L'homélie du dimanche (prochain)

22 octobre 2023

Car vous étiez des immigrés au pays d’Égypte…

Classé sous Communauté spirituelle — lhomeliedudimanche @ 12 h 30 min

Car vous étiez des immigrés au pays d’Égypte…

Homélie pour le 30° Dimanche du temps ordinaire / Année A
29/10/2023

Cf. également :
Simplifier, aimer, unir
La bourse et la vie
Le cognac de la foi
L’amour du prochain et le « care »
Conjuguer le verbe aimer à l’impératif
Éthique de conviction, éthique de responsabilité

Les naufragés de la Méditerranée

Juin 2023, un vieux rafiot surchargé de migrants fait naufrage au large de la Grèce. Plus de 80 morts… Ces images terribles de vies humaines englouties avec leurs espoirs d’un avenir meilleur ailleurs font régulièrement la une de nos journaux télévisés. On estime à environ 30 000 depuis 2014 le nombre de ces naufragés qui ont péri en Méditerranée, cherchant à traverser d’un monde à l’autre [1]. L’organisme Missing Migrants Project a enregistré la mort de 58 339 personnes au total depuis 2014.
Nous ne savons pas quoi faire.
Nous, devant notre écran, qui voyons ces corps entourés de pneus en guise de bouées, sommes partagés entre la compassion et la peur. Compassion, car qui resterait insensible à tant de détresse et de souffrance ? Peur, car qui pourra maîtriser ces flux grossissants sans cesse, jusqu’à menacer peut-être notre économie, notre façon de vivre, notre culture, notre identité ?

Morts migrations au 16/10/2023

Morts migrations au 16/10/2023
Source : https://missingmigrants.iom.int/data

La liturgie de ce dimanche nous met très clairement en devoir de réfléchir aux migrations contemporaines, et d’agir en cohérence avec l’expérience spirituelle d’Israël qui est également la nôtre : « Tu n’exploiteras pas l’immigré, tu ne l’opprimeras pas, car vous étiez vous-mêmes des immigrés au pays d’Égypte » (Ex 22,20). Le triple commandement de l’amour qui résume la Loi selon Jésus (Mt 22,34-40) nous renvoie lui aussi à l’hospitalité envers l’étranger, à l’accueil de nos frères et sœurs en humanité : « tu aimeras ton prochain comme toi-même » se décline très vite en : « j’étais un étranger et vous m’avez accueilli » (Mt 25,35).

Comment concilier les deux exigences qui nourrissent notre émotion et notre peur : accueillir l’étranger et protéger sa famille, son pays ? Comment « trouver le juste équilibre entre le double devoir moral de protéger les droits de ses propres citoyens, et celui de garantir l’assistance et l’accueil des migrants » ? (Pape François, Fratelli tutti, n° 40)

 

Le pape François et l’immigration
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Pour son premier voyage hors du Vatican depuis son élection quelques semaines auparavant, le nouveau Pape se rendait sur la petite île italienne de Lampedusa, plaque tournante pour l’arrivée de migrants par bateaux entiers. C’était le 8 juillet 2013. Depuis un bateau des garde-côtes italiens, il avait alors lancé une couronne de fleurs en mémoire des migrants morts lors de leur tentative de traverser la Méditerranée après avoir prié de longues minutes. François allait dénoncer quelques instants plus tard lors de la messe célébrée sur l’île, « la mondialisation de l’indifférence » devant ce drame migratoire.
L’encyclique Fratelli tutti (2020) aborde abondamment cette question sociale. François est sans doute le pape qui s’est le plus exprimé sur cette question des migrations, avec simplicité et clarté. Et avec des gestes symboliques d’autant plus forts qu’ils étaient ultra médiatisés. Ainsi en avril 2016, il ramène avec lui dans son avion à Rome douze migrants syriens lors de sa visite au camp de réfugiés de Lesbos.
François se réfère à sa propre expérience d’Argentin, évêque de Buenos Aires, pour réaffirmer que les migrants peuvent être une chance plus qu’une menace (« si on les aide à s’intégrer », ce qui n’est pas une mince condition) :

La culture des latinos est « un ferment de valeurs et de possibilités qui peut faire beaucoup de bien aux États Unis. […] Une forte immigration finit toujours par marquer et transformer la culture locale. En Argentine, la forte immigration italienne a marqué la culture de la société, et parmi les traits culturels de Buenos Aires la présence d’environ deux cent mille Juifs prend un relief important. Les migrants, si on les aide à s’intégrer, sont une bénédiction, une richesse et un don qui invitent une société à grandir. (n° 135)

À Marseille le 23/09/23, François appelle une ne pas dépersonnaliser les personnes qui fuient leur pays : « Nous sommes réunis en mémoire de ceux qui n’ont pas survécu, qui n’ont pas été sauvés. Ne nous habituons pas à considérer les naufrages comme des faits divers et les morts en mer comme des numéros : non, ce sont des noms et des prénoms, ce sont des visages et des histoires, ce sont des vies brisées et des rêves anéantis. (…) C’est ainsi que cette mer magnifique est devenue un immense cimetière où de nombreux frères et sœurs se trouvent même privés du droit à une tombe, et où seule est ensevelie la dignité humaine. (…) Chers amis, nous sommes également à un carrefour : d’un côté la fraternité, qui féconde de bonté la communauté humaine ; de l’autre l’indifférence, qui ensanglante la Méditerranée. Nous sommes à un carrefour de civilisations ». François fustige les « tragédies des naufrages provoqués par des trafics odieux et le fanatisme de l’indifférence ».

