L'homélie du dimanche (prochain)

24 juillet 2022

On n’a jamais vu un coffre-fort suivre un corbillard !

Classé sous Communauté spirituelle — lhomeliedudimanche @ 12 h 30 min

 On n’a jamais vu un coffre-fort suivre un corbillard !

Homélie pour le 18° dimanche du Temps Ordinaire / Année C
31/07/2022

Cf. également :

Êtes-vous croissant ou décroissant ?
Vanité des vanités…
La double appartenance
Gardez-vous bien de toute âpreté au gain !
Le pauvre Lazare à nos portes
Chameau et trou d’aiguille
À quoi servent les riches ?
Où est la bénédiction ? Où est le scandale ? dans la richesse, ou la pauvreté ?

On n’a jamais vu un coffre-fort suivre un corbillard !

 On n'a jamais vu un coffre-fort suivre un corbillard ! dans Communauté spirituelleJésus n’était pas canadien ! Mais il aurait pu inventer ce dicton de nos cousins du Nord. Il l’a fait en réalité avec la parabole de ce dimanche (Lc 12, 13-21) qui dénonce l’accumulation outrancière des riches :

« Il y avait un homme riche, dont le domaine avait bien rapporté. Il se demandait : ‘Que vais-je faire ? Car je n’ai pas de place pour mettre ma récolte.’ Puis il se dit : ‘Voici ce que je vais faire : je vais démolir mes greniers, j’en construirai de plus grands et j’y mettrai tout mon blé et tous mes biens. Alors je me dirai à moi-même : Te voilà donc avec de nombreux biens à ta disposition, pour de nombreuses années. Repose-toi, mange, bois, jouis de l’existence.’ Mais Dieu lui dit : ‘Insensé : cette nuit même, on va te redemander ta vie. Et ce que tu auras accumulé, qui l’aura ?’ Voilà ce qui arrive à celui qui amasse pour lui-même, au lieu d’être riche en vue de Dieu ».

L’humanité hélas n’a pas beaucoup progressé depuis ! Ce triste constat de la surcapitalisation de quelques-uns aux dépens de leur vie spirituelle est toujours d’actualité : malgré un contexte morose en 2021, les grands patrons français du CAC 40 ont vu leurs rémunérations quasiment doubler en un an, et largement dépasser celles de 2019. Avec une augmentation moyenne de +93 % en 2021, les patrons du CAC ont connu une augmentation record de leurs émoluments. D’après la société spécialisée Scalen, la rémunération moyenne d’un dirigeant du CAC 40 s’élève désormais à la modeste somme de 8,7 millions d’euros par an, deux fois plus qu’en 2020, 60% de plus qu’en 2019, 3 fois plus qu’en 2011, 310 fois le salaire médian !

Dans la parabole, Jésus dénonce une double soif des riches, si insatiable qu’elle les dévore de l’intérieur : la soif de posséder, qui se traduit par une accumulation exponentielle, et la soif de jouir de l’existence, qui se traduit par des trains de vie époustouflants où la moindre montre vaut des centaines de milliers d’euros et le restaurant entre amis le salaire annuel d’un de leurs employés…

Max Weber projetait l’ascétisme protestant dans une certaine sobriété, un refus de consommer à outrance chez les pionniers du 18° siècle, qui créait ainsi une propension à épargner nécessaire à l’esprit du capitalisme naissant. On connaît sa thèse : selon Weber, le comportement économique des premiers protestants américains s’explique par la prédestination. Pour Calvin en effet, le salut éternel dépend d’une décision arbitraire de Dieu et non des actions bonnes ou mauvaises entreprises durant la vie, comme c’est le cas dans le catholicisme d’alors. La grâce seule sauve, pas les œuvres. Mais cette prédestination ne mène pas au fatalisme, car l’angoisse du calviniste (« suis-je destiné à aller au paradis ? ») peut être dissipée par la réussite économique, signe d’élection divine. Or le sermon sur ma montagne (Mt 5) demande de vivre dans un esprit de pauvreté une vie ascétique et austère. Autrement dit, les calvinistes sont incités à réussir, mais pas à consommer les fruits de leur labeur, ce qui est (évidemment) favorable à l’accumulation.

« Le calviniste ne peut savoir s’il sera sauvé ou damné, or c’est là une conclusion qui peut devenir intolérable. Par un penchant non pas logique, mais psychologique, il cherchera donc dans le monde les signes de son élection divine. C’est ainsi, suggère Weber, que certaines sectes calvinistes ont fini par trouver dans le succès temporel, éventuellement le succès économique, la preuve du choix de Dieu. L’individu est ainsi poussé au travail pour surmonter l’angoisse dans laquelle ne peut pas ne pas entretenir l’incertitude de son salut » (Raymond Aron).

