L'homélie du dimanche (prochain)

7 janvier 2023

Épiphanie : que peuvent les religions en temps de guerre ?

Classé sous Communauté spirituelle — lhomeliedudimanche @ 12 h 30 min

Épiphanie : que peuvent les religions en temps de guerre ?

 

Homélie pour la fête de l’Épiphanie / Année A 

08/01/2023

 

Cf. également :

Signes de reconnaissance épiphaniques
L’Épiphanie du visage

Épiphanie : tirer les rois
Épiphanie : êtes-vous fabophile ?
Épiphanie : l’économie du don
Épiphanie : Pourquoi offrir des cadeaux ?
Le potlatch de Noël
Épiphanie : qu’est-ce que l’universel ?
L’Épiphanie, ou l’éloge de la double culture
L’inquiétude et la curiosité d’Hérode
Éloge de la mobilité épiphanique
La sagesse des nations

 

Sant’Egidio 2022 - Emmanuel Macron : “les responsables religieux ont un rôle essentiel, ils contribuent à la trame de nos sociétés”Une intervention récente d’Emmanuel Macron est passée inaperçue, sans doute à cause de l’inculture philosophique et religieuse de nos journalistes, de leurs craintes de franchir les sacro-saintes barrières de la laïcité… Il s’agit de son discours devant la communauté Sant’Egidio, le 23 octobre dernier.

On sait le rôle très politique, notamment de médiation, que Sant’Egidio a déjà joué dans le passé dans des conflits armés. Réfléchissant sur la guerre en Ukraine, Sant’Egidio avait invité Emmanuel Macron à parler du rôle que peuvent jouer les religions en temps de guerre, de son point de vue de Président de la République française impliquée avec l’Europe et l’OTAN dans le soutien à l’Ukraine agressée par la Russie. 

« Que peuvent les religions ? Je pense qu’elles peuvent beaucoup et que les politiques que nous sommes, je le dis au sens générique du terme, en tant que femmes et hommes qui ont décidé de s’occuper de la vie de la cité, en ont besoin. (…) Donc je pense que les responsables religieux ont un rôle essentiel en tant qu’ils contribuent à la trame de nos sociétés, à ces relations entre les individus et à un rapport au temps long » [1].

Reconnaissons cependant que le reste de son discours n’était pas toujours très limpide…

Alors exerçons nous, à la lumière de l’Épiphanie fêtée ce dimanche, à plaider pour au moins quatre dimensions du rôle que les chrétiens (pas seulement les clercs !) - et toutes les religions ? - pourraient et devraient assumer en temps de guerre.

 

1. Ne pas instrumentaliser le Nom de Dieu

Le président russe Vladimir Poutine assiste seul à un office pour Noël dans une église du Kremlin, le 6 janvier 2023Hérode - « ce renard » comme dirait Jésus (Lc 13,32) – veut ruser avec les mages pour obtenir le lieu de naissance de son concurrent potentiel. S’il arrive à tuer ce prétendant dans l’œuf – ou du moins dès sa naissance – il aura le champ libre pour se prétendre la seule royauté autorisée par Dieu sur Israël. Se servir de l’Écriture pour justifier ses propres intérêts est le péché originel de tous les clergés, de tous les rois et autres pouvoirs se réclamant de Dieu. Le « Gott mit uns » sur le ceinturon des nazis est repris par le patriarche orthodoxe russe Kirill de Moscou, pour bénir les armées de Poutine et justifier l’injustifiable en Ukraine ! Au nom de la « Sainte Russie », de sa soi-disant mission de civilisation contre l’Occident hérétique et décadent, Kirill fournit au pouvoir russe un appui idéologique majeur, aussi meurtrier que l’était la justification de l’esclavage, de l’apartheid, de la colonisation ou de la peine de mort autrefois par les Églises.

Kirill, le primat de l’Église orthodoxe russe, avait donné sa bénédiction à l’opération militaire spéciale en mars 2022, en la présentant comme un affrontement eschatologique entre l’Occident décadent et la Russie championne des valeurs traditionnelles. Lors d’un sermon en septembre 2022, il était allé plus loin en affirmant que la mort au front en Ukraine était un « sacrifice qui lavait tous les péchés que l’on a commis ».

Dans une homélie au ton très politique, prononcée dimanche 27 février 2022 à la cathédrale du Christ-Sauveur de Moscou, Kirill a fustigé ceux qui luttent – qualifiés de « forces du mal » – contre l’unité historique de la Russie et de l’Ukraine.

Il a félicité Vladimir Poutine, vendredi 7 octobre, pour son 70° anniversaire : « Dieu vous a placé au pouvoir pour que vous puissiez effectuer une mission d’une importance particulière et d’une grande responsabilité pour le sort du pays et de son peuple qui vous a été confié », a assuré le patriarche, âgé de 75 ans. « Que le Seigneur préserve la terre russe. (…) Une terre dont font partie aujourd’hui la Russie, l’Ukraine, la Biélorussie (…) ».

 

Épiphanie : que peuvent les religions en temps de guerre ? dans Communauté spirituelle 309536_167643693329755_167581906669267_298812_1174912345_nInstrumentaliser le Nom de Dieu est le propre des gens très (trop) religieux, qui finissent par vouloir imposer leur conception du monde, et convoquent Dieu pour servir leurs intérêts. 

Pourtant le Tétragramme YHWH interdit aux juifs de prononcer le Nom de Dieu, justement pour ne pas l’instrumentaliser en croyant savoir qui il est. La charia est le type même de ce genre d’absolutisme prétendant dicter la voix de Dieu à la société et ne servant en réalité que les intérêts des oulémas, des mâles, barbus, s’enrichissant sur le dos du peuple. Les Afghanes, les Iraniennes, les Saoudiennes, les Yéménites etc. en savent quelque chose, hélas !

 

Pourtant c’est l’un des commandements du Décalogue : « Tu n’invoqueras pas en vain le Nom du Seigneur ton Dieu, car le Seigneur ne laissera pas impuni celui qui invoque en vain son Nom » (Ex 20,7).

 amour dans Communauté spirituelleCouvrir les ambitions de Poutine par l’encens et l’or des liturgies orthodoxes, soumettre les femmes par l’imposition d’un Coran ou d’une charia écrite de mains d’hommes, bénir les croisades, les dictatures de tous poils, justifier les pires crimes au nom de la défense d’une Église… : nous n’en avons pas fini avec cette hypocrisie religieuse qui à force de génuflexions et de prières finit par lapider l’innocent et crucifier le prophète.
L’Église orthodoxe russe notamment doit renoncer à la théorie de la « symphonie des pouvoirs » symbolisée par l’aigle bicéphale présent sur tous les drapeaux derrière Poutine (tout comme l’Église de Rome a fini par renoncer à la « théorie des deux glaives », qui subordonnait le pouvoir temporel au pouvoir spirituel, l’empereur au pape). Selon cette théorie, le patriarche de Moscou s’occupe des âmes pendant que le tsar s’occupe des corps, et les deux pouvoirs marchent main dans la main pour établir le royaume de Dieu sur la terre.

Le premier rôle des chrétiens est donc de dénoncer toute instrumentalisation de leur foi, qui n’est pas au service d’Hérode, ni de Pilate.