Depuis toujours, le christianisme promeut une vision globale de l’humanité comme une seule famille et pas seulement une mosaïque de pays. Depuis toujours, le christianisme prêche la gratuité, qui s’enracine dans l’expérience de la grâce divine : « vous avez reçu gratuitement, donner gratuitement » (Mt 10,8). Pratiquer la gratuité envers les migrants sauve un pays, une culture, de l’isolement et du repli sur soi mortifère :

La vraie qualité des différents pays du monde se mesure par cette capacité de penser non seulement comme pays mais aussi comme famille humaine, et cela se prouve particulièrement dans les moments critiques. Les nationalismes fondés sur le repli sur soi traduisent en définitive cette incapacité de gratuité, l’erreur de croire qu’on peut se développer à côté de la ruine des autres et qu’en se fermant aux autres on est mieux protégé. Le migrant est vu comme un usurpateur qui n’offre rien. Ainsi, on arrive à penser naïvement que les pauvres sont dangereux ou inutiles et que les puissants sont de généreux bienfaiteurs. Seule une culture sociale et politique, qui prend en compte l’accueil gratuit, pourra avoir de l’avenir. (n° 141)

François dénonce vigoureusement les idéologies qui surfent sur la peur de l’autre – sur tous les continents ! – pour diffuser « une mentalité xénophobe de fermeture et de repli sur soi » (n° 39). Les chrétiens qui adhéreraient à ces préférences politiques seraient en complète contradiction avec leur foi.

En même temps qu’il reprend l’exhortation biblique à aimer l’étranger, François n’est pas naïf : il sait bien que des passeurs exploitent la misère des pauvres ; il voit bien que le rêve d’une Europe riche et généreuse est une illusion savamment entretenue par ceux qui exploitent la misère (n° 35). Il en tire un droit naturel qui devrait sous-tendre la politique de coopération entre états : « le droit de ne pas émigrer » :

Malheureusement, d’autres « sont [attirées] par la culture occidentale, nourrissant parfois des attentes irréalistes qui les exposent à de lourdes déceptions. Des trafiquants sans scrupules, souvent liés aux cartels de la drogue et des armes, exploitent la faiblesse des migrants qui, au long de leur parcours, se heurtent trop souvent à la violence, à la traite des êtres humains, aux abus psychologiques et même physiques, et à des souffrances indicibles ». […]
Par conséquent, il faut aussi « réaffirmer le droit de ne pas émigrer, c’est-à-dire d’être en condition de demeurer sur sa propre terre ». (n° 38)

Avec réalisme, le pape appelle également à la prudence, pour ne pas être dépassé par la suite à organiser après l’accueil : « Un peuple qui peut accueillir, mais qui n’a pas la possibilité d’intégrer, mieux vaut qu’il n’accueille pas. Là, il y a le problème de la prudence » (rencontre avec les journalistes sur le vol de retour de Dublin, 26 août 2018).

 

Oser parler des devoirs des migrants
La tradition chrétienne est donc unanime sur l’amour concret à pratiquer envers les immigrés, fondée sur le leitmotiv de notre première lecture de : « car vous étiez des immigrés au pays d’Égypte » [2].

Le Catéchisme de l’Église catholique résume ainsi cette longue tradition :

Les nations mieux pourvues sont tenues d’accueillir autant que faire se peut l’étranger en quête de la sécurité et des ressources vitales qu’il ne peut trouver dans son pays d’origine. Les pouvoirs publics veilleront au respect du droit naturel qui place l’hôte sous la protection de ceux qui le reçoivent. (n° 2241)

Cependant, il ajoute un deuxième paragraphe, peu cité :

RespectLes autorités politiques peuvent en vue du bien commun dont ils ont la charge subordonner l’exercice du droit d’immigration à diverses conditions juridiques, notamment au respect des devoirs des migrants à l’égard du pays d’adoption. L’immigré est tenu de respecter avec reconnaissance le patrimoine matériel et spirituel de son pays d’accueil, d’obéir à ses lois et de contribuer à ses charges.

Il s’agit donc de réaffirmer le rôle des responsables politiques dans la régulation de l’immigration. Et plus encore, il s’agit de rappeler aux migrants qu’ils n’ont pas que des droits, mais également des devoirs envers le pays hôte : le respect de ses valeurs, de ses lois, de son patrimoine, et le travail pour contribuer à la richesse commune. On trouve une trace de cette prudence chrétienne dans le texte de la Didachè (I° siècle), qui appelle à distinguer le vrai nécessiteux de l’imposteur et proportionne l’assistance aux services que le visiteur accepte de rendre, lorsqu’il est en bonne santé :

Quiconque vient à vous au nom du Seigneur doit être reçu (Mt 21,9 ; Ps 117,26) ; mais ensuite, après l’avoir éprouvé, vous saurez discerner la droite de la gauche : vous avez votre jugement. Si celui qui vient à vous n’est que de passage, aidez-le de votre mieux. Mais qu’il ne reste chez vous que deux ou trois jours, si c’est nécessaire. S’il veut s’établir chez vous et qu’il soit artisan, qu’il travaille et se nourrisse. Mais s’il n’a pas de métier, que votre prudence y pourvoie, en sorte qu’un chrétien ne soit pas trouvé oisif chez vous. S’il ne veut pas agir ainsi, c’est un trafiquant du Christ ; gardez-vous des gens de cette sorte » (XII.1).

Et encore ce texte ne parle-t-il que de l’hospitalité individuelle entre chrétiens ! Alors, quand il s’agit de flux importants et de brassage de toutes cultures et religions, on devine que le discernement auquel appelle la Didachè est bien plus redoutable…
L’amour du prochain qui s’exprime dans l’hospitalité ne doit pas céder à l’aveuglement naïf.
C’est la difficulté – relativement récente à cause de la mondialisation et de la facilité des voyages de masse – de passer d’une morale interpersonnelle à une politique nationale, ou comme aiment à le formuler les économistes, de passer du niveau micro (micro-entrepreneurs, individus) à un niveau macro (État, relations internationales), et vice versa.

