L'homélie du dimanche (prochain)

16 mai 2021

Pentecôte : un universel si particulier !

Classé sous Communauté spirituelle — lhomeliedudimanche @ 12 h 30 min

Pentecôte : un universel si particulier !

Homélie pour la fête de Pentecôte / Année B
23/05/2021

Cf. également :

Le déconfinement de Pentecôte
Les langues de Pentecôte
Pentecôte, ou l’accomplissement de Babel
La sobre ivresse de l’Esprit
Les trois dimensions de Pentecôte
Le scat de Pentecôte
Pentecôte : conjuguer glossolalie et xénolalie
Le marché de Pentecôte : 12 fruits, 7 dons
Et si l’Esprit Saint n’existait pas ?
La paix soit avec vous
Parler la langue de l’autre
Les multiples interprétations symboliques du buisson ardent

Le lien de notre unité

Le 3 octobre 2018, Gérard Collomb, socialiste, ministre de l’Intérieur démissionnaire, avait énoncé lors de sa passation de pouvoir ce constat inquiétant : « Aujourd’hui, on vit côte à côte. Moi, je le dis toujours : je crains que demain on vive face à face ». Qu’un homme politique de gauche s’alarme des tensions opposant les Français entre eux résonne comme une alerte. Depuis, la succession de crimes terroristes, de troubles en banlieues, de  radicalisations de tous bords mettent cette question de l’unité du pays sous le feu des projecteurs. Des journalistes et sociologues observent cette évolution attentivement. Souvenez-vous de Christophe Guilluy (La France périphérique. Comment on a sacrifié les classes populaires, Flammarion, 2014), montrant que les territoires perdus de la République se constituent en périphéries de plus en plus coupées des centres. David Goodhart prenait le relais en montrant dans son livre : The road to somewhere. The populist revolt and the future of politics, Hurst Publishers, 2017 qu’il voyait poindre une fracture entre les gagnants de la mondialisation, prêts à vivre et travailler n’importe où en changeant plusieurs fois de pays (les anywhere), et les perdants de la mondialisation, enracinée dans leurs territoires, attachés à leur identité locale, voyant leur niveau de vie décliner (les somewhere). Jérôme Fourquet (L’Archipel français, 2019) dressait quant à lui un tableau clinique très froid de « l’archipélisation de la France », ce que Gérard Collomb appelait le côte-à-côte, craignant qu’il ne devienne un face-à-face générateur de violence.

Pentecôte : un universel si particulier ! dans Communauté spirituelle archipel-fran%C3%A7ais-j%C3%A9r%C3%B4me-fourquet-1Puis la loi sur les séparatismes a montré le vif débat et les divergences d’analyse sur ce phénomène social. L’extrême-gauche rappelle que le premier apartheid social est celui imposé par les riches. Ils se regroupent pour vivre entre eux, le plus souvent à l’ouest des  métropoles, dans les mêmes écoles, clubs de sport, résidences etc. Faisant monter le prix du mètre carré, ils rejettent ainsi les autres au nord ou à l’est, et dans les banlieues lointaines. L’extrême droite dénonce le séparatisme religieux – musulman le plus souvent – qui fait se regrouper des familles dans un quartier bientôt dominé par les barbus. Tous dénoncent l’emprise des caïds de la drogue sur ces quartiers, mais préconisent des remèdes fort différents pour en sortir (aide sociale vs ordre républicain).

La mosaïque France semble prise d’un vertige d’éparpillement implacable…

Qu’y a-t-il de commun en effet entre une famille aisée du centre de Paris qui a fui le confinement pour aller passer le mois d’avril les pieds dans l’eau du Golfe du Morbihan dans une belle résidence secondaire avec un grand jardin, et une famille d’immigrés musulmans pratiquant le ramadan, coincée dans une étroite maison 1930 en briques rouges des anciennes courées du Nord ? Elles ne se connaissent pas, ne se rencontrent pas, ne se parlent pas, leurs enfants ne jouent pas ensemble, ne vont pas dans les mêmes écoles, clubs ou associations etc. L’une parlera de littérature, cinéma, culture et éduquera au débat ;  l’autre parlera dans une autre langue des prochaines vacances au bled (Maghreb) ou au village (Afrique noire).

