L'homélie du dimanche (prochain)

15 octobre 2023

Rendre à Dieu la monnaie de sa pièce

Classé sous Communauté spirituelle — lhomeliedudimanche @ 12 h 30 min

Rendre à Dieu la monnaie de sa pièce

Homélie pour le 29° Dimanche du temps ordinaire / Année A
22/10/2023

Cf. également :
Charlie, César et Dieu
Résistez à la dictature du format court !
Refusez la pression fiscale !

« Tous pourris » ?
INRI : annulez l’ordre injuste !

Il s’agit d’impôt et non de laïcité
Rendre à Dieu la monnaie de sa pièce dans Communauté spirituelle Rendez-a-Cesar-Philippe-de-Champaigne
Évacuons d’emblée une lecture courante de notre célébrissime maxime de l’Évangile de ce dimanche (Mt 22,15-21) : « rendez à César ce qui est à César, et à Dieu ce qui est à Dieu ». Certains commentateurs – et non des moindres – voudraient trouver dans cette phrase de Jésus le fondement d’une laïcité ‘à la française’, avec une séparation nette des deux pouvoirs, politique et spirituel.

Cette lecture apologétique est doublement anachronique :
– d’abord parce qu’à l’époque de Jésus, la question ne se pose pas. Elle est même totalement hors champ, impensable. Il est évident pour tous les peuples de l’Antiquité que le politique et le religieux sont inextricablement mêlés, inséparables. Les juifs sont persuadés que Dieu seul est au principe d’Israël : même un roi – accepté avec réticence après les Juges, car toujours infidèle – n’est que le ‘lieu-tenant’ de Dieu. Les prophètes ne cessent de lui rappeler la supériorité de la Torah sur son gouvernement.

– ensuite, parce que tout au long de 20 siècles d’histoire, les Églises n’ont jamais interprété ni vécu cette maxime selon notre conception moderne Quanta Cura & Syllabusd’une laïcité à la française. Pendant les trois premiers siècles, sous les persécutions, l’Église clandestine refuse d’adorer César et de lui offrir des sacrifices. Après Constantin, elle fait alliance avec le pouvoir impérial et devient religion d’État. Point de séparation dans l’alliance du trône et de l’autel, dans la théorie féodale des trois ordres (chevaliers, prêtres, paysans), dans la monarchie de droit divin, dans la théorie de la symphonie des pouvoirs en Orient (l’aigle à deux têtes de Byzance ou de la Russie actuelle) ou dans la théorie des deux glaives de l’Occident (où le glaive religieux doit l’emporter sur le politique, comme à Canossa). Le Syllabus de 1864 résume cette longue histoire de subordination – ou au mieux de lien intime – de César à Dieu en qualifiant la liberté de conscience de « liberté de perdition », de « délire », et en condamnant la séparation de l’Église et de l’État (‘erreur’ 55). Les Églises orthodoxes sont toujours sur cette ligne. L’Église anglicane continue de couronner rois et reines du Royaume-Uni. Les protestants certes sont les plus critiques envers ces collusions, mais les évangélistes américains font tout pour soumettre les lois des États à leur interprétation de la Bible (avortement, peine de mort, homosexualité etc.) et les luthériens du nord de l’Europe continuent à être une quasi religion d’État.

Bref : notre évangile de ce jour n’est pas un débat sur la laïcité, quoi qu’en disent les Français un peu isolés dans le monde à cause de leur conception si singulière des relations Églises-État.

Le texte évangélique est on ne peut plus clair : le piège tendu à Jésus porte sur l’impôt, et non sur la séparation des pouvoirs. C’est une question très pragmatique, casuistique même comme les aiment les juifs : dois-je remplir ma déclaration d’impôts ou choisir la désobéissance civile ? Dois-je accepter le prélèvement automatique sans broncher s’il vient de l’occupant ? C’est ce qu’on appelle le consentement à l’impôt : les citoyens l’acceptent de bon cœur s’ils le trouvent légitime. Sinon ils le boycottent ou ils fraudent, et en France la fraude fiscale est un sport national…
C’est donc d’argent dont il est question.

 

Jésus n’a pas un sou en poche
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La suite de la controverse confirme que l’argent est au centre de la dispute : « Montrez-moi la monnaie de l’impôt ». Tiens : pourquoi Jésus ne sort-il pas lui-même une pièce de monnaie de sa poche ? Pourquoi est-il obligé de demander aux pharisiens et Hérodiens en face de lui ? Parce que Jésus « n’a pas une pierre où reposer la tête » (Lc 9,58). Parce qu’il a choisi de vivre littéralement sans argent sur lui, sans argent à lui. Il n’a pas un sou en poche. Car il savait qu’avoir toujours sur soi cette double image de César gravée dans l’argent finit par rendre dépendant, comme une drogue, ou plutôt comme une idole.

