La mère rit, le père lie, la fraternité s’évanouit !
La mère rit, le père lie, la fraternité s’évanouit !
Homélie pour le 2° Dimanche de Carême / Année B
25/02/2024
Cf. également :
Transfiguration : Soukkot au Mont Thabor
En descendant de la montagne…
Compagnons d’éblouissement
Abraham, comme un caillou dans l’eau
Transfiguration : le phare dans la nuit
Transfiguration : la métamorphose anti-kafkaïenne
Leikh leikha : Va vers toi !
Le sacrifice interdit
Dressons trois tentes…
La vraie beauté d’un être humain
Visage exposé, à l’écart, en hauteur
Figurez-vous la figure des figures
Bénir en tout temps en tout lieu
L’icône de la Transfiguration
À l’écart, transfiguré
Le « déluge d’Al Aqsa »
On l’a oublié un peu vite : le Hamas avait appelé « déluge d’Al Aqsa » l’opération terroriste faisant 1200 victimes et 200 otages civils juifs le 7 octobre 2023. « Al Aqsa » désigne la mosquée construite sur l’esplanade du Temple juif, à partir de 637. En arabe, c’est « la mosquée la plus lointaine (Al Aqsa) ». Car les musulmans croient y reconnaître la mosquée dont parle la sourate 17 du Coran :
« AL-ISRA (LE VOYAGE NOCTURNE) – Pré-Hégire
Au nom d’Allah, le Tout Miséricordieux, le Très Miséricordieux.
« Gloire et Pureté à Celui qui de nuit, fit voyager Son serviteur (Muhammad), de la Mosquée Al-Harm (la mosquée sacrée = la Mecque) à la Mosquée Al-Aqsa (la plus lointaine = Jérusalem) dont Nous avons béni les alentours » (Sourate 17,1).
Petit problème chronologique : Mohamed est mort à Médine en 632. Comment aurait-il pu voyager de son vivant jusqu’à la mosquée de Jérusalem… qui n’avait pas encore été construite !?
On voit que les sourates de ce voyage mythique où Mohamed est censé être monté aux cieux – rivalité avec l’Ascension de Jésus ? – à partir du rocher de l’esplanade du Temple ont été écrites après la mort de Mohamed, sans aucun doute dans un but polémique d’appropriation du lieu… Or pour la Bible, le mont Moriah de notre première lecture (Gn 22,1-18) où a eu lieu l’épisode avec Isaac est bien le lieu du Temple de Salomon : « Salomon commença à bâtir la Maison du Seigneur à Jérusalem, sur le mont Moriah, là où le Seigneur était apparu à David son père… » (2 Ch 3,1).
Le conflit autour de l’esplanade du Temple (pour les juifs) / la Mosquée Al Aqsa (pour les musulmans) est donc au cœur de la rivalité entre juifs et musulmans depuis des siècles. Le Hamas veut renvoyer les juifs à la mer : reconquérir Al Aqsa par un déluge de feu est pour ces terroristes un impératif coranique.
Le mont Moriah est au cœur des conflits entre juifs et musulmans, comme il l’a été au temps des croisades des chrétiens qui voulaient libérer le Saint-Sépulcre. Le célèbre sacrifice d’Isaac - qui est plutôt un non-sacrifice - de notre lecture est le condensé de la rivalité Isaac–Ismaël, qui rejaillit sur les relations juifs–musulmans, empoisonnant le Moyen-Orient depuis des siècles.
Voyons comment.
La rivalité Isaac–Ismaël, juifs–musulmans
Vous avez dû tiquer en entendant la lecture de Gn 22,2 : « prends ton fils, ton unique, celui que tu aimes ».
Bizarre… Abraham n’a-t-il pas deux fils ? Ismaël en effet était l’aîné, conçu avec la servante Agar sur ordre de Sara elle-même, désespérée d’être apparemment stérile.
Un midrash fait dialoguer Abraham et Dieu pour illustrer le dilemme d’Abraham :
– Prends ton fils, dit Dieu
– Mais lequel ? J’en ai deux.
– Ton unique
– Chacun est unique à mes yeux
– Celui que tu aimes
– Je les aime tous les deux.
On voit bien que pour Abraham, le choix est déchirant. En fait, Ismaël avait déjà été chassé au désert avec sa mère sur ordre de Sara, jalouse de cette autre mère qui l’a précédée, et jalouse de l’exclusivité de l’héritage pour son seul fils (Gn 21).
