L'homélie du dimanche (prochain)

3 mai 2013

L’Esprit et la mémoire

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L’Esprit et la mémoire

Homélie du 6°dimanche de Pâques / Année C
05/05/2013

Dans l’évangile de Jean, l’Esprit Saint est intimement lié à deux fonctions essentielles de la vie chrétienne : le pardon et la mémoire.

Le pardon y apparaît comme un fruit de l’Esprit répandu sur les disciples lors de l’équivalent de la Pentecôte chez Jean, lorsque Jésus nécessité « souffle » à ses disciples le pouvoir de pardonner : « il souffla sur eux et leur dit : « Recevez l’Esprit Saint. Ceux à qui vous remettrez les péchés, ils leur seront remis; ceux à qui vous les retiendrez, ils leur seront retenus. » » (Jn 12,22-23)

La mémoire quant à elle apparaît clairement liée à l’envoi de l’Esprit Saint par le Père lui-même : « il vous enseignera tout, il vous fera souvenir de tout ce que je vous ai dit ». (Jn 14,26)

Attardons sur ce deuxième effet spirituel qui est au coeur de la page d’évangile de ce Dimanche : l’Esprit et le souvenir.

 

Du travail de mémoire

Si le Christ nous promet l’Esprit Saint au secours de notre mémoire, c’est donc que naturellement, par nous-mêmes, nous avons du mal à nous souvenir. Notre mémoire sélectionne à notre insu, fait un tri dont la clé nous échappe. Il suffit d’écouter les personnes âgées raconter leur vie pour deviner ce qui n’est pas dit… La même mésaventure est arrivée aux disciples de Jésus alors qu’ils étaient encore à ses côtés. Comme le dit la sagesse populaire, ses paroles sont bien souvent rentrées par une oreille et sorties par l’autre !

Jésus est donc obligé de les faire souvenir de ses paroles et de ses actes, pour les aider à comprendre ce qui leur arrive.

Ainsi devant le choc des persécutions qui s’annoncent : « Rappelez-vous la parole que je vous ai dite : Le serviteur n’est pas plus grand que son maître. S’ils m’ont persécuté, vous aussi ils vous persécuteront ; s’ils ont gardé ma parole, la vôtre aussi ils la garderont. » (Jn 15,)

Au lieu du Messie glorifié devant tous, voilà que les arrestations, emprisonnements, coups de fouet et autres humiliations vont s’abattre sur les premiers chrétiens. Se souvenir de la fin lamentable de Jésus sur la croix, et de sa parole : « le serviteur n’est pas plus grand que son maître » aidera les croyants à ne pas se décourager, à déchiffrer les persécutions comme une voie d’union intime au Christ. Les martyrs ont affronté les supplices et la mort en s’appuyant sur cette parole, vivant trésor de l’Église grâce à l’Esprit Saint qui la maintenait actuelle en la faisant circuler sur les lèvres des premiers témoins.

De même en Jn 16,3-4 : « On vous exclura des synagogues. Bien plus, l’heure vient où quiconque vous tuera pensera rendre un culte à Dieu. Et cela, ils le feront pour n’avoir reconnu ni le Père ni moi. Mais je vous ai dit cela, pour qu’une fois leur heure venue, vous vous rappeliez que je vous l’ai dit. »

Quand on n’y voit plus clair, quand on n’y comprend plus rien, se rappeler les paroles du Christ sur l’exclusion et le fanatisme religieux meurtrier à l’encontre des chrétiens permet de comprendre : au-delà de leur victoire apparente, les persécuteurs en fait vont manifester le vrai dessein de Dieu, à savoir la victoire de l’amour sur la haine.

Nous sommes tellement bouchés que Jésus est obligé de son vivant d’interpeller vivement ses disciples : « Avez-vous donc l’esprit bouché, des yeux pour ne point voir et des oreilles pour ne point entendre ? Et ne vous rappelez-vous pas, quand j’ai rompu les cinq pains pour les 5.000 hommes, combien de couffins pleins de morceaux vous avez emportés ? » Ils lui disent: « Douze »  –  « Et lors des sept pour les 4.000 hommes, combien de corbeilles pleines de morceaux avez-vous emportées ? » Et ils disent: « Sept. » Alors il leur dit: « Ne comprenez-vous pas encore ? »  » (Mc 8,18-21).

Pour interpréter le sens des gestes de Jésus, au-delà de leur signification matérielle immédiate, il faut ce travail de l’Esprit en nous.

Après le sens littéral, c’est donc qu’il y a un sens spirituel aux événements qui nous affectent. C’est justement le rôle de l’Esprit que de nous introduire dans une intelligence plus profonde, plus subtile des événements de notre histoire 1.

Les intégristes se limitent à une lecture fondamentaliste, littérale, des textes. Ils se ferment à une lecture authentiquement spirituelle, c’est-à-dire inspirée par l’Esprit Saint, où ces textes d’hier deviennent une parole pour aujourd’hui.

Devant le tombeau vide et l’étonnement des femmes, les anges font appel à leur souvenir des paroles de Jésus : « Rappelez-vous comment il vous a parlé, quand il était encore en Galilée : « Il faut, disait-il, que le Fils de l’homme soit livré aux mains des pécheurs, qu’il soit crucifié, et qu’il ressuscite le troisième jour. » Et elles se rappelèrent ses paroles. » (Lc 24,7-8)

Pour interpréter la Passion et la croix comme librement assumées par Jésus, il faut faire mémoire de ses paroles où il y a vu l’aboutissement de la volonté du Père (« aller chercher et sauver ceux qui étaient perdus », en allant les rejoindre au plus bas).

De même, devant le choix bizarre de Jésus : pourquoi vouloir un petit âne pour entrer triomphalement dans Jérusalem ? « Jésus, trouvant un petit âne, s’assit dessus selon qu’il est écrit : « Sois sans crainte, fille de Sion : voici que ton roi vient, monté sur un petit d’ânesse. » Cela, ses disciples ne le comprirent pas tout d’abord; mais quand Jésus eut été glorifié, alors ils se souvinrent que cela était écrit de lui et que c’était ce qu’on lui avait fait. » (Jn 12,15-16)

Là, c’est le souvenir – après-coup – de la parole du prophète qui permet d’éclairer le comportement de Jésus. Sur le moment, ses disciples n’y ont rien compris. C’est seulement après, avec la venue de l’Esprit Saint, que leur intelligence s’est ouverte. Ce n’est qu’après coup qu’on peut mettre des paroles sur des événements ; et c’est le rôle de l’Esprit.

