L'homélie du dimanche (prochain)

4 janvier 2014

Épiphanie : qu’est-ce que l’universel ?

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Épiphanie : qu’est-ce que l’universel ?

 

Homélie pour la fête de l’Épiphanie / Année A
05/01/14

« Les païens sont associés au même héritage que les juifs » : Paul résume en une phrase la révolution qui s’allume à l’Épiphanie et explose à la Pentecôte.

Tous les peuples sont appelés à devenir enfants de Dieu comme l’est Israël depuis l’Alliance avec Abraham.
Toutes les cultures peuvent porter la révélation d’un Dieu transcendant et immanent tout à la fois.
Chacun, quel que soit son origine, est appelé à être divinisé, à devenir Dieu lui-même, par le Christ dans l’Esprit.

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Cet universalisme chrétien fortement signifié dans la fête de l’Épiphanie à travers les trois mages de trois continents différents s’est épanoui en une Église catholique (= universelle) qui préside à l’unité du monde chrétien depuis des siècles.

Mais qu’est-ce que l’universel aujourd’hui ? Comment être « épiphanique », c’est-à-dire manifester que tous les peuples sont associés à la même promesse ?

Parcourons une petite et trop rapide histoire de l’universel, pour pouvoir nous interroger au passage sur la manière de réinvestir cette note de l’Église (universelle) dans le contexte contemporain.

 

UNE PETITE HISTOIRE DE L’UNIVERSEL

1. Le particularisme juif

product-891 commerce dans Communauté spirituelleParadoxalement, on peut commencer cette histoire avec le particularisme juif. Alors que les peuples étaient éclatés en empires et divinités diverses coexistant plus ou moins bien, voilà qu’un peuple minuscule, ne pouvant revendiquer aucune domination globale, ose croire en un seul Dieu unique, le même et le seul pour tous ! On a peine à mesurer aujourd’hui la prétention révolutionnaire de cette revendication monothéiste. Le Dieu d’Israël est le Dieu de toutes les nations. Par contre, cet universel divin  se traduit par une farouche différence juive : la circoncision, les interdits alimentaires de la cashrout juive, le mariage entre juifs, les 613 commandements réglant la vie quotidienne… tout est fait pour empêcher l’identité juive de se dissoudre dans le concert des nations. Pourtant la traduction grecque de la Torah (la Septante) montre que ce particularisme pouvait fort bien migrer dans d’autres cultures et dans d’autres langues.

 

Ce modèle d’universalisme, fondée sur le droit à la différence qui garantit une identité spécifique, pourrait bien à nouveau inspirer l’Église. Proclamer que Dieu appartient à tous, tout en laissant chaque peuple, et chacun dans le peuple, conclure une alliance particulière avec ce Dieu commun…

2. L’universel politique : le syncrétisme romain

Auguste_empereur EpiphaniePrenant le relais des cités grecques (réservées aux seuls citoyens, donc excluant les femmes et les esclaves), l’empire romain pendant cinq siècles environ a imposé un autre modèle d’universalisme : par addition. Loin de proclamer un Dieu unique (un empereur unique suffit pour maintenir l’unité), les romains ont la plupart du temps respecté chaque culture des peuples soumis militairement. La pax romana a permis aux cultures barbares de s’enrichir par échange, diffusion, mélange (héritage de la metis grecque), juxtaposition.

C’est le lien politique qui fait l’unité, qui symbolise l’universel. Les liens religieux, raciaux, culturels sont des carreaux d’une immense mosaïque ne reniant rien des diversités conquises, mais les intégrant au puzzle de l’empire en faisant coexister toutes les tendances.

La mondialisation actuelle pourrait bien prendre ce visage d’un gigantesque syncrétisme généralisé. Mais quel lien politique sera assez fort pour intégrer tous les communautarismes actuels dans un espace commun ?