 

2. Amour et vérité se rencontrent, justice et paix s’embrassent (Ps 85,11)

À l’Épiphanie, les mages pratiquent l’amour en offrant leurs cadeaux, mais ils acceptent de faire pour cela une « opération vérité » : ils reconnaissent que non, les astres ne sont pas de minis-dieux dictant nos destinées. D’ailleurs l’étoile des mages s’efface à Jérusalem devant la lecture de la Bible, bien plus éclairante pour trouver le Messie que la lumière des astres. Et quand l’étoile réapparaît, c’est pour valider en quelque sorte l’interprétation biblique, et reconnaître que c’est elle qui a donné la bonne direction, pas l’astrologie ! Pas d’amour sans faire la vérité sur nos pratiques idolâtres…

À l’inverse, la pax romana qu’Hérode maintenait par la force en Israël était une paix injuste, extorquant impôts et taxes au petit peuple pour enrichir les puissants, les collabos, foulant aux pieds l’identité et la culture juive ne reconnaissant que YHWH comme empereur… Pas de paix sans justice !

 

 guerreLe risque est grand de vouloir résoudre la guerre en Ukraine par une lâcheté organisée : pour ‘avoir la paix’, l’Occident imposerait à l’Ukraine de renoncer à retrouver ses frontières garanties par le droit international. Or juifs et chrétiens ne cessent de proclamer avec le psaume 85 : « justice et paix s’embrassent ». Autrement dit : pas de paix sans justice, pas de justice sans paix. Si la paix est injuste, comme le fut celle après 1870 ou 1918, elle nourrira rancœurs, colères et sentiments de revanche. C’est peut-être l’erreur du monde en 1991, lors de la dislocation de l’empire soviétique : les puissants ont vite réparti les peuples entre des lignes dont on peut douter aujourd’hui de la pertinence totale.

Mais depuis, il y a eu le mémorandum de Budapest, les accords de Minsk, et les obligations du droit international pour garantir les frontières actuelles, sauf libre volonté de tous les pays concernés. Accepter que ces droits soient bafoués préparerait une paix sans justice dans un engrenage de violence à venir ensuite. D’un côté comme de l’autre. Sans compter que cela ouvrirait la voie à d’autres coups de force pour s’emparer violemment de territoires convoités (Taiwan, Arménie, Sahel, États baltes…).

 

Le psaume qui unit justice et paix unit également amour et vérité : « Amour et vérité se rencontrent ». Pas d’amour sans vérité : les chrétiens se battent pour que les mensonges russes (et ukrainiens s’il y en a) soient  démasqués. Dire la vérité sur la nature du régime de Poutine, sur la compromission des orthodoxes russes, sur les crimes de guerre commis par les soldats et le pouvoir russe etc. est au cœur de la mission prophétique de notre Église. On peut quelquefois regretter la trop prudente diplomatie vaticane qui n’ose pas assez élever la voix en la matière [2]. Le précédent du silence pontifical sur les déportations des juifs devrait pourtant nous pousser à dire la vérité sur ce qui se passe sur le terrain…

Pas d’amour sans vérité, donc. Pas de vérité sans amour non plus : nous ne prêchons pas la haine, ni la revanche, mais la justice dans la vérité.
Les Églises de l’Est doivent raconter la vérité sur leurs peuples, et ne pas céder à la mythologisation de l’histoire opérée par le pouvoir russe ou d’autres pouvoirs locaux.

 

 

3. Pratiquer l’amour des ennemis, jusqu’au pardon

De l'amour des ennemis et autres méditations sur la guerre et la politique Olivier AbelNos mages évitent soigneusement Hérode pour rentrer chez eux, car ils savent que ce sera le conflit ouvert s’ils repassent devant lui. Comme disait Sun Tzu dans l’art de la guerre, le meilleur moyen d’être en paix est d’éviter la guerre autant que possible.

À l’inverse, Hérode voit en Jésus un ennemi et n’hésite pas à massacrer tous les nouveau-nés de la région pour éliminer ce rival.

Les chrétiens ont à cœur dans les conflits de ce temps de ne pas diaboliser l’ennemi, quel qu’il soit, de laisser ouverte la porte à la réconciliation (après), de pratiquer l’amour des ennemis sans renoncer au combat pour la justice. Rappelons à tous sans nous lasser qu’aimer nos ennemis n’est pas approuver leurs injustices, leurs crimes. C’est croire que leur dignité d’enfant de Dieu n’est pas effacée mais salie par leurs actes. C’est vouloir réveiller en eux cette dignité en leur tendant l’autre joue, la joue intacte, comme un miroir, la joue non offensée pour qu’eux-mêmes retrouvent en eux l’image divine ensevelie sous les décombres du mal commis.

Les chrétiens ont ainsi déjà témoigné, en Afrique du Sud, au Rwanda, et même en Europe entre Allemands  et Français, que la réconciliation est toujours possible, à condition que vérité soit faite sur les exactions perpétrées.
Ce n’est peut-être pas possible pour les générations actuellement en guerre au vu des atrocités commises, mais elles doivent le préparer pour leurs enfants et petits-enfants.

 

4. Tenir à l’universalisme chrétien

Hérode n’est intéressé que par le Roi des juifs. Les mages cherchent celui à qui même les astres obéissent. Le premier veut rester maître de son territoire. Les seconds quittent leur pays pour chercher le vrai Dieu, le Dieu de tous. La tradition a raison de décrire la composition de cette ambassade comme universelle (selon la géographie de l’époque) : un Africain (Balthazar), un asiatique (Gaspard), un Européen (Melchior).

arton79465 justiceLe Messie nouveau-né fait éclater les prétentions nationalistes étroites. Il est le roi de l’univers, pas seulement de Judée. Autrement dit, les valeurs du christianisme évoquées plus haut sont universelles. Ni occidentales, ni africaines, ni asiatiques : pour tous les peuples, toutes les cultures, tous les régimes politiques. Ne pas instrumentaliser le Nom de Dieu s’impose à tous. Conjuguer amour et vérité, justice et paix est le devoir sacré de toute l’humanité, depuis l’ONU jusqu’au Liechtenstein. Aimer nos ennemis jusqu’à la réconciliation est le défi lancé aux Russes comme Nord-coréens, aux Chinois comme aux Européens. Ce ne sont pas des valeurs occidentales seulement. L’Épiphanie manifeste la dimension universelle du message du Christ, né au Proche-Orient, mûri en Europe, adopté par l’Afrique, promis à l’immense Asie.

Ne renonçons pas à notre universalisme sous prétexte du respect de chaque culture ! Car alors le relativisme ne serait pas loin. Et le relativisme ouvre la porte à toutes les injustices, car ce que vous trouvez mal ici sera déclaré bien ailleurs…

 

Finalement, l’Épiphanie est une fête très politique !

Elle appelle les chrétiens à jouer leur rôle en temps de guerre, à ne pas déserter le témoignage rendu aux quatre valeurs ci-dessus. Elle appelle tous les hommes de bonne volonté à s’examiner loyalement pour entrer en discussion avec l’ennemi. Le Messie adoré par les Mages n’est-il pas venu inaugurer un monde nouveau, où selon la prophétie de Michée : « de leurs épées, ils forgeront des socs, et de leurs lances, des faucilles. Jamais nation contre nation ne lèvera l’épée ; ils n’apprendront plus la guerre » (Mi 4, 3) ? 

