,
il défend le droit des opprimés.
Il révèle ses desseins à Moïse,
aux enfants d’Israël ses hauts faits.

Le Seigneur est tendresse et pitié,
lent à la colère et plein d’amour ;
Comme le ciel domine la terre,
fort est son amour pour qui le craint.

2ème lecture : Les leçons de l’exode : appel à la conversion (1 Co 10, 1-6.10-12)

Lecture de la première lettre de saint Paul Apôtre aux Corinthiens

Frères, je ne voudrais pas vous laisser ignorer ce qui s’est passé lors de la sortie d’Égypte. Nos ancêtres ont tous été sous la protection de la colonne de nuée, et tous ils ont passé la mer Rouge.
Tous, ils ont été pour ainsi dire baptisés en Moïse, dans la nuée et dans la mer ; tous, ils ont mangé la même nourriture, qui était spirituelle ; tous, ils ont bu à la même source, qui était spirituelle ; car ils buvaient à un rocher qui les accompagnait, et ce rocher, c’était déjà le Christ.
Cependant, la plupart n’ont fait que déplaire à Dieu, et ils sont tombés au désert.
Ces événements étaient destinés à nous servir d’exemple, pour nous empêcher de désirer le mal comme l’ont fait nos pères.
Cessez de récriminer contre Dieu comme l’ont fait certains d’entre eux : ils ont été exterminés.
Leur histoire devait servir d’exemple, et l’Écriture l’a racontée pour nous avertir, nous qui voyons arriver la fin des temps.
Ainsi donc, celui qui se croit solide, qu’il fasse attention à ne pas tomber.

Evangile : Sans cesse, Dieu nous invite à nous convertir (Lc 13, 1-9)

Acclamation : Gloire au Christ, Sagesse éternelle du Dieu vivant. Gloire à toi, Seigneur. Ouvre nos coeurs à ton appel, Seigneur, rends-nous la joie d’être sauvés. Gloire au Christ, Sagesse éternelle du Dieu vivant. Gloire à toi, Seigneur. (cf. Ps 50, 14)

Évangile de Jésus Christ selon saint Luc

Un jour, des gens vinrent rapporter à Jésus l’affaire des Galiléens que Pilate avait fait massacrer pendant qu’ils offraient un sacrifice.
Jésus leur répondit : « Pensez-vous que ces Galiléens étaient de plus grands pécheurs que tous les autres Galiléens, pour avoir subi un tel sort ?
Eh bien non, je vous le dis ; et si vous ne vous convertissez pas, vous périrez tous comme eux.
Et ces dix-huit personnes tuées par la chute de la tour de Siloé, pensez-vous qu’elles étaient plus coupables que tous les autres habitants de Jérusalem ?
Eh bien non, je vous le dis ; et si vous ne vous convertissez pas, vous périrez tous de la même manière. »
Jésus leur disait encore cette parabole : « Un homme avait un figuier planté dans sa vigne. Il vint chercher du fruit sur ce figuier, et n’en trouva pas.
Il dit alors à son vigneron : ‘Voilà trois ans que je viens chercher du fruit sur ce figuier, et je n’en trouve pas. Coupe-le. À quoi bon le laisser épuiser le sol ?’
Mais le vigneron lui répondit : ‘Seigneur, laisse-le encore cette année, le temps que je bêche autour pour y mettre du fumier.
Peut-être donnera-t-il du fruit à l’avenir. Sinon, tu le couperas.’ »
Patrick Braud

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5 janvier 2013

L’Épiphanie, ou l’éloge de la double culture

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L’Épiphanie, ou l’éloge de la double culture

Homélie de l’Épiphanie / Année C
06/01/12

 

Connaissez-vous Grégoire de Nysse ?

Au IV° siècle, il est évêque de la ville de Nysse (pas sur la côte d’Azur ! mais près de Constantinople, l’actuelle Istanbul en Turquie).
Il a écrit un commentaire de la vie de Moïse qui reste aussi savoureux qu’un bon réveillon de premier de l’an?
Dans son commentaire, il y a un thème qui revient souvent, et qui rejoint la belle fête de l’Épiphanie d’aujourd’hui.
C’est le thème de la double culture.

Pourquoi Moïse a-t-il pu libérer son peuple ?
Parce qu’il était mi-égyptien, mi-hébreu, et qu’il a su tirer parti de cette double appartenance.
Pourquoi les Magesnous intéressent-ils aujourd’hui ?
Parce que justement ils s’ouvrent à une double appartenance : leur science, et la foi au Christ. Ils ne restent pas repliés, immobiles, sur leur culture païenne d’origine. Ils se bougent, ils marchent et ils s’ouvrent à un autre savoir. Vous devinez que c’est de nous que nous parlons à travers eux !

