L'homélie du dimanche (prochain)

8 juin 2016

Vers un diaconat féminin ?

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Vers un diaconat féminin ?

 

Cf. également :

La pierre noire du pardon

Chassez les mauvaises odeurs !


Homélie du 12° dimanche du temps ordinaire / Année C

11/06/2016

La surprise du pape

Afficher l'image d'origineLe pape François a surpris tout le monde récemment. Devant plusieurs centaines de supérieures majeures du monde entier, le pape François a indiqué le Jeudi 12 Mai qu’il était d’accord pour mettre sur pied une commission chargée de clarifier la question du diaconat féminin.

Ce n’est qu’après un temps de réflexion que le pape a répondu à l’une des supérieures majeures qui l’interrogeait sur l’accès des femmes au diaconat permanent : « Constituer une commission officielle pour étudier la question ? Je crois, oui. Il serait bon pour l’Église de clarifier ce point. (…) Je ferai en sorte qu’on fasse quelque chose comme ça. (…) Il me semble utile qu’une commission étudie la question. »

Imaginez la tête des cardinaux de la Curie lorsqu’ils ont appris cela… ! Quelques mois plus tôt, François avait déjà déconcerté l’aile conservatrice de l’Église catholique en ouvrant des pistes pastorales réelles pour les divorcés remariés. Dans son exhortation « Laetitia amoris » il appelait au discernement au cas par cas, en rappelant la primauté de la conscience sur la loi…

Et voilà qu’au détour d’une audience, il évoque ce qui serait une véritable innovation ministérielle : le diaconat féminin ! Innovation ? En réalité, ce serait plutôt un retour à la tradition la plus ancienne.

 

Jésus, un homme à femmes ?

Afficher l'image d'origineRegardez Jésus dans l’évangile de ce dimanche (Lc 7,36–8,3). Il pardonne à une femme publiquement connue pour sa mauvaise réputation. Et pire encore : il en fait une disciple ! Luc décrit ensuite la cohorte de femmes qui marchaient sur les routes avec Jésus : « Les Douze l’accompagnaient, ainsi que des femmes qui avaient été guéries de maladies et d’esprits mauvais : Marie, appelée Madeleine, de laquelle étaient sortis sept démons, Jeanne, femme de Kouza, intendant d’Hérode, Suzanne, et beaucoup d’autres, qui les servaient en prenant sur leurs ressources » (Lc 8,3).

Dans le Nouveau Testament, c’est le mot diakonos (serviteur) qui désigne le ministère diaconal. Et la première fois qu’il est utilisé, c’est pour une femme ! Luc  précise en effet que, au début de la vie publique de Jésus, la première à servir (diakonein ) Jésus et ses disciples fut la belle-mère de Pierre, une fois guérie de sa fièvre : « elle les servait » (Mc 1, 29-31). Le temps employé (aoriste = un imparfait qui se prolonge) implique une action qui dure, et non un service occasionnel. C’est donc que la belle-mère de Pierre remplit longtemps cet office : servir l’Église, à travers Jésus et les Douze.

Les autres mentions d’un diaconat féminin sont bien connues dans le Nouveau Testament [1] :

Le verbe diakonein (servir) est maintes fois employé dans les évangiles : au sujet de la belle-mère de Pierre (Mc 1, 31), de Marthe (Lc 10,40; Jn 12,2), des serviteurs de Cana (Jn 2, 5,9), des femmes « qui les assistaient de leurs biens » (Lc 8,3; 23,49).

Puis il apparaît avec un sens ministériel dans les lettres de Paul :

« Je vous recommande Phoébée, notre sœur, diaconesse (diakonos) de l’Église de Cenchrées (R 16, 1) ».
« Que les diacres, de même, soient des hommes dignes, n’ayant qu’une parole, modérés dans l’usage du vin, fuyant les profits malhonnêtes. […] Que pareillement, les femmes soient dignes, point médisantes, sobres et fidèles en tout. (1 Timothée 3, 8-11)
Il ne fait nul doute que ces diaconesses ne devaient pas prêcher dans la liturgie pour Paul (1 Co 11, 5). En sens contraire, on signalera que les 7 diacres institués par les apôtres n’avaient pas non plus mandat d’évangéliser et que, pourtant, ils se sont attribués ce rôle (Ac 6,10 ; 8,5 ; 8,38).
Paul mentionne un couple qui est associé à son ministère : « Saluez Prisca et Aquilas mes collaborateurs en Jésus Christ »… « Saluez Marie, qui s’est donné beaucoup de peine pour vous ». « Saluez Tryphène et Tryphose, qui se sont donné de la peine dans le Seigneur » (Rm 16, 1-16). Paul se réfère ici à des tâches apostoliques.
« Evodie et Syntyche qui ont lutté avec moi pour l’Évangile, en même temps que Clément et tous mes autres collaborateurs » (Ph 4,2). La mention « pour l’Évangile » indique certainement une participation à l’œuvre d’évangélisation.

Sans trop connaître exactement le contenu de ce diaconat féminin, on peut au moins affirmer qu’il en existait un, voulu par le Christ, dès ses années publiques et dès les débuts de l’Église après la Pentecôte.

 

Le diaconat féminin dans les premiers siècles

Pline, dans une lettre à l’Empereur (en 111 ap. JC), mentionne qu’il a fait arrêter deux chrétiennes qui occupent une position officielle. “ D’autant qu’il me paraissait nécessaire d’obtenir la vérité de la part de ces deux femmes, qui sont appelées “ancillae” (= diakonous, diaconesses ?), même en leur appliquant la torture. “

On connaît également l’histoire de Thecla qui, par sa confession devant le juge à Antioche, convertit Tryphène et un groupe de femmes : “ Elle se rendit à la maison de Tryphène et resta là durant huit jours, l’instruisant de la Parole de Dieu, de sorte que la plupart de ses servantes se mirent à croire “ (Actes de Paul et Thecla, § 38-39).

Clément d’Alexandrie (155-220) en charge de l’école catéchétique d’Alexandrie, interprète la première épître à Timothée 3,11 comme une référence à des « femmes diacres ». Il écrit : « les Apôtres prirent des femmes avec eux, non comme épouses, mais comme sœurs pour partager leur ministère (syn-diakonos) auprès des femmes demeurant à la maison; par leur intermédiaire l’enseignement sur le Seigneur atteignit les quartiers des femmes sans éveiller de soupçon ». Origène, son successeur écrit au sujet de l’épître aux Romains 16,2 : « Ce passage démontre avec une autorité tout apostolique que les femmes étaient désignées au ministère de l’Église ».

La Didascalie des Apôtres prétend avoir été l’enseignement des Apôtres, mais elle reflète l’Église orientale du temps. Dans ce texte on trouve en détail les devoirs de tous les échelons de la hiérarchie. Dans un chapitre sur le respect dû aux évêques (ch XXV) nous lisons : « Parce que dans votre milieu l’évêque représente Dieu tout-puissant. Mais le diacre représente le Christ; et aimez-le. Les diaconesses devraient être honorées comme l’Esprit Saint, et les presbytres, être pour vous semblables aux Apôtres ». Le texte résume ainsi : « qu’une femme diacre soit ordonnée au ministère des femmes et un homme diacre au ministère des hommes ».

On rappelle aux évêques :

« À cause de cela nous affirmons que le ministère d’une diaconesse est tout à fait nécessaire et important. Car notre Seigneur et Sauveur lui aussi fut servi par des diaconesses qui étaient : Marie – Madeleine et Marie, la fille de Jacques et la mère de José, et la mère des fils de Zébédée, et d’autres femmes encore… et toi aussi tu as besoin du ministère des diaconesses en plusieurs occasions ».

Dans les livres liturgiques antiques, en particulier dans les Constitutions Apostoliques (vers 380, en Syrie), les diaconesses font partie du clergé tandis que les veuves en sont exclues. De plus, on impose les mains sur les diaconesses et leur consécration prend place entre le diacre et le sous-diacre. Les diaconesses semblent donc avoir été ordonnées [2].