 

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[1]https://preghieraperlapace.santegidio.org/pageID/31533/langID/fr/text/4021/Emmanuel-Macron-au-Cri-de-la-Paix.html

[2]. La dénonciation la plus nette est celle du mercredi 23 novembre dernier. Lors de son audience hebdomadaire, le pape François a comparé le « martyre de l’agression » du pays par la Russie à la famine provoquée en Ukraine par Staline au début des années 1930, aussi appelée « génocide du Holodomor », qui a fait de 2 à 5 millions de victimes parmi les ukrainiens. L’Église orthodoxe russe est toujours restée muette sur ce crime…

 

 

 

Lectures de la messe

Première lecture
« La gloire du Seigneur s’est levée sur toi » (Is 60, 1-6)

 

Lecture du livre du prophète Isaïe

Debout, Jérusalem, resplendis ! Elle est venue, ta lumière, et la gloire du Seigneur s’est levée sur toi. Voici que les ténèbres couvrent la terre, et la nuée obscure couvre les peuples. Mais sur toi se lève le Seigneur, sur toi sa gloire apparaît. Les nations marcheront vers ta lumière, et les rois, vers la clarté de ton aurore. Lève les yeux alentour, et regarde : tous, ils se rassemblent, ils viennent vers toi ; tes fils reviennent de loin, et tes filles sont portées sur la hanche. Alors tu verras, tu seras radieuse, ton cœur frémira et se dilatera. Les trésors d’au-delà des mers afflueront vers toi, vers toi viendront les richesses des nations. En grand nombre, des chameaux t’envahiront, de jeunes chameaux de Madiane et d’Épha. Tous les gens de Saba viendront, apportant l’or et l’encens ; ils annonceront les exploits du Seigneur.

 

Psaume
(Ps 71 (72), 1-2, 7-8, 10-11, 12-13)
R/ Toutes les nations, Seigneur, se prosterneront devant toi.
 (cf. Ps 71,11)

Dieu, donne au roi tes pouvoirs,
à ce fils de roi ta justice.
Qu’il gouverne ton peuple avec justice,
qu’il fasse droit aux malheureux !

 

En ces jours-là, fleurira la justice,
grande paix jusqu’à la fin des lunes !
Qu’il domine de la mer à la mer,
et du Fleuve jusqu’au bout de la terre !

 

Les rois de Tarsis et des Îles apporteront des présents.
Les rois de Saba et de Seba feront leur offrande.
Tous les rois se prosterneront devant lui,
tous les pays le serviront.

 

Il délivrera le pauvre qui appelle
et le malheureux sans recours.
Il aura souci du faible et du pauvre,
du pauvre dont il sauve la vie.

 

Deuxième lecture
« Il est maintenant révélé que les nations sont associées au même héritage, au partage de la même promesse » (Ep 3, 2-3a.5-6)

 

Lecture de la lettre de saint Paul apôtre aux Éphésiens

Frères, vous avez appris, je pense, en quoi consiste la grâce que Dieu m’a donnée pour vous : par révélation, il m’a fait connaître le mystère. Ce mystère n’avait pas été porté à la connaissance des hommes des générations passées, comme il a été révélé maintenant à ses saints Apôtres et aux prophètes, dans l’Esprit. Ce mystère, c’est que toutes les nations sont associées au même héritage, au même corps, au partage de la même promesse, dans le Christ Jésus, par l’annonce de l’Évangile.

 

Évangile
Nous sommes venus d’Orient adorer le roi (Mt 2, 1-12) Alléluia. Alléluia.
Nous avons vu son étoile à l’orient, et nous sommes venus adorer le Seigneur. Alléluia. (cf. Mt 2, 2)

 

Évangile de Jésus Christ selon saint Matthieu

Jésus était né à Bethléem en Judée, au temps du roi Hérode le Grand. Or, voici que des mages venus d’Orient arrivèrent à Jérusalem et demandèrent : « Où est le roi des Juifs qui vient de naître ? Nous avons vu son étoile à l’orient et nous sommes venus nous prosterner devant lui. » En apprenant cela, le roi Hérode fut bouleversé, et tout Jérusalem avec lui. Il réunit tous les grands prêtres et les scribes du peuple, pour leur demander où devait naître le Christ. Ils lui répondirent : « À Bethléem en Judée, car voici ce qui est écrit par le prophète : Et toi, Bethléem, terre de Juda, tu n’es certes pas le dernier parmi les chefs-lieux de Juda, car de toi sortira un chef, qui sera le berger de mon peuple Israël. » Alors Hérode convoqua les mages en secret pour leur faire préciser à quelle date l’étoile était apparue ; puis il les envoya à Bethléem, en leur disant : « Allez vous renseigner avec précision sur l’enfant. Et quand vous l’aurez trouvé, venez me l’annoncer pour que j’aille, moi aussi, me prosterner devant lui. » Après avoir entendu le roi, ils partirent.
Et voici que l’étoile qu’ils avaient vue à l’orient les précédait, jusqu’à ce qu’elle vienne s’arrêter au-dessus de l’endroit où se trouvait l’enfant. Quand ils virent l’étoile, ils se réjouirent d’une très grande joie. Ils entrèrent dans la maison, ils virent l’enfant avec Marie sa mère ; et, tombant à ses pieds, ils se prosternèrent devant lui. Ils ouvrirent leurs coffrets, et lui offrirent leurs présents : de l’or, de l’encens et de la myrrhe. Mais, avertis en songe de ne pas retourner chez Hérode, ils regagnèrent leur pays par un autre chemin.
Patrick BRAUD

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15 août 2021

« En même temps » : pas très biblique !

Classé sous Communauté spirituelle — lhomeliedudimanche @ 12 h 30 min

« En même temps » : pas très biblique !

21° Dimanche du Temps Ordinaire / Année B
22/08/2021

Cf. également :

Le polythéisme des valeurs
Sur quoi fonder le mariage ?
L’homme, la femme, et Dieu au milieu
Voulez-vous partir vous aussi ?
La liberté de partir ou de rester
Le peuple des murmures

Un marqueur macronien

« En même temps » : pas très biblique ! dans Communauté spirituelle« Celui qui court deux lièvres à la fois n’en prend aucun » (Érasme).
Un chasseur qui voudrait tirer sur deux lièvres en même temps est sûr de rentrer  bredouille, car ces derniers s’enfuient chacun dans des directions opposées. Les chasseurs savent qu’il ne leur faut chasser qu’un lièvre à la fois. L’expression est ainsi née pour montrer qu’il ne sert à rien de vouloir faire plusieurs choses contradictoires en même temps : ça se finit toujours mal.

Dès sa déclaration de candidature en 2016, Emmanuel Macron a employé cette expression qui est devenue ensuite un leitmotiv de ses discours et de sa pensée : « en même temps ». C’est même devenu le titre d’une émission d’actualité sur une chaîne d’information en continu ! Il voulait être à la fois de gauche et de droite, social-démocrate et libéral, souverainiste et européen, pour la rigueur et pour la relance, pour la liberté et la sécurité… Même si ses détracteurs l’accusent d’avoir depuis fait pencher la balance vers le deuxième  terme, il assume encore aujourd’hui cette volonté de dépasser les anciens clivages pour inaugurer un Nouveau Monde réconciliant deux Français sur trois, comme l’avait dit Giscard il y a quelques décennies. Lors d’un rassemblement de son mouvement à Paris-Bercy en avril 2017, il relevait qu’on le moquait à ce sujet, et demandait à ses militants de scander la formule. Il affirmait : « Je continuerai de le dire dans mes phrases et dans ma pensée, car ça signifie que l’on prend en compte des principes qui paraissaient opposés ».

La tentative semble se retourner contre lui, si l’on en croit les sondages. Seul un second  tour avec Marine Le Pen lui assurerait une réélection confortable, lui faisant ainsi gagner à nouveau le pari du « en même temps ». Pourtant, les contradictions accumulées par ses ambitions paradoxales deviennent de plus en plus impopulaires.

