À Dieu la dette !
À Dieu la dette !
Homélie pour le 24° Dimanche du temps ordinaire / Année A
13/09/2020
Cf. également :
Pardonner 70 fois 7 fois
La pierre noire du pardon
Des milliards comme s’il en pleuvait
Depuis le déconfinement du mois de mai, les milliards pleuvent sur les budgets publics : nous entendons – ahuris – que 460 milliards d’euros ont été dépensés pour passer la crise, plus 100 milliards débloqués pour soutenir la relance de l’économie en France. Et 750 milliards de fonds européens ont été votés pour des prêts et subventions aux États-membres en difficulté etc. Dire qu’avant la crise sanitaire un trou de 12 milliards d’euros dans les caisses de retraite était présenté comme un drame absolu ! Dire que les 3 % de déficit autorisés du Traité de Maastricht étaient doctement assénés comme une règle intangible et un objectif sacré !
Conséquence de cette manne financière incroyable, les dettes des États s’envolent. Celle de la France par exemple est passée en quelques mois de 98 % à 121 % du PIB… C’est la résurrection de John Maynard de Keynes, dont la théorie économique prône de soutenir la consommation populaire par des déficits publics afin d’éviter la récession et les cracks comme celui de 1929.
Pendant ce temps, la dette flambe, plus sûrement que les feux de forêt chaque été.
La situation n’est pas meilleure en Afrique. De nombreux pays africains sont surendettés ou en passe de l’être. Le défaut de paiement apparaît pour certains quasiment inévitable. Ainsi, la Zambie, deuxième producteur de cuivre en Afrique, a un besoin urgent de restructurer sa dette publique extérieure – 11,2 milliards de dollars – pour éviter la banqueroute. D’autres, comme l’Angola, le Ghana ou encore l’Éthiopie, sont eux aussi proches d’un scénario similaire. En mars 2020, les ministres africains des finances avaient demandé 100 milliards de dollars à la communauté internationale pour lutter contre le Covid-19, dont 44 milliards affectés au remboursement de leurs dettes. Le 13 avril, Emmanuel Macron a annoncé vouloir « annuler massivement la dette » des pays africains. Pour l’instant, les pays du G20, dont la France, ont tout juste suspendu quelques remboursements. 200 organisations du monde entier demandent de véritables annulations des dettes pour permettre aux pays du Sud de faire face à la crise. Et que dire du Liban dont la situation financière était déjà catastrophique avant l’explosion au port de Beyrouth ?
Le lien dette-pardon
Cette question de la dette est au cœur de l’Évangile de ce dimanche (Mt 18, 21-35). La parabole du débiteur impitoyable est inventée par Jésus pour demander à Pierre de pardonner 70 × 7 fois s’il le faut, c’est-à-dire sans limites. Or nous avons oublié le lien entre pardon et dette. Depuis que nous ne prions plus : sicut et nos dimittimus debitoribus nostri, nous nous focalisons sur le pardon (pardonne-nous nos offenses comme nous pardonnons à ceux…) en oubliant la cause première du pardon : la dette contractée (debitoribus), ou au moins l’offense selon la (médiocre) traduction liturgique.
Car Jésus compare explicitement le pardon à une remise de dettes, non à l’effacement d’une offense, et il emploie pour cela le vocabulaire économique de son temps. Il l’avait déjà fait pour le Notre Père : « Remets-nous nos dettes, comme nous-mêmes nous remettons leurs dettes à nos débiteurs. » (Mt 6, 12) C’est le même mot grec opheilēmata = dettes qui est utilisé. Cet enseignement du Christ est dans la droite ligne du Jubilé (Lv 25 cf. infra) : pratiquer régulièrement l’effacement des dettes mutuelles, pour éviter que ne s’accumulent la haine, la rancœur et les vengeances sans fin (cf. Si 27,30 ; 28,1-7).
Il nous faut donc redécouvrir ce lien entre dette et pardon : comment pardonner si vous n’avez rien prêté à autrui ? Comment éprouver la joie d’être pardonné si vous ne devez rien à personne ? Voilà peut-être pourquoi nous avons éliminé la référence à la dette dans notre prière et notre conscience chrétienne : sous l’influence de l’individualisme contemporain (ne rien devoir à personne) ou d’un catéchisme psychanalytique mal digéré (enlever toute trace de culpabilité), nous oublions que nous vivons et prospérons grâce aux dettes contractées ou accordées à d’autres. Ne serait-ce que la dette de la vie ! Personne ne s’est fait tout seul : il doit à ses parents et à la formidable énergie vitale d’être apparu dans le monde. Il doit à la société l’école et l’université qui l’ont fait grandir. Il doit à notre système de santé d’espérer vieillir jusqu’à 80 ans et non plus 40 ans comme sous Louis XIV etc.
