L'homélie du dimanche (prochain)

4 décembre 2010

Êtes-vous plutôt centripètes ou centrifuges ?

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Êtes-vous plutôt centripètes ou centrifuges ?

 

Homélie du 2° dimanche de l’Avent / Année A

Dimanche 5 Décembre 2010

 

Un souffle d’universalisme réjouissant parcourt ces trois lectures d’Avent, et cela peut aller droit au coeur des païens que nous sommes.

 

Deux universalismes

Isaïe (Is 11,1-10) annonce une ère messianique, que nous croyons inaugurée en Jésus, où « le loup habitera avec l’agneau… ». C’est-à-dire où Palestiniens et Israéliens vivront en frères, où l’Europe sera source de paix et non plus de guerres mondiales, où chinois, américains et indiens s’entendront sur l’avenir de la planète etc…. Utopique ? Naïf ? Peut-être. Mais ceux qui ont cru à ce genre d’utopies ont réconcilié la France et l’Allemagne après 1945, ont créé l’Europe pour la paix, ont aboli les lois raciales aux États-Unis, l’apartheid en Afrique du Sud… : la liste est trop longue !

 

L’universalisme d’Isaïe dans ce texte est toujours une formidable source d’action politique et sociale.

  • C’est un universalisme « centripète » en fait : « la racine de Jessé sera dressée comme un étendard pour les peuples, les nations la chercheront ».

 

On peut penser la mission de l’Église selon ce dynamisme du rassemblement : rassemblement eschatologique de toutes les nations à Jérusalem pour Isaïe, rassemblement de toutes les cultures dans la communion ecclésiale pour nous aujourd’hui.

Ce modèle centripète de la mission a déjà porté de très beaux fruits : la vitalité des premières communautés chrétiennes tout autour du bassin méditerranéen dans les premiers siècles (cf. Actes des Apôtres), l’évangélisation par les monastères au Moyen Âge en Europe etc…

 

  • L’autre conception de la mission de l’Église sera sans surprise un universalisme  « centrifuge ».

Notre deuxième lecture en donne un écho, à travers la présence de Paul à Rome, loin de Jérusalem : « les nations païennes peuvent rendre gloire à Dieu. Comme le dit l’écriture : je te louerai parmi les nations » (Rm 15,4-9). Il ne s’agit plus là d’attirer  le monde entier à Jérusalem (ou dans l’Église), mais d’être dispersés au milieu des peuples pour leur permettre d’entrer en communion avec Dieu chacun selon son génie propre. On peut penser la mission de l’Église selon ce dynamisme de l’envoi.

 

Pourquoi des poils de chameau et des sauterelles ?

Les chameaux sont dans la Bible associés à la richesse des nations étrangères, que ce soit pour la reine de Saba ou pour les mages. Le chameau est lui-même un animal impur, symbole des non-juifs : « Vous tiendrez pour impur le chameau parce que, bien que ruminant, il n’a pas le sabot fourchu » (Lv 11,4).

C’est dans ce sens que saint Hilaire de Poitiers  interprète symboliquement l’étrange accoutrement de Jean le Baptiste dans notre évangile (Jn 3,1-12).

 

« Ce vêtement pris à des animaux immondes auxquels ont peut comparer les nations païennes et qu’il sanctifiait en le portant, était un symbole de la sainteté que nous pouvions recevoir par son ministère. Êtes-vous plutôt centripètes ou centrifuges ? dans Communauté spirituelle 66984286nuee-de-sauterelles-a-brezina-visoterra-13057-jpgLes hommes, dans leurs allures désordonnées, ressemblaient à ces sauterelles dont se nourrissait le Prophète, ils étaient volages, stériles dans leurs ?uvres, verbeux, agités. Et maintenant il s’est trouvé que nous sommes devenus la nourriture des saints et les délices des prophètes : et nous leur avons offert en même temps que nos personnes un miel qui provenait non des rayons de la Loi, mais des arbres sauvages (saint Hilaire de Poitiers : commentaire de l’évangile selon saint Matthieu, II 2). »

 

L’universalisme de Jean-Baptiste se manifeste, hors de Jérusalem, dans le désert, par son accueil de tous les pénitents. Bien plus, il affirme avec force : « avec les pierres que voici, Dieu peut faire surgir des enfants à Abraham ». C’est-à-dire : ne croyez pas que le peuple de Dieu est limité aux juifs, au circoncis, aux pratiquants des rites prescrits. Dieu est libre de se susciter une famille en Inde comme au Brésil, en Chine comme en Afrique…

 

Alors, êtes-vous plutôt centrifuges ou centripètes ?