 

3. L’universel religieux : la chrétienté, l’umma

pt59273 modernitéL’empire romain s’écroulant au IVe siècle sous la poussée des barbares, l’Église catholique (latine) prend le relais en Occident. Les Églises orthodoxes feront de même en Orient. Elle développe avec génie  ? notamment grâce à la figure de l’évêque de Rome transformé en pape de toutes les Églises locales  ? un universalisme basé sur le lien religieux. Elle reste pentecostale, c’est-à-dire parlant toutes les langues de la terre, même si le latin (la langue du peuple) tend à devenir l’unique. L’oubli du rôle de l’Esprit Saint dans l’histoire et les cultures des peuples finira par lui faire confondre monothéisme et monoculture. Cet universel a souffert de n’être pas assez trinitaire. Pourtant, du IVe siècle au XVIe siècle il a forgé une conscience commune en Europe ; il a fait émerger la notion de sujet à partir des  débats sur la personne du Christ ; il a symbolisé l’unité des peuples et la réalité pour tous des grands concepts de la tradition chrétienne.

Son concurrent islamique  ? l’umma  ?  n’a jamais fait qu’imiter (la dimension trinitaire en moins) la volonté catholique d’unifier le monde en le convertissant à une seule foi.

Malgré les splendeurs de la civilisation médiévale, ce modèle a éclaté, irréversiblement, sous les coups de boutoir de l’économie marchande, puis de la Raison des Lumières. Reste que le lien religieux pourrait redevenir un puissant ferment d’unité, à condition que le dialogue interreligieux soit source de paix et de concorde entre les peuples, ce qui n’est pas une mince affaire?

 

4. L’universel marchand : le doux commerce

Marchands_de_vin_XVe universelÀ partir du Xe siècle environ, les marchands  ? et avec eux les banquiers  ? sont devenus plus importants que les clercs. Ils ont fait émerger une autre vision du monde, où ce qui unit les hommes n’est plus la piété ni la messe, mais les écus sonnants et trébuchants. Peu importe la religion ou le pays, l’universel marchand s’impose à tous ; les foires commerciales essaiment dans toute l’Europe ; la soif de la richesse fait traverser les mers. Le seul vrai lien reliant les peuples peut alors reposer sur l’échange marchand. Montesquieu consacrera cette intuition et ces pratiques dans sa célèbre thèse du doux commerce : « partout où il y a des moeurs douces, il y a du commerce, et partout où il y a du commerce, il y a des moeurs douces » (de l’Esprit des Lois XX,1). Les marchands peuvent donc s’émanciper du lien politique comme du lien religieux. Ils préfigurent la société civile, qui ne veut d’autre universel que l’économique, renvoyant les religions à des particularités dangereuses pour les affaires, devant donc être limitées à la sphère privée.

François d’Assise avait bien compris cette nouvelle vision du monde apporté par les marchands. Il l’avait baptisée dans l’universel franciscain, fait de simplicité, d’égalité, de mobilité, valeurs nouvelles apportées par les marchands.

Ne faudrait-il pas à nouveau baptiser les valeurs marchandes de la mondialisation actuelle ?

 

5. L’universel moderne : les 3 M

La modernité s’est construite sur cette double émergence du sujet et de l’échange marchand. Elle a promu une Raison censée éclairer l’humanité sur les phénomènes que les religions maintenaient obscures et réservées au sacré. C’est la période des Lumières du XVIIIe siècle. La raison moderne, supposée triompher dans la Déclaration universelle des droits de l’homme de 1948 (dans la lignée de celle de 1789), s’impose comme le seul universel, parce que la raison est la même pour tous. Cette suprématie universelle de la raison s’épanouit dans les trois universaux modernes transcendants toute différence, les fameux 3 M : Mathématique / Monnaie / Musique.

Quoi de plus universel en effet que le langage mathématique, financier ou musical ?

Et pourquoi pas en effet réinvestir ces universaux avec des scientifiques, des entrepreneurs, des artistes inspirés par la foi chrétienne ?