Profondément attristé, Abraham avait consenti à laisser partir Agar et son fils Ismaël. Sarah et lui avaient gardé Isaac pour eux, au sens propre comme au sens figuré. Mais la rivalité des deux mères avait déjà pollué la fraternité entre les deux fils d’Abraham : ils sont devenus ennemis malgré eux, à cause d’une jalousie maternelle féroce. Dès qu’Isaac fut sevré (Gn 21,8), Sarah exige de renvoyer Agar et son fils, alors qu’une relation fraternelle Isaac–Ismaël devenait possible à partir de cet âge. Sarah ne voit pas qu’en exigeant le départ d’Ismaël elle prive Isaac de son frère.
Cela ne sera pas sans effet sur la suite des événements. Isaac devra grandir dans une sorte de nostalgie d’un frère qu’il n’aura jamais connu vraiment : en témoignent le choix de sa résidence, sa préférence pour son premier fils (Ésaü) en qui il retrouve quelque chose de son frère aîné, ainsi que le fait qu’Ésaü pensera plaire à son père en épousant sa cousine, une fille d’Ismaël.
De plus, cette jalousie a conduit Isaac à penser toute transmission d’héritage sur le mode de l’exclusivité (Gn 25,5). L’attitude de sa mère l’a en réalité induit en erreur. Elle se paiera à la génération suivante, puisque les relations de Jacob avec Ésaü en seront profondément affectées, de même sans doute que sa vie avec Laban.
Le rire de Sara, d’Ismaël et d’Isaac
Le rire de Sara est célèbre (Gn 18,12;21,6) : elle est tellement âgée qu’elle a du mal à croire à l’annonce d’une naissance que lui font les trois visiteurs d’Abraham sous le chêne de Mambré. Son rire exprime son doute, et la folie de la promesse divine hautement improbable.
Isaac va hériter de ce rire, puisque son nom signifie justement : « il rira ». Son rire sera-t-il de même nature que celui de sa mère ?
Il y a un troisième rire, moins connu, celui d’Ismaël [1] :
« Sara vit rire le fils qu’Agar, l’Égyptienne, avait enfanté à Abraham » (Gn 21,9).
Ce rire a été interprété par le Talmud de Babylone comme une moquerie ironique d’Ismaël se vantant d’être plus méritant qu’Isaac :
« Il lui dit : je suis plus grand que toi, à l’aune de l’obéissance aux commandements, car toi, tu as été circoncis à huit jours (cf. Ac 7,8) tandis que moi, je l’ai été à treize ans ! Isaac lui a répondu : Tu veux m’impressionner par un organe (le prépuce) ? Si le Saint béni soit-Il me demandait : Sacrifie-toi tout entier, je le ferais aussitôt ! Aussitôt, Dieu mit Abraham à l’épreuve » (TB, Sanhédrin 89b).
En somme, si la primauté tient au degré de mérite susceptible de justifier l’élection filiale, la surenchère d’Isaac, qui accepte d’être sacrifié « tout entier », met fin à cette prétention. Le midrash met ici le doigt sur un problème majeur qui ressort du récit biblique. Ismaël est le premier-né. Il aurait dû être l’héritier naturel des promesses. En tout cas, le principal. Ce sera pourtant Isaac.
Nous trouvons là un thème qui sera cher au christianisme le plus archaïque. Les diverses substitutions de cadets à aînés que nous offre l’Écriture seront considérées comme des figures de la substitution du peuple chrétien au peuple juif.
Paul pointe le problème : « Tous ceux qui sont la descendance d’Abraham ne sont pas pour autant ses enfants, car il est écrit : C’est par Isaac qu’une descendance portera ton nom » (Rm 9,7). Il développe cette thèse de la filiation spirituelle avec les enfants de Rébecca et Isaac : Ésaü était le premier-né et aurait dû garder son droit d’aînesse. Mais finalement, « l’aîné servira le plus jeune » (Rm 9,2), comme Ismaël s’effacera devant Isaac, car Dieu agit comme il l’entend, et l’homme n’y peut rien.
Hilaire de Poitiers écrira plus tard : « Sara désigne l’Église ; Agar la Synagogue ».
Ismaël veut humilier son cadet en lui montrant qu’il est plus méritant. Son rire est un rire de rivalité. Rabbi Shimon bar Yochaï (II° siècle) explique ce rire d’Isaïe comme une moquerie. Il se rit de son frère. Se croyant l’aîné, il prétend à deux parts d’héritage (l’Arabie et la Palestine, remarque ironiquement le rabbin !). ‘C’est moi l’aîné. Le monde entier et la terre d’Israël me reviennent !’ Mais à la mort de son père, il revient à la maison. Il fait repentir, reconnaissant qu’Israël est chez lui à Hébron, car il a reconnu la religion de son père (avant Mohamed, les Ismaélites étaient des païens).
