L'homélie du dimanche (prochain)

4 mars 2024

Défaire le mensonge

Classé sous Communauté spirituelle — lhomeliedudimanche @ 12 h 30 min

Défaire le mensonge

 

Homélie pour le 4° Dimanche de Carême / Année B 

10/03/2024

 

Cf. également :
 
Quels sont ces serpents de bronze ?

À chacun son Cyrus !
Démêler le fil du pêcheur
L’identité narrative : relire son histoire
Le chien retourne toujours à son vomi
La soumission consentie

Ne vous habituez pas à vivre dans le mensonge

La violence a besoin du mensonge


Info ou intox ?

Zelensky en danseur d’opérette, Macron exfiltré d’une manifestation, le pape en doudoune… : le Net n’en finit plus de déverser de fausses images, des deepfakes plus vraisemblables que la réalité. À tel point que chaque jour, des chaînes comme TF1, France 2, France 24  ou France Info concoctent une chronique quotidienne : ‘Info ou intox ?’, ‘Le vrai du faux’ etc., pour démasquer les tromperies, les ruses, les fausses rumeurs, qui enflent par millions de vues avant d’être vérifiées [1].

L’évangile de ce dimanche nous demande de « faire la vérité pour venir à la lumière ». Mais voilà : les menteurs de ce siècle aiment parader en pleine lumière, alors que les menteurs du temps de Jésus préféraient les ténèbres à la lumière de peur que leurs œuvres ne soient démasquées ! Les influenceurs russes par exemple montrent allègrement dans leurs posts leurs vidéos falsifiées, leurs témoignages fabriqués, et s’exposent sur les réseaux sociaux pour collecter le plus de vues et de likes possible !

Si bien que faire la vérité commence pour nous par défaire le mensonge qui circule en pleine lumière, sans honte ni remords, avec un cynisme effroyable, au service d’idéologies meurtrières.

 

Préalable nécessaire à l’opération-vérité, ce déminage de l’information et de la pensée n’en est pas pour autant suffisant. Sans s’épuiser comme Don Quichotte contre les moulins à vent des mensonges, nous devons également nous mettre en quête de la vérité dont parle le Christ. Ce qui suppose d’avoir le goût du vrai. Dans un petit ouvrage remarquable, Étienne Klein, philosophe des sciences, vulgarisateur (et centralien) de haute volée, constatait amèrement que l’appétence pour la vérité devenait plus rare. Les « post-vérités » ou « vérités alternatives » à la Trump, les faux airs doctes des antivax, la réécriture russe de l’histoire… : la poursuite des intérêts individuels et collectifs enfouit peu à peu la quête du vrai. Et les tonnes d’émotions produites à chaque fait divers n’arrangent rien !

« La philosophie des Lumières défendait l’idée que la souveraineté d’un peuple libre se heurte à une limite, celle de la vérité, sur laquelle elle ne saurait avoir de prise : les « vérités scientifiques », en particulier, ne relèvent pas d’un vote. La crise sanitaire a toutefois montré avec éclat que nous n’avons guère retenu la leçon, révélant l’ambivalence de notre rapport à la science et le peu de crédit que nous accordons à la rationalité qu’il lui revient d’établir. Lorsque, d’un côté, l’inculture prend le pouvoir, que, de l’autre, l’argument d’autorité écrase tout sur son passage, lorsque la crédibilité de la recherche ploie sous la force de l’évènement et de l’opinion, comment garder le goût du vrai – celui de découvrir, d’apprendre, de comprendre ? Quand prendrons-nous enfin sereinement acte de nos connaissances, ne serait-ce que pour mieux vivre dans cette nature dont rien d’absolu ne nous sépare ? » [2]. 

Nous préférons vanter des idées qui nous plaisent, plutôt que d’aimer celles qui sont justes. Le goût du vrai est peu à peu remplacé par la recherche de l’adhésion du plus grand nombre. Dans le domaine de la santé, cela engendre le complotisme antivax ; dans le domaine de l’information : des fake news ou de la propagande comme celle des Russes sur la guerre en Ukraine. Dans le domaine religieux, c’est l’affolement des croyances. Les gens sont prêts à croire à peu près n’importe quoi, du moment que cela leur fait du bien (croient-ils !). Les gourous se réclamant de Dieu pullulent, même au sein des congrégations religieuses respectées, comme l’ont tristement montré les affaires sur les frères Marie-Dominique et Thomas Philippe, ou sur Jean Vanier etc. Les théories les plus fumeuses se répandent, mélangeant allègrement le soi-disant surnaturel avec des médecines alternatives, des sagesses orientales détournées, ou même les ovnis et autres extra-terrestres… Sur Internet, n’importe qui se prétend expert de n’importe quoi, et les gogos re-twittent aussitôt sans réfléchir ni analyser, propageant ainsi les rumeurs les plus folles.

L’’irrationnel bat son plein dans le domaine religieux !

On voit par exemple de plus en plus de gens courir de sanctuaire en sanctuaire, pour chercher dans les apparitions mariales une réponse à leur inquiétude. Lourdes, Fatima, La Salette, Međugorje, Garabandal, Dozulé… : certains organisent des circuits comme des Tour operators, d’autres sont persuadés que les messages cachés, les secrets réservés aux voyants vont pouvoir sauver le monde, ou au moins leur petite existence.

 

Retrouver le goût de la vérité et le partager autour de soi est notre première réponse à l’appel du Christ ce dimanche.

Mais quelle vérité ?

 

Vérité grecque ou vérité hébraïque ?

Le dernier usage du mot vérité chez Jean nous laisse perplexes, sur un véritable point d’orgue : « qu’est-ce que la vérité ? », demande Pilate à Jésus (Jn 13,38) lié devant lui, se proclamant témoin de la vérité.

Qu’est-ce que la vérité ? Le Petit Larousse donne cette définition qui nous apparaît assez intuitive : « […] Adéquation entre la réalité et l’homme qui la pense. […] Connaissance ou expression d’une connaissance conforme à la réalité, aux faits tels qu’ils se sont déroulés ».

Défaire le mensonge dans Communauté spirituelle verite02En grec, le mot λθεια (aletheia) employé par Jean renvoie à tout une tradition philosophique, où la réalité est une manifestation physique très concrète, observable, objective (selon Aristote). Cette vérité-là préexiste à l’homme, et c’est à nous de la chercher, de la découvrir comme le trésor caché dans un champ. Faire la vérité, selon ce concept aristotélicien, c’est coller au réel. Mais, si l’on suit Platon, et Plotin plus encore, la vérité serait plutôt une construction intellectuelle, une théorie dans le monde des Idées, une vision de l’esprit permettant de comprendre le monde et au-delà. Faire la vérité serait alors bâtir une pensée qui reflète le plus fidèlement possible les phénomènes observés.

 

Emet - TruthMême si Jean emploie le nom grec λθεια, il lui donne un autre sens. Il est sans doute influencé par la pensée biblique, celle des prophètes et des sages parlant d’un Dieu de grâce et de vérité (Tobie 4,6;13,6). Les psaumes lient la Parole de Dieu et la vérité (ce que le Christ, Verbe de Dieu, accomplira pleinement) : « le fondement de ta parole est vérité (אֱמֶת = ‘emeth) » (Ps 119,160).

אֱמֶת : la vérité de l’Ancien Testament se situe d’emblée dans notre relation à Dieu. Elle comprend tout ce que prescrivent la Loi et la justice. Elle se traduit dans l’agir et en est l’exigence. Autrement dit, la vérité de l’Ancien Testament est relationnelle, quand la vérité grecque était plutôt objective : c’est dans le don de la communion avec lui-même que Dieu se révèle vrai et nous ajuste à sa vérité.

 

La vérité grecque est le dévoilement d’un réel extérieur, grâce au travail de l’intelligence humaine.
La vérité biblique est la réception par l’homme de la grâce d’une relation de communion avec YHWH, qui implique l’éthique, le droit et la justice.

La première relève plus de l’orthodoxie : ce qu’il faut penser pour être dans le vrai. 

La seconde relève de l’orthopraxie : comment il faut se conduire avec Dieu et les autres pour être dans le vrai.

Alors : λθεια ou אֱמֶת ?

 

Faire la vérité

Celui qui fait la vérité vient à la lumièreIl semble que Jean ait hésité souvent entre ces deux conceptions du mot, tout au long des 45 usages qu’il en fait dans ses écrits. Tantôt la vérité est simplement l’adéquation au monde tel qu’il est. Tantôt elle est une révélation divine qui se communique aux croyants pour l’ajuster aux mœurs de Dieu.

Penser vrai et agir vrai sont présents, entremêlés dans les textes du Nouveau Testament.

Pourtant, le passage de ce dimanche nous oriente vers une signification nouvelle, compatible avec les deux précédentes, mais ‘plus haute’ en quelque sorte.

« Celui qui fait la vérité vient à la lumière » : faire la vérité suppose qu’elle ne préexiste pas ; elle advient dans le moment même où on la fait. Voilà qui penche du côté de la vérité relationnelle chère à l’Ancien Testament. Jean précise d’ailleurs que la vérité est bien une action, une marche qui nous engage d’un point de vue éthique : « J’ai eu beaucoup de joie à trouver plusieurs de tes enfants qui marchent dans la vérité selon le commandement que nous avons reçu du Père » (2Jn 1,4) ; « J’ai eu beaucoup de joie quand des frères sont venus et qu’ils ont rendu témoignage à la vérité qui est en toi : ils ont dit comment tu marches dans la vérité. Rien ne me donne plus de joie que d’apprendre que mes enfants marchent dans la vérité » (3Jn 1,3-4). Cette marche est le processus qui fait advenir la vérité portée par le croyant. C’est une action, une manière de se comporter qui répond à l’Alliance. Par notre façon de vivre et d’agir, nous sommes alors « dans le vrai ». « Petits enfants, n’aimons pas en paroles ni par des discours, mais par des actes et en vérité » (1Jn 3,18). 

