L'homélie du dimanche (prochain)

13 avril 2013

Le devoir de désobéissance civile

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Le devoir de désobéissance civile

Homélie du 3° Dimanche de Pâques / Année C
14/04/2103

La première lecture de ce Dimanche nous remet en mémoire la désobéissance civile qui a présidé à la prédication de l’Église dès sa naissance.

Les apôtres en effet sont traînés devant le grand conseil juif, tribunal religieux de l’époque, quasi-précurseur des tribunaux islamiques actuels, et on leur reproche de « parler au nom de Jésus ». Plutôt que de faire profil bas pour ne pas avoir d’ennui, les apôtres persévèrent dans leur refus d’obéir à cette injonction du tribunal, quitte à risquer plus grave encore que les coups de fouet dont pourtant on les a gratifié !

C’est donc qu’au-dessus des lois, il y a la conscience.

Au-dessus des lois de l’Israël politiquement occupé par les romains, au-dessus de lois de Le devoir de désobéissance civile dans Communauté spirituelle quand_desobeir_devient_un_devoirl’empire romain, puis des monarchies et empires de toutes sortes, au-dessus des lois de la République quelle qu’elle soit, il y a la fameuse objection de conscience dont les premières générations de chrétiens se sont prévalu pendant trois siècles.

Adorer l’empereur et lui rendre un culte ? Plutôt mourir dans l’arène avec les lions.

Les martyrs chrétiens des trois premiers siècles et d’aujourd’hui suivent en cela la voie tracée par leurs frères juifs lors des persécutions de tout bord. Par exemple, lorsque le roi perse veut leur faire manger du porc, ils préfèrent être fouettés eux aussi, et suppliciés ? qui plus est devant leur mère ? plutôt que de renier la foi de leur pères (2 Macchabées 7).

La source de la liberté des juifs et des chrétiens s’enracine dans leur conviction non-violente qu’ « il faut obéir à Dieu plutôt qu’aux hommes », selon la parole de Pierre uni aux apôtres (Ac 5,29).

 

Pour être rigoureux, il faut en même temps observer que Paul appelle à un respect des autorités civiles, essentiellement pour ne pas aggraver le cas des chrétiens persécutés depuis le début : « toute autorité vient de Dieu », écrit-il en Rm 13. Mais justement, l’exercice de ce pouvoir qui a été confié par Dieu à l’homme pour qu’il gère la cité de façon autonome peut dégénérer en tyrannie injustifiable.

En fait, tout au long des siècles, l’Église va osciller entre la sacralisation du pouvoir (à qui il faut obéir, parce qu’il « vient de Dieu ») et la contestation du pouvoir (lorsqu’il devient inique). Les martyrs ne diront pas autre chose : ils prient pour l’empereur, mais refusent de sacrifier aux idoles.

 

Rappelez-vous : pendant 3 siècles, nous avons désobéi !

Désobéi aux autorités juives de Jérusalem, qui interdisaient de prêcher la résurrection de Jésus.

Désobéi à l’empereur romain, qui voulait obliger à lui rendre un culte comme à un dieu.

Pendant 300 ans, nous avons été persécutés à cause de notre résistance spirituelle.

Nous osions contester l’inhumanité romaine.

Les martyrs préféraient mourir dans les jeux du cirque, être mis en prison, dénoncés, plutôt que de renier leur foi.

C’est d’ailleurs une des grandes différences historiques avec l’islam : aux premiers siècles de son expansion (7°-8° siècles), l’islam s’est répandu à la pointe du sabre de Mohamed et des ses tribus.

Les premiers musulmans étaient du côté des vainqueurs militaires.

Les premiers chrétiens étaient du côté des vaincus de l’histoire, des résistants qu’on élimine. Mais « le sang des martyrs est semence de chrétiens » (Tertullien), et 3 siècles de persécutions ont fait naître un christianisme où la figure du martyr contestant l’ordre établi était centrale.

Le principe d’objection de conscience (par exemple pour des médecins catholiques ne souhaitant pas pratiquer d’IVG) pour les chrétiens vient de cette époque où perdre la vie valait mieux que se soumettre à des lois injustes.

St Thomas d’Aquin, dans la droite ligne des Pères de l’Église, avait théorisé ce devoir de désobéissance en dénonçant les lois injustes, et en appelant les chrétiens à y résister ;

 

Somme Théologique, I-II Qu.96 a. 4 : Mais les lois peuvent être injustes de deux façons. D’abord par leur opposition au bien commun en s’opposant à ce qu’on vient d’énumérer, ou bien par leur fin, ainsi quand un chef impose à ses sujets des lois onéreuses qui ne concourent pas à l’utilité commune, mais plutôt à sa propre cupidité ou à sa propre gloire ; soit du fait de leur auteur, qui porte par exemple une loi en outrepassant le pouvoir qui lui a été confié ; soit encore en raison de leur forme, par exemple lorsque les charges sont réparties inégalement dans la communauté, même si elles sont ordonnées au bien commun. Des lois de cette sorte sont plutôt des violences que des lois, parce que « une loi qui ne serait pas juste ne paraît pas être une loi », dit S. Augustin. Aussi de telles lois n’obligent-elles pas en conscience, sinon peut-être pour éviter le scandale et le désordre; car pour y parvenir on est tenu même à céder son droit, selon ces paroles en S. Matthieu (Mt 6,40) : « Si quelqu’un te réquisitionne pour faire mille pas, accompagne-le encore deux mille pas; et si quelqu’un te prend ta tunique, donne-lui aussi ton manteau. »

 Les lois peuvent être injustes d’une autre manière : par leur opposition au bien divin ; telles sont les lois tyranniques qui poussent à l’idolâtrie ou à toute autre conduite opposée à la loi divine. Il n’est jamais permis d’observer de telles lois car, « il vaut mieux obéir à Dieu qu’aux hommes » (Ac 5,29).

D’ailleurs, la désobéissance au nom d’une autorité plus haute s’applique même au sein de l’Église !

Somme Théologique, II-II Qu.33 a. 7 : On ne doit pas obéir à un supérieur contre un précepte divin, selon cette parole des Actes (Ac 5,29) : « Il faut obéir à Dieu plutôt qu’aux hommes ».