Chantal Del Sol (de l’Institut) critique avec pertinence cette logique politique qui veut tout et son contraire, ou pour le dire plus vulgairement : le beurre et l’argent du beurre (et la crémière avec !) :

tu ne peux désirer une chose et cultiver son contraire« La pensée inclusive représente un courant de pensée très actif au sein de l’Occident contemporain. Les hiérarchies morales étant bannies parce que discriminantes, tous les comportements ou façons de voir sont également bons. Cette indistinction éthique engendre ce qu’on appelle ici l’inclusion : rien n’est exclu, tout est inclus. Dans la vie sociale, l’exemple souvent invoqué est celui des types de famille : ladite « famille normale » (père mère enfants) perd sa prééminence et tous les autres types de famille sont également légitimes et considérés. La hantise présente de la discrimination relève d’un imbroglio conceptuel. Que tous les humains quels que soient leur rang ou leurs capacités soient également dignes et égaux en valeur, c’est pour nous une certitude profonde, enracinée dans nos origines culturelles. De cette dignité substantielle égale un déduit, dans un raccourci saisissant, que tous les comportements sont égaux en valeur.
L’indistinction éthique produit des retombées significatives sur l’éthique de la décision. En effet, pourquoi choisir tel parti plutôt que tel autre, telle option plutôt que telle autre ? (…)
Vouloir tous les bienfaits à la fois : conscient de cette apparente contradiction, un fonctionnaire européen (Ulrich Pieck) lui conférait un nouveau nom : « le loyalisme polygame ».
La pensée du « en même temps » ne rejette ni ne repousse rien. Exclure, c’est décréter incompatible avec un ensemble. Dans cette vision des choses, rien n’est incompatible tout doit être inclus. Il n’existe plus de divergences, seulement des différences qui sont toutes bienvenues, puisque toutes ont la même valeur. (…)
La philosophie de l’inclusion qui se trouve derrière le fameux « en même temps » traduit à la fois une forme de relativisme moral et une neutralisation volontaire des convictions, bien caractéristique de l’époque. (…)
L’appel à « tout choisir » révèle aussi cette incapacité du choix révélatrice du caractère infantile de la modernité. Cette incapacité de choix que l’on voyait à l’œuvre, par exemple, chez Gide : « ce qu’il y a de perles dans la mer, de plumes blanches au bord des gaffes, je ne les ai pas encore toutes comptées. Choisir c’était renoncer pour toujours, pour jamais, à tout le reste » dit l’auteur des Nourritures terrestres : hé oui ! Cela s’appelle grandir. Infantile, cette incapacité à choisir traduit le refus du caractère substantiellement tragique de l’existence. (…)
La volonté de tout aimer est un oubli de la conviction, et par là un refus de croire et d’espérer, un état d’ataraxie pragmatique où tout se vaut et où rien ne vaut. C’est en fait un état d’esprit flottant et dilatoire, qui relève du papillonnage immature et du refus des convictions profondes. (…)
Nous n’avons pas besoin d’infantilisme politique.
Le Figaro, 14/05/2020, p. 17

 

Israël ne sait pas sur quel pied danser

A cloche-piedC’est bien cette hésitation perpétuelle entre les deux termes d’une alternative que vise notre première lecture (Jos 24, 1-18) :
« Élie se présenta devant la foule et dit : ‘Combien de temps allez-vous danser pour l’un et pour l’autre (‘clocherez-vous des deux jarrets’, trad. BJ) ? Si c’est le Seigneur qui est Dieu, suivez le Seigneur ; si c’est Baal, suivez Baal.’ Et la foule ne répondit mot » (1 R 18, 21).

L’archéologie moderne a confirmé la permanence de cette valse-hésitation parmi les douze tribus pendant des siècles en fait. Car on a retrouvé des statuettes de déesses païennes étrangères dans des ruines de villes israélites dans tout Canaan, à toutes les époques. Il semble bien que le monothéisme n’ait jamais complètement réussi à s’imposer dans les esprits hébreux ! D’où l’engueulade d’Élie qui reproche au peuple de vouloir jouer sur tous les tableaux, au cas où… Un Dieu unique pour la sortie d’Égypte, beaucoup de dieux païens pour la pluie, les récoltes, la famille etc.

Cette indécision est le marqueur de l’immaturité spirituelle d’Israël.
Avouons qu’elle est toujours de notre époque : les soi-disant voyants, sorciers et autres guérisseurs et charlatans pullulent pour exploiter la crédulité grandissante des gens ne sachant plus qui croire. La question de la vérité disparaît au profit de la tolérance, érigée en idole du vivre-ensemble. Dès lors, toutes les opinions, toutes les mœurs, toutes les religions se valent et chacun peut naviguer de l’une à l’autre selon les opportunités, selon ses intérêts, comme cela lui chante.

Or la première Alliance n’aime pas le « en même temps », parce qu’il est polythéiste.
Le grand sociologue allemand Max Weber appelait d’ailleurs « polythéisme des valeurs »  cette caractéristique de la modernité : ne pas pouvoir/vouloir choisir entre des valeurs pourtant antagonistes, conflictuelles, irréconciliables :

Il s’agit en fin de compte, partout et toujours, à propos de l’opposition entre valeurs, non seulement d’alternatives, mais encore d’une lutte mortelle et insurmontable, comparable à celle qui oppose « Dieu » et le « diable ». [1]
Pour autant que la vie a en elle-même un sens et qu’elle se comprend d’elle-même, elle ne connaît que le combat éternel que les dieux se font entre eux ou, en évitant la métaphore, elle ne connaît que l’incompatibilité des points de vue ultimes possibles, l’impossibilité de régler leurs conflits et par conséquent la nécessité de se décider en faveur de l’un ou de l’autre. [2]

Faire croire qu’on peut tout choisir en même temps, c’est tomber dans le piège du relativisme où se dissolvent les convictions, les identités, engendrant l’indifférenciation et à la fin une violence extrême comme réaction de survie.

 

L’ambiguïté du « en même temps » catholique

 décision dans Communauté spirituelleCependant, les cathos paraissent à l’aise avec ce « en même temps » macronien. C’est qu’il y a dans la foi catholique une prime au et inclusif par rapport au ou exclusif. Ainsi Jésus-Christ est vrai homme et vrai Dieu. Dieu est un et trine. Il faut laisser pousser l’ivraie et le bon grain ensemble. Et tenir ensemble la foi et les œuvres, l’unique médiation du Christ et l’intercession de Marie, l’égale dignité de tous les baptisés et la hiérarchie ecclésiastique, le royaume déjà là et pas encore réalisé etc. La théologie est bourrée de ces paires paradoxales qui doivent rester en tension. La foi catholique ressemble parfois à la traversée du funambule sur un câble au-dessus de l’abîme… : tout se joue sur un fil, et le moindre excès d’un côté ou de l’autre fait tomber dans l’hérésie, le schisme, la superstition, le fanatisme…

À y regarder de près, Jésus quant à lui n’est pas très à l’aise avec ce « en même temps ». Il demande à ceux qui le suivent de choisir entre lui et la richesse (cf. le jeune homme riche), lui et le culte des morts (« laisse les morts enterrer leurs morts »), lui et la famille de sang (« qui aime son père ou sa mère plus que moi n’est pas digne de moi »). Il exige que ses disciples fassent des choix courageux : « vous ne pouvez pas servir Dieu et l’argent » ; « qui n’est pas avec moi est contre moi » ; « il vaut mieux obéir à Dieu plutôt qu’aux hommes » ; « secouez la poussière de vos pieds »…