Ne pas faire la vérité, ce n’est pas se tromper dans une théorie, une idée, un raisonnement, c’est agir en contradiction avec l’Alliance proposée par Dieu.

C’est pourquoi le mensonge est bien le contraire de la vérité, et non l’erreur : « Je ne vous ai pas écrit que vous ignorez la vérité, mais que vous la connaissez, et que de la vérité ne vient aucun mensonge » (1Jn 2,21). Mentir est un acte délibéré pour (se) détourner de l’Alliance. Et le diable est « le père du mensonge » (Jn 8,44)…

 

La vérité grecque n’est pas éliminée pour autant. Car en régime chrétien, la grâce prévaut sur l’effort éthique. Jean ne parle jamais de rechercher la vérité à la force du poignet, car elle nous est donnée par le Christ, en Christ, et ne résulte pas de l’œuvre de nos mains. Dieu se communique lui-même, et nous donne d’avoir part à la vérité qu’il est en lui-même. Quand Jésus ose dire : « Moi, je suis le Chemin, la Vérité et la Vie » (Jn 14,6), il se situe bien comme la source de la communion à la vérité divine qui l’habite en plénitude. Faire la vérité demande donc d’accueillir une révélation ‘venue d’en haut’ ; elle n’est pas une construction humaine. Plus encore : elle est relation de communion avec une personne bien vivante, et non pas adhésion à un corpus doctrinal.

 

λθεια ou אֱמֶת : ces deux aspects de la vérité sont bien présents chez Jean. La vérité est un chemin à pratiquer, avec une forte dimension éthique. Elle n’en est pas moins donnée, non fabriquée, et se révèle à ceux qui sont en communion avec le Christ, explicitement ou non. Cette communion transforme l’agir du chrétien (et – par l’Esprit – l’agir de tout homme de bonne volonté) pour l’ajuster à l’amour trinitaire, et le faire ainsi venir à la lumière, c’est-à-dire se laisser illuminer par la source du discernement et de la sagesse.

 

Une vérité négative et provisoire

La Quête inachevée: Autobiographie intellectuelleNe sautons pas trop vite à cette étape ultime de l’union personnelle avec Dieu. Il faut d’abord déminer le terrain, déblayer la route. Faire la vérité demande au préalable de défaire les mensonges. On l’a évoqué en parlant des fake news qui fleurissent sur les réseaux sociaux. On peut le fonder en raison en s’appuyant sur Karl Popper (1902-1994), philosophe des sciences qui a étudié toute sa vie la question de la vérité scientifique. Il a remarqué que la plupart du temps, nous raisonnons par induction, en généralisant des observations qui semblent se répéter. Par exemple : « je n’ai vu dans ma vie que des cygnes blancs ». Le raisonnement inductiviste conclura : « tous les cygnes sont blancs ». Or cette assertion est indémontrable, car il faudrait examiner tous les cygnes : passés, présents et futurs ! Impossible ! Par contre, il suffit de trouver un seul cygne noir (qui existe bel et bien !) pour que l’assertion devienne fausse. C’est ce que Popper appelle la réfutabilité, la possibilité de tester ou non un énoncé pour éprouver sa validité.

Popper a donc remplacé une vision naïve et rassurante de la science – ça se vérifie à tous les coups, donc c’est vrai – par une conception infiniment plus inquiétante que l’on peut résumer comme suit : ça n’est pas infirmé, donc c’est non-faux, ou bien encore provisoirement vrai.

Si on ne peut tester une hypothèse pour l’infirmer, c’est donc qu’elle n’est pas scientifique. Elle relève alors de la magie, de la croyance, du mythe. Ainsi la psychanalyse n’est pas réfutable : l’interprétation des rêves ne peut être contredite par l’expérience ; les concepts freudiens sont des mythes – peut-être utiles – mais ne pouvant être scientifiquement réfutés.

 

«Si ce sont des confirmations que l’on recherche, il n’est pas difficile de trouver, pour la grande majorité des théories, des confirmations ou des vérifications » et donc « une théorie qui n’est réfutable par aucun événement qui se puisse concevoir est dépourvue de caractère scientifique ». Mettre à l’épreuve une théorie est « une tentative pour en démontrer la fausseté (to falsify) ou pour la réfuter ». On doit constater que « certaines théories se prêtent plus aux tests, s’exposent davantage à la réfutation que les autres, elles prennent, en quelque sorte, de plus grands risques ». Au total, le critère de la scientificité d’une théorie « réside dans la possibilité de l’invalider, de la réfuter ou encore de la tester » [3].

 

La vérité scientifique selon Popper est négative, et provisoire.

– négative : je ne peux pas dire ce qui est vrai, mais seulement ce qui est faux (grâce à un test de réfutabilité).

– provisoire : les théories qui résistent à la réfutation par l’expérience seront peut-être un jour infirmées par d’autres, comme l’ont été les théories sur la terre plate, l’immobilité des étoiles, la gravitation de Newton, et même actuellement la physique relativiste ou la mécanique quantique. En attendant leur réfutation, elles sont admises comme les plus résistantes, donc avec un degré de vérité ‘supérieur’.

Rien n’est vrai absolument pour toujours : c’est provisoirement la meilleure approximation dont on dispose, jusqu’à ce qu’on mette en évidence des imperfections, des contradictions, des lacunes que d’autres théories viendront prendre en charge. C’est pourquoi la quête de la vérité scientifique est par essence une quête inachevée [4], asymptotique, s’approchant sans cesse davantage de la vérité sans jamais coïncider totalement avec elle.

 

71eUOXS3XBL._SL1500_ Jean dans Communauté spirituelleNégative et provisoire : n’est-ce pas également le lot de toute vérité que nous pourrions énoncer sur Dieu ? Le tétragramme YHWH, imprononçable, nous mettait sur cette voie d’un ineffable, au-delà de tout. Dieu est plus grand que tout, plus grand même que le mot Dieu… Car la relation avec une personne est inépuisable, et ne se réduit jamais à une liste de concepts ou de prescriptions ! Et la quête de Dieu n’est-elle pas elle aussi par essence une quête inachevée ?

 

Cette conception de la vérité nous appelle à réfuter les fausses images de Dieu qui prolifèrent en tout domaine, du politique au développement personnel en passant par les religions, et à ne jamais sacraliser pour toujours l’infiniment peu que nous avons commencé à saisir de l’infiniment grand. Ce qui désacralise également les systèmes figés statufiant Dieu sous les habits d’une époque…

 

Faisons la vérité, en commençant par défaire le mensonge, en nous et autour de nous, et nous viendrons à la lumière. 

 

__________________________________

[1]. Cf. par exemple le site de France 24 : https://www.france24.com/fr/%C3%A9missions/info-intox/

[2]. Étienne Klein, Le Goût du vrai, Tract n° 17, Gallimard, 2020.

[3]. Karl Popper, Conjectures et réfutations, La croissance du savoir scientifique, Payot, 2006, pp. 64-65

[4]. Cf. Karl Popper, La quête inachevée (Unended Quest; An Intellectual Autobiography, 1976), Calmann-Lévy, 1981.

 

LECTURES DE LA MESSE

 

PREMIÈRE LECTURE
La colère et la miséricorde du Seigneur manifestées par l’exil et la délivrance du peuple (2 Ch 36, 14-16.19-23)

 

Lecture du deuxième livre des Chroniques

En ces jours-là, tous les chefs des prêtres et du peuple multipliaient les infidélités, en imitant toutes les abominations des nations païennes, et ils profanaient la Maison que le Seigneur avait consacrée à Jérusalem. Le Seigneur, le Dieu de leurs pères, sans attendre et sans se lasser, leur envoyait des messagers, car il avait pitié de son peuple et de sa Demeure. Mais eux tournaient en dérision les envoyés de Dieu, méprisaient ses paroles, et se moquaient de ses prophètes ; finalement, il n’y eut plus de remède à la fureur grandissante du Seigneur contre son peuple. Les Babyloniens brûlèrent la Maison de Dieu, détruisirent le rempart de Jérusalem, incendièrent tous ses palais, et réduisirent à rien tous leurs objets précieux. Nabuchodonosor déporta à Babylone ceux qui avaient échappé au massacre ; ils devinrent les esclaves du roi et de ses fils jusqu’au temps de la domination des Perses. Ainsi s’accomplit la parole du Seigneur proclamée par Jérémie : La terre sera dévastée et elle se reposera durant 70 ans, jusqu’à ce qu’elle ait compensé par ce repos tous les sabbats profanés.
Or, la première année du règne de Cyrus, roi de Perse, pour que soit accomplie la parole du Seigneur proclamée par Jérémie, le Seigneur inspira Cyrus, roi de Perse. Et celui-ci fit publier dans tout son royaume – et même consigner par écrit – : « Ainsi parle Cyrus, roi de Perse : Le Seigneur, le Dieu du ciel, m’a donné tous les royaumes de la terre ; et il m’a chargé de lui bâtir une maison à Jérusalem, en Juda. Quiconque parmi vous fait partie de son peuple, que le Seigneur son Dieu soit avec lui, et qu’il monte à Jérusalem ! »

 

PSAUME
(136 (137), 1-2, 3, 4-5, 6)
R/ Que ma langue s’attache à mon palais si je perds ton souvenir ! (cf. 136, 6a)

 

Au bord des fleuves de Babylone
nous étions assis et nous pleurions,
nous souvenant de Sion ;
aux saules des alentours nous avions pendu nos harpes.