D’où l’importance d’apprendre l’Écriture par c?ur, afin que ce travail se fasse à partir du plus profond de nous-mêmes, à partir du c?ur de notre être : Jésus avait appris par coeur les paroles des psaumes, qui lui sont remontées naturellement aux lèvres lorsqu’il lui a fallu faire face à l’horreur de la croix (« j’ai soif » ; « Pourquoi m’as-tu abandonné ? » ; « Père entre tes mains? »)

Pierre fait également l’expérience de la force du souvenir d’une parole du Christ : « Alors il se mit à jurer avec force imprécations : « Je ne connais pas cet homme. » Et aussitôt un coq chanta. Et Pierre se souvint de la parole que Jésus avait dite: « Avant que le coq chante, tu m’auras renié trois fois. » Et, sortant dehors, il pleura amèrement. » (Mt 26,74-75)

Le souvenir de la parole de Jésus permet la contrition, c’est-à-dire le regret sincère de ce qui nous a éloigné de lui. On retrouve ainsi le lien entre l’Esprit Saint et le pardon.

Même les ennemis de Jésus se souviennent de ses paroles ! Ils contribuent sans le savoir à les accomplir : « Le lendemain, c’est-à-dire après la Préparation, les grands prêtres et les Pharisiens se rendirent en corps chez Pilate et lui dirent: « Seigneur, nous nous sommes souvenus que cet imposteur  a dit,  de son  vivant : Après  trois jours je ressusciterai ! Commande donc que le sépulcre soit tenu en sûreté jusqu’au troisième jour, pour éviter que ses disciples ne viennent le dérober et ne disent au peuple : Il est ressuscité des morts! Cette dernière imposture serait pire que la première. » » (Mt 27,63-64) Les grands prêtres veulent éviter une supercherie, mais cela tourne finalement à renforcer le témoignage des femmes : qui aurait pu déjouer la surveillance de ces forces de sécurité romaines ?

Bien des choses qui nous arrivent sont obscures sur le moment. À l’image de Marie, ne comprenant pas tout, nous pouvons cependant garder et méditer toutes ces choses en notre coeur. Alors l’Esprit fera son chemin, et tissera les liens entre notre histoire et la parole de Dieu qui nous permet de déchiffrer cette histoire.

« Les Juifs lui dirent alors: « Il a fallu 46 ans pour bâtir ce sanctuaire, et toi, en trois jours tu le relèveras? » Mais lui parlait du sanctuaire de son  corps. Aussi, quand il ressuscita d’entre les morts, ses disciples se rappelèrent qu’il avait dit cela, et ils crurent à l’Écriture et à la parole qu’il avait dite. » (Jn 2,21-22)

Ce n’est qu’après la résurrection que les disciples comprirent la parole de Jésus. Nous aussi, c’est bien souvent après une expérience spirituelle forte de renaissance que nous pouvons interpréter autrement les destructions ou les bouleversements qui ont jalonné notre parcours.

Devant un acte provoquant et choquant, seule la mémoire de l’Écriture peut permettre de voir ces événements sous un autre angle, et ainsi de les interpréter autrement :« aux vendeurs de colombes il dit: « Enlevez cela d’ici. Ne faites pas de la maison de mon Père une maison de commerce. » Ses disciples se rappelèrent qu’il est écrit : « Le zèle pour ta maison me dévorera. » (Jn 2,16-17)

Pierre, devant le centurion Romain Corneille inondé d’Esprit Saint, est interloqué : comment, des païens ont eux aussi accès à la vie dans l’Esprit, à égalité avec les juifs ? «Je me suis alors rappelé cette parole du Seigneur : Jean, disait-il, a baptisé avec de l’eau, mais vous, vous serez baptisés dans l’Esprit Saint. Si donc Dieu leur a accordé le même don qu’à nous, pour avoir cru au Seigneur Jésus Christ, qui étais-je, moi, pour faire obstacle à Dieu. » » (Ac 11,16-17)

On ne comprend rien à l’Église, à sa Tradition vivante, si on ne se souvient pas comme Pierre que l’Esprit tire sans cesse du neuf de l’ancien, et conduit l’Église là où elle-même n’aurait jamais pensé aller.

À l’approche de son supplice qui va dérouter bien des baptisés, Pierre encouragera la communauté de Rome à se souvenir : « Je crois juste, tant que je suis dans cette tente, de vous tenir en éveil par mes rappels, sachant, comme d’ailleurs notre Seigneur Jésus Christ me l’a manifesté, que l’abandon de ma tente est proche. Mais j’emploierai mon zèle à ce qu’en toute occasion, après mon départ, vous puissiez vous remettre ces choses en mémoire. » (2P 1,13-15)

Et Paul insistera : c’est un vrai travail que de se souvenir des paroles de Jésus. « De toutes manières je vous l’ai montré : c’est en peinant ainsi qu’il faut venir en aide aux faibles et se souvenir des paroles du Seigneur Jésus, qui a dit lui-même : Il y a plus de bonheur à donner qu’à recevoir. » (Ac 20) Ce souvenir de Paul nous livre une phrase de Jésus inconnue des 4 évangiles : comme quoi la mémoire vivante déborde largement la lettre de l’Écriture !

 

La mémoire chrétienne n’a pour autant rien à voir avec l’invention de faux souvenirs.

Afficher l'image d'origineUne expérience de psychologie sociale menée en 2010 auprès de 5269 participants aux USA indique que 50 % des participants se sont « souvenus » de la fameuse poignée de main entre Obama et Ahmadinejad (président d’Iran) 2. Or ce soi-disant événement… n’a jamais existé ! C’est ce qu’on appelle un faux souvenir, un souvenir qui est induit par une pression ou un contexte extérieur ambiant qui le rend crédible. Ces faux souvenirs induits ont fait des ravages dans beaucoup de familles aux USA comme en Europe : sous couvert de travail thérapeutique de mémoire, des soi-disant thérapeutes induisaient chez leurs patients la remontée de paroles ou d’actes n’ayant jamais existé, mais auxquels les patients finissent par croire dur comme fer.