 

Les peuples de Pentecôte cités dans les Actes

Que devient le fameux vivre ensemble dans tout cela ?
Qu’est-ce qui unit encore des groupes de populations aussi disparates, voire opposées ?
Sommes-nous loin de la fête de Pentecôte de ce dimanche ? Pas tant que cela. Nous le savons : l’enjeu de Pentecôte est l’unité de tous les peuples en un seul corps.
Jean-Paul est un témoin représentatif de cette exégèse :

Le récit de l’événement de la Pentecôte souligne que l’Église naît universelle : tel est le sens de la liste des peuples – Parthes, Mèdes, Élamites… – qui écoutent la première annonce faite par Pierre. L’Esprit Saint est donné à tous les hommes, quelle que soit leur race ou leur nation, et il accomplit en eux la nouvelle unité du Corps mystique du Christ. Saint Jean Chrysostome souligne la communion réalisée par l’Esprit Saint à travers cette observation concrète : « Qui vit à Rome sait que les habitants des Indes sont ses membres » (Audience générale du 17/06/1998).

Pour être fidèle au texte de notre première lecture, il faut souligner que c’est d’abord de la maison d’Israël dont il s’agit ici. Pierre précise bien dans son discours qu’il s’adresse aux « hommes d’Israël » : « Vous, Juifs, et vous tous qui résidez à Jérusalem… », « Hommes d’Israël, écoutez les paroles que voici… », « Que toute la maison d’Israël le sache… ». Et Luc précise que ce sont les juifs pieux et prosélytes du monde entier qui sont réunis à Jérusalem pour la fête juive de Chavouot (Pentecôte). Les non-juifs ne sont pas encore concernés. Il faudra une autre Pentecôte, une autre intervention décisive de l’Esprit, pour ouvrir le baptême à des païens comme le centurion romain Corneille et sa maisonnée (Ac 10). Pour l’instant, il n’est question que de la communauté juive dispersée (diaspora) dans tous les pays du monde, comme le clame Pierre : « que toute la maison d’Israël le sache… ».

Cette liste des peuples d’Ac 2, 8-11 est toujours étrange à nos oreilles. Ces anciens territoires, au nom parfois imprononçable ou mal prononcé au micro de l’ambon, n’évoquent plus grand-chose aujourd’hui. Et l’on peut se demander avec raison : pourquoi saint Luc s’est-il senti obligé d’en dresser la liste ?

Elle ressemble à la Table des nations de Gn 10, déjà mentionnée à propos de l’envoi en mission des 72 disciples (Lc 10), qui dresse la liste des descendants de Noé et de leurs territoires. Ou encore à la liste des nations d’Is 11, 10-12 : « Ce jour-là, la racine de Jessé, père de David, sera dressée comme un étendard pour les peuples, les nations la chercheront, et la gloire sera sa demeure. Ce jour-là, une fois encore, le Seigneur étendra la main pour reprendre le reste de son peuple, ce reste qui reviendra d’Assour et d’Égypte, de Patros, d’Éthiopie et d’Élam, de Shinéar, de Hamath et des îles de la mer. Il lèvera un étendard pour les nations ; il rassemblera les exilés d’Israël ; il réunira les dispersés de Juda des quatre coins de la terre ».

Le plus important est de relever ce que le parcours de notre première lecture suggère au lecteur : en trois vagues successives (quatre peuples, puis quatre provinces romaines, puis quatre régions), Luc dresse l’image du monde vu de Jérusalem. Les trois cycles en effet suivent chacun un mouvement circulaire autour de la Ville sainte. C’est donc une image du monde qu’a voulu dresser Luc, mais en précisant que la foule est composée de juifs et de prosélytes, il restreint ce microcosme au judaïsme de la diaspora. En d’autres termes, l’universalité de la Pentecôte n’est encore qu’interne au judaïsme.