Selon l’accent mis, l’Église et la mission n’auront pas les mêmes couleurs…

·       Dans la conception centripète, on va soigner la liturgie, la formation des laïcs à la pastorale, l’accueil fraternel (cf. le succès mérité les communautés nouvelles en ce sens, ou même des Églises baptistes et pentecôtistes en milieu populaire)…

Avec les dangers qui sont liés à cette conception centripète : la tentation de faire la leçon à tout le monde et de disqualifier le monde contemporain en faisant comme si l’Église était le seul milieu du salut ; le risque de créer une contre-culture ecclésiale spécifique mais fermée ; la seule préoccupation de l’organisation interne de l’Église etc…

  liturgie Avent dans Communauté spirituelle

·       Dans la conception centrifuge, on va envoyer des missionnaires dans le monde entier (avec un beau succès encore dans les siècles passés !), on va former les laïcs à l’action politique, sociale et économique, encourager le dialogue avec les cultures contemporaines.

Les dangers liés à cette conception centrifuge sont eux aussi bien connus : le risque de l’enfouissement et de l’affadissement, voire de la disparition au milieu des peuples, le danger du relativisme etc….

 

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·      
Vous l’avez deviné : l’Écriture ne tranche pas entre ces deux conceptions de la mission, centripète et centrifuge.

 

Dans toute la Bible se retrouvent ces deux dimensions de la mission: un universalisme centripète (rassemblement eschatologique à Jérusalem) et un universalisme centrifuge (de Jérusalem aux extrémités de la terre). Trop privilégier une seule de ces dimensions défigure le visage sacramentel de l’Église. La mission est envoi ; elle est aussi rassemblement, convocation, attraction universelle de la gloire de Dieu.

 

- La communion est en effet missionnaire : elle constitue en elle-même une annonce kérygmatique de la mort / Résurrection du Seigneur (Cf. Ac 2,47), car elle témoigne et réalise que le mystère pascal produit d’ores et déjà son fruit: « rassembler dans l’unité les enfants de Dieu dispersés » (Jn 11,52). De plus, cette communion n’est pas un repli frileux et ?cocoonesque’ sur une identité ecclésiale fermée au monde. Elle est un envoi, une respiration (systole / diastole), un mouvement à la fois centripète et centrifuge, qui permet aux membres de l’ekklèsia (= assemblée) d’aller jusqu’aux extrémités de la terre (Mc 16,15; Ac 1,8), géographiquement et culturellement. L’eucharistie conjugue ces deux mouvements : rassembler le Peuple de Dieu dans l’ekklèsia, l’envoyer à la fin de la messe (missa = envoi), pour le reconvoquer après etc?

 

- On ne peut donc plus opposer communion et  mission, sacramentalisation et  évangélisation.

Car être missionnaire, c’est proposer à des personnes de faire l’expérience de la koïnonia, dont les sacrements vécus en Église sont des temps forts. À quoi servirait d’aller « rejoindre les païens », d’aller vivre l’enfouissement, de « s’ouvrir au monde », si ce n’était pas pour manifester visiblement que l’amour trinitaire est capable de transformer la vie humaine ? La mission n’est pas seulement centrifuge, elle est aussi centripète: permettre à tout homme de s’adjoindre à l’ekklèsia.

Car célébrer les sacrements, c’est aussi évangéliser. Les ministres qui président aux sacrements le font parce qu’ils président à la mission d’évangélisation de l’Église. Ce lien missionnaire est capital. Chez les Pères, la mystagogie  était un lieu symbolique pour faire naître le désir de Dieu et la soif de relations fraternelles à partir de la liturgie vécue. Aujourd’hui, l’accueil sacramentel (mariages, baptêmes, funérailles…) se doit d’évangéliser la demande religieuse de sacré, diffuse et ambiguë. Oscillant entre élitisme et braderie des sacrements, la ligne de crête de cette évangélisation par les sacrements est difficile à tenir et à mettre en oeuvre. D’où la responsabilité particulière des ministres pour dépasser les anciennes oppositions stériles.