 

C’est là que nos vainqueurs
nous demandèrent des chansons,
et nos bourreaux, des airs joyeux :
« Chantez-nous, disaient-ils, quelque chant de Sion. »

 

Comment chanterions-nous un chant du Seigneur
sur une terre étrangère ?
Si je t’oublie, Jérusalem,
que ma main droite m’oublie !

 

Je veux que ma langue s’attache à mon palais
si je perds ton souvenir,
si je n’élève Jérusalem
au sommet de ma joie.

 

DEUXIÈME LECTURE
« Morts par suite des fautes, c’est bien par grâce que vous êtes sauvés » (Ep 2, 4-10)

 

Lecture de la lettre de saint Paul apôtre aux Éphésiens

Frères, Dieu est riche en miséricorde ; à cause du grand amour dont il nous a aimés, nous qui étions des morts par suite de nos fautes, il nous a donné la vie avec le Christ : c’est bien par grâce que vous êtes sauvés. Avec lui, il nous a ressuscités et il nous a fait siéger aux cieux, dans le Christ Jésus. Il a voulu ainsi montrer, au long des âges futurs, la richesse surabondante de sa grâce, par sa bonté pour nous dans le Christ Jésus. C’est bien par la grâce que vous êtes sauvés, et par le moyen de la foi. Cela ne vient pas de vous, c’est le don de Dieu. Cela ne vient pas des actes : personne ne peut en tirer orgueil. C’est Dieu qui nous a faits, il nous a créés dans le Christ Jésus, en vue de la réalisation d’œuvres bonnes qu’il a préparées d’avance pour que nous les pratiquions.

 

ÉVANGILE
« Dieu a envoyé son Fils pour que, par lui, le monde soit sauvé » (Jn 3, 14-21)
Gloire et louange à toi, Seigneur Jésus !Dieu a tellement aimé le monde qu’il a donné son Fils unique, afin que ceux qui croient en lui aient la vie éternelle. Gloire et louange à toi, Seigneur Jésus ! (Jn 3, 16)

 

Évangile de Jésus Christ selon saint Jean

En ce temps-là, Jésus disait à Nicodème : « De même que le serpent de bronze fut élevé par Moïse dans le désert, ainsi faut-il que le Fils de l’homme soit élevé, afin qu’en lui tout homme qui croit ait la vie éternelle. Car Dieu a tellement aimé le monde qu’il a donné son Fils unique, afin que quiconque croit en lui ne se perde pas, mais obtienne la vie éternelle. Car Dieu a envoyé son Fils dans le monde, non pas pour juger le monde, mais pour que, par lui, le monde soit sauvé. Celui qui croit en lui échappe au Jugement, celui qui ne croit pas est déjà jugé, du fait qu’il n’a pas cru au nom du Fils unique de Dieu. Et le Jugement, le voici : la lumière est venue dans le monde, et les hommes ont préféré les ténèbres à la lumière, parce que leurs œuvres étaient mauvaises. Celui qui fait le mal déteste la lumière : il ne vient pas à la lumière, de peur que ses œuvres ne soient dénoncées ; mais celui qui fait la vérité vient à la lumière, pour qu’il soit manifeste que ses œuvres ont été accomplies en union avec Dieu. »
 Patrick BRAUD

 

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12 mars 2023

Les faits sont têtus !

Classé sous Communauté spirituelle — lhomeliedudimanche @ 12 h 30 min

Les faits sont têtus !

Homélie pour le 4° Dimanche de Carême / Année A
19/03/2023

Cf. également :

Rousseur et cécité : la divine embauche !
Témoin, à la barre !
Faut-il shabbatiser le Dimanche ?
La barre de fraction de la foi
Ne vous habituez pas à vivre dans le mensonge
La violence a besoin du mensonge

Faites tourner la danseuse…
Les faits sont têtus ! dans Communauté spirituelle danseuse-deux-sensRegardez bien cette image. Voyez la danseuse tourner.
Oui, mais dans quel sens ? Fixez-la un certain temps et vous serez surpris de la voir tourner en sens inverse, alors qu’évidemment l’image n’a pas changé d’un iota ! Le plus étrange, c’est qu’à aucun moment nous n’avons conscience de la moindre ambiguïté : on est sûr de la voir tourner comme ceci ou comme cela. L’ambiguïté n’apparaît qu’après coup, quand on se rend compte que notre point de vue a changé alors que le film est toujours le même. Cette perception, que l’on appelle perception bistable oscille entre deux interprétations possibles.
Comme quoi notre cerveau nous joue des tours, il ne voit que ce qu’il veut bien voir…
Ces illusions d’optique sont connues et exploitées depuis longtemps. Il faut croire malheureusement que l’aveugle-né de notre évangile (Jn 9,1-41) est un peu une danseuse aux yeux des pharisiens : ils veulent qu’il tourne dans un sens, et ne comprennent pas pourquoi lui dit tourner en sens inverse !

Niels Bohr vs Albert Einstein

Niels Bohr vs Albert Einstein

Les faits sont têtus
C’est le propre des idéologues que de tordre la réalité jusqu’à ce qu’elle corresponde plus ou moins à leur conception théorique.
En science, ce genre d’aveuglement a empêché de grands savants d’accepter des théories nouvelles pourtant plus performantes. Bien sûr on se souvient de l’Église romaine, si imbue de son interprétation (littérale) de la Bible qu’elle ne pouvait accepter la réalité d’une Terre tournant autour du soleil et non l’inverse.
Même le grand Einstein est tombé par deux fois dans ce piège. Quand il a voulu sauver la fixité de l’univers à laquelle il croyait dur comme fer, a priori, il a rajouté une « constante cosmologique » dans ses équations de l’univers pour que la réalité s’ajuste à son schéma préconçu. Et quand il a voulu prouver que « Dieu ne joue pas aux dés » dans sa célèbre controverse avec Niels Bohr. Il a perdu, car le hasard est bel et bien à l’œuvre dans l’infiniment petit. Et ce fut un échec cuisant, très difficile à accepter pour Einstein car cela heurtait toutes ses idées sur le réel. Si même Einstein a voulu tordre la réalité pour qu’elle colle à ses représentations, n’espérons pas éviter cette tentation, ce piège de l’intelligence et du cœur.
Comme quoi un schéma préconçu peut empêcher de constater l’évidence physique ! Rassurez-vous, il paraît qu’il y encore 9 % de ‘platistes’ en France, c’est-à-dire de gens qui croient que la Terre est plate ! 

Pendant le Covid, nous avons eu droit aux théories délirantes des antivax et autres complotistes refusant de constater la réalité et bricolant de faux arguments pour contredire les faits. Pendant la guerre en Ukraine, nous avons droit aux contrevérités ahurissantes doctement énoncées par Poutine et ses sbires, mentant ‘les yeux dans les yeux’ à la caméra comme autrefois Mitterrand devant Chirac dans un débat télévisé célèbre… Il faut dire que côté russe, le déni de la réalité est une tradition de plus de 70 ans, et ça laisse des traces. Le sultan d’une époque ancienne aurait dit à propos de l’ambassadeur de Russie, le comte Ignatov : « Cet homme est tellement menteur que même le contraire de ce qu’il dit n’est pas toujours vrai ». TRUTH___PRAVDA_by_asyenka-257x300 aveugle dans Communauté spirituelleUne vieille blague soviétique circulait au sujet de la Pravda (« Vérité ») et Izvestia (« Les informations »), les deux grands journaux de l’URSS : « Il n’y a aucune vérité dans Les informations, et pas la moindre information dans La Vérité ».

On attribue à Lénine la phrase apparemment solide : « les faits sont têtus ». Il l’emploie pour la première fois dans une « lettre aux camarades » de 1917, à propos du soulèvement paysan en Russie :
« Le fait capital dans la vie actuelle de la Russie, c’est le soulèvement paysan. Voilà comment s’effectue en réalité le passage du peuple aux côtés des bolcheviks ; la démonstration est faite non point en paroles, mais en actes. […] Ainsi, les faits confirment la justesse de la ligne du bolchévisme et ses progrès. […] C’est un fait. Les faits sont têtus ». En réalité, il va choisir dans les évènements ceux qui confortent sa thèse…
Il réemploie l’expression pour opposer les matelots de Petrograd, qui se révoltaient, à leurs amiraux en fuite : « Ce sont les héroïques matelots qui combattent, mais cela n’a pas empêché deux amiraux de prendre la fuite avant la prise de l’île d’Œsel !! C’est un fait. Les faits sont têtus. Les faits prouvent que des amiraux sont capables de trahir tout comme Kornilov. Le commandement est partisan de Kornilov, c’est un fait incontestable ».
On apprend quand même au détour d’une autre lettre de 1918 que Lénine reconnaît avoir emprunté le dicton à la sagesse anglaise…
On sait surtout que ce même Lénine, que l’on présente quelquefois comme un ‘doux’ que Staline aurait trahi, était partisan du mensonge, et même de la terreur, pour faire aboutir la cause bolchevique :
« Si pour l’œuvre du communisme il nous fallait exterminer les neuf dixièmes de la population, nous ne devrions pas reculer devant ces sacrifices », écrit-il froidement. Il  ajoute : « Le mensonge n’est pas seulement un moyen qu’il est permis d’employer, c’est le moyen le plus éprouvé de la lutte bolchévique ». Parfois le masque se lève.
C’est lui qui écrivit au Commissaire du peuple Koursky en 1921 : « Camarade Koursky, d’après moi il faut étendre l’application de la fusillade… Pour compléter notre conversation je vous envoie une esquisse d’un paragraphe supplémentaire du Code pénal….La pensée de base, j’espère, est claire, malgré tous les défauts du brouillon : il faut exposer ouvertement une position véridique du point de vue des principes et de la politique (et non pas étroitement juridique), de façon à motiver l’essence et la justification de la terreur, sa nécessité, ses limites. La Justice ne doit pas supprimer la terreur (promettre cela serait tromper ou se tromper) mais la fonder et la légitimer en principe, clairement, sans faux-fuyants ni ornements ».

citation4-1 cécité

Le mensonge totalitaire comme moyen de gouvernement impose par le contrôle des communications et par la terreur répressive une vérité obligatoire, conduisant au double langage et à la construction d’une « surréalité » sans rapport avec le réel.
Tordre la réalité est légitime aux yeux de Lénine si c’est pour faire réussir la lutte ! Malheureusement, le mensonge et la terreur vont de pair comme l’avait si bien diagnostiqué Soljenitsyne : le communisme est le règne du mensonge, et il est terrifiant. Le pouvoir russe actuel est le digne héritier de ces pratiques soviétiques.
Vous me direz : les mensonges des Américains pour envahir l’Irak n’étaient pas plus vrais ! Et vous aurez raison. Et il faut y ajouter pêle-mêle les affolantes ‘post-vérités’ de Donald Trump, l’obstination déraisonnable des climatosceptiques, le déni du génocide arménien par les Turcs, des Vendéens par la République française, des Ouïghours par les Chinois, le refus de la différence sexuée en Occident, le négationnisme contestant la réalité de la Shoah ou de l’Holodomor, le déni de la réalité de l’IVG etc.
Arrêtons là, car la liste est épouvantable.
 

