L'homélie du dimanche (prochain)

23 octobre 2014

Le cognac de la foi

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Le cognac de la foi

Homélie du 30° dimanche du temps ordinaire
26/10/14

La légende du chevalier de la Croix Maron

On raconte qu’un jour, au XVII° siècle, près de Segonzac en Charente, le chevalier de la Croix Maron fit un rêve étrange. Il se voyait Le cognac de la foi dans Communauté spirituelle alambic_eclatemourir, puis emporté en enfer pour y expier ses fautes en brûlant dans un grand feu. Mais comme cela ne suffisait pas – vue l’énormité de ses fautes ! – le diable le tirait hors du chaudron et le faisait entrer une deuxième fois dans la fournaise. Se réveillant en sueur, il se dit : mais voilà ce qu’il faut que je fasse avec mon vin ! Le distiller deux fois et non une seule… !

La double distillation était née, qui allait permettre aux vignes de la région de Cognac de produire le nectar mondialement connu. Car il faut d’abord distiller une première fois le moût de raisin pour obtenir une première eau-de-vie titrant 70° à 80°, imbuvable. De cette distillation on élimine la tête et la queue (le début et la fin), pour ne garder que le cœur. Et c’est ce cœur que l’on distille une deuxième fois pour obtenir la véritable eau-de-vie, qui deviendra du cognac en se mariant avec les tanins du bois de chêne des fûts de la forêt du Tronçay.

La double distillation, c’est donc l’art de garder l’essentiel, le cœur du cœur du fruit de la vigne, d’en extraire la quintessence en quelque sorte.

 

L’essentiel de la foi

C’est exactement ce que fait Jésus avec les commandements de la loi juive !

Il y en a 613, que normalement tout juif pratiquant doit respecter à la lettre, de la nuit à la nuit. Il couvre tous les domaines de la vie quotidienne, depuis la  bénédiction en allant aux toilettes jusqu’à la manière de faire la cuisine, en passant par les pratiques financières ou la vie intime du couple. À tel point que l’on peut légitimement se sentir un peu perdu devant un tel foisonnement d’exigences.

Pourquoi 613 d’ailleurs ? C’est la somme de 248 et de 365. Or 248 était le nombre de membres du corps humain connus à l’époque, et 365 le nombre de jours de l’année évidemment. Ce sont donc des commandements qui concernent la totalité de l’être humain, tous les jours de sa vie.

Dans ces 613, quels sont les plus importants ? Lesquels faut-il absolument respecter en priorité ?
La question adressée à Jésus est légitime. Sa réponse vaut tout autant pour son contenu que par sa méthode.
       Le contenu : l’amour au centre de tout.
       La méthode : simplifier, simplifier et simplifier encore.

 

Le choc de la simplification

Arrêtons-nous sur la méthode de la réponse du Christ, parce que c’est peut-être ce dont nous avons le plus besoin aujourd’hui. Au lieu de perdre ses auditeurs dans le maquis des prescriptions et des interdits juridiques, Jésus va à l’essentiel. Tel le viticulteur charentais devant son alambic, il distille par deux fois la foi juive, et de ce travail de simplification coule le vrai nectar de la foi chrétienne : l’amour de Dieu, de l’autre, de soi, liés à la manière d’un nœud borroméen en trois exigences équivalentes.

Dans son discours, la seule chose alambiquée est son art d’aller à l’essentiel !

Or l’essentiel n’est pas de savoir bien mettre son tallit ou ses tephillim, ce n’est pas de savoir distinguer le cacher du non casher, ce n’est pas de connaître les règles du shabbat ou de Pessah, non le cognac de la foi c’est ce triple amour qui n’en fait qu’un.

 

La simplification dans l’histoire

Cette capacité à simplifier la foi chrétienne pour la rendre accessible à tous fait partie de l’ADN de l’Église.

- Les apôtres annonçaient essentiellement la résurrection de Jésus crucifié (c’est le kérygme). Le reste (baptême, éthique, vie ecclésiale…) ne venait qu’après, dans la foulée, comme des conséquences logiques.

- Pendant les trois premiers siècles, les martyrs chrétiens concentraient leur témoignage sur l’espérance d’une résurrection avec le Christ, et sur l’amour des ennemis, ceux-là mêmes qui les suppliciaient avec les bêtes, les glaives et le feu dans les arènes romaines.

- Après l’édit de Constantin (313), l’Église s’est focalisée sur la gestion de la cité et de l’empire. Les Pères de l’Église insistaient sur la défense des plus faibles (ce qu’on a appelé plus tard l’option préférentielle pour les pauvres) parce que c’était l’urgence du moment.

Ensuite, les réformateurs sont à chaque fois revenus au cœur de la foi, tel que leur époque le réclamait.

- François d’Assise a remis la pauvreté, l’égalité et la simplicité évangélique au cœur de la vie fraternelle.

- Saint Dominique a rétabli la prédication comme activité première de l’Église.

