L'homélie du dimanche (prochain)

24 août 2016

Plus humble que Dieu, tu meurs !

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Plus humble que Dieu, tu meurs !

 

Homélie du 22° Dimanche du temps ordinaire / Année C
28/08/2016

Cf. également :

Dieu est le plus humble de tous les hommes

Un festin par dessus le marché

C’est dans la fournaise qu’on voit l’humble

 

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Aux dernières Journées Mondiales de la Jeunesse (JMJ) de Cracovie, on a vu le pape François rouler simplement en tramway, prendre avec lui des jeunes éberlués dans sa papamobile, et toujours avoir le contact facile et joyeux qui le caractérise. Ce pape a renoncé au palais du Vatican pour vivre dans un presbytère ordinaire. Il reste accessible, et prend bien soin à chaque voyage d’aller écouter chez eux les pauvres pour entendre ce qu’ils ont à lui dire.

Nul doute qu’il a instinctivement intériorisé la recommandation de Ben Sirac le sage dans la première lecture (Si 3,17-29) : « plus tu es grand, plus il faut t’abaisser ». Et encore : « l’idéal du sage, c’est une oreille qui écoute ». Alors que l’orgueilleux ne veut prendre conseil auprès de personne.

L’humilité est ainsi le fil rouge de notre dimanche. « Accomplis toute chose dans l’humilité » conseille le sage. « Dieu est bon pour les pauvres » chante le psaume 67. La lettre aux Hébreux nous rappelle que Dieu le premier a fait preuve d’humilité en Jésus, « le médiateur de l’alliance nouvelle », conclue loin de tout bling-bling hollywoodien (feu, obscurité, ténèbres, ouragan, trompettes, voix terrible…). Et dans l’évangile (Lc 14,1-14), Jésus devient comme Ben Sirac, proverbial : « quiconque s’élève sera abaissé, qui s’abaisse sera élevé ».

L’humilité de Dieu est telle qu’elle paraîtra scandaleuse pour les juifs (le scandale de l’incarnation et de la crucifixion), folie pour les païens (folie de croire qu’un homme peut porter la plénitude de la divinité, et vaincre la mort), blasphème pour les musulmans (Allah le Tout-Puissant ne peut s’abaisser jusqu’à s’incarner, laver les pieds de ses amis, et pire encore mourir sur la croix infamante).

L’humilité de Dieu est en quelque sorte un spécifique chrétien assez unique !
Le père François Varillon (1905-1978) a écrit là-dessus des lignes inoubliables :

Afficher l'image d'origine« Qui me voit voit le Père » (Jn 14, 9). Jésus, en prenant la dernière place (Lc 14, 14) nous révèle les profondeurs cachées de Dieu.

« Le voyant laver avec humilité des pieds d’homme, je ‘vois’ donc, s’il dit vrai, Dieu même éternellement mystérieusement serviteur avec humilité au plus profond de sa Gloire. L’humiliation du Christ n’est pas un avatar exceptionnel de la gloire. Elle manifeste dans le temps que l’humilité est au cœur de la gloire ». 

« La Toute-Puissance de Dieu est à l’extrême opposé de la potentia (puissance) qu’imaginaient les hommes dans leur faiblesse originelle et que maintenant, devenus riches et forts, ils récusent comme concurrentielle. L’humilité ne fait concurrence à rien » (p 85).

« Qu’un plus petit rende hommage à un plus grand, cela ne témoigne pas d’une exceptionnelle noblesse d’âme. Mais que le plus grand se courbe ‘respectueusement’ devant le plus petit, cela signifie l’amour en la plénitude de sa liberté et de sa puissance. François d’Assise n’est pas humble quand il s’agenouille devant le pape, mais quand il s’abaisse devant un pauvre dont il reconnaît qu’en tant que pauvre il est vêtu de majesté » (p 64). 

« ….Dieu étreint l’âme dans l’amour. Il est l’Autre mais sans distance. Et caché. Humblement caché, car on ne pourrait le voir et rester libre. L’invisibilité de Dieu est son humilité respectueuse de notre liberté. »

L’humilité de Dieu, François Varillon, Ed. du Centurion, 1974.

Devenir humble n’est alors pas pour nous un devoir moral, un effort d’ascèse. C’est le fruit joyeux de la participation à la nature divine. C’est la conséquence normale de la communion au Christ, frère, ami, serviteur. C’est la ressemblance divine enfin retrouvée.

Ainsi, qui médite en silence devant la crèche ou la croix sera conduit, à l’instar du père Antoine Chevrier à Lyon (fondateur du Prado) ou de François d’Assise à adopter la même attitude d’humilité envers ceux dont il a la charge, ou ceux qu’il rencontrera dans sa journée et son travail s’il n’a pas de responsabilités hiérarchiques.

En entreprise, cela devrait produire des dirigeants… très différents ! C’était d’ailleurs le thème des dernières assises des Équipes des Dirigeants Chrétiens (EDC) à Lille en 2016 : dirigeants, dérangeants ! Les responsables hiérarchiques chrétiens devraient détoner et étonner par leur humilité. Foin des privilèges (voiture de fonction, parking réservé, bureau fermé, I-phone dernier cri de fonction, stock-options…), foin des postures condescendantes et dominantes ; foin des attitudes suffisantes ! Dans les grandes entreprises, tant de dirigeants sont coupés de leur base, ne sont plus informés de ce qui se passe réellement car ils inspirent plus la crainte – et donc le silence – que le respect.

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Heureusement, on voit se lever, notamment à travers le mouvement des entreprises dites « libérées », de nouveaux responsables, humbles et performants (les deux vont bien ensemble) qui ne cherchent pas tant à grimper dans leur carrière personnelle qu’à réellement permettre à leurs équipes de donner le meilleur d’elles-mêmes. Ceux qui prônent le servant leadership savent bien que l’humilité fait partie des qualités d’un vrai servant leader.

 

Afficher l'image d'origineAu Moyen Âge, les sculpteurs, maçons, verriers et autres artistes signaient rarement leurs œuvres. L’anonymat était la règle, parce que l’art, surtout porté par la foi, n’a pas pour but d’élever l’artiste ou d’immortaliser son nom, mais de réjouir et de nourrir les passants, les spectateurs, le peuple des gueux à qui les cathédrales et les églises romanes ou gothiques étaient finalement dédiées. L’humilité véritable ne cherche pas à laisser une trace personnelle dans l’histoire, mais à se livrer pour le bien de tous, à servir le bien commun autant que faire se peut.