Épiphane de Salamine écrit : « Il y a bien dans l’Église l’ordre des diaconesses, mais ce n’est pas pour exercer des fonctions sacerdotales, ni pour lui confier quelque entreprise, mais pour la décence du sexe féminin, au moment du baptême ».

la diaconesse phébée

Le texte des Constitutions Apostoliques explique en détail le rite de l’ordination des femmes diaconesses. Comme le diacre, elles sont ordonnées par l’évêque en présence de tout le clergé. Il étend les mains sur elle et prie… : « puisse Dieu jeter un regard sur sa servante qui doit être ordonnée à la fonction de diaconesse et lui donner le Saint Esprit… » (VIII:20,21). Ce rite est semblable à celui de l’ordination des prêtres et, comme le clergé, elle partage à l’eulogia des offrandes eucharistiques (VIII:31).
Dans l’exercice des œuvres de charité, diacres et diaconesses sont sur un même pied. « Que les diacres soient en toutes choses, comme l’évêque lui-même; seulement ils doivent être plus actifs; que leur nombre soit proportionnel à l’importance de l’Église de sorte qu’ils puissent accomplir leur ministère auprès des malades en travailleurs qui n’ont pas honte. Et que les diaconesses soient attentives à prendre soin des femmes; mais que les deux, diacres et diaconesses, soient prêts à porter les messages, à voyager à leur sujet, à remplir leurs fonctions et à rendre service… » (III:30). 

Les Constitutions apostoliques attestent donc de la persistance d’un diaconat féminin pendant toute cette période. Avec au moins trois arguments de nature différente :

- liturgique : les candidats au baptême étaient complètement dévêtus avant d’être immergé trois fois dans l’eau. Il fallait donc des femmes pour conduire et plonger des femmes dans l’eau du baptême, par pudeur.

- missionnaire : pour rentrer dans les maisons, les pièces, les univers des femmes, les hommes étaient interdits. Seules des femmes pouvaient s’adresser à d’autres femmes, pour annoncer l’Évangile, accompagner, fortifier. Un ministère de la prédication au féminin en somme.

- symbolique : l’Esprit Saint est féminin en hébreu (ruah YHWH). L’action de l’Esprit dans l’Église est donc portée par une symbolique féminine : intériorité, inspiration, assurance missionnaire (parresia) etc.

 

Dans la partie orientale de l’Église, le diaconat féminin s’est développé jusqu’aux VIII° et IX° siècles. Beaucoup de femmes diacres sont mentionnées par le calendrier de l’Église Orthodoxe comme des saintes à vénérer.

À côté de la diaconie du Christ, masculine, il doit donc exister la diaconie de l’Esprit, féminine, pour que la symbolique trinitaire soit complète.

 

Après les trois premiers siècles

Peu à peu, le diaconat féminin tomba en désuétude, aussi bien en Orient qu’en Occident. Deux raisons au moins provoquèrent ce recul :

- le baptême des enfants se substitua à celui des adultes, rendant inutile le ministère liturgique des diaconesses.

- la ‘sacerdotalisation’ du ministère rapprocha les théologiens des positions juives sur les impuretés rituelles (cf. livre du Lévitique par exemple) au nom de laquelle on finit par écarter totalement les femmes des autels.

Sans oublier ce que Yves Congar appelait le « déficit pneumatologique de l’Église » en Occident, qui a conduit à survaloriser la médiation christique au détriment de la mission de l’Esprit Saint.

La figure féminine devint exclusivement celle de Marie, vierge et mère, en oubliant celle des femmes qui accompagnaient Jésus, le servaient, géraient l’argent de l’Église et participaient à l’élan missionnaire, jusqu’à prêcher l’Évangile aux côtés des apôtres.

 

Qu’apporterait un diaconat féminin aujourd’hui ?

Précisons d’abord que, comme pour le diaconat masculin, son rétablissement serait laissé au discernement des conférences épiscopales locales. Ainsi les Églises d’Afrique, bénéficiant depuis longtemps la présence de catéchistes au ministère irremplaçable, n’ont pas souhaité rétablir le diaconat permanent comme Vatican II leur en offrait la possibilité. Gageons qu’il en serait de même pour un diaconat féminin.

Afficher l'image d'origineMais en Occident, avec la montée en puissance du rôle des femmes dans la société et dans l’Église, véritable signe des temps selon Jean XXIII, l’attente est énorme. Car l’inégalité dans l’Église est trop importante entre hommes et femmes, à cause du ministère seulement détenu par les premiers, qui leur confère inéluctablement une domination, une primauté, un pouvoir de décision et de gestion dont seules quelques miettes tombent actuellement dans la mission des milliers de femmes activement responsables au quotidien de la vie ecclésiale (catéchèse, aumônerie, animation liturgique, charité etc.).

Au-delà de la seule égalité, c’est également la prédication qui a besoin de retrouver sa composante féminine. Déjà de grandes voix, de grands écrits de théologiennes commencent à marquer l’exégèse, la réflexion morale, etc. Mais, le dimanche à la messe paroissiale comme autour d’un feu de camp de guides ou autour de malades rassemblés dans la chapelle de l’hôpital, une lecture au féminin des textes de la messe devient urgente :

- parce que partout ailleurs, dans la vie professionnelle, associative, politique, de telles voix font entendre combien hommes et femmes s’apportent mutuellement lorsqu’ils concourent ensemble à une même mission.

- parce que l’Église doit témoigner de son espérance eschatologique d’un temps où « il n’y a plus ni l’homme ni la femme », comme l’écrit Paul sans en tirer toutes les conséquences.

- parce que les vieilles obsessions lévitiques sur l’impureté rituelle ne sont plus de mise, depuis que Jésus a déclaré pure toute la création :

« Ne comprenez-vous pas que rien de ce qui pénètre du dehors dans l’homme ne peut le souiller, parce que cela ne pénètre pas dans le coeur, mais dans le ventre, puis s’en va aux lieux d’aisance ? (ainsi il déclarait purs tous les aliments).  Il disait : Ce qui sort de l’homme, voilà ce qui souille l’homme. Car c’est du dedans, du coeur des hommes, que sortent les desseins pervers: débauches, vols, meurtres,  adultères, cupidités, méchancetés, ruse, impudicité, envie, diffamation, orgueil, déraison.  Toutes ces mauvaises choses sortent du dedans et souillent l’homme. » (Mc 7, 18-23)

La crainte de voir des femmes s’approcher de l’autel n’est pas évangélique !

- parce que prêcher, baptiser, marier relève tout autant de l’action de l’Esprit dans le monde que de la prolongation du ministère du Christ. La dimension masculine du service au nom du Christ n’exclut pas, mais appelle au contraire la dimension féminine du service dans la force de l’Esprit (ruah YHWH) qui guérit, qui relève, qui réchauffe, qui assouplit, qui console…

 

Il y a loin d’une remarque papale lors d’une audience de religieuses à une véritable réforme remettant l’homme et la femme à égalité dans l’Église. Mais cette ouverture est trop belle pour ne pas espérer qu’un chemin soit désormais possible…

 

 


[1]. Les références suivantes doivent beaucoup au site : Femmes et Ministères.

[2]. Le mot employé pour leur ordination est  le même que dans le canon 19 du concile de Chalcédoine : cheirotonia ou  cheirathesia. Il est habituellement employé pour l’ordination de l’évêque, des presbytres et des diacres.