- Martin Luther a retrouvé la première place de l’Écriture…

- Plus tard, Vincent de Paul a simplifié l’exubérance du catéchisme pour le recentrer sur la charité en actes.

- Plus près de nous, Jean-Paul II a distillé le plus attendu de la foi pour la fin du XX° siècle, à travers son fameux : « n’ayez pas peur ! »

- Et notre pape François a été élu homme de l’année 2013 par Times Magazine à cause de son style de management, très franciscain, qu’on souhaiterait voir chez nos responsables économiques et politiques…

 

Bref, à chaque période de l’histoire ont surgi de grandes figures qui ont su extraire de la foi chrétienne le cœur du cœur, l’essentiel attendu par leurs contemporains. Et cela s’est toujours fait à travers une simplification désarmante.

À quoi sert d’emberlificoter les non-chrétiens avec des arguties sur le chapelet, les méthodes naturelles, ‘l’obligation’ de la messe ou même le mariage, si le cœur de la foi n’est pas d’abord annoncé, en des termes clairs, vitaux, simples ?

Tout le reste est second (sinon secondaire).

Mais quel est donc le premier qui est annoncé aujourd’hui dans notre culture française ? Quelle est la substantifique moelle du christianisme qu’il nous faut proposer de toute urgence autour de nous ?

Suffirait-il de reprendre à la lettre ce que nos grands réformateurs ont formulé en leur temps ? Ne faudrait-il pas plutôt refaire le travail de simplification qu’eux-mêmes ont accompli dans leur culture pour résumer l’Évangile en quelques mots simples et bouleversants ?

Quels pourraient être ces mots aujourd’hui ?

J’aurais personnellement tendance à penser qu’ils tourneraient autour du respect de toute personne humaine, du début à la fin de sa vie. Et autour d’une invincible espérance en l’amour plus fort que la mort.

Mais chacun doit faire ce travail de simplification – qui est en même temps un travail d’unification – pour lui-même d’abord, pour ses proches ensuite.

 cognac dans Communauté spirituelle

Les gouvernements successifs nous promettent tous un choc de simplification administrative, économique… Mais les lois ne cessent de s’ajouter aux lois, les articles du code du travail s’empilent jusqu’à se contredire, les réglementations prolifèrent comme un cancer incontrôlable.

Retrouvons l’art de distiller le cœur de la foi chrétienne en quelques paroles simples.

Distillons – deux fois si nécessaire – cet essentiel de la foi pour qu’il soit facile et clair d’y entrer.

Après tout, croire n’est pas compliqué ! Au contraire c’est ce qui simplifie la vie, au sens premier du terme.

 distillation 

Et vous donc, quel sera donc votre cognac de la foi ?

 

1ère lecture : Dieu exige qu’on aime les pauvres (Ex 22, 20-26)

Lecture du livre de l’Exode
Quand Moïse transmettait au peuple les lois du Seigneur, il disait : « Tu ne maltraiteras point l’immigré qui réside chez toi, tu ne l’opprimeras point, car vous étiez vous-mêmes des immigrés en Égypte. Vous n’accablerez pas la veuve et l’orphelin. Si tu les accables et qu’ils crient vers moi, j’écouterai leur cri. Ma colère s’enflammera et je vous ferai périr par l’épée : vos femmes deviendront veuves, et vos fils, orphelins.
Si tu prêtes de l’argent à quelqu’un de mon peuple, à un pauvre parmi tes frères, tu n’agiras pas envers lui comme un usurier : tu ne lui imposeras pas d’intérêts. Si tu prends en gage le manteau de ton prochain, tu le lui rendras avant le coucher du soleil. C’est tout ce qu’il a pour se couvrir ; c’est le manteau dont il s’enveloppe, la seule couverture qu’il ait pour dormir. S’il crie vers moi, je l’écouterai, car moi, je suis compatissant ! »

Psaume : 17, 2-3, 4.20, 47.51ab

R/ Je t’aime, Seigneur, Dieu qui me rends fort !

Je t’aime, Seigneur, ma force :
Seigneur, mon roc, ma forteresse,
Dieu mon libérateur, le rocher qui m’abrite,
mon bouclier, mon fort, mon arme de victoire ! 

Louange à Dieu ! Quand je fais appel au Seigneur,
je suis sauvé de tous mes ennemis.
Et lui m’a dégagé, mis au large,
il m’a libéré, car il m’aime.

Vive le Seigneur ! Béni soit mon Rocher !
Qu’il triomphe, le Dieu de ma victoire,
Il donne à son roi de grandes victoires,
il se montre fidèle à son messie pour toujours.