Il n’y a pas pire aveugle…
Jésus et les PharisiensDécidément, l’aveuglement des pharisiens est de toutes les époques et de toutes les cultures, hélas !
Le pauvre aveugle de naissance a beau leur fournir son dossier médical, la preuve de son opération par Jésus, et son état actuel de voyant, les pharisiens n’en démordent pas : Jésus n’est qu’un pécheur, donc il ne peut pas guérir, encore moins un jour de shabbat, donc soit l’aveugle n’est pas vraiment guéri, soit il n’était pas vraiment aveugle.
Croit-on ce que l’on voit ou voit-on ce que l’on croit ?
Nier la réalité ne change pas la réalité mais la perception que nous en avons.
Un peu comme la danseuse qui tourne dans un sens ou dans un autre selon ce que le cerveau a décidé de voir, les témoins de la scène de l’aveugle-né tournent comme des girouettes au vent de leurs croyances.
« N’est-ce pas celui qui se tenait là pour mendier ? » Les uns disaient : « C’est lui. » Les autres disaient : « Pas du tout, c’est quelqu’un qui lui ressemble ».
Et lui est obligé de réaffirmer l’évidence : « c’est bien moi ».
Pour être juste avec les pharisiens, il faut noter qu’ils sont divisés eux aussi. Certains croient une réalité, d’autres une autre :
« Certains pharisiens disaient : « Celui-là ne vient pas de Dieu, puisqu’il n’observe pas le repos du sabbat ». D’autres répliquaient : « Comment un homme pécheur pourrait-il accomplir des signes pareils ? » Ainsi donc ils étaient divisés ».
Les parents de l’aveugle restent prudents : ils se contentent de constater les faits, mais refusent de les interpréter, par peur des juifs.
« Nous savons que c’est bien notre fils, et qu’il est né aveugle. Mais comment peut-il voir à présent, nous ne le savons pas ; et qui lui a ouvert les yeux, nous ne le savons pas non plus. Interrogez-le, il est assez grand pour s’expliquer ».
Pour la seconde fois, les pharisiens veulent tordre la réalité des faits jusqu’à ce qu’ils correspondent à leur vision a priori :
« Rends gloire à Dieu ! Nous savons, nous, que cet homme est un pécheur ».
Et à nouveau le pauvre homme les ramène à la réalité des faits, que lui ne peut nier car il en est le centre :
« Est-ce un pécheur ? Je n’en sais rien ; mais il y a une chose que je sais : j’étais aveugle, et maintenant je vois ».
Décidément, il y a pas pire aveugle que celui qui ne veut pas voir !
 

Ceux qui voient deviennent aveugles
D’où le constat amer que fait Jésus à la fin : « Je suis venu en ce monde pour une remise en question : pour que ceux qui ne voient pas puissent voir, et que ceux qui voient deviennent aveugles ».
La remise en question (en grec κρίμα = krima= jugement) apportée par Jésus nous concerne chacun et tous.
C’est bien rare si à l’échelle d’une vie vous n’aurez pas de radicales questions à vous poser, de radicales remises en cause à opérer, dans un domaine ou un autre.
 LénineD’anciens marxistes disciples de Che Guevara comme Régis Debray ont ouvert les yeux sur la folie de leur engagement de jeunesse. Des traders de Lehman Brothers n’ont échappé au suicide que par une reconversion totale. Des salariés démissionnent d’un bullshit job après que les confinements successifs leur aient fait voir l’inanité ou la dangerosité de leur emploi. Bienheureuse crise qui nous lave le regard…. !

Une vraie crise personnelle relève du traitement de Siloé : de la boue pour se rappeler l’humus de notre condition humaine, s’en frotter les yeux pour qu’une nouvelle Création débute comme à la Genèse, une marche vers Siloé pour apprendre à être autonome, un plongeon dans la piscine pour se laver de ce qui nous empêchait de voir, un retour parmi les nôtres pour témoigner de la réalité de l’action du Christ en nous…

Bienheureuse crise qui verra s’effondrer nos certitudes idéologiques aveuglantes !
Bienheureuse boue qui nous obligera à nettoyer en profondeur notre manière de voir les choses et les êtres !
Quand cette crise, quand ce jugement arrive, réjouissons-nous, laissons-nous faire !
Et surtout ne laissons pas les autres raconter à notre place ce qui nous est arrivé…

 

LECTURES DE LA MESSE

1ère lecture : Dieu choisit David comme roi de son peuple (1S 16, 1b.6-7.10-13a)

Lecture du premier livre de Samuel
Le Seigneur dit à Samuel : « J’ai rejeté Saül. Il ne règnera plus sur Isaraël. Je t’envoie chez Jessé de Bethléem, car j’ai découvert un roi parmi ses fils. Prends une corne que tu rempliras d’huile, et pars ! »
En arrivant, Samuel aperçut Éliab, un des fils de Jessé, et il se dit : « Sûrement, c’est celui que le Seigneur a en vue pour lui donner l’onction ! »
Mais le Seigneur dit à Samuel : « Ne considère pas son apparence ni sa haute taille, car je l’ai écarté. Dieu ne regarde pas comme les hommes, car les hommes regardent l’apparence, mais le Seigneur regarde le cœur. »
Jessé présenta ainsi à Samuel ses sept fils, et Samuel lui dit : « Le Seigneur n’a choisi aucun de ceux-là. N’as-tu pas d’autres garçons ? »
Jessé répondit : « Il reste encore le plus jeune, il est en train de garder le troupeau. »
Alors Samuel dit à Jessé : « Envoie-le chercher : nous ne nous mettrons pas à table tant qu’il ne sera pas arrivé. »
Jessé l’envoya chercher : le garçon était roux, il avait de beaux yeux, il était beau.
Le Seigneur dit alors : « C’est lui ! donne-lui l’onction. »
Samuel prit la corne pleine d’huile, et lui donna l’onction au milieu de ses frères. L’esprit du Seigneur s’empara de David à partir de ce jour-là.

Psaume : Ps 22, 1-2ab, 2c-3, 4, 5, 6
R/ Le Seigneur est mon berger : rien ne saurait me manquer.

Le Seigneur est mon berger :
je ne manque de rien.
Sur des prés d’herbe fraîche,
il me fait reposer. 

Il me mène vers les eaux tranquilles
et me fait revivre ; 
il me conduit par le juste chemin 
pour l’honneur de son nom. 

Si je traverse les ravins de la mort, 
je ne crains aucun mal, 
car tu es avec moi : 
ton bâton me guide et me rassure. 

Tu prépares la table pour moi 
devant mes ennemis ; 
tu répands le parfum sur ma tête, 
ma coupe est débordante. 

Grâce et bonheur m’accompagnent 
tous les jours de ma vie ; 
j’habiterai la maison du Seigneur 
pour la durée de mes jours.

2ème lecture : Vivre dans la lumière (Ep 5, 8-14)

Lecture de la lettre de saint Paul Apôtres aux Éphésiens
Frères,
autrefois, vous étiez ténèbres ; maintenant, dans le Seigneur, vous êtes devenus lumière ; vivez comme des fils de la lumière ? or la lumière produit tout ce qui est bonté, justice et vérité ? et sachez reconnaître ce qui est capable de plaire au Seigneur.
Ne prenez aucune part aux activités des ténèbres, elles ne produisent rien de bon ; démasquez-les plutôt.
Ce que ces gens-là font en cachette, on a honte d’en parler.
Mais quand ces choses-là sont démasquées, leur réalité apparaît grâce à la lumière, et tout ce qui apparaît ainsi devient lumière. C’est pourquoi l’on chante :
Réveille-toi, ô toi qui dors, relève-toi d’entre les morts, et le Christ t’illuminera.