- Comme Moïse, les Mages acceptent de recevoir une double alimentation, une double Patrick Braudration : leur culture scientifique (l’astrologie) et la culture biblique (la référence à la loi, le Messie annoncé par la Bible).

Moïse était égyptien, élevé à la cour royale de Pharaon, mais sa mère hébreu lui faisait boire le lait du monothéisme sous l’alibi d’être sa nourrice.

Grégoire de Nysse interprète :
« Si nous fréquentons la culture profane, au temps de notre éducation, nous ne devons pas cependant être sevrés du lait nourrissant de l’Église. »

Or chacun de vous possède - comme Moïse, comme les Mages - une double culture, une double appartenance Par exemple celle de votre vie professionnelle (actuelle ou passée), et celle de votre vie chrétienne en Église.
Avez-vous conscience de cette richesse ?
Comment faites-vous le lien ?
Comment jouez-vous des deux ?
Comment laissez-vous la Bible éclairer votre route professionnelle, comme les Mages ont laissé la prophétie du livre de Michée éclairer leur chemin jusqu’à la crèche ?
Comment laissez-vous le lait de votre mère nourricière l’Église vous rendre fort dans le monde profane environnant comme Moïse a bu avec le lait hébreu de quoi résister au conformisme égyptien ? (comme Jésus a bu le lait de Marie et avec lui de quoi annoncer au monde une liberté plus grande?)

 

L'Épiphanie, ou l'éloge de la double culture dans Communauté spirituelle rois_mages

- Un député témoignait un jour : « Quand on est militant dans un parti politique, puis élu alors qu’on affiche des convictions chrétiennes, on est soupçonné de ne pas être « idéologiquement sûr » et 100 % fidèle au parti, à cause de cette double appartenance. C’est plutôt bon signe, car effectivement la liberté chrétienne fait qu’il y aura toujours des limites face à certaines idéologies, mais aussi une profondeur secrète que les non-chrétiens ne peuvent comprendre et qui les inquiète. «  

- Un diplômé d’HEC affirmait quant à lui : « en entreprise, ceux qui ont une double culture sont ceux qui font avancer leurs équipes, et souvent les plus qualifiés pour l’innovation. Une double culture - par exemple littéraire/scientifique, commerciale/humaniste - permet de féconder l’une par l’autre sans jamais sacraliser aucune ».

* Car la thématique de la double appartenance vaut également en sens inverse.

Les Mages ont apporté leurs trésors à l’enfant, les trésors de leurs pays et leur savoir-faire. Et vous, qu’allez-vous apporter comme trésors à l’autel de la crèche ?

Moïse demande au peuple d’emporter avec lui les richesses des égyptiens au moment de l’Exode : « Les Israélites firent ce qu’avait dit Moïse et demandèrent aux Égyptiens des objets d’argent, des objets d’or et des vêtements. Yahvé fit que le peuple trouvât grâce aux yeux des Égyptiens qui les leur prêtèrent. Ils dépouillèrent ainsi les Égyptiens » (Ex 12,35-36)

Grégoire commente :
« Celui qui se met en mouvement vers la liberté doit se nourrir également des richesses de la culture profane dont les païens tirent avantage. »

Comment faites-vous pour que les trésors de vos compétences profanes servent l’Église ?

 

* À l’Épiphanie, il y a un échange, une circulation réciproque entre la culture des Mages et la culture juive de l’enfant de Bethléem, une fécondation mutuelle. Les Mages se prosternent devant le Roi des Juifs ; et le petit juif de la crèche accepte de recevoir les trésors de l’Asie, de l’Occident et de l’Afrique. Notre mondialisation à nous, elle est en germe là?

À Noël, on a coutume de dire que Dieu s’est fait homme. C’est juste. Mais ce n’est pas suffisant.

Il faut oser dire que Dieu s’est fait juif.

C’est-à-dire qu’il a épousé la culture, l’histoire particulière, la langue, les coutumes, la mentalité de ce petit peuple du Moyen-Orient. C’est un paradoxe énorme de l’Incarnation : le Dieu immense, que rien ne peut contenir, plus grand que les galaxies et les étoiles, ce Dieu si grand choisit de se manifester à tous les peuples à partir du coeur de la culture juive. Mais Dieu ne s’est pas fait juif pour s’enfermer dans cette seule culture : dès sa naissance, il veut ouvrir chaque peuple à la foi en lui.

wood culture dans Communauté spirituelle

 

À Noël, on a encore coutume – et on a raison – de dire que « Dieu s’est fait homme pour que l’homme devienne Dieu » (Irénée de Lyon).