On finit souvent par idolâtrer ce qu’on a constamment sous les yeux, que ce soit son smartphone, sa carte bancaire, son ordinateur ou sa montre. Nos objets nous possèdent, bien plus que l’inverse. Nous finissons par ressembler à ce que nous contemplons. Si c’est une icône, elle nous conduit vers Dieu. Si c’est une idole, elle nous déshumanise et nous nous résignons à notre servitude volontaire.
Les pharisiens et les Hérodiens sont du côté du pouvoir et de l’argent : ils ont toujours leur Dieu dans la poche.
Jésus lui n’a pas un sou en poche : son Dieu est ailleurs.

 

Où est l’autre pièce de monnaie ?
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On montre à Jésus la pièce de César. Mais où donc est celle de Dieu ? Si l’on veut comparer César et Dieu, il faut comparer leurs deux monnaies, leurs deux impôts. Or le denier d’argent est à l’image (icône en grec) de César ; l’autre pièce devrait donc être à l’image de Dieu. On devine que c’est chaque personne humaine qui est la vraie monnaie de Dieu. L’effigie dont parle Jésus est l’image divine en tout homme. Car Dieu a créé l’homme à son image (icône). L’homme est l’icône de Dieu.
La seule monnaie que Jésus a toujours sur lui est l’image de Dieu, qui resplendit sur son visage en plénitude, et qu’il scrute amoureusement sur le visage de chaque rencontre. Si payer l’impôt à César est lui rendre son image, rendre à Dieu ce qui est à Dieu est alors reconnaître son image en chacun, et la laisser resplendir sur nous-même.

Voilà comment rendre à Dieu la monnaie de sa pièce : voir en chacun son icône, et servir en lui sa vocation divine.

 

De l’image à la ressemblance
Dieu a fait l’homme à son image et à sa ressemblance (Gn 1,26-27;5,1). C’est ce qui fonde son inaliénable dignité : « Si quelqu’un verse le sang de l’homme, par l’homme son sang sera versé. Car Dieu a fait l’homme à son image » (Gn 9,6).
Plus exactement, le texte hébreu de Gn 1,26 écrit :
וַיֹּ֣אמֶר אֱלֹהִ֔ים נַֽעֲשֶׂ֥ה אָדָ֛ם בְּצַלְמֵ֖נוּ כִּדְמוּתֵ֑נוּ וְיִרְדּוּ֩ בִדְגַ֨ת הַיָּ֜ם וּבְע֣וֹף הַשָּׁמַ֗יִם וּבַבְּהֵמָה֙ וּבְכָל־הָאָ֔רֶץ וּבְכָל־הָרֶ֖מֶשׂ הָֽרֹמֵ֥שׂ עַל־הָאָֽרֶץ׃
« Dieu dit : faisons l’homme dans (בְּ) notre image, comme (כִּ) notre ressemblance »
.

L’image est donnée dès le départ, la ressemblance est une potentialité à développer. C’est la subtile différence entre « dans notre image » et « comme notre ressemblance ».
Image et ressemblance : ces deux termes ne sont pas équivalents pour les Pères de l’Église. L’image est comme le sceau royal apposé au bas d’un traité. Il est scellé par le roi et garde en creux dans la cire la trace de son propriétaire. En regardant le sceau et le symbole royal qu’il porte (un lion, un lys, des armoiries etc.), on sait que le prince s’est engagé et que, même absent, il garantit sa signature. De même l’image divine en tout être humain : elle est gravée, indélébile, et nous parle en creux de Celui qui nous a façonné et qui s’est engagé pour nous. Même le pire des criminels a toujours cette image, cette icône de Dieu enfouie en lui. La vie du croyant est alors de dégager cette image de tout ce qui l’obscurcit, pour laisser resplendir la ressemblance divine. « Ceux que, d’avance, il connaissait, il les a aussi destinés d’avance à être configurés à l’image de son Fils, pour que ce Fils soit le premier-né d’une multitude de frères » (Rm 8,29).

Le couple « image et ressemblance » n’est pas utilisé pour les animaux mais pour l’homme seulement. Ainsi, en Gn 5,3, après avoir dit que Dieu créa l’homme à la ressemblance de Dieu, le texte poursuit : « Adam engendra un fils à sa ressemblance, selon son image« . C’est le propre de l’humain que d’être appelé à ressembler à Dieu en engendrant la vie.

A son image et ressemblance : l'homme à l'image de Dieu ou Dieu à l'image de l'homme ?L’image divine en l’homme échappe à toute définition, mais elle peut être caractérisée comme une capacité à participer à la nature divine. Cette capacité est déjà inscrite comme « en creux » dans la nature, humaine, mais elle devient vraiment effective par la grâce du baptême. Il ne s’agit pourtant encore que d’une capacité initiale, d’un germe appelé à se développer par la coopération de notre liberté et de la grâce divine ; la « ressemblance » est le plein accomplissement de l’image, fruit de la coopération de la liberté humaine et de la grâce. Elle s’identifie avec la déification, la pleine participation aux énergies divines incréées. Elle est une participation à la filiation du Fils par nature, à la gloire du Père. Elle fait ainsi entrer l’homme dans une relation d’amour personnel et d’intimité avec les divines Personnes de la Trinité. Elle ne sera pleinement achevée que par notre résurrection corporelle au dernier jour : « Et nous tous qui n’avons pas de voile sur le visage, nous reflétons la gloire du Seigneur, et nous sommes transformés en son image avec une gloire de plus en plus grande, par l’action du Seigneur qui est Esprit et vérité » (2 Co 3,18).