Il est donc amené à travailler rationnellement en vue d’un profit et à ne pas dépenser ce profit. Ce qui rejoint une logique nécessaire au début du capitalisme : travailler comme un fou, non pas pour jouir des douceurs de l’existence, mais pour la seule satisfaction de produire toujours plus, avec la certitude de l’élection divine qui l’accompagne. Le profit ainsi accumulé constitue alors l’épargne, réinvestie pour développer de nouveaux moyens de production etc….

41IX4YYY0jL._SX302_BO1,204,203,200_ grenier dans Communauté spirituelle« Pour résumer ce que nous avons dit jusqu’à présent, l’ascétisme protestant, agissant à l’intérieur du monde, s’opposa avec une grande efficacité à la jouissance spontanée des richesses et frein la consommation, notamment celle des objets de luxe. En revanche, il eut pour effet psychologique de débarrasser des inhibitions de l’éthique traditionaliste le désir d’acquérir. Il a rompu les chaînes qui entravaient pareille tendance à acquérir, non seulement en la légalisant, mais aussi … en la considérant comme directement voulue par Dieu…

Plus important encore, l’évaluation religieuse du travail sans relâche, continu, systématique, dans une profession séculière, comme moyen ascétique le plus élevé et à la fois preuve la plus sûre, la plus évidente de régénération et de foi authentique, a pu constituer le plus puissant levier qui se puisse imaginer de l’expansion de cette conception de la vie que nous avons appelée, ici, l’esprit du capitalisme ».
(Max Weber, L’Éthique protestante et l’esprit du Capitalisme)

Historiquement, pourtant, Max Weber avait tort : les riches de toutes les époques veulent à la fois épargner et consommer sans fin ! Le développement du capitalisme n’a pas fait exception. Qu’on songe aux riches marchands de Gêne, Venise, Bruges, Anvers, Amsterdam, Londres : ils ont tour à tour tenu le haut du pavé du commerce mondial depuis le 16° siècle, en s’enrichissant à l’excès, et en étalant leur réussite avec insolence et mépris.

 

Accumulez, accumulez…

Pour une fois, il faut donc donner raison à Marx (et Jésus !) contre Weber : la soif de jouir alimente la soif d’accumuler, et réciproquement. Le chapitre dans lequel Marx aborde ce thème s’intitule : « Théorie de l’abstinence » (on dirait aujourd’hui : de la frugalité, de la sobriété), et c’est bien une question très actuelle :

Le Capital« Accumulez, accumulez ! C’est la loi et les prophètes !
La parcimonie, et non l’industrie, est la cause immédiate de l’augmentation du capital. À vrai dire, l’industrie fournit la matière que l’épargne accumule.
Épargnez, épargnez toujours, c’est à dire retransformez sans cesse en capital la plus grande partie possible de la plus-value ou du produit net ! Accumuler pour accumuler, produire pour produire, tel est le mot d’ordre de l’économie politique proclamant la mission historique de la période bourgeoise.
Enfin, accumuler, c’est conquérir le monde de la richesse sociale, étendre sa domination personnelle, augmenter le nombre de ses sujets, c’est sacrifier à une ambition insatiable.
Il s’élève dès lors en lui (le capitaliste) un conflit à la Faust entre le penchant à l’accumulation et le penchant à la jouissance » [1].

Pour Marx, cette suraccumulation capitalistique est immorale et dangereuse. Pour Jésus, elle est littéralement in-sensée : « insensé, cette nuit même on va te demander ton âme ». Cette phrase est devenue proverbiale elle aussi : on l’adresse à quelqu’un qui se noie dans une recherche effrénée, afin de le réveiller avant qu’il ne soit trop tard. Les riches croient avoir trouvé la parade avec l’héritage, qui leur permet d’accumuler sur des générations et pas seulement sur la durée d’une vie. À la question de Jésus : « ce que tu as accumulé, à ta mort qui l’aura ? » ils répondent : « mon fils, ma fille », sans réaliser qu’ils avouent ainsi vouloir posséder leurs enfants à qui ils demandent de n’être qu’une extension de leur propre trajectoire.

Heureusement, la loi du Jubilé en Israël ou les lois antitrust modernes viennent régulièrement casser cette logique d’accumulation. Heureusement, l’expérience montre que le capitalisme familial a du mal à durer au-delà de 3 ou 4 générations (à part quelques exceptions notables, en France par exemple avec l’empire de la famille Mulliez. Mais cet empire familial ne date que de 1961. Et pour combien de temps ?).

Et de toute façon, survivre à travers ses enfants n’est pas survivre : c’est encore vouloir posséder ce qui n’est pas à soi, c’est se faire illusion en confondant le souvenir et la vie éternelle. Qu’est-ce que cela peut faire à Steve Jobs dans sa tombe que Steve Jobs junior soit immensément riche ? L’avenir de quelqu’un en Dieu ne s’achète pas, ni ne dépend de son revenu fiscal !