À l’Épiphanie, on peut oser proclamer que « Dieu s’est fait juif pour que toute culture puisse dire Dieu ».

* Si nous sommes les mages d’aujourd’hui, notre feuille de route est tracée : chercher les signes de l’action de Dieu aujourd’hui, se mettre en marche (accepter de changer), aller puiser à la culture biblique, rencontrer le Messie, lui offrir les trésors de notre savoir-faire, et repartir chez nous transformés par un autre chemin (à l’image des mages).

* Avec le pain et le vin, dans cette eucharistie, offrons nous aussi à l’enfant nouveau-né notre milieu social, notre milieu culturel, afin que cette célébration soit vraiment la manifestation, l’épiphanie du Christ à toutes les cultures d’aujourd’hui.

Patrick Braud

 

1ère lecture : Les nations païennes marchent vers la lumière de Jérusalem (Is 60, 1-6)

Lecture du livre d’Isaïe

Debout, Jérusalem ! Resplendis : elle est venue, ta lumière, et la gloire du Seigneur s’est levée sur toi.
Regarde : l’obscurité recouvre la terre, les ténèbres couvrent les peuples ; mais sur toi se lève le Seigneur, et sa gloire brille sur toi.
Les nations marcheront vers ta lumière, et les rois, vers la clarté de ton aurore.
Lève les yeux, regarde autour de toi : tous, ils se rassemblent, ils arrivent ; tes fils reviennent de loin, et tes filles sont portées sur les bras.
Alors tu verras, tu seras radieuse, ton coeur frémira et se dilatera. Les trésors d’au-delà des mers afflueront vers toi avec les richesses des nations.
Des foules de chameaux t’envahiront, des dromadaires de Madiane et d’Épha. Tous les gens de Saba viendront, apportant l’or et l’encens et proclamant les louanges du Seigneur

Psaume : 71, 1-2, 7-8, 10-11, 12-13

R/ Parmi toutes les nations, Seigneur, on connaîtra ton salut.

Dieu, donne au roi tes pouvoirs,
à ce fils de roi ta justice.
Qu’il gouverne ton peuple avec justice,
qu’il fasse droit aux malheureux ! 

En ces jours-là, fleurira la justice,
grande paix jusqu’à la fin des lunes !
Qu’il domine de la mer à la mer,
et du Fleuve jusqu’au bout de la terre !

Les rois de Tarsis et des Iles apporteront des présents.
Les rois de Saba et de Seba feront leur offrande.
Tous les rois se prosterneront devant lui,
tous les pays le serviront.

Il délivrera le pauvre qui appelle
et le malheureux sans recours.
Il aura souci du faible et du pauvre,
du pauvre dont il sauve la vie.

2ème lecture : L’appel au salut est universel (Ep 3, 2-3a.5-6)

Lecture de la lettre de saint Paul Apôtre aux Éphésiens

Frères, vous avez appris en quoi consiste la grâce que Dieu m’a donnée pour vous :
par révélation, il m’a fait connaître le mystère du Christ.
Ce mystère, il ne l’avait pas fait connaître aux hommes des générations passées, comme il l’a révélé maintenant par l’Esprit à ses saints Apôtres et à ses prophètes.
Ce mystère, c’est que les païens sont associés au même héritage, au même corps, au partage de la même promesse, dans le Christ Jésus, par l’annonce de l’Évangile

Evangile : Les mages païens viennent se prosterner devant Jésus (Mt 2, 1-12)

Acclamation : Alléluia. Alléluia. Nous avons vu se lever son étoile, et nous sommes venus adorer le Seigneur. Alléluia. (cf. Mt 2, 2)