Évangile : L’aveugle-né (Jn 9, 1-41 [Lecture brève : 9, 1.6-9.13-17.34-38])
Acclamation : Gloire et louange à toi, Seigneur Jésus. Lumière du monde, Jésus Christ, celui qui marche à ta suite aura la lumière de la vie.
Gloire et louange à toi, Seigneur Jésus. (cf. Jn 8, 12)

Évangile de Jésus Christ selon saint Jean
En sortant du Temple, Jésus vit sur son passage un homme qui était aveugle de naissance.
Ses disciples l’interrogèrent : « Rabbi, pourquoi cet homme est-il né aveugle ? Est-ce lui qui a péché, ou bien ses parents ? »Jésus répondit : « Ni lui, ni ses parents. Mais l’action de Dieu devait se manifester en lui. Il nous faut réaliser l’action de celui qui m’a envoyé, pendant qu’il fait encore jour ; déjà la nuit approche, et personne ne pourra plus agir. Tant que je suis dans le monde, je suis la lumière du monde. »

Cela dit, il cracha sur le sol et, avec la salive, il fit de la boue qu’il appliqua sur les yeux de l’aveugle, et il lui dit : « Va te laver à la piscine de Siloé » (ce nom signifie : Envoyé). L’aveugle y alla donc, et il se lava ; quand il revint, il voyait.
Ses voisins, et ceux qui étaient habitués à le rencontrer ? car il était mendiant ? dirent alors : « N’est-ce pas celui qui se tenait là pour mendier ? »
Les uns disaient : « C’est lui. » Les autres disaient : « Pas du tout, c’est quelqu’un qui lui ressemble. » Mais lui affirmait : « C’est bien moi. »
Et on lui demandait : « Alors, comment tes yeux se sont-ils ouverts ? »
Il répondit : « L’homme qu’on appelle Jésus a fait de la boue, il m’en a frotté les yeux et il m’a dit : ‘Va te laver à la piscine de Siloé.’ J’y suis donc allé et je me suis lavé ; alors, j’ai vu. »
Ils lui dirent : « Et lui, où est-il ? » Il répondit : « Je ne sais pas. »
On amène aux pharisiens cet homme qui avait été aveugle.
Or, c’était un jour de sabbat que Jésus avait fait de la boue et lui avait ouvert les yeux.
À leur tour, les pharisiens lui demandèrent : « Comment se fait-il que tu voies ? » Il leur répondit : « Il m’a mis de la boue sur les yeux, je me suis lavé, et maintenant je vois. »
Certains pharisiens disaient : « Celui-là ne vient pas de Dieu, puisqu’il n’observe pas le repos du sabbat. » D’autres répliquaient : « Comment un homme pécheur pourrait-il accomplir des signes pareils ? » Ainsi donc ils étaient divisés.

Alors ils s’adressent de nouveau à l’aveugle : « Et toi, que dis-tu de lui, puisqu’il t’a ouvert les yeux ? » Il dit : « C’est un prophète. »
Les Juifs ne voulaient pas croire que cet homme, qui maintenant voyait, avait été aveugle. C’est pourquoi ils convoquèrent ses parents
et leur demandèrent : « Cet homme est bien votre fils, et vous dites qu’il est né aveugle ? Comment se fait-il qu’il voie maintenant ? »
Les parents répondirent : « Nous savons que c’est bien notre fils, et qu’il est né aveugle.
Mais comment peut-il voir à présent, nous ne le savons pas ; et qui lui a ouvert les yeux, nous ne le savons pas non plus. Interrogez-le, il est assez grand pour s’expliquer. »
Ses parents parlaient ainsi parce qu’ils avaient peur des Juifs. En effet, les Juifs s’étaient déjà mis d’accord pour exclure de la synagogue tous ceux qui déclareraient que Jésus est le Messie.
Voilà pourquoi les parents avaient dit : « Il est assez grand, interrogez-le ! »

Pour la seconde fois, les pharisiens convoquèrent l’homme qui avait été aveugle, et ils lui dirent : « Rends gloire à Dieu ! Nous savons, nous, que cet homme est un pécheur. »
Il répondit : « Est-ce un pécheur ? Je n’en sais rien ; mais il y a une chose que je sais : j’étais aveugle, et maintenant je vois. »
Ils lui dirent alors : « Comment a-t-il fait pour t’ouvrir les yeux ? »
Il leur répondit : « Je vous l’ai déjà dit, et vous n’avez pas écouté. Pourquoi voulez-vous m’entendre encore une fois ? Serait-ce que vous aussi vous voulez devenir ses disciples ? »
Ils se mirent à l’injurier : « C’est toi qui es son disciple ; nous, c’est de Moïse que nous sommes les disciples. Moïse, nous savons que Dieu lui a parlé ; quant à celui-là, nous ne savons pas d’où il est. »
L’homme leur répondit : « Voilà bien ce qui est étonnant ! Vous ne savez pas d’où il est, et pourtant il m’a ouvert les yeux. Comme chacun sait, Dieu n’exauce pas les pécheurs, mais si quelqu’un l’honore et fait sa volonté, il l’exauce. Jamais encore on n’avait entendu dire qu’un homme ait ouvert les yeux à un aveugle de naissance. Si cet homme-là ne venait pas de Dieu, il ne pourrait rien faire. »
Ils répliquèrent : « Tu es tout entier plongé dans le péché depuis ta naissance, et tu nous fais la leçon ? » Et ils le jetèrent dehors.

Jésus apprit qu’ils l’avaient expulsé. Alors il vint le trouver et lui dit : « Crois-tu au Fils de l’homme ? »
Il répondit : « Et qui est-il, Seigneur, pour que je croie en lui ? »
Jésus lui dit : « Tu le vois, et c’est lui qui te parle. »
Il dit : « Je crois, Seigneur ! », et il se prosterna devant lui.
Jésus dit alors : « Je suis venu en ce monde pour une remise en question : pour que ceux qui ne voient pas puissent voir, et que ceux qui voient deviennent aveugles. »
Des pharisiens qui se trouvaient avec lui entendirent ces paroles et lui dirent : « Serions-nous des aveugles, nous aussi ? »
Jésus leur répondit : « Si vous étiez des aveugles, vous n’auriez pas de péché ; mais du moment que vous dites : ‘Nous voyons !’ votre péché demeure. »
Patrick Braud

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1 décembre 2019

Pour qui sont ces serpents qui sifflent sur vos têtes ?

Classé sous Communauté spirituelle — lhomeliedudimanche @ 12 h 30 min

Pour qui sont ces serpents qui sifflent sur vos têtes ?

Homélie du 2° dimanche de l’Avent / Année A
08/12/2019

Cf. également :

Isaïe, Marx, et le vol de bois mort
Devenir des précurseurs
Maintenant, je commence
Crier dans le désert
Le Verbe et la voix
Res et sacramentum
Êtes-vous plutôt centripètes ou centrifuges ?
Une foi historique 

Engeance de vipères et larmes de crocodile

Ils étaient venus – intrigués – dans le désert, attirés par la rumeur qui disait que le prophète Élie était de retour (Mt 3, 1-12). De quoi aller voir ça de près. Et de fait, on reconnaissait bien Élie de loin grâce à son pagne de peaux de bêtes et sa ceinture de cuir comme autrefois [1]. Alors les Pharisiens et Sadducéens s’approchent, se glissent dans la file des pénitents, qui chantaient peut-être « Down in the river to pray » comme dans le film O’brother. Mais voilà que Jean-Baptiste les pointe du doigt, et les insulte publiquement en tonnant : « engeance de vipères ! » Bigre ! Il va faire fuir tous ses clients s’il les apostrophe ainsi… Il faut dire que Pharisiens et Sadducéens étaient là pour voir, comme on  dirait au poker, pour ne pas rater les soldes de l’opération miséricorde dont ils ont entendu parler. Le Black Friday de la pénitence en quelque sorte. Le risque est grand alors que leurs larmes de soi-disant repentance soient des larmes de crocodile. Et Jean-Baptiste le sait bien. Il n’a pas peur de leur puissance religieuse. Il dénonce avec force leur hypocrisie : comment osent-t-ils venir se faire baptiser dans le Jourdain et reprendre leur vie après comme si de rien n’était ? Le baptême de repentance exige de changer de vie de retour chez soi. Tricher avec cette exigence, c’est creuser soi-même sa tombe…

 

Quelle belle engueulade !

En digne cousin de Jean-Baptiste, Jésus lui aussi par deux fois utilisera cette insulte contre les pharisiens et les scribes. La première fois, c’est pour disqualifier les paroles des pharisiens qui l’accusent d’appartenir à Belzéboul parce qu’il guérit un sourd-muet : « Engeance de vipères, comment pourriez-vous dire de bonnes choses, alors que vous êtes mauvais ? Car ce que dit la bouche, c’est ce qui déborde du cœur »(Mt 12,34). La deuxième fois, c’est pour les menacer de la géhenne, car ils assassinent les prophètes comme leurs pères le faisaient avant eux : « vous êtes les fils de ceux qui ont assassiné les prophètes ! Eh bien ! Vous comblez la mesure de vos pères ! Serpents, engeance de vipères, comment pourriez-vous échapper au châtiment de la géhenne ? »(Mt 23,33). Ce sont là les trois seules occurrences de cette expression dans toute la Bible : c’est donc une marque de fabrique du christianisme, un peu oubliée à force d’adoucir le visage du Christ à l’excès.

Comment interpréter cette apostrophe ? Pourquoi Jean-Baptiste et Jésus l’utilisent-ils, sachant bien qu’ils vont insulter et blesser les notables religieux à qui elle s’adresse ?

Parler de vipères et de serpents renvoie inévitablement à « l’animal le plus rusé de tous les animaux des champs », le fameux serpent de Gn 3,1 qui a induit Ève et Adam en tentation. Comment a-t-il réussi ? Par le mensonge. Le serpent falsifie la parole de Dieu : il la tord en la généralisant, puis en avançant que la raison de l’interdit est la jalousie de Dieu et non le suicide spirituel dont Dieu les avait avertis. Car vouloir être comme des dieux par ses seules forces (supposées décuplées par le fruit défendu) au lieu de recevoir cette divinisation de la main de Dieu lui-même relève du suicide.

