L'homélie du dimanche (prochain)

24 décembre 2023

Le Noël du Prince de la paix

Classé sous Communauté spirituelle — lhomeliedudimanche @ 12 h 30 min

Le Noël du Prince de la paix

 

Homélie pour la fête de Noël / Année B 

25/12/2023

 

Cf. également :
Noël, l’anti kodokushi
Noël : assumer notre généalogie
Noël : La contagion du Verbe
Y aura-t-il du neuf à Noël ?
Noël : évangéliser le païen en nous
Tenir conte de Noël
Noël : solstices en tous genres
Noël : Il n’y avait pas de place pour eux dans la salle commune…
Noël : la trêve des braves
Noël : croyance dure ou croyance molle ?
Le potlatch de Noël
La bienveillance de Noël
Noël « numérique », version réseaux sociaux…
Noël : « On vous écrira… »
Enfanter le Verbe en nous…
Justice et Paix s’embrassent
Lier Pâques et paix
La Trinité en actes : le geste de paix
La paix soit avec vous

 

La guerre, à nouveau ?

Les deux conflits récents Ukraine–Russie et Israël–Palestine saturent nos écrans, nos fils d’actualité, et les commentaires en tous genres. Ils semblent même s’inviter chez nous en divisant les familles, les amis, en inspirant des attentats, des violences, des manifestations répliquant les fractures à l’œuvre à l’Est et au Moyen-Orient.

Le pire est que la liste ne s’arrête pas là : Sahel, Yémen, Syrie, Libye, Arménie, Éthiopie, Soudan, RDC … Si l’on ajoute les risques de plus en plus réels de guerre à Taiwan, entre [1]. les deux  Corées, ou l’embrasement de tout le Moyen-Orient, on se dit que nous vivons dans un monde plus dangereux que jamais. La paix – que nous voudrions perpétuelle en Europe après les deux guerres mondiales – semble s’éloigner chaque jour davantage.

 

Infographie: L'Europe, un long chemin vers la paix | StatistaC’est pourtant une erreur de perspective, due à notre courte vue historique. Replacez sur le long terme le nombre de victimes des  guerres dans le monde. Sur le graphique ci-contre, qui ne concerne que l’Europe, on voit que les guerres napoléoniennes ont provoqué une saignée invraisemblable rapportée à la population beaucoup plus faible à l’époque : 6,5 millions de morts ! Napoléon a mis l’Europe à feu et à sang, autant qu’Hitler, et bien plus que Poutine. Mais nous lui voulons un culte aveugle et partial. Depuis, le XX° siècle aura été le plus meurtrier de tous (n’oublions pas le génocide au Rwanda, en plus des deux guerres mondiales), si bien qu’on devrait être optimiste à la lecture de ces statistiques ! Malgré son indéniable visage sanglant, le XXI° siècle aura du mal – espérons-le ! – à égaler le triste record du précédent.

Ne désespérons donc pas : la situation n’est pas pire qu’avant. Il ne dépend que de nous de maintenir la paix à nos portes, car c’est en amont que peuvent se soigner les causes profondes des guerres, pas sur le moment.

 

Fêter Noël dans ce contexte est un peu une gageure : proclamer qu’en Jésus est né le Prince de la paix semble contredit dès l’ouverture du journal télévisé. Comment comprendre cette prophétie d’Isaïe de notre première lecture (Is 9,1-6) :

« Oui, un enfant nous est né, un fils nous a été donné ! Sur son épaule est le signe du pouvoir ; son nom est proclamé : « Conseiller-merveilleux, Dieu-Fort, Père-à-jamais, Prince-de-la-Paix » ?

Comment recevoir l’acclamation céleste et liturgique de l’évangile de cette nuit de Noël (Lc 2,1-14) : « paix sur la terre aux hommes qu’Il aime » ?

 

Prince, et non roi

Devant le contraste – la contradiction – entre l’état du monde et le signe messianique promis par Isaïe, les juifs auraient raison de ne pas reconnaître en Jésus le Messie, puisqu’il n’a pas été capable d’apporter au monde la paix. C’est vrai que la venue de Jésus n’a rien changé à l’histoire mondiale sur ce plan. À l’échelle d’un homme ou de plusieurs millénaires, Jésus a échoué à instaurer un règne de paix, de justice et d’amour. Le monde n’est pas meilleur ni moins violent qu’il y a 2000 ans. « Rien de nouveau sous le soleil », énonçait déjà le sage biblique (Qo 1,9), à raison.

 

Constatant cet échec évident à instaurer un règne de paix, les chrétiens vont très vite reporter cette attente sur la seconde venue du Christ : puisque le premier Noël n’a rien changé à la violence du monde, c’est le second Noël – c’est-à-dire la Parousie, la venue ultime du Christ – qui connaîtra cette pacification humainement impossible. Jusque-là, il y aura toujours des meurtres, des conflits, des viols, des bombardements de civils, des réfugiés de guerre, des millions de victimes… Perspective peu réjouissante pour le présent, qui reporte l’espérance sur le futur. Peu opérationnel en quelque sorte, sinon pour maintenir l’attente des croyants en un avenir meilleur.

 

Et pourtant… C’est un prince qu’Isaïe annonce, pas un roi. En latin, prince se dit princeps : ce qui est au principe. À Noël, nous accueillons Jésus qui est comme le principe de la paix, et non un souverain qui établit son règne d’autorité. Il n’est pas « Guide spirituel des guerriers partis combattre tous ceux qui ne croient pas en lui », ni « Chef des armées de la chrétienté boutant les méchants hors de nos pays chrétiens et séparant le monde entre eux et nous ». Il n’annonce pas une campagne militaire contre l’ennemi du moment (l’occupant romain au I° siècle de notre ère, les djihadistes au XXI° siècle, pour ne prendre que quelques exemples).

Si Jésus est le principe de la paix, il inspire – par son Esprit – tous les artisans de paix de toutes les traditions religieuses, pour accueillir la paix comme un don à réaliser, le don fait par Dieu de vivre comme lui, en communion et non en opposition. Si Jésus est prince de paix et non roi, il propose et n’impose rien. Il inspire chacun au lieu de décréter pour tous.

 

Cette différence prince–roi en matière de paix repose chez Isaïe sur la mémoire traumatisée de l’expérience royale en Israël. Au début, les 12 tribus de Canaan vivaient comme une fédération entre égales, et elles se donnaient des Juges pour arbitrer les conflits inévitables. Mais Israël s’est pris de convoitise pour la puissance guerrière de ses voisins, l’Égypte en premier. Il a voulu à tout prix se doter d’un roi « comme les autres nations », s’exposant ainsi à perdre sa différence au profit d’un alignement sur l’organisation politique des païens ! Le prophète Samuel entend avec désolation cette revendication de plus en plus forte de son peuple. Ne pouvant plus la contenir, il capitule devant cette pression suicidaire, et va oindre Saül comme premier roi sur Israël. Mais avant cette onction, il prévient le peuple que ce choix va faire son malheur, car le roi va exploiter son peuple, s’enrichir à ses dépens, l’opprimer par l’impôt et par des guerres de conquête illégitimes (peut-on être plus actuel ?) :

Dragons et merveilles - Le très méchant roi - 1« Samuel rapporta toutes les paroles du Seigneur au peuple qui lui demandait un roi. Et il dit : “Tels seront les droits du roi qui va régner sur vous. Vos fils, il les prendra, il les affectera à ses chars et à ses chevaux, et ils courront devant son char. Il les utilisera comme officiers de millier et comme officiers de cinquante hommes ; il les fera labourer et moissonner à son profit, fabriquer ses armes de guerre et les pièces de ses chars. Vos filles, il les prendra pour la préparation de ses parfums, pour sa cuisine et pour sa boulangerie. Les meilleurs de vos champs, de vos vignes et de vos oliveraies, il les prendra pour les donner à ses serviteurs. Sur vos cultures et vos vignes il prélèvera la dîme, pour la donner à ses dignitaires et à ses serviteurs. Les meilleurs de vos serviteurs, de vos servantes et de vos jeunes gens, ainsi que vos ânes, il les prendra et les fera travailler pour lui. Sur vos troupeaux, il prélèvera la dîme, et vous-mêmes deviendrez ses esclaves. Ce jour-là, vous pousserez des cris à cause du roi que vous aurez choisi, mais, ce jour-là, le Seigneur ne vous répondra pas !” 

Le peuple refusa d’écouter Samuel et dit : “Non ! il nous faut un roi ! Nous serons, nous aussi, comme toutes les nations ; notre roi nous gouvernera, il marchera à notre tête et combattra avec nous” » (1 S 8,10‑20).

Avec Isaïe, proclamer Jésus prince et non roi c’est racheter la folie royale qui pratique une politique de puissance guerrière, spoliatrice, injuste.

C’est donc une réponse à distance au crime originel d’Israël, l’institution de la royauté, par définition injuste et mortifère selon la Bible, « pharaonique ». Et précisément, en voulant être comme les Nations toutes pourvues d’un roi à l’époque, et un roi féru de conquêtes au dehors et d’exactions au dedans, Israël, dont la Torah voulait faire un peuple de frères et sœurs, se faisait Nation perverse.

Nous sommes aux prises avec ces deux textes à une opposition frontale : la Charte folle du roi selon 1 Samuel 8, et le blason du Prince de paix selon notre Isaïe.

 

Les fils d’Israël avaient résumé cyniquement la Charte du mauvais roi : « Donne-nous un roi qui marche devant nous pour guerroyer nos guerres », insistaient-ils devant Samuel, et c’était pour des guerres de conquête, à l’instar des Nations (1S 8,12). Lorsque les Écritures parlent de YHWH Dieu des Armées, c’est pour confisquer dans les Cieux les armées des rois et des peuples, soit leur folie homicide, ce qu’Israël a refusé. Devenant par là une nation parmi les Nations, Israël se reniait.

