Vos enfants ou petits-enfants seront-ils des Ginks ?
Vos enfants ou petits-enfants seront-ils des Ginks ?
Homélie du 32° Dimanche du temps ordinaire / Année C
06/11/2022
Cf. également :
Aimer Dieu comme on aime une vache ?
N’avez-vous pas lu dans l’Écriture ?
Les générations childfree
Les mariages de l’été sont de bonnes occasions de discuter avec les jeunes générations. J’ai été surpris de rencontrer au moins quatre trentenaires qui affirmaient catégoriquement : « Je ne ferai pas d’enfant ». Pourquoi ? « Par conviction écologique, car les enfants c’est ce qui fait le plus de mal à la planète ». Le phénomène prend de l’ampleur : la proportion de femmes en âge de procréer ne souhaitant pas avoir d’enfant a triplé en vingt ans : elles étaient 12 % en 2000, elles sont désormais 33 % en 2022 selon l’IFOP !
Les bras m’en tombaient ! La militance écologique pouvait donc conduire à refuser d’être parent ? L’écologiste Yves Cochet soutient même la proposition d’une « allocation familiale inversée », qui diminuerait à chaque enfant supplémentaire…
Il suffit de pianoter rapidement sur Internet pour trouver d’où vient cette conviction étonnante. C’est une étude de l’université suédoise de Lund de 2017, qui classe l’impact carbone de différents actes de la vie quotidienne, depuis l’ampoule LED jusqu’à la voiture ou l’enfant.
Selon cette étude, avoir un enfant en moins serait 30 fois plus efficace que d’abandonner sa voiture à essence ! Une idée se répand comme une traînée de poudre : ne pas faire d’enfants, c’est sauver la planète ! L’éco-anxiété « engendre » décidément des fruits étonnants…
Aux États-Unis c’est l’université du Michigan qui a publié une autre étude en juin 2021 : « Nous avons découvert que 21,6 % des adultes du Michigan, soit environ 1,7 million de personnes, ne voulaient pas d’enfants. Il s’agit d’un nombre supérieur à la population des neuf plus grandes villes de l’État », mentionne Zachary Neal, professeur associé au département de psychologie de l’université, et coauteur de l’étude. « Les gens prennent la décision d’être sans enfant rapidement dans leur vie, le plus souvent à l’adolescence et au début de la vingtaine. Et ce ne sont pas seulement les jeunes qui affirment ne pas vouloir d’enfants. Les femmes qui ont décidé de ne pas avoir d’enfants, lors de leur adolescence, ont maintenant, en moyenne, près de 40 ans et n’en veulent toujours pas ».
Ces jeunes ont même un nom : les « Ginks », pour « Green Inclination, No Kids » (« engagement vert, pas d’enfant »). « Ce monde sera meilleur s’il est moins peuplé », estiment-ils. « Si nous voulons sauver cette planète, nous n’avons pas d’autre choix que d’aborder le problème de la surpopulation humaine », assume Leilani Münter, ex-pilote de course automobile américaine, dont les vidéos sont largement partagées sur les réseaux sociaux. Très active également, l’ONG britannique Population Matters s’est spécialisée dans la promotion d’une vie « sans enfant », ou avec « moins d’enfants ». Malthus ressuscité, en quelque sorte…
Pourtant, ces deux études sont contestables, et contestées. Car elles reposent sur des trains de vie de famille américaine dont l’empreinte carbone est 50 fois supérieure à celles d’une famille africaine par exemple.
En 2019, les USA émettaient environ 30 fois plus de CO2 par habitant que la Côte d’Ivoire; la France ou la Chine 11 fois plus…
Comme le note le démographe Hervé le Bras dans un entretien donné en 2011 à la revue Sciences Humaines : « Les pays développés se servent de l’argument démographique pour rejeter la responsabilité sur des pays peuplés et en croissance démographique comme la Chine ou l’Inde. Entretenir l’angoisse populationnelle est une façon de ne pas remettre en cause la structure de la consommation des pays les plus riches ».
Pour ce démographe et auteur de l’essai « Vie et mort de la population mondiale » (Le Pommier, 2009), le seul moyen de résoudre le problème serait « un changement drastique du type de consommation d’énergie au Nord (de même qu’un changement du type d’alimentation), car alors le Nord pourra dire au Sud : faites comme nous ».