Rendre à Dieu la monnaie de sa pièce, c’est passer de l’image (innée) à la ressemblance (acquise) par l’accueil de l’amour divin.
Déjà au IV° siècle, on lisait sous la plume d’un auteur anonyme :

« L’image de Dieu n’est pas imprimée sur l’or mais sur le genre humain. La monnaie de César est d’or, celle de Dieu est l’humanité… Par conséquent, donne ta richesse matérielle à César, mais réserve à Dieu l’unique innocence de ta conscience, là où Dieu est contemplé… En effet, César a voulu son image sur chaque monnaie, mais Dieu a choisi l’homme qu’Il a créé pour refléter sa gloire » (Anonyme, Œuvre incomplète sur Matthieu, Homélie 42).

Et saint Augustin a utilisé plusieurs fois cette référence dans ses homélies :

« Si César exige sa propre image sur la monnaie, Dieu n’exigera-t-il pas que l’homme grave en lui-même l’image divine ? » (En. in Ps. Ps 94,2).
Comme l’on rend à César sa monnaie, ainsi rend-on à Dieu l’âme illuminée, reflet de la lumière de son visage… Christ, en effet, habite dans l’homme intérieur » (Ibid., Ps 4,8).

Au XVI° siècle, Saint-Laurent de Brindisi tire ce même fil : rendre à Dieu ce qui est à Dieu, c’est passer de l’image à la ressemblance :

« Il nous faut payer à César le denier portant l’effigie et l’inscription de César, à Dieu ce qui a reçu le sceau de l’image et de la ressemblance divines: La lumière de ton visage a laissé sur nous ton empreinte, Seigneur (cf. Ps 4,7).
Nous sommes faits à l’image et à la ressemblance (Gn 1,26) de Dieu. Tu es homme, ô chrétien. Tu es donc la monnaie du trésor divin, un denier portant l’effigie et l’inscription de l’empereur divin. Dès lors, je demande avec le Christ : cette effigie et cette légende, de qui sont-elles ? Tu réponds: « De Dieu ». J’ajoute : « Pourquoi donc ne rends-tu pas à Dieu ce qui est à lui ? »
Si nous voulons être réellement une image de Dieu, nous devons ressembler au Christ, puisqu’il est l’image de la bonté de Dieu et l’effigie exprimant son être (cf. He 1,3). Et Dieu a destiné ceux qu’il connaissait par avance à être l’image de son Fils (Rm 8,29) ».
(Hom. 22° dimanche après la Pentecôte)

Restaurer l’homme dans sa dignité d’enfant de Dieu, c’est sans doute la mission que le « bon samaritain » confie à l’aubergiste, en lui donnant deux deniers pour subvenir à la guérison du blessé sur la route (Lc 10,35). En effet, dans l’évangile de Luc, le seul autre usage du mot δηνάριον (= denarion, denier) de notre passage se trouve dans la parabole du bon samaritain. L’humanité blessée par le péché, gisant sur le bord du chemin, est défigurée. C’est le rôle de l’aubergiste (Pierre ?) et de son auberge (l’Église ?) que de lui redonner image et ressemblance d’avec Dieu, les deux deniers que le Christ lui a confiés avant de s’absenter de l’histoire…

 

L’inscription de César, et celle de Dieu
« Cette effigie (εκν, eikon = icône) et cette inscription (πιγραφ, épigraphe), de qui sont-elles ? »
Si l’icône nous met sur la voie service de la vie divine en chaque être humain, de quoi l’inscription est-elle le nom ?

L’inscription de César renvoie clairement à la condamnation écrite du Juste innocent sur la croix. En effet il n’y a que 5 usages du mot πιγραφ (épigraphe) dans le Nouveau Testament : 3 pour notre controverse sur l’impôt (Mt 22,20 ; Mc 12,16 ; Lc 20,24), et 2 pour les mots gravés sur le bois du gibet (Mc 15,26 ; Lc 23,38) : « L’inscription (πιγραφ) indiquant le motif de sa condamnation portait ces mots : ‘Le roi des Juifs’ » (Mc 15,26).
Rendre à César son inscription, c’est donc constater que sa condamnation est vaine, injuste, et n’aura pas le dernier mot. INRI, cet écriteau multiplié à l’infini sur nos crucifix, calvaires, tableaux et autres statues est un défi lancé à César : ‘tu as cru éliminer le Juste par la force de ton pouvoir, cet épigraphe te revient en pleine face comme un signe de victoire du condamné sur l’injustice, le mal et la mort’.