 

Micro/macro : comment articuler les 2 dimensions

Deux exemples d’effets pervers
Prenons deux situations pour camper le problème. Deux exemples de ce que les économistes appellent un « effet pervers », ou de ce que le sociologue Max Weber appelait « le paradoxe des conséquences » [3] : un geste initialement bon au niveau micro peut se révéler finalement négatif et avoir des conséquences désastreuses lorsqu’il se généralise. Il peut y avoir des effets inattendus et non voulus (positifs ou négatifs) à des actions initialement visant initialement autre chose. La sagesse populaire sait depuis longtemps que l’enfer est pavé de bonnes intentions !
Un triste exemple : le nombre des repas distribués par les Restos du Cœur est passé de 8 millions en 1986 à … 142 millions en 2022 ! Tout se passe comme si l’État se défaussait sur les associations, sans que la pauvreté recule. L’effet pervers du caritatif est ici le désengagement de l’État…
De même, l’aide humanitaire en Afrique peut produire des effets pervers, en masquant la corruption, le manque de démocratie, l’inefficacité économique etc. La série des récents coups d’État en Afrique de l’Ouest devrait nous alerter.
Le regroupement familial (décret de 1976) pour les migrants est une mesure humaniste, dont aujourd’hui on mesure cependant aujourd’hui l’impact numérique non imaginé à l’époque.
Soigner les symptômes permet parfois aux causes de proliférer…

 

– L’appel d’air
En matière d’immigration, l’exemple le plus connu est celui du différentiel d’assistance sociale entre deux pays. Si un pays garantit à tous ceux qui y résident la santé, l’éducation quasi gratuite, la prise en charge du chômage, des salaires minima et une qualité de vie supérieure, alors la tentation est grande pour ses voisins d’aller habiter ou travailler chez lui. Demandez aux Français frontaliers de la Suisse ou du Luxembourg qui chaque jour franchissent la frontière pour profiter des salaires suisses et luxembourgeois…

Ce qui d’un côté est une avancée sociale (niveau de vie) peut se transformer en appel d’air pour attirer des masses considérables si on attribue les mêmes droits aux étrangers, avec toutes les déstabilisations qui vont avec. Mieux les migrants sont accueillis, protégés et pris en charge dans un pays, plus cet effet d’aubaine se propage de bouche-à-oreille ailleurs, et crée un appel d’air pour immigrer dans ce pays de cocagne (ou du moins fantasmé comme tel). Et le débat est vif autour des aides accordées aux ONG secourant les migrants en Méditerranée : est-ce un cadeau fait aux passeurs ? un encouragement à traverser coûte que coûte ? …
Paradoxalement, l’aide aux migrants peut donc se retourner contre eux, en obligeant le pays à limiter sa générosité, qui n’est pas infinie.

 

– Les points de fixation
Campement de migrants
Autre effet pervers en matière de migration : si une ville, une région, s’organise pour mieux accompagner les migrants, alors elle va naturellement susciter une concentration de migrants qui va à terme l’empêcher de continuer cette politique d’accueil. Il y a ainsi une carte de France des villes où aller quand on vient d’ailleurs, qui se croise avec la carte des membres de la famille déjà installés, ou des regroupements de nationaux s’organisant en réseaux.
Les 13 % d’étrangers officiellement comptabilisés en France métropolitaine [4] ne sont pas répartis uniformément sur le territoire : il y a des points de fixation, de la Seine-Saint-Denis à Calais, des quartiers de Marseille aux courées du Nord. La mairie de Paris disperse régulièrement des camps de migrants agglutinés autour d’un métro ou d’un terrain vague, mais la misère se reconcentre ailleurs. À l’approche des Jeux Olympiques, l’État disperse lui aussi ces populations dans toute la France, espérant diluer le problème en l’éparpillant. Mais cela créera d’autres poches d’exclusion et de misère.

À travers ces deux exemples, on voit la difficulté de passer d’une pratique individuelle : aimer son prochain, à une politique globale : accueillir les migrants. Jésus dans les Évangiles parle très peu de relations internationales, de politique budgétaire ou de contrôle aux frontières… Son enseignement se porte essentiellement sur les relations interpersonnelles. C’est à la fois une de ses forces car il s’appelle à la conscience et la responsabilité de chacun. C’est en même temps une faiblesse, car on ne voit pas un projet de société se dégager des Évangiles. La Torah juive et le Coran musulman sont au contraire de véritables systèmes théocratiques, où toute la vie sociale (économie, santé, éducation, mariage, justice etc.) doit se conformer aux prescriptions extrêmement précises des textes sacrés. Judaïsme et Islam ont pour vocation de soumettre le niveau macro à Dieu. Le christianisme – lui – fait appel à la conscience individuelle, et situe le royaume de Dieu dans le cœur de chacun, pas dans le gouvernement d’un pays.

Max Weber l’a montré avec talent : conjuguer « l’éthique de conviction » et « l’éthique de responsabilité » demeure crucifiant, mais c’est la grandeur de la responsabilité politique…

 

L’Esprit vous conduira vers la vérité tout entière
7 effet pervers dans Communauté spirituelle
En matière d’immigration comme pour l’économie, la politique etc., le Christ ne fixe pas de doctrine de gouvernement. Il énonce seulement le fondement du triple amour (de Dieu/soi-même/prochain) et il laisse ensuite aux disciples le soin d’inventer à chaque période de l’histoire la politique qui sera la mieux ajustée – ou la moins inadaptée – à ce principe fondateur. Il nous a fait cette promesse : « l’Esprit vous conduira vers la vérité tout entière ». Ce qu’il faut faire en matière d’immigration n’est pas écrit par avance. Pour discerner ce que l’Esprit nous invite à faire en la matière aujourd’hui, nous devrons cependant nous souvenir de notre propre expérience d’exilés, d’immigrés, « car toi-même tu as été étranger au pays d’Égypte ».

