L'homélie du dimanche (prochain)

15 décembre 2019

Marie, vierge et mère

Classé sous Communauté spirituelle — lhomeliedudimanche @ 12 h 30 min

Marie, vierge et mère

 

Homélie du 4° dimanche de l’Avent / Année A
22/12/2019

Cf. également :

Sois attentif à tes songes…
Deux prénoms pour une naissance
L’annonce faite à Joseph, ou l’anti Cablegate de Wikileaks

De la grande déesse-mère à Marie
Essayez d’expliquer à un ami incroyant qu’une femme comme Marie peut être vierge, épouse et mère à la fois, en même temps et pour toujours… Au mieux vous aurez un éclat de rire s’inquiétant de votre santé mentale. Au pire vous subirez une attaque en règle démontrant le caractère irrationnel de votre opinion.

C’est vrai que l’annonce faite à Joseph dans notre Évangile (Mt 1, 18-24) insiste lourdement sur la conception virginale qui s’opère en Marie :

avant qu’ils aient habité ensemble, elle fut enceinte par l’action de l’Esprit Saint […] l’enfant qui est engendré en elle vient de l’Esprit Saint […]Tout cela est arrivé pour que soit accomplie la parole du Seigneur prononcée par le prophète : Voici que la Vierge concevra,et elle enfantera un fils ;on lui donnera le nom d’Emmanuel, qui se traduit : « Dieu-avec-nous ».

Car Isaïe l’annonçait dans la 1° lecture (Is 7, 10-16) :

Voici que la vierge est enceinte, elle enfantera un fils, qu’elle appellera Emmanuel.

Isis allaitant HorusLe fait que cette virginité pose problème est d’ailleurs un indice de sa véracité : qui aurait osé imaginer une telle conception à contre-courant de l’air du temps ? Surtout en milieu juif où la fécondité naturelle est un don de Dieu, que Dieu ne serait contourner pour donner le Messie à Israël. Cette virginité de Marie était suffisamment problématique au regard des mentalités de l’époque pour la passer sous silence : les chrétiens avaient assez de problèmes aux premiers siècles pour ne pas en rajouter ! Et pourtant Luc a gardé  précieusement ce récit où Joseph accepte l’incroyable et lui donne sa caution en nommant l’enfant. Pour tous, Jésus sera « fils de Joseph ». Pour les évangélistes, il sera « le fils de Marie », ou bien « fils de David » (titre royal), « fils de l’Homme » (titre messianique). Nul doute que la virginité de Marie a pour but de pointer le caractère exceptionnel et unique dans l’histoire humaine du fruit des entrailles de Marie.

Certains prétendent qu’en Marie sont rassemblées toutes les caractéristiques des cultes païens d’autrefois, au sujet d’une grande déesse vierge et mère, dominant le règne animal, régnant sur l’humanité. Ils s’appuient pour cela sur les innombrables représentations sculptées ou peintes des déesses mères, des vierges à l’enfant de l’Antiquité, telle Isis allaitant Horus sur ses genoux dans l’Égypte ancienne. Et les coptes en Égypte auraient ainsi transposé le culte d’Isis sur Marie influençant tout l’Orient ancien des premiers siècles. D’autres soutiennent au contraire que Marie est la seule à présenter ces attributs permanents : vierges, épouse, mère, et plus tard reine de l’univers (la femme de l’Apocalypse). À tel point que les cultes anciens ont dû se positionner face à elle dans les premiers siècles, avant de disparaître.

Difficile de trancher entre les deux thèses. Marie est-elle déclarée vierge par Luc et les Églises parce qu’on veut voir en elle l’accomplissement des cultes d’autrefois de la déesse mère ? Ou bien Marie est-elle si différente de tous les cultes qu’il suffit d’affirmer sa place unique (vierge perpétuelle, mère de l’Homme-Dieu, épouse de Joseph, déjà associée pleinement à la résurrection de son fils Jésus) ?

L’essentiel pour nous est de ne pas passer à côté des significations symboliques de la virginité de Marie aujourd’hui. Car, « parfaite image de l’Église à venir » comme l’écrit le concile Vatican II en Lumen Gentium 8, ce qui est dit de Marie l’est aussi de l’Église, et donc cela nous concerne tous.

Comment ?

 

La virginité de Marie et celle de l’Église

Le Concile du Latran en 649 montre l’enjeu christologique des débats sur la virginité de Marie, et en fait un objet de l’enseignement solennel de l’Église:

« Si quelqu’un ne confesse pas, selon les saints Pères, en un sens propre et véritable, que Marie sainte, toujours vierge et immaculée, est mère de Dieu, puisque le Dieu Verbe engendré de Dieu le Père avant tous les siècles, elle l’a, à la fin des siècles, conçu spécialement et véritablement du Saint Esprit, sans semence humaine, et enfanté sans corruption, sa virginité demeurant non moins inaltérée après l’enfantement, qu’il soit condamné. » (FC 334)

Vierge de l Annonciation, 1431 de Fra Angelico (1395-1455, Italy) | Reproductions D'œuvres D'art Fra Angelico | WahooArt.comOu en termes plus contemporains : « Voici ce que déclare la foi : Marie entretient avec l’Esprit une relation mystérieuse qui rend féconde sa virginité. Cette virginité est préservée dans la maternité qui l’embrasse sans en détruire l’intégrité. » [1] Lumen Gentium  appelle Marie « toujours vierge » (LG 50;52;69), jusque dans la Nativité (LG 57). L’Église professe que cette virginité de Marie avant, pendant et après la naissance de Jésus, possède une dimension physique, mais qui est le support d’une réalité symbolique de foi. « La virginité physique est symbole d’une réalité intérieure beaucoup plus dense et profonde que la réalité concrète. Les Pères de l’Église déclarent avec raison que Marie a d’abord conçu dans son esprit et dans son cœur, avant de concevoir dans son corps. » [2] C’est une affirmation christologique, qui vise la personne de Jésus. La divinité de Jésus s’appuie sur le témoignage des Apôtres rendu à la Résurrection et à la glorification de Jésus établi Christ et Seigneur. La conception virginale n’est donc pas une « preuve » de cette divinité, mais manifeste la cohérence de la foi en Jésus vrai Dieu et vrai homme, ainsi que ses conséquences en Marie, à cause du lien unique qui la lie à son fils. « La filiation divine de Jésus ne repose pas d’après la foi de l’Église, sur le fait que Jésus n’a pas eu de père humain ; la doctrine de la divinité de Jésus ne serait pas mise en cause si Jésus était né d’un mariage normal » [3]. Mais le consensus ecclésial a spontanément compris la conception virginale comme un fait réel, inséparable de sa valeur symbolique, sans s’égarer dans des questions physiologiques douteuses. La virginité est essentiellement le non-exercice de la conjugalité sexuelle : elle ne doit pas être confondue avec ce qui peut en être le signe extérieur et physique.

Une tradition scripturaire constante identifie le peuple à une fiancée et à une épouse qui ne se donne qu’à son Seigneur (ex: «  Je vous ai fiancés à un époux unique, comme une vierge pure à présenter au Christ » 2Co 11,2) ? Comment interpréter cette donnée de la foi catholique dans le champ ecclésial ? Et notamment le fait que le Concile applique ce titre de « vierge »  (LG 64) à l’Église elle-même ?

La virginité est le signe d’un don réel à Dieu, dans tout l’être humain, d’une offrande de soi qui accueille l’inouï, l’inattendu de Dieu, à qui rien n’est impossible. En ce sens, l’Église est « vierge » si elle vit cette attitude de don et d’offrande d’elle-même, et de l’humanité à travers elle. Disponibilité à l’action de Dieu, passivité-active dans cet accueil, et non un certain volontarisme ou un « pélagianisme » ecclésial: la virginité de l’Église est sa vocation à tout attendre de Dieu, qui n’agit pas à la manière humaine.