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Rendre à Dieu son inscription à Lui, c’est découvrir ce qu’a gravé sur nos cœurs l’Esprit de la Loi, et non sa lettre, comme l’écrit Paul : « Dieu nous a rendus capables d’être les ministres d’une Alliance nouvelle, fondée non pas sur la lettre mais dans l’Esprit ; car la lettre tue, mais l’Esprit donne la vie » (2 Co 3,6).
C’est aussi agir en conscience : « la façon d’agir prescrite par la Loi est inscrite dans le cœur des païens, et leur conscience en témoigne… » (Rm 2,15).
Pour l’apôtre, c’est également offrir à Dieu des communautés vivantes et animées par l’Esprit : « De toute évidence, vous êtes cette lettre du Christ, produite par notre ministère, écrite non pas avec de l’encre, mais avec l’Esprit du Dieu vivant, non pas, comme la Loi, sur des tables de pierre, mais sur des tables de chair, sur vos cœurs » (2 Co 3,3).

Chaque être humain porte au fond de lui en filigrane ce titre royal : enfant de Dieu, et c’est vraiment rendre à Dieu la monnaie de sa pièce que de devenir pleinement ce fils/cette fille bien-aimés à qui il partage son intimité.

 

Par ici la monnaie !
Par ici la monnaie !
Résumons-nous : l’enjeu de la controverse entre Jésus et les pharisiens unis aux Hérodiens  concerne l’impôt, et non la laïcité. Pendant des siècles, on y a lu l’invitation à cultiver notre ressemblance d’avec Dieu plutôt que notre servitude envers César. Il s’agit de participer à la nature divine (2P 1,4), selon la parole de la Loi reprise par Jésus : « vous êtes des dieux » (Jn 10,34). Nous avançons sur la voie de cette divinisation lorsque nous désacralisons le pouvoir en lui rendant son effigie pour ne pas lui être soumis, lorsque nous combattons son injustice mortelle en lui rendant son inscription (INRI).

Nous rendons à Dieu la monnaie de sa pièce lorsque nous révélons à tout homme sa dignité en tant qu’icône de Dieu, appelé à lui ressembler toujours davantage, et lorsque nous rendons à Dieu son épigraphe, c’est-à-dire la loi d’amour gravée en nos cœurs par l’Esprit de vérité.

Ne rendez plus la monnaie comme avant…

LECTURES DE LA MESSE

PREMIÈRE LECTURE
« J’ai pris Cyrus par la main pour lui soumettre les nations » (Is 45, 1.4-6)

Lecture du livre du prophète Isaïe
Ainsi parle le Seigneur à son messie, à Cyrus, qu’il a pris par la main pour lui soumettre les nations et désarmer les rois, pour lui ouvrir les portes à deux battants, car aucune porte ne restera fermée : « À cause de mon serviteur Jacob, d’Israël mon élu, je t’ai appelé par ton nom, je t’ai donné un titre, alors que tu ne me connaissais pas. Je suis le Seigneur, il n’en est pas d’autre : hors moi, pas de Dieu. Je t’ai rendu puissant, alors que tu ne me connaissais pas, pour que l’on sache, de l’orient à l’occident, qu’il n’y a rien en dehors de moi. Je suis le Seigneur, il n’en est pas d’autre. »

PSAUME
(Ps 95 (96), 1.3, 4-5, 7-8, 9-10ac)
R/ Rendez au Seigneur la gloire et la puissance. (Ps 95, 7b)

Chantez au Seigneur un chant nouveau,
chantez au Seigneur, terre entière,
racontez à tous les peuples sa gloire,
à toutes les nations ses merveilles !

Il est grand, le Seigneur, hautement loué,
redoutable au-dessus de tous les dieux :
néant, tous les dieux des nations !
Lui, le Seigneur, a fait les cieux.

Rendez au Seigneur, familles des peuples,
rendez au Seigneur la gloire et la puissance,
rendez au Seigneur la gloire de son nom.
Apportez votre offrande, entrez dans ses parvis.

Adorez le Seigneur, éblouissant de sainteté :
tremblez devant lui, terre entière.
Allez dire aux nations : « Le Seigneur est roi ! »
Il gouverne les peuples avec droiture.

DEUXIÈME LECTURE
« Nous nous souvenons de votre foi, de votre charité, de votre espérance » (1 Th 1, 1-5b)

Lecture de la première lettre de saint Paul apôtre aux Thessaloniciens
Paul, Silvain et Timothée, à l’Église de Thessalonique qui est en Dieu le Père et dans le Seigneur Jésus Christ. À vous, la grâce et la paix. À tout moment, nous rendons grâce à Dieu au sujet de vous tous, en faisant mémoire de vous dans nos prières. Sans cesse, nous nous souvenons que votre foi est active, que votre charité se donne de la peine, que votre espérance tient bon en notre Seigneur Jésus Christ, en présence de Dieu notre Père. Nous le savons, frères bien-aimés de Dieu, vous avez été choisis par lui. En effet, notre annonce de l’Évangile n’a pas été, chez vous, simple parole, mais puissance, action de l’Esprit Saint, pleine certitude.