 

À Noël, nous fêtons Jésus au principe de la paix véritable, car elle a sa source en Dieu même : vivre des relations de communion comme celles qui unissent Jésus à son Père dans l’Esprit. Jésus–principe peut inspirer les hommes de bonne volonté pour devenir artisans de cette paix promise. Si Jésus avait été roi de paix, il aurait dû inaugurer l’ère messianique sans guerre, ni violence, ni conflit : cela n’est pas arrivé, et c’est pourquoi nous préférons avec Isaïe appeler Jésus prince de la paix et non roi de paix.

 

Une paix irénique ?

Mais de quelle paix Jésus est-il le principe ?

Nous ne savons pas très bien ce qu’est la paix, en réalité. La plupart des historiens doutent  d’ailleurs de son existence. Sur plusieurs millénaires, on observe des périodes d’accalmie, d’entre-deux-guerres, des intervalles de sortie de guerre et de préparation d’une autre, si bien que ce que nous appelons la paix serait plutôt un moment – bref – entre deux conflits. Le juriste Henry Maine écrivait en 1888 : « La guerre semble aussi vieille que l’humanité, mais la paix est une invention moderne ».

Le Noël du Prince de la paix dans Communauté spirituelle Raymond-aron-paix-et-guerreEt Raymond Aron la définit ainsi : « Une suspension plus ou moins durable des modalités violentes de la rivalité entre unités politiques ». Il distinguait 3 types de paix [2] :

•   La paix d’équilibre, lorsque les puissances en présence sont équivalentes.

C’est cette paix qui a prévalu en Europe après les boucheries napoléoniennes, grâce au Congrès de Vienne de 1815 où Talleyrand et Metternich posèrent les bases d’un concert des nations qui a assuré la stabilité européenne vaillent que vaille pendant presque un siècle.

•   La paix d’hégémonie, lorsqu’une puissance devient dominante et limite l’appétit des autres. La France de Louis XIV ou l’Allemagne de Bismarck ont pu jouer ce rôle. Les États-Unis d’Amérique ont pris un temps le relais.

•   La paix d’empire, où une puissance soumet toutes les autres à sa botte, écrasant tout conflit dans l’œuf. La Pax Romana a été une paix d’empire, relativement féconde d’ailleurs.

 

Quel type de paix vivons-nous en France en ce moment ?

Quoi qu’il en soit, n’allons pas la confondre avec la paix messianique. La paix du prince de Noël ne relève d’aucune de ces catégories trop humaines. Jésus, sans disqualifier les efforts politiques, tourne notre regard vers une paix qui vient d’ailleurs : « Je vous laisse la paix, je vous donne ma paix ; ce n’est pas à la manière du monde que je vous la donne. Que votre cœur ne soit pas bouleversé ni effrayé » (Jn 14,27).

 

800px-Israel_and_Palestine_Peace.svg Aron dans Communauté spirituelleEn hébreu, shalom désigne dans l’Ancien Testament la tranquillité d’Israël au milieu de ses voisins. Shalom est plus encore que l’absence de guerre : c’est une juste relation entre les êtres, une plénitude de communion telle qu’elle est humainement possible. Shalom est par exemple le but d’une justice restaurative et non punitive uniquement. Avec l’Exil et la déportation à Babylone, avec les guerres incessantes, au sein même des 12 tribus (cf. le schisme Juda–Israël), shalom est devenu un terme eschatologique, reportant cette tranquillité à l’arrivée du Messie. Le souhait de Pessah : « l’an prochain à Jérusalem ! » (ville de la paix) devient le souhait d’une paix plus qu’humaine : ‘nous attendons une paix divine, car l’homme ne peut l’établir par lui-même’.

 

Dans la langue grecque des Évangiles, la paix se dit : ερνη (eirēnē), ce qui a donné l’adjectif irénique. Être irénique paraît péjoratif : l’irénique est taxé de naïveté, de compromission, voire de complicité involontaire en se faisant l’idiot utile du mal. Pourtant, eirēnē est si beau qu’on en a fait un prénom. Et Irénée de Lyon a montré que son irénisme n’avait rien de lâche ni de complice : il a combattu les hérésies gnostiques pied à pied, et jusqu’au courage du martyre. La paix de Noël n’est pas un doux arrangement avec le mal pour rester gentil le plus possible. Ce n’est pas sacrifier la vérité sur l’autel de la tranquillité. C’est la dénonciation du mensonge, de tout ce qui nous déshumanise, c’est le choix de la communion plutôt que de la division, c’est l’engagement total jusqu’à livrer sa vie par amour, jusqu’à aimer ses ennemis (qui pourtant sont des ennemis).

 

En regardant les images terribles des massacres terroristes du Hamas et de la riposte militaire d’Israël, nous rêvons à Noël au principe de toute paix : « C’est lui, le Christ, qui est notre paix : des deux, le Juif et le païen, il a fait une seule réalité ; par sa chair crucifiée, il a détruit ce qui les séparait, le mur de la haine » (Ep 2, 14).

Ce principe demande des hommes et des femmes de courage pour négocier, signer des accords de reconnaissance mutuelle, ne plus vouloir l’élimination ni la haine, éduquer les jeunes générations en parlant d’avenir et en oubliant les horreurs du passé…

 

Reprenons les paroles du pape François en 2016 (déjà !) lorsqu’il formulait ses vœux de paix à Noël pour tous les peuples de la terre :

Colombe-Pape-Francois-193x300 guerre« - Paix aux femmes et aux hommes de la bien-aimée Terre Sainte, choisie et préférée par Dieu. Qu’Israéliens et Palestiniens aient le courage et la détermination d’écrire une nouvelle page de l’histoire, où haine et vengeance cèdent la place à la volonté de construire ensemble un avenir de compréhension réciproque et d’harmonie. […]

- Paix à qui a été blessé ou a perdu un être cher à cause d’actes atroces de terrorisme, qui ont semé peur et mort au cœur de tant de pays et de villes. 

- Paix – non en paroles, mais par des actes et des faits concrets – à nos frères et sœurs abandonnés et exclus, à ceux qui souffrent de la faim et à ceux qui sont victimes de violences. 

- Paix aux déplacés, aux migrants et aux réfugiés, à tous ceux qui aujourd’hui sont objet de la traite des personnes. 

- Paix aux peuples qui souffrent à cause des ambitions économiques d’un petit nombre et de l’âpre avidité du dieu argent qui conduit à l’esclavage. 

- Paix à celui qui est touché par les difficultés sociales et économiques et à qui souffre des conséquences des tremblements de terre ou d’autres catastrophes naturelles.
- Et paix aux enfants, en ce jour spécial où Dieu se fait enfant, surtout à ceux qui sont privés des joies de l’enfance à cause de la faim, des guerres et de l’égoïsme des adultes.
- Paix sur la terre à tous les hommes de bonne volonté, qui travaillent chaque jour, avec discrétion et patience, en famille et dans la société pour construire un monde plus humain et plus juste, soutenus par la conviction que c’est seulement avec la paix qu’il y a la possibilité d’un avenir plus prospère pour tous.

Chers frères et sœurs, « un enfant nous est né, un fils nous a été donné »: c’est le « Prince-de-la-paix ». Accueillons-le !

Pape François, Message de Noël 2016

 ____________________________________________

[2]. Raymond Aron, Paix et guerre entre les nations, Calmann-Lévy, 1962.

 

 

MESSE DE LA NUIT

PREMIÈRE LECTURE
« Un enfant nous est né » (Is 9, 1-6)

Lecture du livre du prophète Isaïe
Le peuple qui marchait dans les ténèbres a vu se lever une grande lumière ; et sur les habitants du pays de l’ombre, une lumière a resplendi. Tu as prodigué la joie, tu as fait grandir l’allégresse : ils se réjouissent devant toi, comme on se réjouit de la moisson, comme on exulte au partage du butin. Car le joug qui pesait sur lui, la barre qui meurtrissait son épaule, le bâton du tyran, tu les as brisés comme au jour de Madiane. Et les bottes qui frappaient le sol, et les manteaux couverts de sang, les voilà tous brûlés : le feu les a dévorés.
Oui, un enfant nous est né, un fils nous a été donné ! Sur son épaule est le signe du pouvoir ; son nom est proclamé : « Conseiller-merveilleux, Dieu-Fort, Père-à-jamais, Prince-de-la-Paix. » Et le pouvoir s’étendra, et la paix sera sans fin pour le trône de David et pour son règne qu’il établira, qu’il affermira sur le droit et la justice dès maintenant et pour toujours. Il fera cela, l’amour jaloux du Seigneur de l’univers !

PSAUME
(Ps 95 (96), 1-2a, 2b-3, 11-12a, 12b-13a, 13bc)
R/ Aujourd’hui, un Sauveur nous est né : ’est le Christ, le Seigneur.
 (cf. Lc 2, 11)

Chantez au Seigneur un chant nouveau,
chantez au Seigneur, terre entière,
chantez au Seigneur et bénissez son nom !

De jour en jour, proclamez son salut,
racontez à tous les peuples sa gloire,
à toutes les nations ses merveilles !

Joie au ciel ! Exulte la terre !
Les masses de la mer mugissent,
la campagne tout entière est en fête.

Les arbres des forêts dansent de joie
devant la face du Seigneur, car il vient,
car il vient pour juger la terre.

Il jugera le monde avec justice
et les peuples selon sa vérité.