Ce principe de désobéissance civile est formellement reconnu dans le catéchisme de l’Église catholique :

Catéchisme de l’Église catholique n° 2242 : « Le citoyen est obligé en conscience de ne pas suivre les prescriptions des autorités civiles quand ces préceptes sont contraires aux exigences de l’ordre moral, aux droits fondamentaux des personnes ou aux enseignements de l’Évangile. Le refus d’obéissance aux autorités civiles, lorsque leurs exigences sont contraires à celles de la conscience droite, trouve sa justification dans la distinction entre le service de Dieu et le service de la communauté politique. « Rendez à César ce qui appartient à César, et à Dieu ce qui appartient à Dieu » (Mt 22,21). « Il faut obéir à Dieu plutôt qu’aux hommes » (Ac 5,29) ».

Cette contestation religieuse du politique est par essence non-violente (à la différence rappelons-le de la lutte armée que mena Mohammed contre les tribus idolâtres de l’Arabie). Les martyrs chrétiens ne veulent pas supprimer leurs adversaires, ni les forcer à changer. Non : ils témoignent (c’est le sens du mot martyr en grec) simplement qu’il existe une autre autorité plus haute que celle des lois humaines. Il sont prêts à se faire tuer (et non pas à tuer) pour attester de cette hiérarchie des valeurs.

Dans certains cas exceptionnels, cette désobéissance civile peut cependant aller jusqu’à prendre les armes s’il le faut, mais sous des conditions très strictes (essentiellement la légitime défense des plus faibles) :

Catéchisme n° 2243 : « La résistance à l’oppression du pouvoir politique ne recourra pas légitimement aux armes, sauf si se trouvent réunis les conditions suivantes:

(1) en cas de violations certaines, graves et prolongées des droits fondamentaux;

(2) après avoir épuisé tous les autres recours;

(3) sans provoquer des désordres pires;

(4) qu’il y ait un espoir fondé de réussite;

(5) s’il est impossible de prévoir raisonnablement des solutions meilleures. »

Devant des pouvoirs totalitaires par exemple, la simple protestation ne suffit pas. Devant les lois iniques d’Hitler ou de Staline, la lutte armée est le dernier recours, mais recours justifié.

Jean-Paul savait d’expérience combien un état totalitaire peut se servir de l’appareil législatif et administratif pour humilier et opprimer le peuple. Il écrivait  en 1991 :

Patrick Braud

Centesimus annus n° 45 : La culture et la pratique du totalitarisme comportent aussi la négation de l’Église.

L’État totalitaire, d’autre part, tend à absorber la nation, la société, la famille, les communautés religieuses et les personnes elles-mêmes. En défendant sa liberté, l’Église défend la personne, qui doit obéir à Dieu plutôt qu’aux hommes (cf. Ac 5,29), la famille, les différentes organisations sociales et les nations, réalités qui jouissent toutes d’un domaine propre d’autonomie et de souveraineté.La citation d’Ac 5,29 est devenue au fil du temps la référence obligée pour toute théologique politique affirmant la liberté de l’Église dans sa mission et dans l’exercice de la liberté personnelle de chacun. L’État, ou le parti, qui considère qu’il peut réaliser dans l’histoire le bien absolu et qui se met lui-même au-dessus de toutes les valeurs, ne peut tolérer que l’on défende un critère objectif du bien et du mal qui soit différent de la volonté des gouvernants et qui, dans certaines circonstances, puisse servir à porter un jugement sur leur comportement. Cela explique pourquoi le totalitarisme cherche à détruire l’Église ou du moins à l’assujettir, en en faisant un instrument de son propre système idéologique.

Le Concile Vatican II a rappelé que le choix des martyrs (désobéir quitte à mourir plutôt que de renier sa foi) était encore celui d’innombrables chrétiens au XX° siècle :

Dignitatis Humanae n°11 (1965) : Comme leur Maître, les apôtres reconnurent, eux aussi, l’autorité civile légitime : « Que chacun se soumette aux autorités en charge … Celui qui résiste à l’autorité se rebelle contre l’ordre établi par Dieu » Rm 13,1-2.
Mais, en même temps, ils ne craignent pas de s’opposer au pouvoir public qui s’opposait lui-même à la sainte volonté de Dieu : « Il faut obéir à Dieu plutôt qu’aux hommes » Ac 5,29. Cette voie, d’innombrables martyrs et fidèles l’ont suivie en tous temps et en tous lieux.

Après Vatican II, Jean-Paul II puis Benoît XVI ont maintes fois réaffirmé ce principe moral :

1993 Veritatis Splendor n° 76 : C’est justement l’honneur des chrétiens d’obéir à Dieu plutôt qu’aux hommes Ac 4,19; Ac 5,29 et, pour cela, d’accepter même le martyre, comme l’ont fait des saints et des saintes de l’Ancien et du Nouveau Testament, reconnus tels pour avoir donné leur vie plutôt que d’accomplir tel ou tel geste particulier contraire à la foi ou à la vertu.

 

1990 Redemptoris Missio n° 85 : D’autre part, les jeunes Églises ressentent le problème de leur identité, de l’inculturation, de la liberté de croître en dehors de toute influence extérieure, avec comme conséquence possible de fermer la porte aux missionnaires. À ces Églises, je dis : loin de vous isoler, accueillez volontiers les missionnaires et l’aide des autres Églises, et envoyez-en vous-mêmes dans le monde ! C’est précisément en raison des problèmes qui vous préoccupent que vous avez besoin de rester en relations constantes avec vos frères et soeurs dans la foi. Par tout moyen légitime, faites valoir les libertés auxquelles vous avez droit, en vous souvenant que les disciples du Christ ont le devoir d’ « obéir à Dieu plutôt qu’aux hommes » (Ac 5,29).

 

1995 Evangelium Vitae n° 73 : L’avortement et l’euthanasie sont donc des crimes qu’aucune loi humaine ne peut prétendre légitimer. Des lois de cette nature, non seulement ne créent aucune obligation pour la conscience, mais elles entraînent une obligation grave et précise de s’y opposer par l’objection de conscience. Dès les origines de Église, la prédication apostolique a enseigné aux chrétiens le devoir d’obéir aux pouvoirs publics légitimement constitués Rm 13,1-7; 1P 2,13-14, mais elle a donné en même temps le ferme avertissement qu’ « il faut obéir à Dieu plutôt qu’aux hommes » Ac 5,29.