La virginité est alors le signe de la foi, de la fidélité à la promesse de Dieu – quand bien même elle paraît improbable à vue humaine – et de la contestation des idoles. L’Église vierge choisit de ne rien préférer à Dieu, ce qui l’implique dans une lutte anti idolâtrique (cf. Les martyrs des trois premiers siècles illustrant la « vierge-mère » = l’Église) toujours actuelle. Sa virginité est signe de résistance, de contestation, et de refus de compromission face à toutes les idoles qui séduisent l’homme et l’empêchent de répondre à sa vocation divine.

Avons-nous assez conscience, en Église, de notre vocation à dénoncer tous les Baals, toutes les prostitutions avec les pouvoirs politiques et économiques ? Nos assemblées sont-elles fidèles aux promesses de Dieu  données en Jésus-Christ, même si des périodes de désert, d’exode ou d’exil nous font douter de l’accomplissement de ces promesses ?

La virginité est encore un signe eschatologique par excellence. Elle annonce un monde où il n’y aura plus besoin de se marier ni d’enfanter (Mt 22,30), où il n’y aura plus ni l’homme ni la femme (Ga 3,28).

L’Église est-elle le lieu où déjà, eschatologiquement, la différence des sexes est vécue autrement ? Annonce-t-elle de façon visible son espérance dans un monde autre, espérance qui vient contester les prétentions totalitaires de la sexualité humaine, du couple ou de la famille humaine, comme elle conteste les totalitarismes politiques et économiques ? La virginité va jusqu’à cette dénonciation prophétique de l’enfermement de l’identité humaine dans l’exercice de la sexualité, de la famille, de l’économie ou de la science trop « horizontalement », c’est-à-dire lorsqu’elles ne permettent pas à l’homme d’ouvrir sa communion et sa fécondité à un transcendant, de les recevoir de Dieu lui-même.

La virginité indique encore que ce n’est pas à la manière du monde que l’Église aime et est féconde. La Vierge Marie invite l’Église à ne pas se conduire « selon l’esprit du monde », notamment en courant après les idoles de « l’efficacité » ou de « l’affectivité » à tout prix.

Balthasar écrit :

Marie, première Eglise« De même qu’en Marie la virginité et la maternité sont indissolublement unies, se conditionnent et s’éclairent réciproquement, ainsi en est-il dans l’Église. Parce que Marie et l’Église sont virginales, orientées seulement vers l’union avec le Christ dans le Saint-Esprit, parce que toutes deux - pour parler comme l’Ancien Testament – ne commettent aucun adultère avec les idoles, ou – pour employer le langage d’aujourd’hui – ne sont victimes d’aucune séduction idéologique, pour cette raison elles sont vraiment fécondes : fécondes par Dieu et sa grâce en elles, par la foi qui aime et qui espère, et qu’elles apportent en réponse à cette grâce, par la participation qui leur est donnée à la volonté salvifique de Dieu sur tous les hommes » [4]

L’Église est ainsi appelée à une réelle pauvreté, à une dépossession de ses « œuvres » ecclésiales, pour reconnaître qu’elles lui sont données par Dieu. Dans le service de l’humanité qu’elle engendre à la communion divine, l’Église reconnaît que ce n’est pas elle qui a l’initiative et la maîtrise de cette renaissance. Son amour et sa fécondité lui sont données par un Autre, avec cette part d’ignorance et cette confession de non-savoir qu’implique la mention d’une maternité virginale : « comment  cela va-t-il se faire ? » L’Église ne sait pas comment, mais elle croit que Dieu divinise l’humanité à travers elle, et elle s’engage de tout son être à coopérer avec lui, dans un esprit de pauvreté, de dépossession et de service. Cela se fait à travers une attitude de passivité-active qui est celle de Marie lors de son « oui » : recevoir et laisser faire sont toujours, quand ils sont réalisés dans la foi, une activité suprême, une mobilisation de toutes les énergies de l’être, pour laisser le Christ agir en nous, devenir notre vie la plus personnelle…

Comme souvent, la voix des mystiques est précieuse pour comprendre ce qu’est la virginité spirituelle. Beaucoup insistent sur la gratuité de l’amour: lorsqu’il éclot sans « pourquoi », en renonçant à agir par intérêt, en se détachant des fruits mêmes de l’amour. Aimer Dieu sans « pourquoi » est une voie de détachement qui est le signe de l’inhabitation divine. Ce détachement est la virginité de l’âme. Laissons encore Maître Eckhart, à titre d’exemple, commenter :

« Que l’homme soit vierge, cela ne lui enlève absolument rien des œuvres qu’il a jamais faites ; il est devant elles virginal et libre, sans qu’aucun obstacle l’éloigne de la vérité suprême, tout comme Jésus est vide et libre et en lui-même virginal. Les maîtres disent que seul le semblable peut s’unir au semblable ; c’est pourquoi l’homme doit être pur et sans tache, vierge, pour recevoir Jésus virginal. » [5]

Quelques soient ses œuvres et sa science et son importance, l’Église peut demeurer « vierge » dans la mesure où elle se libère de tout attachement : attachement aux représentations, à la mainmise sur les choses et sur les êtres, à son image, à sa réussite même… À mesure que l’homme triomphe de l’attachement, le Christ est reçu dans un esprit vierge, ce qui ne veut pas dire l’extinction du désir, bien au contraire. Il en est de même pour l’Église : sa virginité est sa pauvreté intérieure qui la pousse à ne pas se posséder elle-même, ni à laisser d’autres maîtres la posséder. Ce refus d’instrumentalisation de l’Église est un défi pour son auto-évangélisation…

La virginité de Marie est enfin le soutien évident du choix de la virginité que font quelques-uns dans l’Église, afin que tous vivent de ce que ce signe indique. C’est ce que Lumen Gentium développe dans les numéros 43-47 sur les religieux et le rôle des « conseils évangéliques » (chasteté, pauvreté, obéissance) dans l’Église. « Ils stimulent en permanence la ferveur de la charité et surtout ils sont capables d’assurer aux chrétiens une conformité plus grande avec la condition de virginité et de pauvreté que le Christ Seigneur a voulue pour lui-même et qu’a embrassée la Vierge sa Mère. » (LG 46) La chasteté dans la virginité a été la condition vécue de la foi de Marie. C’est aussi la condition vécue de la foi de l’Église, au sens mystique où l’Église est l’Épouse qui se prépare à la rencontre de l’Époux. Elle demeure irremplaçable dans la vie de l’Église. Il est également très signifiant de l’articuler avec la chasteté vécue dans le mariage, au sens d’une relation de communion dans le respect de l’altérité, c’est-à-dire d’une relation non-incestueuse (castus vs in-castus en latin). Car c’est le même amour. La conjonction des deux titres : Mère et Vierge, essaie de traduire cette intuition vécue sous deux modes différents. En notre humanité, ils sont distingués ; en Marie, ils sont déjà réunis.

Méditons comme Joseph sur cette conception incroyable qui nous prépare à Noël.

Croyons de tout cœur que Dieu peut de même opérer en nous sa naissance, en nous redonnant la virginité du cœur et de l’âme dans le détachement intérieur…


[1]. BOFF L., Je vous salue Marie, Cerf, Coll. Théologies, Paris, 1968, p. 70.
[2]ibid.
[3]. RATZINGER J.,  Foi chrétienne hier et aujourd’hui,  Mame, Paris, 1969, p. 192.
[4]. RATZINGER J. / BALTHASAR H. U. von,  Marie première Église, Médiaspaul et Ed. Paulines, Paris – Montréal, 1987, p 59.
[5]. Sermon Intravit Jesus in quoddam castellum, Cf. Eckhart. Traités et sermons, GF-Flammarion, Paris, 1993, p. 231.