 

L’homme comblé ne dure pas, il ressemble au bétail qu’on abat

Le psaume 49, que Jésus a dû apprendre et psalmodier par cœur – par le cœur – exprime bien cette méfiance fondamentale d’Israël envers l’accumulation pratiquée par les riches :

chat-paradis-dscal Marx« Pourquoi craindre aux jours de malheur ces fourbes qui me talonnent pour m’encercler,
ceux qui s’appuient sur leur fortune et se vantent de leurs grandes richesses ?
Nul ne peut racheter son frère ni payer à Dieu sa rançon :
aussi cher qu’il puisse payer, toute vie doit finir.

Peut-on vivre indéfiniment sans jamais voir la fosse ?
Vous voyez les sages mourir : comme le fou et l’insensé ils périssent, laissant à d’autres leur fortune.
Ils croyaient leur maison éternelle, leur demeure établie pour les siècles ; sur des terres ils avaient mis leur nom.
L’homme comblé ne dure pas : il ressemble au bétail qu’on abat.

Tel est le destin des insensés et l’avenir de qui aime les entendre :
troupeau parqué pour les enfers et que la mort mène paître.
À l’aurore, ils feront place au juste ; dans la mort, s’effaceront leurs visages : pour eux, plus de palais !

Mais Dieu rachètera ma vie aux griffes de la mort : c’est lui qui me prendra.
Ne crains pas l’homme qui s’enrichit, qui accroît le luxe de sa maison :
aux enfers il n’emporte rien ; sa gloire ne descend pas avec lui.

De son vivant, il s’est béni lui-même : ‘On t’applaudit car tout va bien pour toi !’
Mais il rejoint la lignée de ses ancêtres qui ne verront jamais plus la lumière.
L’homme comblé qui n’est pas clairvoyant ressemble au bétail qu’on abat ».

On croirait lire le Capital de Marx ! Mais c’est plutôt Marx qui, juif de culture, a puisé dans la Bible de quoi critiquer le capitalisme naissant, en sécularisant les arguments des textes inspirés. En tout cas, l’avertissement de Jésus est le même : l’homme comblé ne dure pas, il ressemble au bétail qu’on abat.

La fortune estimée de Vladimir PoutineVoilà de quoi faire trembler Poutine, multimilliardaire politique, et ses amis oligarques et ploutocrates de tous poils, qui ont profité de son ascension au pouvoir. Voilà également de quoi calmer les ardeurs de Bill Gates, Elon Musk et autres Mark Zuckerberg, propulsés à des niveaux de fortune inimaginables, carrément indécents : « insensé, cette nuit même on va te demander ton âme »

Soyons justes : certains essaient d’entendre cette petite voie de leur conscience qui leur rappelle que trop, c’est trop. Bill Gates par exemple a donné la moitié de sa fortune à sa fondation qui lutte contre le paludisme, fléau mondial trop oublié. La philanthropie des riches est une ancienne tradition très américaine. Elle produit de beaux fruits, sans annuler le constat sévère du Christ : même en étant généreux, tu continues d’accumuler pour toi ce qui manque aux autres, et tu te prosternes devant le Veau d’or. Une nouvelle forme d’idolâtrie en somme.

Tel Picsou plongeant avec délices dans son coffre-fort rempli de pièces d’or, les riches se délectent du seul fait de posséder, tout en voulant posséder encore plus que les autres riches…

Certains protestants font donc une lecture sélective de la Bible lorsqu’ils voient dans leurs greniers pleins le signe de leur élection divine. Ils ne retiennent que les versets où la richesse accumulée est le signe de la bénédiction par YHWH des travaux entrepris, tel Abraham jouissant de ses nombreux biens, ou Job rétabli enfin dans son abondance. Ils oublient une bonne moitié de la Bible, où l’ambivalence de la richesse la fait basculer du côté des tentations mortelles sur le plan spirituel. Citons quelques passages sans ambigüité :

1947-balthazar-picsou-02 parabole« Ne vous faites pas de trésors sur la terre, là où les mites et les vers les dévorent, où les voleurs percent les murs pour voler. Mais faites-vous des trésors dans le ciel, là où il n’y a pas de mites ni de vers qui dévorent, pas de voleurs qui percent les murs pour voler. » (Mt 6,19-20)
« Quel malheur pour vous, les riches, car vous avez votre consolation ! » (Lc 6,24)
« Votre or et votre argent sont rouillés. Cette rouille sera un témoignage contre vous, elle dévorera votre chair comme un feu. Vous avez amassé des richesses, alors que nous sommes dans les derniers jours ! » (Jc 5,3)

« Tu dis : ‘Je suis riche, je me suis enrichi, je ne manque de rien’, et tu ne sais pas que tu es malheureux, pitoyable, pauvre, aveugle et nu ! » (Ap 3,17)
Dans l’Apocalypse, la chute de Babylone-la-grande illustre la folie des gagnants de la mondialisation : « Les marchands qu’elle avait ainsi enrichis se tiendront à distance par peur de ses tortures, dans les pleurs et le deuil. [...] Et jetant de la poussière sur leur tête, ils criaient dans les pleurs et le deuil. Ils disaient : ‘Malheur ! Malheur ! La grande ville, dont l’opulence enrichissait tous ceux qui avaient des bateaux sur la mer : en une heure, elle a été dévastée !’ » (Ap 18,15.19)

Impossible d’aligner ici tous les passages où l’accumulation d’argent ou de biens condamne à la mort physique et spirituelle !