Rien de tel dans la mémoire chrétienne : l’Esprit Saint nous conduit « vers la vérité tout entière », pas vers une manipulation de nos souvenirs. Les témoins du Ressuscité n’ont pas inventé le souvenir de leurs rencontres avec lui. Les évangélistes n’ont pas imaginé ce qu’ils racontent. Les premières communautés chrétiennes n’ont pas reconstruit les actes de Jésus pour les utiliser à légitimer leur pratique. Non : le travail de l’Esprit est de se souvenir fidèlement, et bien souvent de manière critique, c’est-à-dire interrogeant la communauté elle-même au lieu de lui donner raison sur tout. C’est ce qu’un théologien (Henri-Jérôme Gagey) appelle « la tradition d’un rapport critique à la Tradition ». Ce travail de mémoire qu’opère l’Esprit Saint n’est pas un travail de légitimation de ses intérêts en s’appuyant sur de faux souvenirs habilement reconstruits, mais un travail critique de remise en cause de l’Église elle-même pour devenir plus fidèle à ce que la parole du Christ attend d’elle aujourd’hui.

Vous le voyez : le lien entre l’Esprit Saint et la mémoire est très étroit.

La langue française en garde d’ailleurs quelques traces : perdre l’esprit va de pair avec perdre la mémoire ; il nous faut rassembler nos esprits pour pouvoir nous souvenir ; et avoir à l’esprit quelque chose, c’est justement ne pas l’oublier.

Si nous ne voulons pas qu’un Alzheimer intérieur nous prive de notre identité profonde, comment cultiver une mémoire chrétienne des paroles et des actes qui ont compté pour nous ?

La liturgie de l’Église est une éducation à cette mémoire chrétienne :

« Dans la Liturgie de la Parole l’Esprit Saint  » rappelle  » à l’Assemblée tout ce que le Christ a fait pour nous. Selon la nature des actions liturgiques et les traditions rituelles des Églises, une célébration  » fait mémoire  » des merveilles de Dieu dans une Anamnèse plus ou moins développée. L’Esprit Saint, qui éveille ainsi la mémoire de l’Église, suscite alors l’action de grâces et la louange (doxologie). » (Catéchisme de l’Église catholique n° 1103)

À quelle source allons-nous puiser pour laisser l’Esprit nous faire souvenir de ce que le Christ a dit et fait pour nous tout au long de notre histoire ?

 

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 1. Ici, en Mc 8,18, c’est le symbolisme des chiffres de la multiplication des pains : 5000 hommes pour le peuple de la Torah (les 5 livres de la Loi), 12 couffins pour les 12 tribus d’Israël, 4000 hommes pour les 4 coins de l’horizon, 7 corbeilles pour les 7 jours de la création, et donc finalement l’universalité de l’eucharistie réunissant à la fois Israël et l’Église.

2. Journal of Experimental Social Psychology, Vol. 49, 2013.

 

1ère lecture : L’Église décide d’accueillir les païens sans leur imposer la loi juive (Ac 15, 1-2.22-29)

Lecture du livre des Actes des Apôtres

Certaines gens venus de Judée voulaient endoctriner les frères de l’Église d’Antioche en leur disant : « Si vous ne recevez pas la circoncision selon la loi de Moïse, vous ne pouvez pas être sauvés. » Cela provoqua un conflit et des discussions assez graves entre ces gens-là et Paul et Barnabé. Alors on décida que Paul et Barnabé, avec quelques autres frères, monteraient à Jérusalem auprès des Apôtres et des Anciens pour discuter de cette question.

Finalement, les Apôtres et les Anciens décidèrent avec toute l’Église de choisir parmi eux des hommes qu’ils enverraient à Antioche avec Paul et Barnabé. C’étaient des hommes qui avaient de l’autorité parmi les frères : Jude (appelé aussi Barsabbas) et Silas.
Voici la lettre qu’ils leur confièrent : « Les Apôtres et les Anciens saluent fraternellement les païens convertis, leurs frères, qui résident à Antioche, en Syrie et en Cilicie.
Nous avons appris que quelques-uns des nôtres, sans aucun mandat de notre part, sont allés tenir des propos qui ont jeté chez vous le trouble et le désarroi. Nous avons décidé à l’unanimité de choisir des hommes que nous enverrions chez vous, avec nos frères bien-aimés Barnabé et Paul qui ont consacré leur vie à la cause de notre Seigneur Jésus Christ.
Nous vous envoyons donc Jude et Silas, qui vous confirmeront de vive voix ce qui suit :
L’Esprit Saint et nous-mêmes avons décidé de ne pas faire peser sur vous d’autres obligations que celles-ci, qui s’imposent : vous abstenir de manger des aliments offerts aux idoles, du sang, ou de la viande non saignée, et vous abstenir des unions illégitimes. En évitant tout cela, vous agirez bien. Courage ! »

Psaume : Ps 66, 2b-3, 5abd, 7b-8

R/ Dieu, que les peuples t’acclament ! Qu’ils t’acclament, tous ensemble !

Qu ton visage s’illumine pour nous ;
et ton chemin sera connu sur la terre,
ton salut, parmi toutes les nations.

Que les nations chantent leur joie,
car tu gouvernes le monde avec justice ;
sur la terre, tu conduis les nations.

Dieu, notre Dieu, nous bénit.
Que Dieu nous bénisse,
et que la terre tout entière l’adore !

2ème lecture : L’Agneau est la lumière du peuple de Dieu (Ap 21, 10-14.22-23)

Lecture de l’Apocalypse de saint Jean

Moi, Jean, j’ai vu un ange qui m’entraîna par l’esprit sur une grande et haute montagne ; il me montra la cité sainte, Jérusalem, qui descendait du ciel, d’auprès de Dieu.
Elle resplendissait de la gloire de Dieu, elle avait l’éclat d’une pierre très précieuse, comme le jaspe cristallin.
Elle avait une grande et haute muraille, avec douze portes gardées par douze anges ; des noms y étaient inscrits : ceux des douze tribus des fils d’Israël.
Il y avait trois portes à l’orient, trois au nord, trois au midi, et trois à l’occident.
La muraille de la cité reposait sur douze fondations portant les noms des douze Apôtres de l’Agneau.
Dans la cité, je n’ai pas vu de temple, car son Temple, c’est le Seigneur, le Dieu tout-puissant, et l’Agneau.
La cité n’a pas besoin de la lumière du soleil ni de la lune, car la gloire de Dieu l’illumine, et sa source de lumière, c’est l’Agneau.