Mgr Pascal Wintzer, archevêque de Poitiers, décrivait avec justesse cette ambiguïté du « en même temps » pour les catholiques :

Le chrétien se trouve à l’aise avec cette expression, elle résonne avec le cœur de sa foi : elle dit la personne de Jésus Christ, qui est vrai Dieu et qui est vrai homme. Elle est aussi le test de la justesse de la formulation de cette foi qui toujours conjoint et jamais ne sépare. On a pu souligner que la conjonction de coordination qui appartient à la logique chrétienne, c’est le « et » et non le « ou bien ». Ainsi de Jésus Christ et ainsi de la vocation du chrétien : il est pleinement de ce monde et pleinement du Royaume des cieux, vivant d’une double citoyenneté.
« Je choisis tout »
Cependant – pour ne pas dire en même temps – l’expression macronienne résonne aussi avec la culture des premières décennies du XXI° siècle, elle exprime la difficulté ou le refus du choix. C’est un peu comme si tout le monde, sans bien sûr s’en revendiquer explicitement, prenait pour modèle sainte Thérèse de l’Enfant Jésus et son : « je choisis tout ».
En fait, on ne veut rien s’interdire, on estime même que l’on n’a pas le droit de s’interdire quoi que ce soit, jusqu’à être transgressif. Cette attitude produit des vies perpétuellement sollicitées, jusqu’à une extrême fatigue, physique peut-être, existentielle surtout.
Je constate que l’éducation des enfants est trop souvent inscrite sous ce paradigme : plutôt que de les aider à approfondir, ou bien un sport, ou bien un art, ce qui, je le reconnais, est exigeant, chaque année les verra s’initier au javelot, puis au foot, puis au violon, puis au hip-hop, etc. Paradoxe d’une société des 35 heures et de la réduction des heures scolaires qui voit la fatigue se développer.
(La Croix 03/07/2018).

 

Le « en même temps » freudien

91Lnvf1Fd6L en même tempsLa psychanalyse apporte elle aussi un flot d’arguments pour se méfier du « en même temps » caractéristique de l’adolescence. La nostalgie de la fusion maternelle où prévalait le principe de plaisir (‘tout, tout de suite’) amène l’être humain en construction à vouloir régresser vers cet état fantasmé de toute-puissance où tout était possible à la fois. Or grandir c’est choisir. La sagesse populaire ajoute : choisir, c’est mourir un peu ; ce qui est vrai, car renoncer à l’une ou l’autre branche d’une alternative implique de mourir à tous les possibles contenus dans cette voie. Mais c’est pour renaître à l’accomplissement adulte de l’exploration d’un choix.

Vouloir être en même temps homme et femme, plombier et policier, parisien et marseillais, hindou et musulman etc. ne peut mener qu’à l’éclatement de l’identité personnelle. Et à une immaturité dangereuse. L’adolescence – ou plutôt l’adulescence – de notre société est révélatrice d’une structuration psychologique inachevée de bon nombre des citoyens, générant une culture relativiste où toutes les options sont valables. Et ne rêvons pas ne pas être concerné nous-même ! Vouloir tout et son contraire est une tentation qui guette chacun d’entre nous, dans bien des domaines.

 

Une éthique de la décision

Alors, laissons Élie nous réveiller à nouveau ce dimanche : « choisissez aujourd’hui qui vous voulez servir ! », et réécoutons le Christ dans notre Évangile (Jn 6, 60-69) nous demande de chute de choisir ou de partir, mais non de rester dans l’entre-deux : « Voulez-vous partir, vous aussi ? »

C26b MacronL’indécision n’est pas éthique. C’est de l’infantilisme (spirituel, politique, psychologique).
Une éthique de la décision suppose le courage de choisir, donc de renoncer, d’éliminer.
Ne pas décider est la pire des irresponsabilités.

Choisir est possible
Nous sommes en effet dans une société de sollicitations perpétuelles, tant pour les objets, que pour les passions, que pour les amours ; on estime que l’on n’a pas le droit de dire « non » à quoi, ou à qui que ce soit.
A contrario, l’enjeu principal de l’éducation ne serait-il pas de montrer que choisir est possible, possible et nécessaire ? Mais pour cela, il faut accepter de ne pas être tout, de ne pas faire tout. Il faut accepter de se reconnaître des limites, aussi de s’en choisir. Il faut accepter d’être un homme et non une divinité du panthéon romain (Mgr. Pascal Wintzer, ibid.)

 

Prenons le temps cet été de réfléchir sur les indécisions qui sont les nôtres.
Jusqu’à quand allons-nous courir plusieurs lièvres à la fois ?

 


[1]. Max Weber, Essais sur la théorie de la science, Quatrième essai : « Essai sur le sens de la « neutralité axiologique » dans les sciences sociologiques et économiques” (1917), p. 21.

[2]ibid., p. 26.

LECTURES DE LA MESSR

PREMIÈRE LECTURE
« Nous voulons servir le Seigneur, car c’est lui notre Dieu » (Jos 24, 1-2a.15-17.18b)

Lecture du livre de Josué

En ces jours-là, Josué réunit toutes les tribus d’Israël à Sichem ; puis il appela les anciens d’Israël, avec les chefs, les juges et les scribes ; ils se présentèrent devant Dieu. Josué dit alors à tout le peuple : « S’il ne vous plaît pas de servir le Seigneur, choisissez aujourd’hui qui vous voulez servir : les dieux que vos pères servaient au-delà de l’Euphrate, ou les dieux des Amorites dont vous habitez le pays. Moi et les miens, nous voulons servir le Seigneur. » Le peuple répondit : « Plutôt mourir que d’abandonner le Seigneur pour servir d’autres dieux ! C’est le Seigneur notre Dieu qui nous a fait monter, nous et nos pères, du pays d’Égypte, cette maison d’esclavage ; c’est lui qui, sous nos yeux, a accompli tous ces signes et nous a protégés tout le long du chemin que nous avons parcouru, chez tous les peuples au milieu desquels nous sommes passés. Nous aussi, nous voulons servir le Seigneur, car c’est lui notre Dieu. »

PSAUME
(Ps 33 (34), 2-3, 16-17, 20-21, 22-23)
R/ Goûtez et voyez comme est bon le Seigneur ! (cf. Ps 33, 9)

Je bénirai le Seigneur en tout temps,
sa louange sans cesse à mes lèvres.
Je me glorifierai dans le Seigneur :
que les pauvres m’entendent et soient en fête !

Le Seigneur regarde les justes,
il écoute, attentif à leurs cris.
Le Seigneur affronte les méchants
pour effacer de la terre leur mémoire.

Malheur sur malheur pour le juste,
mais le Seigneur chaque fois le délivre.
Il veille sur chacun de ses os :
pas un ne sera brisé.

Le mal tuera les méchants ;
ils seront châtiés d’avoir haï le juste.
Le Seigneur rachètera ses serviteurs :
pas de châtiment pour qui trouve en lui son refuge.