On rêverait d’avoir des figures politiques animées par cet esprit de désintéressement… Jean Monnet, Jacques Delors, Geneviève Antonioz De Gaulle, Nicolas Hulot… sont sans doute de ces humbles pour qui le pouvoir est le moyen de mieux servir, et davantage.

Il nous faut de nouvelles générations de capitaines d’industrie, de patrons de start-ups, de leaders politiques et syndicaux imprégnés de cet état d’esprit ! C’est le rôle social des églises, des temples, des mosquées, des synagogues, des universités catholiques de façonner des croyants capables d’aspirer aux plus hautes responsabilités, aux plus grandes aventures intellectuelles, scientifiques et artistiques, tout en restant d’humbles serviteurs.

 

L’humilité commence aussi… en famille. Quand des parents reconnaissent ne pas être tout-puissants, quand ils s’inclinent devant Dieu plus grand qu’eux, quand ils osent demander pardon et pas seulement l’exiger, quand ils savent être proches, à l’écoute tout en assumant leur autorité…

Encore une fois : parce qu’elle vient de Dieu - le premier et le seul humble - l’humilité n’est pas un calcul, ni une stratégie, ni même un effort moral. Elle vient sans qu’on l’ait cherchée. Elle respire en toute activité, naturellement. Elle inspire la bonté, la miséricorde, parce qu’elle comprend le chemin de l’autre au lieu de le juger.

Dans l’Ancien Testament, Moïse fut « l’homme le plus humble que la terre ait porté » (Nb 12,3). Cela ne lui a pas évité de devoir s’imposer comme le leader de son peuple (cf. l’épisode du veau d’or) et d’user de son autorité pour éduquer ce peuple « à la nuque raide ». Mais tout cela, il l’a fait en sachant bien que cela ne venait pas de lui (il avait même demandé que son frère Aaron soit son porte-parole, car il avait de graves difficultés d’élocution !) et sans en tirer de gloire pour lui-même.
Jésus, « doux et humble de cœur », ira prendre la dernière place, sur la croix, pour aller chercher et relever les petits, les méprisés, les exclus… 

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En grandissant en humilité, chacun(e) de nous peut être le Moïse / le Jésus de sa famille, de son équipe de travail, de sa vie de quartier…

« Quiconque s’élève sera abaissé, qui s’abaisse sera élevé ».

 

1ère lecture : « Il faut t’abaisser : tu trouveras grâce devant le Seigneur » (Si 3, 17-18.20.28-29)

Lecture du livre de Ben Sira le Sage

Mon fils, accomplis toute chose dans l’humilité, et tu seras aimé plus qu’un bienfaiteur. Plus tu es grand, plus il faut t’abaisser : tu trouveras grâce devant le Seigneur. Grande est la puissance du Seigneur, et les humbles lui rendent gloire. La condition de l’orgueilleux est sans remède, car la racine du mal est en lui. Qui est sensé médite les maximes de la sagesse ; l’idéal du sage, c’est une oreille qui écoute.

Psaume : Ps 67 (68), 4-5ac, 6-7ab, 10-11

R/ Béni soit le Seigneur : il élève les humbles.  (cf. Lc 1, 52)

Les justes sont en fête, ils exultent ;
devant la face de Dieu ils dansent de joie.
Chantez pour Dieu, jouez pour son nom.
Son nom est Le Seigneur ; dansez devant sa face.

Père des orphelins, défenseur des veuves,
tel est Dieu dans sa sainte demeure.
A l’isolé, Dieu accorde une maison ;
aux captifs, il rend la liberté.

Tu répandais sur ton héritage une pluie généreuse,
et quand il défaillait, toi, tu le soutenais.
Sur les lieux où campait ton troupeau,
tu le soutenais, Dieu qui es bon pour le pauvre.

2ème lecture : « Vous êtes venus vers la montagne de Sion et vers la ville du Dieu vivant » (He 12, 18-19.22-24a)

Lecture de la lettre aux Hébreux

Frères, quand vous êtes venus vers Dieu, vous n’êtes pas venus vers une réalité palpable, embrasée par le feu, comme la montagne du Sinaï : pas d’obscurité, de ténèbres ni d’ouragan, pas de son de trompettes ni de paroles prononcées par cette voix que les fils d’Israël demandèrent à ne plus entendre.

 Mais vous êtes venus vers la montagne de Sion et vers la ville du Dieu vivant, la Jérusalem céleste, vers des myriades d’anges en fête et vers l’assemblée des premiers-nés dont les noms sont inscrits dans les cieux. Vous êtes venus vers Dieu, le juge de tous, et vers les esprits des justes amenés à la perfection. Vous êtes venus vers Jésus, le médiateur d’une alliance nouvelle.

Evangile : « Quiconque s’élève sera abaissé, qui s’abaisse sera élevé » (Lc 14, 1.7-14)

Acclamation : Alléluia. Alléluia. 
Prenez sur vous mon joug, dit le Seigneur ; devenez mes disciples, car je suis doux et humble de cœur.
Alléluia. (cf. Mt 11, 29ab)

Évangile de Jésus Christ selon saint Luc

Un jour de sabbat, Jésus était entré dans la maison d’un chef des pharisiens pour y prendre son repas, et ces derniers l’observaient. Jésus dit une parabole aux invités lorsqu’il remarqua comment ils choisissaient les premières places, et il leur dit : « Quand quelqu’un t’invite à des noces, ne va pas t’installer à la première place, de peur qu’il ait invité un autre plus considéré que toi. Alors, celui qui vous a invités, toi et lui, viendra te dire : ‘Cède-lui ta place’ ; et, à ce moment, tu iras, plein de honte, prendre la dernière place. Au contraire, quand tu es invité, va te mettre à la dernière place. Alors, quand viendra celui qui t’a invité, il te dira : ‘Mon ami, avance plus haut’, et ce sera pour toi un honneur aux yeux de tous ceux qui seront à la table avec toi. En effet, quiconque s’élève sera abaissé ; qui s’abaisse sera élevé. »

 Jésus disait aussi à celui qui l’avait invité : « Quand tu donnes un déjeuner ou un dîner, n’invite pas tes amis, ni tes frères, ni tes parents, ni de riches voisins ; sinon, eux aussi te rendraient l’invitation et ce serait pour toi un don en retour. Au contraire, quand tu donnes une réception, invite des pauvres, des estropiés, des boiteux, des aveugles ; heureux seras-tu, parce qu’ils n’ont rien à te donner en retour : cela te sera rendu à la résurrection des justes. »
Patrick BRAUD

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17 février 2016

La face de Dieu

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La face de Dieu

 

Cf. également :

Le sacrifice interdit

Dressons trois tentes…

La vraie beauté d’un être humain

L’alliance entre les morceaux

Visage exposé, à l’écart, en hauteur 

Figurez-vous la figure des figures 

Dieu est un trou noir 

 

Homélie du deuxième dimanche de carême / Année C
21/02/16

 

La biche mystique

Avez-vous déjà remarqué les biches, les cerfs et les scènes de chasse qui ornent souvent nos églises romanes en France et ailleurs ?