Et le Catéchisme de l’Église catholique avait repris :

Catéchisme n° 450 : Dès le commencement de l’histoire chrétienne, l’affirmation de la seigneurie de Jésus sur le monde et sur l’histoire (cf. Ap 11,15) signifie aussi la reconnaissance que l’homme ne doit soumettre sa liberté personnelle, de façon absolue, à aucun pouvoir terrestre, mais seulement à Dieu le Père et au Seigneur Jésus-Christ : César n’est pas « le Seigneur » (cf. Mc 12,17; Ac 5,29).

 

Catéchisme n° 2256 : Le citoyen est obligé en conscience de ne pas suivre les prescriptions des autorités civiles quand ces préceptes sont contraires aux exigences de l’ordre moral. « Il faut obéir à Dieu plutôt qu’aux hommes » (Ac 5,29).

Les premiers chrétiens ne criaient pas : « Indignez-vous ! »
Ils affirmaient tranquillement et avec force : « il faut obéir à Dieu plutôt qu’aux hommes » (Ac 5,29).
Et ils étaient même « tout joyeux d’avoir été jugés dignes de subir des humiliations pour le nom de Jésus »? (Ac 5,41)

Ne faudrait-il pas retrouver en Europe (car les chrétiens persécutés dans les autres continents ne le savent hélas que trop),  le courage de cette résistance spirituelle ?

 

 

1ère lecture : Les Apôtres persécutés à Jérusalem (Ac 5, 27b-32.40b-41)

Lecture du livre des Actes des Apôtres

Les Apôtres comparaissaient devant le grand conseil ; le grand prêtre les interrogea : « Nous vous avions formellement interdit d’enseigner le nom de cet homme-là, et voilà que vous remplissez Jérusalem de votre enseignement. Voulez-vous donc faire retomber sur nous le sang de cet homme ? »
Pierre, avec les Apôtres, répondit alors : « Il faut obéir à Dieu plutôt qu’aux hommes.
Le Dieu de nos pères a ressuscité Jésus, que vous aviez exécuté en le pendant au bois du supplice. C’est lui que Dieu, par sa puissance, a élevé en faisant de lui le Chef, le Sauveur, pour apporter à Israël la conversion et le pardon des péchés. Quant à nous, nous sommes les témoins de tout cela, avec l’Esprit Saint, que Dieu a donné à ceux qui lui obéissent. »
On interdit alors aux Apôtres, après les avoir fouettés, de parler au nom de Jésus, puis on les relâcha. Mais eux, en sortant du grand conseil, repartaient tout joyeux d’avoir été jugés dignes de subir des humiliations pour le nom de Jésus.

Psaume : Ps 29, 3-4, 5-6ab, 6cd.12, 13

R/ Je t’exalte, Seigneur, toi qui me relèves.

Quand j’ai crié vers toi, Seigneur,
mon Dieu, tu m’as guéri ;
Seigneur, tu m’as fait remonter de l’abîme
et revivre quand je descendais à la fosse.

Fêtez le Seigneur, vous, ses fidèles, 
rendez grâce en rappelant son nom très saint.
Sa colère ne dure qu’un instant,
sa bonté toute la vie.

Avec le soir viennent les larmes,
mais au matin, les cris de joie !
Tu as changé mon deuil en une danse,
mes habits funèbres en parure de joie !

Que mon c?ur ne se taise pas,
qu’il soit en fête pour toi ;
et que sans fin, Seigneur, mon Dieu,
je te rende grâce !

2ème lecture : Gloire à l’Agneau immolé ! (Ap 5, 11-14)

Lecture de l’Apocalypse de saint Jean

Moi, Jean, dans ma vision, j’ai entendu la voix d’une multitude d’anges qui entouraient le Trône, les Vivants et les Anciens : ils étaient des millions, des centaines de millions.
Ils criaient à pleine voix : « Lui, l’Agneau immolé, il est digne de recevoir puissance et richesse, sagesse et force, honneur, gloire et bénédiction. »
Et j’entendis l’acclamation de toutes les créatures au ciel, sur terre, sous terre et sur mer ; tous les êtres qui s’y trouvent proclamaient : « À celui qui siège sur le Trône, et à l’Agneau, bénédiction, honneur, gloire et dominationpour les siècles des siècles. »
Et les quatre Vivants disaient : « Amen ! » et les Anciens se prosternèrent pour adorer.

Evangile : Apparition au bord du lac : la pèche miraculeuse (brève : 1-14) (Jn 21, 1-19)

Acclamation : Alléluia. Alléluia. Le Christ est ressuscité, le Créateur de l’univers, le Sauveur des hommes. Alléluia.

Évangile de Jésus Christ selon saint Jean

Jésus se manifesta encore aux disciples sur le bord du lac de Tibériade, et voici comment.
Il y avait là Simon-Pierre, avec Thomas (dont le nom signifie : Jumeau), Nathanaël, de Cana en Galilée, les fils de Zébédée, et deux autres disciples. Simon-Pierre leur dit : « Je m’en vais à la pêche. » Ils lui répondent : « Nous allons avec toi. » Ils partirent et montèrent dans la barque ; or, ils passèrent la nuit sans rien prendre.
Au lever du jour, Jésus était là, sur le rivage, mais les disciples ne savaient pas que c’était lui. Jésus les appelle : « Les enfants, auriez-vous un peu de poisson ? » Ils lui répondent : « Non. » Il leur dit : « Jetez le filet à droite de la barque, et vous trouverez. » Ils jetèrent donc le filet, et cette fois ils n’arrivaient pas à le ramener, tellement il y avait de poisson. Alors, le disciple que Jésus aimait dit à Pierre : « C’est le Seigneur ! » Quand Simon-Pierre l’entendit déclarer que c’était le Seigneur, il passa un vêtement, car il n’avait rien sur lui, et il se jeta à l’eau. Les autres disciples arrivent en barque, tirant le filet plein de poissons ; la terre n’était qu’à une centaine de mètres.
En débarquant sur le rivage, ils voient un feu de braise avec du poisson posé dessus, et du pain. Jésus leur dit : « Apportez donc de ce poisson que vous venez de prendre. » Simon-Pierre monta dans la barque et amena jusqu’à terre le filet plein de gros poissons : il y en avait cent cinquante-trois. Et, malgré cette quantité, le filet ne s’était pas déchiré.
Jésus dit alors : « Venez déjeuner. » Aucun des disciples n’osait lui demander : « Qui es-tu ? » Ils savaient que c’était le Seigneur. Jésus s’approche, prend le pain et le leur donne, ainsi que le poisson.
C’était la troisième fois que Jésus ressuscité d’entre les morts se manifestait à ses disciples.
Quand ils eurent déjeuné, Jésus dit à Simon-Pierre : « Simon, fils de Jean, m’aimes-tu plus que ceux-ci ? » Il lui répond : « Oui, Seigneur, je t’aime, tu le sais. » Jésus lui dit : « Sois le berger de mes agneaux. »
Il lui dit une deuxième fois : « Simon, fils de Jean, m’aimes-tu ? » Il lui répond : « Oui, Seigneur, je t’aime, tu le sais. » Jésus lui dit : « Sois le pasteur de mes brebis. »
Il lui dit, pour la troisième fois : « Simon, fils de Jean, est-ce que tu m’aimes ? » Pierre fut peiné parce que, pour la troisième fois, il lui demandait : « Est-ce que tu m’aimes ? » et il répondit : « Seigneur, tu sais tout : tu sais bien que je t’aime. » Jésus lui dit : « Sois le berger de mes brebis. Amen, amen, je te le dis : quand tu étais jeune, tu mettais ta ceinture toi-même pour aller là où tu voulais ; quand tu seras vieux, tu étendras les mains, et c’est un autre qui te mettra ta ceinture, pour t’emmener là où tu ne voudrais pas aller. »
Jésus disait cela pour signifier par quel genre de mort Pierre rendrait gloire à Dieu. Puis il lui dit encore : « Suis-moi. »
Patrick Braud