LECTURES DE LA MESSE

PREMIÈRE LECTURE

« Voici que la vierge est enceinte » (Is 7, 10-16)

Lecture du livre du prophète Isaïe

 En ces jours-là, le Seigneur parla ainsi au roi Acaz : « Demande pour toi un signe de la part du Seigneur ton Dieu, au fond du séjour des morts ou sur les sommets, là-haut. » Acaz répondit : « Non, je n’en demanderai pas, je ne mettrai pas le Seigneur à l’épreuve. » Isaïe dit alors : « Écoutez, maison de David ! Il ne vous suffit donc pas de fatiguer les hommes : il faut encore que vous fatiguiez mon Dieu ! C’est pourquoi le Seigneur lui-même vous donnera un signe : Voici que la vierge est enceinte, elle enfantera un fils, qu’elle appellera Emmanuel (c’est-à-dire : Dieu-avec-nous). De crème et de miel il se nourrira, jusqu’à ce qu’il sache rejeter le mal et choisir le bien. Avant que cet enfant sache rejeter le mal et choisir le bien, la terre dont les deux rois te font trembler sera laissée à l’abandon. »

PSAUME

(Ps 23 (24), 1-2, 3-4ab, 5-6)

R/ Qu’il vienne, le Seigneur : c’est lui, le roi de gloire ! (cf. Ps 23, 7c.10c)

Au Seigneur, le monde et sa richesse,
la terre et tous ses habitants !
C’est lui qui l’a fondée sur les mers
et la garde inébranlable sur les flots.

Qui peut gravir la montagne du Seigneur
et se tenir dans le lieu saint ?
L’homme au cœur pur, aux mains innocentes,
qui ne livre pas son âme aux idoles.

Il obtient, du Seigneur, la bénédiction,
et de Dieu son Sauveur, la justice.
Voici le peuple de ceux qui le cherchent !
Voici Jacob qui recherche ta face !

DEUXIÈME LECTURE

Jésus-Christ, né de la descendance de David, et Fils de Dieu (Rm 1, 1-7)

Lecture de la lettre de saint Paul Apôtre aux Romains

Paul, serviteur du Christ Jésus, appelé à être Apôtre, mis à part pour l’Évangile de Dieu, à tous les bien-aimés de Dieu qui sont à Rome.
Cet Évangile, que Dieu avait promis d’avance par ses prophètes dans les saintes Écritures, concerne son Fils qui, selon la chair, est né de la descendance de David et, selon l’Esprit de sainteté, a été établi dans sa puissance de Fils de Dieu par sa résurrection d’entre les morts, lui, Jésus Christ, notre Seigneur.
Pour que son nom soit reconnu, nous avons reçu par lui grâce et mission d’Apôtre, afin d’amener à l’obéissance de la foi toutes les nations païennes, dont vous faites partie, vous aussi que Jésus Christ a appelés.
À vous qui êtes appelés à être saints, la grâce et la paix de la part de Dieu notre Père et du Seigneur Jésus Christ.

ÉVANGILE

Jésus naîtra de Marie, accordée en mariage à Joseph, fils de David (Mt 1, 18-24)
Alléluia. Alléluia.Voici que la Vierge concevra : elle enfantera un fils, on l’appellera Emmanuel, « Dieu-avec-nous ». Alléluia. (Mt 1, 23)

Évangile de Jésus Christ selon saint Matthieu

Voici comment fut engendré Jésus Christ : Marie, sa mère, avait été accordée en mariage à Joseph ; avant qu’ils aient habité ensemble, elle fut enceinte par l’action de l’Esprit Saint. Joseph, son époux, qui était un homme juste, et ne voulait pas la dénoncer publiquement, décida de la renvoyer en secret. Comme il avait formé ce projet, voici que l’ange du Seigneur lui apparut en songe et lui dit : « Joseph, fils de David, ne crains pas de prendre chez toi Marie, ton épouse, puisque l’enfant qui est engendré en elle vient de l’Esprit Saint ; elle enfantera un fils, et tu lui donneras le nom de Jésus (c’est-à-dire : Le-Seigneur-sauve), car c’est lui qui sauvera son peuple de ses péchés. » Tout cela est arrivé pour que soit accomplie la parole du Seigneur prononcée par le prophète : Voici que la Vierge concevra,et elle enfantera un fils ;on lui donnera le nom d’Emmanuel, qui se traduit : « Dieu-avec-nous ».
Quand Joseph se réveilla, il fit ce que l’ange du Seigneur lui avait prescrit : il prit chez lui son épouse.
Patrick BRAUD

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11 août 2019

Quelle place a Marie dans votre vie ?

Classé sous Communauté spirituelle — lhomeliedudimanche @ 12 h 30 min

Quelle place a Marie dans votre vie ?

Homélie pour la fête de l’Assomption / Année C
15/08/20149

Le Magnificat de l’Assomption : exalter / exulter
Assomption : Ne vous faites pas voler votre espérance
Assomption : les sentinelles de l’invisible
L’Assomption de Marie, étoile de la mer
L’Assomption de Marie : une femme entre en Résistance
Marie, parfaite image de l’Église à venir
Marie en son Assomption : une femme qui assume !
Toussaint : le bonheur illucide

Quelle place a Marie dans votre vie ?

Le 15 Août est une bonne date pour se poser cette question !

Quelle place a Marie dans votre vie ? dans Communauté spirituelle gf15-0051-grand-format-l-assomption-de-la-vierge-marie-gf15-0051Il y a les réponses toutes faites : elle est la mère de Jésus, la Mère de Dieu, l’Immaculée Conception… Ces réponses sont toutes faites au sens où elles existent avant nous, formulées avec les mots de la Tradition. Elles sont justes théologiquement, mais elles ne sonneront pas vrai aux oreilles de votre auditeur si vous vous contentez de les réciter sans les personnaliser.

Quelle place a Marie dans votre vie ? C’est-à-dire : lui parlez-vous ? la priez-vous ? a-t-elle joué un rôle pour vous à certains moments précis ? vous inspire-t-elle et comment ? qui vous a parlé d’elle ? où ? quand ?

Des amis protestants que j’ai interrogés m’ont dit simplement : « pour moi, c’est une femme comme les autres. Une femme dont la foi était très grande, que j’admire à ce titre. Mais rien de plus de. Une femme comme les autres. Point-barre. »

Au moins, c’était clair ! Et cela n’empêche pas ces amis d’avoir une foi vivante et agissante. Quand ils me retournèrent la question, je réfléchis quelques secondes, sans savoir quel angle d’attaque choisir pour leur en parler. Et soudain m’est apparu en mémoire le visage – ou plutôt la moitié de visage – d’un homme, intimement lié à celui de Marie pour moi. Jean est un de ces malades que l’on emmenait régulièrement à Lourdes avec l’Hospitalité diocésaine. La règle d’or quand on est brancardier est de ne pas poser de questions intempestives ou gênantes aux malades sur l’origine de leur état de santé ou handicap : s’ils veulent ils en parlent, à qui ils veulent et quand ils veulent ; sinon ce qui prime c’est le partage des événements du jour avec eux, du petit déjeuner à la procession aux flambeaux. Après deux ou trois jours passés ainsi à partager avec bonheur le quotidien chargé de Lourdes, Jean me dit :

« Tu veux savoir pourquoi je n’ai plus qu’une moitié du visage ? »  Évidemment la question m’avait assailli, devant sa tête recousue de partout où les lunettes masquaient mal une orbite vide et une joue absente. Mon silence voulait dire oui, sans oser le dire.