 

6. L’universel postmoderne

En réaction à cette hégémonie finalement très coloniale et occidentale, la post-modernité proclame depuis l’après-guerre la mort du sujet, ou son rétrécissement à un petit moi revendiquant ses particularités plus que sa commune humanité. Les écologies voudraient déloger l’homme de l’universel. Le pluralisme démocratique consacre la différence sans transcendance. Même l’économie ou la politique renonce aux grands modèles pour expérimenter une multitude d’alternatives fragmentées, découpant des micro-univers sans lien véritable. La prétention musulmane ou catholique de refaire l’unité du monde ?à l’ancienne’ n’est dans ce contexte qu’un intégrisme à contre-courant de l’histoire. Alors que l’Épiphanie et les trois mages manifestent justement qu’il n’y a pas besoin de renoncer à son caractère européen, africain ou asiatique pour que l’enfant juif devienne « lumière des nations » !

 

On le voit : cette trop rapide histoire de l’universel peut inspirer aux chrétiens un renouveau de présence au monde.

Les six modèles n’ont pas disparu et se superposent, tels des strates géologiques, dans notre inconscient collectif. Chaque modèle dit quelque chose de l’universel de la foi chrétienne. Aucun ne l’épuise.

Même minoritaires en France et en Europe, les catholiques peuvent porter un ferment d’universel (épiphanique), à condition d’interpréter avec justesse les cultures environnantes, à condition de croire au travail de l’Esprit de Dieu chez les autres.

Car « l’Esprit associe les païens à la même promesse que les juifs dans le Christ Jésus » (Mt 16 3,2-6).

 

 

1ère lecture : Les nations païennes marchent vers la lumière de Jérusalem (Is 60, 1-6)
Lecture du livre d’Isaïe

Debout, Jérusalem ! Resplendis : elle est venue, ta lumière, et la gloire du Seigneur s’est levée sur toi.
Regarde : l’obscurité recouvre la terre, les ténèbres couvrent les peuples ; mais sur toi se lève le Seigneur, et sa gloire brille sur toi.
Les nations marcheront vers ta lumière, et les rois, vers la clarté de ton aurore.
Lève les yeux, regarde autour de toi : tous, ils se rassemblent, ils arrivent ; tes fils reviennent de loin, et tes filles sont portées sur les bras.
Alors tu verras, tu seras radieuse, ton c?ur frémira et se dilatera. Les trésors d’au-delà des mers afflueront vers toi avec les richesses des nations.
Des foules de chameaux t’envahiront, des dromadaires de Madiane et d’Épha. Tous les gens de Saba viendront, apportant l’or et l’encens et proclamant les louanges du Seigneur.

Psaume : Ps 71, 1-2, 7-8, 10-11, 12-13

R/ Parmi toutes les nations, Seigneur, on connaîtra ton salut

Dieu, donne au roi tes pouvoirs,
à ce fils de roi ta justice.
Qu’il gouverne ton peuple avec justice,
qu’il fasse droit aux malheureux !

En ces jours-là, fleurira la justice, 
grande paix jusqu’à la fin des lunes !
Qu’il domine de la mer à la mer, 
et du Fleuve jusqu’au bout de la terre !

Les rois de Tarsis et des Iles apporteront des présents,
les rois de Saba et de Seba feront leur offrande.
Tous les rois se prosterneront devant lui, 
tous les pays le serviront.

Il délivrera le pauvre qui appelle 
et le malheureux sans recours.
Il aura souci du faible et du pauvre, 
du pauvre dont il sauve la vie.

2ème lecture : L’appel au salut est universel (Ep 3, 2-3a.5-6)

Lecture de la lettre de saint Paul Apôtre aux Éphésiens

Frères,
vous avez appris en quoi consiste la grâce que Dieu m’a donnée pour vous :
par révélation, il m’a fait connaître le mystère du Christ.
Ce mystère, il ne l’avait pas fait connaître aux hommes des générations passées, comme il l’a révélé maintenant par l’Esprit à ses saints Apôtres et à ses prophètes.
Ce mystère, c’est que les païens sont associés au même héritage, au même corps, au partage de la même promesse, dans le Christ Jésus, par l’annonce de l’Évangile.