 

 

1ère lecture : « Le Seigneur a passé sur ton péché : tu ne mourras pas » (2 S 12, 7-10.13)
Lecture du deuxième livre de Samuel

En ces jours-là, après le péché de David, le prophète Nathan lui dit : « Ainsi parle le Seigneur Dieu d’Israël : Je t’ai consacré comme roi d’Israël, je t’ai délivré de la main de Saül, puis je t’ai donné la maison de ton maître, j’ai mis dans tes bras les femmes de ton maître ; je t’ai donné la maison d’Israël et de Juda et, si ce n’est pas assez, j’ajouterai encore autant. Pourquoi donc as-tu méprisé le Seigneur en faisant ce qui est mal à ses yeux ? Tu as frappé par l’épée Ourias le Hittite ; sa femme, tu l’as prise pour femme ; lui, tu l’as fait périr par l’épée des fils d’Ammone. Désormais, l’épée ne s’écartera plus jamais de ta maison, parce que tu m’as méprisé et que tu as pris la femme d’Ourias le Hittite pour qu’elle devienne ta femme. » David dit à Nathan : « J’ai péché contre le Seigneur ! » Nathan lui répondit : « Le Seigneur a passé sur ton péché, tu ne mourras pas. »

Psaume : Ps 31 (32), 1-2, 5abcd, 5ef.7, 10bc-11

R/ Enlève, Seigneur, l’offense de ma faute. (cf. Ps 31, 5e)

Heureux l’homme dont la faute est enlevée,
et le péché remis !
Heureux l’homme dont le Seigneur ne retient pas l’offense,
dont l’esprit est sans fraude !

Je t’ai fait connaître ma faute,
je n’ai pas caché mes torts.
J’ai dit : « Je rendrai grâce au Seigneur
en confessant mes péchés. »

Et toi, tu as enlevé l’offense de ma faute.
Tu es un refuge pour moi,
mon abri dans la détresse,
de chants de délivrance, tu m’as entouré.

L’amour du Seigneur entourera
ceux qui comptent sur lui.
Que le Seigneur soit votre joie, hommes justes !
Hommes droits, chantez votre allégresse !

2ème lecture : « Je vis, mais ce n’est plus moi, c’est le Christ qui vit en moi » (Ga 2, 16.19-21)
Lecture de la lettre de saint Paul apôtre aux Galates

Frères, nous avons reconnu que ce n’est pas en pratiquant la loi de Moïse que l’homme devient juste devant Dieu, mais seulement par la foi en Jésus Christ ; c’est pourquoi nous avons cru, nous aussi, au Christ Jésus pour devenir des justes par la foi au Christ, et non par la pratique de la Loi, puisque, par la pratique de la Loi, personne ne deviendra juste. Par la Loi, je suis mort à la Loi afin de vivre pour Dieu ; avec le Christ, je suis crucifié. Je vis, mais ce n’est plus moi, c’est le Christ qui vit en moi. Ce que je vis aujourd’hui dans la chair, je le vis dans la foi au Fils de Dieu qui m’a aimé et s’est livré lui-même pour moi. Il n’est pas question pour moi de rejeter la grâce de Dieu. En effet, si c’était par la Loi qu’on devient juste, alors le Christ serait mort pour rien.

Evangile : « Ses nombreux péchés sont pardonnés, puisqu’elle a montré beaucoup d’amour » (Lc 7, 36 – 8, 3)

Acclamation : Alléluia. Alléluia. 
Près du Seigneur est l’amour, près de lui, abonde le rachat.
Alléluia. (Ps 129, 7)

Évangile de Jésus Christ selon saint Luc

En ce temps-là, un pharisien avait invité Jésus à manger avec lui. Jésus entra chez lui et prit place à table. Survint une femme de la ville, une pécheresse. Ayant appris que Jésus était attablé dans la maison du pharisien, elle avait apporté un flacon d’albâtre contenant un parfum. Tout en pleurs, elle se tenait derrière lui, près de ses pieds, et elle se mit à mouiller de ses larmes les pieds de Jésus. Elle les essuyait avec ses cheveux, les couvrait de baisers et répandait sur eux le parfum.
En voyant cela, le pharisien qui avait invité Jésus se dit en lui-même : « Si cet homme était prophète, il saurait qui est cette femme qui le touche, et ce qu’elle est : une pécheresse. »
Jésus, prenant la parole, lui dit : « Simon, j’ai quelque chose à te dire. – Parle, Maître. » Jésus reprit : « Un créancier avait deux débiteurs ; le premier lui devait cinq cents pièces d’argent, l’autre cinquante. Comme ni l’un ni l’autre ne pouvait les lui rembourser, il en fit grâce à tous deux. Lequel des deux l’aimera davantage ? » Simon répondit : « Je suppose que c’est celui à qui on a fait grâce de la plus grande dette. – Tu as raison », lui dit Jésus. Il se tourna vers la femme et dit à Simon : « Tu vois cette femme ? Je suis entré dans ta maison, et tu ne m’as pas versé de l’eau sur les pieds ; elle, elle les a mouillés de ses larmes et essuyés avec ses cheveux. Tu ne m’as pas embrassé ; elle, depuis qu’elle est entrée, n’a pas cessé d’embrasser mes pieds. Tu n’as pas fait d’onction sur ma tête ; elle, elle a répandu du parfum sur mes pieds. Voilà pourquoi je te le dis : ses péchés, ses nombreux péchés, sont pardonnés, puisqu’elle a montré beaucoup d’amour. Mais celui à qui on pardonne peu montre peu d’amour. » Il dit alors à la femme : « Tes péchés sont pardonnés. » Les convives se mirent à dire en eux-mêmes : « Qui est cet homme, qui va jusqu’à pardonner les péchés ? » Jésus dit alors à la femme : « Ta foi t’a sauvée. Va en paix ! » Ensuite, il arriva que Jésus, passant à travers villes et villages, proclamait et annonçait la Bonne Nouvelle du règne de Dieu. Les Douze l’accompagnaient, ainsi que des femmes qui avaient été guéries de maladies et d’esprits mauvais : Marie, appelée Madeleine, de laquelle étaient sortis sept démons, Jeanne, femme de Kouza, intendant d’Hérode, Suzanne, et beaucoup d’autres, qui les servaient en prenant sur leurs ressources.
Patrick BRAUD

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20 avril 2016

Amoris laetitia : la joie de l’amour

Classé sous Communauté spirituelle — lhomeliedudimanche @ 0 h 01 min

Amoris laetitia : la joie de l’amour

 

Homélie du 5° dimanche de Pâques / Année C
24/04/16

Cf. également :

Persévérer dans l’épreuve

Comme des manchots?

Dieu est un trou noir

 

Aimez-vous les uns les autres

« Aimez-vous les uns les autres » est devenu à juste titre le slogan-clé de la foi chrétienne. À tel point qu’on peut dire sans caricaturer que le christianisme est d’abord la religion de l’amour, alors que le judaïsme est la religion de l’éthique et l’islam de l’obéissance.

Cette caractérisation par l’amour mutuel s’enracine notamment dans notre passage de Jn 13, 31-35. Seul hic ! : on omet souvent la deuxième partie de la phrase : « aimez-vous les uns les autres… comme je vous ai aimé ». Si on ne rapporte pas l’amour aux paroles et aux actes du Christ, on risque de canoniser chacun notre propre conception de l’amour, oubliant ainsi la dimension de conversion nécessaire pour arriver à aimer vraiment.

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L’amour est une révélation

En écoutant Jésus supplicié pardonner à ses bourreaux et prier pour eux, on devine l’ampleur de l’amour des ennemis auxquels nous sommes appelés.

En voyant Jésus enfant rester au Temple de Jérusalem sans ses parents, ou Jésus adulte dire « femme » à sa mère, on se dit que l’amour envers nos parents n’est peut-être pas ce que l’on nous en dit.

À s’étonner de la familiarité de ce prophète avec les mal-aimés et les pécheurs publics de son époque, on pressent que l’amour de l’autre devrait chambouler les barrières sociales.

À suivre ce jeune homme célibataire dans sa liberté envers les femmes, dans son accueil inconditionnel des exclus, dans sa compassion envers les estropiés de la vie en tout genre, mais aussi dans son amitié avec des riches, des puissants et des savants, on a presque honte de brandir le drapeau de l’amour mutuel pour un petit cercle de quelques personnes seulement…

Décidément, ce que nous appelons aimer n’est pas si naturel que cela, mais relève davantage d’une révélation que d’une évidence.

Il y a quelques années, Benoît XVI avait longuement et profondément médité sur l’amour divin, à la source de tout amour (dans son encyclique « Deus est caritas »). Il avait rappelé la distinction entre l’amour-amitié (philia en grec), l’amour-passion (eros) et l’amour-charité (agapê) en qui tout culmine.