Prendre au lieu de recevoir : le mensonge du serpent s’ingénie sans cesse à détourner l’humanité de l’accueil vers la prédation. Il est bien le « Père du mensonge » comme l’écrira Jean : « Vous, vous êtes du diable, c’est lui votre père, et vous cherchez à réaliser les convoitises de votre père. Depuis le commencement, il a été un meurtrier. Il ne s’est pas tenu dans la vérité, parce qu’il n’y a pas en lui de vérité. Quand il dit le mensonge, il le tire de lui-même, parce qu’il est menteur et père du mensonge »(Jn 8,44).

Appartenir à une engeance de vipères, c’est participer depuis des générations à la prolifération du mensonge, pour continuer de prendre, d’accumuler, de rivaliser avec Dieu. Les pharisiens convergeant vers Jean-Baptiste au Jourdain font semblant de se repentir, en adoptant les signes extérieurs des pénitents. Mais Jean-Baptiste sait bien qu’ils sont hypocrites : ils se revendiqueront de lui uniquement pour exercer du pouvoir et de l’influence sur les autres, sans rien changer à leur mode de vie. Jésus, qui « sait ce qu’il y a dans l’homme » [2], prévient également que les pharisiens venus à lui soi-disant pour en savoir plus en fait veulent le piéger, et bientôt l’éliminer, comme ils l’ont fait pour Zacharie et presque tous les prophètes. Ou bien ils font semblant de s’intéresser à une des guérisons opérées par lui, mais c’est pour le traiter de démon, de dément.

Traiter quelqu’un d’engeance de vipères, c’est d’abord dénoncer le mensonge dont il s’habille pour paraître respectable. C’est révéler la logique meurtrière qu’engendre ce mensonge. Cette insulte relève du devoir d’appeler mal ce qui est mal, et bien ce qui est bien, loin des consensus mous et relativistes de la morale démocratique… Cela relève également du devoir de correction fraternelle (Mt 18, 15-18) : avertir l’autre de son erreur avant qu’il ne soit trop tard pour lui, réveiller sa conscience hypnotisée par le mensonge ambiant dans lequel il baigne, en lui collant une claque magistrale. L’assoupissement de la conscience est si fort qu’il faut comme une gifle pour secouer le dormeur : le choc de ces mots « engeance de vipères » va produire un électrochoc salutaire si du coup la vipère renonce à mordre. Nous devons parfois adopter cette violence de l’apostrophe pour ouvrir les yeux de ceux qui sont habitués, addicts aux mensonges au point de ne plus les voir. Voilà pourquoi« ce sont les violents qui s’emparent du Royaume de Dieu »(Mt 11,12) à la manière de Jésus.

Le mensonge se transmet, quelquefois sur plusieurs générations (pensez à l’idéologie communiste en URSS de 1917 à 1989… !). Il finit par cristalliser, par se coaguler en entités autonomes et indépendantes qui asservissent les nouveaux venus. Jean-Paul II appelait fort justement structure de péché cette gangue de mensonge qui finit par envelopper quelqu’un au point de l’étouffer. Pensez à la corruption dans certains pays ou activités, si difficile à casser lorsqu’une entreprise veut pénétrer un marché en demeurant intègre ! C’est une sorte de calcul rénal, qu’on ne peut éliminer que par des ultrasons ultra-violents qui vont briser et désagréger ces bouchons calcaires si dangereux pour notre santé. « Engeance de vipères » est la thérapie de choc que Jésus et Jean-Baptiste ont trouvé, faute de mieux, pour libérer les gens très religieux de leurs superstitions et autres croyances mensongères.

S’il n’y avait que cette pédagogie brutale dans les Évangiles, on pourrait s’en inquiéter ! Mais pour quelques belles engueulades, combien trouve-t-on de patience, de pardon, d’amour inconditionnel sur les lèvres et dans les actes de Jésus ! ? Simplement, notre épisode de ce dimanche, ultra minoritaire, nous oblige à ne pas réduire la pédagogie du Christ à ses seuls aspects de douceur et de compassion. Elle comporte également de la violence et de la dureté, au service du salut de l’autre.

 

Souvenons-nous de Folcoche et Brasse-Bouillon !

Terminons par le symbolisme de la vipère.

Langue de vipère ...On pense immédiatement à son venin, dont la transposition allégorique évoque l’empoisonnement des relations humaines dû au mensonge, à la calomnie, ce que le Moyen Âge appelait le péché de la langue. D’autant que cette langue est bifide, comme celle de tous les serpents : elle se divise en deux pour mieux appréhender son environnement et ses proies. Or le diable est étymologiquement celui qui divise : en grec, dia-bolos = jeter de manière séparée (vs syn-balein = symbole = mettre ensemble). On voit ce que le serpent a de diabolique : sa langue… Dire de quelqu’un que c’est ‘une langue de vipère’ s’appuie sur ce symbolisme. C’est par sa langue que le serpent de la Genèse sépare Ève et Adam de Dieu, en tordant la parole divine, en insinuant que Dieu serait jaloux de l’homme s’il parvenait tout seul à être « comme des dieux ».

Appartenir à une engeance de vipères, c’est donc continuer à répandre le mensonge, la convoitise, la rivalité mimétique (René Girard), comme avant nous l’ont fait ceux qui ont réussi socialement grâce à leur habilité ‘diabolique’.

Parler de vipères fera peut-être remonter vos souvenirs de lycée, où vous avez lu des classiques qui en parlent. Ainsi le vers célèbre de Racine : pour qui sont ces serpents qui sifflent sur vos têtes ? nous met immédiatement en présence de l’animal dangereux se dressant pour nous hypnotiser tel Kaa dans le Livre de la jungle, et nous mordre à mort.

La répétition des trois sons « s » (allitération) imite le sifflement mortel des serpents sifflant avant d’attaquer leur victime. Cette expression en français vient de la tragédie ‘Andromaque’ composée en 1667 par Racine. On y voit Oreste : seul à n’être pas aimé d’amour par Hermione, il devient fou. Il a des hallucinations où Hermione le persécute, accompagnée des Erynies, déesses de l’enfer dont les cheveux sont des serpents :

Dieux ! quels affreux regards elle jette sur moi !
Quels démons, quels serpents traîne-t-elle après soi ?
Eh bien ! filles d’enfer, vos mains sont-elles prêtes ?
Pour qui sont ces serpents qui sifflent sur vos têtes ?
(Andromaque acte V scène 5)

La chevelure de la Méduse dans le mythe transmis par Homère, Pindare et Euripide (V° siècle av. J.-C.) était également composée d’un enlacement inextricable de serpents au pouvoir hypnotique fascinant et au venin mortel.

Dans notre première lecture (Is 11, 1-10), Isaïe promet que la venue du Messie désarmera cobras et vipères enfin réconciliés avec l’homme : quand le Seigneur règnera, « le nourrisson s’amusera sur le nid du cobra, sur le trou de la vipère l’enfant étendra la main ».

Le Noeud de vipères par MauriacFrançois Mauriac a immortalisé cette ambiance malsaine entretenant la méchanceté commune, ce nœud de vipères où chacun s’enroule au mensonge de l’autre en y rajoutant son propre venin. Pire qu’un panier de crabes, ce nœud de vipères représente une famille, un clan, voire une nation solidaire dans le mal et l’empoisonnement des relations humaines.

Dans « Le Nœud de vipères », la confession est celle de Louis : le vieil homme rédige une lettre à sa femme – et à ses enfants -, chargée de rancune. Il abhorre cette « engeance de vipères », une meute soudée contre lui, aux basques de sa fortune. Son unique plaisir devient donc celui de déjouer les complots de la famille et de manœuvrer pour les déshériter : « Et moi, témoin de cette lutte que j’étais seul à savoir inutile et vaine, je me sentis comme un dieu, prêt à briser ces frêles insectes dans ma main puissante, à écraser du talon ces vipères emmêlées, et je riais. » (Le Nœud de vipères‎, ‎Paris, Grasset, 1932.
Qu’est-ce qu’un nœud de vipères, sinon un endroit déconseillé à tout ce qui n’est pas vipère, personne médisante ou malfaisante, qui ne vit que par la critique et le venin ?

Pour qui sont ces serpents qui sifflent sur vos têtes ? dans Communauté spirituelle 915734254Un autre roman, d’une terrible puissance évocatrice, nous décrit la mise en place d’un cercle infernal de violence d’une mère à son fils. Dans « Vipère au poing » (1948), Hervé Bazin décrit l’enfance et l’adolescence du narrateur, Jean Rezeau, dit Brasse-Bouillon. Ce dernier décrit ses rapports avec sa famille, et notamment sa mère Paule Rezeau, née Pluvignec, dite Folcoche, une marâtre cruelle et peu aimante. Ce roman est un huis clos entre la mère indigne, les trois enfants martyrisés, le père lâche et un précepteur changeant. « Vipère au poing », c’est le combat impitoyable livré par les enfants à leur mère, une femme odieuse, qu’ils ont surnommée Folcoche. Cri de haine et de révolte, ce roman, largement autobiographique, le premier d’Hervé Bazin, lui apporta la célébrité et le classa d’emblée parmi les écrivains contemporains les plus lus.

Au début du livre le jeune Rezeau jouait avec une vipère dans « La belle angerie » leur maison ; à mesure qu’elle s’enroulait sur son poignet il était déterminé à serrer jusque mort s’en suive. En regardant ses yeux (à la vipère) pleins de haine il ne pouvait s’empêcher de la comparer à Folcoche sa mère. « Elle avait de jolis yeux, vous savez, cette vipère, non pas des yeux de saphir comme les vipères de bracelets, je le répète, mais des yeux de topaze brûlée, piqués noir au centre et tout pétillants d’une lumière que je saurais plus tard s’appeler la haine et que je retrouverais dans les prunelles de Folcoche ».