ÉVANGILE
« Rendez à César ce qui est à César, et à Dieu ce qui est à Dieu » (Mt 22, 15-21)
Alléluia. Alléluia. Vous brillez comme des astres dans l’univers en tenant ferme la parole de vie. Alléluia. (Ph 2, 15d.16a)

Évangile de Jésus Christ selon saint Matthieu
En ce temps-là, les pharisiens allèrent tenir conseil pour prendre Jésus au piège en le faisant parler. Ils lui envoient leurs disciples, accompagnés des partisans d’Hérode : « Maître, lui disent-ils, nous le savons : tu es toujours vrai et tu enseignes le chemin de Dieu en vérité ; tu ne te laisses influencer par personne, car ce n’est pas selon l’apparence que tu considères les gens. Alors, donne-nous ton avis : Est-il permis, oui ou non, de payer l’impôt à César, l’empereur ? » Connaissant leur perversité, Jésus dit : « Hypocrites ! pourquoi voulez-vous me mettre à l’épreuve ? Montrez-moi la monnaie de l’impôt. » Ils lui présentèrent une pièce d’un denier. Il leur dit : « Cette effigie et cette inscription, de qui sont-elles ? » Ils répondirent : « De César. » Alors il leur dit : « Rendez donc à César ce qui est à César, et à Dieu ce qui est à Dieu. »
Patrick BRAUD

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4 mars 2015

De l’iconoclasme aux caricatures

Classé sous Communauté spirituelle — lhomeliedudimanche @ 1 h 01 min

De l’iconoclasme aux caricatures

Homélie du 3° dimanche de carême / Année B
08/03/2015


Peut-on représenter Mohammed ? Pourquoi n’y a-t-il que des motifs géométriques et aucun visage dans les mosquées ? D’ailleurs, pourquoi les synagogues et les temples protestants sont-ils tout aussi sobres en peintures, portraits ou statues diverses ?

Le choc des images

De l'iconoclasme aux caricatures dans Communauté spirituelle 41Upngu6gAL._SX258_BO1,204,203,200_Avec l’assassinat odieux des caricaturistes de Charlie Hebdo (janvier 2015), le monde a redécouvert, étonné, que cette question des images et des représentations étaient bien plus importante pour des milliards de musulmans que pour les autres milliards d’athées, agnostiques, catholiques ou d’autres religions. Il y a donc un enjeu de paix sociale, de respect mutuel, et de définition de la liberté d’expression autour de ces caricatures, et plus largement autour de ces diverses manières de représenter l’humain et le divin.

Tout cela s’enracine dans la première lecture de ce dimanche.

On s’est habitué aux commandements les plus célèbres du Décalogue : « tu ne tueras pas » etc. Mais du coup, l’Occident a oublié la deuxième parole : « Tu ne feras aucune idole, aucune image de ce qui est là-haut dans les cieux, ou en bas sur la terre, ou dans les eaux par-dessous la terre… » (Ex 20,2). Ce commandement paraît évidemment lié à l’affirmation du Dieu unique : représenter des idoles (statuettes, amulettes, visages peints ou sculptés etc.) serait donner de la crédibilité à l’hypothèse d’autres dieux que Dieu. Les images et le polythéisme ont partie liée dans l’Ancien Testament. Le célèbre psychanalyste Jacques Lacan y voyait la trace de ce que la pulsion scopique est bien à l’origine de la domination de l’homme sur l’homme : l’envie de voir conduit à la fabrication de faux dieux, à la magie. Alors qu’Israël s’est constitué par l’écoute, et non la vue, car « nul ne peut voir Dieu sans mourir ». On comprend donc que les juifs, et les musulmans à leur suite (car l’islam n’est souvent qu’un retour à judaïsme naturalisé), voire même les protestants (au nom de la fidélité à tous les textes bibliques) n’aient jamais voulu représenter Dieu visuellement. Et cette aversion s’étend à tous les prophètes liés au divin. Même si aucun texte du Coran n’affirme explicitement cette interdiction, il est évident pour presque toutes les traditions musulmanes, encore aujourd’hui, que c’est un péché contre l’unicité de Dieu que de représenter son prophète, ou pire encore Dieu lui-même [1].

Cette interdiction s’étend en plus à toutes les créatures, car les représenter serait se faire l’égal de Dieu en quelque sorte, en les créant à l’aide d’un pinceau ou d’un burin. D’ailleurs, le texte du Décalogue semble bien interdire toute image non seulement du divin, mais également de « ce qui est là-haut dans les cieux, ou en bas sur la terre, ou dans les eaux par-dessous la terre » !