Evangile : La promesse de la venue de l’Esprit (Jn 14, 23-29)

Acclamation : Alléluia. Alléluia. Le Seigneur ressuscité demeure au milieu des siens : il leur donne sa paix. Alléluia. (cf. Jn 14, 25.27)

Évangile de Jésus Christ selon saint Jean

À l’heure où Jésus passait de ce monde à son Père, il disait à ses disciples : « Si quelqu’un m’aime, il restera fidèle à ma parole ; mon Père l’aimera, nous viendrons chez lui, nous irons demeurer auprès de lui. Celui qui ne m’aime pas ne restera pas fidèle à mes paroles. Or, la parole que vous entendez n’est pas de moi : elle est du Père, qui m’a envoyé. Je vous dis tout cela pendant que je demeure encore avec vous ; mais le Défenseur, l’Esprit Saint que le Père enverra en mon nom, lui, vous enseignera tout, et il vous fera souvenir de tout ce que je vous ai dit.
C’est la paix que je vous laisse, c’est ma paix que je vous donne ; ce n’est pas à la manière du monde que je vous la donne. Ne soyez donc pas bouleversés et effrayés. Vous avez entendu ce que je vous ai dit : Je m’en vais, et je reviens vers vous. Si vous m’aimiez, vous seriez dans la joie puisque je pars vers le Père, car le Père est plus grand que moi. Je vous ai dit toutes ces choses maintenant, avant qu’elles n’arrivent ; ainsi, lorsqu’elles arriveront, vous croirez. »
Patrick Braud

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26 mai 2012

Et si l’Esprit Saint n’existait pas ?

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Et si l’Esprit Saint n’existait pas ?

 

Homélie pour la fête de Pentecôte

27/05/2012

 

Si l’Esprit Saint n’existait pas, est-ce que cela changerait quelque chose à votre existence ?

En cette fête de Pentecôte, la question n’est pas seulement une provocation pleine d’humour. C’est une question vitale. Beaucoup de chrétiens en effet vivent comme si l’Esprit Saint n’existait pas, alors qu’au contraire et paradoxalement beaucoup de non-chrétiens vivent en pratique en se laissant conduire par ce même Esprit.

 

Que veut dire vivre comme si l’Esprit Saint n’existait pas ?

C’est par exemple ne le prier jamais.

Nous sommes tellement habitués à dire « Seigneur, Seigneur » dans nos prières que nous ne savons plus très bien à qui elle s’adresse : au Père ? au Fils ? Mais l’Esprit également est Seigneur (cf. le credo : « il est Seigneur et il donne la vie »). Alors, pourquoi s’adresser à lui aussi rarement ?

Heureusement la liturgie a gardé les trésors où l’élan vers l’Esprit est porté par celui-là même qu’il implore : notre séquence de Pentecôte (« Viens Esprit Saint en nos coeurs »), le Veni Creator Spiritus qui accompagne toute ordination, les deux épiclèses (invocation à l’Esprit Saint) qui accompagnent normalement toute prière eucharistique (sauf la numéro 1 à qui elles manquent cruellement) etc.

Fêter Pentecôte, c’est d’abord retrouver cette place de la prière à l’Esprit Saint : avant la prière mariale, bien avant la prière confiante dans l’intercession des saints, la prière à l’Esprit Saint est la marque caractéristique de la prière chrétienne. C’est  une exultation de joie telle que l’a connue Jésus (« il tressaillit de joie sous l’action de l’Esprit Saint » Lc 10,21) ou Marie dans son Magnificat.

Elle est une supplication pour se laisser entraîner dans une vie « spirituelle » :

« Lave ce qui est souillé,

baigne ce qui est aride,

guéris ce qui est blessé.


Assouplis ce qui est raide,

réchauffe ce qui est froid,

rends droit ce qui est faussé ». (séquence de Pentecôte)

Elle est le trait d’union entre une conduite purement humaine et une aventure inspirée.

 

Que signifie encore : vivre comme si l’Esprit Saint n’existait pas ?

C’est en pratique assimiler Dieu à une vague déité sans visage, où l’on croit en une force toute-puissante, impersonnelle. Sans l’Esprit Saint, notre Dieu est au mieux celui du judaïsme (bien que la tradition juive parle de la Ruah YHWH = souffle de Dieu, et ait bien des intuitions de l’existence de cette figure divine), au pire celui des religions païennes environnantes, et au milieu le Dieu de l’islam, solitaire à force d’être unique.

Si notre foi n’est pas trinitaire, alors toute la révélation accomplie en Jésus-Christ n’est qu’anecdotique.

Et si l'Esprit Saint n'existait pas ? dans Communauté spirituelle trinite01

Sans l’Esprit, pas de communion en Dieu, et donc pas de communion entre les hommes. Car c’est lui qui est le lien vivant unissant le Père et le Fils, « en un seul baiser d’amour » osaient dire les Pères de l’Église.

Sans l’Esprit pas de diversité en Dieu, pas d’altérité chez le tout-Autre. Et l’amour promeut la différence, en l’homme comme en Dieu. Dieu ne peut pas être amour s’il n’est pas communion de deux personnes ouvertes sur une autre qu’elles-mêmes, et c’est l’Esprit qui est ce flux intime assurant l’échange permanent entre le Père et le Fils, comme entre Dieu et nous.

 

C’est donc non seulement notre identité proprement chrétienne (et pas seulement croyante) qui est en jeu dans la fête de Pentecôte et de la Trinité qui s’ensuit, mais aussi notre capacité à entrer en communion profonde les uns avec les autres, avec le monde créé, avec Dieu.

Le phénomène des langues étrangères qui sont comprises et se comprennent dans Ac 2 relèvent de cette annonce : l’effet de l’effusion de l’Esprit est de rendre possible la communication entre ceux qui étaient étrangers les uns aux autres. Toute activité humaine qui contribue à ce résultat est sans aucun doute inspirée par l’Esprit : la musique lorsqu’elle rassemble au-delà des barrières et des frontières, la science (et singulièrement le langage mathématique qui est universel) lorsqu’elle stimule le génie de chaque scientifique à s’unir aux autres pour progresser, l’économie même lorsqu’elle favorise une mondialisation respectueuse de la différence de chaque peuple.

 

Que voudrait dire encore vivre comme si l’Esprit ça n’existait pas ?