DEUXIÈME LECTURE
« La grâce de Dieu s’est manifestée pour tous les hommes » (Tt 2, 11-14)

Lecture de la lettre de saint Paul apôtre à Tite
Bien-aimé, la grâce de Dieu s’est manifestée pour le salut de tous les hommes. Elle nous apprend à renoncer à l’impiété et aux convoitises de ce monde, et à vivre dans le temps présent de manière raisonnable, avec justice et piété, attendant que se réalise la bienheureuse espérance : la manifestation de la gloire de notre grand Dieu et Sauveur, Jésus Christ. Car il s’est donné pour nous afin de nous racheter de toutes nos fautes, et de nous purifier pour faire de nous son peuple, un peuple ardent à faire le bien.

ÉVANGILE
« Aujourd’hui vous est né un Sauveur » (Lc 2, 1-14)
Alléluia. Alléluia. 
Je vous annonce une grande joie : Aujourd’hui vous est né un Sauveur qui est le Christ, le Seigneur ! Alléluia. (cf. Lc 2, 10-11)

Évangile de Jésus Christ selon saint Luc
 En ces jours-là, parut un édit de l’empereur Auguste, ordonnant de recenser toute la terre – ce premier recensement eut lieu lorsque Quirinius était gouverneur de Syrie. Et tous allaient se faire recenser, chacun dans sa ville d’origine. Joseph, lui aussi, monta de Galilée, depuis la ville de Nazareth, vers la Judée, jusqu’à la ville de David appelée Bethléem. Il était en effet de la maison et de la lignée de David. Il venait se faire recenser avec Marie, qui lui avait été accordée en mariage et qui était enceinte.
Or, pendant qu’ils étaient là, le temps où elle devait enfanter fut accompli. Et elle mit au monde son fils premier-né ; elle l’emmaillota et le coucha dans une mangeoire, car il n’y avait pas de place pour eux dans la salle commune. Dans la même région, il y avait des bergers qui vivaient dehors et passaient la nuit dans les champs pour garder leurs troupeaux. L’ange du Seigneur se présenta devant eux, et la gloire du Seigneur les enveloppa de sa lumière. Ils furent saisis d’une grande crainte. Alors l’ange leur dit : « Ne craignez pas, car voici que je vous annonce une bonne nouvelle, qui sera une grande joie pour tout le peuple : Aujourd’hui, dans la ville de David, vous est né un Sauveur qui est le Christ, le Seigneur. Et voici le signe qui vous est donné : vous trouverez un nouveau-né emmailloté et couché dans une mangeoire. » Et soudain, il y eut avec l’ange une troupe céleste innombrable, qui louait Dieu en disant : « Gloire à Dieu au plus haut des cieux, et paix sur la terre aux hommes, qu’Il aime. »
Patrick Braud

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2 juillet 2023

La guerre, pile et face

Classé sous Communauté spirituelle — lhomeliedudimanche @ 12 h 30 min

La guerre, pile et face

Homélie pour le 14° Dimanche du Temps Ordinaire / Année A
09/07/2023

Cf. également :
La sécession des élites selon Jésus
Faut-il être humble ou jupitérien pour gouverner ?
C’est dans la fournaise qu’on voit l’humble
En joug, et à deux !
Épiphanie : que peuvent les religions en temps de guerre ?
Petite théologie de la guerre
Justice et Paix s’embrassent

Un patriarche ne devrait pas dire ça
La guerre, pile et face dans Communauté spirituelle 578231-patriarche-kirill-vladimir-poutine-fevrier
Le 25 septembre 2022 Kirill – le patriarche orthodoxe de Moscou – institue une invocation liturgique de son invention : « Voici que la bataille est engagée contre la Sainte Rus’ pour diviser son peuple indivis. Lève-toi, ô Dieu de la force, afin de le secourir et accorde-nous la victoire par ta puissance » Il ajoute solennellement cette supplique belliciste, qu’il rend obligatoire dans la liturgie.
Ioann Koval est ukrainien de nationalité, originaire de Louhansk, dans le Donbass, venu à Moscou étudier la théologie où il a épousé une Russe enseignante en littérature. Il est ordonné en 2004 et consacre son ministère aux patients des hôpitaux psychiatriques. Nommé second curé de Saint André, le voilà cependant qui, pendant la liturgie, substitue publiquement au mot « victoire » le mot « paix » : ‘accorde-nous la paix par ta puissance’
Dénoncé, il est renvoyé de l’état clérical le 11 mai 2023 par un tribunal ecclésiastique qui invoque sa « désobéissance » : selon le docile archiprêtre Vladislav Tsypine, vice-président du tribunal, le délinquant récidiviste « a violé son serment d’obéissance inconditionnelle à la hiérarchie de l’Église en émettant une opinion politique incompatible avec le sacerdoce ».

Comment Kirill et ses sbires vont-ils pouvoir écouter la première lecture de ce dimanche (Za 9,-10) sans broncher ? En entendant le prophète Zacharie annoncer un roi pauvre et pacifique, ils devraient être fort mal à l’aise :
« Ce roi fera disparaître d’Éphraïm les chars de guerre, et de Jérusalem les chevaux de combat ; il brisera l’arc de guerre, et il proclamera la paix aux nations ».
Ils devraient d’ailleurs arracher de la Bible toutes les pages décrivant le royaume de Dieu comme royaume de justice et de paix, et notamment les Béatitudes célébrant les artisans de paix, et Isaïe espérant un Messie instaurant la paix universelle : « Il sera juge entre les nations et l’arbitre de peuples nombreux. De leurs épées, ils forgeront des socs, et de leurs lances, des faucilles. Jamais nation contre nation ne lèvera l’épée ; ils n’apprendront plus la guerre » (Is 2,4).

Une guerre d’agression comme celle de la Russie contre l’Ukraine est évidemment en pleine contradiction avec le message biblique. Pour d’autres guerres, on pourrait hésiter : était-il légitime de déclarer la guerre à Hitler comme l’ont fait les Alliés occidentaux ? ou de signer avec lui un traité de paix comme le pacte germano-soviétique ? Était-il légitime d’envoyer des troupes en Iran, Irak, Afghanistan, au Mali etc. ? Comment se fait-il que l’Europe supposée de tradition chrétienne ait engendré des guerres incessantes depuis 15 siècles au moins, dont les deux plus sanglantes au siècle dernier ? Pourquoi des théologiens comme Augustin ou Thomas d’Aquin ont-ils développé le concept de guerre juste, comme s’il fallait couvrir les exactions des rois très chrétiens mettant le continent à feu et à sang ?
Tentons d’examiner froidement, rationnellement, le pour et le contre : les guerres sont-elles nécessaires, évitables, utiles ou stériles ?

 

Le côté pile de la guerre
Contrairement à ce qu’on pourrait croire, les arguments en faveur de la guerre ne manquent pas.
- Progrès technologique et scientifique
La guerre a souvent stimulé le progrès technologique et scientifique. Les conflits armés ont conduit à des avancées spectaculaires dans les domaines de la médecine (soins d’urgence, chirurgie, prothèses, appareillages etc.), de l’aéronautique, de la communication (Internet par exemple est une création militaire [1]) et bien d’autres domaines technologiques. Les technologies du nucléaire, du spatial doivent aux V2 et à la bombe H leur formidable essor civil…

- Cohésion sociale et identité nationale
Certains soutiennent que la guerre peut renforcer la cohésion sociale et l’identité nationale. L’unité et la solidarité entre les citoyens peuvent être renforcées en temps de conflit, créant ainsi un sentiment d’appartenance commun et de mobilisation collective. Dans les tranchées de 14-18 par exemple, « les deux Frances » – la calotte et la laïque – se sont réconciliés en devenant frères d’armes dans la boue et les éclats d’obus des tranchées. Le statut des femmes qui avaient remplacé dans les fermes et les usines les hommes partis à la guerre s’en est trouvé changé irréversiblement.
De même, il est clair que l’Ukraine se perçoit aujourd’hui comme une nation alors qu’avant 2014 ce sentiment national était encore minoritaire, chaque ville ou province jouant sa partie de son côté.

Le plan Marshall de 1947 ou comment reconstruire l’Europe- Redressement économique
Après une guerre, certains pays ont connu des périodes de redressement économique. La reconstruction et les investissements dans l’industrie de défense peuvent stimuler l’emploi, la croissance économique et l’innovation technologique. Le plan Marshall est l’exemple d’une politique économique keynésienne réussie, qui a transformé l’après-guerre allemand en une formidable opportunité d’investissements, d’équipements, d’infrastructures etc. La richesse allemande actuelle doit beaucoup paradoxalement aux ruines de 39-45 accueillant les dollars US…

- Avancées politiques et sociales
Dans certains cas, la guerre a été associée à des avancées politiques et sociales. Par exemple, des mouvements pour les droits civils et l’égalité ont émergé à la suite de guerres, conduisant à des réformes et des changements sociaux significatifs.

- Protection des droits et de la liberté
Lorsque la guerre est engagée pour protéger les droits et la liberté d’un peuple opprimé, ce qui est alors une guerre défensive, elle semble largement justifiée lorsque les autres moyens pour rétablir ces droits ont échoué. Dans certaines situations, la guerre est le seul   moyen de résister à l’injustice et de garantir des valeurs fondamentales. La guerre d’indépendance entre les futurs États-Unis et l’Angleterre est de celles-là. La guerre contre les nazis et leurs alliés également.