« J’ai voulu me suicider. Mais le coup de fusil a dévié et m’a arraché tout le côté gauche du visage. Depuis j’ai changé. À Lourdes j’ai retrouvé le courage de vivre. Ici on n’est pas jugé. Chacun est accepté avec son fardeau, visible ou pas. Ici, devant la grotte, je fais provision de force pour toute l’année. »

La grande famille hospitalière

C’est cela – dis-je à mes amis protestants – : quand je pense à Marie, je pense à cet homme et à tous les blessés de la vie qui à Lourdes sont enfin honorés comme des frères et sœurs, à égalité avec tous. Le vrai miracle de Lourdes pour moi, c’est la révélation de la première place accordée à ceux qui d’habitude sont parqués dans nos mouroirs, nos établissements spécialisés, nos EHPAD, USLD, IME, ESAT, foyers long séjour et autres  acronymes les faisant disparaître de l’horizon des valides. Car c’est vraiment la cour des miracles à Lourdes : grâce à Marie et à sa petite Bernadette, les milliers de fauteuils roulants et les brancards concentrent sur quelques centaines de mètres carrés toute la misère humaine, physique et psychologique, soigneusement mise à l’écart hors de portée des gens normaux ailleurs. Du coup, Marie est d’abord pour moi celle grâce à qui les petits de ce monde sont reconnus. Grâce à elle, les pauvres ont enfin la première place. Lourdes anticipe cette Jérusalem céleste promise par le Christ. Fêter l’Assomption, c’est croire que Marie habite déjà cette ville fraternelle où elle attend Jean et tous les défigurés de ce monde pour partager avec eux la beauté et la dignité données par Dieu.

Quelle place à Marie dans notre vie ?

Une autre façon de poser la question serait : aimez-vous prier Marie ? avec elle ? comme elle ? Personnellement, je suis un peu gêné par ceux qui se veulent les champions du culte marial. Ils récitent des « Je vous salue Marie » à tout bout de champ, même lorsque cela n’est pas nécessaire (à la messe particulièrement, où 2000 ans de liturgie ne l’ont toujours pas prévu !), alors que le Magnificat fait partie de l’office des Vêpres chaque soir depuis des siècles. Ils portent ostensiblement leurs chapelets et le rabâchent (au sens dénoncé par Jésus) comme un mantra hypnotique ou une formule magique. Car Marie est souvent mélangée à des pratiques très intéressées relevant plus de la magie, voire de la superstition, que de la foi évangélique.

Vierge-Marie-1.jpgUne amie me demande de participer à une neuvaine de prière mariale pour que son mari guérisse de son cancer. Je lui ai dit : « tu sais, un cancer du foie, Marie n’y pourra rien. Mais je prierai pour lui afin qu’il soit entouré d’amour pour partir en paix et qu’il ait la force de mener ce combat sans désespérer. » Cette amie a mobilisé tout un réseau ‘très catho’ de groupe de prières demandant à Marie la guérison de son mari. Évidemment, le cancer du foie l’a emporté en quelques mois comme c’est la règle hélas. Mon amie m’a écrit : « je réfléchis sur la prière du Christ à Gethsémani : que ta volonté soit faite, et non la mienne. J’ai demandé la guérison pour mon mari, et c’est la mort qui est venue. Mon défi est maintenant de comprendre pour-quoi, en vue de quoi c’est arrivé. Je suis sûr qu’avec Dieu et Marie, quelque chose sortira de cette catastrophe. » J’ai entendu dans ses paroles l’écho de celles de Marie à Cana : « faites tout ce qui vous dira » (et non l’inverse…).

Chapelet dans des mains étreintesMon rapport personnel au chapelet est marqué par la mort de mes grands-parents. À l’époque, on veillait de longues heures auprès du défunt. La famille faisait venir les enfants près du corps pour l’embrasser, le toucher, avec des paroles douces et paisibles. À 8-10 ans, je me souviens du chapelet entrecroisé aux doigts de mon grand-père sur son lit funéraire. C’était l’un des premiers gestes que l’on faisait lorsque quelqu’un décédait : avant que la rigidité ne l’empêche, on allait chercher son chapelet, et on le faisait passer mystérieusement entre les mains croisées de telle façon qu’il devenait comme partie prenante, inséparable, soudé à ce corps d’où la vie venait de s’en aller imperceptiblement. Dans l’Antiquité, on mettait des pièces de monnaie sur les yeux du mort pour qu’ils puissent payer son passage du Styx au passeur Charon. Je ne connaissais pas cette coutume, mais je trouvais en effet que le chapelet était sûrement le laisser-passer le plus sûr pour mon grand-père, lui qui avait fait la guerre. Le lien marial incarné par cette chaîne d’argent et ces graines brillantes comme des bijoux étaient à mes yeux d’enfant le signe que la mort et la naissance devait bien être semblables…

Avec le temps, chacun de nous rationalise, s’instruit, et construit son propre discours sur Marie. Nous restons cependant marqués par ces personnes rencontrées, ces moments familiaux, ces événements éminemment personnels où Marie est devenue pour nous une figure, plus ou moins consciemment. Pour certains, cette initiation n’aura pas forcément été positive. Car on a au nom de Marie humilié des femmes en les confinant à des rôles  inférieurs, ou survalorisé un rôle maternel écrasant et étouffant, d’autant plus si la mère biologique a donné une très mauvaise image de la maternité. Il y a sans doute bien des blessures humaines à apaiser avant de plaquer des discours mariaux exaltés et irréalistes.

Reste qu’en cette fête de l’Assomption, savoir notre sœur en humanité déjà parvenue au terme du voyage nous réjouit et nous encourage : en regardant vers elle, le but n’est pas loin. Jean-Paul II nous le rappelait à Lourdes le 15 Août 2004 :

« Quand je serai allé vous préparer une place, je reviendrai vous prendre avec moi; et là où je suis, vous y serez aussi », nous a dit Jésus (Jn 14, 3). Marie est le gage de l’accomplissement de la promesse du Christ. Son Assomption devient pour nous ‘un signe d’espérance assurée et de consolation’ » (Lumen Gentium n° 68).

Et vous, par quels visages, par quels prénoms, par quels événements pourriez-vous raconter et témoigner : voici quelle est la place de Marie dans ma vie ?

 

Messe du jour

Première lecture
« Une Femme, ayant le soleil pour manteau et la lune sous les pieds » (Ap 11, 19a ; 12, 1-6a.10ab)

Lecture de l’Apocalypse de saint Jean

Le sanctuaire de Dieu, qui est dans le ciel, s’ouvrit, et l’arche de son Alliance apparut dans le Sanctuaire. Un grand signe apparut dans le ciel : une Femme, ayant le soleil pour manteau, la lune sous les pieds, et sur la tête une couronne de douze étoiles. Elle est enceinte, elle crie, dans les douleurs et la torture d’un enfantement. Un autre signe apparut dans le ciel : un grand dragon, rouge feu, avec sept têtes et dix cornes, et, sur chacune des sept têtes, un diadème. Sa queue, entraînant le tiers des étoiles du ciel, les précipita sur la terre. Le Dragon vint se poster devant la femme qui allait enfanter, afin de dévorer l’enfant dès sa naissance. Or, elle mit au monde un fils, un enfant mâle, celui qui sera le berger de toutes les nations, les conduisant avec un sceptre de fer. L’enfant fut enlevé jusqu’auprès de Dieu et de son Trône, et la Femme s’enfuit au désert, où Dieu lui a préparé une place. Alors j’entendis dans le ciel une voix forte, qui proclamait : « Maintenant voici le salut, la puissance et le règne de notre Dieu, voici le pouvoir de son Christ ! »

Psaume
(Ps 44, (45), 11-12a, 12b-13, 14-15a, 15b-16)

R/ Debout, à la droite du Seigneur,
se tient la reine, toute parée d’or.
(cf. Ps 44, 10b)

Écoute, ma fille, regarde et tends l’oreille ;
oublie ton peuple et la maison de ton père :
le roi sera séduit par ta beauté.