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10 mars 2012

Une Loi, deux tables, 10 paroles

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Une Loi, deux tables, 10 paroles

 

Homélie du 3° Dimanche de Carême  11/03/2012

 

Une Loi, deux tables, 10 paroles dans Communauté spirituelle tables-lois-synagogue-tournelles

Tout le monde connaît les 10 commandements. Le peuple juif préfère les appeler les 10 paroles, justement parce que la première de ces paroles n’est pas un comman

dement, mais un acte de mémoire : « Je suis le Seigneur ton Dieu, qui t’ait fait sortir du pays d’Égypte… ». La tradition juive a classé ces 10 paroles en deux groupes de 5 : les fameuses deux tables de la Loi. On peut ainsi les mettre en parallèle de manière à visualiser les liens qui existent entre les cinq premières paroles qui concernent essentiellement Dieu (sauf la parole sur l’honneur dû aux parents, mais elle fait justement la jonction entre le Dieu Père et les parents humains) et les cinq dernières paroles qui concernent les relations entre les hommes.

  

Dans chaque synagogue (juive) ou temple (protestant), les deux tables de la Loi sont ainsi représentées (vitrail, sculpture, inscription…).

 

Chaque parole sur Dieu éclaire la parole correspondante sur l’homme et réciproquement.

Essayons de parcourir ces liens.

 

1. Je suis le Seigneur ton Dieu,
qui t’ai fait sortir du pays d’Égypte

6. Tu ne tueras pas

2. Tu n’auras pas d’autre Dieu que moi

7. Tu ne commettras pas d’adultère

3. Tu n’invoqueras pas le nom du Seigneur ton Dieu pour le mal

8. Tu ne voleras pas.

4. Tu feras du shabbat un mémorial

9. Tu ne feras pas de faux témoignage

5. Honore ton père et ta mère

10. Tu ne convoiteras pas

 

 

 

 

 

 

 

1 & 6

Mémoire de l’Exode á Interdit du meurtre

Oublier l’Égypte, c’est s’exposer au meurtre.

Si Israël ne fait pas mémoire de l’Exode, il finira par maltraiter ses immigrés, ses étrangers. Indirectement également, si j’oublie combien Dieu m’a libéré, je le ferai payer  cher aux autres.

La perte de mémoire de notre histoire avec Dieu conduit à la violence entre les hommes.

 

2 & 7

Idolâtrie á Adultère

L’idolâtrie est un véritable adultère. Idolâtrie de l’argent, du pouvoir, du savoir? : toutes les formes d’adoration où le culte du vrai Dieu est oublié.

Tromper Dieu avec des idoles ou tromper son conjoint, ses amis : ces infidélités se nourrissent l’une l’autre.

 

Décalogue 2 tables3 8

Instrumentalisation de Dieu á Vol

Utiliser le nom de Dieu pour le mal est un vol, et même la source de tout vol. L’homme qui dérobe à Dieu sa vérité hésitera pas à dérober à son prochain ce qu’il appartient.

 

4 & 9

Shabbat á Témoignage

Ne pas célébrer le shabbat est un faux témoignage porté à la face du monde. Si Israël ne célèbre plus le septième jour, il n’est plus le témoin du Dieu unique devant les nations.

 

5 & 10

Honneur des parents á Convoitise

Ne pas honorer ses parents engendre la convoitise. En effet, dès lors qu’on n’est plus dans l’héritage (accepter de recevoir ce qui est donné des parents, le meilleur comme le pire) on se met en situation d’appropriation (désirer prendre le bien d’autrui).

 

Parcourir également ces liens en sens inverse donne à penser :

 

6 1

Interdit du meurtre á Mémoire de l’Exode

Commettre un meurtre, c’est nier l’Exode. Car le véritable esclavage est bien celui qui refuse à l’autre le droit d’être lui-même.

 

7 & 2

Adultère á Idolâtrie

Commettre un adultère, c’est en fait considérer le plaisir ou l’épanouissement individuel comme beaucoup plus important que l’alliance. L’idolâtrie puise sa source ici : préférer un petit dieu à son image, à la taille de son envie, plutôt que l’alliance avec sa traversée du désert et ses moments arides.

 

8 3

Vol á Instrumentalisation de Dieu

Le lien est plus subtil : entre le vol et l’usage du nom de Dieu pour le mal, il y a pourtant cette habitude qui s’installe de justifier ses appétits par les meilleures raisons du monde. On voit des puissants légitimer leur fortune par l’ordre ou la justice.

On entend des fanatiques voler des vies au nom de Dieu.

On constate que les inégalités s’accumulent au nom de soi-disant ?lois d’airain’ incontestables, quasi divines.

La liste est longue où l’on utilise la sacralisation pour en fait voler l’autre.

 

9 & 4

Témoignage á Shabbat

Témoigner contre son prochain à tort, c’est profaner le shabbat, car la création ne peut se reposer tant que les mensonges destructeurs d’autrui compromettent la fraternité entre tous (parents, fils, filles, serviteurs, bêtes).