Bizarre, non ? Graver une meute de chiens courant après un cerf ou une biche sur la façade d’une cathédrale… Eh bien non, ce n’est pas bizarre ! C’est la traduction médiévale de notre psaume 27,8 : « cherchez ma face, dit Dieu ». « C’est ta face Seigneur que je cherche ».

Chasse à courre 1

Frise de chasse à courre au cerf (façade de la cathédrale d’Angoulême, XII° siècle)

Pourquoi graver une scène de chasse sur la façade d’une cathédrale ? par pur motif esthétique ?

Sans  doute  non.  La  chasse  est  en  effet  un  thème  spirituel  omniprésent  dans  la  littérature  spirituelle et biblique, depuis les rabbis parlant de la quête de Dieu comme d’une chasse, jusqu’aux Pères de l’Église exploitant tous les détails de cette allégorie de la chasse à courre pour parler du désir de Dieu. 

Ne dit-on pas en français courant : « se mettre en chasse » pour désigner la quête d’un objet, ou même d’un  partenaire  amoureux ?  Se  mettre  en  quête  du  Christ  est  une  condition  indispensable  pour entrer dans une église.

Dans l’iconographie médiévale, le cerf en était venu à désigner le Christ. Ses bois évoquent le bois de la Croix, car ils repoussent si on les coupe, à l’image du Christ ressuscitant quand on lui enlève la vie. On raconte qu’Hubert se convertit en voyant dans les bois d’un cerf le signe de la Croix du Christ ; saint Eustache également (ils devinrent pour cela patron des chasseurs / des sonneurs).

Le chercheur de Dieu devient lui même un cerf : « comme un cerf altéré cherche l’eau vive, ainsi mon âme te cherche, toi mon Dieu. Mon âme a soif de Dieu, le Dieu vivant… » (Ps 42,1)

« De même que le cerf, après avoir été chassé, a soif, de même toi, cours tout bonnement devant toi et laisse s’allumer en toi une nouvelle soif de Dieu. C’est pour cela que tu es chassé ». Ou encore : « l’homme, cerf chassé, court à Dieu comme il convient, gagné par la soif de Celui en qui sont réellement toute paix, toute vérité, toute consolation » (Tauler, XIV° siècle).

 

Cette frise traduit le désir de Dieu,  la  quête  intérieure  qui  permet  au  visiteur  d’entrer  véritablement  dans  le  mystère  offert  par  la cathédrale, au lieu d’en rester purement extérieur.

Chasse à courre 2

Biche chassée par les chiens (chevet de la cathédrale d’Angoulême, XII° siècle)

Surprise : à la sortie, à nouveau le thème de la chasse… C’est une magnifique inclusion, puisque située au chevet, symétriquement à celle de la façade. C’est donc que même après avoir franchi la porte, s’être rassemblé  avec  l’Église,  avoir  communié  au  Christ  dans  son  eucharistie,  le  chemin  n’est  pas  encore terminé  pour  autant !  Ni  la  vie  en  Église,  ni  les  sacrements  ne  suffisent  pour  aller  totalement  à  la rencontre du Dieu vivant. La quête spirituelle continue une fois sorti de la cathédrale, et se prolonge dans tous les domaines de la vie. La dimension mystique de la foi se nourrit de ce passage dans la cathédrale, et se joue dans la vie intérieure, mais aussi familiale, sociale…

Il s’agit de ne jamais enclore la recherche de Dieu, de ne jamais croire qu’on l’a trouvé. Comme l’écrivait le  génial  Saint  Augustin :  « Le  chercher  avec  le  désir  de  le  trouver,  et  le  trouver  avec  le  désir  de  le chercher encore…. »

La biche poursuivant sa course, haletante du désir de Dieu, nous invite à ne jamais nous arrêter dans notre propre course intérieure. « Le seul élément stable du christianisme, c’est l’ordre de ne s’arrêter jamais » (Bergson). « Car c’est là proprement voir Dieu que ne d’être jamais rassasié de le désirer sans cesse… » (Grégoire de Nysse).

 

Cherchez ma face

Afficher l'image d'origineLe psaume 27 de ce dimanche fait le lien en quelque sorte entre le Dieu caché de l’Ancien Testament et la transfiguration du Christ dans le Nouveau Testament :

Mon cœur m’a redit ta parole :
« Cherchez ma face. »

C’est ta face, Seigneur, que je cherche :
ne me cache pas ta face.

Beaucoup de textes bibliques, des prophètes notamment, affirmaient que Dieu n’est comparable à aucun être humain, par ce que il est le Tout Autre. Il n’est pas comme les statues des idoles « qui ont des yeux et ne voient pas, une bouche et ne parlent pas ». Dieu est inatteignable, à nul autre pareil. Son Nom même ne peut être prononcé, car ce serait avoir sur lui un pouvoir de nomination qui le rabaisserait au rang d’une idole. Le Tétragramme YHWH marque à jamais la radicale altérité de Dieu sur les frontons des synagogues.

À côté de ce courant farouchement monothéiste subsistaient au sein du peuple d’autres représentations de Dieu, plus proches du polythéisme ambiant. L’expression « la face de Dieu » viendrait ainsi de coutumes royales : on était admis en présence du roi, et voir son visage représentait un honneur et un privilège réservé à quelques-uns. Il y avait également des processions où une statue royale de YHWH, malgré l’interdiction formelle des 10 commandements de ne pas faire d’image divine, était portée dans le Temple de Jérusalem.

Quoi qu’il en soit, le psaume recherche dans l’usage de l’expression anthropomorphique « la face de Dieu » une proximité, une familiarité qui puisse nourrir le peuple de l’espoir d’un Dieu accessible, alors que les dieux étrangers étaient bien lointains et indifférents au sort des hommes.