Weber avait donc deux fois tort : il croyait que la sobriété et l’accumulation peuvent aller de pair pour des raisons religieuses ; il croyait voir cette dynamique puritaine à l’œuvre dans le capitalisme naissant, en oubliant la cupidité à l’origine du capitalisme, et la soif de puissance très vite omniprésente dans l’enrichissement des premiers Américains.

Reste que la thèse de Max Weber sur l’affinité élective entre une foi religieuse et une économie est puissante. Contre Marx qui voulait démontrer que la religion n’est qu’une superstructure de l’économie, Weber nous aide à penser l’interaction entre nos systèmes religieux et nos systèmes économiques. Ce que nous croyons a une influence énorme sur ce que nous produisons et consommons, et sur la manière dont nous le faisons. Oui, il y a bien un lien entre ma réponse à la question sur l’au-delà et mon compte en banque ! Si je pense qu’après la mort j’ai un avenir en Dieu, alors à quoi sert d’accumuler dans des greniers ce qui périra avec moi ? C’est littéralement insensé que d’épargner ou de consommer comme si je ne devais jamais mourir ! Cela n’a aucun sens d’accumuler pour moi seul le temps de quelques courtes décennies, alors qu’une autre faim et une autre soif m’attendent en Dieu, pour toujours…

 

Et nos greniers à nous ?

589hommeriche richesseIl est facile de dénoncer les greniers des autres. Mais les miens ? Jésus, lui, était cohérent, car il n’avait pas de pierre où reposer la tête. Or nous affirmons – non sans raison – qu’un minimum d’accumulation est nécessaire pour vivre dignement. Seulement, la question du seuil est délicate. À partir de quand commence-t-on à ressembler au capitaliste de la parabole de ce dimanche ? Quand on est propriétaire de son logement ? Non, c’est un minimum, répondent les 64% de la population française qui ont pu acheter leur appartement ou leur maison. Quand on se paye une résidence secondaire, à la mer, la montagne la campagne ? Non, ce n’est pas grand-chose à côté des autres, répondront les ménages qui possèdent les 10 % de logements classés comme résidence secondaire. Quand on dépasse 500 000 € de patrimoine (soit 3 fois le patrimoine médian des Français) ? C’est à peine une poire pour la soif, répondront en s’excusant les 7 % de la population qui dépassent ce seuil…

Bref, les riches, c’est toujours les autres ! Les greniers trop pleins et trop nombreux sont ceux qu’on dénonce ailleurs que dans sa cour. Chacun veut être le pauvre d’un autre.
« Insensé, cette nuit même on va te redemander ta vie ! ».

Quels sont ces greniers où j’accumule de plus en plus sans même m’en apercevoir ?

On pense bien sûr à l’argent durement gagné (ou non !) : face à l’inflation, il est légitime de chercher à sécuriser notre retraite, notre pouvoir d’achat. Mais l’épargne solidaire, la finance éthique ou l’investissement utile (style crowfounding, coopérative, mutuelle etc.) sont des alternatives crédibles à la seule accumulation stérile.

Qui dit greniers signifie encore d’autres manières de thésauriser.
Accumuler du pouvoir devient en politique, en entreprise ou en famille une drogue dangereuse.
Accumuler du prestige transforme les meilleurs en baudruches gonflées d’eux-mêmes.
Accumuler du savoir sans le mettre au service d’une cause relève du dandysme intellectuel.
Accumuler des bonnes œuvres religieuses est tout aussi illusoire et conduit tout droit au pharisaïsme.
« Insensé, cette nuit même on va te redemander ta vie ! ».

Quelle est la soif d’accumulation, petite ou grande, qui me dévie du but ultime ?
Quels sont les greniers que je m’épuise à remplir, au point de perdre le sens de mon métier, de ma famille, de mes activités ?
« Insensé, cette nuit même on va te redemander ta vie ! ».

 


[1]. Karl MARX, Le Capital, Livre premier, Le développement de la production capitaliste, VII° section : Accumulation du capital, Chapitre XXIV : Transformation de la plus-value en capital, III. Division de la plus-value en capital et en revenu, Théorie de l’abstinence.

 

Lectures de la messe

Première lecture
« Que reste-t-il à l’homme de toute sa peine ? » (Qo 1, 2 ; 2, 21-23)

Lecture du livre de Qohèleth
Vanité des vanités, disait Qohèleth. Vanité des vanités, tout est vanité !

Un homme s’est donné de la peine ; il est avisé, il s’y connaissait, il a réussi. Et voilà qu’il doit laisser son bien à quelqu’un qui ne s’est donné aucune peine. Cela aussi n’est que vanité, c’est un grand mal !
En effet, que reste-t-il à l’homme de toute la peine et de tous les calculs pour lesquels il se fatigue sous le soleil ? Tous ses jours sont autant de souffrances, ses occupations sont autant de tourments : même la nuit, son cœur n’a pas de repos. Cela aussi n’est que vanité.