Le rire d’Ismaël, ce rire de rivalité, trouvera donc un jour sa Rédemption. Pour les juifs religieux, il faudra pour cela que l’Islam reconnaisse que cette terre a été donnée par Dieu à Israël… Le conflit est dès lors inévitable !
Les Arabes musulmans n’ont jamais connu la situation d’exil. Ils ont toujours, dès leur émergence au VII° siècle, été des conquérants par l’épée, partout et toujours. Et voici qu’en Palestine, et pour la première fois, ils connaissent cette situation d’exil. Cela leur est insupportable : être en exil chez les Juifs… à Jérusalem !
Pourtant la réconciliation est possible. Abraham mort, « Isaac et Ismaël, ses fils, l’enterrèrent dans la grotte de Makhpelah » (Gn 25,9). Alors seulement, Ismaël a le privilège d’être ici désigné comme fils d’Abraham. La préséance du fils de la Promesse, Isaac, est établie et reconnue, puisque Isaac est nommé le premier. Les deux frères à partir de là finirent leur vie en voisins réconciliés, chacun sur sa terre.
On voit que cette rivalité de préséance à propos de la Promesse (descendance incalculable), de l’Héritage (bénédiction pour toutes les nations) et de la Terre (Mont Moriah) envenimera les relations juifs-musulmans pendant longtemps encore, en se transmettant de génération en génération.
Faudra-t-il attendre qu’ils enterrent à nouveau Abraham – leur père commun – ensemble pour vivre un voisinage de paix ? Mais que voudrait dire « enterrer Abraham » aujourd’hui ?…
La mère rit, le père lie
Tout part du rire de Sara, qui doute de la promesse des trois visiteurs à Mambré, puis fait porter à Isaac le poids de ce rire en le chargeant d’une mission ambiguë : « il rira ». Autrement dit, elle veut que son fils fasse comme elle ! Alors évidemment, lorsque Sarah-qui-rit voir rire le fils Ismaël, le bâtard égyptien qui lui rappelle sa période inféconde, elle enrage de jalousie, et cette rage va empoisonner les relations entre les deux frères.
Ismaël est le premier délié de cet attachement familial trop possessif : il est conduit au désert. Isaac reste seul à la maison, entre ses deux parents, sans son frère. Le père ne veut pas perdre le seul enfant qui lui reste : alors il imagine de le lier, de l’attacher, pour qu’il ne se sauve pas et soit entièrement consacré (consumé) à Dieu tel qu’il l’imagine (par le bois de l’holocauste).
Quelle folie destructrice ! Quand un père lie son fils, il l’empêche de vivre, même pour des raisons apparemment très religieuses. Combien d’enfants sont ainsi retenus prisonniers par le désir paternel :
liés par une image paternelle à reproduire,
liés par des injonctions religieuses destructrices (consume-toi pour Dieu, disent tous les fanatiques religieux),
liés par un surmoi parental exorbitant,
liés par une mauvaise interprétation de la Promesse (reste auprès de moi pour que j’ai la descendance promise) etc.
Il faut le couteau pour couper ces liens, et enfin laisser l’enfant partir libre, sans l’ombre paternelle.
« Déliez-le et laissez-le aller » (Jn 11,44), dira Jésus plus tard en parlant de Lazare rescapé de la mort symbolique dans laquelle des liens (famille, village, religion) voulaient le maintenir comme dans un tombeau.
Cet acte de lier (Aqéda) et de délier son fils est tellement symbolique que les juifs – à raison – n’appellent pas cet épisode « sacrifice d’Isaac » (puisqu’il en réchappe) mais la « ligature (Aqéda) d’Isaac ». Si le péché de la mère a été de rire et de propager ce rire malsain autour d’elle, le péché du père a été de vouloir posséder le don de Dieu qui lui avait été fait à travers son fils cadet.
Il y aura bien un holocauste, mais de substitution : un animal fourni pour le sacrifice, un bélier, pas un agneau, c’est-à-dire un père et pas un fils. Et si Abraham a bien fait monter (עָלָה ‘alah = élever ; c’est l’autre sens du mot traduit par holocauste dans le texte liturgique) son fils sur la montagne (Gn 22,2), il rentre sans Isaac, le fils est désormais séparé de son père, suivant son propre chemin, une séparation symbolique qui fait d’Isaac une personne ‘élevée’ (עָלָה ‘alah) comme sujet distinct de son père.