Il est ton Seigneur : prosterne-toi devant lui.
Alors, les plus riches du peuple,
chargés de présents, quêteront ton sourire.

Fille de roi, elle est là, dans sa gloire,
vêtue d’étoffes d’or ;
on la conduit, toute parée, vers le roi.

Des jeunes filles, ses compagnes, lui font cortège ;
on les conduit parmi les chants de fête :
elles entrent au palais du roi.

Deuxième lecture
« En premier, le Christ ; ensuite, ceux qui lui appartiennent » (1 Co 15, 20-27a)

Lecture de la première lettre de saint Paul Apôtre aux Corinthiens

Frères, le Christ est ressuscité d’entre les morts, lui, premier ressuscité parmi ceux qui se sont endormis. Car, la mort étant venue par un homme, c’est par un homme aussi que vient la résurrection des morts. En effet, de même que tous les hommes meurent en Adam, de même c’est dans le Christ que tous recevront la vie, mais chacun à son rang : en premier, le Christ, et ensuite, lors du retour du Christ, ceux qui lui appartiennent. Alors, tout sera achevé, quand le Christ remettra le pouvoir royal à Dieu son Père, après avoir anéanti, parmi les êtres célestes, toute Principauté, toute Souveraineté et Puissance. Car c’est lui qui doit régner jusqu’au jour où Dieu aura mis sous ses pieds tous ses ennemis. Et le dernier ennemi qui sera anéanti, c’est la mort, car il a tout mis sous ses pieds.

Évangile
« Le Puissant fit pour moi des merveilles : il élève les humbles » (Lc 1, 39-56)
Alléluia. Alléluia.
Aujourd’hui s’est ouverte la porte du paradis : Marie est entrée dans la gloire de Dieu ; exultez dans le ciel, tous les anges ! Alléluia.

Évangile de Jésus Christ selon saint Luc

En ces jours-là, Marie se mit en route et se rendit avec empressement vers la région montagneuse, dans une ville de Judée. Elle entra dans la maison de Zacharie et salua Élisabeth. Or, quand Élisabeth entendit la salutation de Marie, l’enfant tressaillit en elle. Alors, Élisabeth fut remplie d’Esprit Saint, et s’écria d’une voix forte : « Tu es bénie entre toutes les femmes, et le fruit de tes entrailles est béni. D’où m’est-il donné que la mère de mon Seigneur vienne jusqu’à moi ? Car, lorsque tes paroles de salutation sont parvenues à mes oreilles, l’enfant a tressailli d’allégresse en moi. Heureuse celle qui a cru à l’accomplissement des paroles qui lui furent dites de la part du Seigneur. »
Marie dit alors : « Mon âme exalte le Seigneur, exulte mon esprit en Dieu, mon Sauveur ! Il s’est penché sur son humble servante ; désormais tous les âges me diront bienheureuse. Le Puissant fit pour moi des merveilles ; Saint est son nom ! Sa miséricorde s’étend d’âge en âge sur ceux qui le craignent. Déployant la force de son bras, il disperse les superbes. Il renverse les puissants de leurs trônes, il élève les humbles. Il comble de biens les affamés, renvoie les riches les mains vides. Il relève Israël son serviteur, il se souvient de son amour, de la promesse faite à nos pères, en faveur d’Abraham et sa descendance à jamais. »  Marie resta avec Élisabeth environ trois mois, puis elle s’en retourna chez elle.
Patrick BRAUD

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13 janvier 2019

Notre angoisse de Cana

Classé sous Communauté spirituelle — lhomeliedudimanche @ 12 h 00 min

Notre angoisse de Cana


Homélie pour 2° dimanche du temps ordinaire / Année C
20/01/2019

Cf. également :

Intercéder comme Marie
La hiérarchie des charismes
Jésus que leur joie demeure

Symbole du mariage rompu avec fissures dans le béton et le mot Banque d'images - 25256186Je me souviens d’Olivier. Il avait tout pour lui, ce jeune homme si brillant qui allait se marier bientôt. Avec Stéphanie, ils mordent dans la préparation au mariage à pleines dents, et on passe des heures à discuter, avec prolongation autour d’une bonne table de restaurant de temps en temps, sans oublier d’impliquer les témoins pour échanger sur leur rôle auprès d’eux. Ils vivent ensemble depuis plus d’un an et se connaissent bien. Bref, un vrai mariage en perspective, enfin ! Quinze jours avant l’événement, Stéphanie me téléphone en larmes :

- « je me suis réveillée seule dans l’appartement lundi, et depuis Olivier n’est pas revenu, pas un mot de lui. Pas une explication. »

Panique à bord ! J’arrive à joindre Olivier au téléphone, depuis les USA où il s’était réfugié. Il avait tout simplement fui devant la proximité de l’événement. Mis au pied du mur, il avait été emporté par une violente crise d’angoisse où tout d’un coup, l’évidence de la fuite s’imposait à lui plutôt que de s’engager dans quelque chose qui ne lui ressemblait pas. Évidemment, j’ai eu du mal à plaider devant les ex-futurs beaux-parents - qui avaient envoyé les faire-part et réservé le traiteur pour 300 personnes - que la liberté d’Olivier n’avait pas de prix, et que cette séparation avant valait mieux qu’après…

Olivier voulait dire oui avec sa bouche, mais son corps et tout son être criaient non intérieurement, jusqu’à ce que la proximité de l’événement fasse éclater son vrai désir au grand jour : « non, cette vie de couple avec Stéphanie n’était pas faite pour moi ».

 

Devenir fils

Eh bien, toutes proportions gardées, on pourrait dire qu’il arrive à Jésus à Cana (Jn 2, 1-11) exactement l’inverse de ce qui s’est produit en Olivier. Jésus dit apparemment non à sa mère : « mon heure n’est pas encore venue ». Mais ce non du bout des lèvres débouche en pratique sur un oui éclatant puisque Jésus consent à intervenir publiquement en faveur de ces mariés, et l’évangéliste conclut :
« Tel fut le commencement des signes que Jésus accomplit. C’était à Cana de Galilée. Il manifesta sa gloire, et ses disciples crurent en lui. »

Ce non apparent de Jésus est-il un refus ou la trace d’un combat intérieur ?
« Mon heure n’est pas encore venue »
: on peut interpréter cette phrase de plusieurs manières. Ce n’est peut-être pas une négation, mais plutôt une dénégation. La nuance est subtile. La négation serait un refus clair et net, mais on voit mal pourquoi il changerait d’avis aussitôt après, surtout que Marie ne lui a rien demandé auparavant : elle ne fait que constater devant lui qu’« ils n’ont plus de vin » ; et elle ne lui demande rien non plus après.
La dénégation est bien différente : c’est l’attitude de celui qui sent bien qu’une décision s’impose, mais il lutte contre elle en affirmant non alors qu’il sait bien que le oui va finir par s’imposer.

Pourquoi dire non alors qu’il va faire oui ?
Le concept de l'angoisse par KierkegaardParce que Jésus ressent l’angoisse de ce moment de bascule où une décision existentielle va lui faire prendre un virage irréversible. L’angoisse d’Olivier à l’envers, en quelque sorte.