Psaume
(Ps 89 (90), 3-4, 5-6, 12-13, 14.17abc)

R/ D’âge en âge, Seigneur, tu as été notre refuge. (Ps 89, 1)

Tu fais retourner l’homme à la poussière ; tu as dit : « Retournez, fils d’Adam ! »
À tes yeux, mille ans sont comme hier, c’est un jour qui s’en va, une heure dans la nuit.

Tu les as balayés : ce n’est qu’un songe ; dès le matin, c’est une herbe changeante :
elle fleurit le matin, elle change ; le soir, elle est fanée, desséchée.

Apprends-nous la vraie mesure de nos jours : que nos cœurs pénètrent la sagesse.
Reviens, Seigneur, pourquoi tarder ? Ravise-toi par égard pour tes serviteurs.

Rassasie-nous de ton amour au matin, que nous passions nos jours dans la joie et les chants.
Que vienne sur nous la douceur du Seigneur notre Dieu ! Consolide pour nous l’ouvrage de nos mains.

Deuxième lecture
« Recherchez les réalités d’en haut ; c’est là qu’est le Christ » (Col 3, 1-5.9-11)

Lecture de la lettre de saint Paul apôtre aux Colossiens
Frères, si donc vous êtes ressuscités avec le Christ, recherchez les réalités d’en haut : c’est là qu’est le Christ, assis à la droite de Dieu. Pensez aux réalités d’en haut, non à celles de la terre.
En effet, vous êtes passés par la mort, et votre vie reste cachée avec le Christ en Dieu. Quand paraîtra le Christ, votre vie, alors vous aussi, vous paraîtrez avec lui dans la gloire. Faites donc mourir en vous ce qui n’appartient qu’à la terre : débauche, impureté, passion, désir mauvais, et cette soif de posséder, qui est une idolâtrie. Plus de mensonge entre vous : vous vous êtes débarrassés de l’homme ancien qui était en vous et de ses façons d’agir, et vous vous êtes revêtus de l’homme nouveau qui, pour se conformer à l’image de son Créateur, se renouvelle sans cesse en vue de la pleine connaissance. Ainsi, il n’y a plus le païen et le Juif, le circoncis et l’incirconcis, il n’y a plus le barbare ou le primitif, l’esclave et l’homme libre ; mais il y a le Christ : il est tout, et en tous.

Évangile
« Ce que tu auras accumulé, qui l’aura ? » (Lc 12, 13-21)
Alléluia. Alléluia. 
Heureux les pauvres de cœur, car le royaume des Cieux est à eux ! Alléluia. (Mt 5, 3)

Évangile de Jésus Christ selon saint Luc
En ce temps-là, du milieu de la foule, quelqu’un demanda à Jésus : « Maître, dis à mon frère de partager avec moi notre héritage. » Jésus lui répondit : « Homme, qui donc m’a établi pour être votre juge ou l’arbitre de vos partages ? » Puis, s’adressant à tous : « Gardez-vous bien de toute avidité, car la vie de quelqu’un, même dans l’abondance, ne dépend pas de ce qu’il possède. » Et il leur dit cette parabole : « Il y avait un homme riche, dont le domaine avait bien rapporté. Il se demandait : ‘Que vais-je faire ? Car je n’ai pas de place pour mettre ma récolte.’ Puis il se dit : ‘Voici ce que je vais faire : je vais démolir mes greniers, j’en construirai de plus grands et j’y mettrai tout mon blé et tous mes biens. Alors je me dirai à moi-même : Te voilà donc avec de nombreux biens à ta disposition, pour de nombreuses années. Repose-toi, mange, bois, jouis de l’existence.’ Mais Dieu lui dit : ‘Tu es fou : cette nuit même, on va te redemander ta vie. Et ce que tu auras accumulé, qui l’aura ?’ Voilà ce qui arrive à celui qui amasse pour lui-même, au lieu d’être riche en vue de Dieu. »
Patrick BRAUD 

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3 août 2016

La sobriété heureuse en mode Jésus

Classé sous Communauté spirituelle — lhomeliedudimanche @ 0 h 01 min

La sobriété heureuse en mode Jésus

 

Cf. également :

Restez en tenue de service

Agents de service

Jesus as a servant leader

Du bon usage des leaders et du leadership

L’identité narrative : relire son histoire

Quelle sera votre perle fine ?

Éléments d’une écologie chrétienne


Homélie du 19° Dimanche du temps ordinaire / Année C

07/08/2016 

Les greniers modernes

Faites le tour de vos objets et possessions diverses. Si vous ne vous êtes pas servis de quelque chose sur une année, c’est que cela ne vous est pas fondamentalement nécessaire. Cela encombre inutilement votre espace, vos stocks. Pire : les Pères de l’Église vous diraient que vous en avez volé l’usage à plus pauvre que vous, qui – lui – en a besoin.