 

10 & 5

Convoitise á Honneur des parents

Convoiter le bien d’autrui finit toujours par engendrer le mépris de ses propres parents. On envie leur réussite, on ne voit plus en eux des racines mais des fruits à prendre. On en vient tel le fils prodigue à lorgner sur l’héritage.

 

Finalement, la disposition des 10 Paroles en 2 tables nous oblige à lier sans cesse notre comportement envers Dieu et nos relations aux autres, et réciproquement.

C’est peut-être cette réciproque qui échappe le plus à nos cultures occidentales modernes. Nos sociétés sécularisées européennes veulent bien que la religion aide à avoir une éthique altruiste et généreuse. Mais elles admettent difficilement que les défauts dans les relations sociales s’enracinent pour une bonne part dans des ruptures d’Alliance avec Dieu?

 

C’est aux croyants, et surtout aux monothéistes qui ont ces 10 Paroles en commun, de démontrer que Dieu et l’homme sont inséparables.

 

Chacun de nous peut cette semaine choisir un ligne parmi les 5 du tableau ci-dessus (1=6 / 2=7 / 3=8 / 4=9 / 5=10) et méditer sur les liens réciproques qui unissent les 2 paroles choisies ?

 

1ère lecture : Dieu donne sa loi par Moïse (brève : 20,1-3.7-8.12-17) (Ex 20, 1-17)

Lecture du livre de l’Exode

Sur le Sinaï, Dieu prononça toutes les paroles que voici :
« Je suis le Seigneur ton Dieu, qui t’ai fait sortir du pays d’Égypte, de la maison d’esclavage.
Tu n’auras pas d’autres dieux que moi.
Tu ne feras aucune idole, aucune image de ce qui est là-haut dans les cieux, ou en bas sur la terre, ou dans les eaux par-dessous la terre.
Tu ne te prosterneras pas devant ces images, pour leur rendre un culte. Car moi, le Seigneur ton Dieu, je suis un Dieu jaloux : chez ceux qui me haïssent, je punis la faute des pères sur les fils, jusqu’à la troisième et la quatrième génération ;
mais ceux qui m’aiment et observent mes commandements, je leur garde ma fidélité jusqu’à la millième génération.
Tu n’invoqueras pas le nom du Seigneur ton Dieu pour le mal, car le Seigneur ne laissera pas impuni celui qui invoque son nom pour le mal.
Tu feras du sabbat un mémorial, un jour sacré.
Pendant six jours tu travailleras et tu feras tout ton ouvrage ;
mais le septième jour est le jour du repos, sabbat en l’honneur du Seigneur ton Dieu : tu ne feras aucun ouvrage, ni toi, ni ton fils, ni ta fille, ni ton serviteur, ni ta servante, ni tes bêtes, ni l’immigré qui réside dans ta ville.
Car en six jours le Seigneur a fait le ciel, la terre, la mer et tout ce qu’ils contiennent, mais il s’est reposé le septième jour. C’est pourquoi le Seigneur a béni le jour du sabbat et l’a consacré.
Honore ton père et ta mère, afin d’avoir longue vie sur la terre que te donne le Seigneur ton Dieu.
Tu ne commettras pas de meurtre.
Tu ne commettras pas d’adultère.
Tu ne commettras pas de vol.
Tu ne porteras pas de faux témoignage contre ton prochain.
Tu ne convoiteras pas la maison de ton prochain ; tu ne convoiteras pas la femme de ton prochain, ni son serviteur, ni sa servante, ni son boeuf, ni son âne : rien de ce qui lui appartient. »

 

 

Psaume : Ps 18, 8, 9, 10, 11

R/ Dieu ! Tu as les paroles de vie éternelle

La loi du Seigneur est parfaite,
qui redonne vie ;
la charte du Seigneur est sûre,
qui rend sages les simples. 

Les préceptes du Seigneur sont droits,
ils réjouissent le c?ur ; 
le commandement du Seigneur est limpide,
il clarifie le regard. 

La crainte qu’il inspire est pure,
elle est là pour toujours ; 
les décisions du Seigneur sont justes
et vraiment équitables : 

plus désirables que l’or,
qu’une masse d’or fin, 
plus savoureuses que le miel
qui coule des rayons.
Patrick BRAUD

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24 septembre 2011

Les collabos et les putains

Classé sous Communauté spirituelle — lhomeliedudimanche @ 0 h 01 min

Les collabos et les putains

 

Homélie du 26° dimanche ordinaire / Année A / 25/09/2011

 

 

Savoir dire non

Dans certaines cultures, il est extrêmement malpoli de dire ?non’ à quelqu’un. Par souci d’harmonie, un asiatique vous dira toujours ?oui’, même s’il ne sait absolument pas ce que vous demandez. Par peur du conflit et pour préserver la paix, un africain ne dira jamais non : il se taira, restera évasif, et c’est à vous à interpréter ses silences comme autant de résistances.

 

Dans la culture de Jésus comme dans la nôtre, le ?non’ a toute sa place, noble et légitime. « Que votre oui soit oui, que votre non soit non »  (Mt 5,37 ; Jc 5,12 cf. 2Co 1,17-19).

Malgré cette volonté de clarté affichée, Jésus sait bien que partout sous le soleil les hommes ont du mal à être vrais dans leur réponse.

 

S’acheter une conduite, ou se vendre aux plus offrants ?

Certains veulent bien faire, mais se laissent détourner en cours de route. Les chefs des prêtres et les anciens sont un peu comme ça : ils désirent authentiquement servir Dieu, mais les rites religieux et leurs responsabilités hiérarchiques les bloquent finalement dans leur élan, jusqu’à les empêcher de croire à la gratuité du salut annoncé par Jésus. Qui oserait dire qu’il n’en est plus ainsi dans l’Église, les Églises, et parmi tous les responsables religieux du monde ? Prisonniers de bien des coutumes trop humaines, ils continuent trop souvent à faire peser sur les épaules des autres des fardeaux qu’eux-mêmes ne peuvent pas porter (Lc 11,46).

 

D’autres hommes nient apparemment toute existence à Dieu, semblent se perdre loin de lui, et pourtant manifestent un accueil extraordinaire à sa parole lorsqu’ils la rencontrent vraiment. Les collaborateurs des romains et les prostituées sont de ceux-là aux temps de Jésus. Se compromettre avec l’occupant romain est une des infidélités les plus graves pour un juif. Se livrer au commerce de son corps engendrait le mépris et la honte (à moins que ce ne soit l’inverse) : c’était évidemment une manière nier Dieu, pensaient les gens religieux en toute bonne foi.