2ème lecture : L’annonce de l’Évangile et la conversion (1Th 1, 5-10)

Lecture de la première lettre de saint Paul Apôtre aux Thessaloniciens 

Frères,
vous savez comment nous nous sommes comportés chez vous pour votre bien. Et vous, vous avez commencé à nous imiter, nous et le Seigneur, en accueillant la Parole au milieu de bien des épreuves avec la joie de l’Esprit Saint. Ainsi vous êtes devenus un modèle pour tous les croyants de Macédoine et de toute la Grèce. Et ce n’est pas seulement en Macédoine et dans toute la Grèce qu’à partir de chez vous la parole du Seigneur a retenti, mais la nouvelle de votre foi en Dieu s’est si bien répandue partout que nous n’avons plus rien à en dire. En effet, quand les gens parlent de nous, ils racontent l’accueil que vous nous avez fait ; ils disent comment vous vous êtes convertis à Dieu en vous détournant des idoles, afin de servir le Dieu vivant et véritable, et afin d’attendre des cieux son Fils qu’il a ressuscité d’entre les morts, Jésus, qui nous délivre de la colère qui vient.

Evangile : Amour de Dieu et amour du prochain (Mt 22, 34-40)
Acclamation : Alléluia. Alléluia. Dieu est amour. Celui qui aime est né de Dieu : il connait Dieu. Alléluia. (1 Jn, 8.7)

Évangile de Jésus Christ selon saint Matthieu 

Les pharisiens, apprenant que Jésus avait fermé la bouche aux sadducéens, se réunirent, et l’un d’entre eux, un docteur de la Loi, posa une question à Jésus pour le mettre à l’épreuve : « Maître, dans la Loi, quel est le grand commandement ? » Jésus lui répondit : « Tu aimeras le Seigneur ton Dieu de tout ton cœur, de toute ton âme et de tout ton esprit. Voilà le grand, le premier commandement. Et voici le second, qui lui est semblable : Tu aimeras ton prochain comme toi-même. Tout ce qu’il y a dans l’Écriture — dans la Loi et les Prophètes — dépend de ces deux commandements. »
Patrick BRAUD

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28 mars 2014

La barre de fraction de la foi

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La barre de fraction de la foi

Homélie du 4° dimanche de Carême / Année A
30/03/2014

Le père fondateur de la linguistique, Ferdinand de Saussure, a posé une distinction fondamentale qui pourrait bien nourrir l’interprétation de notre évangile de l’aveugle-né .

Il distingue le signifiant (S) du signifié (s).

La barre de fraction de la foi dans Communauté spirituelle Saussure_Linguistique3

Le signifiant, c’est la chose physique, par exemple une pierre en anthropologie, ou un son humain en linguistique. Le signifié, c’est la signification que nous lui attachons : une tombe pour la pierre lorsqu’il s’agit de cultes funéraires anciens, un mot pour un son humain. Cette signification dépend du contexte, de la culture, de l’histoire de celui qui perçoit le signe. Par exemple, un espagnol entendra le signifié oui là où un anglais entendra la mer (sea) à travers le son si. Le génie de Ferdinand de Saussure a été de placer une barre de fraction entre le signifiant et le signifié pour évoquer le travail que fait le langage humain. Le signe du langage est constitué du rapport s/S. C’est le propre de l’humain, dans le langage, d’associer un signifié à un signifiant.

« Nous n’évoluons pas dans un monde de signifiants purs, sinon nous serions des pierres, des blocs de granit par exemple. Nous ne sommes pas non plus dans un monde de signifiés purs, sinon nous serions des abstractions sans chair, des vérités mathématiques par exemple. Non, nous circulons, nous nous mouvons précisément entre signifiant et signifié. C’est pourquoi la barre de la fraction s/S mérite d’être considérée comme le lieu électif de la conscience humaine. »
Philosophie Magazine n° 72, mars 2014, page 37.

Or que se passe-t-il dans l’évangile de l’aveugle-né ?
On peut repérer 5 attitudes en réaction à cette guérison étonnante.
Examinons comment un même évènement peut donner lieu à autant d’interprétations, à autant de rapports s/S différents.

1. Nier l’évidence
Des juifs ne veulent pas reconnaître les faits, ils s’obstinent à nier l’évidence. Car ils ont peur des conclusions inévitables auxquels ils seraient entraînés : si cette ancien aveugle voit, c’est que Jésus agit au nom de Dieu, dont il est donc l’envoyé (= Siloé). Mieux vaut noyer le poisson en essayant de susciter des témoignages contradictoires.

Cela rappelle l’aveuglement volontaire des communistes français devant le goulag et la misère soviétique : bilan « globalement positif » osait dire Georges Marchais en revenant d’URSS?

2. Travestir le réel
Des voisins eux aussi veulent nier le signifiant, en suggérant que ce n’est pas lui, mais quelqu’un qui lui ressemble qui a été guéri.

Cela rappelle l’étrange position du Coran au sujet de la crucifixion de Jésus : ce ne serait pas lui, mais quelqu’un qui lui ressemble qui aurait été crucifié, car un prophète ne peut pas terminer aussi lamentablement, abandonné de Dieu ?