 

Voir Dieu face à face

Afficher l'image d'origine« Nul ne peut voir Dieu sans mourir » (Ex 33,20) : cette conviction biblique qui met Dieu à l’abri de nos projections humaines a quand même quelques exceptions célèbres dans l’Ancien Testament. Moïse est le plus connu.

« Yahvé parlait à Moïse face à face, comme un homme parle à son ami, puis il rentrait au camp » (Ex 33,11). « Il ne s’est plus levé en Israël de prophète pareil à Moïse, lui que Yahvé connaissait face à face » (Dt 34, 1.10).

La plupart du temps, Dieu n’est pas visible : « vraiment tu es un Dieu qui se cache, Dieu d’Israël Sauveur », ce qui ne l’empêche donc pas d’agir pour son peuple puisqu’il est sauveur, mais il le fait à sa manière. Et les voies de Dieu ne sont pas celles des hommes.

On voit que dans tout l’Ancien Testament oscille entre radicale altérité et bienfaisante proximité de Dieu envers son peuple.

 

Cherchez la face de Dieu

La vie spirituelle s’est alors focalisée sur la recherche des signes de la promesse de Dieu. La plupart du temps, c’est après coup que nous pouvons discerner les traces de son passage, un peu comme Élie n’apercevant Dieu que de dos, dans le murmure de la brise légère (1R 19, 9-18). Mais le psaume chante que chercher Dieu est la vraie soif de l’être humain, le véritable objet de la chasse à courre mystique. « Tu ne me chercherais pas si tu ne m’avais déjà trouvé » écrit Augustin dans ses Confessions (repris par Blaise Pascal dans ses Pensées). Comme si Dieu prenait un divin plaisir à jouer à cache-cache avec nous, pour éveiller notre désir et l’agrandir à la taille de son immensité, c’est-à-dire sans limites…

 

La Transfiguration, ou le vrai visage de Dieu

Afficher l'image d'origineEt voilà que celui que l’Ancien Testament avait cherché se révèle en Jésus de Nazareth ! Sur son visage d’homme on pouvait lire les traits divins. Sur le Mont Thabor, la face de Jésus irradie de façon si bouleversante que les trois témoins n’oublieront jamais cet éblouissement intense. Lorsque Jésus sera défiguré dans sa Passion, ils se souviendront après coup que la gloire de Dieu habitait cet homme. C’est donc pour que tout homme humilié comme le crucifié puisse recevoir du Christ la révélation de sa dignité divine qui est en lui. La transfiguration de Jésus nous apprend que, de manière surprenante, c’est Dieu le premier qui cherche le visage de l’homme. Comme au jardin de la Genèse où Adam a peur et se cache le visage, c’est nous qui nous dérobons au face à face. Dieu lui se donne entièrement à voir en Jésus de Nazareth. De la gloire du Mont Thabor à l’opprobre de la croix, c’est bien le visage de Dieu qui apparaît en cet homme faisant corps avec les damnés de la terre.

Depuis la transfiguration, chercher la face de Dieu ne se fait pas en s’évadant dans le ciel (« pourquoi restez-vous là à regarder le ciel ? »), mais en descendant du Thabor pour plonger au plus profond de l’enfer humain, et révéler  à tout homme humilié quelle est sa vraie beauté, sa vraie dignité en Dieu.

 

Chercher le visage de Dieu nous pousse aujourd’hui à côtoyer les regards perdus des malades d’Alzheimer dans nos EHPAD, nos foyers longs séjours d’hôpitaux. Avoir soif de la proximité divine nous amène à parcourir les jungles de Calais ou de Calcutta, les bidonvilles d’Inde ou d’Afrique pour essuyer la honte et la misère autour de ces visages, comme Véronique essuyait avec un linge la face tuméfiée de Jésus supplicié marchant vers le Golgotha.

Entretenir une vie spirituelle authentique ne peut se faire sans chercher passionnément la beauté de Dieu qui se cache en chacun, en chacune. Si Dieu a pris chair de notre chair, c’est dans la chair du monde qu’il nous donne désormais rendez-vous pour contempler sa face.

 

Les moines qui s’isolent pour chercher le visage de Dieu ne le font pas pour se couper du monde. Au contraire, toutes les règles monastiques prônent qu’accueillir les voyageurs et les étrangers, c’est accueillir le Christ en personne à l’hôtellerie du monastère, sans le dissocier de sa contemplation au tabernacle. Ainsi, saint Vincent de Paul ne disait-il pas à ses soeurs qui pestaient contre les mendiants sonnant à leur porte et les dérangeant à l’heure de l’office : 

« Il ne faut pas du retardement en ce qui est du service des pauvres. Si, à l’heure de votre oraison le matin, vous devez aller porter une médecine, oh, allez-y en repos. Offrez à Dieu votre action. Unissez votre intention à l’oraison qui se fait à la maison ou ailleurs et allez sans inquiétude. Si, quand vous serez de retour, votre commodité vous permet de faire quelque oraison ou lecture spirituelle, à la bonne heure, mais il ne faut point vous inquiéter ni croire avoir manqué, car on ne perd pas l’oraison quand on la quitte pour un sujet légitime. Et s’il y a un sujet légitime, c’est bien le service du prochain, car ce n’est point quitter Dieu que quitter Dieu pour Dieu. C’est-à-dire une œuvre de Dieu pour en faire une autre qui soit peut-être de plus grande obligation ou de plus grand mérite. Vous quittez l’oraison ou la lecture, vous perdez le silence pour assister un pauvre : sachez, mes filles, que faire tout cela c’est servir Dieu. Car, voyez-vous, la charité est par-dessus toutes les règles. Il faut que toutes les règles se rapportent à celle-là, car la charité est une grande dame et il faut faire ce qu’elle commande. Allons donc, et employons-nous avec un amour nouveau à servir les pauvres. Et même cherchons les plus pauvres et les plus abandonnés. Reconnaissons, devant Dieu, que ce sont nos seigneurs et nos maîtres et que nous sommes toujours indignes de leur rendre de petits services ».

Toute prétendue spiritualité qui voudrait se mettre à part, se couper du monde pour chercher Dieu entre soi serait en contradiction maximum avec la transfiguration du Christ sur la montagne.