 

·       La foi catholique fait donc le pari de tenir ensemble les deux dynamismes : à la fois lumière du monde (centripète) et sel de la terre (centrifuge), les chrétiens devraient discerner selon leur époque quel est l’accent à mettre pour devenir fidèles à cette tension constitutive de l’Église.

 

·       Il semble que notre période soit marquée par un fort retour de la conception 7321950339297 centripètecentripète : réflexes identitaires, surinvestissement dans la vie ecclésiale, petites  communautés chaleureuses (mais sont-elles pertinentes ou bien folkloriques dans notre culture ambiante ?)?

 

 

Ne faudrait-il pas redécouvrir le grand vent du large qui a poussé tant de Français aux XVIII°-XIX° siècles (avec la Terreur) et au XX° siècle (avec l’exil dû à la loi de 1905) à partir au loin, géographiquement et culturellement ?

   

 

N’est-il pas temps pour nous aussi de nous vêtir de poils de chameau (les sagesses des nations) et de nous nourrir de sauterelles et de miel sauvage (les semences du Verbe présentes dans toute culture) ?

 

 

 

1ère lecture : Le Messie, roi de paix (Is 11, 1-10)

Lecture du livre d’Isaïe

Parole du Seigneur Dieu :

Un rameau sortira de la souche de Jessé, père de David, un rejeton jaillira de ses racines.

Sur lui reposera l’esprit du Seigneur : esprit de sagesse et de discernement, esprit de conseil et de force, esprit de connaissance et de crainte du Seigneur,

qui lui inspirera la crainte du Seigneur. Il ne jugera pas d’après les apparences, il ne tranchera pas d’après ce qu’il entend dire.

Il jugera les petits avec justice, il tranchera avec droiture en faveur des pauvres du pays. Comme un bâton, sa parole frappera le pays, le souffle de ses lèvres fera mourir le méchant.

Justice est la ceinture de ses hanches ; fidélité, le baudrier de ses reins.

Le loup habitera avec l’agneau, le léopard se couchera près du chevreau, le veau et le lionceau seront nourris ensemble, un petit garçon les conduira.

La vache et l’ourse auront même pâturage, leurs petits auront même gîte. Le lion, comme le boeuf, mangera du fourrage.

Le nourrisson s’amusera sur le nid du cobra, sur le trou de la vipère l’enfant étendra la main.

Il ne se fera plus rien de mauvais ni de corrompu sur ma montagne sainte ; car la connaissance du Seigneur remplira le pays comme les eaux recouvrent le fond de la mer.

Ce jour-là, la racine de Jessé, père de David, sera dressée comme un étendard pour les peuples, les nations la chercheront, et la gloire sera sa demeure.

 

Psaume : Ps 71, 1-2, 7-8, 12-13, 17

R/ Voici venir un jour sans fin de justice et de paix.

Dieu, donne au roi tes pouvoirs,

à ce fils de roi ta justice.

Qu’il gouverne ton peuple avec justice,

qu’il fasse droit aux malheureux !

 

En ces jours-là, fleurira la justice,

grande paix jusqu’à la fin des lunes !

Qu’il domine de la mer à la mer,

et du Fleuve jusqu’au bout de la terre !

 

Il délivrera le pauvre qui appelle

et le malheureux sans recours.

Il aura souci du faible et du pauvre,

du pauvre dont il sauve la vie.

 

Que son nom dure toujours ;

sous le soleil, que subsiste son nom !

En lui, que soient bénies toutes les familles de la terre ;

que tous les pays le disent bienheureux !

 

2ème lecture : L’espérance offerte par l’Écriture s’étend à toutes les nations (Rm 15, 4-9)

Lecture de la lettre de saint Paul Apôtre aux Romains

Frères, tout ce que les livres saints ont dit avant nous est écrit pour nous instruire, afin que nous possédions l’espérance grâce à la persévérance et au courage que donne l’Écriture.

Que le Dieu de la persévérance et du courage vous donne d’être d’accord entre vous selon l’esprit du Christ Jésus.

Ainsi, d’un même coeur, d’une même voix, vous rendrez gloire à Dieu, le Père de notre Seigneur Jésus Christ.