DEUXIÈME LECTURE
« Ce mystère est grand : je le dis en référence au Christ et à l’Église » (Ep 5, 21-32)

Lecture de la lettre de saint Paul apôtre aux Éphésiens

Frères, par respect pour le Christ, soyez soumis les uns aux autres ; les femmes, à leur mari, comme au Seigneur Jésus ; car, pour la femme, le mari est la tête, tout comme, pour l’Église, le Christ est la tête, lui qui est le Sauveur de son corps. Eh bien ! puisque l’Église se soumet au Christ, qu’il en soit toujours de même pour les femmes à l’égard de leur mari.
Vous, les hommes, aimez votre femme à l’exemple du Christ : il a aimé l’Église, il s’est livré lui-même pour elle, afin de la rendre sainte en la purifiant par le bain de l’eau baptismale, accompagné d’une parole ; il voulait se la présenter à lui-même, cette Église, resplendissante, sans tache, ni ride, ni rien de tel ; il la voulait sainte et immaculée. C’est de la même façon que les maris doivent aimer leur femme : comme leur propre corps. Celui qui aime sa femme s’aime soi-même. Jamais personne n’a méprisé son propre corps : au contraire, on le nourrit, on en prend soin.
C’est ce que fait le Christ pour l’Église, parce que nous sommes les membres de son corps. Comme dit l’Écriture : À cause de cela, l’homme quittera son père et sa mère, il s’attachera à sa femme, et tous deux ne feront plus qu’un. Ce mystère est grand : je le dis en référence au Christ et à l’Église. 

ÉVANGILE
« Seigneur, à qui irions-nous ? Tu as les paroles de la vie éternelle » (Jn 6, 60-69)
Alléluia. Alléluia. Tes paroles, Seigneur, sont esprit et elles sont vie ; tu as les paroles de la vie éternelle. Alléluia. (cf. Jn 6, 63c.68c)

Évangile de Jésus Christ selon saint Jean

En ce temps-là, Jésus avait donné un enseignement dans la synagogue de Capharnaüm. Beaucoup de ses disciples, qui avaient entendu, déclarèrent : « Cette parole est rude ! Qui peut l’entendre ? » Jésus savait en lui-même que ses disciples récriminaient à son sujet. Il leur dit : « Cela vous scandalise ? Et quand vous verrez le Fils de l’homme monter là où il était auparavant !… C’est l’esprit qui fait vivre, la chair n’est capable de rien. Les paroles que je vous ai dites sont esprit et elles sont vie. Mais il y en a parmi vous qui ne croient pas. » Jésus savait en effet depuis le commencement quels étaient ceux qui ne croyaient pas, et qui était celui qui le livrerait. Il ajouta : « Voilà pourquoi je vous ai dit que personne ne peut venir à moi si cela ne lui est pas donné par le Père. »
 À partir de ce moment, beaucoup de ses disciples s’en retournèrent et cessèrent de l’accompagner. Alors Jésus dit aux Douze : « Voulez-vous partir, vous aussi ? » Simon-Pierre lui répondit : « Seigneur, à qui irions-nous ? Tu as les paroles de la vie éternelle. Quant à nous, nous croyons, et nous savons que tu es le Saint de Dieu. »
.Patrick Braud

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13 mars 2020

Macron, la crise, le coronavirus : quelques enjeux spirituels

Classé sous Communauté spirituelle — lhomeliedudimanche @ 17 h 23 min

Macron, la crise, le coronavirus : quelques enjeux spirituels

Hier soir (12/03/2020), le président Macron a prononcé une allocution solennelle suivie par plus de 25 millions de Français (un record).

Macron Coronavirus 120320Quand on fait un nuage de mots à partir du texte prononcé (cf. image ci-contre), on constate que c’est autant un discours sur l’Europe (18 fois) que sur le virus (17 fois), que l’enjeu central est la crise (10 fois) avec les mesures (12 fois) à prendre pour protéger (11 fois) la santé (12 fois) de tous, et continuer (10 fois) à vivre.

·      La référence constante à l’Europe montre à l’évidence que l’angle d’attaque était d’abord politique, ce qui après tout convient bien à la parole d’un président.

·      Le mot virus, évidemment incontournable, a quant à lui une connotation médicale, mais pas uniquement. En latin, virus signifie : suc, jus, poison. C’est une substance qui s’écoule insidieusement et qui peut compromettre la santé, autre mot-clé qui vient du latin sanus (sain) – sanitas (santé). Parler de virus implique donc que rode un danger sournois menaçant notre intégrité physique, qui nous empêche d’être sains. Impossible d’être un optimiste béat devant la nature lorsqu’on traque ces bêtes minuscules au microscope : la nature est pour une part hostile à l’homme. Nous l’avions oublié avec le progrès technique triomphant ou l’écologie mettant Gaïa avant l’homme. Ce monde nous est donné comme un lieu de combat contre la maladie et la mort. Nous n’y sommes les bienvenus qu’en restant sur nos gardes, notre intelligence en éveil pour déjouer les pièges de nos prédateurs petits et grands.

La pénibilité de l’existence nous revient soudain en pleine figure. Un récit de la Genèse évoque la peine qui traverse notre être-au-monde, depuis qu’Adam et Ève ont été symboliquement expulsés du jardin d’Éden (Gn 3, 23-24). Gagner son pain à la sueur de son front et accoucher dans la douleur sont deux figures bibliques que nous appellerions aujourd’hui fragilité et finitude de l’humanité. Comme la peste noire du XIV° siècle ou la grippe espagnole de 1918 avant lui, le coronavirus nous rappelle que nous sommes fragiles, mortels, vulnérables à ces poisons qui circulent entre nous à notre insu.

Il y a une dimension spirituelle à se souvenir de ce « fauve qui rôde, cherchant qui dévorer » (1P 5,8). Le virus est en ce sens une allégorie du péché – ce vieux mot que les économistes ou les politiques voudraient obsolète – capable de compromettre la santé spirituelle de chacun et de tous. Essayez d’effacer le péché de notre horizon nous condamne à le voir revenir plus fort encore, à l’image des sept démons dont parle Jésus (Mt 12, 43-45). La mobilisation générale antivirus nous redit l’importance et l’urgence du combat contre le péché, sans qu’il y ait aucun lien de causalité entre les deux, bien sûr. Vaincre le mal sous toutes ses formes est un enjeu de survie physique, morale et spirituelle.

·      D’ailleurs, l’usage des mots protéger et continuer par le Président de la République disent bien que persévérer dans l’être (comme dirait Heidegger) n’est pas automatique et ne se fera pas sans notre volonté, notre courage, notre intelligence.

Protéger sa santé pour continuer à vivre : voilà également un programme à tonalité très spirituelle ! Parce que nous minimisons les menaces qui pèsent sur notre vie spirituelle, nous nous exposons à être emportés très vite à tous les vents des modes qui nous éloignent de Dieu. Le Carême est là pour nous inviter à prendre des mesures, tout aussi drastiques que celle du gouvernement en période de pandémie, pour préserver et sanctuariser ce qui nous fait vivre : la Bible, les relations fraternelles, la faim et la soif de Dieu…

·      Un autre mot présidentiel résonne très fort dans la culture chrétienne : crise. On connaît les deux significations du mot en grec krisis : jugement, et discernement (tamis). Pour les Pères de l’Église, la croix du Christ est la crise révélant le cœur et les pensées, la droiture de chacun, avec des surprises comme le bon larron ou le centurion romain se rangeant du côté du crucifié, et au contraire Pilate et la foule hostiles. La crise du coronavirus sert de révélateur de l’envers de la mondialisation à marche forcée, de l’importance du sain, du local dans notre alimentation, et remet en cause les dogmes de Maastricht sur les 3 % du déficit budgétaire. Un moment de crise dévoile ainsi des ressorts cachés, des conséquences oubliées. En ce sens une crise est toujours spirituelle pour partie : elle permet de passer au tamis les croyances de son temps, de ne retenir que ce qui est bon et de laisser tomber ce qui paraît corrompu ou futile à la lumière des événements. Si la crise du coronavirus peut nous aider à changer nos habitudes de consommation, de déplacement, de production alors elle n’aura pas été inutile. La crise peut déclencher une conversion des mœurs, des habitudes, des pensées, et toute conversion a une dimension spirituelle.