Éliminer la question de la dette, c’est se condamner à un isolationnisme superbe mais désespéré. Car c’est la circulation de la dette qui nous permet de nous éprouver comme liés et solidaires, à condition que cette dette reste raisonnable, c’est-à-dire remboursable sans conséquences mortelles.
Pardonner 70 fois cette fois, c’est donc s’engager dans un circuit illimité de prêt–remboursement–remise de dettes. Nous le faisons sur le plan économique, pourquoi ne pas y revenir sur le plan spirituel ?
La remise des dettes est bien l’autre nom évangélique du pardon. « Qu’as-tu que tu n’aies reçu ? » demande Paul (1 Co 4,7) pour mettre en évidence la primauté de la grâce sur le mérite. De fait, qui n’est pas débiteur envers un autre, et Dieu en premier ? Symétriquement, malheur à moi si je n’ai jamais prêté à quelqu’un, si je n’ai jamais risqué mon argent, mon temps, mes biens en les confiant à un autre, bref si personne ne me doit rien ! Cela signifierait tant de solitude et si peu de confiance…
Pardonner sans limites, si l’on suit la parabole du débiteur impitoyable, c’est donc remettre les dettes lorsqu’elles deviennent insupportables.
Un exemple historique peut nous aider à croire que cela est possible : il y a des dettes odieuses qui doivent être annulées purement et simplement, dans l’intérêt de tous.
La dette odieuse
En 1883, le Mexique avait refusé de rembourser une dette contractée auparavant par l’empereur Maximilien. Un régime injuste et illégitime ne pouvait lier le sort de son peuple pour des décennies. L’argument fit jurisprudence dans le droit international. Les États-Unis ont ainsi refusé que Cuba paye les dettes contractées par le régime colonial espagnol. Ils ont obtenu gain de cause via le Traité de Paris en 1898. C’est Alexander Nahum Sack, ancien ministre du Tsar Nicolas II, émigré en France après la révolution de 1917, professeur de droit à Paris, qui a formulé en 1927 ce concept juridique de « dette odieuse » :
« Si un pouvoir despotique contracte une dette non pas selon les besoins et les intérêts de l’État, mais pour fortifier son régime despotique, pour réprimer la population qui le combat, cette dette est odieuse pour la population de l’État entier. Cette dette n’est pas obligatoire pour la nation : c’est une dette de régime, dette personnelle du pouvoir qui l’a contractée ; par conséquent, elle tombe avec la chute de ce pouvoir. »
On se souvient de l’énorme dette imposée à l’Allemagne en 1918 au nom des réparations de guerre : insupportable et humiliante, elle a été pour une part à l’origine de l’inflation galopante des années 30 en Allemagne, et de la montée du nazisme qui a su exploiter la dénonciation de ce joug injuste. Les vainqueurs de 1945 ne referont pas cette même erreur d’imposer une autre dette odieuse, et au contraire aideront l’Allemagne à se reconstruire, grâce au Plan Marshall notamment.
Les disciples du Christ feront écho sans peine à cette demande de ne pas faire peser sur les épaules des enfants les dettes que les pères ont injustement contractées. Tant de régimes dictatoriaux, en Afrique comme ailleurs, ont « plombé » l’avenir de leur peuple : il est de notre devoir de militer pour l’annulation de ces dettes odieuses, d’autant que souvent elles ont été conclues en connaissance de cause par les créanciers (un peu comme les banquiers ont fermé les yeux lors du surendettement des familles pauvres jusqu’en 2008)…
Sur le plan spirituel, la « dette odieuse » est celle que l’humanité a contractée à travers Adam symboliquement. C’est la structure même de notre condition de créatures, où nous découvrons notre complicité avec le mal, et la dette que cela engendre à l’égard de Dieu. C’est cette « dette odieuse » que le Christ a clouée sur le bois de la croix, selon le mot de Paul : « Il a détruit, au détriment des ordonnances légales, l’attestation de notre dette, qui nous était contraire ; il l’a supprimée en la clouant à la croix. »(Col 2,14)
Croire que nous ne vivons plus sous le régime de l’expiation pour des fautes passées est au cœur du christianisme : la grâce offerte annule les dettes odieuses.
Cela doit avoir des conséquences économiques.