L’Esprit « souffle où il veut » (Jn 3,8) et il se moque des étiquettes ecclésiales. Si la foi en l’Esprit Saint s’affaiblit (comme chez les intégristes où elle est remplacée par l’obsession de la tradition à répéter), alors on devient incapable de reconnaître qu’il y ait du salut en dehors de l’Église. On se crispe sur des replis identitaires où seuls les purs seraient sauvés. Mais Moïse lui-même a reconnu que l’Esprit du Seigneur pouvait agir librement en dehors de lui (cf. l’épisode avec Eldad et Médad [1]), et Jésus a bien été obligé de reconnaître cette même liberté de l’Esprit (cf. l’épisode où quelqu’un libère au Nom de Jésus sans faire partie du groupe des disciples  [2]). Sans l’Esprit, l’histoire humaine n’est plus le lieu d’une aventure commune où Dieu et l’homme inventent ensemble un pas de danse propre à chaque génération. Si l’histoire n’est plus spirituelle, elle devient idéologique (à la manière des idéologies meurtrières du XX° siècle) ou traditionnelle (au sens le plus fixiste du terme : il n’y a plus d’histoire lorsqu’il faut seulement observer ce qui a été commandé, et répéter ce qui a été fait).

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Vous le voyez, les enjeux de Pentecôte sont impressionnants.

Prier l’Esprit, le laisser nous révéler un Dieu trinitaire, le laisser inspirer des liens de communion entre nous, le laisser être le partenaire d’une histoire vivante : nous n’en serons pas quitte avec une seule fête par an ; mais qu’au moins elle nous mène sur un chemin plus inspiré…

 


[1]Moïse sortit pour dire au peuple les paroles de Yahvé. Puis il réunit 70 anciens du peuple et les plaça autour de la Tente. Yahvé descendit dans la nuée. Il lui parla, et prit de l’Esprit qui reposait sur lui pour le mettre sur les 70 anciens. Quand l’Esprit reposa sur eux ils prophétisèrent, mais ils ne recommencèrent pas. Deux hommes étaient restés au camp; l’un s’appelait Eldad et l’autre Médad. L’Esprit reposa sur eux; bien que n’étant pas venus à la Tente, ils comptaient parmi les inscrits. Ils se mirent à prophétiser dans le camp. Un jeune homme courut l’annoncer à Moïse: « Voici Eldad et Médad, dit-il, qui prophétisent dans le camp. » Josué, fils de Nûn, qui depuis sa jeunesse servait Moïse, prit la parole et dit: « Moïse, Monseigneur, empêche-les! » Moïse lui répondit: « Serais-tu jaloux pour moi? Ah! puisse tout le peuple de Yahvé être prophète, Yahvé leur donnant son Esprit! » Puis Moïse regagna le camp, et avec lui les anciens d’Israël. (Nb 11, 24-30)

 

[2]Jean lui dit: « Maître, nous avons vu quelqu’un expulser des démons en ton nom, quelqu’un qui ne nous suit pas, et nous voulions l’empêcher, parce qu’il ne nous suivait pas. » Mais Jésus dit: « Ne l’en empêchez pas, car il n’est personne qui puisse faire un miracle en invoquant mon nom et sitôt après parler mal de moi. Qui n’est pas contre nous est pour nous. (Mc 9,38-40)

 

1ère lecture : La venue de l’Esprit Saint sur les disciples (Ac 2, 1-11)

Lecture du livre des Actes des Apôtres

Quand arriva la Pentecôte (le cinquantième jour après Pâques), ils se trouvaient réunis tous ensemble. Soudain il vint du ciel un bruit pareil à celui d’un violent coup de vent : toute la maison où ils se tenaient en fut remplie. Ils virent apparaître comme une sorte de feu qui se partageait en langues et qui se posa sur chacun d’eux. Alors ils furent tous remplis de l’Esprit Saint : ils se mirent à parler en d’autres langues, et chacun s’exprimait selon le don de l’Esprit.

Or, il y avait, séjournant à Jérusalem, des Juifs fervents, issus de toutes les nations qui sont sous le ciel. Lorsque les gens entendirent le bruit, ils se rassemblèrent en foule. Ils étaient dans la stupéfaction parce que chacun d’eux les entendait parler sa propre langue. Déconcertés, émerveillés, ils disaient : « Ces hommes qui parlent ne sont-ils pas tous des Galiléens ? Comment se fait-il que chacun de nous les entende dans sa langue maternelle ? Parthes, Mèdes et Élamites, habitants de la Mésopotamie, de la Judée et de la Cappadoce, des bords de la mer Noire, de la province d’Asie, de la Phrygie, de la Pamphylie, de l’Égypte et de la Libye proche de Cyrène, Romains résidant ici, Juifs de naissance et convertis, Crétois et Arabes, tous nous les entendons proclamer dans nos langues les merveilles de Dieu. »

 

Psaume : Ps 103, 1ab.24ac, 29bc-30, 31.34

R/ O Seigneur, envoie ton Esprit qui renouvelle la face de la terre !

Bénis le Seigneur, ô mon âme ;
Seigneur mon Dieu, tu es si grand !
Quelle profusion dans tes ?uvres, Seigneur !
La terre s’emplit de tes biens. 

Tu reprends leur souffle, ils expirent
et retournent à leur poussière. 
Tu envoies ton souffle : ils sont créés ;
tu renouvelles la face de la terre. 

Gloire au Seigneur à tout jamais !
Que Dieu se réjouisse en ses ?uvres !
Que mon poème lui soit agréable ;
moi, je me réjouis dans le Seigneur.

 

2ème lecture : « Laissons-nous conduire par l’Esprit » (Ga 5, 16-25)

Lecture de la lettre de saint Paul Apôtre aux Galates

Frères, je vous le dis : vivez sous la conduite de l’Esprit de Dieu ; alors vous n’obéirez pas aux tendances égoïstes de la chair.
Car les tendances de la chair s’opposent à l’esprit, et les tendances de l’esprit s’opposent à la chair. En effet, il y a là un affrontement qui vous empêche de faire ce que vous voudriez.
Mais en vous laissant conduire par l’Esprit, vous n’êtes plus sujets de la Loi.
On sait bien à quelles actions mène la chair : débauche, impureté, obscénité,
idolâtrie, sorcellerie, haines, querelles, jalousie, colère, envie, divisions, sectarisme,
rivalités, beuveries, gloutonnerie et autres choses du même genre. Je vous préviens, comme je l’ai déjà fait : ceux qui agissent de cette manière ne recevront pas en héritage le royaume de Dieu.
Mais voici ce que produit l’Esprit : amour, joie, paix, patience, bonté, bienveillance, foi,
humilité et maîtrise de soi. Face à tout cela, il n’y a plus de loi qui tienne.
Ceux qui sont au Christ Jésus ont crucifié en eux la chair, avec ses passions et ses tendances égoïstes.
Puisque l’Esprit nous fait vivre, laissons-nous conduire par l’Esprit.