Il y a quelques semaines, le pape François vient de livrer sa propre méditation sur l’amour humain, suite au synode des évêques sur la famille qui a duré deux ans. En voici quelques extraits qui permettent de voir la continuité entre les deux papes, et l’approfondissement de cette phrase : « aimez-vous les uns les autres » en ce qui concerne le couple et la famille.

 

Amoris laetitia

Afficher l'image d'origine·     Bien sûr, le pape François réaffirme la famille comme premier lieu d’expérimentation de l’amour humain :

La force de la famille « réside essentiellement dans sa capacité d’aimer et d’enseigner à aimer. Aussi blessée soit-elle, une famille pourra toujours grandir en s’appuyant sur l’amour ». (n° 53)

 

·     C’est un amour concret, qui doit se traduire en actes, sinon ce n’est qu’un sentiment qui sonne creux, « un airain qui résonne ou une cymbale qui retentit » comme l’écrit Paul dans son magnifique hymne à l’amour (agapê) en 1Co 13,1-8) :

Dans tout le texte, on voit que Paul veut insister sur le fait que l’amour n’est pas seulement un sentiment, mais qu’il doit se comprendre dans le sens du verbe ‘‘aimer’’ en hébreu : c’est ‘‘faire le bien’’. Comme disait saint Ignace de Loyola, « l’amour doit se mettre plus dans les œuvres que dans les paroles ». Il peut montrer ainsi toute sa fécondité, et il nous permet d’expérimenter le bonheur de donner, la noblesse et la grandeur de se donner pleinement, sans mesurer, gratuitement, pour le seul plaisir de donner et de servir. (n° 94)

 

·     L’amour commence par la politesse de tous les jours, cette amabilité toute simple qui facilite les rapports sociaux :

Aimer c’est aussi être aimable, et là, l’expression asxemonéi prend sens. Elle veut indiquer que l’amour n’œuvre pas avec rudesse, il n’agit pas de manière discourtoise, il n’est pas dur dans les relations. Ses manières, ses mots, ses gestes sont agréables et non pas rugueux ni rigides. Il déteste faire souffrir les autres. La courtoisie « est une école de délicatesse et de gratuité » qui exige « qu’on cultive son esprit et ses sens, qu’on apprenne à sentir, qu’on parle, qu’on se taise à certains moments ». Être aimable n’est pas un style que le chrétien peut choisir ou rejeter : cela fait partie des exigences indispensables de l’amour. (n° 99)

 

·     L’amour de soi est l’une des dimensions de l’amour évangélique :

Une certaine priorité de l’amour de soi-même peut se comprendre seulement comme une condition psychologique, en tant que celui qui est incapable de s’aimer soi-même rencontre des difficultés pour aimer les autres : « Celui qui est dur pour soi-même, pour qui serait-il bon ? […] Il n’y a pas homme plus cruel que celui qui se torture soi-même » (Si 14, 5-6). (n° 101)

C’est sans doute encore plus vrai dans le couple : chacun risque de faire payer à l’autre ce qu’il ne supporte pas chez lui-même, ou ce qu’il n’a pas apaisé dans son histoire personnelle. Ainsi ceux qui ne savent pas exprimer leurs sentiments deviendront durs avec leurs proches ; ceux qui n’ont pas résolu les conflits avec leurs parents les reporteront sur leurs conjoints ou leurs enfants ; ceux qui n’aiment pas leur corps le livreront difficilement à leur conjoint etc.

 

·     L’amour véritable ne cherche pas un bénéfice en retour de (même s’il sait l’accueillir comme un cadeau lorsqu’il vient). Il aime, pour rien, sans raison, sans chercher à être aimé en retour :

Thomas d’Aquin a expliqué « qu’il convient davantage à la charité d’aimer que d’être aimée » et que, de fait, « les mères, chez qui se rencontre le plus grand amour, cherchent plus à aimer qu’à être aimées ». C’est pourquoi l’amour peut aller au-delà de la justice et déborder gratuitement, « sans rien attendre en retour » (Lc 6, 35), jusqu’à atteindre l’amour plus grand qui est « donner sa vie » pour les autres (Jn 15, 13). (n° 102)

Le pape François aurait pu citer ici la prière de son saint patron d’Assise :

[…] O Seigneur, que je ne cherche pas tant à être consolé qu’à consoler, à être compris qu’à comprendre, à être aimé qu’à aimer. […]

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·     Le sommet de l’amour est sans doute de l’offrir à ceux qui vous veulent du mal, à ceux qui sont vos ennemis. Et là, le pape catholique n’hésite pas à citer longuement le pasteur protestant Martin Luther King :

Cela me rappelle ces paroles de Martin Luther King, quand il refaisait le choix de l’amour fraternel même au milieu des pires persécutions et humiliations : « Celui qui te hait le plus a quelque chose de bon en lui ; même la nation qui te hait le plus a quelque chose de bon en elle ; même la race qui te hait le plus a quelque chose de bon en elle. Et lorsque tu arrives au stade où tu peux regarder le visage de chaque homme et y voir ce que la religion appelle ‘‘l’image de Dieu’’, tu commences à l’aimer en dépit de [tout]. Peu importe ce qu’il fait, tu vois en lui l’image de Dieu. Il y a un aspect de la bonté dont tu ne peux jamais te défaire […]. Voici une autre façon d’aimer ton ennemi : lorsque tu as l’occasion d’infliger une défaite à ton ennemi, 90 c’est le moment de ne pas le faire […]. Lorsque tu élèves le niveau de l’amour, de sa grande beauté et de sa puissance, tu cherches à vaincre uniquement les mauvais systèmes. Les individus qui sont pris dans ce système, tu les aimes, mais tu cherches à vaincre le système […]. Haine contre haine ne fait qu’intensifier l’existence de la haine et du mal dans l’univers. Si je te frappe et tu me frappes et je te frappe en retour et tu me frappes encore et ainsi de suite, tu vois, cela se poursuit à l’infini. Évidemment, ça ne finit jamais. Quelque part, quelqu’un doit avoir un peu de bon sens, et c’est celui-là qui est fort. Le fort, c’est celui qui peut rompre l’engrenage de la haine, l’engrenage du mal […]. Quelqu’un doit être assez religieux et assez sage pour le rompre et injecter dans la structure même de l’univers cet élément fort et puissant qu’est l’amour ». (n° 118)

Martin Luther King

·     François n’a pas peur, au contraire, d’évoquer la dimension érotique de l’amour chrétien que Benoît XVI avait déjà fondé dans l’Éros de Dieu pour l’homme. Il y consacre trois numéros (150-152) où il décrit la valeur spirituelle de l’érotisme dans le couple, « langage interpersonnel où l’autre est pris au sérieux, avec sa valeur sacrée et inviolable » :

Dieu lui-même a créé la sexualité qui est un don merveilleux fait à ses créatures. Lorsqu’on l’entretient et qu’on évite sa déviance, c’est pour empêcher que ne se produise l’« appauvrissement d’une valeur authentique »

Dans ce contexte, l’érotisme apparaît comme une manifestation spécifiquement humaine de la sexualité. On peut y trouver « la signification conjugale du corps et l’authentique dignité du don ». Dans ses catéchèses sur la théologie du corps humain, saint Jean-Paul II enseigne que la corporalité sexuée « est non seulement une source de fécondité et de procréation » mais qu’elle comprend « la capacité d’exprimer l’amour : cet amour dans lequel précisément l’homme-personne devient don ». L’érotisme le plus sain, même s’il est lié à une recherche du plaisir, suppose l’émerveillement, et pour cette raison il peut humaniser les pulsions.

Par conséquent, nous ne pouvons considérer en aucune façon la dimension érotique de l’amour comme un mal permis ou comme un poids à tolérer pour le bien de la famille, mais comme un don de Dieu qui embellit la rencontre des époux. Étant une passion sublimée par un amour qui admire la dignité de l’autre, elle conduit à être « une pleine et authentique affirmation de l’amour » qui nous montre de quelle merveille est capable le cœur humain, et ainsi pour un moment, « on sent que l’existence humaine a été un succès ». (nos 150-152)

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·     Terminons par le titre de ce texte du pape : la joie de l’amour (Amoris laetitia).