- La santé morale des peuples
Le dernier argument peut paraître choquant. C’est Friedrich Hegel qui le développe ainsi :
« La santé morale des peuples est maintenue dans son indifférence en face de la fixation des spécifications finies, de même que les vents protègent la mer contre la paresse où la plongerait une tranquillité durable, comme une paix durable ou éternelle y plongerait les peuples » (Principes de la Philosophie du droit. § 324).
Hegel utilise l’image des vents qui protègent la mer contre la stagnation de ses eaux. Métaphore saisissante. Une paix durable et éternelle serait vectrice de mort éthique, de putréfaction, de pétrification de la vie éthique comme l’absence de vent engendrerait le pourrissement des eaux maritimes. On ne peut critiquer plus sévèrement le projet kantien d’une paix perpétuelle ! Rien n’est moins souhaitable pour Hegel que ce « doux rêve » s’il s’accomplit sur la lâcheté et la complicité morale avec l’injuste.
Et c’est vrai que le danger pour des nations en paix est de s’endormir sur leurs valeurs, de se laisser aller dans un confort matériel et une tranquillité où se dilue leur raison d’être. Ce que Soljenitsyne appelait « le déclin du courage » en Occident. Ou ce que les historiens appellent la décadence de l’Empire romain, lorsque leurs légions n’étaient plus composées que de mercenaires se battant au loin (des ancêtres de la milice Wagner en quelque sorte !) pendant que le peuple de Rome se vautrait dans le luxe et l’oisiveté.
Il ne faudrait pas pour autant faire d’Hegel le philosophe belliqueux de l’Europe ! Car il fait plus un constat qu’une préconisation : à l’heure actuelle, il y encore des conflits armés, et au moins on peut essayer de les faire servir au progrès moral des peuples. Mais on devrait pouvoir trouver d’autres façons de résoudre ces conflits, d’autres moyens de préserver la santé morale des peuples. En instituant un débat rationnel, en forgeant une conscience universelle, une capacité à surmonter dialectiquement les oppositions, le recours à la guerre selon Hegel pourrait être dépassé grâce au mouvement de la Raison qui préserve de l’immobilisme décadent, grâce au déploiement de l’Esprit dans l’histoire, grâce aux négociations garanties par un ordre politique mondial.

Préférer mourir plutôt que de sacrifier sa liberté, risquer sa vie pour garantir le droit et la justice est le signe d’une conscience morale plus humaine que le consentement à l’ordre injuste pour avoir une fausse paix.

Cinq ans de conflit en Syrie | Statista

 

Le côté face de la guerre
Malheureusement, il s’impose à nous. Prenez par exemple le bilan chiffré de la guerre en Syrie, qu’on avait un peu oubliée depuis l’invasion russe en Ukraine : 5 millions de réfugiés syriens dans les pays voisins, 300 000 morts au moins, des blessés à proportion, un pays en ruines…

Les effets négatifs des guerres ne sont hélas que trop évidents :

- Pertes humaines
La guerre entraîne la mort de soldats et de civils, causant des souffrances et des traumatismes émotionnels considérables. Les pertes humaines sont une tragédie incontestable et constituent l’un des aspects les plus néfastes de la guerre.

https://histoire-image.org/sites/default/files/2021-11/dau6_bousu_001f.jpg- Destruction physique
Les conflits armés entraînent la destruction de villes, d’infrastructures, de monuments historiques et de biens matériels, ce qui a un impact dévast
ateur sur les sociétés et les économies touchées. La reconstruction peut prendre des années, voire des décennies.

- Déplacement et réfugiés
Les guerres provoquent des déplacements massifs de population et la création de réfugiés. Les individus et les familles sont forcés de fuir leur foyer, souvent dans des conditions précaires, ce qui entraîne une crise humanitaire et des problèmes socio-économiques.

- Impact sur l’environnement
Les activités liées à la guerre, telles que l’utilisation d’armes chimiques, les bombardements et la pollution générée par les conflits, ont un impact dévastateur sur l’environnement. La biodiversité est menacée, les terres agricoles sont dévastées et les écosystèmes sont perturbés. Le risque nucléaire est terrifiant.

- Cicatrices sociales et divisions
La guerre peut laisser des cicatrices profondes et durables au sein des sociétés, créant des divisions ethniques, religieuses ou politiques. Les traumatismes collectifs peuvent persister pendant des générations, alimentant les tensions et les conflits futurs. La haine qui s’établit entre l’Ukraine et la Russie par exemple marquera longtemps les relations entre ces pays et leurs familles. Il faudra des décennies pour guérir tant de blessures…
citation-guerre-paul-valery gospel dans Communauté spirituelle
- Coût économique
Les guerres ont un coût financier énorme, affectant les budgets nationaux, les infrastructures et les services sociaux. Les ressources qui pourraient être utilisées pour des besoins essentiels tels que l’éducation, les soins de santé, la transition écologique et l’éradication de la pauvreté sont détournées vers l’effort de guerre.

- Instabilité régionale et mondiale
Les conflits armés peuvent déstabiliser des régions entières et avoir des répercussions géopolitiques à l’échelle mondiale. Ils peuvent engendrer des rivalités, des tensions et des réactions en chaîne qui menacent la paix et la sécurité internationale. Il suffit de lister les pays en guerre aujourd’hui pour mesurer le malheur des peuples exposés à ces conflits : Syrie, Ukraine, Arménie, Iran, Yémen, Soudan, Éthiopie, République Démocratique du Congo, pays du Sahel, Haïti, Pakistan…

 

L’engagement chrétien pour la paix
La Vie Catholique Illustrée N° 1053 - Du 13 Au 19 Octobre 1965.   de Paul VI (6) : Plus jamais la guerre! / Ce que le Père Avril a vu en Chine (4 pages) / L'éléphant, ce colosse sentimental (3 p.) / Cinéma : Marie-Chantal (Marie Laforêt) contre le docteur Kah (1 page).  Format Broché
Le cri lancé par Paul VI, la gorge nouée, dans l’enceinte de l’ONU le 4 octobre 1965 à l’occasion de son 20° anniversaire résonne encore dans nos mémoires :
« Jamais plus les uns contre les autres, jamais, plus jamais !
N’est-ce pas surtout dans ce but qu’est née l’Organisation des Nations unies : contre la guerre et pour la paix ? (…) Il n’est pas besoin de longs discours pour proclamer la finalité suprême de votre institution. Il suffit de rappeler que le sang de millions d’hommes, que des souffrances inouïes et innombrables, que d’inutiles massacres et d’épouvantables ruines sanctionnent le pacte qui vous unit en un serment qui doit changer l’histoire ­future du monde : jamais plus la guerre, jamais plus la guerre ! C’est la paix, la paix, qui doit guider le destin des peuples et de toute l’humanité ! »

De la trêve de Dieu au Moyen Âge à la diplomatie vaticane et ses médiations de conciliation dans les conflits modernes, l’Église catholique n’a jamais cessé d’espérer voir s’accomplir la prophétie de Zacharie et Isaïe : briser l’arc de guerre, surmonter les oppositions par la négociation, établir la justice qui garantira la paix. Sans ce combat pour la paix, la foi chrétienne serait réduite à une spiritualité intimiste et individualiste. Or l’Évangile a par nature cette composante sociale et politique qui nous oblige à œuvrer pour la paix.

On le sait peu, mais la référence française la plus fondatrice pour un projet de paix perpétuelle ne vient pas de Rousseau ni d’autres Lumières, mais d’un prêtre français, l’abbé Castel de Saint-Pierre qui a écrit en 1713 un livre fondateur : « Projet pour rendre la paix perpétuelle en Europe ». Cet ouvrage sera la référence de tous les textes ultérieurs, même de ceux qui le critiquent. On y trouve déjà l’idée de confédérer les nations sous une seule autorité, afin de circonscrire une sphère pacifiée où le Droit international primerait sur les intérêts particuliers, où la guerre serait interdite. Emmanuel Kant systématisera cette solution politique à la guerre avec son fameux traité de 1795 : « Vers la paix perpétuelle : un projet philosophique ». Il y plaide pour l’établissement d’un Droit international garanti  par une fédération politique mondiale où les conflits se régleront par des moyens pacifiques. Il plaide également pour une éducation des citoyens « favorisant une culture de paix et de respect mutuel ».
On voit ce que la Société des Nations puis l’ONU doivent à ces penseurs du XVIII° siècle, lassés de voir l’Europe s’entre-déchirer par des guerres fratricides.

L’engagement de chaque chrétien pour la paix devrait être en consonance avec celui de l’Église catholique actuellement. : offrir des médiations, rappeler le droit et la justice, éduquer au pardon, pratiquer l’amour des ennemis, dénoncer toute instrumentalisation du Nom de Dieu dans les conflits actuels (cf. Que peuvent les religions en temps de guerre ?).

Puissions-nous chacun et ensemble réaliser ce que « briser l’arc de guerre » signifie, et nous y engager de toutes nos forces !
Alors nous pourrons chanter le vieux negro spiritual immortalisé par Louis Armstrong : Down by the riverside.
I’m gonna lay down my sword and shield
Down by the riverside
And I ain’t gonna study war no more”:
Je vais déposer mon épée et mon bouclier au bord du fleuve (de mon baptême),
et je n’apprendrai jamais plus la guerre…

 


[1]. Dans les années 1960, le département de la Défense des États-Unis a lancé un projet de recherche appelé ARPANET (Advanced Research Projects Agency Network) dans le but de créer un réseau de communication robuste et résilient qui pourrait survivre à une attaque nucléaire. Ce projet a été réalisé par des chercheurs et des universités en collaboration avec des entreprises du secteur privé. ARPANET a introduit des concepts fondamentaux tels que la commutation de paquets et le protocole TCP/IP (Transmission Control Protocol/Internet Protocol), qui sont encore utilisés aujourd’hui dans le fonctionnement d’Internet. Au fil du temps, ARPANET a évolué pour devenir l’Internet que nous connaissons aujourd’hui.