Evangile : Les mages païens viennent se prosterner devant Jésus (Mt 2, 1-12)

Acclamation : Alléluia. Alléluia. Nous avons vu se lever son étoile, et nous sommes venus adorer le Seigneur. Alléluia. (cf. Mt 2, 2)

Évangile de Jésus Christ selon saint Matthieu

Jésus était né à Bethléem en Judée, au temps du roi Hérode le Grand. Or, voici que des mages venus d’Orient arrivèrent à Jérusalem et demandèrent : « Où est le roi des Juifs qui vient de naître ? Nous avons vu se lever son étoile et nous sommes venus nous prosterner devant lui. »
En apprenant cela, le roi Hérode fut pris d’inquiétude, et tout Jérusalem avec lui. Il réunit tous les chefs des prêtres et tous les scribes d’Israël, pour leur demander en quel lieu devait naître le Messie. Ils lui répondirent :
« À Bethléem en Judée, car voici ce qui est écrit par le prophète :
Et toi, Bethléem en Judée, tu n’es certes pas le dernier parmi les chefs-lieux de Judée ; car de toi sortira un chef, qui sera le berger d’Israël mon peuple. »
Alors Hérode convoqua les mages en secret pour leur faire préciser à quelle date l’étoile était apparue ; puis il les envoya à Bethléem, en leur disant : « Allez vous renseigner avec précision sur l’enfant. Et quand vous l’aurez trouvé, avertissez-moi pour que j’aille, moi aussi, me prosterner devant lui. » Sur ces paroles du roi, ils partirent. 

Et voilà que l’étoile qu’ils avaient vue se lever les précédait ; elle vint s’arrêter au-dessus du lieu où se trouvait l’enfant. Quand ils virent l’étoile, ils éprouvèrent une très grande joie. En entrant dans la maison, ils virent l’enfant avec Marie sa mère ; et, tombant à genoux, ils se prosternèrent devant lui. Ils ouvrirent leurs coffrets, et lui offrirent leurs présents : de l’or, de l’encens et de la myrrhe. 

Mais ensuite, avertis en songe de ne pas retourner chez Hérode, ils regagnèrent leur pays par un autre chemin.
Patrick Braud

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5 février 2011

L’Eglise et la modernité: sel de la terre ou lumière du monde ?

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L’Église et la modernité : sel de la terre ou lumière du monde ?

 

Homélie pour le 5° dimanche ordinaire / Année A

Dimanche 6 Février 2011

 

Deux images contradictoires

·       « Sel de la terre », « lumière du monde » : ces deux images employées par Jésus (Mt 5, 13-16) pour décrire l’attitude de ses disciples dans la société de leur époque sont ultra célèbres.

On peut commenter chacune d’elles, indépendamment de l’autre. Or, ce qui est à la fois étonnant et remarquable dans ce texte, c’est que Jésus pose ces deux images ensemble, alors qu’elles sont logiquement contradictoires !

 

·       Réfléchissez : les propriétés du sel et de la lumière sont antagonistes.

- Le sel va s’enfouir dans la nourriture

 

- La lumière au contraire surplombe (comme le fait le lampadaire dans le texte) ce qu’elle éclaire

- Le sel disparaît en agissant

- La source de lumière, elle, brille distinctement, séparée du reste

- Le sel révèle et relève le goût du plat, de l’intérieur

- La lumière fait sortir la réalité des ténèbres, de l’extérieur

 

Si ces deux images parlent de la façon dont les chrétiens se situent dans le monde, on a alors sur le plan sociologique deux extrêmes, qui définissent un axe « politique » :

 sel  <=======================> lumière,

de l’intégration (sel) à la contestation (lumière) du monde environnant.