La dette effaçable
Tous les 50 ans, la Bible prévoit de remettre en quelque sorte les compteurs à zéro entre créanciers et débiteurs.
« Vous déclarerez sainte cette cinquantième année et proclamerez l’affranchissement de tous les habitants du pays. Ce sera pour vous un jubilé : chacun de vous rentrera dans son patrimoine, chacun de vous retournera dans son clan » (Lv 25,10).
L’institution du Jubilé est l’expression d’une volonté politique pour lutter contre l’accumulation des inégalités et des handicaps sociaux, qui autrement ne feraient qu’augmenter de génération en génération. En annulant les dettes, en libérant les esclaves, en bridant l’héritage, Dieu invite l’homme à lui ressembler jusque dans ses relations sociales.
Dans certains documents civils grecs, le mot « aphésis » (pardon) signifie une « remise des taxes ». Et la traduction grecque de la Bible, appelée Septante, use de ce mot pour désigner, lors de l’année sabbatique, la relâche de l’homme accablé de dettes (Dt 15,1) mais aussi la relâche accordée à la terre pour qu’elle se repose (Ex 23,11) ou encore la libération des esclaves (Jr 34,17).
Le chap. 25 du Lévitique parle de l’année du Jubilé. Dans la Septante, le mot « aphèsis » y traduit exactement le mot hébreu « derôr », « libération » : « Vous déclarerez sainte la cinquantième année et vous proclamerez dans le pays la libération pour tous les habitants » (v.10). Mais – et cela est capital – il traduit aussi le mot « yobel », « jubilé ». Là où le texte hébreu dit : « ce sera pour vous un jubilé », la traduction grecque comprend : « ce sera pour vous un signal de liberté »(v.10 et 11). On le voit d’emblée : comprendre le sens libérateur du Jubilé, c’est mettre en valeur ses implications économiques et sociales. [1]
La remise des dettes à chaque Jubilé ne semble guère avoir été observée jusqu’à présent. En tout cas, la remise jubilaire des dettes reste écrite dans la Torah comme l’expression de la sainteté de Dieu. Le gouverneur Néhémie par exemple obtient des riches du peuple qu’ils abandonnent la dette contractée par les plus pauvres en temps de famine, parce qu’elle est devenue insupportable (Ne 5,1-13).
Nombres d’économistes se sont inspirés de cette loi du Jubilé pour demander l’annulation de la dette des pays du Tiers-monde. On se souvient par exemple du sommet du G8 en 2005, où les 8 pays créanciers se sont entendus sur un effacement de dette pour 18 pays pauvres très endettés, pour un montant de 40 milliards de dollars. C’est donc qu’il est possible de poursuivre sur cette voie de libération des plus pauvres d’une dette insupportable (sous condition de lutte contre la corruption et de respect des plans d’ajustement structurel qui visent à favoriser les investissements privés).
Pourquoi ne pas en étudier les modalités pour les dettes des pays riches ?
Les 26-27 Octobre 2011, l’Europe a ainsi accepté que 50 % des 70 % de la dette grecque détenue par les créanciers privés (les banques au premier chef, les assureurs, des fonds d’investissement) – soit 35 % de la dette totale – soit purement et simplement effacée.
La parabole du débiteur impitoyable (Lc 18,23-35) résonne comme un appel à faire circuler l’effacement de la dette entre nous, condition essentielle pour rester libres. Car, dans l’esprit du Jubilé, remettre les dettes est jubilatoire…
La dette vertueuse
Le capitalisme repose sur le crédit (credo), c’est-à-dire sur la confiance (croire en l’autre). La monnaie fiduciaire (fides = foi, confiance) est le symbole de cette relation de confiance qui unit créanciers et débiteurs. Sans confiance pas d’échanges, pas d’économies modernes. En ce sens, un niveau de dette raisonnable est compatible avec la notion de risque pour faire fructifier les talents reçus.
Après la crise de 1929, on a mis en pratique les théories de John Maynard Keynes sur l’offre et la demande. Si la crise est une crise de surproduction et de sous-consommation, alors il suffit d’injecter de l’argent public (quitte à ce que l’État s’endette pour cela) pour relancer la consommation et la croissance, faisant ainsi reculer le chômage et l’inflation. Hitler l’avait bien compris avec ses grands travaux d’infrastructure et ses dépenses publiques pour le réarmement de l’Allemagne. Le plan Marshall ensuite après-guerre a mis ces idées en pratique, et engendré l’hyperconsommation des années 50-80. Ces « Trente glorieuses » ont consacré la théorie keynésienne de la dette vertueuse : ce n’est pas grave d’emprunter, même massivement, car cela se retrouvera dans la croissance. C’est le fameux mythe du multiplicateur keynésien : endettez-vous de 100 € pour relancer l’économie par des dépenses publiques, et vous en trouverez 120 ou 150 dans la richesse produite.