Par contre, dire qu’on ne veut pas d’enfant sans raison, la pilule a du mal à passer. Alors le respect de l’environnement, la survie de l’espèce, etc. ne serait-ce pas autant de justifications-alibis pour ces femmes lassées de devoir constamment se justifier ? Toujours est-il que pour Émilie Tixador, ancienne Gink et auteur du blog Green Girl, l’écologie a porté ses fruits. « Je choquais les gens quand je disais que je ne voulais pas d’enfant parce que j’avais envie de m’épanouir dans mon métier. Mais dès que j’ai parlé de limiter la surconsommation et la surpopulation, ma cause est devenue noble aux yeux de tous »… Le greenwashing peut s’infiltrer là où on ne l’attend pas !
Il y a beaucoup d’autres raisons pour lesquelles de jeunes occidentaux ne veulent pas d’enfants. Là encore, on peut trouver des listes pleines d’humour sur le Net, énumérant tous les problèmes qui s’accumulent à partir de la venue d’un enfant :
Pourquoi vaut-il mieux réfléchir avant de dire oui à un enfant ?
1 | Pour rester jeune et cool
2 | Pour préserver ta santé mentale et physique
3 | Parce que tu as déjà un conjoint
4 | Parce que tu ne veux pas devenir n°2
5 | Parce que bébé va te coûter un bras (chaque mois)
6 | Parce que tu aimes le silence
7 | Parce que tu aimes dormir
8 | Parce que le rêve n’a rien à voir avec la réalité
9 | Parce que toi aussi tu as été enfant puis ado
10 | Parce que tu ne pourras pas l’abandonner sur une aire d’autoroute [1].
On appelle childfree (sans enfant, par choix) ce mouvement venu des États-Unis de contestation radicale du devoir de parentalité, pour des questions d’épanouissement personnel, d’intérêt individuel, de combat écologique.
La chantre du mouvement est Corinne Maier, avec son livre de référence : No Kid, Quarante raisons de ne pas avoir d’enfant, Paris, 2008 [2].
Entre acte écologique et angoisse de l’avenir, ne pas avoir d’enfant – ou n’en avoir qu’un – pour sauver la planète ou pour s’épanouir est un discours qui résonne chez une partie de la jeunesse de plus en plus préoccupée par les questions environnementales. Qu’ils aillent au bout ou non de la démarche, ce questionnement témoigne d’un regard nouveau sur les conséquences de la parentalité.
On a même instauré une Journée Internationale des « non-parents », le 11 Novembre : « single day ». La journée n’a pas été choisie au hasard : 11-11 = 4 fois le chiffre 1. C’est censé représenter “l’individualité heureuse”. Parce que oui, on peut être heureux en étant célibataire. Des études cherchent d’ailleurs à établir que les personnes vivant seules seraient plus épanouies…
Jésus était-il childfree ?
C’est ce que pensent des auteurs proches de l’extrême gauche écologiste. Théophile Giraud par exemple, jeune philosophe belge, a écrit un pamphlet de 65 pages sur l’antinatalisme supposé du christianisme primitif, qu’aurait trahi les Églises ensuite [3] :
« Pas une année ne se passe sans que le pape ou un autre dignitaire chrétien chante les louanges de la fécondité et les vertus de la famille, nombreuse de préférence. Pourtant, la lecture des Évangiles nous fait découvrir un Christ farouchement hostile à la famille biologique et plus encore à la reproduction. Parmi les quelques penseurs qui se sont penchés sur la question, Kierkegaard arrivera à la conclusion que le christianisme visait à « bloquer notre espèce ». Dans le sillage du Christ, qui est resté sans enfant tout en nous exhortant à devenir eunuques pour le Royaume des Cieux, les premiers pères de l’Église glorifieront également la virginité perpétuelle et dénigreront la fertilité charnelle. Saint Augustin a même souhaité que chacun s’abstienne de procréer pour que la fin du monde soit précipitée ! Le natalisme des Églises chrétiennes contemporaines serait-il la plus grande tromperie de tous les temps ? En tout cas, c’est une trahison absolue, qui, en ce siècle de surpopulation mondiale, est encore plus désastreuse que celle de Judas. Le but de cet essai sera de redécouvrir une vérité soigneusement occultée : le christianisme originel était bien un antinatalisme ».