Sans aller jusqu’aux théories extrême de la submersion ou du remplacement, la prudence commande d’examiner ce qu’il est possible de faire sans mettre en danger le pays qui accueille. Sans aller jusqu’à la naïveté parfois criminelle des ultra-mondialistes, le courage demande d’inventer ce qu’il est possible de faire pour accueillir notre part de la misère du monde.

Mais quelle est donc notre mémoire d’exil ?
Quels souvenirs avons-nous de notre étrangeté en ce monde ?
Ceci est une autre histoire…

 


[1]. L’organisme Missing Migrants Project a enregistré la mort de 58 339 personnes au total depuis 2014. Cf. https://missingmigrants.iom.int/data

[2]. Ex 22,21.23,9 ; Lv 19,33. 34 ; Dt 10,19 ; 23,7 ; 27,19 ; Ps 146,9 etc.

[3]. « Il est une chose incontestable, et c’est même un fait fondamental de l’histoire, mais auquel nous ne rendons pas justice aujourd’hui : le résultat final de l’activité politique répond rarement à l’intention primitive de l’acteur. On peut même affirmer qu’en règle générale il n’y répond jamais et que très souvent le rapport entre le résultat final et l’intention originelle est tout simplement paradoxale » (Le savant et le politique, 1919).

 

LECTURES DE LA MESSE

PREMIÈRE LECTURE
« Si tu accables la veuve et l’orphelin, ma colère s’enflammera » (Ex 22, 20-26)

Lecture du livre de l’Exode
Ainsi parle le Seigneur : « Tu n’exploiteras pas l’immigré, tu ne l’opprimeras pas, car vous étiez vous-mêmes des immigrés au pays d’Égypte. Vous n’accablerez pas la veuve et l’orphelin. Si tu les accables et qu’ils crient vers moi, j’écouterai leur cri. Ma colère s’enflammera et je vous ferai périr par l’épée : vos femmes deviendront veuves, et vos fils, orphelins.
Si tu prêtes de l’argent à quelqu’un de mon peuple, à un pauvre parmi tes frères, tu n’agiras pas envers lui comme un usurier : tu ne lui imposeras pas d’intérêts. Si tu prends en gage le manteau de ton prochain, tu le lui rendras avant le coucher du soleil. C’est tout ce qu’il a pour se couvrir ; c’est le manteau dont il s’enveloppe, la seule couverture qu’il ait pour dormir. S’il crie vers moi, je l’écouterai, car moi, je suis compatissant ! »

PSAUME
(Ps 17 (18), 2-3, 4.20, 47.51ab)
R/ Je t’aime, Seigneur, ma force. (Ps 17, 2a)

Je t’aime, Seigneur, ma force :
Seigneur, mon roc, ma forteresse,
Dieu mon libérateur, le rocher qui m’abrite,
mon bouclier, mon fort, mon arme de victoire !

Louange à Dieu ! Quand je fais appel au Seigneur,
je suis sauvé de tous mes ennemis.
Lui m’a dégagé, mis au large,
il m’a libéré, car il m’aime.

Vive le Seigneur ! Béni soit mon Rocher !
Qu’il triomphe, le Dieu de ma victoire !
Il donne à son roi de grandes victoires,
il se montre fidèle à son messie.

DEUXIÈME LECTURE
« Vous vous êtes convertis à Dieu en vous détournant des idoles afin de servir Dieu et d’attendre son Fils » (1 Th 1, 5c-10)

Lecture de la première lettre de saint Paul apôtre aux Thessaloniciens
Frères, vous savez comment nous nous sommes comportés chez vous pour votre bien. Et vous-mêmes, en fait, vous nous avez imités, nous et le Seigneur, en accueillant la Parole au milieu de bien des épreuves, avec la joie de l’Esprit Saint. Ainsi vous êtes devenus un modèle pour tous les croyants de Macédoine et de Grèce. Et ce n’est pas seulement en Macédoine et en Grèce qu’à partir de chez vous la parole du Seigneur a retenti, mais la nouvelle de votre foi en Dieu s’est si bien répandue partout que nous n’avons pas besoin d’en parler. En effet, les gens racontent, à notre sujet, l’accueil que nous avons reçu chez vous ; ils disent comment vous vous êtes convertis à Dieu en vous détournant des idoles, afin de servir le Dieu vivant et véritable, et afin d’attendre des cieux son Fils qu’il a ressuscité d’entre les morts, Jésus, qui nous délivre de la colère qui vient.