Alors, cherchons nous aussi la face de Dieu, avec les psalmistes du Temple de Jérusalem, avec le roi David inventant une autre gouvernance pour son peuple, avec les prophètes défendant la dignité des pauvres, des immigrés, des orphelins et des veuves. Cherchons la face de Dieu sur les visages des inconnus comme des illustres.

« Comme un cerf altéré cherche l’eau vive, ainsi mon âme te cherche, toi mon Dieu » : creusons en nous cette soif de découvrir le vrai visage de Dieu sur ceux que personne ne regarde plus, si ce n’est avec mépris, peur ou haine…

 

 

1ère lecture : Le Seigneur conclut une alliance avec Abraham, le croyant (Gn 15, 5-12.17-18)
Lecture du livre de la Genèse

En ces jours-là, le Seigneur parlait à Abraham dans une vision. Il le fit sortir et lui dit : « Regarde le ciel, et compte les étoiles, si tu le peux… » Et il déclara : « Telle sera ta descendance ! » Abram eut foi dans le Seigneur et le Seigneur estima qu’il était juste.

 Puis il dit : « Je suis le Seigneur, qui t’ai fait sortir d’Our en Chaldée pour te donner ce pays en héritage. » Abram répondit : « Seigneur mon Dieu, comment vais-je savoir que je l’ai en héritage ? » Le Seigneur lui dit : « Prends-moi une génisse de trois ans, une chèvre de trois ans, un bélier de trois ans, une tourterelle et une jeune colombe. » Abram prit tous ces animaux, les partagea en deux, et plaça chaque moitié en face de l’autre ; mais il ne partagea pas les oiseaux. Comme les rapaces descendaient sur les cadavres, Abram les chassa. Au coucher du soleil, un sommeil mystérieux tomba sur Abram, une sombre et profonde frayeur tomba sur lui. Après le coucher du soleil, il y eut des ténèbres épaisses. Alors un brasier fumant et une torche enflammée passèrent entre les morceaux d’animaux. Ce jour-là, le Seigneur conclut une alliance avec Abram en ces termes : « À ta descendance je donne le pays que voici, depuis le Torrent d’Égypte jusqu’au Grand Fleuve, l’Euphrate. »

Psaume : Ps 26 (27), 1, 7-8, 9abcd, 13-14
R/ Le Seigneur est ma lumière et mon salut.  (Ps 26, 1a)

Le Seigneur est ma lumière et mon salut ;
de qui aurais-je crainte ?
Le Seigneur est le rempart de ma vie ;
devant qui tremblerais-je ?

Écoute, Seigneur, je t’appelle !
Pitié ! Réponds-moi !
Mon cœur m’a redit ta parole :
« Cherchez ma face. »

C’est ta face, Seigneur, que je cherche :
ne me cache pas ta face.
N’écarte pas ton serviteur avec colère :
tu restes mon secours.

J’en suis sûr, je verrai les bontés du Seigneur
sur la terre des vivants.
« Espère le Seigneur, sois fort et prends courage ;
espère le Seigneur. »

2ème lecture : « Le Christ transformera nos pauvres corps à l’image de son corps glorieux » (Ph 3, 17 – 4, 1)
Lecture de la lettre de saint Paul Apôtre aux Philippiens

Frères, ensemble imitez-moi, et regardez bien ceux qui se conduisent selon l’exemple que nous vous donnons. Car je vous l’ai souvent dit, et maintenant je le redis en pleurant : beaucoup de gens se conduisent en ennemis de la croix du Christ. Ils vont à leur perte. Leur dieu, c’est leur ventre, et ils mettent leur gloire dans ce qui fait leur honte ; ils ne pensent qu’aux choses de la terre.

Mais nous, nous avons notre citoyenneté dans les cieux, d’où nous attendons comme sauveur le Seigneur Jésus Christ, lui qui transformera nos pauvres corps à l’image de son corps glorieux, avec la puissance active qui le rend même capable de tout mettre sous son pouvoir. Ainsi, mes frères bien-aimés pour qui j’ai tant d’affection, vous, ma joie et ma couronne, tenez bon dans le Seigneur, mes bien-aimés.

Evangile : « Pendant qu’il priait, l’aspect de son visage devint autre » (Lc 9, 28b-36)

Acclamation : Gloire au Christ, Parole éternelle du Dieu vivant. Gloire à toi, Seigneur.
De la nuée lumineuse, la voix du Père a retenti : « Celui-ci est mon Fils bien-aimé, écoutez-le ! »
Gloire au Christ, Parole éternelle du Dieu vivant. Gloire à toi, Seigneur.  (cf. Mt 17, 5)

Évangile de Jésus Christ selon saint Luc

En ce temps-là, Jésus prit avec lui Pierre, Jean et Jacques, et il gravit la montagne pour prier. Pendant qu’il priait, l’aspect de son visage devint autre, et son vêtement devint d’une blancheur éblouissante. Voici que deux hommes s’entretenaient avec lui : c’étaient Moïse et Élie, apparus dans la gloire. Ils parlaient de son départ qui allait s’accomplir à Jérusalem. Pierre et ses compagnons étaient accablés de sommeil ; mais, restant éveillés, ils virent la gloire de Jésus, et les deux hommes à ses côtés. Ces derniers s’éloignaient de lui, quand Pierre dit à Jésus : « Maître, il est bon que nous soyons ici ! Faisons trois tentes : une pour toi, une pour Moïse, et une pour Élie. » Il ne savait pas ce qu’il disait. Pierre n’avait pas fini de parler, qu’une nuée survint et les couvrit de son ombre ; ils furent saisis de frayeur lorsqu’ils y pénétrèrent. Et, de la nuée, une voix se fit entendre : « Celui-ci est mon Fils, celui que j’ai choisi : écoutez-le ! » Et pendant que la voix se faisait entendre, il n’y avait plus que Jésus, seul. Les disciples gardèrent le silence et, en ces jours-là, ils ne rapportèrent à personne rien de ce qu’ils avaient vu.
Patrick BRAUD

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14 mars 2014

Dressons trois tentes…

Classé sous Communauté spirituelle — lhomeliedudimanche @ 0 h 01 min

Dressons trois tentes…

 

Homélie du 2° dimanche de Carême / Année A
16/03/2014

 

Quand vous arrivez à un sommet de votre existence, que faites-vous ?

Vous dites-vous : tout va bien pour moi, enjoy !

Commencez-vous déjà à préparer la suite ?

Êtes-vous de ceux qui se croient invulnérables, ou plutôt de ceux qui ont peur que tout cela ne dure pas ?