Accueillez-vous donc les uns les autres comme le Christ vous a accueillis pour la gloire de Dieu, vous qui étiez païens.

Si le Christ s’est fait le serviteur des Juifs, c’est en raison de la fidélité de Dieu, pour garantir les promesses faites à nos pères ; mais, je vous le déclare,

c’est en raison de la miséricorde de Dieu que les nations païennes peuvent lui rendre gloire ; comme le dit l’Écriture : Je te louerai parmi les nations, je chanterai ton nom.

 

Evangile : Jean Baptiste annonce que le Messie vient juger le monde (Mt 3, 1-12)

Évangile de Jésus Christ selon saint Matthieu

En ces jours-là, paraît Jean le Baptiste, qui proclame dans le désert de Judée :

« Convertissez-vous, car le Royaume des cieux est tout proche. »

Jean est celui que désignait la parole transmise par le prophète Isaïe : A travers le désert, une voix crie : Préparez le chemin du Seigneur, aplanissez sa route.

Jean portait un vêtement de poils de chameau, et une ceinture de cuir autour des reins ; il se nourrissait de sauterelles et de miel sauvage.

Alors Jérusalem, toute la Judée et toute la région du Jourdain venaient à lui,

et ils se faisaient baptiser par lui dans le Jourdain en reconnaissant leurs péchés.

Voyant des pharisiens et des sadducéens venir en grand nombre à ce baptême, il leur dit : « Engeance de vipères ! Qui vous a appris à fuir la colère qui vient ?

Produisez donc un fruit qui exprime votre conversion,

et n’allez pas dire en vous-mêmes : ‘Nous avons Abraham pour père’ ; car, je vous le dis : avec les pierres que voici, Dieu peut faire surgir des enfants à Abraham.

Déjà la cognée se trouve à la racine des arbres : tout arbre qui ne produit pas de bons fruits va être coupé et jeté au feu.

Moi, je vous baptise dans l’eau, pour vous amener à la conversion. Mais celui qui vient derrière moi est plus fort que moi, et je ne suis pas digne de lui retirer ses sandales. Lui vous baptisera dans l’Esprit Saint et dans le feu ;

il tient la pelle à vanner dans sa main, il va nettoyer son aire à battre le blé, et il amassera le grain dans son grenier. Quant à la paille, il la brûlera dans un feu qui ne s’éteint pas. »
Patrick Braud 

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3 juillet 2010

Qu’est-ce qui peut nous réjouir ?

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Qu’est-ce qui peut nous réjouir ?


Homélie du 14° Dimanche du temps ordinaire / Année C

04/07/2010

 

La joie coule à flots dans les textes de ce dimanche. « Réjouissez-vous avec Jérusalem », « exultez, soyez pleins d’allégresse », « votre coeur se réjouira », clame la première lecture.

« De là cette joie qu’il nous donne », chante le psaume.

« Les 72 disciples revinrent tout joyeux » de leur mission, raconte l’Évangile.

 

Si vous êtes dans une période heureuse de votre vie, vous aurez tendance à confondre peut-être cette joie avec la vôtre, sans entendre ce qu’elle a d’original.

Si au contraire vous êtes dans une période douloureuse, vous risquez d’envoyer promener ces pages en disant : ?à d’autres ! Ce n’est pas pour moi. Pas en ce moment hélas.’

Dans les deux cas, nous risquons de passer à côté de la joie promise, si différente de nos émotions, si originale par rapport à nos attentes.

 

Mais qu’est-ce qui peut nous réjouir en vérité ?

Qu'est-ce qui peut nous réjouir ? dans Communauté spirituelle mur_jerusalem-2« Jérusalem », répond Isaïe.

Se réjouir d’une ville, cela vous est peut-être déjà arrivé ! Mais c’est rare… Pourtant, se réjouir de Jérusalem, c’est anticiper le moment où la promesse de Dieu se réalisera. Oui, la paix se dirigera vers elle comme un fleuve. Oui, la gloire des nations l’irriguera mieux qu’un torrent qui déborde.

Si vous pensez au mur en béton qui sépare actuellement Jérusalem-Est, palestinienne, de Jérusalem-Ouest, juive, il y a de quoi désespérer : on n’en est pas encore à ce que promet Isaïe ! Si vous songez à la réprobation mondiale unanime qui accable le gouvernement israélien suite au blocus de Gaza et ses conséquences tragiques, l’heure  n’est pas vraiment à la joie.