ÉVANGILE
« Tu aimeras le Seigneur ton Dieu, et ton prochain comme toi-même » (Mt 22, 34-40)
Alléluia. Alléluia. Si quelqu’un m’aime, il gardera ma parole, dit le Seigneur ; mon Père l’aimera, et nous viendrons vers lui. Alléluia.  (Jn 14, 23)

Evangile de Jésus Christ selon saint Matthieu
En ce temps-là, les pharisiens, apprenant que Jésus avait fermé la bouche aux sadducéens, se réunirent, et l’un d’entre eux, un docteur de la Loi, posa une question à Jésus pour le mettre à l’épreuve : « Maître, dans la Loi, quel est le grand commandement ? » Jésus lui répondit : « Tu aimeras le Seigneur ton Dieu de tout ton cœur, de toute ton âme et de tout ton esprit. Voilà le grand, le premier commandement. Et le second lui est semblable : Tu aimeras ton prochain comme toi-même. De ces deux commandements dépend toute la Loi, ainsi que les Prophètes. »
Patrick BRAUD

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16 juillet 2018

Il a détruit le mur de la haine

Classé sous Communauté spirituelle — lhomeliedudimanche @ 0 h 01 min

Il a détruit le mur de la haine


Homélie pour le 16° dimanche du temps ordinaire / Année B
22/07/2018

Cf. également :

Medium is message
Du bon usage des leaders et du leadership
Des brebis, un berger, un loup
Le berger et la porte
La différence entre martyr et kamikaze ou djihadiste
Un manager nommé Jésus


Résultat de recherche d'images pour "mstislav rostropovitch mur de berlin"Vous souvenez-vous de la chute du mur de Berlin en 1989 ? De ces images incroyables où des jeunes gens abattaient à coups de pioche le symbole de la guerre froide ? Des familles d’Est et d’Ouest s’embrassant incrédules place de Magdebourg ? De Mitislav Rostropovitch venu poser son violoncelle au milieu des débris du mur pour jouer les sonates de Bach en hommage à la liberté retrouvée et au génie allemand enfin réunifié ?

C’est un peu de cette joie et beaucoup plus encore que Paul exulte en constatant que la résurrection du Christ a aboli toutes les séparations entre les hommes, au premier rang desquelles la distinction entre juifs et païens qui était alors comme un apartheid social opposant les uns et les autres :

C’est lui, le Christ, qui est notre paix : des deux, le Juif et le païen, il a fait une seule réalité ; par sa chair crucifiée, il a détruit ce qui les séparait, le mur de la haine ; il a supprimé les prescriptions juridiques de la loi de Moïse. Ainsi, à partir des deux, le Juif et le païen, il a voulu créer en lui un seul Homme nouveau en faisant la paix, et réconcilier avec Dieu les uns et les autres en un seul corps par le moyen de la croix ; en sa personne, il a tué la haine (2° lecture de ce dimanche : Ep 2, 13-18).

Paul sait de quoi il parle : pharisien, fils de pharisien, formé à la prestigieuse école de Gamaliel, il a autrefois théorisé la différence juifs / païens, et il a même usé de violence en son nom. En Christ ressuscité, ces murs de haine tombent. Plus besoin de circoncision pour mettre à part quelques-uns, car tous sont appelés. La marque spirituelle du baptême - discrète et invisible - prend le relais, car les baptisés ont pour mission de servir l’unité entre tous. Paul affirme que devant le monde nouveau de la résurrection affluant vers nous, les vieilles oppositions sociales ou même biologiques ne tiennent plus :

Il n’y a ni Juif ni Grec, il n’y a ni esclave ni homme libre, il n’y a ni homme ni femme; car tous vous ne faites qu’un dans le Christ Jésus (Ga 3,28).

Nous n’avons pas encore tiré toutes les conséquences de cette destruction des murs de haine, entre croyants et incroyants, hommes et femmes, conditions sociales… L’Église catholique notamment a pu dans son histoire devenir complice des bâtisseurs de murs entre les peuples avec la colonisation en Afrique ou en Amérique latine, entre les sexes avec une dérive patriarcale omniprésente, entre conditions  sociales avec tant d’hésitation à promouvoir les laissés-pour-compte de la Révolution industrielle etc.

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En 1989, l’euphorie était telle qu’on pensait ne plus jamais revoir des murs par sur nos cartes de géographie (à part peut-être les restes historiques de la Grande Muraille de Chine, si symbolique elle aussi). Hélas, Donald Trump a inclus dans ses promesses électorales le projet fou d’un mur (plutôt des grillages en fait) entre le Mexique et les USA. Hélas, des kilomètres de béton vertical ont été construits par les Israéliens pour les ‘protéger’ des palestiniens. Hélas, on parle en France de construire un mur végétalisé à Calais pour séparer les migrants des zones d’embarquement etc.

Quand on totalise les longueurs de tous les murs construits entre les hommes ces  dernières années, on arrive à… la circonférence de la terre (65 murs construits et planifiés, soit 40.000 km de long). Oui, vous avez bien lu : c’est comme si un immense mur ceinturait désormais notre planète pour couper l’humanité en deux !

Carte des murs entre pays

Et ce n’est sans doute pas fini. Les pressions migratoires venant du sud sont si fortes que l’Europe va ériger d’autres frontières, terrestres maritimes, physiques  ou invisibles, pour essayer de limiter ces flux jugés inquiétants et dangereux pour l’identité et la cohésion des peuples européens.

Face à cet amer constat d’une planète se hérissant à nouveau de murs de haine en tous genres et en tous lieux, les chrétiens doivent revenir à l’expérience forte faite par Paul : communier au Christ ressuscité, c’est ne faire qu’un avec son Corps qui est l’humanité tout entière rassemblée en lui. Les haines s’appuyant sur les réelles difficultés de coexistence n’auront pas de prise sur eux. Les murs leur font horreur et ils deviendront acteurs de leur chute à nouveau. Les séparations sociales, idéologiques ou sexuelles leur apparaîtront injustes et inutiles.

Ce n’est pas un programme politique, c’est le fruit d’une expérience spirituelle.

Ce n’est pas une morale obligée, qui contraindrait par exemple les chrétiens à s’aligner sur les discours ‘droits-de-l’hommistes’ les plus clivants. Non, c’est la paisible et joyeuse découverte de Paul : la haine n’est plus possible depuis que  Christ est mort pour nous tous ; les murs sont inefficaces depuis que l’Esprit Saint a été répandu sur toute chair afin de former une seule famille humaine.