Abraham a sacrifié sa fausse de sa paternité (symbolisée par le bélier) trop possessive. Le fils peut alors vivre libre, séparé de son père.
Au lieu de sacrifier son fils, c’est une certaine idée de la paternité qu’Abraham est appelé à mettre à mort – une paternité vue comme toute-puissance, droit de vie et de mort, possession. Il doit apprendre à être père et, partant, à se séparer symboliquement de son fils, à créer une distance – ce serait cela, « élever » son fils – et c’est pourquoi, au dénouement de cette sombre affaire, c’est un « bélier », figure du « géniteur » (et non de l’enfant, comme « l’agneau » initialement prévu) que le patriarche est invité à sacrifier. À la fin de l’épisode, « Isaac, fils dé-possédé, a disparu vers le divin hors du champ sacrificiel de la possession paternelle », écrit Marie Balmary [2].
Abraham, en laissant ses serviteurs pour poursuivre le chemin avec son fils, leur avait dit de les attendre : « nous reviendrons vers vous » (Gn 22,5). Or il est revenu tout seul ! Isaac est d’une certaine manière « perdu » pour Abraham… et c’est heureux !
Bien sûr, les chrétiens verront Jésus dans ce fils lié, attaché au bois du sacrifice. Jean par exemple prend bien soin de préciser par deux fois que Jésus était lié (comme Isaac) lorsqu’il fut arrêté à Gethsémani, puis envoyé au grand prêtre (Jn 18,12.24). L’allusion à Isaac est claire. Comme la Pâque juive est l’anniversaire de l’Aqéda, Jean annonce que le fils lié sera le véritable agneau pascal. Sa superposition est renforcée chez Jean par le détail qui lui est propre : Jésus porte lui-même sa croix (Jn 19,1) et non Simon de Cyrène, comme Isaac portait lui-même le bois pour le sacrifice (Gn 22,6). Certains pensent que l’éviction de Simon de Cyrène en Jean 19,1 veut éviter de laisser penser que Simon aurait été crucifié à la place de Jésus, ce que certains hérétiques (les docètes) soutenaient déjà (et le Coran a sans doute repris cette tradition en prétendant que Jésus n’a pas été crucifié, mais quelqu’un à sa place ; cf. Sourate 4,157-158).
Le fils lié puis délié annonce la possibilité d’une vie enfin fraternelle, libérée de ce que l’attachement parental pouvait avoir de nocif pour les deux frères. La ligature d’Isaac à laquelle il échappe annonce la Passion du Christ et son déliement sa Résurrection, car la mort n’a pu retenir en ses liens.
« Grâce à la foi, quand il fut soumis à l’épreuve, Abraham offrit Isaac en sacrifice. Et il offrait le fils unique, alors qu’il avait reçu les promesses et entendu cette parole : C’est par Isaac qu’une descendance portera ton nom. Il pensait en effet que Dieu est capable même de ressusciter les morts ; c’est pourquoi son fils lui fut rendu : il y a là une préfiguration » (He 11,17-19).
Voilà pourquoi Jésus met une vraie joie spirituelle – pas un rire ironique – sur les lèvres d’Abraham : « Abraham, votre père, a tressailli de joie de ce qu’il verrait mon jour: il l’a vu, et il s’est réjoui » (Jn 8,56).
Conclusion
Dieu que c’est dur de s’aimer en famille !
Les mères rivalisent de jalousie pour leurs enfants.
Les pères sont possessifs, jusqu’à lier leur progéniture et les consumer de leurs injonctions.
Frères et sœurs reproduisent la rivalité parentale, se déchirent sur l’héritage, et ont un mal fou à trouver la juste distance pour vivre en paix entre voisins.
Les juifs et les musulmans se disputent le Temple / Al Aqsa et chacun veut incarner l’enfant de la Promesse…
Et nous-mêmes, nous lions nos enfants, nous rions les uns des autres…
Arrêtons de chasser Ismaël ! Arrêtons de lier Isaac ou Jésus !
Que les parents ne lient plus leurs enfants… Que les frères et sœurs apprennent à partager l’héritage pour vivre en paix, au Moyen-Orient comme ailleurs… !
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[2]. Cf. Marie Balmary, Le sacrifice interdit, Grasset, 1989.