Il s’appuie pour dire cela sur des passages comme l’Évangile de notre dimanche (Lc 20,27-38), où le Christ semble bien prôner le mode de vie des enfants du monde à venir, qui ne prennent ni femme ni mari, et ne font pas enfants :
« Les enfants de ce monde prennent femme et mari. Mais ceux qui ont été jugés dignes d’avoir part au monde à venir et à la résurrection d’entre les morts ne prennent ni femme ni mari, car ils ne peuvent plus mourir : ils sont semblables aux anges, ils sont enfants de Dieu et enfants de la résurrection ».
Si on ajoute ce passage à ceux où Jésus relativise très fortement les liens du sang, de la famille humaine (cf. Dieu est le plus court chemin d’un homme à un autre), où il prône de devenir « eunuque pour le Royaume » (Mt 19,12), ainsi qu’à ceux où Paul recommande de ne pas se marier (1Co 7,8), le lecteur rapide peut être troublé…
Comment expliquer cet apparent radicalisme anti-mariage et anti-enfants dans le Nouveau Testament ?
L’urgence eschatologique
Nous l’avons oubliée ! La petite frayeur du passage à l’an 2000 n’était rien comparée à l’effervescence eschatologique qui maintenait la société juive en ébullition au premier siècle. Le peuple était persuadé que le Messie annoncé allait enfin venir les délivrer de toute occupation étrangère. Les faux Messies pullulaient, générant beaucoup d’espérance, de révoltes, de déceptions. En préparation de cette venue, des sectes regroupaient leurs adeptes à l’écart de la société, tels des survivalistes religieux : les Esséniens, la communauté de Massada etc. N’importe quel prédicateur ayant un peu de talent, de charisme, pouvait soulever les foules en leur annonçant l’arrivée imminente du Jour du Seigneur. N’importe quel guérisseur pouvait faire croire qu’avec lui les derniers temps allaient arriver. Pierre se fait l’écho de cette attente : « Le jour du Seigneur viendra, comme un voleur. Alors les cieux disparaîtront avec fracas, les éléments embrasés seront dissous, la terre, avec tout ce qu’on a fait ici-bas, ne pourra y échapper » (2P 3,10). Paul également : « Vous savez très bien que le jour du Seigneur vient comme un voleur dans la nuit » (1Th 5,2).
À tel point que Jésus est obligé de mettre en garde : « On vous dira : ‘Voilà, le Royaume est là-bas !’ ou bien : ‘Voici, il est ici !’ N’y allez pas, n’y courez pas ! » (Lc 17,23). Et Paul alerte les communautés contre les dérives de ces survivalistes du dernier jour : « Frères, nous avons une demande à vous faire à propos de la venue de notre Seigneur Jésus Christ et de notre rassemblement auprès de lui : si l’on nous attribue une inspiration, une parole ou une lettre prétendant que le jour du Seigneur est arrivé, n’allez pas aussitôt perdre la tête, ne vous laissez pas effrayer » (2Th 2,1-2). Comme certains prétextaient de cette venue imminente pour se la couler douce et se faire entretenir par les autres sans rien faire, Paul réagit : « Quand nous étions chez vous, nous vous donnions cet ordre : si quelqu’un ne veut pas travailler, qu’il ne mange pas non plus » (2Th 3,10).
Jésus était pris lui-même dans ce tourbillon eschatologique qui voyait arriver la fin, et l’espérait. Il annonçait le Royaume de Dieu tout proche. Ses guérisons, ses paroles et ses actes étaient autant de signes de sa messianité : c’est donc qu’avec lui « les temps sont accomplis ». Sa mort a semblé mettre en échec la venue du jour ultime. Alors ses disciples ont reporté leur espérance sur sa deuxième venue, à la fin des temps, lorsqu’il reviendra dans la gloire pour juger les vivants et les morts. Ainsi, du temps de Jésus ou juste après, on est persuadé de vivre « ces temps qui sont les derniers ». Si donc la fin de l’histoire est pour demain, à quoi bon un accumuler des richesses, se marier, avoir des enfants ? Parce que le Royaume est là avec lui, Jésus choisit de rester célibataire, sans enfant. Car dans le monde de la résurrection qu’il inaugure et qu’il incarne, on n’a plus besoin de faire des enfants pour survivre !