 

Les images musulmanes non-arabes

« En islam, il y a un principe de base théologique, voire existentiel, témoigne l’ancien directeur du Centre de recherche sur l’islamisme et la radicalisation, le politologue d’origine iranienne, exilé au Danemark, Mehdi Mozaffari. Il y a un créateur, c’est Allah. Tous les êtres animés, humains et animaux, ne peuvent être représentés car ils sont une création d’Allah. S’ils sont peints à leur tour par un artiste, ils deviennent alors la création d’un autre créateur ». En effet, si un être humain crée une statue d’un autre être animé, il peut alors prétendre à la création. Et le créateur n’est plus Un. « C’est pour cela que Mahomet a fait détruire les idoles à La Mecque, mais aussi que les talibans ont détruit les bouddhas de Bamyan en Afghanistan », poursuit le chercheur, auteur de nombreux livres sur l’islam et cosignataire du Manifeste des 12. (Note : Daesh fait de même en 2015 en détruisant les statues préislamiques à Mossul, hélas… Il faut se souvenir qu’un des premiers gestes ‘prophétiques’ de Mohammed fut la destruction des sculptures, tableaux et autres ‘idoles’ de la Kaaba, à l’exception notable d’une icône de Marie qu’il aurait voulu protéger).

Aujourd’hui, quand on interroge Mehdi Mozaffari sur le fait de savoir si ce sont les caricatures ou bien la représentation du visage du prophète publiées par Charlie Hebdo qui ont choqué les croyants, il répond : « Ce qui les a choqués, c’est qu’on ait touché au prophète. Et c’est vécu comme un viol, comme un harcèlement sexuel. Comme si les caricaturistes avaient touché physiquement, pour de vrai, au prophète. Et même si le prophète avait dit une chose tout à fait innocente, les croyants auraient été blessés de la même manière. Le prophète est le socle de leur identité. L’identité mahométane. Cette identification est fusionnelle, corporelle, physique. Ça les touche beaucoup ». Et Malek Chebel de conclure : « Il faut faire un travail de refondation de la pensée de l’islam ».

Source : http://www.rfi.fr/moyen-orient/20150116-mahomet-iran-islam-mozaffari-chebel-representation-prophete-charlie-hebdo/

En islam, la représentation de Dieu est interdite, non celle de son prophète

Le prophète Mohammed reçoit une première révélation de Jibrîl (l’archange Gabriel), miniature du Jâmi’al-Tawârîkh (« Chronique universelle ») de Rashîd al-Dîn, entre 1307 et 1311, actuellement conservée à la bibliothèque de l’université d’Edimbourg.


Des représentations figurées, parmi lesquelles on peut voir Muhammad, sa famille et les prophètes bibliques, ont existé dans d’autres genres littéraires, épopées, chroniques historiques, Qisas al-anbiyyâ’ (Histoires des prophètes), particulièrement dans les mondes iranien, turc et indien. Des peintures de scènes religieuses existent dans d’autres œuvres, essentiellement en milieu persan et turc, jamais dans le monde arabe.

Quels personnages sont représentés ?

Jonas avalé par le poissonOn ne dépeint pas des personnages mais des épisodes de leur vie qui forment un corpus iconographique allant de la Création du monde jusqu’à Muhammad. Les manuscrits consacrés à ce dernier comme le Siyar-i nabi (Vie du Prophète) ou le Zubdat al-tawarikh (Crème des histoires), exécutés à Istanbul, reprennent les mêmes cycles d’illustration. Certains sont spécifiques à l’islam. Les anges se prosternent devant Adam nu qui vient de sortir des ateliers divins. Le jeune Abraham est jeté dans un brasier sur l’ordre du roi païen Nemrod, récit qui n’est pas tiré de la Bible mais du Talmud et de la Michna. D’autres sont plus traditionnels : ainsi la construction de l’arche de Noé ou l’histoire de Jonas (Yûnas) avalé par le poisson. Les personnages familiers au Nouveau Testament sont évoqués dans des traditions proprement musulmanes : Marie, l’Enfant Jésus sur ses genoux, est adossée à un palmier chargé de dattes près duquel elle vient d’accoucher ; la Crucifixion n’est jamais représentée mais seulement Jésus, accroché à une corde (car le Coran n’admet pas la mort du Christ en croix).

Le Christ voilé lors de la CèneUn nimbe de flammes d’or autour de la tête distingue les prophètes (le Prophète voilé lors de son voyage nocturne, le Christ voilé lors de la Cène, le visage voilé du Prophète lors du Mir’âdj etc.). Avec la montée de l’orthodoxie, les visages, d’abord découverts, se cachent derrière un voile protecteur puis disparaissent, symbolisés seulement par une gerbe de feu ; dans les manuscrits copiés au Cachemire au XIXe siècle, les silhouettes tout entières se fondent en une flamme d’or. Cette hostilité envers la représentation de la figure prophétique se retrouve dans le grattage des visages, mutilés au cours des siècles dans certains manuscrits.

Cf. http://expositions.bnf.fr/parole/arret/05_8.htm

Manuscrit persan du Moyen-Age représentant le prophète Mahomet conduisant Jésus, Moïse et Abraham à la prière.
Manuscrit persan du Moyen-Age représentant le prophète Mahomet conduisant Jésus, Moïse et Abraham à la prière. (WIKIMEDIA COMMONS)

 

Le tournant de l’Incarnation et la querelle iconoclaste

C’est l’Incarnation qui a tout changé pour les chrétiens. En Jésus de Nazareth, homme concret de Palestine, le Dieu invisible se rend visible. Dès lors, peindre le visage du Christ ou de Marie honore le mouvement d’incarnation où les créatures deviennent de vraies icônes (images) de Dieu.