Mais le prophète voit plus loin que les impasses actuelles. Il sait que cette ville, Jérusalem, a une vocation unique au sein de notre humanité, et il croit assez en la fidélité de Dieu à sa promesse pour s’en réjouir à l’avance.

 

Louer Dieu pour ce qu’il va faire et s’en réjouir par avance : voilà une première attitude, paradoxale, où la joie réalise ce qu’elle annonce…

 

La deuxième attitude, celle du psaume, est plus facile à comprendre.

Il s’agit de s’appuyer sur ce que Dieu a déjà accompli dans mon histoire personnelle / dans notre histoire collective.

Autrement dit : la joie ne manquera pas à celui qui sait faire mémoire des « hauts faits de Dieu » par le passé. C’est toujours la fidélité de Dieu à lui-même qui sera la source de la joie : ce qu’il a fait, il le fera à nouveau, de manière nouvelle, car il est fidèle. De cela nous pouvons être si sûrs que la joie gagnera sur le doute.

 

Se réjouir de ce que Dieu va faire, de ce qu’il a déjà accompli : l’Évangile unit ces deux attitudes en une formule lapidaire : « ne vous réjouissez pas parce que les esprits vous sont soumis ; mais réjouissez-vous parce que vos noms sont inscrits dans les cieux. »

 

La vraie joie n’est pas l’ivresse de la puissance, même si cette puissance permet de vaincre le mal et les ennemis (« je voyais Satan tomber du ciel comme l’éclair »).

L’ivresse de la puissance est trop liée à la domination, à la soumission de l’autre.

La joie du Christ vient de l’avenir : « réjouissez-vous parce que vos noms sont inscrits dans les cieux ». Un avenir qui reflue déjà sur le présent, et lui donne la forme d’une confiance généreuse : « Paix à cette maison ».

Avoir son nom « inscrit dans les cieux », c’est tout simplement la joie de se savoir aimé, quoiqu’il arrive. Non pas se réjouir du mal, même de sa défaite, mais laisser l’allégresse du coeur venir de cette certitude qui change tout : quelqu’un a gravé mon nom / nos noms sur la paume de ses mains. Cette écriture « dans les cieux » est indélébile.

Des parents sont des témoins de cette inscription-là lorsqu’ils offrent à leurs enfants assez de sécurité affective pour leur donner confiance en eux, capables de se projeter dans l’avenir.

Des éducateurs sont signes de cette inscription-là lorsqu’ils accompagnent des jeunes, ou des personnes en détresse, à travers leurs épreuves : ?il y a quelqu’un qui croit en toi. N’abandonne pas’.

Des amis sont des révélateurs de cette joie lorsqu’ils expriment leur attachement indéfectible, leur affection gratuite : ‘ton nom est inscrit dans mon histoire, à jamais, quoi qu’il arrive’.

 

Qu’est-ce qui peut nous réjouir ?

Cette semaine, prenons le temps de regarder : d’où nous vient notre joie ? de qui ? Pouvons-nous apprendre à nous réjouir à la manière du Christ :  « ne vous réjouissez pas parce que les esprits vous sont soumis ; mais réjouissez-vous parce que vos noms sont inscrits dans les cieux » ?

 

1ère lecture : La joie de l’ère messianique (Is 66, 10-14)

 

Lecture du livre d’Isaïe

Réjouissez-vous avec Jérusalem, exultez à cause d’elle, vous tous qui l’aimez ! Avec elle soyez pleins d’allégresse, vous tous qui portiez son deuil !
Ainsi vous serez nourris et rassasiés du lait de ses consolations, et vous puiserez avec délices à l’abondance de sa gloire.
Voici ce que dit le Seigneur : Je dirigerai vers elle la paix comme un fleuve, et la gloire des nations comme un torrent qui déborde. Vous serez comme des nourrissons que l’on porte sur son bras, que l’on caresse sur ses genoux.
De même qu’une mère console son enfant, moi-même je vous consolerai, dans Jérusalem vous serez consolés.
Vous le verrez, et votre coeur se réjouira ; vos membres, comme l’herbe nouvelle, seront rajeunis. Et le Seigneur fera connaître sa puissance à ses serviteurs.