Qui oserait dire que les prostitué(e)s d’aujourd’hui sont entouré(e)s de moins de mépris qu’autrefois ?

Remplacez ?publicains’ par ?banquiers’ ou ?commerçants’ : certaines professions ne sont-elles pas diabolisées a priori encore de nos jours ?

Les collabos et les putains dans Communauté spirituelleOr les témoignages abondent de prostitué(e)s ayant plus d’humanité que bien des gens respectables (cf. le mouvement « le Nid »).

Or les témoignages abondent que parmi les cadres bancaires, les grands patrons de la finance internationale ou du commerce mondial, il y a des gens capables de retournements spectaculaires et d’initiatives révolutionnaires.

 

C’est que les chefs des prêtres et les anciens cherchent la sécurité dans leurs oeuvres, leurs pratiques, d’hier à aujourd’hui. Les collaborateurs et les prostituées savent eux qu’ils ne peuvent s’appuyer sur leurs actes. Alors, quand Jésus leur annonce que le salut est gratuit, immérité, inconditionnel, les premiers grincent des dents : « à quoi ça sert que nous soyons si religieux ? », alors que les derniers exultent : « enfin quelqu’un qui nous aime au-delà de nos actes ».

 

Quand faire, c’est croire

Car le travail dont parle ici le Christ dans cette parabole est le travail de la foi, pas  collabos dans Communauté spirituellecelui du mérite. « Va travailler à ma vigne », c’est « croire en la parole » proclamée par Jean-Baptiste. « Ne pas aller » travailler à la vigne, c’est « ne pas se repentir en vue de croire à sa parole ». Mathieu rejoint ainsi un thème cher à Jean : le vrai travail, ce n’est pas d’abord de faire des choses (serait-ce pour Dieu lui-même) mais de croire. « Que  devons-nous faire pour travailler aux oeuvres de Dieu? »  Jésus leur répondit: ?L’oeuvre de Dieu, c’est que vous croyiez en celui qu’il a envoyé’ » (Jn 6,29).

 

Paradoxalement, ceux qui ont été amenés dans leur vie à se vendre (à l’occupant, aux clients…) sont plus sensibles que les autres à la gratuité de l’amour. Jésus constate que la disponibilité réelle est plutôt du côté des pécheurs publics que des gens bien. Il ose le dire devant tout le monde, et cela ne plaît pas à tout le monde. Imaginez qu’un illuminé vienne proclamer à la tribune de l’université d’été de l’UMP, du parti socialiste, du Front National ou de l’Alliance centriste : « les banquiers et les putains sont plus près de Dieu que vous » ! Beau scandale médiatique en perspective…

Et pourtant Jésus l’a fait.

En rappelant la primauté de la gratuité sur le mérite, il s’est fait tellement d’ennemis chez les responsables religieux et politiques qu’ils voudront lui faire payer très cher cette fameuse gratuité.

 

Qui sont les publicains et les prostituées de notre société, plus proches de Dieu que bien des chefs religieux et sociaux ?

Comment avec le Christ restaurer leur dignité, et manifester avec eux que croire sur parole est plus divin que faire selon la loi ?

 

  

  

1ère lecture : Dieu nous appelle chaque jour à nous convertir (Ez 18, 25-28)

Lecture du livre d’Ezékiel

Parole du Seigneur tout-puissant : Je ne désire pas la mort du méchant, et pourtant vous dites : « La conduite du Seigneur est étrange. » Écoutez donc, fils d’Israël : est-ce ma conduite qui est étrange ? N’est-ce pas plutôt la vôtre ? Si le juste se détourne de sa justice, se pervertit, et meurt dans cet état, c’est à cause de sa perversité qu’il mourra. Mais si le méchant se détourne de sa méchanceté pour pratiquer le droit et la justice, il sauvera sa vie. Parce qu’il a ouvert les yeux, parce qu’il s’est détourné de ses fautes, il ne mourra pas, il vivra.

 

Psaume : 24, 4-5ab, 6-7, 8-9

R/ Souviens-toi, Seigneur, de ton amour

Seigneur, enseigne-moi tes voies,
fais-moi connaître ta route.
Dirige-moi par ta vérité, enseigne-moi,
car tu es le Dieu qui me sauve.

Rappelle-toi, Seigneur, ta tendresse,
ton amour qui est de toujours.
Oublie les révoltes, les péchés de ma jeunesse ;
dans ton amour, ne m’oublie pas.

Il est droit, il est bon, le Seigneur,
lui qui montre aux pécheurs le chemin.
Sa justice dirige les humbles,
il enseigne aux humbles son chemin.

 

2ème lecture : L’unité dans l’amour à la suite du Christ (brève : 1-5) (Ph 2, 1-11)

Lecture de la lettre de saint Paul Apôtre aux Philippiens

Frères, s’il est vrai que, dans le Christ, on se réconforte les uns les autres, si l’on s’encourage dans l’amour, si l’on est en communion dans l’Esprit, si l’on a de la tendresse et de la pitié, alors, pour que ma joie soit complète, ayez les mêmes dispositions, le même amour, les mêmes sentiments ; recherchez l’unité. Ne soyez jamais intrigants ni vantards, mais ayez assez d’humilité pour estimer les autres supérieurs à vous-mêmes. Que chacun de vous ne soit pas préoccupé de lui-même, mais aussi des autres.

Ayez entre vous les dispositions que l’on doit avoir dans le Christ Jésus : lui qui était dans la condition de Dieu, il n’a pas jugé bon de revendiquer son droitd’être traité à l’égal de Dieu ; mais au contraire, il se dépouilla lui-mêmeen prenant la condition de serviteur. Devenu semblable aux hommes et reconnu comme un homme à son comportement, il s’est abaissé lui-même en devenant obéissant jusqu’à mourir, et à mourir sur une croix.

C’est pourquoi Dieu l’a élevé au-dessus de tout ; il lui a conféré le Nom qui surpasse tous les noms, afin qu’au Nom de Jésus, aux cieux, sur terre et dans l’abîme, tout être vivant tombe à genoux, et que toute langue proclame : « Jésus Christ est le Seigneur », pour la gloire de Dieu le Père.