L’angoisse, Jésus connaît. À Gethsémani, il en suera sang et eau. Le sentiment de solitude et d’abandon devant l’infamie de la croix qui s’approche, juste avant de plonger dans sa Passion, le fera hésiter une dernière fois : « que cette coupe s’éloigne loin de moi », avant finalement de consentir : « que ta volonté soit faite et non la mienne ». La dénégation de Gethsémani est marquée de la même angoisse que celle de Cana : plonger dans sa Passion qui va commencer avec l’arrestation ou plonger dans sa vie publique avec le signe de Cana qui l’engage inexorablement sur sa route prophétique ne se font pas sans débat intérieur, sans angoisse.

Avez-vous déjà ressenti cette angoisse de Cana ? Au moment de prendre la décision de vous marier, de divorcer, de démissionner, de prendre un risque majeur, de changer d’existence du tout au tout ? Si oui, vous savez pourquoi Jésus résiste, renâcle, a besoin de Marie pour enfin se manifester au monde.

Cette angoisse, profondément humaine, ne trahit en rien la divinité de Jésus. Elle traduit son union parfaite avec notre nature humaine, « en toutes choses excepté le péché ». Car ressentir l’angoisse n’est pas pécher ni s’éloigner de Dieu. C’est la trace de notre combat intérieur pour consentir à être nous-mêmes, en vérité. C’est même un puissant et utile moteur pour nous pousser à chercher, et chercher encore, quel est notre désir le plus vrai. Le philosophe danois Sören Kierkegaard a étudié ce sentiment que la foi chrétienne n’élimine pas mais assume et transfigure :

L’angoisse est la possibilité de la liberté ; seulement, grâce à la foi, cette angoisse possède une valeur éducative absolue ; car elle corrode toutes les choses du monde fini et met à nu toutes leurs illusions. [1]

vertigeOui, l’angoisse de Jésus à Cana au moment où il va basculer dans sa vie publique, dont il pressent qu’elle sera courte et violente, est également la nôtre. Méfions-nous si nous prenons de grandes décisions sans éprouver de quelque manière que ce soit ce vertige intime, qui peut aller jusqu’au combat spirituel le plus intense (agonistique, du grec agôn = agonie, comme à Gethsémani). Accueillons avec reconnaissance l’angoisse de Cana lorsqu’elle nous avertit d’un virage existentiel majeur. Battons-nous avec l’angoisse de Gethsémani lorsque nous pressentons le prix à payer d’un engagement courageux que pourtant il nous faut assumer parce que c’est nous, parce que c’est pour cela que nous sommes venus sur terre en fait.

C’est bien à une naissance que nous assistons à Cana. Jésus va quitter le nid douillet de Nazareth pour les chemins dangereux de Palestine jusqu’à Jérusalem. Il ne suivra plus sa mère, sa mère le suivra. Il ne mènera plus une vie ordinaire, cachée, anonyme, mais publique, exposée, risquée. Ce moment charnière le fait frissonner d’angoisse, comme chacun de nous, et il en vient même à dire non alors qu’il va faire oui.

 

Devenir mère

“Remplissez d’eau ces jarres” ... et ils les emplirent jusqu’au bord”. “Puisez maintenant et portez-en au maître du festin” ... et ils lui en portèrent.”  Dans leur obéissance aux paroles de Jésus, leur rôle de “servants” apparaît en pleine lumière.  Le servant - d’un repas - n’est-il pas celui qui porte à leur destinataire des mets qu’un autre a préparés ?  Telle est la situation aujourd’hui dans l’Eglise, non seulement du diacre, mais de « tout ministre » : évêque, prêtre ... ou apôtre. Qui lui révèle son angoisse et lui donne de la traverser ? Marie, sa mère. Il l’appelle « femme », là encore comme pour marquer une distance, se débattre et échapper à sa révélation. Marie quant à elle ne lui demande rien. Elle le met seulement devant la réalité, pour qu’il en tire les conclusions qu’il désire : « ils n’ont plus de vin ». Avec une autorité étrange pour une invitée qui n’est pas chez elle, elle commande aux serviteurs : « faites tout ce qui vous dira ». Car elle sait ce qu’il y a de divin en son fils, peut-être mieux que lui à ce moment-là, elle qui ne l’a pas engendré à la manière humaine. Elle fait confiance à la puissance de vie qui est en lui pour l’amener à se manifester publiquement pour la première fois, comme une naissance à sa mission prophétique. Alors Jésus est troublé de constater que cette femme semble ici en connaître davantage sur lui-même que lui-même. Il devine qu’elle est en train de l’accoucher une deuxième fois, de le mettre au monde à nouveau en l’expulsant de sa vie ordinaire de Nazareth. Lorsque Jésus s’écrie : « qu’y a-t-il entre toi et moi ? », c’est peut-être que son angoisse lui fait reconnaître l’appel à sortir qui provient de Marie. Son trouble est celui du passage de l’immersion maternelle à l’exposition au monde à l’air libre. Il en crie d’angoisse et de douleur, comme le nouveau-né à peine expulsé. Mais il saura désormais qu’une dette le lie à jamais à cette femme qui l’a aidé à consentir à devenir ce qu’il est vraiment : le fils de Dieu.

Quand Jésus dit : « Femme, qu’y a-t-il entre toi et moi ? » j’avais toujours entendu gloser : « pourquoi, femme, te mêles-tu de mes affaires ? » mais cela veut dire à mon sens : « Femme, qu’est-ce qu’il y a tout à coup en moi ? Quelle est cette résonance extraordinaire à tes paroles ? »
C’est une question. Le Christ pose une question à sa mère, exactement comme le fœtus pose une question muette à sa mère au moment où se déclenchent les premiers mouvements qui font dire à la mère : « ça y est, l’enfant va naître. »
C’est la même chose en ce moment entre Jésus en Marie : « Qu’y a-t-il entre toi et moi ? »
Il y a certainement entre une mère et son fils, entre une mère et son fruit vivant qu’est un enfant, il y a cette connivence, il y a quelque chose à ne pas manquer : c’est le moment où tous les deux sont accordés pour qu’une mutation advienne, pour que la naissance arrive.
Peut-être, est-ce à ce moment-là, aux noces de Cana, que Marie est devenue mère de Dieu. 
[2]

Paradoxalement, c’est lorsque Marie devient réellement sa mère qu’il l’appelle femme. Mais Jean ne s’y trompe pas ; il n’appellera plus Marie par son prénom, mais par sa mission : « mère de Jésus ».

Devenus d’autres christs par le baptême, nous n’échapperons pas nous non plus à ce passage au travers de l’angoisse de Cana. Ce passage prendra bien des visages selon les événements.
N’en ayons pas peur. Faisons-lui fête au contraire. Sans cette angoisse, le superficiel et l’insignifiant envahiraient nos décisions.
Apprivoisons-là, cette amie venue en éclaireur nous avertir que quelque chose de grand va se jouer.
Sachons la reconnaître sans la confondre avec les tentations de lâcheté et de désertion.
Découvrons les Marie qui, à nos côtés, nous aident à dire consentir à nous-mêmes, sans s’arrêter à nos dénégations maladroites du moment.

 


[1]. Sören Kierkegaard, Le concept de l’angoisse, 1844.

[2]. Françoise Dolto, L’Évangile au risque de la psychanalyse, Éditions Universitaires, 1977.