La querelle des images a pourtant gravement troublé l’univers chrétien, entre le VIIe et le VIIIe siècle. Sans aucun doute sous la pression des Arabes musulmans, qui propageaient l’islam à la faveur de leurs conquêtes militaires, menaçant ainsi de l’empire d’Orient. Certains empereurs orientaux se mirent alors à détruire les icônes (iconoclasme) que les moines orthodoxes peignaient avec vénération depuis des siècles. L’affaire fit grand bruit. On arrêta, déporta et tua de nombreux adeptes des icônes, les accusant d’idolâtrie. Mais vénération n’est pas adoration : la nuance aura échappé à Charlemagne et à l’Occident qui ne défendirent pas très nettement les icônes…

Il a fallu un synode en 787 à Nicée, puis à nouveau un autre en 843, pour trancher définitivement et consacrer l’art de l’icône comme un sommet de la spiritualité chrétienne. Depuis cette date, chaque année, l’Église orthodoxe commémore le triomphe des images à l’occasion du premier dimanche de Carême, nommé dimanche de l’orthodoxie.

 

De son côté, l’Occident, par le développement de la peinture, sculpture, écriture et ses enluminures et adorables miniatures hagiographiques ou bibliques, a développé jusqu’à la Réforme un art du visuel où le vieil interdit du Décalogue était comme transcendé dans la transgression que Dieu lui-même en avait faite en se rendant visible en chair et en os. « Qui m’a vu a vu le Père » osait dire le Christ.

 

mali-juillet-2012 caricature dans Communauté spirituelleDe là ce malentendu fondamental entre occidentaux (chrétiens, athées ou agnostiques) et musulmans. Il y a une dissymétrie fondamentale dans le statut de l’image, et donc dans le ressenti à propos des caricatures de Charlie Hebdo ou d’autres journaux. Ce qui n’est pour les qu’une liberté chèrement acquise est pour les autres une atteinte à ce qu’ils ont de plus cher : l’unicité de Dieu. La violence de la réaction musulmane est incompréhensible si on ne la situe pas sur ce fond théologique.

Hélas, la laïcité française n’a plus habitué nos penseurs à raisonner théologie…

Pourtant, une sociologie « compréhensive » telle que Max Weber la promouvait pourrait permettre de saisir de l’intérieur la gravité de la blessure infligée à l’autre, dans chaque camp.

Si l’islam admettait la séparation du politique et du religieux, il pourrait percevoir pourquoi cette liberté d’expression est sacrée en France.

Si les dessinateurs se mettaient à la place de croyants pour qui l’unicité de Dieu est plus importante que leur propre vie, ils pourraient éprouver la violence de leurs coups de crayon.

 

Le peuple juif témoigne pourtant depuis longtemps, et fort tranquillement, que l’interdit les images du Décalogue est compatible avec le génie occidental.

A l’intérieur même de l’univers musulman, les interprétations chiites ou autres montrent que toute représentation n’est pas interdite, au contraire, en islam.

 

Si l’on veut éviter le fameux « choc des civilisations », il faudra que chaque camp, laïc et sunnite, fasse l’effort de comprendre l’autre à partir de ses points de repères à lui. Sinon l’affrontement resurgira, comme aux premiers siècles de l’expansion militaire musulmane.

 



[1]. En juillet 723 en effet, le calife Yazid II avait proscrit toute reproduction anthropomorphique jugée contraire à l’Islam. Le Coran n’interdit pas la représentation du Prophète, ni la représentation humaine en général. Écrit dans une société où l’image est généralement absente (la péninsule arabique au VIIe siècle), le texte ne la mentionne qu’une seule fois : « Le vin, les jeux de hasard, les idoles sont des abominations inventées par Satan. Abstenez-vous en » (Sourate V, verset 90). Ce mot « idoles », littéralement « pierres dressées » (« Ansàb »), désigne les statues des païens.

 

 

 

1ère lecture : La Loi fut donnée par Moïse (Ex 20, 1-17)

 

Lecture du livre de l’Exode

En ces jours-là, sur le Sinaï, Dieu prononça toutes les paroles que voici :
« Je suis le Seigneur ton Dieu, qui t’ai fait sortir du pays d’Égypte, de la maison d’esclavage. Tu n’auras pas d’autres dieux en face de moi. Tu ne feras aucune idole, aucune image de ce qui est là-haut dans les cieux, ou en bas sur la terre, ou dans les eaux par-dessous la terre. Tu ne te prosterneras pas devant ces dieux, pour leur rendre un culte. Car moi, le Seigneur ton Dieu, je suis un Dieu jaloux : chez ceux qui me haïssent, je punis la faute des pères sur les fils, jusqu’à la troisième et la quatrième génération ; mais ceux qui m’aiment et observent mes commandements, je leur montre ma fidélité jusqu’à la millième génération. Tu n’invoqueras pas en vain le nom du Seigneur ton Dieu, car le Seigneur ne laissera pas impuni celui qui invoque en vain son nom.