 

sequence :

Viens, Esprit-Saint, en nos c?urs,
et envoie du haut du ciel
un rayon de ta lumière.

Viens en nous, père des pauvres.
Viens, dispensateur des dons.
Viens, lumière en nos c?urs.

Consolateur souverain,
hôte très doux de nos âmes,
adoucissante fraîcheur.

Dans le labeur, le repos ;
dans la fièvre, la fraîcheur ;
dans les pleurs, le réconfort.

O lumière bienheureuse,
viens remplir jusqu’à l’intime
le c?ur de tous tes fidèles.

Sans ta puissance divine,
il n’est rien en aucun homme,
rien qui ne soit perverti.

Lave ce qui est souillé,
baigne ce qui est aride,
guéris ce qui est blessé.

Assouplis ce qui est raide,
réchauffe ce qui est froid,
rends droit ce qui est faussé.

À tous ceux qui ont la foi
et qui en toi se confient,
donne tes sept dons sacrés.

Donne mérite et vertu
donne le salut final
donne la joie éternelle. Amen.

 

Evangile : « L’Esprit de vérité vous guidera » (Jn 15, 26-27; 16, 12-15)

Acclamation : Alléluia. Alléluia. Viens, Esprit Saint ! Pénètre le c?ur de tes fidèles ! Qu’ils soient brûlés au feu de ton amour! Alléluia.

 

Évangile de Jésus Christ selon saint Jean

À l’heure où Jésus passait de ce monde à son Père, il disait à ses disciples : « Quand viendra le Défenseur, que je vous enverrai d’auprès du Père, lui, l’Esprit de vérité qui procède du Père, il rendra témoignage en ma faveur. Et vous aussi, vous rendrez témoignage, vous qui êtes avec moi depuis le commencement.

J’aurais encore beaucoup de choses à vous dire, mais pour l’instant vous n’avez pas la force de les porter. Quand il viendra, lui, l’Esprit de vérité, il vous guidera vers la vérité tout entière. En effet, ce qu’il dira ne viendra pas de lui-même : il redira tout ce qu’il aura entendu ; et ce qui va venir, il vous le fera connaître. Il me glorifiera, car il reprendra ce qui vient de moi pour vous le faire connaître. Tout ce qui appartient au Père est à moi ; voilà pourquoi je vous ai dit : Il reprend ce qui vient de moi pour vous le faire connaître.
Patrick Braud

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11 juin 2011

La paix soit avec vous

Classé sous Communauté spirituelle — lhomeliedudimanche @ 0 h 01 min

Homélie du Dimanche de Pentecôte

 

« La paix soit avec vous »

Cette salutation du Ressuscité revient trois fois dans l’Évangile de Jean, et précisément dans ce chapitre 20. Luc le mentionne lui aussi dans le contexte de la résurrection, une seule fois (Lc 24,36).

Ce sont les seuls usages de cette expression dans le Nouveau Testament. Et le premier Testament ne l’emploie qu’une fois : dans la bouche de Raphaël, l’envoyé de Dieu à Tobie (Tb 12,17). C’est donc une expression assez rare, liée à la personne du Ressuscité et à l’envoi de l’Esprit Saint.

 

« La paix soit avec vous »

C’est encore ainsi qu’aujourd’hui un évêque (et lui seul) peut ouvrir une célébration eucharistique en saluant l’assemblée après le signe de croix initial. C’est donc que le ministère épiscopal doit nous rappeler le lien entre la résurrection et la paix.

 

« La paix soit avec vous »

Aujourd’hui comme hier, accueillir le Ressuscité c’est entrer dans la paix.

Alors que la peur nous inquiète, ceux que Dieu envoie sur notre route nous redisent comme Raphaël : « n’ayez pas peur ; la paix soit avec vous » (Tb 12,17).

Cherchez bien : il y a sûrement dans votre vie des envoyés (des « anges » !) qui vous ont aidé à trouver la paix, à la recevoir, à la reconnaître, à y entrer… Faites mémoire de ceux et celles par qui la paix est venue, qui vous l’a annoncée, offerte (quelquefois sans s’en rendre compte eux-mêmes). Dans des moments de trouble, ils ont su trouver les mots, les gestes, vous inspirer la confiance malgré tout, l’espérance contre toute espérance.

 

Dans l’Évangile, cette paix survient alors que les portes du lieu où se trouvent les disciples sont fermées à clé.

Peur et fermeture vont ensemble, paix et ouverture également.
Déverrouiller, sortir vers les autres, leur parler : ce sera toute l’aventure de la Pentecôte juste après. La Pentecôte est le fruit de la paix…

 

Une déclaration de paix

D’habitude, c’est la guerre qu’on déclare. Pour la paix, les hommes font des traités, des négociations, des compromis. Dieu, lui, la déclare. Unilatéralement, gratuitement, inconditionnellement. Ce qui pourrait s’apparenter à de la faiblesse chez les hommes en conflit permanent apparaît ici comme la puissance du Ressuscité. Il dit la paix et il la fait en même temps.

Être témoin du Ressuscité, c’est alors recevoir de lui cette force extraordinaire de savoir déclarer la paix sans conditions.

À ceux qui ont douté, qui l’ont trahi, se sont enfuis, le Christ déclare la paix. Comment pourrions-nous refuser d’en faire autant ? Pas de manière volontariste, pour être à la hauteur. Non : en accueillant la paix en nous, en la laissant nous traverser pour aller toucher ceux qui en ont besoin autour de nous.

La paix soit avec vous dans Communauté spirituelle 

Cette paix intérieure ne se confond pas avec l’absence de conflit. Les apôtres en feront l’expérience : persécution, prison, martyre, rien ne les empêchera de souhaiter la paix à ceux qui leur sont proches comme à ceux qui leur font du mal.

Des martyrs de Lyon au IIIe siècle à ceux de l’Ouganda en juin 1886, les récits abondent où la paix de ceux qui risquent leur vie panique leurs bourreaux. « On dirait qu’ils vont à la noce » s’étonnaient les témoins du bûcher des martyrs de l’Ouganda, en les voyant prier le Notre Père au milieu des flammes.

Nous n’en sommes pas là chez nous, heureusement. Mais les combats de chacun pour sa famille, son travail, ses engagements sont de vraies tensions où plus que jamais la paix promise peut faire son chemin.

 

La paix soit avec vous : elle peut venir alors que des combats sont à mener en entreprise, en politique, dans les débats publics sur le respect de la vie et des plus faibles.