Dans le monde d’après, il n’y a plus ni homme ni femme (ni juif ni grec, ni esclave ni homme libre cf. Ga 3,28), alors à quoi sert de se marier, puisque la différence homme-femme n’est que pour ce monde-ci ? Après la résurrection de Jésus, Paul poursuivra ce raisonnement, en étant persuadé que le retour du Christ est pour demain. « Frères, je dois vous le dire : le temps est limité. Dès lors, que ceux qui ont une femme soient comme s’ils n’avaient pas de femme, ceux qui pleurent, comme s’ils ne pleuraient pas, ceux qui ont de la joie, comme s’ils n’en avaient pas, ceux qui font des achats, comme s’ils ne possédaient rien, ceux qui profitent de ce monde, comme s’ils n’en profitaient pas vraiment. Car il passe, ce monde tel que nous le voyons » (1Co 7,29-31).
Si on avait pris au sérieux l’affirmation eschatologique de Paul, on aurait dû abolir l’esclavage beaucoup plus tôt ! Puisqu’il n’y a ni esclave ni homme libre en Christ, on devrait en tirer toutes les conséquences sociales sans atteindre la fin de ce monde !
Ajoutons au passage que les Églises ne sont pas allées jusqu’au bout, à part les protestants, de ce raisonnement eschatologique : s’il n’y a plus la différence homme-femme dans le monde à venir, alors il faudrait en témoigner dès maintenant dans la vie de l’Église, en l’anticipant, en répartissant les ministères, les responsabilités et rôles divers à égalité entre hommes et femmes, puisque cette distinction n’existe pas dans le Royaume de Dieu que l’Église a charge d’anticiper !
Si la fin des temps est pour très bientôt, mieux vaut donc se préparer et ne pas gaspiller le temps qui reste à amasser des fortunes, à se marier ou avoir des enfants.
On le voit : la position de Jésus ou de Paul n’est pas du tout anti-nataliste.
Elle relève de l’anticipation eschatologique. Il s’agit de manifester dès maintenant en ce monde notre espérance en la résurrection qui vient. Évidemment, avec les siècles, on s’est très vite aperçu que cette seconde venue du Christ ne serait pas pour tout de suite… Pierre était déjà obligé de trouver des raisons au retard apparent de cette venue : « Le Seigneur ne tarde pas à tenir sa promesse, alors que certains prétendent qu’il a du retard. Au contraire, il prend patience envers vous, car il ne veut pas en laisser quelques-uns se perdre, mais il veut que tous parviennent à la conversion » (2P 3,9)…
Alors, au lieu de se préparer à l’ultime, on s’est installé dans l’éphémère, et le langage nataliste de co-création de la vie a pris le pas en Église sur l’attestation d’un autre monde.
Pourtant, on a gardé le célibat de quelques-un(e)s comme un signe de l’espérance d’aimer et de donner la vie autrement dans l’au-delà de ce monde. Comme un avertissement de ne pas trop s’installer, car nous ne sommes que de passage. L’Occident fait de ce célibat une obligation pour les prêtres alors que les Églises orientales ont gardé la plus ancienne tradition d’un double clergé marié et célibataire, selon le choix de chacun. Les prêtres catholiques mariés au Liban (maronites) et en Grèce (melkites) rappellent que le célibat ne s’impose pas, mais garde toute sa valeur comme libre attestation prophétique du monde de la résurrection.
Le fondement du célibat est donc essentiellement eschatologique.
Vatican II a réaffirmé cet ancrage eschatologique du célibat dans l’Église :
La chasteté « pour le royaume des cieux » Mt 19,12, dont les religieux font profession, doit être regardée comme un grand don de la grâce. Elle libère singulièrement le cœur de l’homme 1Co 7,32-35 pour qu’il brûle de l’amour de Dieu et de tous les hommes; c’est pourquoi elle est un signe particulier des biens célestes, ainsi qu’un moyen très efficace pour les religieux de se consacrer sans réserve au service divin et aux œuvres de l’apostolat. Ils évoquent ainsi aux yeux de tous les fidèles cette admirable union établie par Dieu et qui doit être pleinement manifestée dans le siècle futur, par laquelle l’Église a le Christ comme unique époux.
Décret Perfectae Caritatis n°12, 1965.