 

LECTURES DE LA MESSE

PREMIÈRE LECTURE
« Voici ton roi qui vient à toi : il est pauvre » (Za 9, 9-10)

Lecture du livre du prophète Zacharie
Ainsi parle le Seigneur : « Exulte de toutes tes forces, fille de Sion ! Pousse des cris de joie, fille de Jérusalem ! Voici ton roi qui vient à toi : il est juste et victorieux, pauvre et monté sur un âne, un ânon, le petit d’une ânesse. Ce roi fera disparaître d’Éphraïm les chars de guerre, et de Jérusalem les chevaux de combat ; il brisera l’arc de guerre, et il proclamera la paix aux nations. Sa domination s’étendra d’une mer à l’autre, et de l’Euphrate à l’autre bout du pays. »

PSAUME
(Ps 144 (145), 1-2, 8-9, 10-11, 13cd-14)
R/ Mon Dieu, mon Roi, je bénirai ton nom toujours et à jamais ! ou : Alléluia ! (Ps 144, 1)

Je t’exalterai, mon Dieu, mon Roi ;
je bénirai ton nom toujours et à jamais !
Chaque jour je te bénirai,
je louerai ton nom toujours et à jamais.

Le Seigneur est tendresse et pitié,
lent à la colère et plein d’amour.
La bonté du Seigneur est pour tous,
sa tendresse, pour toutes ses œuvres.

Que tes œuvres, Seigneur, te rendent grâce
et que tes fidèles te bénissent !
Ils diront la gloire de ton règne,
ils parleront de tes exploits.

Le Seigneur est vrai en tout ce qu’il dit,
fidèle en tout ce qu’il fait.
Le Seigneur soutient tous ceux qui tombent,
il redresse tous les accablés.

DEUXIÈME LECTURE
« Si, par l’Esprit, vous tuez les agissements de l’homme pécheur, vous vivrez » (Rm 8, 9.11-13)

Lecture de la lettre de saint Paul Apôtre aux Romains
Frères, vous, vous n’êtes pas sous l’emprise de la chair, mais sous celle de l’Esprit, puisque l’Esprit de Dieu habite en vous. Celui qui n’a pas l’Esprit du Christ ne lui appartient pas. Mais si l’Esprit de celui qui a ressuscité Jésus d’entre les morts habite en vous, celui qui a ressuscité Jésus, le Christ, d’entre les morts donnera aussi la vie à vos corps mortels par son Esprit qui habite en vous. Ainsi donc, frères, nous avons une dette, mais elle n’est pas envers la chair pour devoir vivre selon la chair. Car si vous vivez selon la chair, vous allez mourir ; mais si, par l’Esprit, vous tuez les agissements de l’homme pécheur, vous vivrez.

ÉVANGILE
« Je suis doux et humble de cœur » (Mt 11, 25-30)
Alléluia. Alléluia. Tu es béni, Père, Seigneur du ciel et de la terre, tu as révélé aux tout-petits les mystères du Royaume ! Alléluia. (cf. Mt 11, 25)

Évangile de Jésus Christ selon saint Matthieu
En ce temps-là, Jésus prit la parole et dit : « Père, Seigneur du ciel et de la terre, je proclame ta louange : ce que tu as caché aux sages et aux savants, tu l’as révélé aux tout-petits. Oui, Père, tu l’as voulu ainsi dans ta bienveillance. Tout m’a été remis par mon Père ; personne ne connaît le Fils, sinon le Père, et personne ne connaît le Père, sinon le Fils, et celui à qui le Fils veut le révéler.
Venez à moi, vous tous qui peinez sous le poids du fardeau, et moi, je vous procurerai le repos. Prenez sur vous mon joug, devenez mes disciples, car je suis doux et humble de cœur, et vous trouverez le repos pour votre âme. Oui, mon joug est facile à porter, et mon fardeau, léger. »
Patrick BRAUD

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7 janvier 2023

Épiphanie : que peuvent les religions en temps de guerre ?

Classé sous Communauté spirituelle — lhomeliedudimanche @ 12 h 30 min

Épiphanie : que peuvent les religions en temps de guerre ?

 

Homélie pour la fête de l’Épiphanie / Année A 

08/01/2023

 

Cf. également :

Signes de reconnaissance épiphaniques
L’Épiphanie du visage

Épiphanie : tirer les rois
Épiphanie : êtes-vous fabophile ?
Épiphanie : l’économie du don
Épiphanie : Pourquoi offrir des cadeaux ?
Le potlatch de Noël
Épiphanie : qu’est-ce que l’universel ?
L’Épiphanie, ou l’éloge de la double culture
L’inquiétude et la curiosité d’Hérode
Éloge de la mobilité épiphanique
La sagesse des nations

 

Sant’Egidio 2022 - Emmanuel Macron : “les responsables religieux ont un rôle essentiel, ils contribuent à la trame de nos sociétés”Une intervention récente d’Emmanuel Macron est passée inaperçue, sans doute à cause de l’inculture philosophique et religieuse de nos journalistes, de leurs craintes de franchir les sacro-saintes barrières de la laïcité… Il s’agit de son discours devant la communauté Sant’Egidio, le 23 octobre dernier.

On sait le rôle très politique, notamment de médiation, que Sant’Egidio a déjà joué dans le passé dans des conflits armés. Réfléchissant sur la guerre en Ukraine, Sant’Egidio avait invité Emmanuel Macron à parler du rôle que peuvent jouer les religions en temps de guerre, de son point de vue de Président de la République française impliquée avec l’Europe et l’OTAN dans le soutien à l’Ukraine agressée par la Russie. 

« Que peuvent les religions ? Je pense qu’elles peuvent beaucoup et que les politiques que nous sommes, je le dis au sens générique du terme, en tant que femmes et hommes qui ont décidé de s’occuper de la vie de la cité, en ont besoin. (…) Donc je pense que les responsables religieux ont un rôle essentiel en tant qu’ils contribuent à la trame de nos sociétés, à ces relations entre les individus et à un rapport au temps long » [1].

Reconnaissons cependant que le reste de son discours n’était pas toujours très limpide…

Alors exerçons nous, à la lumière de l’Épiphanie fêtée ce dimanche, à plaider pour au moins quatre dimensions du rôle que les chrétiens (pas seulement les clercs !) - et toutes les religions ? - pourraient et devraient assumer en temps de guerre.

 

1. Ne pas instrumentaliser le Nom de Dieu

Le président russe Vladimir Poutine assiste seul à un office pour Noël dans une église du Kremlin, le 6 janvier 2023Hérode - « ce renard » comme dirait Jésus (Lc 13,32) – veut ruser avec les mages pour obtenir le lieu de naissance de son concurrent potentiel. S’il arrive à tuer ce prétendant dans l’œuf – ou du moins dès sa naissance – il aura le champ libre pour se prétendre la seule royauté autorisée par Dieu sur Israël. Se servir de l’Écriture pour justifier ses propres intérêts est le péché originel de tous les clergés, de tous les rois et autres pouvoirs se réclamant de Dieu. Le « Gott mit uns » sur le ceinturon des nazis est repris par le patriarche orthodoxe russe Kirill de Moscou, pour bénir les armées de Poutine et justifier l’injustifiable en Ukraine ! Au nom de la « Sainte Russie », de sa soi-disant mission de civilisation contre l’Occident hérétique et décadent, Kirill fournit au pouvoir russe un appui idéologique majeur, aussi meurtrier que l’était la justification de l’esclavage, de l’apartheid, de la colonisation ou de la peine de mort autrefois par les Églises.

Kirill, le primat de l’Église orthodoxe russe, avait donné sa bénédiction à l’opération militaire spéciale en mars 2022, en la présentant comme un affrontement eschatologique entre l’Occident décadent et la Russie championne des valeurs traditionnelles. Lors d’un sermon en septembre 2022, il était allé plus loin en affirmant que la mort au front en Ukraine était un « sacrifice qui lavait tous les péchés que l’on a commis ».

Dans une homélie au ton très politique, prononcée dimanche 27 février 2022 à la cathédrale du Christ-Sauveur de Moscou, Kirill a fustigé ceux qui luttent – qualifiés de « forces du mal » – contre l’unité historique de la Russie et de l’Ukraine.

Il a félicité Vladimir Poutine, vendredi 7 octobre, pour son 70° anniversaire : « Dieu vous a placé au pouvoir pour que vous puissiez effectuer une mission d’une importance particulière et d’une grande responsabilité pour le sort du pays et de son peuple qui vous a été confié », a assuré le patriarche, âgé de 75 ans. « Que le Seigneur préserve la terre russe. (…) Une terre dont font partie aujourd’hui la Russie, l’Ukraine, la Biélorussie (…) ».

 

Épiphanie : que peuvent les religions en temps de guerre ? dans Communauté spirituelle 309536_167643693329755_167581906669267_298812_1174912345_nInstrumentaliser le Nom de Dieu est le propre des gens très (trop) religieux, qui finissent par vouloir imposer leur conception du monde, et convoquent Dieu pour servir leurs intérêts. 

Pourtant le Tétragramme YHWH interdit aux juifs de prononcer le Nom de Dieu, justement pour ne pas l’instrumentaliser en croyant savoir qui il est. La charia est le type même de ce genre d’absolutisme prétendant dicter la voix de Dieu à la société et ne servant en réalité que les intérêts des oulémas, des mâles, barbus, s’enrichissant sur le dos du peuple. Les Afghanes, les Iraniennes, les Saoudiennes, les Yéménites etc. en savent quelque chose, hélas !