2. S’en laver les mains
Les parents de l’aveugle-né quant à eux butent sur la menace de persécution à laquelle ils s’exposeraient s’ils posaient la barre de fraction entre la guérison de leur fils et l’identité de Jésus. Ils préfèrent ne pas voir, s’aveugler eux-mêmes sur la réalité de ce qui s’est passé, en se défaussant sur la responsabilité adulte de leur enfant (« il est assez grand, interrogez-le ! »). Ils se lavent les mains de l’action où leur fils s’est lavé les yeux…

Cela rappelle l’indifférence actuelle de tant d’européens au sujet de l’existence de Dieu ou de la vie après la mort. Question inintéressante, répondent-ils en substance : seule compte à nos yeux nos conditions de vie actuelle qu’il faut améliorer.

3. Le conflit des interprétations
Certains pharisiens, quant à eux, acceptent le signifiant, contraints et forcés : cet homme voit, c’est certain. Ils essaient bien de mettre en doute la réalité de ce signifiant, en prétendant que peut-être cet homme faisait semblant ? avant – d’être aveugle pour mendier, ou qu’il n’est pas né comme cela etc. Mais les faits sont têtus et très vite ils sont obligés de se prononcer sur la fameuse barre de fraction à poser entre s et S.
Que veut dire cette guérison ? Lui attribuer une origine divine entre en conflit avec un autre signifiant : le jour du sabbat. Dans le conflit des interprétations qui surgit de là, ces pharisiens choisissent l’une au détriment de l’autre, au lieu de les intégrer toutes deux dans une interprétation plus haute (« le Fils de l’homme est maître du sabbat »). Ce faisant, ils se privent de connaître vraiment l’identité de Jésus : « nous ne savons pas d’où il est ».

Cela rappelle les étranges justifications de l’apartheid par certaines Églises d’Afrique du Sud, ou de l’esclavage par certaines Églises américaines au XIX° siècle. Elles s’appuyaient sur une lecture littérale de certains passages de l’Ancien Testament pour justifier leur domination coloniale, contre d’autres passages du Nouveau Testament manifestement en faveur de l’égalité de tous?

4. L’interrogation ouverte
D’autres pharisiens sont plus respectueux des faits, et posent d’autres barres de fraction sur ce qui s’est passé. « Comment un homme pécheur pourrait y accomplir des signes pareils ? » Ils devinent que le signe posé renvoie à une identité inconcevable et pourtant manifeste : Jésus se révèle Dieu-en-action lorsque avec de la boue et de la salive il recrée cette aveugle-né pour une vie nouvelle.
Respectueux du réel, ils ont la droiture de rester interrogatifs, en attente.

Cela rappelle l’agnosticisme respectueux et ouvert de tant de philosophes d’hier et d’aujourd’hui. Leur questionnement, même et surtout sans réponse, est essentiel à la purification de la foi des chrétiens.

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5. Le cheminement de l’interprétation
Le principal intéressé se rend à l’évidence (S) : il était aveugle, maintenant il voit. Au début il n’arrive pas attribuer de signification à cette observation des faits (S). Ce n’est que progressivement, dans son dialogue avec Jésus et avec les autres, qu’il  est conduit à reconnaître l’action d’abord d’un maître qui a des disciples, puis d’un prophète, qui vient de Dieu, puis du Fils de l’homme, qu’il appelle finalement Seigneur (s).

C’est l’illumination progressive des catéchumènes qui découvrent dans l’initiation chrétienne qui est vraiment le Christ pour eux. C’est notre propre cheminement, lorsque, d’événement en événement, nous découvrons quelle est « la largeur, la  hauteur, la profondeur de l’amour du Christ pour nous ».

6. La barre de fraction
Ces 5 attitudes sont toujours les nôtres face aux signes qui jalonnent notre existence. Nous butons sur des faits (S) ; ils s’imposent à nous, et nous cherchons le coup de barre qui mettrait notre navire sur une route nous permettant d’intégrer ces événements dans un signifié plus large (s/S).
La foi chrétienne relève de cet art du pilotage qui consiste à placer la barre de fraction de telle manière que le rapport s/S soit pleinement humanisant.
La foi est un langage qui décrypte l’histoire et l’univers dans un dialogue avec Dieu / avec les autres, où ce qui arrive est mis en relation avec ce que cela signifie, de manière à progresser vers une conscience plus humaine, plus divine.
S peut prendre la figure d’une grande joie, ou d’une grande épreuve ; s n’existe pas indépendamment du rapport qu’il entretient avec S, et c’est un sacré travail de déchiffrement, de discernement spirituel que de poser la barre de fraction de manière juste, ajustée au réel.

Les tenants du signifié pur sont de dangereux idéologues.
Les absolutistes du signifiant seul sont de redoutables matérialistes.
La foi chrétienne pose entre les deux la barre de fraction de l’interprétation (c’est-à-dire de l’herméneutique).

En suivant l’itinéraire intérieur de l’aveugle-né réfléchissant et dialoguant sur ce qui est arrivé, chacun de nous est invité à découvrir la (les) signification(s) des événements de sa propre existence.

De quoi nourrir une retraite intime de carême…

_______________________

[1]. cf. son ouvrage principal : Cours de linguistique générale, 1916.