 

Histoire des murs par QuételPour les non-chrétiens, d’autres arguments devront être évoqués pour les convaincre d’abandonner ces absolutisations de nos différences.

Ainsi Elisabeth Vallet (politologue canadienne de l’université du Québec à Montréal ) identifie quatre principaux problèmes, paradoxes ou apories, causés par les murs :

· Les murs ne servent à rien car ils induisent des logiques de transgression. On a dénombré 150 tunnels sous la frontière mexicano-américaine. Les trafiquants contournent les murs et barrières par la mer avec des sous-marins ou par les airs avec des drones… Ces stratégies de contournement sont multiples, de plus en plus sophistiquées et dangereuses à mesure que les murs se renforcent.

· Les murs viennent fracturer une zone transfrontalière, donc déstructurer une économie locale.

· Alors que les passages de frontières pouvaient être pendulaires, saisonniers, temporaires – on pouvait revenir en arrière, retourner dans son pays d’origine, ces murs empêchent paradoxalement ceux qui les ont franchis de ressortir du pays où ils sont indésirables.

· Les murs « invitent les mafias à la table de la frontière ». On ne peut plus franchir un mur sans faire appel à des structures criminelles, et de plus en plus criminalisées. Une situation plus grave que le problème originel est ainsi créée.

Ce n’est pas donc seulement au nom de notre foi que nous pouvons appeler à détruire ces murs : notre raison nous y invite également.

 

Le mur de haine ne se construit pas qu’entre les peuples. Il peut séparer des proches à l’intérieur d’une même famille. Il peut s’alimenter de doctrines, libérales  ou syndicales, qui opposent des collègues au sein d’une entreprise. Il peut, brique par brique, monter à nouveau en plein cœur de chacun et l’enfermer dans ses  peurs ou ses difficultés relationnelles.

Roger Waters et les Pink Floyd chantaient dans les années 80 qu’il faut détruire ce mur où nous ne sommes qu’une brique parmi d’autres, impersonnelle et séparatrice. Le film The Wall a eu un énorme retentissement justement parce qu’il faisait appel à cette espérance d’un monde sans murs.

Unissons nos forces à celles de tous les hommes de bonne volonté pour faire tomber ces murs de haine se nourrissant de la peur et la nourrissant en retour.

 

 

 

Lectures de la messe

Première lecture
« Je ramènerai le reste de mes brebis, je susciterai pour elles des pasteurs » (Jr 23, 1-6)

Lecture du livre du prophète Jérémie

Quel malheur pour vous, pasteurs ! Vous laissez périr et vous dispersez les brebis de mon pâturage – oracle du Seigneur ! C’est pourquoi, ainsi parle le Seigneur, le Dieu d’Israël, contre les pasteurs qui conduisent mon peuple : Vous avez dispersé mes brebis, vous les avez chassées, et vous ne vous êtes pas occupés d’elles. Eh bien ! Je vais m’occuper de vous, à cause de la malice de vos actes – oracle du Seigneur. Puis, je rassemblerai moi-même le reste de mes brebis de tous les pays où je les ai chassées. Je les ramènerai dans leur enclos, elles seront fécondes et se multiplieront. Je susciterai pour elles des pasteurs qui les conduiront ; elles ne seront plus apeurées ni effrayées, et aucune ne sera perdue – oracle du Seigneur.
 Voici venir des jours – oracle du Seigneur, où je susciterai pour David un Germe juste : il régnera en vrai roi, il agira avec intelligence, il exercera dans le pays le droit et la justice. En ces jours-là, Juda sera sauvé, et Israël habitera en sécurité. Voici le nom qu’on lui donnera : « Le-Seigneur-est-notre-justice. »

Psaume
(Ps 22 (23), 1-2ab, 2c-3, 4, 5, 6)
R/ Le Seigneur est mon berger : rien ne saurait me manquer. (cf. Ps 22, 1)

Le Seigneur est mon berger :
je ne manque de rien.
Sur des prés d’herbe fraîche,
il me fait reposer.

Il me mène vers les eaux tranquilles
et me fait revivre ;
il me conduit par le juste chemin
pour l’honneur de son nom.

Si je traverse les ravins de la mort,
je ne crains aucun mal,
car tu es avec moi :
ton bâton me guide et me rassure.

Tu prépares la table pour moi
devant mes ennemis ;
tu répands le parfum sur ma tête,
ma coupe est débordante.

Grâce et bonheur m’accompagnent
tous les jours de ma vie ;
j’habiterai la maison du Seigneur
pour la durée de mes jours.

Deuxième lecture
« Le Christ est notre paix : des deux, le Juif et le païen, il a fait une seule réalité » (Ep 2, 13-18)

Lecture de la lettre de saint Paul apôtre aux Éphésiens

Frères, maintenant, dans le Christ Jésus, vous qui autrefois étiez loin, vous êtes devenus proches par le sang du Christ. C’est lui, le Christ, qui est notre paix : des deux, le Juif et le païen, il a fait une seule réalité ; par sa chair crucifiée, il a détruit ce qui les séparait, le mur de la haine ; il a supprimé les prescriptions juridiques de la loi de Moïse. Ainsi, à partir des deux, le Juif et le païen, il a voulu créer en lui un seul Homme nouveau en faisant la paix, et réconcilier avec Dieu les uns et les autres en un seul corps par le moyen de la croix ; en sa personne, il a tué la haine. Il est venu annoncer la bonne nouvelle de la paix, la paix pour vous qui étiez loin, la paix pour ceux qui étaient proches. Par lui, en effet, les uns et les autres, nous avons, dans un seul Esprit, accès auprès du Père.