 

Psaume : Ps 65, 1-3a, 4-5, 6-7a, 16.20

 

R/ Terre entière, acclame Dieu, chante le Seigneur

Acclamez Dieu, toute la terre ;
fêtez la gloire de son nom,
glorifiez-le en célébrant sa louange.
Dites à Dieu : « Que tes actions sont redoutables ! »

Toute la terre se prosterne devant toi,
elle chante pour toi, elle chante pour ton nom.
Venez et voyez les hauts faits de Dieu,
ses exploits redoutables pour les fils des hommes.

Il changea la mer en terre ferme :
ils passèrent le fleuve à pied sec.
De là, cette joie qu’il nous donne.
Il règne à jamais par sa puissance.

Venez, écoutez, vous tous qui craignez Dieu :
je vous dirai ce qu’il a fait pour mon âme.
Béni soit Dieu, qui n’a pas écarté ma prière,
ni détourné de moi son amour !

2ème lecture : La croix du Christ, orgueil du chrétien (Ga 6, 14-18)

 

Lecture de la lettre de saint Paul Apôtre aux Galates

Que la croix de notre Seigneur Jésus Christ reste mon seul orgueil. Par elle, le monde est à jamais crucifié pour moi, et moi pour le monde.
Ce qui compte, ce n’est pas d’avoir ou de ne pas avoir la circoncision, c’est la création nouvelle.
Pour tous ceux qui suivent cette règle de vie et pour le véritable Israël de Dieu, paix et miséricorde.
Dès lors, que personne ne vienne me tourmenter. Car moi, je porte dans mon corps la marque des souffrances de Jésus.
Frères, que la grâce de notre Seigneur Jésus Christ soit avec votre esprit. Amen.

 

Evangile : Les soixante-douze en mission annoncent la joie du règne de Dieu (brève : 1-9) (Lc 10, 1-12.17-20)

 

Acclamation : Alléluia. Alléluia. Sur toute la terre est proclamé la Parole, et la Bonne Nouvelle aux limites du monde. Alléluia. (cf. Ps 18, 5)

 

Évangile de Jésus Christ selon saint Luc

Parmi ses disciples, le Seigneur en désigna encore soixante-douze, et il les envoya deux par deux devant lui dans toutes les villes et localités où lui-même devait aller.
Il leur dit : « La moisson est abondante, mais les ouvriers sont peu nombreux. Priez donc le maître de la moisson d’envoyer des ouvriers pour sa moisson.
Allez ! Je vous envoie comme des agneaux au milieu des loups.
N’emportez ni argent, ni sac, ni sandales, et ne vous attardez pas en salutations sur la route.
Dans toute maison où vous entrerez, dites d’abord : ‘Paix à cette maison.’
S’il y a là un ami de la paix, votre paix ira reposer sur lui ; sinon, elle reviendra sur vous.
Restez dans cette maison, mangeant et buvant ce que l’on vous servira ; car le travailleur mérite son salaire. Ne passez pas de maison en maison.
Dans toute ville où vous entrerez et où vous serez accueillis, mangez ce qu’on vous offrira.
Là, guérissez les malades, et dites aux habitants : ‘Le règne de Dieu est tout proche de vous.’
Mais dans toute ville où vous entrerez et où vous ne serez pas accueillis, sortez sur les places et dites :
‘Même la poussière de votre ville, collée à nos pieds, nous la secouons pour vous la laisser. Pourtant sachez-le : le règne de Dieu est tout proche.’
Je vous le déclare : au jour du Jugement, Sodome sera traitée moins sévèrement que cette ville. »
Les soixante-douze disciples revinrent tout joyeux. Ils racontaient : « Seigneur, même les esprits mauvais nous sont soumis en ton nom. »
Jésus leur dit : « Je voyais Satan tomber du ciel comme l’éclair.
Vous, je vous ai donné pouvoir d’écraser serpents et scorpions, et pouvoir sur toute la puissance de l’Ennemi ; et rien ne pourra vous faire du mal.
Cependant, ne vous réjouissez pas parce que les esprits vous sont soumis ; mais réjouissez-vous parce que vos noms sont inscrits dans les cieux. »
Patrick BRAUD

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