Bien avant Marx, Jésus a dénoncé la loi d’accumulation du capital qui pollue le coeur de l’homme et l’empêche de s’attacher à l’essentiel. Sa parabole sur les greniers du riche remplis à ras bord est cinglante (Lc 12, 32-48). Plus il accumule des réserves au-delà de ses besoins, plus il devient « insensé ». « Insensé, cette nuit même on va te demander ta vie ». Et alors, à quoi te serviront ces greniers où tu stockais ta réussite ?

Changer les greniers par des fonds financiers ou des dépôts bancaires, et vous avez une critique radicale du moteur de l’économie occidentale des deux derniers siècles : avoir « toujours plus » conduit à la pauvreté spirituelle.

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Dans sa lettre sur l’écologie Laudato si, le pape François reprenait cette critique à son compte. Il appelait, dans l’esprit très franciscain de pauvreté choisie, à se débarrasser du superflu, à investir dans le durable. Passé un certain seuil où la vie confortable de ses proches est assurée, à quoi sert de vouloir accumuler toujours plus ? La planète ne le supportera pas. Les écarts entre ultra-riches et très pauvres  ne cesseront d’augmenter.

Et François osait appelait à une sobriété heureuse :

Afficher l'image d'origine« Si nous nous sentons intimement unis à tout ce qui existe, la sobriété et le souci de protection jailliront spontanément. La pauvreté et l’austérité de saint François  n’étaient  pas  un  ascétisme  purement extérieur, mais quelque chose de plus radical : un renoncement à transformer la réalité en pur objet d’usage et de domination. » (n° 11)

« La spiritualité chrétienne propose une croissance par la sobriété, et une capacité de jouir avec peu. C’est un retour à la simplicité qui nous permet de nous arrêter pour apprécier ce qui est petit, pour remercier des possibilités que la vie offre, sans nous attacher à ce que nous avons ni nous attrister de ce que nous ne possédons pas. Cela suppose d’éviter la dynamique de la domination et de la simple accumulation de plaisirs. » (n° 222)

 

L’expression sobriété heureuse vient de Pierre Rabhi, né en 1938, essayiste, agriculteur bio et poète à ses heures. Le bilan énergétique de la croissance issue de la révolution industrielle est telle que – dit-il – nous ne pourrons soutenir ce rythme sans dommages irréversibles pour la planète, et pour l’humanité par ricochet.

Afficher l'image d'origine« Le système dominant, qui se targue de grandes performances, s’emploie surtout, en réalité, à dissimuler son inefficacité, qu’un simple bilan, notamment énergétique, mettrait en évidence. Cet examen révélerait également les contradictions internes d’un modèle qui ne peut produire sans détruire et porte donc en lui-même les germes de sa propre destruction. Le temps semble venu d’instaurer une politique de civilisation fondée sur la puissance de la sobriété. Un chantier exaltant s’ouvre, invitant chacune et chacun à atteindre la plus haute performance créatrice qui soit : satisfaire à nos besoins vitaux avec les moyens les plus simples et les plus sains. Cette option libératrice constitue un acte politique, un acte de résistance à ce qui, sous prétexte de progrès, ruine la planète en aliénant la personne humaine. Et c’est la beauté de la nature, de la vie, et de l’œuvre de l’homme dans sa dimension créatrice, qui devra nous inspirer tout au long des voies nouvelles que nous emprunterons. »  [1]

La sobriété heureuse est donc une modération choisie, une simplification volontaire de son style de vie qui permet de retrouver une joie de communion avec la nature. Cette autolimitation touche notre consommation courante, mais également les moyens de production mis en oeuvre.

« Désormais, la plus haute, la plus belle performance que devra réaliser l’humanité sera de répondre à ses besoins vitaux avec les moyens les plus simples et les plus sains. Cultiver son jardin ou s’adonner à n’importe quelle activité créatrice d’autonomie sera considéré comme un acte politique, un acte de légitime résistance à la dépendance et à l’asservissement de la personne humaine ». [2]

Le film Demain a popularisé les recherches individuelles et collectives qui ont fleuri dans beaucoup de pays différents pour imaginer d’autres manières de produire et de consommer. Des jardins collectifs urbains de Détroit aux monnaies locales en passant par le zéro déchet de San Francisco, des solutions alternatives émergent çà et là, préfigurant peut-être l’économie de demain.

 

Utopie ? Peut-être, car les résistances sont fortes (exemple : pétroliers, agriculture industrielle…) et les volontés politiques pour l’instant très faibles. Mais la parabole des greniers construits sans cesse plus nombreux et remplis inutilement nous invite à chercher de telles alternatives, sans attendre demain.