 

L’axe sel <==> lumière

·      Les chrétiens se reconnaissant dans l’image du sel chercheront à « vivre avec »  leurs frères, à « vivre comme » eux. Cela a donné par exemple l’expérience des prêtres ouvriers depuis les années 1950, mais aussi l’Action Catholique (évangélisation du semblable par le semblable), le ralliement à la République (le ?toast d’Alger’ en 1890 !), l’acceptation de la laïcité à la française, des lois sur l’école etc… Pensez encore aux églises construites dans les années 70-80, si humbles et modestes dans les banlieues qu’elles en demeurent invisibles?

 

L'Eglise et la modernité: sel de la terre ou lumière du monde ? dans Communauté spirituelle lumiere-et-sel-500-x-297-gif·      Les chrétiens se reconnaissant dans l’image de la lumière chercheront quant à eux au contraire à manifester leur différence, à préserver leur identité. Ils seront parfois tentés par le repli communautariste, mais auront à cœur de montrer que l’Église peut être une « société alternative » au monde moderne. Cela produit des groupes aussi divers que l’Opus Dei, les frères de Saint-Jean, ou le Renouveau charismatique, les nouvelles écologies spirituelles etc…

Il est d’ailleurs intéressant selon cette grille de lecture de noter que le titre choisi par Benoît XVI pour livrer ses confidences est précisément : « Lumière du monde » (livre paru en 2010), ce qui est cohérent avec la ligne directrice de son pontificat.

 

·      Or Jésus inscrit à la fois le sel et la lumière dans la feuille de route de son Église ! Comme souvent, il unit les contraires. C’est donc il faut tenir les deux ensemble. Et ne pas céder au mouvement de balancier qui fait passer l’Église de la contestation du monde environnant à la complicité avec ses dérives, puis à nouveau à une crispation identitaire etc…

Il nous faut, collectivement (et peut-être même chacun individuellement !) être à la fois sel et lumière, vivre « avec » et « séparés », vivre « comme » et « différents », accompagner et innover, attester et contester…

 

L’axe levain <==> pharisien

On pourrait d’ailleurs croiser cet axe sel <=> lumière avec un autre axe, très présent dans l’Évangile :

 levain (dans la pâte)    <=============================>  pharisien.

- L’image du levain dans la pâte (Lc 13,21) invite les chrétiens à participer à la construction du monde moderne, à accueillir positivement ses caractéristiques (liberté de la science, pluralisme démocratique…), et même à concourir à la réussite de cette société moderne (avec le risque de devenir complice de certaines de ses dérives).

- L’attitude pharisienne, elle, illustre les risques permanents de la fuite hors du monde, et d’un superbe isolement qui a toujours menacé les communautés chrétiennes. En fustigeant le pharisaïsme, Jésus prévient ses disciples de ne pas tomber eux non plus dans cette attitude de refus de leur société, d’éviter la disqualification de la modernité pour nous aujourd’hui. Sur le thème : « tous pourris », « il n’y a plus de valeurs morales », « ce monde court à sa perte », la tentation sectaire fait des dégâts dans certains courants chrétiens (évangélistes surtout), en réinvestissant paradoxalement le vieux thème du monopole du salut (« hors de l’Église point de salut »).

 

Une représentation schématique

·      Si l’on croise ces deux axes : sel <=> lumière et levain <=> pharisien, on peut alors tenter la représentation suivante, où les différents groupes et courants chrétiens vont se répartir dans l’espace ainsi repéré, selon leur degré d’acceptation ou de refus de la modernité, selon leur attitude active ou passive envers elle.

 

Eglise et Modernité 

 

Conjuguer les contraires

·      Dans l’histoire, la position de notre Église catholique a énormément bougé dans cet espace : les premiers martyrs chrétiens étaient plutôt en haut à gauche, l’Église constantinienne en haut à droite, l’Action Française en bas à gauche, les prêtres ouvriers en bas à droite etc… (amusez-vous à placer les groupes que vous connaissez !)