 

1ère lecture : Dieu choisit David comme roi de son peuple (1S 16, 1b.6-7.10-13a)

Lecture du premier livre de Samuel

Le Seigneur dit à Samuel : « J’ai rejeté Saül. Il ne règnera plus sur Isaraël. Je t’envoie chez Jessé de Bethléem, car j’ai découvert un roi parmi ses fils. Prends une corne que tu rempliras d’huile, et pars ! »
En arrivant, Samuel aperçut Éliab, un des fils de Jessé, et il se dit : « Sûrement, c’est celui que le Seigneur a en vue pour lui donner l’onction ! »
Mais le Seigneur dit à Samuel : « Ne considère pas son apparence ni sa haute taille, car je l’ai écarté. Dieu ne regarde pas comme les hommes, car les hommes regardent l’apparence, mais le Seigneur regarde le c?ur. »
Jessé présenta ainsi à Samuel ses sept fils, et Samuel lui dit : « Le Seigneur n’a choisi aucun de ceux-là. N’as-tu pas d’autres garçons ? »
Jessé répondit : « Il reste encore le plus jeune, il est en train de garder le troupeau. »
Alors Samuel dit à Jessé : « Envoie-le chercher : nous ne nous mettrons pas à table tant qu’il ne sera pas arrivé. »
Jessé l’envoya chercher : le garçon était roux, il avait de beaux yeux, il était beau.
Le Seigneur dit alors : « C’est lui ! donne-lui l’onction. »
Samuel prit la corne pleine d’huile, et lui donna l’onction au milieu de ses frères. L’esprit du Seigneur s’empara de David à partir de ce jour-là.

Psaume : Ps 22, 1-2ab, 2c-3, 4, 5, 6

R/ Le Seigneur est mon berger : rien ne saurait me manquer.

Le Seigneur est mon berger :
je ne manque de rien.
Sur des prés d’herbe fraîche,
il me fait reposer. 

Il me mène vers les eaux tranquilles
et me fait revivre ; 
il me conduit par le juste chemin 
pour l’honneur de son nom. 

Si je traverse les ravins de la mort, 
je ne crains aucun mal, 
car tu es avec moi : 
ton bâton me guide et me rassure. 

Tu prépares la table pour moi 
devant mes ennemis ; 
tu répands le parfum sur ma tête, 
ma coupe est débordante. 

Grâce et bonheur m’accompagnent 
tous les jours de ma vie ; 
j’habiterai la maison du Seigneur 
pour la durée de mes jours.

2ème lecture : Vivre dans la lumière (Ep 5, 8-14)

Lecture de la lettre de saint Paul Apôtres aux Éphésiens

Frères,
autrefois, vous étiez ténèbres ; maintenant, dans le Seigneur, vous êtes devenus lumière ; vivez comme des fils de la lumière ? or la lumière produit tout ce qui est bonté, justice et vérité ? et sachez reconnaître ce qui est capable de plaire au Seigneur.
Ne prenez aucune part aux activités des ténèbres, elles ne produisent rien de bon ; démasquez-les plutôt.
Ce que ces gens-là font en cachette, on a honte d’en parler.
Mais quand ces choses-là sont démasquées, leur réalité apparaît grâce à la lumière, et tout ce qui apparaît ainsi devient lumière. C’est pourquoi l’on chante :
Réveille-toi, ô toi qui dors, relève-toi d’entre les morts, et le Christ t’illuminera.

Evangile : L’aveugle-né (Jn 9, 1-41 [Lecture brève : 9, 1.6-9.13-17.34-38])

Acclamation : Gloire et louange à toi, Seigneur Jésus. Lumière du monde, Jésus Christ, celui qui marche à ta suite aura la lumière de la vie. Gloire et louange à toi, Seigneur Jésus. (cf. Jn 8, 12)

Évangile de Jésus Christ selon saint Jean

En sortant du Temple, Jésus vit sur son passage un homme qui était aveugle de naissance.
Ses disciples l’interrogèrent : « Rabbi, pourquoi cet homme est-il né aveugle ? Est-ce lui qui a péché, ou bien ses parents ? »
Jésus répondit : « Ni lui, ni ses parents. Mais l’action de Dieu devait se manifester en lui.
Il nous faut réaliser l’action de celui qui m’a envoyé, pendant qu’il fait encore jour ; déjà la nuit approche, et personne ne pourra plus agir. Tant que je suis dans le monde, je suis la lumière du monde. »
Cela dit, il cracha sur le sol et, avec la salive, il fit de la boue qu’il appliqua sur les yeux de l’aveugle, et il lui dit : « Va te laver à la piscine de Siloé » (ce nom signifie : Envoyé). L’aveugle y alla donc, et il se lava ; quand il revint, il voyait.