La sobriété dans l’histoire chrétienne

On commence juste à relire le Nouveau Testament avec ce prisme écologique affronté à la mutation actuelle. Laudato si est le premier texte catholique de l’histoire de l’Église entièrement dédiée à cette question : il aura fallu attendre 2000 ans ! Pourtant, la sobriété heureuse est bien connue des chrétiens, sous d’autres noms : les ermites du désert en Égypte l’avaient inventé dès le IVe siècle pour fuir le luxe des villes ; puis les moines avec leurs règles de vie simple et rythmée ont accompagné la naissance des empires d’Orient et d’Occident. L’équilibre entre le travail et la prière (ora et labora) était maintenu.

« Cette introduction du travail manuel, imprégné de sens spirituel, était révolutionnaire. On a appris à chercher la maturation et la sanctification dans la compénétration du recueillement et du travail. Cette manière de vivre le travail nous rend plus attentifs et plus respectueux de l’environnement, elle imprègne de saine sobriété notre relation au monde. » (Laudato si, n° 126)

On ne produisait pas plus que le nécessitaient la vie des moines, l’accueil des hôtes, et l’entretien des bâtiments. Avec le temps, cet idéal de simplicité volontaire s’est  hélas éloigné. Mais des réformateurs comme François d’Assise ont réagi contre l’accumulation matérielle par les religieux, et ils sont revenus à la pauvreté évangélique régulièrement. De même, les communautés nouvelles aujourd’hui mettent en commun leurs biens pour une vie simple et fraternelle. En Orient comme en Occident sans cesse se sont levés de tels prophètes d’une modération orientée vers la recherche d’autres trésors que matériels.

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Une sobriété fondée en Dieu

C’est sans doute une différence entre les mouvements écologiques actuels et l’Évangile ou le pape François. Jésus parle d’orienter le désir humain vers les vrais trésors, ceux qui ne passent pas, ceux de la vie éternelle. L’écologie contemporaine semble bien peu se soucier de vie éternelle et ne parle que d’harmonie avec la nature enfin respectée. Ce qui peut engendrer quelques relents panthéistes ou même païens de retour au culte de la Terre mère revisitée (Pierre Rabhi a même été soupçonné de liens avec l’Anthroposophie, doctrine plus ou moins sectaire d’une approche très gnostique).

« Il n’est pas facile de développer  cette  saine  humilité  ni  une  sobriété heureuse si nous nous rendons autonomes, si nous excluons Dieu de notre vie et que notre moi prend sa place, si nous croyons que c’est notre propre subjectivité qui détermine ce qui est bien ou ce qui est mauvais. » (Laudato si, n° 224)

La sobriété pour Jésus est le mode de vie qui permet de rester concentré sur la quête de la sagesse, sur la recherche des trésors spirituels. L’accumulation d’accumulation capitalistique nous détourne inéluctablement du but ultime de notre existence. « Insensé, cette nuit même on va te demander ta vie ». Il s’agit donc de jouir de ce monde qui passe en sachant nous préparer à la joie qui ne passera pas dans le monde à venir de la Résurrection.

 

Lisez ou relisez Laudato si (surtout le chapitre IV) disponible ici.
Faites la liste de vos greniers.
Demandez-vous ceux qui sont superflus.
Réfléchissez à ce que pourrait être une sobriété heureuse qui vous garde dans l’espérance du monde à venir…

 


[1]. Pierre RABHI, Vers la sobriété heureuse, Actes Sud, 2010, pp. 5-6

[2]Ibid, Avant-propos

 

 

1ère lecture : « En même temps que tu frappais nos adversaires, tu nous appelais à la gloire » (Sg 18, 6-9)
Lecture du livre de la Sagesse

La nuit de la délivrance pascale avait été connue d’avance par nos Pères ; assurés des promesses auxquelles ils avaient cru, ils étaient dans la joie. Et ton peuple accueillit à la fois le salut des justes et la ruine de leurs ennemis. En même temps que tu frappais nos adversaires, tu nous appelais à la gloire. Dans le secret de leurs maisons, les fidèles descendants des justes offraient un sacrifice, et ils consacrèrent d’un commun accord cette loi divine : que les saints partageraient aussi bien le meilleur que le pire ; et déjà ils entonnaient les chants de louange des Pères.

Psaume : Ps 32 (33), 1.12, 18-19,20.22

R/ Heureux le peuple dont le Seigneur est le Dieu. (Ps 32, 12a)

Criez de joie pour le Seigneur, hommes justes !
Hommes droits, à vous la louange !
Heureux le peuple dont le Seigneur est le Dieu,
heureuse la nation qu’il s’est choisie pour domaine !

Dieu veille sur ceux qui le craignent,
qui mettent leur espoir en son amour,
pour les délivrer de la mort,
les garder en vie aux jours de famine.

Nous attendons notre vie du Seigneur :
il est pour nous un appui, un bouclier.
Que ton amour, Seigneur, soit sur nous
comme notre espoir est en toi !