 

Frère Roger (de Taizé) l’écrivait de Russie en 1989 : « dans la paix du coeur se dissipe les inquiétudes sur toi-même, et tu vas jusqu’à découvrir à quel point tu te réalises dans une vie donnée »…

 

 

1ère lecture : La venue de l’Esprit Saint sur les disciples (Ac 2, 1-11)

Quand arriva la Pentecôte (le cinquantième jour après Pâques), ils se trouvaient réunis tous ensemble.
Soudain il vint du ciel un bruit pareil à celui d’un violent coup de vent : toute la maison où ils se tenaient en fut remplie.
Ils virent apparaître comme une sorte de feu qui se partageait en langues et qui se posa sur chacun d’eux.
Alors ils furent tous remplis de l’Esprit Saint : ils se mirent à parler en d’autres langues, et chacun s’exprimait selon le don de l’Esprit.

Or, il y avait, séjournant à Jérusalem, des Juifs fervents, issus de toutes les nations qui sont sous le ciel.
Lorsque les gens entendirent le bruit, ils se rassemblèrent en foule. Ils étaient dans la stupéfaction parce que chacun d’eux les entendait parler sa propre langue.
Déconcertés, émerveillés, ils disaient :
« Ces hommes qui parlent ne sont-ils pas tous des Galiléens ?
Comment se fait-il que chacun de nous les entende dans sa langue maternelle ?
Parthes, Mèdes et Élamites, habitants de la Mésopotamie, de la Judée et de la Cappadoce, des bords de la mer Noire, de la province d’Asie, de la Phrygie, de la Pamphylie, de l’Égypte et de la Libye proche de Cyrène, Romains résidant ici, Juifs de naissance et convertis, Crétois et Arabes, tous nous les entendons proclamer dans nos langues les merveilles de Dieu. »

 

Psaume : Ps 103, 1ab.24ac, 29bc-30, 31.34

R/ O Seigneur, envoie ton Esprit qui renouvelle la face de la terre !

Bénis le Seigneur, ô mon âme ;
Seigneur mon Dieu, tu es si grand !
Quelle profusion dans tes ?uvres, Seigneur !
La terre s’emplit de tes biens.

Tu reprends leur souffle, il expirent
et retournent à leur poussière.
Tu envoies ton souffle : ils sont créés ;
tu renouvelles la face de la terre.

Gloire au Seigneur à tout jamais !
Que Dieu se réjouisse en ses ?uvres !
Que mon poème lui soit agréable ;
moi, je me réjouis dans le Seigneur.

 

2ème lecture : L’Esprit du Christ fait l’unité de l’Église dans la diversité (1Co 12, 3b-7.12-13)

Lecture de la première lettre de saint Paul Apôtre aux Corinthiens

Frères,
sans le Saint-Esprit, personne n’est capable de dire : « Jésus est le Seigneur. »
Les dons de la grâce sont variés, mais c’est toujours le même Esprit.
Les fonctions dans l’Église sont variées, mais c’est toujours le même Seigneur.
Les activités sont variées, mais c’est toujours le même Dieu qui agit en tous.
Chacun reçoit le don de manifester l’Esprit en vue du bien de tous.

Prenons une comparaison : notre corps forme un tout, il a pourtant plusieurs membres ; et tous les membres, malgré leur nombre, ne forment qu’un seul corps. Il en est ainsi pour le Christ.
Tous, Juifs ou païens, esclaves ou hommes libres, nous avons été baptisés dans l’unique Esprit pour former un seul corps. Tous nous avons été désaltérés par l’unique Esprit.

sequence : 

Viens, Esprit-Saint, en nos c?urs,
et envoie du haut du ciel
un rayon de ta lumière.

Viens en nous, père des pauvres.
Viens, dispensateur des dons.
Viens, lumière en nos c?urs.

Consolateur souverain,
hôte très doux de nos âmes,
adoucissante fraîcheur.

Dans le labeur, le repos ;
dans la fièvre, la fraîcheur ;
dans les pleurs, le réconfort.

O lumière bienheureuse,
viens remplir jusqu’à l’intime
le c?ur de tous tes fidèles.

Sans ta puissance divine,
il n’est rien en aucun homme,
rien qui ne soit perverti.

Lave ce qui est souillé,
baigne ce qui est aride,
guéris ce qui est blessé.

Assouplis ce qui est raide,
réchauffe ce qui est froid,
rends droit ce qui est faussé.

A tous ceux qui ont la foi
et qui en toi se confient,
donne tes sept dons sacrés.

Donne mérite et vertu
donne le salut final
donne la joie éternelle

Evangile : Jésus ressuscité donne l’Esprit Saint à ses Apôtres(Jn 20, 19-23)

Acclamation : Alléluia. Alléluia. Viens, Esprit Saint ! Pénètre le c?ur de tes fidèles ! Qu’ils soient brûlés au feu de ton amour ! Alléluia.

Évangile de Jésus Christ selon saint Jean

C’était après la mort de Jésus, le soir du premier jour de la semaine. Les disciples avaient verrouillé les portes du lieu où ils étaient, car ils avaient peur des Juifs. Jésus vint, et il était là au milieu d’eux. Il leur dit : « La paix soit avec vous ! »
Après cette parole, il leur montra ses mains et son côté. Les disciples furent remplis de joie en voyant le Seigneur.
Jésus leur dit de nouveau : « La paix soit avec vous ! De même que le Père m’a envoyé, moi aussi, je vous envoie. »
Ayant ainsi parlé, il répandit sur eux son souffle et il leur dit : « Recevez l’Esprit Saint.
Tout homme à qui vous remettrez ses péchés, ils lui seront remis ; tout homme à qui vous maintiendrez ses péchés, ils lui seront maintenus.
 Patrick Braud

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22 mai 2010

Parler la langue de l’autre

Classé sous Communauté spirituelle — lhomeliedudimanche @ 0 h 01 min

Parler la langue de l’autre

 

Homélie de la fête de Pentecôte

23/05/2010

 

La fête de Pentecôte ressemble un peu à l’exposition universelle de Shanghai de cette année 2010. Presque tous les peuples y sont représentés, chacun y est honoré à travers son génie : l’architecture originale de son pavillon, son art culinaire avec les restaurants à l’intérieur, ses oeuvres d’art (peintures, jardins)… Et tout cela dans un brouhaha de langues insoupçonnable !

 

À Jérusalem, le vrai miracle de Pentecôte, ce n’est pas la foule, ni l’universalisme de cette foule, c’est bien le fait que « tous, nous entendons proclamer dans nos langues les merveilles de Dieu ».