On rêverait d’un homme politique assez courageux pour aller crier : « engeance de vipères ! » aux menteurs et aux violents d’aujourd’hui ! Les nœuds de vipères actuels pullulent, sous prétexte d’islam, de libéralisme ou de politiquement correct etc… Commençons nous-mêmes par discerner les venins et les divisions dont nous sommes complices, parfois ‘à l’insu de notre plein gré’ : alors nous pourrons crier avec Jésus leurs quatre vérités aux hypocrites et aux menteurs de tous bords !

 


[1]. Le roi leur dit : « Comment était cet homme qui est monté à votre rencontre et qui vous a dit ces paroles ? » Ils lui répondirent : « C’était un homme qui portait un vêtement de poils et un pagne de peau autour des reins. » Alors il dit : « C’est Élie le Tishbite ! » (2 R 1, 2-8)
[2]. « Jésus, lui, ne se fiait pas à eux, parce qu’il les connaissait tous et n’avait besoin d’aucun témoignage sur l’homme ; lui-même, en effet, connaissait ce qu’il y a dans l’homme » (Jn 2,24-25).

 

LECTURES DE LA MESSE

PREMIÈRE LECTURE
« Il jugera les petits avec justice » (Is 11, 1-10)

Lecture du livre du prophète Isaïe

En ce jour-là, un rameau sortira de la souche de Jessé, père de David, un rejeton jaillira de ses racines. Sur lui reposera l’esprit du Seigneur : esprit de sagesse et de discernement, esprit de conseil et de force, esprit de connaissance et de crainte du Seigneur – qui lui inspirera la crainte du Seigneur. Il ne jugera pas sur l’apparence ; il ne se prononcera pas sur des rumeurs. Il jugera les petits avec justice ; avec droiture, il se prononcera en faveur des humbles du pays. Du bâton de sa parole, il frappera le pays ; du souffle de ses lèvres, il fera mourir le méchant. La justice est la ceinture de ses hanches ; la fidélité est la ceinture de ses reins.

Le loup habitera avec l’agneau, le léopard se couchera près du chevreau, le veau et le lionceau seront nourris ensemble, un petit garçon les conduira. La vache et l’ourse auront même pâture, leurs petits auront même gîte. Le lion, comme le bœuf, mangera du fourrage. Le nourrisson s’amusera sur le nid du cobra ; sur le trou de la vipère, l’enfant étendra la main. Il n’y aura plus de mal ni de corruption sur toute ma montagne sainte ; car la connaissance du Seigneur remplira le pays comme les eaux recouvrent le fond de la mer.
Ce jour-là, la racine de Jessé sera dressée comme un étendard pour les peuples, les nations la chercheront, et la gloire sera sa demeure.

 

PSAUME

(Ps 71 (72), 1-2, 7-8, 12-13, 17)
R/ En ces jours-là, fleurira la justice, grande paix jusqu’à la fin des temps. (cf. Ps 71, 7)

Dieu, donne au roi tes pouvoirs,
à ce fils de roi ta justice.
Qu’il gouverne ton peuple avec justice,
qu’il fasse droit aux malheureux !

En ces jours-là, fleurira la justice,
grande paix jusqu’à la fin des lunes !
Qu’il domine de la mer à la mer,
et du Fleuve jusqu’au bout de la terre !

Il délivrera le pauvre qui appelle
et le malheureux sans recours.
Il aura souci du faible et du pauvre,
du pauvre dont il sauve la vie.

Que son nom dure toujours ;
sous le soleil, que subsiste son nom !
En lui, que soient bénies toutes les familles de la terre ;
que tous les pays le disent bienheureux !

 

DEUXIÈME LECTURE
Le Christ sauve tous les hommes (Rm 15, 4-9)

Lecture de la lettre de saint Paul Apôtre aux Romains

Frères, tout ce qui a été écrit à l’avance dans les livres saints l’a été pour nous instruire, afin que, grâce à la persévérance et au réconfort des Écritures, nous ayons l’espérance. Que le Dieu de la persévérance et du réconfort vous donne d’être d’accord les uns avec les autres selon le Christ Jésus. Ainsi, d’un même cœur, d’une seule voix, vous rendrez gloire à Dieu, le Père de notre Seigneur Jésus Christ. Accueillez-vous donc les uns les autres, comme le Christ vous a accueillis pour la gloire de Dieu. Car je vous le déclare : le Christ s’est fait le serviteur des Juifs, en raison de la fidélité de Dieu, pour réaliser les promesses faites à nos pères ; quant aux nations, c’est en raison de sa miséricorde qu’elles rendent gloire à Dieu, comme le dit l’Écriture : C’est pourquoi je proclamerai ta louange parmi les nations,je chanterai ton nom.

 

ÉVANGILE

« Convertissez-vous, car le royaume des Cieux est tout proche » (Mt 3, 1-12)
Alléluia. Alléluia.Préparez le chemin du Seigneur, rendez droits ses sentiers : tout être vivant verra le salut de Dieu. Alléluia. (cf. Lc 3, 4.6)

Évangile de Jésus Christ selon saint Matthieu

En ces jours-là, paraît Jean le Baptiste, qui proclame dans le désert de Judée : « Convertissez-vous, car le royaume des Cieux est tout proche. » Jean est celui que désignait la parole prononcée par le prophète Isaïe : Voix de celui qui crie dans le désert :Préparez le chemin du Seigneur, rendez droits ses sentiers.
Lui, Jean, portait un vêtement de poils de chameau, et une ceinture de cuir autour des reins ; il avait pour nourriture des sauterelles et du miel sauvage. Alors Jérusalem, toute la Judée et toute la région du Jourdain se rendaient auprès de lui, et ils étaient baptisés par lui dans le Jourdain en reconnaissant leurs péchés. Voyant beaucoup de pharisiens et de sadducéens se présenter à son baptême, il leur dit : « Engeance de vipères ! Qui vous a appris à fuir la colère qui vient ? Produisez donc un fruit digne de la conversion. N’allez pas dire en vous-mêmes : ‘Nous avons Abraham pour père’ ; car, je vous le dis : des pierres que voici, Dieu peut faire surgir des enfants à Abraham. Déjà la cognée se trouve à la racine des arbres : tout arbre qui ne produit pas de bons fruits va être coupé et jeté au feu.
 Moi, je vous baptise dans l’eau, en vue de la conversion. Mais celui qui vient derrière moi est plus fort que moi, et je ne suis pas digne de lui retirer ses sandales. Lui vous baptisera dans l’Esprit Saint et le feu. Il tient dans sa main la pelle à vanner, il va nettoyer son aire à battre le blé, et il amassera son grain dans le grenier ; quant à la paille, il la brûlera au feu qui ne s’éteint pas. »
Patrick BRAUD

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18 novembre 2015

La violence a besoin du mensonge

Classé sous Communauté spirituelle — lhomeliedudimanche @ 0 h 01 min

La violence a besoin du mensonge

 

Homélie pour la fête du Christ Roi / Année B
22/11/2015

Cf. également :

Divine surprise

Le Christ Roi fait de nous des huiles

Non-violence : la voie royale

Un roi pour les pires

 

« La violence n’exige de nous que notre obéissance au mensonge »

Afficher l'image d'origine« Quand la violence fait irruption dans la vie paisible des hommes, son visage flamboie d’arrogance, elle porte effrontément inscrit sur son drapeau, elle crie : « JE SUIS LA VIOLENCE ! Place, écartez-vous, ou je vous écrase ! » Mais la violence vieillit vite. Encore quelques années et elle perd son assurance, et pour se maintenir, pour faire bonne figure, elle recherche obligatoirement l’alliance du mensonge. Car la violence ne peut s’abriter derrière rien d’autre que le mensonge, et le mensonge ne peut se maintenir que par la violence. Et ce n’est ni chaque jour, ni sur chaque épaule que la violence pose sa lourde patte : elle n’exige de nous que notre obéissance au mensonge, que notre participation quotidienne au mensonge et c’est tout ce qu’elle attend de ses loyaux sujets.

Et c’est là justement que se trouve, négligée par nous, mais si simple, si accessible, la clef de notre libération : LE REFUS DE PARTICIPER PERSONNELLEMENT AU MENSONGE ! Qu’importe si le mensonge recouvre tout, s’il devient maître de tout, mais soyons intraitables au moins sur ce point : qu’il ne le devienne pas PAR MOI !

Et cela, c’est une brèche dans le cercle imaginaire de notre inaction, pour nous : la plus facile à réaliser, pour le mensonge : la plus destructrice. Car lorsque les hommes tournent le dos au mensonge, le mensonge cesse purement et simplement d’exister. Telle une maladie contagieuse, il ne peut exister que dans un concours d’hommes. »

Alexandre Soljenitsyne, à Moscou le 12 février 1974 [1] 

L'opium des intellectuelsL’avertissement de Soljenitsyne valait pour le système communiste, bâti sur un mensonge.

Comment ne pas y voir un avertissement pour nous aujourd’hui face à la violence inhumaine des attentats de Paris ? Faute d’avoir analysé et compris la complicité de l’Occident avec le mensonge communiste, nous risquons fort de reproduire des aveuglements semblables, et lourds de conséquences.

Ce mensonge communiste concernait d’abord la personne humaine, réduite à n’être qu’un élément de la classe ouvrière seule digne d’intérêt et à qui on pouvait sacrifier bien des individus (les millions de morts des purges staliniennes et des goulags en témoignent).

Ce mensonge concernait également l’économie, réduite à une planification collective finalement inefficace et terriblement appauvrissante.

Ce double mensonge s’est écroulé en 1989. Pourtant, pendant des décennies, l’intelligentsia française et au-delà a été fascinée par la pensée marxiste, au point de l’ériger en clé ultime de l’histoire. On a oublié aujourd’hui les positions effarantes de Sartre (le marxisme est l’« indépassable philosophie de notre temps »), Althusser, Edgar Morin (jusqu’en 1951), Louis Aragon, Annie Kriegel et tant d’autres maîtres à penser des années 60 à 90. Raymond Aron était bien seul, dissident parmi ces intellectuels, à dénoncer le mensonge.