2ème lecture : « Abraham attendait la ville dont le Seigneur lui-même est le bâtisseur et l’architecte » (He 11, 1-2.8-19)
Lecture de la lettre aux Hébreux

Frères, la foi est une façon de posséder ce que l’on espère, un moyen de connaître des réalités qu’on ne voit pas. Et quand l’Écriture rend témoignage aux anciens, c’est à cause de leur foi.

 Grâce à la foi, Abraham obéit à l’appel de Dieu : il partit vers un pays qu’il devait recevoir en héritage, et il partit sans savoir où il allait. Grâce à la foi, il vint séjourner en immigré dans la Terre promise, comme en terre étrangère ; il vivait sous la tente, ainsi qu’Isaac et Jacob, héritiers de la même promesse, car il attendait la ville qui aurait de vraies fondations, la ville dont Dieu lui-même est le bâtisseur et l’architecte.

 Grâce à la foi, Sara, elle aussi, malgré son âge, fut rendue capable d’être à l’origine d’une descendance parce qu’elle pensait que Dieu est fidèle à ses promesses. C’est pourquoi, d’un seul homme, déjà marqué par la mort, a pu naître une descendance aussi nombreuse que les étoiles du ciel et que le sable au bord de la mer, une multitude innombrable.

 C’est dans la foi, sans avoir connu la réalisation des promesses, qu’ils sont tous morts ; mais ils l’avaient vue et saluée de loin, affirmant que, sur la terre, ils étaient des étrangers et des voyageurs. Or, parler ainsi, c’est montrer clairement qu’on est à la recherche d’une patrie. S’ils avaient songé à celle qu’ils avaient quittée, ils auraient eu la possibilité d’y revenir. En fait, ils aspiraient à une patrie meilleure, celle des cieux. Aussi Dieu n’a pas honte d’être appelé leur Dieu, puisqu’il leur a préparé une ville.

 Grâce à la foi, quand il fut soumis à l’épreuve, Abraham offrit Isaac en sacrifice. Et il offrait le fils unique, alors qu’il avait reçu les promesses et entendu cette parole : C’est par Isaac qu’une descendance portera ton nom. Il pensait en effet que Dieu est capable même de ressusciter les morts ; c’est pourquoi son fils lui fut rendu : il y a là une préfiguration.

Evangile : « Vous aussi, tenez-vous prêts » (Lc 12, 32-48)

Acclamation : Alléluia. Alléluia. 
Veillez, tenez-vous prêts : c’est à l’heure où vous n’y pensez pas que le Fils de l’homme viendra.
Alléluia. (cf. Mt 24, 42a.44)

Évangile de Jésus Christ selon saint Luc

En ce temps-là, Jésus disait à ses disciples : « Sois sans crainte, petit troupeau : votre Père a trouvé bon de vous donner le Royaume. Vendez ce que vous possédez et donnez-le en aumône. Faites-vous des bourses qui ne s’usent pas, un trésor inépuisable dans les cieux, là où le voleur n’approche pas, où la mite ne détruit pas. Car là où est votre trésor, là aussi sera votre cœur. Restez en tenue de service, votre ceinture autour des reins, et vos lampes allumées. Soyez comme des gens qui attendent leur maître à son retour des noces, pour lui ouvrir dès qu’il arrivera et frappera à la porte. Heureux ces serviteurs-là que le maître, à son arrivée, trouvera en train de veiller. Amen, je vous le dis : c’est lui qui, la ceinture autour des reins, les fera prendre place à table et passera pour les servir. S’il revient vers minuit ou vers trois heures du matin et qu’il les trouve ainsi, heureux sont-ils ! Vous le savez bien : si le maître de maison avait su à quelle heure le voleur viendrait, il n’aurait pas laissé percer le mur de sa maison. Vous aussi, tenez-vous prêts : c’est à l’heure où vous n’y penserez pas que le Fils de l’homme viendra. » Pierre dit alors : « Seigneur, est-ce pour nous que tu dis cette parabole, ou bien pour tous ? » Le Seigneur répondit : « Que dire de l’intendant fidèle et sensé à qui le maître confiera la charge de son personnel pour distribuer, en temps voulu, la ration de nourriture ? Heureux ce serviteur que son maître, en arrivant, trouvera en train d’agir ainsi ! Vraiment, je vous le déclare : il l’établira sur tous ses biens. Mais si le serviteur se dit en lui-même : ‘Mon maître tarde à venir’, et s’il se met à frapper les serviteurs et les servantes, à manger, à boire et à s’enivrer, alors quand le maître viendra, le jour où son serviteur ne s’y attend pas et à l’heure qu’il ne connaît pas, il l’écartera et lui fera partager le sort des infidèles. Le serviteur qui, connaissant la volonté de son maître, n’a rien préparé et n’a pas accompli cette volonté, recevra un grand nombre de coups. Mais celui qui ne la connaissait pas, et qui a mérité des coups pour sa conduite, celui-là n’en recevra qu’un petit nombre. À qui l’on a beaucoup donné, on demandera beaucoup ; à qui l’on a beaucoup confié, on réclamera davantage. »
Patrick BRAUD

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