LECTURES DE LA MESSE
PREMIÈRE LECTURE
Le sacrifice de notre père Abraham (Gn 22, 1-2.9-13.15-18)
Lecture du livre de la Genèse
En ces jours-là, Dieu mit Abraham à l’épreuve. Il lui dit : « Abraham ! » Celui-ci répondit : « Me voici ! » Dieu dit : « Prends ton fils, ton unique, celui que tu aimes, Isaac, va au pays de Moriah, et là tu l’offriras en holocauste sur la montagne que je t’indiquerai. » Ils arrivèrent à l’endroit que Dieu avait indiqué. Abraham y bâtit l’autel et disposa le bois ; puis il lia son fils Isaac et le mit sur l’autel, par-dessus le bois. Abraham étendit la main et saisit le couteau pour immoler son fils. Mais l’ange du Seigneur l’appela du haut du ciel et dit : « Abraham ! Abraham ! » Il répondit : « Me voici ! » L’ange lui dit : « Ne porte pas la main sur le garçon ! Ne lui fais aucun mal ! Je sais maintenant que tu crains Dieu : tu ne m’as pas refusé ton fils, ton unique. » Abraham leva les yeux et vit un bélier retenu par les cornes dans un buisson. Il alla prendre le bélier et l’offrit en holocauste à la place de son fils.
Du ciel, l’ange du Seigneur appela une seconde fois Abraham. Il déclara : « Je le jure par moi-même, oracle du Seigneur : parce que tu as fait cela, parce que tu ne m’as pas refusé ton fils, ton unique, je te comblerai de bénédictions, je rendrai ta descendance aussi nombreuse que les étoiles du ciel et que le sable au bord de la mer, et ta descendance occupera les places fortes de ses ennemis. Puisque tu as écouté ma voix, toutes les nations de la terre s’adresseront l’une à l’autre la bénédiction par le nom de ta descendance. »
PSAUME
(115 (116b), 10.15, 16ac-17, 18-19)
R/ Je marcherai en présence du Seigneur sur la terre des vivants. (114, 9)
Je crois, et je parlerai,
moi qui ai beaucoup souffert.
Il en coûte au Seigneur
de voir mourir les siens !
Ne suis-je pas, Seigneur, ton serviteur,
moi, dont tu brisas les chaînes ?
Je t’offrirai le sacrifice d’action de grâce,
j’invoquerai le nom du Seigneur.
Je tiendrai mes promesses au Seigneur,
oui, devant tout son peuple,
à l’entrée de la maison du Seigneur,
au milieu de Jérusalem !
DEUXIÈME LECTURE
Dieu n’a pas épargné son propre Fils » (Rm 8, 31b-34)
Lecture de la lettre de saint Paul apôtre aux Romains
Frères, si Dieu est pour nous, qui sera contre nous ? Il n’a pas épargné son propre Fils, mais il l’a livré pour nous tous : comment pourrait-il, avec lui, ne pas nous donner tout ? Qui accusera ceux que Dieu a choisis ? Dieu est celui qui rend juste : alors, qui pourra condamner ? Le Christ Jésus est mort ; bien plus, il est ressuscité, il est à la droite de Dieu, il intercède pour nous.
ÉVANGILE
« Celui-ci est mon Fils bien-aimé » (Mc 9, 2-10)
Gloire au Christ, Parole éternelle du Dieu vivant. Gloire à toi, Seigneur.
De la nuée lumineuse, la voix du Père a retenti : « Celui-ci est mon Fils bien-aimé, écoutez-le ! »
Gloire au Christ, Parole éternelle du Dieu vivant. Gloire à toi, Seigneur. (cf. Mt 17, 5)
Évangile de Jésus Christ selon saint Marc
En ce temps-là, Jésus prit avec lui Pierre, Jacques et Jean, et les emmena, eux seuls, à l’écart sur une haute montagne. Et il fut transfiguré devant eux. Ses vêtements devinrent resplendissants, d’une blancheur telle que personne sur terre ne peut obtenir une blancheur pareille. Élie leur apparut avec Moïse, et tous deux s’entretenaient avec Jésus. Pierre alors prend la parole et dit à Jésus : « Rabbi, il est bon que nous soyons ici ! Dressons donc trois tentes : une pour toi, une pour Moïse, et une pour Élie. » De fait, Pierre ne savait que dire, tant leur frayeur était grande. Survint une nuée qui les couvrit de son ombre, et de la nuée une voix se fit entendre : « Celui-ci est mon Fils bien-aimé : écoutez-le ! » Soudain, regardant tout autour, ils ne virent plus que Jésus seul avec eux.
Ils descendirent de la montagne, et Jésus leur ordonna de ne raconter à personne ce qu’ils avaient vu, avant que le Fils de l’homme soit ressuscité d’entre les morts. Et ils restèrent fermement attachés à cette parole, tout en se demandant entre eux ce que voulait dire : « ressusciter d’entre les morts ».
Patrick BRAUD