Évangile de Jésus Christ selon saint Matthieu

Jésus était né à Bethléem en Judée, au temps du roi Hérode le Grand. Or, voici que des mages venus d’Orient arrivèrent à Jérusalem et demandèrent : « Où est le roi des Juifs qui vient de naître ? Nous avons vu se lever son étoile et nous sommes venus nous prosterner devant lui. »
En apprenant cela, le roi Hérode fut pris d’inquiétude, et tout Jérusalem avec lui. Il réunit tous les chefs des prêtres et tous les scribes d’Israël, pour leur demander en quel lieu devait naître le Messie. Ils lui répondirent : « À Bethléem en Judée, car voici ce qui est écrit par le prophète : Et toi, Bethléem en Judée, tu n’es certes pas le dernier parmi les chefs-lieux de Judée ; car de toi sortira un chef, qui sera le berger d’Israël mon peuple. »
Alors Hérode convoqua les mages en secret pour leur faire préciser à quelle date l’étoile était apparue ; puis il les envoya à Bethléem, en leur disant : « Allez vous renseigner avec précision sur l’enfant. Et quand vous l’aurez trouvé, avertissez-moi pour que j’aille, moi aussi, me prosterner devant lui. »
Sur ces paroles du roi, ils partirent. Et voilà que l’étoile qu’ils avaient vue se lever les précédait ; elle vint s’arrêter au-dessus du lieu où se trouvait l’enfant.
Quand ils virent l’étoile, ils éprouvèrent une très grande joie.
En entrant dans la maison, ils virent l’enfant avec Marie sa mère ; et, tombant à genoux, ils se prosternèrent devant lui. Ils ouvrirent leurs coffrets, et lui offrirent leurs présents : de l’or, de l’encens et de la myrrhe.  Mais ensuite, avertis en songe de ne pas retourner chez Hérode, ils regagnèrent leur pays par un autre chemin.
Patrick BRAUD

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10 mars 2012

Une Loi, deux tables, 10 paroles

Classé sous Communauté spirituelle — lhomeliedudimanche @ 0 h 01 min

Une Loi, deux tables, 10 paroles

 

Homélie du 3° Dimanche de Carême  11/03/2012

 

Une Loi, deux tables, 10 paroles dans Communauté spirituelle tables-lois-synagogue-tournelles

Tout le monde connaît les 10 commandements. Le peuple juif préfère les appeler les 10 paroles, justement parce que la première de ces paroles n’est pas un comman

dement, mais un acte de mémoire : « Je suis le Seigneur ton Dieu, qui t’ait fait sortir du pays d’Égypte… ». La tradition juive a classé ces 10 paroles en deux groupes de 5 : les fameuses deux tables de la Loi. On peut ainsi les mettre en parallèle de manière à visualiser les liens qui existent entre les cinq premières paroles qui concernent essentiellement Dieu (sauf la parole sur l’honneur dû aux parents, mais elle fait justement la jonction entre le Dieu Père et les parents humains) et les cinq dernières paroles qui concernent les relations entre les hommes.

  

Dans chaque synagogue (juive) ou temple (protestant), les deux tables de la Loi sont ainsi représentées (vitrail, sculpture, inscription…).

 

Chaque parole sur Dieu éclaire la parole correspondante sur l’homme et réciproquement.

Essayons de parcourir ces liens.

 

1. Je suis le Seigneur ton Dieu,
qui t’ai fait sortir du pays d’Égypte

6. Tu ne tueras pas

2. Tu n’auras pas d’autre Dieu que moi

7. Tu ne commettras pas d’adultère

3. Tu n’invoqueras pas le nom du Seigneur ton Dieu pour le mal

8. Tu ne voleras pas.

4. Tu feras du shabbat un mémorial

9. Tu ne feras pas de faux témoignage

5. Honore ton père et ta mère

10. Tu ne convoiteras pas

 

 

 

 

 

 

 

1 & 6

Mémoire de l’Exode á Interdit du meurtre

Oublier l’Égypte, c’est s’exposer au meurtre.

Si Israël ne fait pas mémoire de l’Exode, il finira par maltraiter ses immigrés, ses étrangers. Indirectement également, si j’oublie combien Dieu m’a libéré, je le ferai payer  cher aux autres.

La perte de mémoire de notre histoire avec Dieu conduit à la violence entre les hommes.

 

2 & 7

Idolâtrie á Adultère

L’idolâtrie est un véritable adultère. Idolâtrie de l’argent, du pouvoir, du savoir? : toutes les formes d’adoration où le culte du vrai Dieu est oublié.

Tromper Dieu avec des idoles ou tromper son conjoint, ses amis : ces infidélités se nourrissent l’une l’autre.

 

3 8

Instrumentalisation de Dieu á Vol

Utiliser le nom de Dieu pour le mal est un vol, et même la source de tout vol. L’homme qui dérobe à Dieu sa vérité hésitera pas à dérober à son prochain ce qu’il appartient.

 

4 & 9

Shabbat á Témoignage

Ne pas célébrer le shabbat est un faux témoignage porté à la face du monde. Si Israël ne célèbre plus le septième jour, il n’est plus le témoin du Dieu unique devant les nations.