Pourquoi cette restriction au judaïsme dans l’empire romain ? Luc est historien et théologien. Comme historien, il sait que l’extension universelle de la mission chrétienne ne fut pas immédiate, mais a résulté d’un processus évolutif. Comme théologien, il maintient qu’Israël est le premier destinataire de la venue du Messie.

 

Un universalisme progressif

L’universalisme de Pentecôte est donc graduel, progressif. D’abord Jérusalem, puis la diaspora juive de tous les pays, puis les païens. On le voit : il ne s’agit pas de renoncer au particularisme juif pour s’ouvrir à l’universel. Il s’agit de l’assumer en Christ, en gardant le cœur du judaïsme sans encombrer les païens avec l’accidentel du judaïsme. Le cœur, c’est l’élection par Dieu comme responsabilité envers tous, les Écritures comme trésor de révélation sur l’homme, le Dieu Un, l’importance de l’éthique comme amour concret, la relecture de l’histoire collective et individuelle etc. L’accidentel, c’est la circoncision, les interdits alimentaires (la cacherout), les vêtements (barbe, papillotes, téphillim), la lettre de la Torah et ses 613 obligations etc. Non pas que cet accidentel soit sans valeur, loin de là. Et après tout, des milliers de chrétiens juifs l’ont conservé pendant des siècles ! Mais il n’a pas à être imposé aux non-juifs souhaitant devenir chrétiens.

Luc tient à faire savoir que, dès le commencement, l’universalité était préfigurée. C’est pourquoi, si l’explosion spirituelle de la Pentecôte est destinée au judaïsme exclusivement, le discours interprétatif de Pierre, qui suit l’événement, fait résonner déjà des échos universels : « Car la promesse est pour vous, pour vos enfants et pour tous ceux qui sont loin, aussi nombreux que le Seigneur notre Dieu les appellera » (Ac 2, 39). Et plus loin : « En nul autre que lui, il n’y a de salut, car, sous le ciel, aucun autre nom n’est donné aux hommes, qui puisse nous sauver » (Ac 4, 12).

Or, ces accents massivement universalistes évoquent immanquablement l’espérance prophétique de la restauration eschatologique d’Israël, avec le rassemblement attendu des exilés de toutes nations sur le mont Sion annoncé par Isaïe. L’évènement de Pentecôte sonne ainsi l’essor mondial de la Parole tout en réalisant l’antique promesse du pèlerinage eschatologique des exilés de la Diaspora à la Ville sainte.

descarga Esprit dans Communauté spirituelleRépétons-le : il a fallu des Pentecôtes successives nombreuses pour que peu à peu l’Église naissante comprenne ce travail de discernement et le mette en œuvre. Les Samaritains reçoivent l’Esprit avant le baptême, montrant ainsi que les schismatiques peuvent être intégrés à la construction commune (Ac 8). Puis c’est le centurion Corneille qui reçoit l’Esprit avec sa famille, avant le baptême lui aussi, montrant que les païens sont associés au même héritage que les juifs (Ac 10). Ce qui au passage rend toute nourriture pure à manger, et pour Pierre c’est une vraie révolution, inconcevable sans le passage en force de l’Esprit de cette mini-Pentecôte dans la ville de Joppé (notons au passage que c’est Pierre – et non Paul – qui initie le passage aux païens, sous l’impulsion de l’Esprit Saint) ! Imaginez aujourd’hui des musulmans renoncer à l’interdit halal pour s’ouvrir à d’autres cultures que celle de leur origine… Puis c’est l’assemblée de Jérusalem (le premier concile ! Ac 15) qui expérimenta une autre Pentecôte, puisqu’elle décide sous l’inspiration de l’Esprit de ne pas imposer la circoncision et autre obligations juives aux païens qui demandent le baptême : « L’Esprit Saint et nous-mêmes avons décidé que… ».

Passer du particulier à l’universel demande donc un énorme travail de discernement et beaucoup de Pentecôtes successives !

Le judaïsme chrétien des débuts de l’Église a été capable de ce travail de discernement pour garder l’essentiel du particularisme juif tout en l’ouvrant d’abord aux autres cultures juives de par le monde, puis aux païens. N’en doutons pas : ce travail est toujours devant nous, notamment pour l’Église latine qui doit s’ouvrir à d’autres cultures que l’Occident.