Les plans de relance post-Covid ont remis cette mécanique keynésienne sous les feux de la rampe, pour que les économies des pays ne s’écroulent pas à court-terme sous l’absence de la consommation. Mais avec quelles conséquences sur les générations futures ?…
On sait pourtant que dépenser beaucoup plus que ce que l’on gagne est à terme toujours catastrophique, pour les États comme pour les particuliers !
L’argent est devenu en quelque sorte magique suite à la crise sanitaire de 2020 : il suffit de quelques signatures pour créer comme par enchantement 750 milliards de lignes de crédit à la Banque Centrale Européenne, ou 500 milliards supplémentaires dans le budget national français… La seule magie qui opère ici est celle de la confiance (fides toujours) : tant que les acteurs des marchés ont confiance dans la capacité des États à rembourser peu ou prou (au moins les intérêts de la dette !), la dynamique semble en équilibre. Jusqu’à la prochaine crise de confiance dont la dévastation sera à la hauteur des déficits consentis…
Par contre, il existe bel et bien une ‘dette vertueuse’ en régime chrétien.
« Ne gardez entre vous aucune dette, sinon celle de l’amour mutuel » (Rm 13,8): Saint-Paul ne veut pas d’une économie basée sur l’emprunt dans la communauté chrétienne. Mais il sait que la circulation du don est liée à la reconnaissance de la dette d’amour, envers Dieu d’abord et tous ensuite. « Pour ne rien dire de la dette qui t’oblige toujours à mon endroit, et qui est toi-même! » (Ph 1,19) précise encore Paul à l’encontre du maître de l’esclave Philémon.
Je suis aimé avant que d’aimer.
Je reçois la vie avant de la donner.
Cette antériorité de l’amour reçu sur l’amour donné crée une dette vertueuse qui oblige à la faire circuler entre tous. Chacun, ne pouvant rembourser cette dette-là, accorde à l’autre un crédit qu’il renonce par avance à récupérer entièrement.
La parabole du bon samaritain qui soigne le blessé à l’auberge et disparaît pour ne pas être remboursé de sa dette en est la figure évangélique la plus aboutie (Lc 10,25-37).
Vive la dette qui circule et crée l’échange !
La dette souveraine
C’est la dette d’un État souverain.
L’explosion des dettes américaines et européennes est en effet en train d’engendrer une crise plus grave que celle des subprimes en 2008. À l’époque, c’étaient les pauvres qui s’endettaient trop – sous la pression des banques – pour acheter leur maison aux USA. Aujourd’hui, ce sont les États riches qui risquent de devenir insolvables…
Sur le graphique ci-dessous, on s’aperçoit toutefois que cette question est un vieux problème : depuis deux siècles, la dette publique française a connu des sommets plus impressionnants qu’aujourd’hui ! Mais à chaque fois cela s’est mal terminé : guerres, dépression économique, inflation galopante…
Les partisans d’une certaine sobriété ne manqueront pas d’en tirer avantage, en s’appuyant sur les appels évangéliques à la simplicité de vie. La frugalité était une vertu du capitalisme naissant. On ferait bien d’y revenir !
Mais les plans de relance suite à la crise du Covid 19 vont faire exploser la dette publique de tous les pays : décidément, Keynes n’est pas mort…
Relisons cette semaine la parabole du débiteur impitoyable, en nous souvenant de l’invitation de Paul qui lui fait écho : « Ne gardez entre vous aucune dette, sinon celle de l’amour mutuel ».
LECTURES DE LA MESSE
PREMIÈRE LECTURE
« Pardonne à ton prochain le tort qu’il t’a fait ; alors, à ta prière, tes péchés seront remis » (Si 27, 30 – 28, 7)
Lecture du livre de Ben Sira le Sage
Rancune et colère, voilà des choses abominables où le pécheur est passé maître. Celui qui se venge éprouvera la vengeance du Seigneur ; celui-ci tiendra un compte rigoureux de ses péchés. Pardonne à ton prochain le tort qu’il t’a fait ; alors, à ta prière, tes péchés seront remis. Si un homme nourrit de la colère contre un autre homme, comment peut-il demander à Dieu la guérison ? S’il n’a pas de pitié pour un homme, son semblable, comment peut-il supplier pour ses péchés à lui ? Lui qui est un pauvre mortel, il garde rancune ; qui donc lui pardonnera ses péchés ? Pense à ton sort final et renonce à toute haine, pense à ton déclin et à ta mort, et demeure fidèle aux commandements. Pense aux commandements et ne garde pas de rancune envers le prochain, pense à l’Alliance du Très-Haut et sois indulgent pour qui ne sait pas.