 

5 & 10

Honneur des parents á Convoitise

Ne pas honorer ses parents engendre la convoitise. En effet, dès lors qu’on n’est plus dans l’héritage (accepter de recevoir ce qui est donné des parents, le meilleur comme le pire) on se met en situation d’appropriation (désirer prendre le bien d’autrui).

 

Parcourir également ces liens en sens inverse donne à penser :

 

6 1

Interdit du meurtre á Mémoire de l’Exode

Commettre un meurtre, c’est nier l’Exode. Car le véritable esclavage est bien celui qui refuse à l’autre le droit d’être lui-même.

 

7 & 2

Adultère á Idolâtrie

Commettre un adultère, c’est en fait considérer le plaisir ou l’épanouissement individuel comme beaucoup plus important que l’alliance. L’idolâtrie puise sa source ici : préférer un petit dieu à son image, à la taille de son envie, plutôt que l’alliance avec sa traversée du désert et ses moments arides.

 

8 3

Vol á Instrumentalisation de Dieu

Le lien est plus subtil : entre le vol et l’usage du nom de Dieu pour le mal, il y a pourtant cette habitude qui s’installe de justifier ses appétits par les meilleures raisons du monde. On voit des puissants légitimer leur fortune par l’ordre ou la justice.

On entend des fanatiques voler des vies au nom de Dieu.

On constate que les inégalités s’accumulent au nom de soi-disant ?lois d’airain’ incontestables, quasi divines.

La liste est longue où l’on utilise la sacralisation pour en fait voler l’autre.

 

9 & 4

Témoignage á Shabbat

Témoigner contre son prochain à tort, c’est profaner le shabbat, car la création ne peut se reposer tant que les mensonges destructeurs d’autrui compromettent la fraternité entre tous (parents, fils, filles, serviteurs, bêtes).

 

10 & 5

Convoitise á Honneur des parents

Convoiter le bien d’autrui finit toujours par engendrer le mépris de ses propres parents. On envie leur réussite, on ne voit plus en eux des racines mais des fruits à prendre. On en vient tel le fils prodigue à lorgner sur l’héritage.

 

Finalement, la disposition des 10 Paroles en 2 tables nous oblige à lier sans cesse notre comportement envers Dieu et nos relations aux autres, et réciproquement.

C’est peut-être cette réciproque qui échappe le plus à nos cultures occidentales modernes. Nos sociétés sécularisées européennes veulent bien que la religion aide à avoir une éthique altruiste et généreuse. Mais elles admettent difficilement que les défauts dans les relations sociales s’enracinent pour une bonne part dans des ruptures d’Alliance avec Dieu?

 

C’est aux croyants, et surtout aux monothéistes qui ont ces 10 Paroles en commun, de démontrer que Dieu et l’homme sont inséparables.

 

Chacun de nous peut cette semaine choisir un ligne parmi les 5 du tableau ci-dessus (1=6 / 2=7 / 3=8 / 4=9 / 5=10) et méditer sur les liens réciproques qui unissent les 2 paroles choisies?

 

1ère lecture : Dieu donne sa loi par Moïse (brève : 20,1-3.7-8.12-17) (Ex 20, 1-17)

Lecture du livre de l’Exode

Sur le Sinaï, Dieu prononça toutes les paroles que voici :
« Je suis le Seigneur ton Dieu, qui t’ai fait sortir du pays d’Égypte, de la maison d’esclavage.
Tu n’auras pas d’autres dieux que moi.
Tu ne feras aucune idole, aucune image de ce qui est là-haut dans les cieux, ou en bas sur la terre, ou dans les eaux par-dessous la terre.
Tu ne te prosterneras pas devant ces images, pour leur rendre un culte. Car moi, le Seigneur ton Dieu, je suis un Dieu jaloux : chez ceux qui me haïssent, je punis la faute des pères sur les fils, jusqu’à la troisième et la quatrième génération ;
mais ceux qui m’aiment et observent mes commandements, je leur garde ma fidélité jusqu’à la millième génération.
Tu n’invoqueras pas le nom du Seigneur ton Dieu pour le mal, car le Seigneur ne laissera pas impuni celui qui invoque son nom pour le mal.
Tu feras du sabbat un mémorial, un jour sacré.
Pendant six jours tu travailleras et tu feras tout ton ouvrage ;
mais le septième jour est le jour du repos, sabbat en l’honneur du Seigneur ton Dieu : tu ne feras aucun ouvrage, ni toi, ni ton fils, ni ta fille, ni ton serviteur, ni ta servante, ni tes bêtes, ni l’immigré qui réside dans ta ville.
Car en six jours le Seigneur a fait le ciel, la terre, la mer et tout ce qu’ils contiennent, mais il s’est reposé le septième jour. C’est pourquoi le Seigneur a béni le jour du sabbat et l’a consacré.
Honore ton père et ta mère, afin d’avoir longue vie sur la terre que te donne le Seigneur ton Dieu.
Tu ne commettras pas de meurtre.
Tu ne commettras pas d’adultère.
Tu ne commettras pas de vol.
Tu ne porteras pas de faux témoignage contre ton prochain.
Tu ne convoiteras pas la maison de ton prochain ; tu ne convoiteras pas la femme de ton prochain, ni son serviteur, ni sa servante, ni son boeuf, ni son âne : rien de ce qui lui appartient. »