Belle affirmation, directement tirée de l’évangile de Jean là encore : « je vous ai dit cela pour ma joie soit en vous, et que vous soyez comblés de joie » (Jn 15,11).

 

Relisez l’ensemble de ce document pour mesurer à nouveau combien la joie et l’amour sont liés…

 

1ère lecture : « Ayant réuni l’Église, ils rapportèrent tout ce que Dieu avait fait avec eux » (Ac 14, 21b-27)
Lecture du livre des Actes des Apôtres

En ces jours-là, Paul et Barnabé, retournèrent à Lystres, à Iconium et à Antioche de Pisidie ; ils affermissaient le courage des disciples ; ils les exhortaient à persévérer dans la foi, en disant : « Il nous faut passer par bien des épreuves pour entrer dans le royaume de Dieu. » Ils désignèrent des Anciens pour chacune de leurs Églises et, après avoir prié et jeûné, ils confièrent au Seigneur ces hommes qui avaient mis leur foi en lui. Ils traversèrent la Pisidie et se rendirent en Pamphylie. Après avoir annoncé la Parole aux gens de Pergé, ils descendirent au port d’Attalia, et s’embarquèrent pour Antioche de Syrie, d’où ils étaient partis ; c’est là qu’ils avaient été remis à la grâce de Dieu pour l’œuvre qu’ils avaient accomplie. Une fois arrivés, ayant réuni l’Église, ils rapportèrent tout ce que Dieu avait fait avec eux, et comment il avait ouvert aux nations la porte de la foi.

Psaume : Ps 144 (145), 8-9, 10-11, 12-13ab

R/ Mon Dieu, mon Roi,
je bénirai ton nom toujours et à jamais !
ou : Alléluia. (Ps 144, 1)

Le Seigneur est tendresse et pitié,
lent à la colère et plein d’amour ;
la bonté du Seigneur est pour tous,
sa tendresse, pour toutes ses œuvres.

Que tes œuvres, Seigneur, te rendent grâce
et que tes fidèles te bénissent !
Ils diront la gloire de ton règne,
ils parleront de tes exploits.

Ils annonceront aux hommes tes exploits,
la gloire et l’éclat de ton règne :
ton règne, un règne éternel,
ton empire, pour les âges des âges.

2ème lecture : « Il essuiera toute larme de leurs yeux » (Ap 21, 1-5a)
Lecture de l’Apocalypse de saint Jean

Moi, Jean, j’ai vu un ciel nouveau et une terre nouvelle, car le premier ciel et la première terre s’en étaient allés et, de mer, il n’y en a plus. Et la Ville sainte, la Jérusalem nouvelle, je l’ai vue qui descendait du ciel, d’auprès de Dieu, prête pour les noces, comme une épouse parée pour son mari. Et j’entendis une voix forte qui venait du Trône. Elle disait : « Voici la demeure de Dieu avec les hommes ; il demeurera avec eux, et ils seront ses peuples, et lui-même, Dieu avec eux, sera leur Dieu. Il essuiera toute larme de leurs yeux, et la mort ne sera plus, et il n’y aura plus ni deuil, ni cri, ni douleur : ce qui était en premier s’en est allé. » Alors celui qui siégeait sur le Trône déclara : « Voici que je fais toutes choses nouvelles. »

Evangile : « Je vous donne un commandement nouveau : c’est de vous aimer les uns les autres » (Jn 13, 31-33a.34-35)

Acclamation : Alléluia. Alléluia. 
Je vous donne un commandement nouveau, dit le Seigneur :
« Aimez-vous les uns les autres, comme je vous ai aimés. »
Alléluia. (cf. Jn 13, 34)

Évangile de Jésus Christ selon saint Jean

Au cours du dernier repas que Jésus prenait avec ses disciples, quand Judas fut sorti du cénacle, Jésus déclara : « Maintenant le Fils de l’homme est glorifié, et Dieu est glorifié en lui. Si Dieu est glorifié en lui, Dieu aussi le glorifiera ; et il le glorifiera bientôt. Petits enfants, c’est pour peu de temps encore que je suis avec vous. Je vous donne un commandement nouveau : c’est de vous aimer les uns les autres. Comme je vous ai aimés, vous aussi aimez-vous les uns les autres. À ceci, tous reconnaîtront que vous êtes mes disciples : si vous avez de l’amour les uns pour les autres. »
Patrick BRAUD

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10 août 2015

Assomption : Ne vous faites pas voler votre espérance

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Assomption : Ne vous faites pas voler votre espérance

Cf. également :

Assomption : les sentinelles de l’invisible

L’Assomption de Marie, étoile de la mer

L’Assomption de Marie : une femme entre en Résistance

Marie, parfaite image de l’Église à venir

Marie en son Assomption : une femme qui assume !


En 2013, le Pape François avait centré son homélie de l’Assomption sur trois mots-clés caractérisant la foi et l’attitude de Marie : lutte, résurrection, espérance.

Relisons cette méditation, qui n’a pas vieilli, au contraire !

  

Homélie du pape François pour la fête de l’Assomption 2013

Chers frères et sœurs,

À la fin de la Constitution sur l’Église, le concile Vatican II nous a laissé une très belle méditation sur la Très Sainte Vierge Marie. Je relève simplement les expressions qui se réfèrent au mystère que nous célébrons aujourd’hui.

La première est celle-ci :

« Enfin la Vierge immaculée, préservée par Dieu de toute souillure de la faute originelle, ayant accompli le cours de sa vie terrestre, fut élevée corps et âme à la gloire du ciel, et exaltée par le Seigneur comme la Reine de l’univers » (n. 59).

Et ensuite, vers la fin, il y a aussi celle-ci :

« Cependant, tout comme dans le ciel où elle est déjà glorifiée corps et âme, la Mère de Jésus représente et inaugure l’Église en son achèvement dans le siècle futur, de même sur cette terre, en attendant la venue du jour du Seigneur, elle brille déjà devant le Peuple de Dieu en pèlerinage comme un signe d’espérance assurée et de consolation » (n. 68).

À la lumière de cette très belle icône de notre Mère, nous pouvons considérer le message contenu dans les lectures bibliques que nous venons d’entendre. Nous pouvons nous concentrer sur trois mots-clés : lutte, résurrection, espérance.

 

Lutte, résurrection, espérance

Lutte

Le passage de l’Apocalypse présente la vision de la lutte entre la femme et le dragon. La figure de la femme, qui représente l’Église, est d’un côté glorieuse, triomphante, et de l’autre encore dans les douleurs. C’est en effet comme cela qu’est l’Église : si, au Ciel, elle est déjà associée à la gloire de son Seigneur, dans l’histoire, elle vit continuellement les épreuves et les défis que comporte le conflit entre Dieu et le malin, l’ennemi de toujours. Et dans cette lutte que les disciples de Jésus doivent affronter – nous tous, nous, tous les disciples de Jésus, nous devons affronter cette lutte – Marie ne nous laisse pas seuls ; la Mère du Christ et de l’Église est toujours avec nous. Toujours, elle marche avec nous, elle est avec nous. Elle marche toujours avec nous.

Marie aussi, dans un certain sens, partage cette double condition. Naturellement, elle est désormais entrée dans la gloire du ciel une fois pour toutes. Mais cela ne signifie pas qu’elle est loin, qu’elle est détachée de nous ; au contraire, Marie nous accompagne, elle lutte avec nous, elle soutient les chrétiens dans le combat contre les forces du mal. La prière avec Marie, en particulier le chapelet, a aussi cette dimension « agonistique », c’est-à-dire de lutte, une prière qui soutient dans la bataille contre le malin et contre ses complices. Le chapelet aussi nous soutient dans la bataille.