Articuler le singulier (Pierre, chacun des 120 disciples), le particulier (l’identité juive) et l’universel (l’ouverture aux païens) a été l’alchimie réussie de Pentecôte. À nous de poursuivre aujourd’hui cette alchimie ecclésiale…

 

De Rome à Jérusalem

La liste des peuples énumérés par Luc dans le récit des Actes est à ce titre très instructive. Quand on suit sur la carte les noms alignés par Luc, on voit qu’il balaie le monde connu de l’époque, d’est en ouest, avec la Judée et Jérusalem au milieu, presque comme centre de gravité de l’ensemble. Vision très contestatrice de l’ordre impérial romain qui soumettait alors tous les royaumes, tous les peuples.

carte-ac-2-pentecote Esprit Saint

Mentionner Rome à la fin de cette liste, en codicille, est un pied-de-nez à l’orgueil des maîtres du monde de l’époque. C’est l’affirmation de Jérusalem comme vrai centre du monde : la Torah au-dessus de l’Empire, le particularisme juif plus vrai que l’impérialisme romain. L’accent est polémique : tandis que Rome vantait son rôle ambitieux de maîtresse du monde habité, et se servait à cette fin de listes des peuples soumis, Luc revendique par cette « liste des peuples » la seigneurie de Jésus et de l’Église sur l’humanité, en contestant celle de Rome.

Aujourd’hui encore, l’universel chrétien conteste les grands centres de pouvoirs qui dominent le monde (Wall Street, Pékin) pour réhabiliter le droit des peuples à cultiver leur identité propre au sein d’une unité organique très différente de celle des marchés américains ou de l’idéologie chinoise. Ironie de l’histoire, après la chute de Rome aux mains des barbares, l’Église latine a cependant réintroduit en son sein le centralisme romain qu’elle contestait à ses débuts…

L’Église de Pentecôte unit « toute la maison d’Israël » en parlant toutes les langues de la terre. Mais elle réalise cette union dans une communion vivante qui relie en permanence ces communautés : parler la langue de l’autre, se visiter, s’entraîner, échanger, former un seul corps dans le respect de la diversité de ses membres, et d’abord des plus fragiles.

 

L’Esprit, lien de l’unité

AggloSeineEure_Fourapain-Cover_StGermaindePasquier_Octobre-2020 particulierPour terminer, lisons à nouveau la belle image de saint Augustin voyant dans le feu de l’Esprit de Pentecôte le lien de l’unité entre tous les grains de blé formant un même pain, le Corps du Christ parlant toutes les langues de la terre :

« Pourquoi sous l’apparence du pain ? Ne disons rien de nous-mêmes; écoutons encore l’Apôtre, voici comment il s’exprimait en parlant de ce sacrement: « Quoiqu’en grand, nombre, nous sommes un seul pain, un seul corps (1 Co 10,17) ». Comprenez et soyez heureux. O unité ! ô vérité ! ô piété ! ô charité ! « Un seul pain ». Quel est ce pain ? « Un seul corps ». Rappelez-vous qu’un même pain ne se forme pas d’un seul grain, mais de plusieurs. Au moment des exorcismes, vous étiez en quelque sorte sous la meule ; au moment du baptême, vous deveniez comme une pâte ; et on vous a fait cuire en quelque sorte quand vous avez reçu le feu de l’Esprit-Saint. Soyez ce que vous voyez, et recevez ce que vous êtes. Voilà ce qu’enseigne l’Apôtre sur ce pain sacré ».
Augustin  (+ 430), Sermon 269

 

MESSE DU JOUR

PREMIÈRE LECTURE
« Tous furent remplis d’Esprit Saint et se mirent à parler » (Ac 2, 1-11)