 

Pierre, lui, est tellement fasciné par la révélation de Jésus transfiguré qu’il souhaite appuyer sur la touche pause : « dressons trois tentes ». Il voudrait que Jésus, Moïse et Élie soient réunis, et qu’il puisse continuer à les contempler plus longtemps. Il gémit : ô temps suspends ton vol !, et demande à Jésus de ne pas aller plus loin…

 

Dressons trois tentes?

Nombre de couples parvenus à un sommet de leur relation voudraient ainsi arrêter le temps.

Nombre d’artistes au plus intense de leur inspiration voudraient y demeurer suspendus, portés par la fécondité de leur élan créatif dans cette période.

Nombre de situations professionnelles peuvent susciter une telle aspiration : je suis maintenant à un poste optimum, laissez-moi tranquille avec les mouvements à venir, je veux savourer le plus longtemps possible.

Toutes ces réactions sont légitimes. Que serait une si féroce envie de changement qu’elle empêcherait de savourer le moment présent ?

C’est juste l’installation dans un état donné qui peut devenir dangereuse.

Croire qu’on est un sommet indépassable empêche d’en découvrir de nouveaux.

S’imaginer un couple sans faille peut rendre aveugle sur ce qui va bientôt devoir être mis en chantier pour que l’amour reste vivant.

Croire qu’une situation professionnelle est gravée dans le marbre empêche de se remettre en cause et de voir les périls à venir.

 

Bref, s’installer, s’est décliner.

Dressons trois tentes... dans Communauté spirituelle CC5Lapinbleu311C-Ph3_14Bergson le disait avec talent : le seul élément stable du christianisme, c’est l’ordre de ne s’arrêter jamais.

C’est bien la réponse de Jésus à notre pauvre Pierre chamboulé par la Transfiguration : descend de la montagne ; après la Résurrection tu comprendras et tu pourras parler. D’ici là, marche seulement et ne laisse ni le Mont Thabor, ni bientôt la colline du Golgotha arrêter ta marche.

C’était déjà le commandement lancé à Abraham : « pars de ton pays, laisse la famille et la maison de ton père ». Dieu demande à Abraham de ne pas s’installer dans son héritage matériel et spirituel, de prendre la route vers ailleurs, sans autre bagage que la promesse de la bénédiction de Dieu.

 

 

Ne pas s’installer…

Le renouveau actuel du pèlerinage sur les chemins de Saint-Jacques-de-Compostelle est un écho de la résonance que cet appel de Dieu éveille en nous.

Stjacquescompostelle beauté dans Communauté spirituelle

Ils sont des milliers à partir chaque année sur des chemins inconnus, pour que la route faite avec leurs pieds les aide à parcourir le voyage qu’ils ont à faire dans leur tête et dans leur coeur.

Certains chaussent les pataugas après un événement bouleversant, comme on va chez le kiné pour une convalescence après une opération.

Certains partent après mûre réflexion parce qu’ils sentent qu’ils ont rendez-vous avec eux-mêmes en cours de route.
D’autres quittent leur maison par goût de l’aventure, des rencontres improbables, voire de la performance physique.

Peu importe après tout : l’essentiel est de quitter chez soi, d’oser se mettre en route, de ne pas s’installer.

Ces marcheurs redisent une vérité qui vaut pour tous : ne pas sortir de chez soi devient vite mortel ; ne jamais faire le détour par l’autre (l’autre pays, l’autre culture, l’autre visage…) rend stériles nos meilleures possessions ; vouloir figer le temps est illusoire ; dresser une tente au sommet du mont Thabor nous privera de Pâques…

 

Si cette exigence biblique du départ nous semble dure, c’est parce que nous ne croyons pas assez à la promesse de bénédiction qui y est associée. Si l’appel évangélique à descendre de la montagne nous effraie, c’est parce que la promesse de la résurrection nous paraît moins consistante que le bonheur actuel. Sinon, nous nous mettrions en route, heureux d’avoir entraperçu de manière fulgurante la beauté promise.

 

Les sommets auxquels nous touchons parfois ne sont pas là pour suspendre notre élan, mais pour nous servir de bâton de marche.

 

L’enfant qui doit quitter la maison pour ses études, l’amoureux(se) qui va quitter l’enfance pour fonder un couple, le couple qui ne se laissera pas endormir par les débuts heureux, le poste professionnel qui me demande d’évoluer, la retraite qui oblige à voir la vie autrement, et jusqu’à la fin de la vie elle-même comme un appel à accepter de partir : du début à la fin, le seul élément stable du christianisme est l’ordre ne s’arrêter jamais.

 

Puissions-nous entendre les appels que Dieu nous lance aujourd’hui à partir du point que nous occupons, à viser d’autres sommets encore, à nous laisser conduire par l’Esprit toujours plus loin, sans nous installer en cours de route.

 

 

1ère lecture : La vocation d’Abraham (Gn 12, 1-4a)
Lecture du livre de la Genèse
Abraham vivait alors en Chaldée. Le Seigneur lui dit : « Pars de ton pays, laisse ta famille et la maison de ton père, va dans le pays que je te montrerai.
Je ferai de toi une grande nation, je te bénirai, je rendrai grand ton nom, et tu deviendras une bénédiction.
Je bénirai ceux qui te béniront, je maudirai celui qui te méprisera. En toi seront bénies toutes les familles de la terre. »
Abraham partit, comme le Seigneur le lui avait dit, et Loth partit avec lui.

Psaume : Ps 32, 4-5, 18-19, 20.22

R/ Seigneur, ton amour soit sur nous, comme notre espoir est en toi !

Oui, elle est droite, la parole du Seigneur ;
il est fidèle en tout ce qu’il fait.
Il aime le bon droit et la justice ;
la terre est remplie de son amour.

Dieu veille sur ceux qui le craignent, 
qui mettent leur espoir en son amour,
pour les délivrer de la mort, 
les garder en vie aux jours de famine.

Nous attendons notre vie du Seigneur : 
il est pour nous un appui, un bouclier.
Que ton amour, Seigneur, soit sur nous 
comme notre espoir est en toi.