 

Résurrection

La seconde Lecture nous parle de la résurrection. L’apôtre Paul, écrivant aux Corinthiens, insiste sur le fait qu’être chrétien signifie croire que le Christ est vraiment ressuscité des morts. Toute notre foi se base sur cette vérité fondamentale qui n’est pas une idée mais un événement. Et le mystère de l’assomption de Marie dans son corps et dans son âme est aussi tout entier inscrit dans la résurrection du Christ. L’humanité de la Mère a été « attirée » par son Fils dans son passage à travers la mort. Jésus est entré une fois pour toutes dans la vie éternelle avec toute son humanité, celle qu’il avait prise de Marie ; et ainsi, elle, la Mère qui l’a fidèlement suivi pendant toute sa vie, qui l’a suivi par le cœur, est entrée avec lui dans la vie éternelle, que nous appelons aussi le ciel, le paradis, la maison du Père.

Marie aussi a connu le martyre de la croix : le martyre de son cœur, le martyre de l’âme. Elle a beaucoup souffert, dans son cœur, tandis que Jésus souffrait sur la croix. La Passion de son fils, elle l’a vécue au plus profond de son âme. Elle a été pleinement unie à lui dans la mort, et c’est pour cela que lui a été fait le don de la résurrection. Le Christ est prémices  des ressuscités et Marie est prémices des rachetés, la première de « ceux qui sont au Christ ». Elle est notre Mère, mais nous pouvons aussi dire qu’elle est notre représentante, elle est notre sœur, notre sœur aînée, elle est la première des rachetés qui soit arrivée au ciel.

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Espérance 

L’évangile nous suggère le troisième mot : espérance. L’espérance est la vertu de celui qui, faisant l’expérience du conflit, de la lutte quotidienne entre la vie et la mort, entre le bien et le mal, croit dans la résurrection du Christ, dans la victoire de l’amour. Nous avons entendu le chant de Marie, le « Magnificat » : c’est le cantique de l’espérance, c’est le cantique du peuple de Dieu en marche dans l’histoire. C’est le cantique de tant de saints et de saintes, certains connus, d’autres, très nombreux, inconnus, mais bien connus de Dieu : des mamans, des papas, des catéchistes, des missionnaires, des prêtres, des sœurs, des jeunes, et même des enfants, des grands-pères, des grands-mères : ils ont affronté la lutte de la vie, portant dans leur cœur l’espérance des petits et des humbles. Marie dit : « Mon âme exalte le Seigneur » – aujourd’hui aussi, l’Église chante cela et elle le chante partout dans le monde.

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Ce cantique est particulièrement intense là où le Corps du Christ souffre aujourd’hui la Passion. 

Là où il y a la Croix, pour nous chrétiens, il y a l’espérance, toujours. S’il n’y a pas l’espérance, nous ne sommes pas chrétiens. C’est pour cette raison que j’aime dire : ne vous faites pas voler l’espérance. Que personne ne nous vole l’espérance, parce que cette force est une grâce, un don de Dieu qui nous fait avancer en regardant le Ciel. Et Marie est toujours là, proche de ces communautés, qui sont nos frères, elle marche avec eux, elle souffre avec eux, et elle chante avec eux le « Magnificat » de l’espérance.

Chers frères et sœurs, nous aussi, unissons-nous de tout notre cœur à ce cantique de patience et de victoire, de lutte et de joie, qui unit l’Église triomphante à l’Église pérégrinante que nous sommes ; qui unit la terre et le ciel, qui unit notre histoire à l’éternité vers laquelle nous marchons. Ainsi soit-il.

Messe du jour

1ère lecture : La Femmede l’Apocalypse, image de l’Église comme Marie (Ap 11, 19a ; 12, 1-6a.10ab)

Lecture de l’Apocalypse de saint Jean

Le Temple qui est dans le ciel s’ouvrit, et l’arche de l’Alliance du Seigneur apparut dans son Temple.
Un signe grandiose apparut dans le ciel : une Femme, ayant le soleil pour manteau, la lune sous les pieds, et sur la tête une couronne de douze étoiles.
Elle était enceinte et elle criait, torturée par les douleurs de l’enfantement.
Un autre signe apparut dans le ciel : un énorme dragon, rouge feu, avec sept têtes et dix cornes,et sur chaque tête un diadème.
Sa queue balayait le tiers des étoiles du ciel, et les précipita sur la terre. Le Dragon se tenait devant la femme qui allait enfanter, afin de dévorer l’enfant dès sa naissance.Or, la Femme mit au monde un fils, un enfant mâle, celui qui sera le berger de toutes les nations, les menant avec un sceptre de fer. L’enfant fut enlevé auprès de Dieu et de son Trône, et la Femme s’enfuit au désert, où Dieu lui a préparé une place.
Alors j’entendis dans le ciel une voix puissante, qui proclamait : « Voici maintenant le salut, la puissance et la royauté de notre Dieu, et le pouvoir de son Christ ! »

Psaume : 44, 11-12a, 12b-13, 14-15a, 15b-16

R/ Heureuse es-tu, Vierge Marie, dans la gloire de ton Fils.

Écoute, ma fille, regarde et tends l’oreille ;
oublie ton peuple et la maison de ton père :
le roi sera séduit par ta beauté. 

Il est ton Seigneur : prosterne-toi devant lui.
Alors, les plus riches du peuple,
chargés de présents, quêteront ton sourire. 

Fille de roi, elle est là, dans sa gloire,
vêtue d’étoffes d’or ;
on la conduit, toute parée, vers le roi. 

Des jeunes filles, ses compagnes, lui font cortège ;
on les conduit parmi les chants de fête :
elles entrent au palais du roi.

2ème lecture : Le Christ nous entraîne tous dans la vie éternelle ( 1 Co 15, 20-27a)

Lecture de la première lettre de saint Paul Apôtre aux Corinthiens

Frères, le Christ est ressuscité d’entre les morts, pour être parmi les morts le premier ressuscité. Car, la mort étant venue par un homme, c’est par un homme aussi que vient la résurrection. En effet, c’est en Adam que meurent tous les hommes ; c’est dans le Christ que tous revivront, mais chacun à son rang : en premier, le Christ ; et ensuite, ceux qui seront au Christ lorsqu’il reviendra. Alors, tout sera achevé, quand le Christ remettra son pouvoir royal à Dieu le Père, après avoir détruit toutes les puissances du mal. C’est lui en effet qui doit régner jusqu’au jour où il aura mis sous ses pieds tous ses ennemis. Et le dernier ennemi qu’il détruira, c’est la mort, car il a tout mis sous ses pieds.

Evangile : « Heureuse celle qui a cru ! » (Lc 1, 39-56)

Acclamation : Alléluia. Alléluia. Aujourd’hui s’est ouverte la porte du paradis : Marie est entrée dans la gloire de Dieu ; exultez dans le ciel, tous les anges ! Alléluia.

Évangile de Jésus Christ selon saint Luc

En ces jours-là, Marie se mit en route rapidement vers une ville de la montagne de Judée.
Elle entra dans la maison de Zacharie et salua Élisabeth. Or, quand Élisabeth entendit la salutation de Marie, l’enfant tressaillit en elle. Alors, Élisabeth fut remplie de l’Esprit Saint, et s’écria d’une voix forte :
« Tu es bénie entre toutes les femmes, et le fruit de tes entrailles est béni.
Comment ai-je ce bonheur que la mère de mon Seigneur vienne jusqu’à moi ?
Car, lorsque j’ai entendu tes paroles de salutation, l’enfant a tressailli d’allégresse au-dedans de moi.
Heureuse celle qui a cru à l’accomplissement des paroles qui lui furent dites de la part du Seigneur. »

Marie dit alors :
« Mon âme exalte le Seigneur,
mon esprit exulte en Dieu mon Sauveur.
Il s’est penché sur son humble servante ; désormais tous les âges me diront bienheureuse.
Le Puissant fit pour moi des merveilles ; Saint est son nom !
Son amour s’étend d’âge en âge sur ceux qui le craignent.
Déployant la force de son bras, il disperse les superbes.
Il renverse les puissants de leurs trônes, il élève les humbles.
Il comble de bien les affamés, renvoie les riches les mains vides.
Il relève Israël son serviteur, il se souvient de son amour,
de la promesse faite à nos pères, en faveur d’Abraham et de sa race à jamais. »

Marie demeura avec Élisabeth environ trois mois, puis elle s’en retourna chez elle.
Patrick BRAUD

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22 avril 2015

Des brebis, un berger, un loup

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Des brebis, un berger, un loup

Homélie du 4° dimanche de Pâques / Année B
26/04/2015

Des brebis, un berger, un loup.