Ses voisins, et ceux qui étaient habitués à le rencontrer ? car il était mendiant ? dirent alors : « N’est-ce pas celui qui se tenait là pour mendier ? »
Les uns disaient : « C’est lui. » Les autres disaient : « Pas du tout, c’est quelqu’un qui lui ressemble. » Mais lui affirmait : « C’est bien moi. »
Et on lui demandait : « Alors, comment tes yeux se sont-il ouverts ? »
Il répondit : « L’homme qu’on appelle Jésus a fait de la boue, il m’en a frotté les yeux et il m’a dit : ‘Va te laver à la piscine de Siloé.’ J’y suis donc allé et je me suis lavé ; alors, j’ai vu. »
Ils lui dirent : « Et lui, où est-il ? » Il répondit : « Je ne sais pas. »

On amène aux pharisiens cet homme qui avait été aveugle.
Or, c’était un jour de sabbat que Jésus avait fait de la boue et lui avait ouvert les yeux.
À leur tour, les pharisiens lui demandèrent : « Comment se fait-il que tu voies ? » Il leur répondit : « Il m’a mis de la boue sur les yeux, je me suis lavé, et maintenant je vois. »
Certains pharisiens disaient : « Celui-là ne vient pas de Dieu, puisqu’il n’observe pas le repos du sabbat. » D’autres répliquaient : « Comment un homme pécheur pourrait-il accomplir des signes pareils ? » Ainsi donc ils étaient divisés.
Alors ils s’adressent de nouveau à l’aveugle : « Et toi, que dis-tu de lui, puisqu’il t’a ouvert les yeux ? » Il dit : « C’est un prophète. »
Les Juifs ne voulaient pas croire que cet homme, qui maintenant voyait, avait été aveugle. C’est pourquoi ils convoquèrent ses parents
et leur demandèrent : « Cet homme est bien votre fils, et vous dites qu’il est né aveugle ? Comment se fait-il qu’il voie maintenant ? »
Les parents répondirent : « Nous savons que c’est bien notre fils, et qu’il est né aveugle.
Mais comment peut-il voir à présent, nous ne le savons pas ; et qui lui a ouvert les yeux, nous ne le savons pas non plus. Interrogez-le, il est assez grand pour s’expliquer. »
Ses parents parlaient ainsi parce qu’ils avaient peur des Juifs. En effet, les Juifs s’étaient déjà mis d’accord pour exclure de la synagogue tous ceux qui déclareraient que Jésus est le Messie.
Voilà pourquoi les parents avaient dit : « Il est assez grand, interrogez-le ! »

Pour la seconde fois, les pharisiens convoquèrent l’homme qui avait été aveugle, et ils lui dirent : « Rends gloire à Dieu ! Nous savons, nous, que cet homme est un pécheur. »
Il répondit : « Est-ce un pécheur ? Je n’en sais rien ; mais il y a une chose que je sais : j’étais aveugle, et maintenant je vois. »
Ils lui dirent alors : « Comment a-t-il fait pour t’ouvrir les yeux ? »
Il leur répondit : « Je vous l’ai déjà dit, et vous n’avez pas écouté. Pourquoi voulez-vous m’entendre encore une fois ? Serait-ce que vous aussi vous voulez devenir ses disciples ? »
Ils se mirent à l’injurier : « C’est toi qui es son disciple ; nous, c’est de Moïse que nous sommes les disciples. Moïse, nous savons que Dieu lui a parlé ; quant à celui-là, nous ne savons pas d’où il est. »
L’homme leur répondit : « Voilà bien ce qui est étonnant ! Vous ne savez pas d’où il est, et pourtant il m’a ouvert les yeux. Comme chacun sait, Dieu n’exauce pas les pécheurs, mais si quelqu’un l’honore et fait sa volonté, il l’exauce. Jamais encore on n’avait entendu dire qu’un homme ait ouvert les yeux à un aveugle de naissance. Si cet homme-là ne venait pas de Dieu, il ne pourrait rien faire. »
Ils répliquèrent : « Tu es tout entier plongé dans le péché depuis ta naissance, et tu nous fais la leçon ? » Et ils le jetèrent dehors.

Jésus apprit qu’ils l’avaient expulsé. Alors il vint le trouver et lui dit : « Crois-tu au Fils de l’homme ? »
Il répondit : « Et qui est-il, Seigneur, pour que je croie en lui ? »
Jésus lui dit : « Tu le vois, et c’est lui qui te parle. »
Il dit : « Je crois, Seigneur ! », et il se prosterna devant lui.
Jésus dit alors : « Je suis venu en ce monde pour une remise en question : pour que ceux qui ne voient pas puissent voir, et que ceux qui voient deviennent aveugles. »
Des pharisiens qui se trouvaient avec lui entendirent ces paroles et lui dirent : « Serions-nous des aveugles, nous aussi ? »
Jésus leur répondit : « Si vous étiez des aveugles, vous n’auriez pas de péché ; mais du moment que vous dites : ‘Nous voyons !’ votre péché demeure. »
Patrick Braud