 

 

Psaume : Ps 18, 8, 9, 10, 11

R/ Dieu ! Tu as les paroles de vie éternelle

La loi du Seigneur est parfaite,
qui redonne vie ;
la charte du Seigneur est sûre,
qui rend sages les simples. 

Les préceptes du Seigneur sont droits,
ils réjouissent le c?ur ; 
le commandement du Seigneur est limpide,
il clarifie le regard. 

La crainte qu’il inspire est pure,
elle est là pour toujours ; 
les décisions du Seigneur sont justes
et vraiment équitables : 

plus désirables que l’or,
qu’une masse d’or fin, 
plus savoureuses que le miel
qui coule des rayons.
Patrick BRAUD

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16 octobre 2010

La grenouille qui ne se décourageait jamais

Classé sous Communauté spirituelle — lhomeliedudimanche @ 0 h 01 min

Homélie du 17/10/2010

29° Dimanche du temps ordinaire / Année C

 

La grenouille qui ne se décourageait jamais

 

 

Grenouiller jusqu’en haut

Afficher l'image d'origineIl était une fois une course …  de grenouilles.
L’objectif était d’arriver en haut d’une grande tour. Beaucoup de gens se rassemblèrent pour les voir et les soutenir.  La course commença.
En fait, les gens ne croyaient pas possible que les grenouilles atteignent le sommet de la tour, et toutes les phrases que l’on entendit furent de ce genre :
« Inutile !!!
Elles n’y arriveront jamais! »
Les grenouilles commencèrent peu à peu à se décourager, sauf une qui continua de grimper.
Les gens continuaient :
« … Vraiment pas la peine  !!! Elles n’y arriveront jamais!… »
Et les grenouilles s’avouèrent vaincues, sauf une qui continuait envers et contre tout !
A la fin, toutes abandonnèrent, sauf cette grenouille qui, seule et au prix d’un énorme effort, rejoignit la cime.
Les autres, stupéfaites, voulurent savoir comment elle avait fait.
A sa descente, l’une d’entre elles s’approcha pour lui demander comment elle avait fait pour terminer l’épreuve.
Et découvrit qu’elle… était sourde !

Cette histoire de grenouilles nous invite à rester sourds à tous ceux qui nous disent que « c’est impossible », à tout ce qui nous décourage d’aller au bout de notre désir le plus vrai.

 

Prier sans se décourager

Ne pas se laisser décourager est bien sûr le La grenouille qui ne se décourageait jamais dans Communauté spirituelle ex17_12bthème central des textes de ce dimanche.

Moïse a besoin de son frère Aaron et de Hour pour le soutenir dans son intercession, les bras levés. S’il « baisse les bras » (l’expression en français vient de là), le peuple perdra le combat.

 

Le psaume 120, comme bien des psaumes, cherche lui aussi du courage dans la prière : « Je lève les yeux vers les montagnes : d’où le secours me viendra-t-il ? »

 

Et Jésus enfonce le clou avec sa parabole « pour montrer à ses disciples qu’il faut toujours prier sans se décourager ».

La prière est un combat où le découragement nous guette immanquablement tôt ou tard : devant le silence de Dieu, devant le temps qui passe et où il ne se passe rien, devant tant d’injustices qui se répètent à longueur d’années, de siècles…

Pourtant, prier sans se décourager, c’est trouver du courage en priant.

Et saint Paul rajoute à la prière l’Écriture comme source de courage : « tu connais les textes sacrés : ils ont le pouvoir de te communiquer la sagesse, celle qui conduit au salut par la foi que nous avons en Jésus Christ ».

 

La question de ce dimanche taraude bien des ‘combattants de la survie ordinaire’.