 

Lectures de la messe

Première lecture
« Comme la jeune mariée fait la joie de son mari » (Is 62, 1-5)

Lecture du livre du prophète Isaïe

Pour la cause de Sion, je ne me tairai pas, et pour Jérusalem, je n’aurai de cesse que sa justice ne paraisse dans la clarté, et son salut comme une torche qui brûle. Et les nations verront ta justice ; tous les rois verront ta gloire. On te nommera d’un nom nouveau que la bouche du Seigneur dictera. Tu seras une couronne brillante dans la main du Seigneur, un diadème royal entre les doigts de ton Dieu. On ne te dira plus : « Délaissée ! » À ton pays, nul ne dira : « Désolation ! » Toi, tu seras appelée « Ma Préférence », cette terre se nommera « L’Épousée ». Car le Seigneur t’a préférée, et cette terre deviendra « L’Épousée ». Comme un jeune homme épouse une vierge, ton Bâtisseur t’épousera. Comme la jeune mariée fait la joie de son mari, tu seras la joie de ton Dieu.

Psaume
(Ps 95 (96), 1-2a, 2b-3, 7-8a, 9a.10ac)
R/ Racontez à tous les peuples les merveilles du Seigneur !
(Ps 95, 3)

Chantez au Seigneur un chant nouveau,
chantez au Seigneur, terre entière,
chantez au Seigneur et bénissez son nom !

De jour en jour, proclamez son salut,
racontez à tous les peuples sa gloire,
à toutes les nations ses merveilles !

Rendez au Seigneur, familles des peuples,
rendez au Seigneur, la gloire et la puissance,
rendez au Seigneur la gloire de son nom.

Adorez le Seigneur, éblouissant de sainteté.
Allez dire aux nations : Le Seigneur est roi !
Il gouverne les peuples avec droiture.

Deuxième lecture
« L’unique et même Esprit distribue ses dons, comme il le veut, à chacun en particulier » (1 Co 12, 4-11)

Lecture de la première lettre de saint Paul Apôtre aux Corinthiens

Frères, les dons de la grâce sont variés, mais c’est le même Esprit. Les services sont variés, mais c’est le même Seigneur. Les activités sont variées, mais c’est le même Dieu qui agit en tout et en tous. À chacun est donnée la manifestation de l’Esprit en vue du bien. À celui-ci est donnée, par l’Esprit, une parole de sagesse ; à un autre, une parole de connaissance, selon le même Esprit ; un autre reçoit, dans le même Esprit, un don de foi ; un autre encore, dans l’unique Esprit, des dons de guérison ; à un autre est donné d’opérer des miracles, à un autre de prophétiser, à un autre de discerner les inspirations ; à l’un, de parler diverses langues mystérieuses ; à l’autre, de les interpréter. Mais celui qui agit en tout cela, c’est l’unique et même Esprit : il distribue ses dons, comme il le veut, à chacun en particulier.

Évangile
« Tel fut le commencement des signes que Jésus accomplit. C’était à Cana de Galilée » (Jn 2, 1-11)
Alléluia. Alléluia.
Dieu nous a appelés par l’Évangile à entrer en possession de la gloire de notre Seigneur Jésus Christ. Alléluia. (cf. 2 Th 2, 14)

Évangile de Jésus Christ selon saint Jean

En ce temps-là, il y eut un mariage à Cana de Galilée. La mère de Jésus était là. Jésus aussi avait été invité au mariage avec ses disciples. Or, on manqua de vin. La mère de Jésus lui dit : « Ils n’ont pas de vin. » Jésus lui répond : « Femme, que me veux-tu ? Mon heure n’est pas encore venue. » Sa mère dit à ceux qui servaient : « Tout ce qu’il vous dira, faites-le. » Or, il y avait là six jarres de pierre pour les purifications rituelles des Juifs ; chacune contenait deux à trois mesures, (c’est-à-dire environ cent litres). Jésus dit à ceux qui servaient : « Remplissez d’eau les jarres. » Et ils les remplirent jusqu’au bord. Il leur dit : « Maintenant, puisez, et portez-en au maître du repas. » Ils lui en portèrent. Et celui-ci goûta l’eau changée en vin. Il ne savait pas d’où venait ce vin, mais ceux qui servaient le savaient bien, eux qui avaient puisé l’eau. Alors le maître du repas appelle le marié et lui dit : « Tout le monde sert le bon vin en premier et, lorsque les gens ont bien bu, on apporte le moins bon. Mais toi, tu as gardé le bon vin jusqu’à maintenant. »
Tel fut le commencement des signes que Jésus accomplit. C’était à Cana de Galilée. Il manifesta sa gloire, et ses disciples crurent en lui.

Patrick BRAUD

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16 décembre 2018

Just visiting

Classé sous Communauté spirituelle — lhomeliedudimanche @ 12 h 01 min

Just visiting


Homélie du 4° Dimanche de l’Avent / Année C
23/12/2018

Visiter l’autre
« Tu as de la visite »


How prisoners of war used Monopoly to escape in World War IIJust visiting
 : dans le jeu de Monopoly anglais qui a ravi mon enfance, le passage par la case « prison » était labellisé « just visiting » si du moins le hasard des dés n’amenait pas le pion pile sur cette case. Au passage on y gagnait 200 F, comme quoi la visite peut rapporter pas mal…

Visiter les prisonniers, c’est pour Jésus un critère majeur au Jugement dernier : « j’étais en prison et vous êtes venus me visiter ». C’est également la valeur centrale de notre passage d’évangile devenu célèbre sous le titre de Visitation.

Visite : laissons résonner en nous ce mot qui nous réunit en ce Dimanche. La visite de Marie à Élisabeth est devenue si célèbre et si unique que la langue française l’a appelée Visitation, mot spécialement forgé pour cela !

Visite en français, cela vient de visitare : aller voir.
Il y a donc un mouvement : « aller », et une contemplation : « voir ».
Visiter quelqu’un, c’est donc se déplacer, physiquement, mais aussi mentalement.
C’est quitter son univers pour entrer dans celui de l’autre.
Pour une femme enceinte comme Marie, dans un pays chaud comme Israël, ce voyage de Nazareth à Aïn Karim, de la plaine à la montagne, ce voyage n’est pas un petit déplacement !

Dieu n’a-t-il pas le premier opéré ce déplacement pour nous ? En Jésus il a quitté sa divinité pour aller nous visiter, de la montagne à la plaine, et jusqu’au fond des enfers. La visite de Marie à sa cousine fait écho à la visite du Verbe de Dieu en elle. Accueillir Dieu qui nous visite nous met en route pour aller à notre tour visiter notre famille.

La visitation est un pèlerinage fraternel, en réponse au pèlerinage divin de Dieu en nous…

Mais il faut pour cela accepter de quitter son univers ! Lorsqu’on visite quelqu’un, on est accueilli dans une autre maison, où l’on n’est pas chez nous. Or chez l’autre, beaucoup de choses peuvent être différentes. Et c’est là où intervient le 2ème terme de la visite : voir.

En entrant dans la maison d’un autre, notre œil est tout de suite attiré par tous ces détails qui révèlent la personnalité de notre hôte. « Tiens il a décoré de telle manière ». «  Tiens sa bibliothèque est intéressante, ou sa collection de disques, ou de DVD… » « Tiens ses meubles doivent venir de sa famille, etc… ».

Entre Marie et Élisabeth, l’œil n’est pas attiré par la décoration extérieure, mais par la joie intérieure de l’autre.

http://3.bp.blogspot.com/-JQhl3R_D74M/VWrKygr0ZfI/AAAAAAAABvg/D4aUgM8dwNo/s1600/Icoon_kleur_2.jpgL’enfant qui tressaille d’allégresse au plus intime de chacune de ces deux mamans improbables les oriente vers une contemplation émerveillée de l’action de l’Esprit Saint en l’autre.

Voilà donc le but de toute visite spirituelle : contempler le travail de l’Esprit chez celui ou celle qui m’accueille ; laisser la louange me venir aux lèvres pour célébrer le bonheur de l’autre.