 

Pourtant c’est l’un des commandements du Décalogue : « Tu n’invoqueras pas en vain le Nom du Seigneur ton Dieu, car le Seigneur ne laissera pas impuni celui qui invoque en vain son Nom » (Ex 20,7).

 amour dans Communauté spirituelleCouvrir les ambitions de Poutine par l’encens et l’or des liturgies orthodoxes, soumettre les femmes par l’imposition d’un Coran ou d’une charia écrite de mains d’hommes, bénir les croisades, les dictatures de tous poils, justifier les pires crimes au nom de la défense d’une Église… : nous n’en avons pas fini avec cette hypocrisie religieuse qui à force de génuflexions et de prières finit par lapider l’innocent et crucifier le prophète.
L’Église orthodoxe russe notamment doit renoncer à la théorie de la « symphonie des pouvoirs » symbolisée par l’aigle bicéphale présent sur tous les drapeaux derrière Poutine (tout comme l’Église de Rome a fini par renoncer à la « théorie des deux glaives », qui subordonnait le pouvoir temporel au pouvoir spirituel, l’empereur au pape). Selon cette théorie, le patriarche de Moscou s’occupe des âmes pendant que le tsar s’occupe des corps, et les deux pouvoirs marchent main dans la main pour établir le royaume de Dieu sur la terre.

Le premier rôle des chrétiens est donc de dénoncer toute instrumentalisation de leur foi, qui n’est pas au service d’Hérode, ni de Pilate.

 

2. Amour et vérité se rencontrent, justice et paix s’embrassent (Ps 85,11)

À l’Épiphanie, les mages pratiquent l’amour en offrant leurs cadeaux, mais ils acceptent de faire pour cela une « opération vérité » : ils reconnaissent que non, les astres ne sont pas de minis-dieux dictant nos destinées. D’ailleurs l’étoile des mages s’efface à Jérusalem devant la lecture de la Bible, bien plus éclairante pour trouver le Messie que la lumière des astres. Et quand l’étoile réapparaît, c’est pour valider en quelque sorte l’interprétation biblique, et reconnaître que c’est elle qui a donné la bonne direction, pas l’astrologie ! Pas d’amour sans faire la vérité sur nos pratiques idolâtres…

À l’inverse, la pax romana qu’Hérode maintenait par la force en Israël était une paix injuste, extorquant impôts et taxes au petit peuple pour enrichir les puissants, les collabos, foulant aux pieds l’identité et la culture juive ne reconnaissant que YHWH comme empereur… Pas de paix sans justice !

 

 guerreLe risque est grand de vouloir résoudre la guerre en Ukraine par une lâcheté organisée : pour ‘avoir la paix’, l’Occident imposerait à l’Ukraine de renoncer à retrouver ses frontières garanties par le droit international. Or juifs et chrétiens ne cessent de proclamer avec le psaume 85 : « justice et paix s’embrassent ». Autrement dit : pas de paix sans justice, pas de justice sans paix. Si la paix est injuste, comme le fut celle après 1870 ou 1918, elle nourrira rancœurs, colères et sentiments de revanche. C’est peut-être l’erreur du monde en 1991, lors de la dislocation de l’empire soviétique : les puissants ont vite réparti les peuples entre des lignes dont on peut douter aujourd’hui de la pertinence totale.

Mais depuis, il y a eu le mémorandum de Budapest, les accords de Minsk, et les obligations du droit international pour garantir les frontières actuelles, sauf libre volonté de tous les pays concernés. Accepter que ces droits soient bafoués préparerait une paix sans justice dans un engrenage de violence à venir ensuite. D’un côté comme de l’autre. Sans compter que cela ouvrirait la voie à d’autres coups de force pour s’emparer violemment de territoires convoités (Taiwan, Arménie, Sahel, États baltes…).

 

Le psaume qui unit justice et paix unit également amour et vérité : « Amour et vérité se rencontrent ». Pas d’amour sans vérité : les chrétiens se battent pour que les mensonges russes (et ukrainiens s’il y en a) soient  démasqués. Dire la vérité sur la nature du régime de Poutine, sur la compromission des orthodoxes russes, sur les crimes de guerre commis par les soldats et le pouvoir russe etc. est au cœur de la mission prophétique de notre Église. On peut quelquefois regretter la trop prudente diplomatie vaticane qui n’ose pas assez élever la voix en la matière [2]. Le précédent du silence pontifical sur les déportations des juifs devrait pourtant nous pousser à dire la vérité sur ce qui se passe sur le terrain…

Pas d’amour sans vérité, donc. Pas de vérité sans amour non plus : nous ne prêchons pas la haine, ni la revanche, mais la justice dans la vérité.
Les Églises de l’Est doivent raconter la vérité sur leurs peuples, et ne pas céder à la mythologisation de l’histoire opérée par le pouvoir russe ou d’autres pouvoirs locaux.

 

 

3. Pratiquer l’amour des ennemis, jusqu’au pardon

De l'amour des ennemis et autres méditations sur la guerre et la politique Olivier AbelNos mages évitent soigneusement Hérode pour rentrer chez eux, car ils savent que ce sera le conflit ouvert s’ils repassent devant lui. Comme disait Sun Tzu dans l’art de la guerre, le meilleur moyen d’être en paix est d’éviter la guerre autant que possible.

À l’inverse, Hérode voit en Jésus un ennemi et n’hésite pas à massacrer tous les nouveau-nés de la région pour éliminer ce rival.

Les chrétiens ont à cœur dans les conflits de ce temps de ne pas diaboliser l’ennemi, quel qu’il soit, de laisser ouverte la porte à la réconciliation (après), de pratiquer l’amour des ennemis sans renoncer au combat pour la justice. Rappelons à tous sans nous lasser qu’aimer nos ennemis n’est pas approuver leurs injustices, leurs crimes. C’est croire que leur dignité d’enfant de Dieu n’est pas effacée mais salie par leurs actes. C’est vouloir réveiller en eux cette dignité en leur tendant l’autre joue, la joue intacte, comme un miroir, la joue non offensée pour qu’eux-mêmes retrouvent en eux l’image divine ensevelie sous les décombres du mal commis.

Les chrétiens ont ainsi déjà témoigné, en Afrique du Sud, au Rwanda, et même en Europe entre Allemands  et Français, que la réconciliation est toujours possible, à condition que vérité soit faite sur les exactions perpétrées.
Ce n’est peut-être pas possible pour les générations actuellement en guerre au vu des atrocités commises, mais elles doivent le préparer pour leurs enfants et petits-enfants.

 

4. Tenir à l’universalisme chrétien

Hérode n’est intéressé que par le Roi des juifs. Les mages cherchent celui à qui même les astres obéissent. Le premier veut rester maître de son territoire. Les seconds quittent leur pays pour chercher le vrai Dieu, le Dieu de tous. La tradition a raison de décrire la composition de cette ambassade comme universelle (selon la géographie de l’époque) : un Africain (Balthazar), un asiatique (Gaspard), un Européen (Melchior).

arton79465 justiceLe Messie nouveau-né fait éclater les prétentions nationalistes étroites. Il est le roi de l’univers, pas seulement de Judée. Autrement dit, les valeurs du christianisme évoquées plus haut sont universelles. Ni occidentales, ni africaines, ni asiatiques : pour tous les peuples, toutes les cultures, tous les régimes politiques. Ne pas instrumentaliser le Nom de Dieu s’impose à tous. Conjuguer amour et vérité, justice et paix est le devoir sacré de toute l’humanité, depuis l’ONU jusqu’au Liechtenstein. Aimer nos ennemis jusqu’à la réconciliation est le défi lancé aux Russes comme Nord-coréens, aux Chinois comme aux Européens. Ce ne sont pas des valeurs occidentales seulement. L’Épiphanie manifeste la dimension universelle du message du Christ, né au Proche-Orient, mûri en Europe, adopté par l’Afrique, promis à l’immense Asie.

Ne renonçons pas à notre universalisme sous prétexte du respect de chaque culture ! Car alors le relativisme ne serait pas loin. Et le relativisme ouvre la porte à toutes les injustices, car ce que vous trouvez mal ici sera déclaré bien ailleurs…

 

Finalement, l’Épiphanie est une fête très politique !

Elle appelle les chrétiens à jouer leur rôle en temps de guerre, à ne pas déserter le témoignage rendu aux quatre valeurs ci-dessus. Elle appelle tous les hommes de bonne volonté à s’examiner loyalement pour entrer en discussion avec l’ennemi. Le Messie adoré par les Mages n’est-il pas venu inaugurer un monde nouveau, où selon la prophétie de Michée : « de leurs épées, ils forgeront des socs, et de leurs lances, des faucilles. Jamais nation contre nation ne lèvera l’épée ; ils n’apprendront plus la guerre » (Mi 4, 3) ? 