Une telle représentation reste schématique, et ne doit surtout pas être utilisée pour figer les positions des uns ou des autres. Car ces positions bougent sans cesse, et sont aujourd’hui disséminées dans tout l’espace.

 

L’important est de prendre conscience de sa propre trajectoire, de celle des  groupes auxquels j’appartiens, et d’entendre l’appel du Christ à conjuguer les contraires : « vous êtes le sel de la terre et la lumière du monde ».

 

1ère lecture : Celui qui donne aux malheureux est une lumière(Is 58, 7-10)

 

Lecture du livre d’Isaïe

Partager ton pain avec celui qui a faim, recueille chez toi le malheureux sans abri, couvre celui que tu verras sans vêtement, ne te dérobe pas à ton semblable.

Alors ta lumière jaillira comme l’aurore, et tes forces reviendront rapidement. Ta justice marchera devant toi, et la gloire du Seigneur t’accompagnera.

Alors, si tu appelles, le Seigneur répondra ; si tu cries, il dira : « Me voici. » Si tu fais disparaître de ton pays le joug, le geste de menace, la parole malfaisante, si tu donnes de bon coeur à celui qui a faim, et si tu combles les désirs du malheureux, ta lumière se lèvera dans les ténèbres et ton obscurité sera comme la lumière de midi.

 

Psaume : Ps 111, 1a.4, 5a.6, 7-8a, 9

R/ Dans la nuit de ce monde, brille la lumière du juste.

Heureux qui craint le Seigneur ! Lumière des coeurs droits, il s’est levé dans les ténèbres, homme de justice, de tendresse et de pitié.

L’homme de bien a pitié, il partage ; cet homme jamais ne tombera ; toujours on fera mémoire du juste. Il ne craint pas l’annonce d’un malheur : le c?ur ferme, il s’appuie sur le Seigneur. Son c?ur est confiant, il ne craint pas. À pleines mains, il donne au pauvre ; à jamais se maintiendra sa justice, sa puissance grandira, et sa gloire !

2ème lecture : En guise de sagesse, Paul annonce un Messie crucifié (1 Co 2, 1-5)

 

Lecture de la première lettre de saint Paul Apôtre aux Corinthiens

Frères, quand je suis venu chez vous, je ne suis pas venu vous annoncer le mystère de Dieu avec le prestige du langage humain ou de la sagesse.

Parmi vous, je n’ai rien voulu connaître d’autre que Jésus Christ, ce Messie crucifié.

Et c’est dans la faiblesse, craintif et tout tremblant, que je suis arrivé chez vous.

Mon langage, ma proclamation de l’Évangile, n’avaient rien à voir avec le langage d’une sagesse qui veut convaincre ; mais c’est l’Esprit et sa puissance qui se manifestaient, pour que votre foi ne repose pas sur la sagesse des hommes, mais sur la puissance de Dieu.

 

Evangile : Sermon sur la montagne. Le sel de la terre et la lumiière du monde (Mt 5, 13-16)

Acclamation : Alléluia. Alléluia. Lumière du monde, Jésus Christ, celui qui marche à ta suite aura la lumière de la vie. Alléluia. (cf. Jn 8, 12)

Évangile de Jésus Christ selon saint Matthieu

Comme les disciples s’étaient rassemblés autour de Jésus, sur la montagne, il leur disait : « Vous êtes le sel de la terre. Si le sel se dénature, comment redeviendra-t-il du sel ? Il n’est plus bon à rien : on le jette dehors et les gens le piétinent.

Vous êtes la lumière du monde. Une ville située sur une montagne ne peut être cachée.

Et l’on n’allume pas une lampe pour la mettre sous le boisseau ; on la met sur le lampadaire, et elle brille pour tous ceux qui sont dans la maison. De même, que votre lumière brille devant les hommes : alors en voyant ce que vous faites de bien, ils rendront gloire à votre Père qui est aux cieux. » Patrick Braud 

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