29z3c5ig courage dans Communauté spirituelleAujourd’hui comme hier, où trouver la force pour continuer à chercher du travail quand on est chômeur depuis trop longtemps ? Où trouver l’énergie pour continuer à se battre pour ses enfants quand on est une femme seule ? Comment ne pas sombrer dans l’alcool ou la dépression lorsqu’on est à la rue ? Où trouver un soutien pour ne pas « baisser les bras » lorsqu’on entre en chimiothérapie ? lorsque la mort nous enlève un être proche ?

 

Comment apprendre à devenir cette grenouille sourde : sourde à la fatigue, à l’échec, à la frustration, à la peur… ?

 

Du coeur à l’ouvrage

Le mot courage en français vient du latin cor, le coeur_anatomie Expéditcoeur. Quelques expressions en gardent la trace : « avoir du coeur à l’ouvrage », c’est le signe du courage. « Perdre coeur » au contraire, c’est abandonner peu à peu le combat.

Le courage et le coeur ont partie liée. Non pas au plan sentimental, mais anatomique : le coeur est cette formidable pompe qui injecte à tout l’organisme le combustible et l’énergie nécessaires à l’activité de l’ensemble. Aller puiser du courage, c’est retrouver en soi la pompe à énergie qui va galvaniser l’effort et le faire durer. Le coureur de fond harmonise les battements de son coeur avec ses pieds et sa respiration, pour tenir bon des kilomètres durant, sans points de côté, sans se décourager.

 

On comprend alors pourquoi Jésus, le psaume et Moïse lient le courage et la prière.

Prier, c’est se recentrer sur le coeur de soi-même en Dieu, ou de Dieu en soi-même…

Prier, c’est revenir à l’essentiel de ce qui nous anime, et ainsi laisser à nouveau le sang de la confiance irriguer nos combats, même les plus longs, même ceux qui nous semblent interminables…

La prière n’est pas ‘expéditive’

Notre vieux fond païen rêverait une prière « expéditive ». Lorsque le résultat d’une telle demande païenne se fait attendre, nous sommes découragés. On a même inventé un saint dans nos églises pour cultiver cette tendance « expéditive » de la prière : c’est justement… Saint Expédit ! Le jeu de mot qui découle du nom de saint Expédit en dit long sur notre impatience !

 

La légende faisait de saint Expédit un commandant Romain d’Arménie, converti au Christ et décapité pour cette raison en 303 par l’empereur Dioclétien. Le pape Pie XI a rayé son nom du martyrologe romain en 1905, mais rien n’y fait : on continue à espérer de lui un traitement en colissimo de nos prières urgentes… Sans doute à cause de la légende de sa conversion. On raconte qu’Expédit était sur le point de demander le baptême lorsqu’un corbeau arriva en criant : ‘Cras ! cras ! cras ! cras !’ (ce qui signifie : ?demain !’, en latin, et cela ressemble au croassement du corbeau). Expédit l’écrasa en criant à son tour : ‘Hodie ! hodie ! hodie ! hodie !’ (?aujourd’hui !’). Expédit est donc souvent représenté portant la palme du martyre, écrasant un corbeau, avec les inscriptions : Cras ! Hodie !

Mais la ferveur populaire oublie que c’est sur la conversion que porte la rapidité « expéditive » de la prière du saint, pas sur la réalisation d’une demande dans la prière !

La conversion peut être expéditive, la prière plus rarement…

Voilà pourquoi il nous faut apprendre à « toujours prier sans se décourager jamais ».

« Luttez avec moi dans la prière », écrit Saint-Paul (Rm 15,30).

 

La faim heureuse

Telle la grenouille sourde, celui qui va puiser du courage dans la prière et l’Écriture cmic8mu2 grenouilledécouvrira en cours d’ascension ce que saint Augustin appelait la « faim heureuse ». Rien à voir avec le Happy End d’Hollywood ! Mais la lente transformation qu’opère en nous la fidélité qui ne se décourage pas d’attendre, qui ne se décourage pas de se battre encore et encore :

« Quand Dieu tarde à vous donner, c’est, non pour vous refuser ses dons, mais pour vous les faire apprécier. On reçoit avec plus de joie ce qu’on a désiré longtemps ; on n’apprécie pas ce qu’on obtient trop vite. Demandez, cherchez, insistez. En demandant et en cherchant vous grandissez, et vous vous préparez à recevoir ce que vous demandez. Dieu vous réserve ce qu’il ne veut pas vous donner tout de suite, afin que vous appreniez à désirer avec grandeur de grandes choses. Nous demandons ce que nous devons posséder éternellement, ce qui doit nous rassasier éternellement. Mais pour être rassasiés, ayons faim et soif. Il a été dit : « bienheureux ceux qui ont faim et soif de justice » ; la faim peut donc quelquefois être heureuse ? Oui, lorsqu’elle prépare au rassasiement, car si vous n’aviez que dégoût, vous n’arriveriez pas à la possession des trois pains » 

(saint Augustin : sermon LXI, 5 & 6).