Souviens-toi du jour du sabbat pour le sanctifier.
Pendant six jours tu travailleras et tu feras tout ton ouvrage ; mais le septième jour est le jour du repos, sabbat en l’honneur du Seigneur ton Dieu : tu ne feras aucun ouvrage, ni toi, ni ton fils, ni ta fille, ni ton serviteur, ni ta servante, ni tes bêtes, ni l’immigré qui est dans ta ville. Car en six jours le Seigneur a fait le ciel, la terre, la mer et tout ce qu’ils contiennent, mais il s’est reposé le septième jour. C’est pourquoi le Seigneur a béni le jour du sabbat et l’a sanctifié.


Honore ton père et ta mère, afin d’avoir longue vie sur la terre que te donne le Seigneur ton Dieu. Tu ne commettras pas de meurtre. Tu ne commettras pas d’adultère. Tu ne commettras pas de vol. Tu ne porteras pas de faux témoignage contre ton prochain. Tu ne convoiteras pas la maison de ton prochain ; tu ne convoiteras pas la femme de ton prochain, ni son serviteur, ni sa servante, ni son bœuf, ni son âne : rien de ce qui lui appartient. »

 

Psaume : 18b (19), 8, 9, 10, 11

R/ Seigneur, tu as les paroles de la vie éternelle. (Jn 6, 68c)

La loi du Seigneur est parfaite,
qui redonne vie ;
la charte du Seigneur est sûre,
qui rend sages les simples.

Les préceptes du Seigneur sont droits,
ils réjouissent le cœur ;
le commandement du Seigneur est limpide,
il clarifie le regard.

La crainte qu’il inspire est pure,
elle est là pour toujours ;
les décisions du Seigneur sont justes
et vraiment équitables :

plus désirables que l’or,
qu’une masse d’or fin,
plus savoureuses que le miel
qui coule des rayons.

 

2ème lecture : « Nous proclamons un Messie crucifié, scandale pour les hommes, mais pour ceux que Dieu appelle, il est sagesse de Dieu » (1 Co 1, 22-25)

Lecture de la première lettre de saint Paul apôtre aux Corinthiens

Frères,
alors que les Juifs réclament des signes miraculeux, et que les Grecs recherchent une sagesse, nous, nous proclamons un Messie crucifié, scandale pour les Juifs, folie pour les nations païennes. Mais pour ceux que Dieu appelle, qu’ils soient juifs ou grecs, ce Messie, ce Christ, est puissance de Dieu et sagesse de Dieu. Car ce qui est folie de Dieu est plus sage que les hommes, et ce qui est faiblesse de Dieu est plus fort que les hommes.

Évangile : « Détruisez ce sanctuaire, et en trois jours je le relèverai » (Jn 2, 13-25)

Acclamation : Gloire au Christ, Sagesse éternelle du Dieu vivant. Gloire à toi, Seigneur. Dieu a tellement aimé le monde qu’il a donné son Fils unique, afin que ceux qui croient en lui aient la vie éternelle. Gloire au Christ, Sagesse éternelle du Dieu vivant. Gloire à toi, Seigneur.  (Jn 3, 16)

Évangile de Jésus Christ selon saint Jean

Comme la Pâque juive était proche, Jésus monta à Jérusalem. Dans le Temple, il trouva installés les marchands de bœufs, de brebis et de colombes, et les changeurs. Il fit un fouet avec des cordes, et les chassa tous du Temple, ainsi que les brebis et les bœufs ; il jeta par terre la monnaie des changeurs, renversa leurs comptoirs, et dit aux marchands de colombes : « Enlevez cela d’ici. Cessez de faire de la maison de mon Père une maison de commerce. » Ses disciples se rappelèrent qu’il est écrit : L’amour de ta maison fera mon tourment. Des Juifs l’interpellèrent : « Quel signe peux-tu nous donner pour agir ainsi ? » Jésus leur répondit : « Détruisez ce sanctuaire, et en trois jours je le relèverai. » Les Juifs lui répliquèrent : « Il a fallu quarante-six ans pour bâtir ce sanctuaire, et toi, en trois jours tu le relèverais ! » Mais lui parlait du sanctuaire de son corps.

Aussi, quand il se réveilla d’entre les morts, ses disciples se rappelèrent qu’il avait dit cela ; ils crurent à l’Écriture et à la parole que Jésus avait dite. Pendant qu’il était à Jérusalem pour la fête de la Pâque, beaucoup crurent en son nom, à la vue des signes qu’il accomplissait. Jésus, lui, ne se fiait pas à eux, parce qu’il les connaissait tous et n’avait besoin d’aucun témoignage sur l’homme ; lui-même, en effet, connaissait ce qu’il y a dans l’homme.
Patrick BRAUD

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