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4 décembre 2009

Une foi historique

Classé sous Communauté spirituelle — lhomeliedudimanche @ 9 h 08 min

Une foi historique

Homélie du 2ème dimanche de l’Avent
Dimanche 6 Décembre 2009 / Année C

Dieu parle dans l’histoire humaine

Imaginez que sur la brique la Cathédrale d’Evry, inaugurée en 1996, on ait représenté la chute du Mur de Berlin de 1989, et vous aurez une idée du caractère historique de la foi…
Et pourtant on aurait raison de graver une telle scène : dans la foi, nous pouvons lire l’évènement de la chute du Mur de Berlin comme une parole de Dieu pour notre monde, comme une action de l’Esprit de Dieu pour plus de liberté et moins de mon songe. Ce mur qui tombait en 1989 nous révèle quelque chose de Dieu lui-même que nous n’avons pas fini de méditer.

nullNous avons fêté donc le 20° anniversaire de la chute du Mur de Berlin cette année. Une immense espérance ! Mais peu de commentateurs ont souligné le rôle actif, irremplaçable, des chrétiens d’Allemagne de l’Est, dans cette révolution pacifique. Les temples protestants et les églises catholiques étaient devenus les seuls lieux de parole libre. L’inspiration évangélique ancrait l’envie de liberté dans la non-violence, et même l’amour des ennemis. La résistance spirituelle, dérisoire au début à force de bougies dans la nuit sur les places de la RDA, est devenue peu à peu une vague populaire que Gorbatchev n’a heureusement pas voulu briser dans le sang. De même qu’en Pologne la foi a fait plier un régime inhumain, la prière et l’attente spirituelle des allemands de l’Est a fini par faire tomber les murailles de Jéricho élevées en 1962 dans Berlin.

C’est donc que la foi transforme l’histoire (avec d’autres facteurs, c’est vrai : mais justement, elle fait système).

 

Dieu parle dans l’histoire humaine

À nous de la déchiffrer !

Les textes de ce Dimanche nous invitent à voir l’histoire autrement : pas seulement les faits divers le journal télévisée de 20h, pas d’abord l’histoire des puissants de ce monde, pas uniquement une histoire de drames et de violence.
Non : une histoire habitée par Dieu lui-même. Des évènements à déchiffrer. Des gestes collectifs à travers lesquels Dieu parle…

Quelle est votre théologie de l’histoire ?…

Écoutez le prophète Baruch qui relit le prophète Isaïe : « Débout Jérusalem ! vois tes enfants rassemblés. Tu les avais vu partir à pied, emmenés par des ennemis, et Dieu te les ramène portés en triomphe ! » Parce qu’il se souvient du retour à Jérusalem, après les 60 ans d’Exil à Babylone, Baruch annonce aux Juifs que leurs diaspora un jour se terminera.

nullIl aura fallu attendre 22 siècles, jusqu’en 1948, pour que ce texte de Baruch s’accomplisse, avec le retenir des Juifs à Jérusalem? De même que l’Exil à Babylone avait un sens ainsi que le retour d’Exil, l’exil du temps de Baruch et la dispersion de l’an 70 sont également des évènements de leur histoire que les juifs ne cessent de méditer (et nous chrétiens avec eux).

Ainsi la Shoah, cette catastrophe épouvantable de la 2° guerre mondiale, et ensuite la création de l’État moderne d’Israël, continuent d’être une histoire où Dieu se révèle?

L’histoire est également très présente dans l’Evangile d’aujourd’hui, qui fourmille de noms et de lieux historiques :Tibère, Ponce Pilate, Hérode, Philippe, Lysanias, Anne et Caiphe, Jean le Baptiste… Autant dire que les actes de ces personnages sont le théâtre où Dieu va se révéler.

C’est ce que la tradition chrétienne appelle « l’économie du salut » : à travers les évènements et les personnes de notre histoire, Dieu se révèle, en communiquant son salut.
Le Concile Vatican II précise :
« Pareille économie de la Révélation comprend des événements et des paroles intimement unis entre eux. Les oeuvres, réalisées par Dieu dans l’histoire du salut, attestent et corroborent (…) les paroles, tandis que les paroles (…) éclairent le mystère que les oeuvres contiennent. » (Dei Verbum n° 2)

« Dieu se révéla, en paroles et en actes, au peuple de son choix, comme l’unique Dieu véritable et vivant. L’économie du salut, (…) racontée et expliquée par les auteurs sacrés, apparaît donc dans les livres de l’Ancien Testament comme la vraie parole de Dieu. (Dei Verbum n° 13)

Notre histoire est une histoire du salut. Dieu ne se révèle pas seulement dans la Bible.
« Dieu ne se révèle pas seulement dans la liturgie.
Il se communique également lui-même à travers les évènements de notre histoire.

Plus encore que dans la création, Dieu parle dans l’histoire de l’humanité. Il révèle sa présence dans les événements du monde, en établissant à diverses reprises un dialogue avec les hommes créés à son image, pour créer avec chacun une communion de vie et d’amour. L’histoire devient ainsi un chemin de connaissance réciproque entre le Créateur et l’être humain, un dialogue qui a pour but ultime de nous conduire de l’esclavage du péché à la liberté de l’amour.
Ainsi vécue, l’histoire devient un chemin vers la liberté.
Voulez-vous parcourir ce chemin?
Voulez-vous participer vous aussi à cette aventure? »
JEAN PAUL II à Lviv (Ukraine) Mardi 26 Juin 2001

 

Dieu parle dans l’histoire humaine
Ce 2ème Dimanche de l’Avent interroge ainsi notre conception de l’histoire.
Histoire collective :
- pouvons-nous en Eglise nous entraider à lire les « signes des temps » (Vatican II) ?
- à interpréter les bouleversements et les progrès actuels ?
- à discerner la parole de Dieu qui nous est adressée à travers l’actualité ? les évènements présents ? les échéances à venir ?