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Traduisez : des personnes à charge (famille, salariés, communauté…), un leader, un danger.

Notre évangile du bon Pasteur est revêtu d’une actualité étonnante lorsqu’on le transpose aux situations de leadership d’aujourd’hui.

Le pape François en est sans doute le plus bel exemple. Alors qu’un danger de mort menace et décime tant de chrétiens – au Moyen-Orient comme en Afrique ou ailleurs – il est l’un des rares à élever la voix pour défendre ces oubliés médiatiques. Il a osé prononcer à voix haute le mot de génocide  - le premier du XX° siècle – pour qualifier l’extermination du peuple arménien par l’empire ottoman, s’attitrant ainsi la colère de la Turquie. Il ne cesse de dénoncer les persécutions des martyrs chrétiens d’aujourd’hui.

La préoccupation du pape pour le sort des chrétiens d’Orient s’est exprimée tout au long de cette semaine de Noël. Lors de la bénédiction urbi et orbi qu’il a prononcée à midi, jeudi 25 décembre 2014, place Saint-Pierre à Rome, à l’occasion de la fête de la nativité, François a dénoncé les « persécutions brutales » dont sont victimes les chrétiens d’Irak et de Syrie, avec ceux « qui appartiennent à d’autres groupes ethniques et religieux ».

Il a évoqué « les nombreuses personnes déplacées, dispersées et réfugiées […] de la région et du monde entier » et a demandé qu’elles « puissent recevoir les aides humanitaires nécessaires pour survivre à la rigueur de l’hiver et revenir dans leur pays ».

Lundi, le pape argentin avait adressé une lettre aux chrétiens du Moyen-Orient pour les « encourager » et leur dire « combien [leur] présence et [leur] mission sont précieuses en cette terre » où « est né et où s’est répandu le christianisme ». Comme à son habitude, il n’y citait pas nommément l’État islamique mais il y dénonçait une « organisation terroriste » qui « commet toutes sortes d’abus et de pratiques indignes de l’homme, en frappant de manière particulière certains d’entre vous qui ont été chassés de façon brutale de leurs propres terres, où les chrétiens sont présents depuis les temps apostoliques ».

Après l’horreur du massacre de Garissa au Kenya en Avril 2015, la dénonciation de la violence djihadiste a pris le pas sur les thèmes de paix et de justice d’ordinaire évoqués lors des célébrations de Pâques. Le pape François a dénoncé samedi 4 avril au soir, lors de la longue Veillée pascale, qui célèbre, selon la croyance chrétienne, la résurrection de Jésus, « le silence complice » et « l’indifférence » devant la « furie djihadiste » qui frappe les chrétiens.

murdered-students-of-the-garissa-university-college-kenya-572x360 berger dans Communauté spirituelle

Il a fermement condamné la « brutalité insensée » du massacre des Shebab contre les étudiants de Garissa qui a fait au moins 148 morts. « Tous les responsables doivent redoubler leurs efforts afin de mettre un terme à une telle violence », a demandé dès vendredi le chef de l’église catholique. Équipés d’explosifs et d’armes à feu, les assaillants se sont lancés jeudi à l’aube à l’assaut du campus universitaire situé à près de 200 kilomètres de la frontière somalienne, tuant d’abord sans discernement avant d’épargner les étudiants musulmans et de prendre de nombreux chrétiens en otages, en fonction de leurs vêtements.

Les chrétiens, « victimes désignées »

Au Vatican, on s’irrite du fait que la multiplication des persécutions de chrétiens – par des individus ou des groupes islamistes – de l’Irak au Kenya en passant par la Libye, le Pakistan ou le Nigeria, ne soit pas plus dénoncée, y compris par les autorités occidentales et musulmanes. « Aujourd’hui nous voyons nos frères persécutés, décapités et crucifiés pour leur foi en Toi, sous nos yeux ou souvent avec notre silence complice », a accusé le pape François d’une voix sombre à la fin du Chemin de Croix vendredi soir au Colisée, s’adressant au Christ.

Source : http://www.lemonde.fr/

 

Loup, y es-tu ?

2015-04-02-affiche-les-pretres-en-concert-pour-les-chretiens-d-orient FrançoisLe loup actuel, c’est bien la folie djihadiste d’un islam ne supportant pas la différence, et notamment la différence chrétienne. Les médias occidentaux, les hommes politiques occidentaux, n’osent pas mettre le mot chrétiens sur les victimes de ces persécutions. En réveillant les consciences, le pape François défend les brebis de son troupeau (et des autres troupeaux) et oblige Hollande comme Obama à nommer le drame : oui, ces hommes et ces femmes sont kidnappés, déportés, torturés, décapités, forcés à s’exiler parce qu’ils sont chrétiens, et qu’aux yeux de ces musulmans c’est insupportable.

Voilà le rôle du berger : élever la voix pour faire fuir le loup, avertir pour organiser la défense des plus faibles, ne pas avoir peur de s’exposer soi-même pour protéger les petits.

La lamentable polémique au sujet de l’affiche du concert du groupe « Les Prêtres » interdite par la RATP sous prétexte de la mention « pour les chrétiens d’Orient » montre qu’en France la défense  des chrétiens est une cause qui suscite bien des polémiques, bien des allergies atterrantes…

 

Entreprise et famille

Il n’y a pas que dans le domaine religieux où cette parabole du bon berger est éclairante. En entreprise également, le manager se voit confier une équipe de collaborateurs qu’il doit défendre bec et ongles contre les loups internes ou externes.

En interne, le loup peut revêtir la figure de celui qui est toujours hors jeu, dénigrant toute forme d’action collective et cherchant même à la faire échouer, n’adhérant pas aux valeurs communes. Un leader responsable sait que la défense des salariés intègres passe par un certain courage managérial envers les loups destructeurs et toxiques. Le bon berger d’une équipe maniera à la fois la  bienveillance envers les personnes et l’intransigeance sur les valeurs. Sinon l‘injustice qui pèsera sur les brebis intègres compromettra toute réussite future.

Le loup en entreprise peut encore prendre la figure de patrons malhonnêtes, voire manipulateurs. Et là, le management lui-même doit faire le ménage en son sein : écoute des salariés pour détecter les tyrans, mise en place d’un numéro vert, d’aide extérieure etc. Les organisations syndicales doivent monter au créneau pour défendre les sans-voix qui risquent d’être massacrés sans que personne n’ose s’élever contre (harcèlement, exploitation des sans-papiers, marchands de sommeil, embauches ou pratiques illégales…). D’ailleurs, lorsque les syndicats agissent ainsi, ils sont suivis, reconnus, à la différence des mercenaires (les jaunes disait-on autrefois) qui gardent le silence et n’osent rien faire.

 leader 

En famille, la plupart des parents adoptent d’instinct cette posture du bon berger : protéger leurs proches des dangers de la vie, les mettre à l’abri d’accidents financiers, être à leurs côtés en cas de coup dur. Que dirait-on d’un père ou d’une mère qui délaisserait son enfant à l’approche d’un divorce, d’une maladie grave ou d’une perte d’emploi ?

 

Risquer sa vie

Ce faisant, chacun de ces bergers s’expose et risque sa vie, comme le suggère l’évangile en identifiant le bon Pasteur avec le Christ qui donne sa vie pour ceux qu’il aime.

Le pape François sait que bien des menaces entourent ses prises de positions courageuses pour défendre ses ouailles (= brebis !) : la mafia pourrait vouloir lui faire payer sa guerre ouverte contre la corruption en Italie ; les fanatiques musulmans seront tentés par un coup d’éclat contre lui etc.