PSAUME
(Ps 102 (103), 1-2, 3-4, 9-10, 11-12)
R/ Le Seigneur est tendresse et pitié,lent à la colère et plein d’amour. (Ps 102, 8)
Bénis le Seigneur, ô mon âme,
bénis son nom très saint, tout mon être !
Bénis le Seigneur, ô mon âme,
n’oublie aucun de ses bienfaits !
Car il pardonne toutes tes offenses
et te guérit de toute maladie ;
il réclame ta vie à la tombe
et te couronne d’amour et de tendresse.
Il n’est pas pour toujours en procès,
ne maintient pas sans fin ses reproches ;
il n’agit pas envers nous selon nos fautes,
ne nous rend pas selon nos offenses.
Comme le ciel domine la terre,
fort est son amour pour qui le craint ;
aussi loin qu’est l’orient de l’occident,
il met loin de nous nos péchés.
DEUXIÈME LECTURE
« Si nous vivons, si nous mourons, c’est pour le Seigneur » (Rm 14, 7-9)
Lecture de la lettre de saint Paul Apôtre aux Romains
Frères, aucun d’entre nous ne vit pour soi-même, et aucun ne meurt pour soi-même : si nous vivons, nous vivons pour le Seigneur ; si nous mourons, nous mourons pour le Seigneur. Ainsi, dans notre vie comme dans notre mort, nous appartenons au Seigneur. Car, si le Christ a connu la mort, puis la vie, c’est pour devenir le Seigneur et des morts et des vivants.
ÉVANGILE
« Je ne te dis pas de pardonner jusqu’à sept fois, mais jusqu’à 70 fois sept fois » (Mt 18, 21-35)
Alléluia. Alléluia.Je vous donne un commandement nouveau, dit le Seigneur : « Aimez-vous les uns les autres, comme je vous ai aimés. » Alléluia. (cf. Jn 13, 34)
Évangile de Jésus Christ selon saint Matthieu
En ce temps-là, Pierre s’approcha de Jésus pour lui demander : « Seigneur, lorsque mon frère commettra des fautes contre moi, combien de fois dois-je lui pardonner ? Jusqu’à sept fois ? » Jésus lui répondit : « Je ne te dis pas jusqu’à sept fois, mais jusqu’à 70 fois sept fois. Ainsi, le royaume des Cieux est comparable à un roi qui voulut régler ses comptes avec ses serviteurs. Il commençait, quand on lui amena quelqu’un qui lui devait dix mille talents (c’est-à-dire soixante millions de pièces d’argent). Comme cet homme n’avait pas de quoi rembourser, le maître ordonna de le vendre, avec sa femme, ses enfants et tous ses biens, en remboursement de sa dette. Alors, tombant à ses pieds, le serviteur demeurait prosterné et disait : ‘Prends patience envers moi, et je te rembourserai tout.’ Saisi de compassion, le maître de ce serviteur le laissa partir et lui remit sa dette.
Mais, en sortant, ce serviteur trouva un de ses compagnons qui lui devait cent pièces d’argent. Il se jeta sur lui pour l’étrangler, en disant : ‘Rembourse ta dette !’ Alors, tombant à ses pieds, son compagnon le suppliait : ‘Prends patience envers moi, et je te rembourserai.’ Mais l’autre refusa et le fit jeter en prison jusqu’à ce qu’il ait remboursé ce qu’il devait. Ses compagnons, voyant cela, furent profondément attristés et allèrent raconter à leur maître tout ce qui s’était passé. Alors celui-ci le fit appeler et lui dit : ‘Serviteur mauvais ! je t’avais remis toute cette dette parce que tu m’avais supplié. Ne devais-tu pas, à ton tour, avoir pitié de ton compagnon, comme moi-même j’avais eu pitié de toi ?’ Dans sa colère, son maître le livra aux bourreaux jusqu’à ce qu’il eût remboursé tout ce qu’il devait.
C’est ainsi que mon Père du ciel vous traitera, si chacun de vous ne pardonne pas à son frère du fond du cœur. »
Patrick BRAUD