·      Discerner avec sagesse ce qui est sain de ce qui ne l’est pas a bien quelque chose à voir avec la sagesse du roi Salomon, ou la capacité de discernement que donne l’Esprit de Dieu. Ce n’est pas seulement un acte économique ou logistique, c’est un choix, à la lumière de la crise, qui n’est pas sans rappeler le choix fondamental que Dieu met devant Israël : « j’ai mis devant toi la vie et la mort, la bénédiction et la malédiction. Choisis la vie, afin que tu vives, toi et ta postérité » (Dt 30,19). Choisir de délocaliser ou non des productions vitales, choisir de privilégier ou non des circuits courts, choisir ou non de voyager autrement, parler comme Emmanuel Macron de souveraineté, d’autres échanges, d’indépendance nationale : tous ces choix que nous évaluons à nouveau en pleine conscience grâce à la crise relèvent de notre désir de bonne santé pour l’homme, tout l’homme, tous les hommes (selon la belle expression de Paul VI).

« Le développement ne se réduit pas à la simple croissance économique. Pour être authentique, il doit être intégral, c’est-à-dire promouvoir tout homme et tout l’homme. Comme l’a fort justement souligné un éminent expert : « Nous n’acceptons pas de séparer l’économique de l’humain, le développement des civilisations où il s’inscrit. Ce qui compte pour nous, c’est l’homme, chaque homme, chaque groupement d’hommes, jusqu’à l’humanité tout entière ».
C’est un humanisme plénier qu’il faut promouvoir.
Qu’est-ce à dire, sinon le développement intégral de tout l’homme et de tous les hommes ?» (Popularum Progressio n° 14. 44.45, 1967).

·      Il manque un mot important dans le discours présidentiel. Un mot qui fait peur mais qui est pourtant à la une en Chine et en Italie depuis des semaines. C’est le mot confinement. On était habitué à l’utiliser pour le nucléaire,  car l’enceinte de confinement d’un réacteur nucléaire est le bâtiment étanche entourant complètement le réacteur. Ici, le confinement est une mesure spectaculaire qui oblige des millions de Chinois et d’Italiens à vivre dans quelques mètres carrés sans sortir ni voir d’autres personnes pendant 14 jours au moins. Confinement vient du latin cum = avec et finis = limites (confins), ce qui signifie « à l’intérieur des limites connues », au sein des frontières. Vivre aux confins du monde connu était autrefois ce qui a donné son nom au Finistère (la terre de la fin)… Être confiné dans son logement, c’est redécouvrir qu’il y a des frontières salutaires, des solitudes nécessaire, des barrières à ne pas franchir. Parce que le confinement est difficile à supporter, il nous fait ressentir en creux combien nous sommes faits pour l’échange, la relation, le dialogue en face-à-face réel. Parce que le confinement est salutaire, il nous ramène également à l’intériorité, à la capacité d’habiter nos solitudes, à accepter nos limites, nos frontières, notre finitude. Si le confinement devient une purge des toxines d’une mondialisation débridée, s’il limite notre surconsommation de tout, alors un autre capitalisme pourra peut-être voir le jour après la crise. On pense au jeûne du Carême, salutaire pour la vie spirituelle. On pense aux retraites dans le cloître d’un monastère : se restreindre volontairement quelques jours permet de retrouver entre ses murs une respiration et une liberté intérieure sans égales. Le confinement dans un cluster ou un pays entier demande à chacun, chaque famille, chaque ville ou région non de se replier sur soi mais de retrouver la joie de vivre avec soi-même sans tout demander aux autres, sans s’épuiser à accumuler des choses, sans se disperser en mille soi-disant relations, en vérité très futiles, superficielles et légères…
« Il faut cultiver notre jardin », écrivait Voltaire.
Et Blaise Pascal diagnostiquait avec finesse : « Tout le malheur des hommes vient d’une seule chose, qui est de ne savoir pas demeurer en repos, dans une chambre. »


Si la quarantaine peut nous tourner vers notre jardin intérieur, pourquoi ne pas l’accueillir avec joie ?

·      Crise, virus, santé, protéger, continuer, confiner : ces mots de la période actuelle peuvent – malgré les souffrances et les morts des victimes du coronavirus – réveiller notre soif d’être au monde autrement que comme consommateurs et prédateurs. Et cela, c’est un combat authentiquement spirituel…

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16 octobre 2017

Résistez à la dictature du format court !

Classé sous Communauté spirituelle — lhomeliedudimanche @ 0 h 01 min

Résistez à la dictature du format court !


Homélie du 29° Dimanche ordinaire / Année A

22/10/2017

Cf. également :

Refusez la pression fiscale !

« Tous pourris » ?

Le but est déjà dans le chemin

Le chien retourne toujours à son vomi


bird, communication, logo, network, tweet, twitter iconDepuis son élection, Donald Trump affole le monde avec ses tweets à l’emporte-pièce. Des petites phrases du président Macron alimentent elles aussi les controverses en France. En entreprise, on vous dit de ne pas écrire plus d’un A4 pour être lu si vous devez faire une note, ou de synthétiser votre étude en une slide pour le lecteur pressé. Dans une interview politique, le ou la journaliste coupe la parole sans cesse après 15 secondes, et demande régulièrement à son interlocuteur : ‘êtes-vous pour ou contre… ?’ ; ‘il vous reste 30 secondes pour exprimer votre point de vue’ etc. Ajouter à cela les SMS, rendus abscons et cryptés à force d’être raccourcis, et vous comprendrez ce que représente l’impératif caché de notre temps : faire court.

Le piège dans lequel on veut faire tomber Jésus dans l’évangile de ce dimanche (Mt 22, 15-21) est Résistez à la dictature du format court ! dans Communauté spirituelle massa_meriba_2exactement le même : « oui ou non, est-il permis de payer l’impôt à l’empereur ? » Les mâchoires du piège sont faciles à deviner : réponds oui et nous te dénoncerons à la foule comme collaborateur de l’occupant romain ; réponds non et nous te dénoncerons à César comme séditieux et rebelle. Le formalisme du piège mérite d’être clairement exposé, car c’est cela qui lui donne toute sa force. Les opposants veulent ici enfermer Jésus dans la dictature du format court que nous voyons à l’œuvre tout autour de nous. Comme quoi, malgré les réseaux sociaux et l’informatique et Internet, « il n’y a rien de nouveau sous le soleil » (Qo 1,9)… Jésus d’ailleurs a dû se souvenir d’un passage de l’Exode où le peuple tend ce piège à Dieu en le provoquant à faire jaillir de l’eau en plein désert : « Moïse donna à ce lieu le nom de Massa et Meriba (querelle et épreuve), parce que les Israélites cherchèrent querelle et parce qu’ils mirent Yahvé à l’épreuve en disant: ‘Yahvé est-il au milieu de nous, ou non ?’ » (Ex 17,7). Cette défiance du peuple provoquant son Dieu, réclamant une réponse immédiate et tranchée (« oui ou non ») est tellement suicidaire que Dieu les obligera à cheminer pendant 40 ans dans le désert pour apprendre ce que marcher avec Lui signifie…

Bien souvent, lorsque que nous voulons témoigner du Christ, ou lorsqu’on nous demande de « rendre compte de l’espérance qui est en nous » (1P 3,16), on nous enferme plus ou moins volontairement dans cette soi-disant obligation du format court : ‘oui ou non le Christ est-il ressuscité ?’ ‘Es-tu pour ou contre l’avortement ?’ ‘Crois-tu en Dieu oui ou non ?’ Etc.