Se souvenir permettrait pourtant de mettre en pleine lumière les complicités actuelles de bien d’autres intellectuels français avec des idéologies pour potentiellement dangereuses, reposant elles aussi sur un mensonge.

 

Pilate le politique face à Jésus le roi dissident

L’avertissement de Soljenitsyne doit être renouvelé aujourd’hui.

Il fait écho au témoignage de Jésus devant Pilate (Jn 18, 33-37). Jésus pose la question de la vérité, et y répond en personne : « je suis venu pour rendre témoignage à la vérité ». Ailleurs il dit même : « je suis la vérité ». C’est donc que la vérité en christianisme est une personne vivante et non pas une idéologie.

Afficher l'image d'originePilate lui est un politique en même temps que militaire d’occupation. L’historien juif Flavius Josèphe le décrit comme « un gouverneur qui n’hésite pas à recourir à la manière forte pour rétablir l’ordre ». S’embarquer dans un dialogue philosophique à propos de la vérité avec ce prophète charismatique peut devenir dangereux. Pendant ce temps-là, les responsables juifs risquent de fomenter des troubles, des émeutes, car ils savent manipuler les foules. Peu importe finalement que Jésus soit ou non du côté de la vérité : l’important est que Jérusalem ne se soulève pas contre l’armée romaine. L’important est de maintenir un semblant de paix. Maintenir la pax romana, même au prix du mensonge, vaut mieux que de chercher où est le vrai.

D’ailleurs, lorsque ce peuple juif occupé et décidément rebelle recommencera à contester le pouvoir impérial, Pilate le soldat utilisera la violence armée pour mater la révolte (cf. Lc 13,1 et la mention des « Galiléens dont Pilate avait mêlé le sang avec celui de leurs sacrifices »), comme toute occupation militaire ou idéologique. En 36, il fait réprimer avec cruauté un rassemblement de Samaritains sur le mont Garizim. À l’instigation d’un homme qui selon Flavius Josèphe « considérait le mensonge comme sans importance et usait de toutes sortes de manœuvres pour plaire au peuple », les plus convaincus « prirent les armes » et s’installèrent dans le village de Tirathana pour accueillir la masse des samaritains et « faire en grand nombre l’ascension de la montagne ». Cet homme leur avait promis de leur montrer « des vases sacrés enfouis par Moïse ». À la suite de ce massacre des samaritains, Pilate fut contraint par l’empereur Tibère de quitter la Judée.

La violence a besoin du mensonge dans Communauté spirituelle 51XTilBAikL._SX301_BO1,204,203,200_Préférer le mensonge à la vérité [2] pour avoir la paix (mais quelle paix ? !) : la tentation politique de Pilate est encore celle de nos politiques. Que ce soit sur des questions sociales brûlantes comme le drame des migrants ou le mal-logement des français, ou sur des questions éthiques comme l’avortement et l’euthanasie, ou sur les guerres en Irak, en Iran, en Syrie, en Lybie et ailleurs, ou sur des enjeux complexes comme la laïcité, la place de l’islam etc., rares sont les politiques qui osent raisonner et argumenter en termes de vérité et de mensonge. Ils parleront consensus, opinion majoritaire, règlements internationaux. Beaucoup seraient aussi sceptiques que Pilate si on leur demandait quelle est leur conception de la vérité sur ces sujets. Souvenons-nous des mensonges américains sur de soi-disant armes de destruction massive qui ont été l’alibi pour intervenir militairement en Irak : ils ont finalement engendré la montée en puissance d’Al Qaïda, et maintenant de Daech. La violence que l’Etat Islamique tire du Coran provient d’ailleurs pour une large part d’un autre mensonge, qui présente le texte arabe du Coran comme « incréé », directement dicté par Dieu (donc s’imposant comme tel, sans aucune possibilité d’interprétation).

Hannah Arendt avait déjà étudié, dans les années 70, cette liaison dangereuse entre mensonge et violence, par exemple en analysant les « documents du Pentagone » révélant l’envers de la guerre du Vietnam [3].

Sans le mensonge, la violence n’a plus aucun fondement légitime.

 

« Qu’est-ce que la vérité ? »

Cette interrogation en forme de fuite permet à Pilate d’éviter de se prononcer pour ou contre Jésus.

Nos politiques renvoient cette question de la vérité à la sphère privée, et s’interdisent de déchiffrer les évolutions sociales à la lumière de cette interrogation. Et la violence se nourrit de ces mensonges. La violence a besoin du mensonge ; c’est pourquoi la vérité qui est Jésus en personne engendre la non-violence, jusqu’à préférer être tué que tuer.

Que chacun de nous, en entreprise, au travail comme en famille, n’élude pas la question du vrai, quitte à prendre des risques pour combattre le mensonge, quitte à devenir un dissident, comme l’était Soljenitsyne en 1974…

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[1]. Soljenitsyne, interdit d’habiter Moscou, où demeure Natalia Svetlova, une mathématicienne engagée dans la dissidence avec laquelle il vit maritalement (et qu’il épousera après son divorce), trouve refuge chez le violoncelliste Rostropovitch. Le prix Nobel vient le récompenser en 1970. Mais il est hors de question de se rendre à Stockholm, de peur de ne pas être autorisé à revenir dans son pays.
L’étau du KGB se resserre autour de lui et en 1973, une de ses collaboratrices, Élisabeth Voronianskaïa, qui avait dactylographié L’Archipel (du Goulag), est retrouvée pendue chez elle : interrogée pendant trois jours par les guébistes, elle a craqué et avoué où elle avait caché un exemplaire du manuscrit qu’elle avait conservé à l’insu de Soljenitsyne. Ce dernier rend la nouvelle publique et demande que L’Archipel soit publié en Occident. Ce qui est fait en décembre. La presse soviétique se déchaîne, mais Soljenitsyne est décidé à répondre coup pour coup. Le 12 février 1974, il lance son appel de Moscou, exhortant ses compatriotes à « ne plus vivre dans le mensonge ». Le lendemain il est arrêté, déchu de sa nationalité soviétique et expulsé. Ce n’était plus arrivé depuis… Trotski en 1929.

[2]. Il est à noter que dans la Bible, le contraire de la vérité n’est pas l’erreur, mais le mensonge.

[3]. Hannah Arendt, Du mensonge à la violence, Éditions Pocket – coll. Agora, Paris, 2002.

 

 

1ère lecture : « Sa domination est une domination éternelle »(Dn 7, 13-14)
Lecture du livre du prophète Daniel

Moi, Daniel, je regardais, au cours des visions de la nuit, et je voyais venir, avec les nuées du ciel, comme un Fils d’homme ; il parvint jusqu’au Vieillard, et on le fit avancer devant lui. Et il lui fut donné domination, gloire et royauté ; tous les peuples, toutes les nations et les gens de toutes langues le servirent. Sa domination est une domination éternelle, qui ne passera pas, et sa royauté, une royauté qui ne sera pas détruite.

Psaume : Ps 92 (93), 1abc, 1d-2, 5

R/ Le Seigneur est roi ; il s’est vêtu de magnificence. (Ps 92, 1ab)

Le Seigneur est roi ;
il s’est vêtu de magnificence,
le Seigneur a revêtu sa force.

Et la terre tient bon, inébranlable ;
dès l’origine ton trône tient bon,
depuis toujours, tu es.

Tes volontés sont vraiment immuables :
la sainteté emplit ta maison,
Seigneur, pour la suite des temps.

2ème lecture : « Le prince des rois de la terre a fait de nous un royaume et des prêtres pour son Dieu » (Ap 1, 5-8)
Lecture de l’Apocalypse de saint Jean

À vous, la grâce et la paix, de la part de Jésus Christ, le témoin fidèle, le premier-né des morts, le prince des rois de la terre.
À lui qui nous aime, qui nous a délivrés de nos péchés par son sang, qui a fait de nous un royaume et des prêtres pour son Dieu et Père, à lui, la gloire et la souveraineté pour les siècles des siècles. Amen. Voici qu’il vient avec les nuées, tout œil le verra, ils le verront, ceux qui l’ont transpercé ; et sur lui se lamenteront toutes les tribus de la terre. Oui ! Amen !
 Moi, je suis l’Alpha et l’Oméga, dit le Seigneur Dieu, Celui qui est, qui était et qui vient, le Souverain de l’univers.

Evangile : « C’est toi-même qui dis que je suis roi » (Jn 18, 33b-37)
Acclamation : Alléluia. Alléluia.
Béni soit celui qui vient au nom du Seigneur !
Béni soit le Règne qui vient, celui de David, notre père. Alléluia.  (Mc 11, 9b-10a)

Évangile de Jésus Christ selon saint Jean

En ce temps-là, Pilate appela Jésus et lui dit : « Es-tu le roi des Juifs ? » Jésus lui demanda : « Dis-tu cela de toi-même, ou bien d’autres te l’ont dit à mon sujet ? » Pilate répondit : « Est-ce que je suis juif, moi ? Ta nation et les grands prêtres t’ont livré à moi : qu’as-tu donc fait ? » Jésus déclara : « Ma royauté n’est pas de ce monde ; si ma royauté était de ce monde, j’aurais des gardes qui se seraient battus pour que je ne sois pas livré aux Juifs. En fait, ma royauté n’est pas d’ici. » Pilate lui dit : « Alors, tu es roi ? » Jésus répondit : « C’est toi-même qui dis que je suis roi. Moi, je suis né, je suis venu dans le monde pour ceci : rendre témoignage à la vérité. Quiconque appartient à la vérité écoute ma voix. »
Patrick BRAUD

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