2ème lecture : Dieu nous appelle à connaître sa gloire (2Tm 1, 8b-10)

Lecture de la seconde lettre de saint Paul Apôtre à Timothée

Fils bien-aimé,
avec la force de Dieu, prends ta part de souffrance pour l’annonce de l’Évangile.
Car Dieu nous a sauvés, et il nous a donné une vocation sainte, non pas à cause de nos propres actes, mais à cause de son projet à lui et de sa grâce. Cette grâce nous avait été donnée dans le Christ Jésus avant tous les siècles,
et maintenant elle est devenue visible à nos yeux, car notre Sauveur, le Christ Jésus, s’est manifesté en détruisant la mort, et en faisant resplendir la vie et l’immortalité par l’annonce de l’Évangile.

Evangile : La Transfiguration (Mt 17, 1-9)

Acclamation : Gloire au Christ, Parole éternelle du Dieu vivant. Gloire à toi, Seigneur. Du sein de la nuée resplendissante, la voix du Père retenti : « Voici mon Fils, mon bien-aimé, écoutez-le ! » Gloire au Christ, Parole éternelle du Dieu vivant. Gloire à toi, Seigneur. (cf. Mt 17, 5)

Évangile de Jésus Christ selon saint Matthieu

Jésus prend avec lui Pierre, Jacques et Jean son frère, et il les emmène à l’écart, sur une haute montagne.
Il fut transfiguré devant eux ; son visage devint brillant comme le soleil, et ses vêtements, blancs comme la lumière.
Voici que leur apparurent Moïse et Élie, qui s’entretenaient avec lui.
Pierre alors prit la parole et dit à Jésus : « Seigneur, il est heureux que nous soyons ici ! Si tu le veux, je vais dresser ici trois tentes, une pour toi, une pour Moïse et une pour Élie. »
Il parlait encore, lorsqu’une nuée lumineuse les couvrit de son ombre ; et, de la nuée, une voix disait : « Celui-ci est mon Fils bien-aimé, en qui j’ai mis tout mon amour ; écoutez-le ! »
Entendant cela, les disciples tombèrent la face contre terre et furent saisis d’une grande frayeur.
Jésus s’approcha, les toucha et leur dit : « Relevez-vous et n’ayez pas peur ! »
Levant les yeux, ils ne virent plus que lui, Jésus seul.

En descendant de la montagne, Jésus leur donna cet ordre : « Ne parlez de cette vision à personne, avant que le Fils de l’homme soit ressuscité d’entre les morts. »
Patrick Braud

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19 octobre 2013

Ne baissez pas les bras !

Classé sous Communauté spirituelle — lhomeliedudimanche @ 0 h 01 min

Ne baissez pas les bras !

Homélie du 29ème Dimanche du temps ordinaire / Année C
Dimanche 20 Octobre 2013

« Ne baissez pas les bras ! »

L’histoire de Moïse qui se tient les mains levées pour soutenir le long combat de Josué contre l’ennemi est célèbre. Peut-être est-ce de là que vient l’expression : « Ne baissez pas les bras ! ». Car si Moïse laissait retomber ses bras, l’ennemi était le plus fort ; sinon, Israël devenait le plus fort.

Ne baissez pas les bras ! dans Communauté spirituelle moses-holding-up-his-arms-during-the-battle 

« Ne baissez pas les bras ! »

L’expression peut également venir de la boxe. Si un boxeur baisse sa garde en abaissant ses mains, il va vite se retrouver KO. Le fait de baisser les bras pour un boxeur est un geste d’abandon dans un combat. Par extension, « baisser les bras » en est venu à signifier que l’on abandonne un projet ou une action par manque de courage, de force ou de volonté.

Comment Moïse est-il parvenu à ne pas baisser les bras là où tant d’autres avaient capitulé ? Regardons bien le texte et transposons-le à aujourd’hui.

1)  D’abord, Moïse a su déléguer et garder une certaine distance.

Il appelle Josué, l’envoie à la bataille pendant que lui va regarder les choses de haut depuis le sommet de la colline.

Vous aussi, si vous voulez tenir bon dans les combats qui sont les vôtres, apprenez à déléguer, à ne pas vous noyer dans l’action, à garder une certaine distance intérieure, à voir les choses « d’en haut ».

 

2) Ensuite, Moïse ne monte pas seul sur la colline. Il emmène Aaron et Hour.

Croire qu’on pourra s’en sortir tout seul est l’une des grandes tentations. Le piège, c’est de ne vouloir personne à ses côtés dans les combats de nos vies.

Tentation du repli sur soi, de l’autosuffisance, du mutisme?

Moïse sait qu’il aura besoin d’être aidé, et il l’accepte humblement. (Car Moïse est le plus humble des hommes que la terre ait portés?).

Vous aussi, acceptez d’être accompagné, aidé, sinon votre solitude se changera en lassitude.

 

3) Continuons le texte :

Quand ses mains deviennent trop lourdes pour rester levées, Moïse s’assoit sur une pierre. Il ne tient plus debout tout seul, il prend appui sur un autre que lui-même. Il se repose sur Dieu, son « rocher », comme disent les Psaumes.

Ce serait une illusion très prétentieuse que de vouloir se passer de Dieu pour aller jusqu’au bout de nos projets.

S’asseoir, être assis en Dieu, est paradoxalement la 1ère attitude pour mener la bataille.

 

4) Après s’être assis, Moïse accepte que d’autres lui tiennent les mains levéesAaron et Hour lui soutiennent la main gauche et la main droite vers le ciel.

Impossible là encore de tenir bon sans accepter d’être porté, supporté, élevé par nos compagnons d’armes. Tantôt ce sont des amis, tantôt un père spirituel, une équipe de réflexion et de partage, un groupe de prière?

Si vous voulez ne pas baisser les bras, entourez-vous de compagnons qui soient de vrais soutiens et acceptez leur aide, humblement.

 

5) « Ainsi les mains de Moïse demeurèrent levées jusqu’au coucher du soleil ».

La dernière attitude de Moïse dans le récit biblique, c’est de persévérer, jusqu’au bout du jour, de durer sans se lasser. Cette persévérance dans la prière (que reprend Jésus dans l’évangile d’aujourd’hui) est une condition sine qua non de notre fidélité. Il y a des bons et des mauvais jours, il y a des réussites et des échecs, il y a des doutes et des grands élans : l’important, pour ne pas baisser les bras, est de persévérer jusqu’à la fin.

Dans le monde économique ou politique, on est quelquefois prisonnier de la dictature du court terme, du très court terme : qui raisonne au-delà de 6 mois en entreprise ? La culture de l’efficacité rapide peut obscurcir l’horizon d’une action durable.

Dans la foi chrétienne, nous préférons le présent au court-terme.