Evangile : Faire la volonté du Père, c’est croire en sa parole (Mt 21, 28-32)

Acclamation : Alléluia. Alléluia. Aujourd’hui ne fermez pas votre coeur, mais écoutez la voix du Seigneur. Alléluia. (Ps 94, 8)

 

Evangile de Jésus Christ selon saint Matthieu

Jésus disait aux chefs des prêtres et aux anciens : « Que pensez-vous de ceci ? Un homme avait deux fils. Il vint trouver le premier et lui dit : ‘Mon enfant, va travailler aujourd’hui à ma vigne.’ Celui-ci répondit : ‘Je ne veux pas.’ Mais ensuite, s’étant repenti, il y alla. Abordant le second, le père lui dit la même chose. Celui-ci répondit : ‘Oui, Seigneur !’ et il n’y alla pas. Lequel des deux a fait la volonté du père ? » Ils lui répondent : « Le premier ».

Jésus leur dit : « Amen, je vous le déclare : les publicains et les prostituées vous précèdent dans le royaume de Dieu. Car Jean Baptiste est venu à vous, vivant selon la justice, et vous n’avez pas cru à sa parole ; tandis que les publicains et les prostituées y ont cru. Mais vous, même après avoir vu cela, vous ne vous êtes pas repentis pour croire à sa parole. »
Patrick Braud

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19 février 2011

También la lluvia : même la pluie !

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También la lluvia : même la pluie !

 

Homélie pour le 7° dimanche ordinaire / Année A

Dimanche 20 Février 2011

 

·       « Même la pluie ! »

C’est le titre d’un film de la réalisatrice Icíar Bollaín, sorti en 2010.

« Même la pluie ! Ils veulent tout acheter, même l’eau qui tombe du ciel… »

En protestant contre la privatisation de l’eau en Bolivie en Avril 2000, un humble « survivant » de la ville de Cochabamba va bouleverser le destin de sa famille, de son peuple, des Américains venus tourner un film où il figure Hatuey, le leader indien de la révolte contre Christophe Colomb en 1511.

 

« Même la pluie ! »

Ce cri de révolte contre l’injustice fait presque écho, de manière inversée, au cri d’admiration de Jésus envers l’amour de Dieu : « même la pluie » tombe sur les injustes comme sur les justes ! C’est donc que Dieu lui-même aime ses ennemis : il fait tomber la pluie sur tous, sans considération de leurs mérites.

« Aimez vos ennemis, et priez pour ceux qui vous persécutent, afin d’être vraiment les fils de votre Père qui est dans les cieux ; car il fait lever son soleil sur les méchants et sur les bons, et tomber la pluie sur les justes et sur les injustes. »

 

La pointe de cet argument ne porte pas sur le lien entre Dieu et la pluie. Dans une société préscientifique, Jésus lui-même ne peut remettre en cause ce lien magique, naïf, archaïque. Non, la pointe de l’argument c’est que « même la pluie » (ou le soleil d’ailleurs) atteste de la bonté de Dieu pour tous, en tombant également pour les injustes.

 

·       De la récompense / punition à la gratuité pour tous

Il faut se souvenir qu’aujourd’hui encore, un juif pratiquant récite trois fois par jour dans la prière du ?Shema Israël’ (« écoute Israël ! » Dt 6,4) que la pluie ne tombe en Israël que si les commandements de la Loi sont respectés. « Si tu observes mes commandements, je ferai tomber la pluie et bénirai tes récoltes… Mais si tu n’observes pas mes commandements, je fermerai les cieux et la terre ne produira plus de récoltes» (Dt 11,13-17 : c’est dans la 2° section du shema Israël en fait, Dt 11,13-21, après Dt 6,4 et avant Nb 15, 37-41).

Jésus connaît bien ces versets, incorporés depuis au Shema Israël… Et pourtant il ose affirmer en quelque sorte que Dieu n’est pas lié par cette loi, puisqu’il fait tomber la pluie même sur les injustes ! Il ose se réjouir de cet amour de Dieu pour tous, qui devient ainsi la source de son amour pour ses ennemis. L’eau qui jaillira de son côté ouvert sur la croix tombera en pluie de grâce sur les soldats romains qui l’ont torturé et cloué, sur les chefs des prêtres qui l’ont jugé et condamné, comme sur Marie ou sur Jean…

 

Cela scandalise encore les ultras-religieux trop raides dans leur foi ! Ou les amoureux d’une justice éblouissante.

Comment ? Dieu ne punit pas les méchants ? Il pardonne à ses bourreaux ? Il va jusqu’à aimer ses ennemis ? Mais c’est un faible, un sous homme (cf. Marx), un esclave (cf. Nietzsche) qui supporte l’insupportable !

 

·       Même Élie a dû apprendre à aimer ses ennemis

Souvenez-vous du prophète Élie (1R 17-19). Le grand prophète Élie, dont le peuple juif attend le retour à la fin des temps. Il était tellement ‘religieux’ qu’il a voulu être plus royaliste que le roi, plus sévère que le Dieu d’Israël. Révolté par l’idolâtrie du roi Achab et de sa fameuse compagne Jézabel, il s’attendait à ce que Dieu fasse cesser la pluie sur le pays, en châtiment, selon la Loi. Or la pluie tombe encore sur Israël, et cela irrite Élie, qui décide alors de faire ce que Dieu aurait dû faire d’après lui (tous les terroristes religieux suivent ce raisonnement, hélas). Il décrète (de sa seule initiative) à Achab qu’il n’y aura plus de pluie qui tombera en Israël. Élie se prend pour Dieu. Il exige de Dieu qu’il applique sa Loi à la lettre.

Ce coup de force contre Dieu marchera un temps au mont Carmel contre les prophètes de Baal. Mais ensuite, à travers les signes du pain et de la cruche d’huile de la veuve de Sarepta, à travers le doux murmure devant sa grotte, Élie découvrira que Dieu n’est pas dans la violence qui s’impose, pas dans l’ouragan qui foudroie [1]. Il est dans l’humble nourriture chaque jour (« notre pain quotidien »), dans le patient murmure qui annonce son passage, « de dos »… 

Elie réclamait la sévérité pour les idolâtres.

Jésus révèle l’amour de Dieu pour les injustes.

Les ultras-religieux veulent punir ceux qui ne le sont pas.

Jésus fait tomber une pluie de grâce sur « celui qui croyait au ciel et celui qui n’y croyait pas ».

Seule la contemplation de cet amour universel en Dieu peut nous donner le courage et la force d’aimer nos ennemis, nous aussi, avec Lui et en Lui. « Soyez parfaits comme votre Père céleste est parfait ».