 

16 ethnies sont mentionnées dans la liste des Actes des Apôtres. 16 langues différentes.

Faut-il y voir un chiffre symbolique ? 8 est le chiffre de la Résurrection, de la nouvelle création ; 2 est le chiffre de l’humanité (à cause du couple homme / femme). Le chiffre 16 évoquerait alors l’impact de la Résurrection se propageant à toute l’humanité grâce au feu de l’Esprit Saint…

Chaque ethnie entend dans sa culture résonner l’annonce de la merveille qu’est la résurrection du Crucifié.

 

Depuis la Pentecôte, l’Esprit Saint ne cesse de pousser l’Église à parler toutes les langues de la terre, de l’arabe au chinois, c’est-à-dire à traduire le coeur de la foi chrétienne dans l’histoire et le génie propre de chaque peuple.

 

- Déjà l’Esprit était à l’oeuvre dans la traduction de la Torah juive : passer de l’hébreu au grec n’a pas été évident à admettre pour les ultra orthodoxes ! Il a fallu la belle légende des 70 vieillards (d’où le nom de « Septante » pour désigner cette version grecque de la Torah) étudiant chacun de leur côté le texte, et arrivant à la même traduction exactement (vers 270 avant JC), pour faire admettre aux juifs trop attachés à l’hébreu que le grec pouvait également être une inspiration divine.

 

- Puis le passage du grec au latin a été également un sacré combat dans l’Église d’Occident des premiers siècles. Le clergé savant de Rome trouvait le latin trop vulgaire (vulgus = ce qui est commun, en latin) pour s’abaisser à l’utiliser dans la liturgie. Seul le grec, pensait-on, convient à la célébration des merveilles de Dieu ! Heureusement, le besoin de nourrir le peuple dans sa langue a prévalu, et le latin remplaça le grec…

 

- Au moment d’évangéliser les pays slavons, les deux frères Cyrille et Méthode (IX° siècle), envoyés par Rome, sont restés fidèles à l’Esprit de Pentecôte en inventant un alphabet spécial pour rendre compte de la beauté de la langue de ces peuples de l’Est, pour l’écrire, traduire la Bible et célébrer la messe dans leur langue. L’alphabet « cyrillique » n’aurait pas existé sans la fête de Pentecôte !

 

- À l’inverse, au XVII° siècle, la querelle des rites chinois montre que l’Église résiste souvent à cette inspiration « pentecostale » : le pape Clément XI, mal conseillé par les dominicains adversaires des jésuites, mit fin en 1704 à l’expérience chinoise inspirée par Mattéo Ricci (jésuite) où l’eucharistie était célébrée avec les mots et les rites de la culture chinoise. Hélas, les conséquences s’en font sentir aujourd’hui encore? 

 

- Plus près de nous, Charles de Foucauld en Algérie s’est passionné pour la langue touarègue, et a le premier compilé un dictionnaire et une grammaire français / touarègue.

Les Pères blancs, missionnaires du cardinal Lavigerie, en arrivant en Afrique Noire, avaient comme premier réflexe de transcrire les langues locales en inventant une manière d’écrire leurs accents toniques si particuliers, puis de traduire la Bible, tout en sauvegardant ainsi des trésors de ces cultures orales qui auraient disparu autrement aujourd’hui (recueil de proverbes, contes, généalogies, histoires?).

 

 

Bref : célébrer Pentecôte oblige l’Église à parler la langue de l’autre !

Sans aller en Algérie ou en Russie, quelles sont tout près de nous les « langues » qui attendent d’être « parlées » par l’Église ?

Quels sont les modes de pensée apparemment lointains qui attendent que des chrétiens y expriment leur espérance en des termes familiers et bouleversants ?

 

·      Parler la langue de l’autre, c’est par exemple se passionner pour les musiques, les codes vestimentaires ou alimentaires des jeunes dont on a la charge par ailleurs.

·      Parler la langue de l’autre, c’est pour les cadres d’une entreprise prendre le temps d’écouter, de comprendre, de sentir ce qui fait le quotidien de leurs collaborateurs et des salariés dont ils sont responsables.

·      Parler la langue de l’autre, c’est pour une communauté paroissiale investir dans l’histoire de son quartier, de ses communes, dans le dialogue avec d’autres familles de pensée qui marquent ce territoire etc….

·      Parler la langue de l’autre, pour notre Église, c’est plonger dans les autres manières de voir le monde qui marquent notre époque : les nouvelles technologies, l’hyper-communication, la concentration urbaine… pour y annoncer « les merveilles de Dieu » de manière proche, compréhensible, fraternelle, bouleversante, comme à Pentecôte.

 

Oui vraiment, prions pour que notre Église ? et donc chacun de nous – se laisse bousculer par l’Esprit Saint, jusqu’à « parler la langue de l’autre »…

 

 

1ère lecture : L’Esprit Saint fait  parler  les disciples toutes les langues de la terre (Ac 2, 1-11)

Quand arriva la Pentecôte (le cinquantième jour après Pâques), ils se trouvaient réunis tous ensemble.
Soudain il vint du ciel un bruit pareil à celui d’un violent coup de vent : toute la maison où ils se tenaient en fut remplie.
Ils virent apparaître comme une sorte de feu qui se partageait en langues et qui se posa sur chacun d’eux.
Alors ils furent tous remplis de l’Esprit Saint : ils se mirent à parler en d’autres langues, et chacun s’exprimait selon le don de l’Esprit.
Or, il y avait, séjournant à Jérusalem, des Juifs fervents, issus de toutes les nations qui sont sous le ciel.
Lorsque les gens entendirent le bruit, ils se rassemblèrent en foule. Ils étaient dans la stupéfaction parce que chacun d’eux les entendait parler sa propre langue.
Déconcertés, émerveillés, ils disaient : « Ces hommes qui parlent ne sont-ils pas tous des Galiléens ?
Comment se fait-il que chacun de nous les entende dans sa langue maternelle ?
Parthes, Mèdes et Élamites, habitants de la Mésopotamie, de la Judée et de la Cappadoce, des bords de la mer Noire, de la province d’Asie,
de la Phrygie, de la Pamphylie, de l’Égypte et de la Libye proche de Cyrène, Romains résidant ici,
Juifs de naissance et convertis, Crétois et Arabes, tous nous les entendons proclamer dans nos langues les merveilles de Dieu. »
Patrick BRAUD

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