Évangile

« Ils étaient comme des brebis sans berger » (Mc 6, 30-34) Alléluia. Alléluia.
Mes brebis écoutent ma voix, dit le Seigneur ; moi, je les connais, et elles me suivent. Alléluia. (Jn 10, 27)

Évangile de Jésus Christ selon saint Marc

En ce temps-là, après leur première mission, les Apôtres se réunirent auprès de Jésus, et lui annoncèrent tout ce qu’ils avaient fait et enseigné. Il leur dit : « Venez à l’écart dans un endroit désert, et reposez-vous un peu. » De fait, ceux qui arrivaient et ceux qui partaient étaient nombreux, et l’on n’avait même pas le temps de manger. Alors, ils partirent en barque pour un endroit désert, à l’écart. Les gens les virent s’éloigner, et beaucoup comprirent leur intention. Alors, à pied, de toutes les villes, ils coururent là-bas et arrivèrent avant eux. En débarquant, Jésus vit une grande foule. Il fut saisi de compassion envers eux, parce qu’ils étaient comme des brebis sans berger. Alors, il se mit à les enseigner longuement.
Patrick BRAUD

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25 décembre 2010

Une famille réfugiée politique

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Une famille réfugiée politique 

 

Homélie pour la fête de la Sainte Famille / Année A

Dimanche 26 Décembre 2010

 

·       D’habitude, pour la fête de la Sainte Famille, on parle… de la vie familiale ! Une foisn’est pas coutume, projetons une autre lecture sur l’évangile de cette fête. Peut-être à cause des récentes Semaines Sociales de France qui avaient pour thème : « Migrants. Un avenir à construire ensemble » les 26 – 28 novembre derniers à Paris (cf. http://www.ssf-fr.org )

 

·       Car notre Sainte Famille traverse visiblement ce que beaucoup de familles réfugiées politiques traversent aujourd’hui.

Lisez bien les deux premiers chapitres de l’évangile de Matthieu : on ne sait pas dans le texte où habitait Joseph avant la naissance de Jésus. Comme si son village d’origine était « flouté ». Bon nombre de clandestins vous diront qu’ils ne peuvent parler de leur pays d’origine, sous peine d’y être ramenés de force, et qu’ils sont obligés à cause de cela de cacher leur passé.

Matthieu précise ensuite que Jésus est né à Bethléem, et qu’après la venue des mages, la famille a été obligée de fuir : « va te réfugier au pays d’Égypte » entend-il en rêve… C’est donc trois réfugiés politiques qui arrivent d’Israël en Égypte : ils fuient la violence du régime d’Hérode où leur vie est menacée. Ils sont obligés de rester immigrés en Égypte jusqu’à la mort du tyran. Quand ils pourront enfin revenir, après cette période d’exil et de migration, ils ne pourront même pas revenir dans le village d’origine de Joseph. En effet, le fils d’Hérode règne en Judée, et Joseph a peur d’y retourner. Il subit alors comme une deuxième émigration, intérieure à son pays, en allant s’établir à Nazareth (toujours averti en rêve), village dont il ne connaît rien sinon qu’il est en Galilée, région plus sûre pour sa famille.

 

·       Voilà donc notre Sainte Famille : d’un village d’origine inconnue, migrante en Égypte, réfugiée politique pendant plusieurs années, déracinée puis replantée ailleurs à Nazareth, l’inconnue…

 

Peut-on alors fêter la Sainte Famille sans penser à toutes ces familles de notre époque encore déracinées, obligées d’émigrer, mendiant le statut de réfugiés politiques là où leurs pas les conduisent ?

Jean-Paul II réaffirmait régulièrement le droit à l’émigration comme un droit fondamental :

« [le bien commun universel] englobe toute la famille des peuples, au-dessus de tout égoïsme nationaliste. C’est dans ce contexte qu’il faut considérer le droit à émigrer. L’Eglise reconnaît ce droit à tout homme, sous son double aspect: possibilité de sortir de son pays et possibilité d’entrer dans un autre pays à la recherche de meilleures conditions de vie » (Message pour la Journée mondiale des migrations 2001).

 

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Benoît XVI est lui aussi très clair. Dans son message du 26/10/10 pour la journée mondiale du migrant et du réfugié, il écrit :

« De ce lien profond entre tous les êtres humains découle le thème que j’ai choisi cette année pour notre réflexion : »Une seule famille humaine », une seule famille de frères et s?urs dans des sociétés qui deviennent toujours plus multiethniques et interculturelles, où les personnes de diverses religions aussi sont encouragées au dialogue, afin que l’on puisse parvenir à une coexistence sereine et fructueuse dans le respect des différences légitimes. (?)

Dans le même temps, les États ont le droit de réglementer les flux migratoires et de défendre leurs frontières, en garantissant toujours le respect dû à la dignité de chaque personne humaine. En outre, les immigrés ont le devoir de s’intégrer dans le pays d’accueil, en respectant ses lois et l’identité nationale ».

 

·       Les récentes Semaines Sociales invitaient à dédramatiser le débat sur l’immigration. Chaque année, 80 millions de passagers franchissent les frontières de la France. Sur ce nombre il y a entre 150 000 et 200 000 migrants, soit un pour 400 !

Environ 3 % (seulement) de la population mondiale (6,5 milliards) se transforme en migrants, en se répartissant ainsi :

Migrations Nord => Nord 53 millions / Sud => Sud 61 millions / Nord => Sud 14 millions

Sud => Nord 62 millions.

Ce n’est donc pas un raz-de-marée massif et incontrôlé…

En France, il y a 3,5 millions d’étrangers (soit 5,8 % de la population totale) dont 2 millions sont devenus français. Cette immigration, relativement stable, date de loin (italiens, polonais…). Elle contribue lentement à renouveler et à transformer la société. On estime que un quart de la population résidante en France a au moins un grand parent né à l’étranger !