Oui Non — photo de stock

Avec sagesse et habileté, Jésus refuse d’endosser cette caricature de débat. On lui demande de faire court : montrezmoilamonnaiedelimpt dictature dans Communauté spirituelleil va faire autrement. Au raisonnement binaire, il va substituer un raisonnement symbolique (« va chercher une pièce de monnaie »). À l’alternative oui/non, bien/mal, noir/blanc qui correspond si bien à notre ère digitale faite de 0 et de 1, Jésus va répondre par une logique d’interrogation : « de qui est l’effigie et l’inscription sur la pièce de monnaie ? » Plutôt que d’asséner sa réponse pour l’imposer à l’autre, Jésus amène son contradicteur à réfléchir avec lui, à s’interroger et à trouver par lui-même sa propre solution. Même sa conclusion n’est pas une réponse au sens de la case à cocher d’un QCM (questionnaire à choix multiples) : « rendez à César ce qui est à César, et à Dieu ce qui est à Dieu ». Cette pirouette finale a pour but de ne pas clore le chemin parcouru. Elle est suffisamment énigmatique pour continuer à faire réfléchir, à interroger. D’ailleurs, tout au long des siècles, cette célébrissime maxime a été interprétée de bien des manières : théorie des deux glaives (spirituel et temporel) en Occident, théorie de la symphonie des pouvoirs en Orient (cf. l’aigle russe bicéphale), ou plus récemment théorie de la laïcité d’inspiration chrétienne, cette non-réponse n’en finit pas de susciter bien des pratiques différentes !

Elle est sans doute destinée à cela. Ne pas figer la vérité, obliger à la repenser à chaque fois, à chaque époque, pour chacun… : la sagesse évangélique n’a rien d’une dictature, elle est beaucoup plus une pédagogie du cheminement.

 

Alors, prions l’Esprit du Christ pour qu’il nous donne d’entrer en résistance contre la dictature du format court !

La madeleine de Proust ne peut se décrire en 140 caractères.
Les SMS ne remplaceront jamais de vraies lettres d’amitié ou d’amour, forcément plus longues.
L’œuvre de Joseph Schumpeter ou de Karl Popper ne peut se résumer en une slide.
Une citation de Baudelaire ne suffit pas pour goûter Baudelaire…
41J87S9Y81L._SX316_BO1,204,203,200_ Jésus
Celui qui n’a pas pendant des heures cultivé le dur labeur d’entrer dans une pensée volumineuse, subtile, complexe, risque fort de réduire sa propre pensée à des mots d’ordre simplistes et dangereux.
Il y a bien quelques formats courts dans la Bible : pensez au livre des Proverbes, à quelques psaumes, à quelques versets lapidaires. Mais ils ne sont jamais à séparer du reste. Mâcher et ruminer l’Écriture dans son entièreté est l’affaire d’une vie de croyant, de chercheur de Dieu.

La prochaine fois que vous sentirez les mâchoires du piège se refermer sur vous : « oui ou non, est-il permis de… ? », pensez à l’impôt dû à César et à l’habile contre-pied du Christ. Par le symbolique (la pièce de monnaie), l’interrogation (de qui sont l’image et le texte ?) et la pédagogie du cheminement, résistez à la dictature du format court que des gens trop pressés voudraient vous imposer.

 

 

LECTURES DE LA MESSE

Première lecture
« J’ai pris Cyrus par la main pour lui soumettre les nations » (Is 45, 1.4-6)
Lecture du livre du prophète Isaïe
Ainsi parle le Seigneur à son messie, à Cyrus, qu’il a pris par la main pour lui soumettre les nations et désarmer les rois, pour lui ouvrir les portes à deux battants, car aucune porte ne restera fermée : « À cause de mon serviteur Jacob, d’Israël mon élu, je t’ai appelé par ton nom, je t’ai donné un titre, alors que tu ne me connaissais pas. Je suis le Seigneur, il n’en est pas d’autre : hors moi, pas de Dieu. Je t’ai rendu puissant, alors que tu ne me connaissais pas, pour que l’on sache, de l’orient à l’occident, qu’il n’y a rien en dehors de moi. Je suis le Seigneur, il n’en est pas d’autre. »

Psaume
(Ps 95 (96), 1.3, 4-5, 7-8, 9-10ac)
R/ Rendez au Seigneur la gloire et la puissance. (Ps 95, 7b)

Chantez au Seigneur un chant nouveau,
chantez au Seigneur, terre entière,
racontez à tous les peuples sa gloire,
à toutes les nations ses merveilles !

Il est grand, le Seigneur, hautement loué,
redoutable au-dessus de tous les dieux :
néant, tous les dieux des nations !
Lui, le Seigneur, a fait les cieux.

Rendez au Seigneur, familles des peuples,
rendez au Seigneur la gloire et la puissance,
rendez au Seigneur la gloire de son nom.
Apportez votre offrande, entrez dans ses parvis.

Adorez le Seigneur, éblouissant de sainteté :
tremblez devant lui, terre entière.
Allez dire aux nations : « Le Seigneur est roi ! »
Il gouverne les peuples avec droiture.

Deuxième lecture
« Nous nous souvenons de votre foi, de votre charité, de votre espérance » (1 Th 1, 1-5b)
Lecture de la première lettre de saint Paul apôtre aux Thessaloniciens

Paul, Silvain et Timothée, à l’Église de Thessalonique qui est en Dieu le Père et dans le Seigneur Jésus Christ. À vous, la grâce et la paix. À tout moment, nous rendons grâce à Dieu au sujet de vous tous, en faisant mémoire de vous dans nos prières. Sans cesse, nous nous souvenons que votre foi est active, que votre charité se donne de la peine, que votre espérance tient bon en notre Seigneur Jésus Christ, en présence de Dieu notre Père. Nous le savons, frères bien-aimés de Dieu, vous avez été choisis par lui. En effet, notre annonce de l’Évangile n’a pas été, chez vous, simple parole, mais puissance, action de l’Esprit Saint, pleine certitude.

Évangile
« Rendez à César ce qui est à César, et à Dieu ce qui est à Dieu » (Mt 22, 15-21)
Alléluia. Alléluia. Vous brillez comme des astres dans l’univers en tenant ferme la parole de vie.
Alléluia. (Ph 2, 15d.16a)

Évangile de Jésus Christ selon saint Matthieu

 En ce temps-là, les pharisiens allèrent tenir conseil pour prendre Jésus au piège en le faisant parler. Ils lui envoient leurs disciples, accompagnés des partisans d’Hérode : « Maître, lui disent-ils, nous le savons : tu es toujours vrai et tu enseignes le chemin de Dieu en vérité ; tu ne te laisses influencer par personne, car ce n’est pas selon l’apparence que tu considères les gens. Alors, donne-nous ton avis : Est-il permis, oui ou non, de payer l’impôt à César, l’empereur ? » Connaissant leur perversité, Jésus dit : « Hypocrites ! pourquoi voulez-vous me mettre à l’épreuve ? Montrez-moi la monnaie de l’impôt. » Ils lui présentèrent une pièce d’un denier. Il leur dit : « Cette effigie et cette inscription, de qui sont-elles ? » Ils répondirent : « De César. » Alors il leur dit : « Rendez donc à César ce qui est à César, et à Dieu ce qui est à Dieu. »
Patrick Braud

 

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