Paul VI l’a clairement rappelé :
Le célibat comme signe des biens célestes
Notre Seigneur et Maître a déclaré » qu’à la résurrection… on ne prendra ni femme ni mari, mais que tous seront comme les anges de Dieu dans le Ciel » (Mt 22,30). Au milieu du monde tellement engagé dans les tâches terrestres et si souvent dominé par les convoitises de la chair (cf. 1Jn 3,2), le don précieux et divin de la chasteté parfaite en vue du royaume des cieux constitue précisément » un signe particulier des biens célestes » ; il proclame la présence parmi nous des temps derniers de l’histoire du salut (cf. 1Co 7,29-31) et l’avènement d’un monde nouveau. Il anticipe en quelque sorte la consommation du royaume en en affirmant les valeurs suprêmes, qui resplendiront un jour en tous les fils de Dieu. Il constitue donc un témoignage de l’aspiration du Peuple de Dieu vers le but dernier de son pèlerinage terrestre, et une invitation pour tous à lever les yeux vers le ciel, là où le Christ siège à la droite de Dieu, là où notre vie est cachée en Dieu avec le Christ, jusqu’à ce qu’elle se manifeste dans la gloire (Col 3,1-4).
Paul VI, Encyclique Sacerdotalis caelibatus n°34, 1967).
Le célibat consacré n’est pas mépris de la chair comme celui des cathares dans le sud de la France à partir de l’an Mil.
Il n’est pas ascétique comme le célibat des ermites hindous ou des moines bouddhistes.
Il n’est pas militant comme le célibat des révolutionnaires tout donnés à leur cause comme Louise Michel ou Arlette Laguiller (ce qui est fort respectable au demeurant !).
Il n’est pas angoissé comme celui des Ginks, ni individualiste comme celui des childfree.
Il n’est pas pastoral comme on le dit trop souvent pour les prêtres : ce n’est pas pour avoir plus de temps disponible pour leurs ouailles (ce qui ne se vérifie guère…) !
Voilà pourquoi le célibat évangélique est largement incompréhensible pour nos contemporains : ne croyant plus guère en l’au-delà, ils voient mal pourquoi se priver aujourd’hui au nom d’un hypothétique lendemain…
Ce mépris est d’autant plus paradoxal que suite au veuvage, aux séparations, aux exigences des études et des carrières professionnelles, le célibat a progressé de façon spectaculaire en Occident. On estime que dans les grandes villes comme Paris ou Lille, un logement sur deux au moins est occupé par une personne seule !
Le monde de la Résurrection est notre avenir. Nous pouvons en témoigner, en attestant que les liens de parentalité ne disent pas tout de notre vocation humaine. Le célibat consacré est le témoignage prophétique de notre espérance du monde à venir. Il ne disqualifie en rien la générosité et l’amour parental. Donner la vie reste une magnifique participation à l’élan créateur qui vient de Dieu lui-même (cf. Gn 1,28).
Apprenons à écouter chez les jeunes générations leurs aspirations légitimes à plus d’épanouissement personnel, à plus de respect de la planète.
Aidons-les à choisir en conscience d’être parent ou non, libre de toute pression idéologique d’un côté ou de l’autre.
Et accompagnons-les dans leur choix, quel qu’il soit.
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[1]. Cf. https://www.je-suis-papa.com/10-bonnes-raisons-de-ne-pas-avoir-enfant/
[2]. Cf. également : Moins nombreux, plus heureux : l’urgence écologique de repenser la démographie, ouvrage collectif dirigé par Michel Sourrouille, Ed. Sang de la Terre, Paris, 2014.
[3]. Théophile de Giraud, The Childfree Christ: Antinatalism in early Christianity (Le Christ sans enfants: l’antinatalisme dans le christianisme primitif), Kindle Edition, 2021.