Histoire personnelle également :
– désirons-nous apprendre à relire notre histoire individuelle ?
– à en repérer les tournants décisifs, les lignes de force, les points de rupture ?…
Le traditionnel « examen de conscience » du soir de St Ignace et des jésuites par exemple, repose sur le caractère historique de notre foi : ne pas laisser passer une journée sans recueillir le nouveau visage de Dieu qui s’y révèle, à travers les rencontres, les gestes, les paroles d’une journée ordinaire ou extraordinaire.

Dieu parle dans l’histoire humaine… :
que l’Avent nous éveille à une foi authentiquement historique
.

 

Lectures du 2° Dimanche de l’Avent / Année C

Ba 5, 1-9
Jérusalem, quitte ta robe de tristesse et de misère, et revêts la parure de la gloire de Dieu pour toujours, enveloppe-toi dans le manteau de la justice de Dieu, mets sur ta tête le diadème de la gloire de l’Éternel. Dieu va déployer ta splendeur partout sous le ciel, car Dieu pour toujours te donnera ces noms : « Paix-de-la-justice » et « Gloire-de-la-piété-envers-Dieu ». Debout, Jérusalem ! Tiens-toi sur la hauteur, et regarde vers l’orient : vois tes enfants rassemblés du levant au couchant par la parole du Dieu Saint ; ils se réjouissent parce que Dieu se souvient. Tu les avais vus partir à pied, emmenés par les ennemis, et Dieu te les ramène, portés en triomphe, comme sur un trône royal. Car Dieu a décidé que les hautes montagnes et les collines éternelles seraient abaissées, et que les vallées seraient comblées :ainsi la terre sera aplanie, afin qu’Israël chemine en sécurité dans la gloire de Dieu. Sur l’ordre de Dieu, les forêts et leurs arbres odoriférants donneront à Israël leur ombrage ; car Dieu conduira Israël dans la joie, à la lumière de sa gloire, lui donnant comme escorte sa miséricorde et sa justice.
Ps 125 (126), 1-2ab, 2cd-3, 4-5, 6
Le Seigneur a fait merveille : nous voici dans la joie
Quand le Seigneur ramena les captifs à Sion,
nous étions comme en rêve !
Alors notre bouche était pleine de rires,
nous poussions des cris de joie.Alors on disait parmi les nations :

« Quelles merveilles fait pour eux le Seigneur ! »
Quelles merveilles le Seigneur fit pour nous :
nous étions en grande fête !

Ramène, Seigneur, nos captifs,
comme les torrents au désert.
Qui sème dans les larmes
moissonne dans la joie.

Il s’en va, il s’en va en pleurant,
il jette la semence ;
il s’en vient, il s’en vient dans la joie,
il rapporte les gerbes.

Ph 1, 4-6.8-11
Frères, chaque fois que je prie pour vous tous, c’est toujours avec joie, à cause de ce que vous avez fait pour l’Évangile en communion avec moi, depuis le premier jour jusqu’à maintenant. Et puisque Dieu a si bien commencé chez vous son travail, je suis persuadé qu’il le continuera jusqu’à son achèvement au jour où viendra le Christ Jésus.
Oui, Dieu est témoin de mon attachement pour vous tous dans la tendresse du Christ Jésus. Et, dans ma prière, je demande que votre amour vous fasse progresser de plus en plus dans la connaissance vraie et la parfaite clairvoyance
qui vous feront discerner ce qui est plus important. Ainsi, dans la droiture, vous marcherez sans trébucher vers le jour du Christ ; et vous aurez en plénitude la justice obtenue grâce à Jésus Christ, pour la gloire et la louange de Dieu.

Lc 3, 1-6
L’an quinze du règne de l’empereur Tibère, Ponce Pilate étant gouverneur de la Judée, Hérode prince de Galilée, son frère Philippe prince du pays d’Iturée et de Traconitide, Lysanias prince d’Abilène, les grands prêtres étant Anne et Caïphe, la parole de Dieu fut adressée dans le désert à Jean, fils de Zacharie. Il parcourut toute la région du Jourdain ; il proclamait un baptême de conversion pour le pardon des péchés, comme il est écrit dans le livre du prophète Isaïe :A travers le désert, une voix crie : Préparez le chemin du Seigneur,aplanissez sa route. Tout ravin sera comblé,toute montagne et toute colline seront abaissées ; les passages tortueux deviendront droits,les routes déformées seront aplanies ; et tout homme verra le salut de Dieu.
Patrick BRAUD
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