 

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[1]https://preghieraperlapace.santegidio.org/pageID/31533/langID/fr/text/4021/Emmanuel-Macron-au-Cri-de-la-Paix.html

[2]. La dénonciation la plus nette est celle du mercredi 23 novembre dernier. Lors de son audience hebdomadaire, le pape François a comparé le « martyre de l’agression » du pays par la Russie à la famine provoquée en Ukraine par Staline au début des années 1930, aussi appelée « génocide du Holodomor », qui a fait de 2 à 5 millions de victimes parmi les ukrainiens. L’Église orthodoxe russe est toujours restée muette sur ce crime…

 

 

 

Lectures de la messe

Première lecture
« La gloire du Seigneur s’est levée sur toi » (Is 60, 1-6)

 

Lecture du livre du prophète Isaïe

Debout, Jérusalem, resplendis ! Elle est venue, ta lumière, et la gloire du Seigneur s’est levée sur toi. Voici que les ténèbres couvrent la terre, et la nuée obscure couvre les peuples. Mais sur toi se lève le Seigneur, sur toi sa gloire apparaît. Les nations marcheront vers ta lumière, et les rois, vers la clarté de ton aurore. Lève les yeux alentour, et regarde : tous, ils se rassemblent, ils viennent vers toi ; tes fils reviennent de loin, et tes filles sont portées sur la hanche. Alors tu verras, tu seras radieuse, ton cœur frémira et se dilatera. Les trésors d’au-delà des mers afflueront vers toi, vers toi viendront les richesses des nations. En grand nombre, des chameaux t’envahiront, de jeunes chameaux de Madiane et d’Épha. Tous les gens de Saba viendront, apportant l’or et l’encens ; ils annonceront les exploits du Seigneur.

 

Psaume
(Ps 71 (72), 1-2, 7-8, 10-11, 12-13)
R/ Toutes les nations, Seigneur, se prosterneront devant toi.
 (cf. Ps 71,11)

Dieu, donne au roi tes pouvoirs,
à ce fils de roi ta justice.
Qu’il gouverne ton peuple avec justice,
qu’il fasse droit aux malheureux !

 

En ces jours-là, fleurira la justice,
grande paix jusqu’à la fin des lunes !
Qu’il domine de la mer à la mer,
et du Fleuve jusqu’au bout de la terre !

 

Les rois de Tarsis et des Îles apporteront des présents.
Les rois de Saba et de Seba feront leur offrande.
Tous les rois se prosterneront devant lui,
tous les pays le serviront.

 

Il délivrera le pauvre qui appelle
et le malheureux sans recours.
Il aura souci du faible et du pauvre,
du pauvre dont il sauve la vie.

 

Deuxième lecture
« Il est maintenant révélé que les nations sont associées au même héritage, au partage de la même promesse » (Ep 3, 2-3a.5-6)

 

Lecture de la lettre de saint Paul apôtre aux Éphésiens

Frères, vous avez appris, je pense, en quoi consiste la grâce que Dieu m’a donnée pour vous : par révélation, il m’a fait connaître le mystère. Ce mystère n’avait pas été porté à la connaissance des hommes des générations passées, comme il a été révélé maintenant à ses saints Apôtres et aux prophètes, dans l’Esprit. Ce mystère, c’est que toutes les nations sont associées au même héritage, au même corps, au partage de la même promesse, dans le Christ Jésus, par l’annonce de l’Évangile.

 

Évangile
Nous sommes venus d’Orient adorer le roi (Mt 2, 1-12) Alléluia. Alléluia.
Nous avons vu son étoile à l’orient, et nous sommes venus adorer le Seigneur. Alléluia. (cf. Mt 2, 2)

 

Évangile de Jésus Christ selon saint Matthieu

Jésus était né à Bethléem en Judée, au temps du roi Hérode le Grand. Or, voici que des mages venus d’Orient arrivèrent à Jérusalem et demandèrent : « Où est le roi des Juifs qui vient de naître ? Nous avons vu son étoile à l’orient et nous sommes venus nous prosterner devant lui. » En apprenant cela, le roi Hérode fut bouleversé, et tout Jérusalem avec lui. Il réunit tous les grands prêtres et les scribes du peuple, pour leur demander où devait naître le Christ. Ils lui répondirent : « À Bethléem en Judée, car voici ce qui est écrit par le prophète : Et toi, Bethléem, terre de Juda, tu n’es certes pas le dernier parmi les chefs-lieux de Juda, car de toi sortira un chef, qui sera le berger de mon peuple Israël. » Alors Hérode convoqua les mages en secret pour leur faire préciser à quelle date l’étoile était apparue ; puis il les envoya à Bethléem, en leur disant : « Allez vous renseigner avec précision sur l’enfant. Et quand vous l’aurez trouvé, venez me l’annoncer pour que j’aille, moi aussi, me prosterner devant lui. » Après avoir entendu le roi, ils partirent.
Et voici que l’étoile qu’ils avaient vue à l’orient les précédait, jusqu’à ce qu’elle vienne s’arrêter au-dessus de l’endroit où se trouvait l’enfant. Quand ils virent l’étoile, ils se réjouirent d’une très grande joie. Ils entrèrent dans la maison, ils virent l’enfant avec Marie sa mère ; et, tombant à ses pieds, ils se prosternèrent devant lui. Ils ouvrirent leurs coffrets, et lui offrirent leurs présents : de l’or, de l’encens et de la myrrhe. Mais, avertis en songe de ne pas retourner chez Hérode, ils regagnèrent leur pays par un autre chemin.
Patrick BRAUD

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28 février 2022

Petite théologie de la guerre

Classé sous Communauté spirituelle — lhomeliedudimanche @ 18 h 19 min

Petite théologie de la guerre

[UKRAINE] Bilan du jour 3 : Kiev tient toujours, progression russe au sud, nombreuses pertes dans les deux campsAlors que les chars russes roulent sur Kiev, quels repères la foi chrétienne peut-elle nous fournir pour penser et agir en temps de conflit armé ?

Dans un « Message aux fidèles et aux citoyens d’Ukraine », du 24 février 2022, le métropolite Onuphre de Kiev et de toute l’Ukraine a dénoncé la guerre actuelle comme « fratricide ». « La guerre entre ces deux peuples est une répétition du péché de Caïn, qui a tué son propre frère par envie », a-t-il déclaré. « Une telle guerre ne mérite aucune excuse, ni de Dieu, ni des populations ». La position du patriarche ukrainien est avant tout biblique ; quelques soient les intérêts en jeu, rien ne justifie le meurtre du frère.

Par contre, le dimanche suivant 27 février, le patriarche de Moscou, Kirill, a déclaré lors de son sermon dominical : « Que Dieu nous préserve de ce que la situation politique actuelle en Ukraine, pays frère qui nous est proche, soit utilisée de manière à ce que les forces du mal l’emportent ». « Nous devons tout faire pour préserver la paix entre nos peuples et en même temps protéger notre patrie historique commune de toutes ces actions de l’extérieur qui peuvent détruire cette unité », a poursuivi le patriarche.

Coat of arms of Russia with two-headed eagle. Golden symbol of Russian Federation. 3D render Illustration isolated on a white background. - 99888459Il semble donc apporter son soutien à l’invasion russe de l’Ukraine. Selon lui, les « forces du mal » sont ceux qui « combattent l’unité » de l’Église orthodoxe russe avec les pays issus de la Rus’, un État médiéval qui est considéré comme l’ancêtre de la Russie, de l’Ukraine et du Bélarus. Or, l’Ukraine s’était dotée en 2019 d’une Église orthodoxe indépendante du patriarcat de Moscou, une décision historique qui a mis fin à plus de 300 ans de tutelle religieuse russe et avait provoqué la colère de la Russie et de Kirill.
En 2012, Kirill avait déjà exprimé sa fidélité au maître du Kremlin en proclamant que la présidence de M. Poutine est « un miracle de Dieu » (sic.).

C’est l’illustration flagrante du « péché originel » des Églises orientales : être trop liées au pouvoir en place, quel qu’il soit (tsariste, communiste, poutiniste…), au point d’en perdre toute liberté critique. L’aigle bicéphale russe (un pouvoir, deux têtes) est le symbole de cette « symphonie des pouvoirs » chère aux orthodoxes russes qui confondent ainsi nation et Église, culture nationale et patrimoine chrétien. Ils voudraient rester la religion d’État, à l’exclusive des autres Églises – même orthodoxes – ou religions, pour régner en maitres sur la société. On voit en Grèce ou ailleurs que cette confusion Église-nation est une tentation toujours présente… Bizarrement, ces Églises tombent ainsi dans le même piège que les États islamiques !

Soyons honnêtes : l’Église catholique d’Occident n’a pas toujours évité cette confusion ! La lutte entre les pouvoirs temporel et spirituel a donné lieu à des joutes célèbres entre Rome et les empires successifs. De Canossa à la suppression des États pontificaux, du sacre des rois ou empereurs par le pape au principe « Cujus regio, ejus religio » du XVI° siècle (« chacun doit adopter la religion de son souverain »), la foi chrétienne a été souvent confondue avec le pouvoir politique, et instrumentalisée pour faire la guerre au nom de Dieu : croisades, Inquisition, guerres européennes, prétentions royales d’incarner la volonté divine, guerres coloniales pour convertir les Indiens des Amériques etc. Pourtant, peu à peu, le principe évangélique de séparation des pouvoirs entre César et Dieu s’est mis en place, au point que la laïcité française – la plus rigoureuse au monde – n’est pas sans racines évangéliques… Distinguer foi et politique demande de ne pas instrumentaliser l’une au service de l’autre, surtout pour faire la guerre !