Le leader attentif à la défense de son équipe de salariés sait qu’il prendra des coups, de sa hiérarchie ou de collègues malveillants ou de salariés contrariés dans leur travail de sape.

Même les parents savent que défendre leurs proches c’est s’exposer à la rigueur bancaire ou judiciaire ou sociale…

Ne réduisons donc pas l’évangile du bon berger à un discours sur les pasteurs qu’il nous faudrait.

C’est un manifeste pour un leadership au service des plus petits.

C’est un engagement à défendre les plus faibles.

C’est une conception de l’autorité comme un devoir envers ceux qui ont besoin de sécurité.

C’est une conversion de l’exercice du pouvoir pour qu’il devienne une libération des sans-grade.

 

Et les mercenaires ?

Que faire des mercenaires dont parle l’évangile ? Doit-on faire la chasse aux sorcières pour éliminer tous ces bergers à gages qui s’enfuient à la vue du loup ? Écoutez l’habileté avec laquelle Saint Augustin analyse l’utilité de ces faux bergers en finale :

Et que dirons-nous du mercenaire, du berger à gages ?

Le Christ ne les mentionne pas parmi les bons. Le bon Pasteur donne sa vie pour ses brebis. Le berger à gages qui n’est pas le pasteur et à qui n’appartiennent pas les brebis, voit-il venir le loup, il laisse là les brebis, il se sauve et le loup les emporte et les disperse. Le berger à gages ne joue pas le rôle d’un homme de bien. Pourtant, il est utile à quelque chose ; on ne le nommerait pas berger à gages, s’il ne recevait un salaire de son employeur. Quel est donc ce berger à gages, à la fois coupable et nécessaire ? Il y a dans l’Église des gens bien placés, dont l’Apôtre Paul déclare : « Tous recherchent leurs propres intérêts, non ceux de Jésus-Christ » (Ph 2,21). Qu’est-ce que cela veut dire ? Leur amour pour le Christ n’est pas désintéressé ; ce n’est pas pour Dieu qu’ils cherchent Dieu : ils poursuivent des avantages temporels, ils désirent vivement gagner de l’argent, acquérir des honneurs. Quand c’est ce qu’on aime dans les premières places et que c’est là la raison de servir Dieu, quel qu’on soit, on est un berger à gages ; on ne doit pas se mettre au nombre des fils. De ces bergers à gages, le Christ déclare : « En vérité, je vous le dis, ils ont reçu leur récompense » (Mt 5,5). Apprenez maintenant pourquoi les bergers à gages sont nécessaires. Il y a dans l’Église beaucoup de gens qui recherchent des avantages temporels. Pourtant, ils prêchent le Christ ; par eux la voix du Christ se fait entendre: les brebis les suivent. Ce n’est pas le berger à gages qu’elles suivent, mais la voix du pasteur à travers la sienne. Écoutez le Seigneur lui-même définir les bergers à gages : « Les Scribes et les Pharisiens occupent la chaire de Moïse : faites donc et observez tout ce qu’ils pourront vous dire ; mais ne vous réglez pas sur leurs actes » (Mt 23,2). Ce qui revient à dire : Écoutez la voix du pasteur qui se fait entendre par les bergers à gages. Ils sont assis sur la chaire de Moïse et enseignent la Loi de Dieu, c’est donc par eux que Dieu vous instruit. Mais s’ils voulaient vous enseigner leurs propres pensées, ne les écoutez pas, ne faites pas ce qu’ils disent. Évidemment, de tels maîtres cherchent leurs intérêts et non ceux de Jésus-Christ; pourtant, aucun berger à gages n’a osé dire au peuple du Christ : Cherche mes intérêts et non ceux de Jésus-Christ.

Saint Augustin : « Tractatus in Johannis evangelium », XLVI, 5-8

 

Des brebis, un berger, un loup : peut-être sommes nous tour à tour l’un ou l’autre ?

Qui avons-nous en charge de défendre et de protéger ?

Contre quel loup nous faut-il trouver le courage de nous dresser pour le bien de ceux qui nous sont confiés ?

 

 

1ère lecture : « En nul autre que lui, il n’y a de salut » (Ac 4, 8-12)

Lecture du livre des Actes des Apôtres

En ces jours-là, Pierre, rempli de l’Esprit Saint, déclara : « Chefs du peuple et anciens, nous sommes interrogés aujourd’hui pour avoir fait du bien à un infirme, et l’on nous demande comment cet homme a été sauvé. Sachez-le donc, vous tous, ainsi que tout le peuple d’Israël : c’est par le nom de Jésus le Nazaréen, lui que vous avez crucifié mais que Dieu a ressuscité d’entre les morts, c’est par lui que cet homme se trouve là, devant vous, bien portant. Ce Jésus est la pierre méprisée de vous, les bâtisseurs, mais devenue la pierre d’angle. En nul autre que lui, il n’y a de salut, car, sous le ciel, aucun autre nom n’est donné aux hommes, qui puisse nous sauver. 

Psaume : 117 (118), 1.8-9, 21-23, 26.28-29

R/ La pierre qu’ont rejetée les bâtisseurs est devenue la pierre d’angle. ou : Alléluia ! (117, 22)

Rendez grâce au Seigneur : Il est bon !
Éternel est son amour !
Mieux vaut s’appuyer sur le Seigneur
que de compter sur les hommes ;
mieux vaut s’appuyer sur le Seigneur
que de compter sur les puissants !

Je te rends grâce car tu m’as exaucé :
tu es pour moi le salut.
La pierre qu’ont rejetée les bâtisseurs
est devenue la pierre d’angle :
c’est là l’œuvre du Seigneur,
la merveille devant nos yeux.

Béni soit au nom du Seigneur celui qui vient !
De la maison du Seigneur, nous vous bénissons !
Tu es mon Dieu, je te rends grâce,
mon Dieu, je t’exalte !
Rendez grâce au Seigneur : Il est bon !
Éternel est son amour !

2ème lecture : « Nous verrons Dieu tel qu’il est » (1 Jn 3, 1-2)
Lecture de la première lettre de saint Jean

Bien-aimés, voyez quel grand amour nous a donné le Père pour que nous soyons appelés enfants de Dieu – et nous le sommes. Voici pourquoi le monde ne nous connaît pas : c’est qu’il n’a pas connu Dieu. Bien-aimés, dès maintenant, nous sommes enfants de Dieu, mais ce que nous serons n’a pas encore été manifesté. Nous le savons : quand cela sera manifesté, nous lui serons semblables car nous le verrons tel qu’il est.

Evangile : « Le bon pasteur donne sa vie pour ses brebis » (Jn 10, 11-18)

Acclamation : Alléluia. Alléluia. Je suis le bon pasteur, dit le Seigneur ; je connais mes brebis et mes brebis me connaissent. Alléluia. (Jn 10, 14)

Évangile de Jésus Christ selon saint Jean

En ce temps-là, Jésus déclara : « Moi, je suis le bon pasteur, le vrai berger, qui donne sa vie pour ses brebis. Le berger mercenaire n’est pas le pasteur, les brebis ne sont pas à lui : s’il voit venir le loup, il abandonne les brebis et s’enfuit ; le loup s’en empare et les disperse. Ce berger n’est qu’un mercenaire, et les brebis ne comptent pas vraiment pour lui. Moi, je suis le bon pasteur ; je connais mes brebis, et mes brebis me connaissent, comme le Père me connaît, et que je connais le Père ; et je donne ma vie pour mes brebis. J’ai encore d’autres brebis, qui ne sont pas de cet enclos : celles-là aussi, il faut que je les conduise. Elles écouteront ma voix : il y aura un seul troupeau et un seul pasteur. Voici pourquoi le Père m’aime : parce que je donne ma vie, pour la recevoir de nouveau. Nul ne peut me l’enlever : je la donne de moi-même. J’ai le pouvoir de la donner, j’ai aussi le pouvoir de la recevoir de nouveau : voilà le commandement que j’ai reçu de mon Père. »
Patrick BRAUD

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