Sans renier l’efficacité, nous lui préférons la fécondité qui demande du temps, qui demande de passer par la mort et la résurrection du grain de blé.

Le long-terme s’appelle plutôt pour nous : avenir, espérance ; et « l’espérance ne déçoit pas » (Rm 8).

perseverance courage dans Communauté spirituelle

Voilà donc quelques points de repère pour, à la suite de Moïse, ne pas baisser les bras :

- savoir déléguer et garder une certaine distance

- accepter d’être accompagné (et bien choisir ces compagnons !)

- s’asseoir, s’appuyer sur Dieu

- accepter d’être porté

- durer, persévérer jusqu’au bout.

 

Un poème anonyme traduit à sa manière cette espérance en la fécondité de cette attitude spirituelle. Je vous le livre :

Ne baissez pas les bras

1. Quand parfois rien ne veut s’arranger
Quand la route pénible continue de monter
Quand les fonds sont en baisse, les dettes amoncelées
Quand vous voulez sourire et que vous soupirez
Quand tout vous presse et que vous êtes surmené
Faites une pause, mais ne baissez pas les bras.

2. La vie est surprenante avec ses volte-face
Chacun de nous un jour a pu le constater.
Maints échecs en succès ont été transformés.
Celui qui est en tête est parfois dépassé.
Ne baissez pas les bras bien que l’allure soit lente
Un petit vent nouveau peut vous faire triompher.

3. Le but est bien souvent à portée de la main
De l’homme fatigué, affaibli, chancelant.
Il arrive au vainqueur parfois de renoncer
Alors que la victoire est au bout du chemin.
C’est après qu’il comprend, mais hélas trop tard,
Combien il était près de la couronne d’or.

4. Le succès, c’est l’échec qui change soudain de cap
Et contourne très loin les nuages du doute
Et nul ne peut dire si le but se rapproche.
Il peut être tout près alors qu’il semble loin.
Plongez dans la bagarre lorsque vous êtes en tête
Et lorsque tout va mal, ne baissez pas les bras,
Ne baissez pas les bras.

 

1ère lecture : La prière persévérante de Moïse obtient la victoire (Ex 17, 8-13)

Lecture du livre de l’Exode

Le peuple d’Israël marchait à travers le désert.
Les Amalécites survinrent et attaquèrent Israël à Rephidim. Moïse dit alors à Josué : « Choisis des hommes, et va combattre les Amalécites. Moi, demain, je me tiendrai sur le sommet de la colline, le bâton de Dieu à la main. »
Josué fit ce que Moïse avait dit : il livra bataille aux Amalécites. Moïse, Aaron et Hour étaient montés au sommet de la colline. Quand Moïse tenait la main levée, Israël était le plus fort. Quand il la laissait retomber, Amalec était le plus fort. Mais les mains de Moïse s’alourdissaient ; on prit une pierre, on la plaça derrière lui, et il s’assit dessus. Aaron et Hour lui soutenaient les mains, l’un d’un côté, l’autre de l’autre. Ainsi les mains de Moïse demeurèrent levées jusqu’au coucher du soleil. Et Josué triompha des Amalécites au tranchant de l’épée.

Psaume : Ps 120, 1-2, 3-4, 5-6, 7-8

R/ Notre secours, c’est Dieu, le Maître du monde !

Je lève les yeux vers les montagnes :
d’où le secours me viendra-t-il ?
Le secours me viendra du Seigneur 
qui a fait le ciel et la terre.

Qu’il empêche ton pied de glisser, 
qu’il ne dorme pas, ton gardien. 
Non, il ne dort pas, ne sommeille pas, 
le gardien d’Israël. 

Le Seigneur, ton gardien, le Seigneur, ton ombrage, 
se tient près de toi. 
Le soleil, pendant le jour, ne pourra te frapper, 
ni la lune, durant la nuit. 

Le Seigneur te gardera de tout mal, 
il gardera ta vie. 
Le Seigneur te gardera, au départ et au retour, 
maintenant, à jamais.

2ème lecture : Méditer l’Écriture pour proclamer la Parole(2Tm 3, 14-17; 4, 1-2)

Lecture de la seconde lettre de saint Paul Apôtre à Timothée

Fils bien-aimé, 
tu dois en rester à ce qu’on t’a enseigné : tu l’as reconnu comme vrai, sachant bien quels sont les maîtres qui te l’ont enseigné. Depuis ton plus jeune âge, tu connais les textes sacrés : ils ont le pouvoir de te communiquer la sagesse, celle qui conduit au salut par la foi que nous avons en Jésus Christ. Tous les textes de l’Écriture sont inspirés par Dieu ; celle-ci est utile pour enseigner, dénoncer le mal, redresser, éduquer dans la justice ; grâce à elle, l’homme de Dieu sera bien armé, il sera pourvu de tout ce qu’il faut pour faire un bon travail.

Devant Dieu, et devant le Christ Jésus qui doit juger les vivants et les morts, je te le demande solennellement, au nom de sa manifestation et de son Règne : proclame la Parole, interviens à temps et à contretemps, dénonce le mal, fais des reproches, encourage, mais avec une grande patience et avec le souci d’instruire.

Evangile : Parabole de la veuve qui demandait justice (Lc 18, 1-8)

Acclamation : Alléluia. Alléluia. Le Seigneur est juste en toutes ses voies, il est proche de ceux qui l’invoquent, il écoute leur cri : il les sauve. Alléluia. (Ps 144, 17-19)

Évangile de Jésus Christ selon saint Luc

Jésus dit une parabole pour montrer à ses disciples qu’il faut toujours prier sans se décourager :
« Il y avait dans une ville un juge qui ne respectait pas Dieu et se moquait des hommes.
Dans cette même ville, il y avait une veuve qui venait lui demander : ‘Rends-moi justice contre mon adversaire.’ Longtemps il refusa ; puis il se dit : ‘Je ne respecte pas Dieu, et je me moque des hommes, mais cette femme commence à m’ennuyer : je vais lui rendre justice pour qu’elle ne vienne plus sans cesse me casser la tête.’ »
Le Seigneur ajouta : « Écoutez bien ce que dit ce juge sans justice ! Dieu ne fera-t-il pas justice à ses élus, qui crient vers lui jour et nuit ? Est-ce qu’il les fait attendre ? Je vous le déclare : sans tarder, il leur fera justice. Mais le Fils de l’homme, quand il viendra, trouvera-t-il la foi sur terre ? »
Patrick Braud

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