LECTURES DE LA MESSE
PREMIÈRE LECTURE
« Le Roi du monde nous ressuscitera pour une vie éternelle » (2 M 7, 1-2.9-14)
Lecture du deuxième livre des Martyrs d’Israël
En ces jours-là, sept frères avaient été arrêtés avec leur mère. À coups de fouet et de nerf de bœuf, le roi Antiocos voulut les contraindre à manger du porc, viande interdite. L’un d’eux se fit leur porte-parole et déclara : « Que cherches-tu à savoir de nous ? Nous sommes prêts à mourir plutôt que de transgresser les lois de nos pères. » Le deuxième frère lui dit, au moment de rendre le dernier soupir : « Tu es un scélérat, toi qui nous arraches à cette vie présente, mais puisque nous mourons par fidélité à ses lois, le Roi du monde nous ressuscitera pour une vie éternelle. » Après cela, le troisième fut mis à la torture. Il tendit la langue aussitôt qu’on le lui ordonna et il présenta les mains avec intrépidité, en déclarant avec noblesse : « C’est du Ciel que je tiens ces membres, mais à cause de ses lois je les méprise, et c’est par lui que j’espère les retrouver. » Le roi et sa suite furent frappés de la grandeur d’âme de ce jeune homme qui comptait pour rien les souffrances. Lorsque celui-ci fut mort, le quatrième frère fut soumis aux mêmes sévices. Sur le point d’expirer, il parla ainsi : « Mieux vaut mourir par la main des hommes, quand on attend la résurrection promise par Dieu, tandis que toi, tu ne connaîtras pas la résurrection pour la vie. »
PSAUME
(Ps 16 (17), 1ab.3ab, 5-6, 8.15)
R/ Au réveil, je me rassasierai de ton visage, Seigneur. (Ps 16, 15b)
Seigneur, écoute la justice !
Entends ma plainte, accueille ma prière.
Tu sondes mon cœur, tu me visites la nuit,
tu m’éprouves, sans rien trouver.
J’ai tenu mes pas sur tes traces,
jamais mon pied n’a trébuché.
Je t’appelle, toi, le Dieu qui répond :
écoute-moi, entends ce que je dis.
Garde-moi comme la prunelle de l’œil ;
à l’ombre de tes ailes, cache-moi,
Et moi, par ta justice, je verrai ta face :
au réveil, je me rassasierai de ton visage.
DEUXIÈME LECTURE
« Que le Seigneur vous affermisse « en tout ce que vous pouvez faire et dire de bien » (2 Th 2, 16 – 3, 5)
Lecture de la deuxième lettre de saint Paul apôtre aux Thessaloniciens
Frères, que notre Seigneur Jésus Christ lui-même, et Dieu notre Père qui nous a aimés et nous a pour toujours donné réconfort et bonne espérance par sa grâce, réconfortent vos cœurs et les affermissent en tout ce que vous pouvez faire et dire de bien. Priez aussi pour nous, frères, afin que la parole du Seigneur poursuive sa course, et que, partout, on lui rende gloire comme chez vous. Priez pour que nous échappions aux gens pervers et mauvais, car tout le monde n’a pas la foi. Le Seigneur, lui, est fidèle : il vous affermira et vous protégera du Mal. Et, dans le Seigneur, nous avons toute confiance en vous : vous faites et continuerez à faire ce que nous vous ordonnons. Que le Seigneur conduise vos cœurs dans l’amour de Dieu et l’endurance du Christ.
ÉVANGILE
« Il n’est pas le Dieu des morts, mais des vivants » (Lc 20, 27-38)
Alléluia. Alléluia. Jésus Christ, le premier-né d’entre les morts, à lui, la gloire et la souveraineté pour les siècles des siècles. Alléluia. (Ap 1, 5a.6b)
Évangile de Jésus Christ selon saint Luc
En ce temps-là, quelques sadducéens – ceux qui soutiennent qu’il n’y a pas de résurrection – s’approchèrent de Jésus et l’interrogèrent : « Maître, Moïse nous a prescrit : Si un homme a un frère qui meurt en laissant une épouse mais pas d’enfant, il doit épouser la veuve pour susciter une descendance à son frère. Or, il y avait sept frères : le premier se maria et mourut sans enfant ; de même le deuxième, puis le troisième épousèrent la veuve, et ainsi tous les sept : ils moururent sans laisser d’enfants. Finalement la femme mourut aussi. Eh bien, à la résurrection, cette femme-là, duquel d’entre eux sera-t-elle l’épouse, puisque les sept l’ont eue pour épouse ? »
Jésus leur répondit : « Les enfants de ce monde prennent femme et mari. Mais ceux qui ont été jugés dignes d’avoir part au monde à venir et à la résurrection d’entre les morts ne prennent ni femme ni mari, car ils ne peuvent plus mourir : ils sont semblables aux anges, ils sont enfants de Dieu et enfants de la résurrection. Que les morts ressuscitent, Moïse lui-même le fait comprendre dans le récit du buisson ardent, quand il appelle le Seigneur le Dieu d’Abraham, Dieu d’Isaac, Dieu de Jacob. Il n’est pas le Dieu des morts, mais des vivants. Tous, en effet, vivent pour lui. »
Patrick BRAUD