 

·       Derrière ces chiffres, il y a des visages, des familles, valises à la main, se retrouvant à la rue dans des pays dont ils ne comprennent pas la langue.

Derrière ces chiffres, il y a tant d’associations, chrétiennes notamment : la Cimade, le Secours Catholique, le CCFD, les conférences Saint-Vincent-de-Paul, la Pastorale des migrants etc….

Derrière ces chiffres, il y a… la Sainte famille elle-même : ballottée de Judée à l’Égypte, de l’Égypte à la Galilée, Joseph et Marie protègent leur enfant de la violence politique et religieuse en partant sur les chemins de la migration…

 

Faisons chacun ce que nous pouvons pour soutenir ceux qui les soutiennent, pour participer au débat public sur l’immigration, et y faire entendre la petite voix de l’Évangile…

 

 

1ère lecture : Les vertus familiales (Si 3, 2-6.12-14)

 

Lecture du livre de Ben Sirac le Sage

Le Seigneur glorifie le père dans ses enfants, il renforce l’autorité de la mère sur ses fils.
Celui qui honore son père obtient le pardon de ses fautes,
celui qui glorifie sa mère est comme celui qui amasse un trésor.
Celui qui honore son père aura de la joie dans ses enfants, au jour de sa prière il sera exaucé.
Celui qui glorifie son père verra de longs jours, celui qui obéit au Seigneur donne du réconfort à sa mère.
Mon fils, soutiens ton père dans sa vieillesse, ne le chagrine pas pendant sa vie.
Même si son esprit l’abandonne, sois indulgent, ne le méprise pas, toi qui es en pleine force.
Car ta miséricorde envers ton père ne sera pas oubliée, et elle relèvera ta maison si elle est ruinée par le péché.

 

Psaume : Ps 127, 1-2, 3, 4.5bc

 

R/ Heureux les habitants de ta maison, Seigneur

Heureux qui craint le Seigneur
et marche selon ses voies !
Tu te nourriras du travail de tes mains :
Heureux es-tu ! A toi, le bonheur !

Ta femme sera dans ta maison
comme une vigne généreuse,
et tes fils, autour de la table,
comme des plants d’olivier.

Voilà comment sera béni
l’homme qui craint le Seigneur.
Tu verras le bonheur de Jérusalem
tous les jours de ta vie.

2ème lecture : Vivre ensemble dans le Christ (Col 3, 12-21)

 

Lecture de la lettre de saint Paul Apôtre aux Colossiens

Frère,
puisque vous avez été choisis par Dieu, que vous êtes ses fidèles et ses bien-aimés, revêtez votre coeur de tendresse et de bonté, d’humilité, de douceur, de patience.
Supportez-vous mutuellement, et pardonnez si vous avez des reproches à vous faire. Agissez comme le Seigneur : il vous a pardonné, faites de même.
Par-dessus tout cela, qu’il y ait l’amour : c’est lui qui fait l’unité dans la perfection.
Et que, dans vos coeurs, règne la paix du Christ à laquelle vous avez été appelés pour former en lui un seul corps. 

Vivez dans l’action de grâce.
Que la parole du Christ habite en vous dans toute sa richesse ; instruisez-vous et reprenez-vous les uns les autres avec une vraie sagesse ; par des psaumes, des hymnes et de libres louanges, chantez à Dieu, dans vos coeurs, votre reconnaissance.
Et tout ce que vous dites, tout ce que vous faites, que ce soit toujours au nom du Seigneur Jésus Christ, en offrant par lui votre action de grâce à Dieu le Père.
Vous les femmes, soyez soumises à votre mari ; dans le Seigneur, c’est ce qui convient.
Et vous les hommes, aimez votre femme, ne soyez pas désagréables avec elle.
Vous les enfants, en toutes choses écoutez vos parents ; dans le Seigneur, c’est cela qui est beau.
Et vous les parents, n’exaspérez pas vos enfants ; vous risqueriez de les décourager.

 

Evangile : La Sainte Famille en Égypte et à Nazareth (Mt 2, 13-15.19-23) 

Acclamation : Alléluia. Alléluia. Vraiment, tu es un Dieu caché, Dieu parmi les hommes, Jésus Sauveur ! Alléluia. (cf. Is 45, 15)

Évangile de Jésus Christ selon saint Matthieu

Après le départ des mages, l’ange du Seigneur apparaît en songe à Joseph et lui dit : « Lève-toi ; prends l’enfant et sa mère, et fuis en Égypte. Reste là-bas jusqu’à ce que je t’avertisse, car Hérode va rechercher l’enfant pour le faire périr. »
Joseph se leva ; dans la nuit, il prit l’enfant et sa mère, et se retira en Égypte,
où il resta jusqu’à la mort d’Hérode. Ainsi s’accomplit ce que le Seigneur avait dit par le prophète : D’Égypte, j’ai appelé mon fils.

Après la mort d’Hérode, l’ange du Seigneur apparaît en songe à Joseph en Égypte et lui dit : « Lève-toi ; prends l’enfant et sa mère, et reviens au pays d’Israël, car ils sont morts, ceux qui en voulaient à la vie de l’enfant. »

Joseph se leva, prit l’enfant et sa mère, et rentra au pays d’Israël.

Mais, apprenant qu’Arkélaüs régnait sur la Judée à la place de son père Hérode, il eut peur de s’y rendre. Averti en songe, il se retira dans la région de Galilée et vint habiter dans une ville appelée Nazareth.
Ainsi s’accomplit ce que le Seigneur avait dit par les prophètes : Il sera appelé Nazaréen.
Patrick Braud 

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