 

La loi de gradualité

·       Pour cela, il nous faudrait peut-être réapprendre la « loi de gradualité », que la Doctrine Sociale de l’Église décline comme une patience bienveillante envers tous :

« Il faut une conversion continuelle, permanente, qui, tLa loi de gradualité: Une nouveauté en morale? : fondements théologiques et applicationsout en exigeant de se détacher intérieurement de tout mal et d’adhérer au bien dans sa plénitude, se traduit concrètement en une démarche conduisant toujours plus loin. Ainsi se développe un processus dynamique qui va peu à peu de l’avant grâce à l’intégration progressive des dons de Dieu et des exigences de son amour définitif et absolu dans toute la vie personnelle et sociale de l’homme. C’est pourquoi un cheminement pédagogique de croissance est nécessaire pour que les fidèles, les familles et les peuples, et même la civilisation, à partir de ce qu’ils ont reçu du mystère du Christ, soient patiemment conduits plus loin, jusqu’à une conscience plus riche et à une intégration plus pleine de ce mystère dans leur vie. » (Jean-Paul II, Familiaris Consortio n° 9, 1981)

 

Cette loi de gradualité n’implique pas la gradualité de la loi : elle n’enlève pas l’exigence un impératif absolu (« aimez vos ennemis ! »), mais elle nous laisse le temps de progresser vers cet horizon, par degrés, patiemment, graduellement.

 

·       « Même la pluie » qui tombe témoigne de l’amour des ennemis. Cette pluie-là n’est pas à vendre, pas plus que la pluie bolivienne. Personne ne peut l’acheter.

Qu’elle empêche notre rapport à la loi de se dessécher !

 


[1]. Les rabbins, constatant eux aussi que la pluie tombe sur Israël même idolâtre, vont distinguer deux pluies : une pluie minimale, garantie à tous, et une pluie de bienfaisance, surabondance de vie accordée à ceux qui observent les commandements.

[2]Cf. Le doux murmure, Sébastien Allali, DDB, 2010, ou Ce Dieu censé aimer la souffrance, François Varone, Cerf, 1984.

 

 

 

1ère lecture : Tu aimeras ton prochain, car je suis saint (Lv 19, 1-2.17-18)

 

Lecture du livre des Lévites

Le Seigneur adressa la parole à Moïse :
« Parle à toute l’assemblée des fils d’Israël ; tu leur diras : Soyez saints, car moi, le Seigneur votre Dieu, je suis saint.
Tu n’auras aucune pensée de haine contre ton frère. Mais tu n’hésiteras pas à réprimander ton compagnon, et ainsi tu ne partageras pas son péché.

Tu ne te vengeras pas. Tu ne garderas pas de rancune contre les fils de ton peuple. Tu aimeras ton prochain comme toi-même.
Je suis le Seigneur ! »

 

Psaume : 102, 1-2, 3-4; 8.10, 12-13

R/ Le Seigneur est tendresse et pitié.

Bénis le Seigneur, ô mon âme,
bénis son nom très saint, tout mon être !
Bénis le Seigneur, ô mon âme,
n’oublie aucun de ses bienfaits ! 

Car il pardonne toutes tes offenses
et te guérit de toute maladie ;
il réclame ta vie à la tombe
et te couronne d’amour et de tendresse.

Le Seigneur est tendresse et pitié,
lent à la colère et plein d’amour ;
il n’agit pas envers nous selon nos fautes,
ne nous rend pas selon nos offenses.

Aussi loin qu’est l’orient de l’occident,
il met loin de nous nos péchés ;
comme la tendresse du père pour ses fils,
la tendresse du Seigneur pour qui le craint !

2ème lecture : La sagesse véritable: appartenir tous ensemble au Christ (1 Co 3, 16-33)

 

Lecture de la première lettre de saint Paul Apôtre aux Corinthiens

Frères,
n’oubliez pas que vous êtes le temple de Dieu, et que l’Esprit de Dieu habite en vous.

Si quelqu’un détruit le temple de Dieu, Dieu le détruira ; car le temple de Dieu est sacré, et ce temple, c’est vous.

Que personne ne s’y trompe : si quelqu’un parmi vous pense être un sage à la manière d’ici-bas, qu’il devienne fou pour devenir sage.

Car la sagesse de ce monde est folie devant Dieu. L’Écriture le dit : C’est lui qui prend les sages au piège de leur propre habileté.

Elle dit encore : Le Seigneur connaît les raisonnements des sages : ce n’est que du vent !

Ainsi, il ne faut pas mettre son orgueil en des hommes dont on se réclame. Car tout vous appartient,

Paul et Apollos et Pierre, le monde et la vie et la mort, le présent et l’avenir : tout est à vous, mais vous, vous êtes au Christ, et le Christ est à Dieu.

 

Evangile : Sermon sur la montagne. Aimez vos ennemis, soyez parfaits comme votre Père céleste (Mt 5, 38-48)

Acclamation : Alléluia. Alléluia. Celui qui garde la parole du Christ connaît l’amour de Dieu dans sa perfection. Alléluia. (cf. 1 Jn 2, 5)

Évangile de Jésus Christ selon saint Matthieu

Comme les disciples s’étaient rassemblés autour de Jésus, sur la montagne, il leur disait :
« Vous avez appris qu’il a été dit : Oeil pour oeil, dent pour dent. Eh bien moi, je vous dis de ne pas riposter au méchant ; mais si quelqu’un te gifle sur la joue droite, tends-lui encore l’autre. 
Et si quelqu’un veut te faire un procès et prendre ta tunique, laisse-lui encore ton manteau. Et si quelqu’un te réquisitionne pour faire mille pas, fais-en deux mille avec lui. Donne à qui te demande ; ne te détourne pas de celui qui veut t’emprunter.
Vous avez appris qu’il a été dit : Tu aimeras ton prochain et tu haïras ton ennemi. Eh bien moi, je vous dis : Aimez vos ennemis, et priez pour ceux qui vous persécutent, afin d’être vraiment les fils de votre Père qui est dans les cieux ; car il fait lever son soleil sur les méchants et sur les bons, et tomber la pluie sur les justes et sur les injustes. Si vous aimez ceux qui vous aiment, quelle récompense aurez-vous ? Les publicains eux-mêmes n’en font-ils pas autant ? Et si vous ne saluez que vos frères, que faites-vous d’extraordinaire ? Les païens eux-mêmes n’en font-ils pas autant ? Vous donc, soyez parfaits comme votre Père céleste est parfait. »
Patrick Braud

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