 

Une Église ne devrait pas faire çà…

On peut distinguer plusieurs périodes dans l’évolution de la doctrine catholique sur la guerre :

- du temps de Jésus

Le Christ ne traite pas des questions politiques de son temps, pressé qu’il est par l’imminence du Royaume de Dieu qui va tout renouveler. Ce qu’il dit sur la violence concerne les relations individuelles : tendre l’autre joue, aimer son ennemi, pardonner sans cesse. Envers les militaires, il se montre accueillant, en louant même leur foi, en leur demandant comme Jean-Baptiste de ne pas dépasser leur mission, et c’est un centurion romain qui confesse le premier au pied de la croix : « vraiment, cet homme était le fils de Dieu ! »

 

- pendant les persécutions

Les premiers chrétiens ont été pendant trois siècles en butte aux persécutions juives et romaines, et devaient donc faire « profil bas » pour ne pas s’attirer les foudres d’un pouvoir déjà méfiant à leur égard. D’où le célèbre : « tout pouvoir vient de Dieu » de Paul (Rm 13, 1-6), si mal interprété par la suite ! Paul voulait que les chrétiens soient civiquement exemplaires pour qu’on n’ait rien çà leur reprocher sur ce plan-là. Aucune soumission aveugle au pouvoir en place dans ses propos. D’ailleurs, il a lui-même désobéi à Rome en refusant d’adorer l’empereur, ce qui était un acte d’insoumission politique à l’époque.
Pendant 300 ans, les chrétiens auront le souci d’éviter de participer à toute violence d’État, au point que les militaires devaient changer de métier (comme les gladiateurs, les prostituées etc..) pour pouvoir demander le baptême.
Le pouvoir romain fait la guerre à ces chrétiens, jusqu’à l’empereur Constantin et l’Édit de Milan (313). On comprend que ces chrétiens dénoncent toute forme de guerre comme un péché contre Dieu et contre nos frères.

 

- du IV° siècle au XIX° siècle

Petite théologie de la guerre dans Communauté spirituelle e7

Avec Constantin, tout change. L’empereur et l’Église marchent main dans la main pour gouverner les peuples d’Occident et au-delà. Pour le meilleur (adoucissement des mœurs, protection des femmes, des esclaves, fécondité artistique etc.) et pour le pire (répression des non-chrétiens, mainmise religieuse sur la société, ‘le sabre et le goupillon’ etc.). Dans le pire, il y a la guerre au nom de Dieu. Mais il y a également le meilleur, avec une certaine humanisation de la guerre pourrait-on dire, grâce à la théorie de St Augustin qu’on a appelée la « théorie de la guerre juste ». Augustin voulait limiter la guerre. Il développa une argumentation légitimant, dans certains cas exceptionnels, le recours aux armes pour un chrétien : à titre individuel, un chrétien devrait se laisser tuer plutôt que de tuer son assaillant (amour des ennemis), mais la défense de l’autre – surtout les plus faibles (la veuve, l’orphelin, le vieillard) – oblige à repousser une agression qui les menacerait. D’autre part, c’est aussi aimer son ennemi (selon le précepte évangélique) que de l’empêcher de faire le mal, lorsqu’il est agresseur.
Cette doctrine a donné lieu à de vives controverses. Certes, elle tendait à limiter la guerre mais elle conduisait aussi à la légitimer dans certains cas.

Les siècles suivants verront « l’alliance du trône et de l’autel » connaître des heurts divers, avec l’apparition de la « théorie des deux glaives » (Bernard de Clairvaux) au XI° siècle, prônant la supériorité du pouvoir spirituel (le Pape) sur le pouvoir temporel. Dans ce contexte, la guerre a souvent eu droit à la bénédiction des papes et évêques, que ce soit entre princes européens ou contre l’islam. En même temps, l’Église intervint souvent pour protéger les plus petits, pour servir de médiation entre les belligérants et faciliter la négociation de trêves, de traités de paix.
La prétention temporelle du Pape et la volonté de mainmise de l’Église sur la société suscitèrent en réaction l’émancipation progressive des royaumes et empires, jusqu’au XVIII° siècle, où les Lumières pousseront cette émancipation jusqu’à la séparation. L’Orient – on l’a dit – n’a pas suivi cette évolution.

 

- Vatican II

B006JYFJNE.01._SCLZZZZZZZ_SX500_ bicéphale dans Communauté spirituelleComme toute institution, l’Église a profondément changé sa façon de voir (tout en prétendant le contraire). Son discours sur la guerre aujourd’hui n’a plus rien à voir avec celui qu’elle tenait au XVII° siècle. Les deux guerres mondiales et la guerre froide ont fait évoluer la doctrine catholique au XX° siècle. Le cri de Paul VI devant l’ONU en 1965 : « Plus jamais la guerre ! » est devenu célèbre.
Le concile Vatican II (1962-65) a parlé de la guerre dans le document Gaudium et Spes. La synthèse de l’enseignement de ce concile est résumée ainsi dans le catéchisme universel (1992) :

Pas de paix sans justice

N° 2304      Le respect et la croissance de la vie humaine demandent la paix. La paix n’est pas seulement absence de guerre et elle ne se borne pas à assurer l’équilibre des forces adverses. La paix ne peut s’obtenir sur terre sans la sauvegarde des biens des personnes, la libre communication entre les êtres humains, le respect de la dignité des personnes et des peuples, la pratique assidue de la fraternité. Elle est “ tranquillité de l’ordre ” (S. Augustin, civ. 10, 13). Elle est œuvre de la justice (cf. Is 32, 17) et effet de la charité (cf. GS 78, §§ 1-2).

Éviter la guerre autant que possible, mais se défendre si besoin

N° 2307      Le cinquième commandement interdit la destruction volontaire de la vie humaine. À cause des maux et des injustices qu’entraîne toute guerre, l’Église presse instamment chacun de prier et d’agir pour que la Bonté divine nous libère de l’antique servitude de la guerre (cf. GS 81, § 4).

N° 2308      Chacun des citoyens et des gouvernants est tenu d’œuvrer pour éviter les guerres. Aussi longtemps cependant “ que le risque de guerre subsistera, qu’il n’y aura pas d’autorité internationale compétente et disposant de forces suffisantes, on ne saurait dénier aux gouvernements, une fois épuisées toutes les possibilités de règlement pacifiques, le droit de légitime défense ” (GS 79, § 4).

B00TAVH0N0.01._SCLZZZZZZZ_SX500_ guerreN° 2309      Il faut considérer avec rigueur les strictes conditions d’une légitime défense par la force militaire. La gravité d’une telle décision la soumet à des conditions rigoureuses de légitimité morale. Il faut à la fois :
– Que le dommage infligé par l’agresseur à la nation ou à la communauté des nations soit durable, grave et certain.
– Que tous les autres moyens d’y mettre fin se soient révélés impraticables ou inefficaces.
– Que soient réunies les conditions sérieuses de succès.
– Que l’emploi des armes n’entraîne pas des maux et des désordres plus graves que le mal à éliminer. La puissance des moyens modernes de destruction pèse très lourdement dans l’appréciation de cette condition.
Ce sont les éléments traditionnels énumérés dans la doctrine dite de la “ guerre juste ”.
L’appréciation de ces conditions de légitimité morale appartient au jugement prudentiel de ceux qui ont la charge du bien commun.

N° 2310      Les pouvoirs publics ont dans ce cas le droit et le devoir d’imposer aux citoyens les obligations nécessaires à la défense nationale.
Ceux qui se vouent au service de la patrie dans la vie militaire, sont des serviteurs de la sécurité et de la liberté des peuples. S’ils s’acquittent correctement de leur tâche, ils concourent vraiment au bien commun de la nation et au maintien de la paix (cf. GS 79, § 5).

Même en temps de guerre, tout n’est pas permis

N° 2312      L’Église et la raison humaine déclarent la validité permanente de la loi morale durant les conflits armés. “ Ce n’est pas parce que la guerre est malheureusement engagée que tout devient par le fait même licite entre les parties adverses ” (GS 79, § 4).

Les prisonniers notamment ont de droits

N° 2313      Il faut respecter et traiter avec humanité les non-combattants, les soldats blessés et les prisonniers. Les actions délibérément contraires au droit des gens et à ses principes universels, comme les ordres qui les commandent, sont des crimes. Une obéissance aveugle ne suffit pas à excuser ceux qui s’y soumettent. Ainsi l’extermination d’un peuple, d’une nation ou d’une minorité ethnique doit être condamnée comme un péché mortel. On est moralement tenu de résister aux ordres qui commandent un génocide.

Les guerres « totales » sont condamnables et injustes

N° 2314      “Tout acte de guerre qui tend indistinctement à la destruction de villes entières ou de vastes régions avec leurs habitants, est un crime contre Dieu et contre l’homme lui-même, qui doit être condamné fermement et sans hésitation” (GS 80, § 4). Un risque de la guerre moderne est de fournir l’occasion aux détenteurs des armes scientifiques, notamment atomiques, biologiques ou chimiques, de commettre de tels crimes.

Arrêter la guerre est un signe messianique

N° 2317      Les injustices, les inégalités excessives d’ordre économique ou social, l’envie, la méfiance et l’orgueil qui sévissent entre les hommes et les nations, menacent sans cesse la paix et causent les guerres. Tout ce qui est fait pour vaincre ces désordres contribue à édifier la paix et à éviter la guerre. Dans la mesure où les hommes sont pécheurs, le danger de guerre menace, et il en sera ainsi jusqu’au retour du Christ. Mais, dans la mesure où, unis dans l’amour, les hommes surmontent le péché, ils surmontent aussi la violence jusqu’à l’accomplissement de cette parole : Ils forgeront leurs glaives en socs et leurs lances en serpes. On ne lèvera pas le glaive nation contre nation et on n’apprendra plus la guerre” (Is 2,4) (GS 78,§6).

« I’m gonna study war no more… » chante le gospel « Down by the riverside »


La feuille de route des chrétiens en temps de guerre est ainsi clairement fixée : tout faire pour éviter la guerre, mais protéger les plus faibles, et empêcher un agresseur de semer la mort et la désolation autour de lui comme Hitler, Lénine, Staline, Mao, Pol-Pot et tant d’autres l’ont fait au XX° siècle…

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