 

 

 

1ère lecture : Moïse ne baisse pas les bras (Ex 17, 8-13)

Lecture du livre de l’Exode

Le peuple d’Israël marchait à travers le désert.
Les Amalécites survinrent et attaquèrent Israël à Rephidim.
Moïse dit alors à Josué : « Choisis des hommes, et va combattre les Amalécites. Moi, demain, je me tiendrai sur le sommet de la colline, le bâton de Dieu à la main. »
Josué fit ce que Moïse avait dit : il livra bataille aux Amalécites. Moïse, Aaron et Hour étaient montés au sommet de la colline.
Quand Moïse tenait la main levée, Israël était le plus fort. Quand il la laissait retomber, Amalec était le plus fort.
Mais les mains de Moïse s’alourdissaient ; on prit une pierre, on la plaça derrière lui, et il s’assit dessus. Aaron et Hour lui soutenaient les mains, l’un d’un côté, l’autre de l’autre. Ainsi les mains de Moïse demeurèrent levées jusqu’au coucher du soleil.
Et Josué triompha des Amalécites au tranchant de l’épée.

 

Psaume : Ps 120, 1-2, 3-4, 5-6, 7-8

R/ Notre secours, c’est Dieu, le Maître du monde !

Je lève les yeux vers les montagnes :
d’où le secours me viendra-t-il ?
Le secours me viendra du Seigneur
qui a fait le ciel et la terre.

Qu’il empêche ton pied de glisser, 
qu’il ne dorme pas, ton gardien. 
Non, il ne dort pas, ne sommeille pas, 
le gardien d’Israël. 

Le Seigneur, ton gardien, le Seigneur, ton ombrage, 
se tient près de toi. 
Le soleil, pendant le jour, ne pourra te frapper, 
ni la lune, durant la nuit. 

Le Seigneur te gardera de tout mal, 
il gardera ta vie. 
Le Seigneur te gardera, au départ et au retour, 
maintenant, à jamais.

2ème lecture : Méditer l’Écriture pour proclamer la Parole(2Tm 3, 14-17; 4, 1-2)

 

Lecture de la seconde lettre de saint Paul Apôtre à Timothée

Fils bien-aimé,
tu dois en rester à ce qu’on t’a enseigné : tu l’as reconnu comme vrai, sachant bien quels sont les maîtres qui te l’ont enseigné.
Depuis ton plus jeune âge, tu connais les textes sacrés : ils ont le pouvoir de te communiquer la sagesse, celle qui conduit au salut par la foi que nous avons en Jésus Christ.
Tous les textes de l’Écriture sont inspirés par Dieu ; celle-ci est utile pour enseigner, dénoncer le mal, redresser, éduquer dans la justice ; grâce à elle, l’homme de Dieu sera bien armé, il sera pourvu de tout ce qu’il faut pour faire un bon travail.

Devant Dieu, et devant le Christ Jésus qui doit juger les vivants et les morts, je te le demande solennellement, au nom de sa manifestation et de son Règne : proclame la Parole, interviens à temps et à contretemps, dénonce le mal, fais des reproches, encourage, mais avec une grande patience et avec le souci d’instruire.

Evangile : Parabole de la veuve qui demandait justice sans se décourager  (Lc 18, 1-8)

 

Évangile de Jésus Christ selon saint Luc

Jésus dit une parabole pour montrer à ses disciples qu’il faut toujours prier sans se décourager :
« Il y avait dans une ville un juge qui ne respectait pas Dieu et se moquait des hommes.
Dans cette même ville, il y avait une veuve qui venait lui demander : ‘Rends-moi justice contre mon adversaire.’
Longtemps il refusa ; puis il se dit : ‘Je ne respecte pas Dieu, et je me moque des hommes, mais cette femme commence à m’ennuyer : je vais lui rendre justice pour qu’elle ne vienne plus sans cesse me casser la tête.’ »
Le Seigneur ajouta : « Écoutez bien ce que dit ce juge sans justice !
Dieu ne fera-t-il pas justice à ses élus, qui crient vers lui jour et nuit ? Est-ce qu’il les fait attendre ?
Je vous le déclare : sans tarder, il leur fera justice. Mais le Fils de l’homme, quand il viendra, trouvera-t-il la foi sur terre ? » 
 Patrick Braud

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