La visitation de Marie à Élisabeth n’a pas pour but de vérifier où elle en est, ni même de l’aider. Non, c’est une visite pour la louange, pour voir l’action de Dieu en sa cousine et réciproquement, et s’en réjouir ensemble.

Fêter la Visitation nous appelle donc à réhabiliter dans notre Église le ministère de la visite, dans cet esprit-là. Autrefois, quand le curé n’avait qu’un village de 800 âmes à desservir, c’était lui qui assurait tout seul ce ministère de la visite. Maintenant, on redécouvre que tout baptisé, à la suite de Marie, est appelé à visiter ses frères. Dans l’histoire, cela a donné lieu à l’ordre des visitandines, au 17ème siècle, qui visitaient les pauvres et les malades. Aujourd’hui ce serait plutôt le Service Évangélique des Malades, les Conférences St Vincent de Paul… Mais nous pratiquons aussi la visite fraternelle lorsqu’une équipe liturgique se réunit chez l’un ou chez l’autre, autour d’un bon dessert… Ou lorsque nous allons visiter les familles en deuil pour les obsèques. Ou plus fréquemment encore lorsque nous avons la simplicité de frapper à la porte de quelqu’un gratuitement, juste pour avoir des nouvelles, un sourire, un bonjour, et quelque fois du coup une longue discussion sur des questions importantes…

En allemand, visite se traduit par Besuch, qui a la même racine que le verbe « chercher » : « suchen ». C’est donc que visiter quelqu’un, c’est chercher en lui… Chercher comme Marie les traces de l’action de l’Esprit en lui. Être à l’affut des signes de sa « grossesse spirituelle », comme on scrute une échographie pour y chercher les signes du bébé à naître…

Visiter implique d’aller à la recherche de ce que l’autre porte en lui-même de divin…

Réhabilitons donc ce beau ministère de la visite entre nous !

Entre Églises locales par exemple : les dizaines de jumelages entre diocèses français et étrangers, dont beaucoup d’africains, témoignent de la vitalité de ces échanges. La coopération missionnaire naît de cette entraide entre Églises : des prêtres ou religieuses sont accueillis en France, des laïcs et prêtres français en Afrique, en Asie ; des colloques pastoraux réunissent les acteurs des Églises locales autour d’un sujet commun à traiter dans la culture propre de chacun (ex : les funérailles, l’égalité-homme-femme, le dialogue interreligieux etc.). Le bénéfice de ces échanges est immense : ouverture d’esprit, découverte de la catholicité de l’Église, changement de regard sur les étrangers, apprentissage de ce qu’est l’inculturation etc.

JPO Ivry ©pfPEntre voisins également : beaucoup d’associations organisent ces visites de proximité, pour combattre la solitude. Les Petits Frères des Pauvres par exemple. Leur charte précise ce qu’accompagner une personne âgée ou isolée signifie pour eux :

« Accompagner,
C’est reconnaître la personne et l’accepter dans ce qu’elle a d’unique, la respecter dans sa dignité, son intimité, sa part de mystère.
C’est être son interlocuteur et son témoin.
C’est valoriser ce qu’elle vit et l’aider à découvrir ses potentiels enfouis, lui permettre d’exprimer ses désirs et ses aspirations profondes.
C’est marcher à ses côtés en respectant son évolution et son rythme propre, s’ajuster constamment à ses besoins.
C’est l’aider à se prendre en charge, la laisser libre dans ses choix.
C’est la considérer comme un être toujours en devenir.

En offrant “des fleurs avant le pain”, les Petits Frères des Pauvres privilégient la qualité de la relation qui permet tout autant de partager épreuves et joies que de chercher ensemble les solutions aux problèmes rencontrés. »

Nous avons toujours besoin de bénévoles pour tisser ce réseau de liens humains, de compagnons d’infortune, afin – comme Marie pour Élisabeth et Élisabeth pour Marie - de reconnaître en chacun le merveilleux travail que l’Esprit opère en lui, âgé ou étudiant, pauvre ou riche, marié ou célibataire…

Que Marie nous apprenne ce beau ministère de la visite, de la « visitation ».

 

 

Lectures de la messe

Première lecture
« De toi sortira celui qui doit gouverner Israël » (Mi 5, 1-4a)

Lecture du livre du prophète Michée

Ainsi parle le Seigneur : Toi, Bethléem Éphrata, le plus petit des clans de Juda, c’est de toi que sortira pour moi celui qui doit gouverner Israël. Ses origines remontent aux temps anciens, aux jours d’autrefois. Mais Dieu livrera son peuple jusqu’au jour où enfantera… celle qui doit enfanter, et ceux de ses frères qui resteront rejoindront les fils d’Israël. Il se dressera et il sera leur berger par la puissance du Seigneur, par la majesté du nom du Seigneur, son Dieu. Ils habiteront en sécurité, car désormais il sera grand jusqu’aux lointains de la terre, et lui-même, il sera la paix !

Psaume

(Ps 79 (80), 2a.c.3bc, 15-16a, 18-19)
R/ Dieu, fais-nous revenir ;
que ton visage s’éclaire, et nous serons sauvés ! (Ps 79, 4)

Berger d’Israël, écoute,
resplendis au-dessus des Kéroubim !
Réveille ta vaillance
et viens nous sauver.

Dieu de l’univers, reviens !
Du haut des cieux, regarde et vois :
visite cette vigne, protège-la,
celle qu’a plantée ta main puissante.

Que ta main soutienne ton protégé,
le fils de l’homme qui te doit sa force.
Jamais plus nous n’irons loin de toi :
fais-nous vivre et invoquer ton nom !

Deuxième lecture
« Me voici, je suis venu pour faire ta volonté » (He 10, 5-10)

Lecture de la lettre aux Hébreux

Frères, en entrant dans le monde, le Christ dit : Tu n’as voulu ni sacrifice ni offrande, mais tu m’as formé un corps. Tu n’as pas agréé les holocaustes ni les sacrifices pour le péché ; alors, j’ai dit : Me voici, je suis venu, mon Dieu, pour faire ta volonté, ainsi qu’il est écrit de moi dans le Livre. Le Christ commence donc par dire : Tu n’as pas voulu ni agréé les sacrifices et les offrandes, les holocaustes et les sacrifices pour le péché, ceux que la Loi prescrit d’offrir. Puis il déclare : Me voici, je suis venu pour faire ta volonté. Ainsi, il supprime le premier état de choses pour établir le second. Et c’est grâce à cette volonté que nous sommes sanctifiés, par l’offrande que Jésus Christ a faite de son corps, une fois pour toutes.

Évangile
« D’où m’est-il donné que la mère de mon Seigneur vienne jusqu’à moi ? » (Lc 1, 39-45)
Alléluia. Alléluia.
Voici la servante du Seigneur : que tout m’advienne selon ta parole. Alléluia. (Lc 1, 38)

Évangile de Jésus Christ selon saint Luc

En ces jours-là, Marie se mit en route et se rendit avec empressement vers la région montagneuse, dans une ville de Judée. Elle entra dans la maison de Zacharie et salua Élisabeth. Or, quand Élisabeth entendit la salutation de Marie, l’enfant tressaillit en elle. Alors, Élisabeth fut remplie d’Esprit Saint, et s’écria d’une voix forte : « Tu es bénie entre toutes les femmes, et le fruit de tes entrailles est béni. D’où m’est-il donné que la mère de mon Seigneur vienne jusqu’à moi ? Car, lorsque tes paroles de salutation sont parvenues à mes oreilles, l’enfant a tressailli d’allégresse en moi. Heureuse celle qui a cru à l’accomplissement des paroles qui lui furent dites de la part du Seigneur.
Patrick BRAUD

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