Lecture du livre des Actes des Apôtres

Quand arriva le jour de la Pentecôte, au terme des cinquante jours après Pâques, ils se trouvaient réunis tous ensemble. Soudain un bruit survint du ciel comme un violent coup de vent : la maison où ils étaient assis en fut remplie tout entière. Alors leur apparurent des langues qu’on aurait dites de feu, qui se partageaient, et il s’en posa une sur chacun d’eux. Tous furent remplis d’Esprit Saint : ils se mirent à parler en d’autres langues, et chacun s’exprimait selon le don de l’Esprit.
Or, il y avait, résidant à Jérusalem, des Juifs religieux, venant de toutes les nations sous le ciel. Lorsque ceux-ci entendirent la voix qui retentissait, ils se rassemblèrent en foule. Ils étaient en pleine confusion parce que chacun d’eux entendait dans son propre dialecte ceux qui parlaient. Dans la stupéfaction et l’émerveillement, ils disaient : « Ces gens qui parlent ne sont-ils pas tous galiléens ? Comment se fait-il que chacun de nous les entende dans son propre dialecte, sa langue maternelle ? Parthes, Mèdes et Élamites, habitants de la Mésopotamie, de la Judée et de la Cappadoce, de la province du Pont et de celle d’Asie, de la Phrygie et de la Pamphylie, de l’Égypte et des contrées de Libye proches de Cyrène, Romains de passage, Juifs de naissance et convertis, Crétois et Arabes, tous nous les entendons parler dans nos langues des merveilles de Dieu. »

 

PSAUME
(103 (104), 1ab.24ac, 29bc-30, 31.34)
R/ Ô Seigneur, envoie ton Esprit qui renouvelle la face de la terre !
ou : Alléluia ! (cf. 103, 30)

Bénis le Seigneur, ô mon âme ;
Seigneur mon Dieu, tu es si grand !
Quelle profusion dans tes oeuvres, Seigneur !
La terre s’emplit de tes biens.

Tu reprends leur souffle, ils expirent
et retournent à leur poussière.
Tu envoies ton souffle : ils sont créés ;
tu renouvelles la face de la terre.

Gloire au Seigneur à tout jamais !
Que Dieu se réjouisse en ses œuvres !
Que mon poème lui soit agréable ;
moi, je me réjouis dans le Seigneur.
 

DEUXIÈME LECTURE
« Le fruit de l’Esprit » (Ga 5,16-25)

Lecture de la lettre de saint Paul apôtre aux Galates

Frères, je vous le dis : marchez sous la conduite de l’Esprit Saint, et vous ne risquerez pas de satisfaire les convoitises de la chair. Car les tendances de la chair s’opposent à l’Esprit, et les tendances de l’Esprit s’opposent à la chair. En effet, il y a là un affrontement qui vous empêche de faire tout ce que vous voudriez. Mais si vous vous laissez conduire par l’Esprit, vous n’êtes pas soumis à la Loi. On sait bien à quelles actions mène la chair : inconduite, impureté, débauche, idolâtrie, sorcellerie, haines, rivalité, jalousie, emportements, intrigues, divisions, sectarisme, envie, beuveries, orgies et autres choses du même genre. Je vous préviens, comme je l’ai déjà fait : ceux qui commettent de telles actions ne recevront pas en héritage le royaume de Dieu. Mais voici le fruit de l’Esprit : amour, joie, paix, patience, bonté, bienveillance, fidélité, douceur et maîtrise de soi. En ces domaines, la Loi n’intervient pas. Ceux qui sont au Christ Jésus ont crucifié en eux la chair, avec ses passions et ses convoitises. Puisque l’Esprit nous fait vivre, marchons sous la conduite de l’Esprit.

SÉQUENCE ()

Viens, Esprit Saint, en nos cœurs et envoie du haut du ciel un rayon de ta lumière.
Viens en nous, père des pauvres, viens, dispensateur des dons, viens, lumière de nos cœurs.
Consolateur souverain, hôte très doux de nos âmes, adoucissante fraîcheur.
Dans le labeur, le repos ; dans la fièvre, la fraîcheur ; dans les pleurs, le réconfort.
Ô lumière bienheureuse, viens remplir jusqu’à l’intime le cœur de tous les fidèles.
Sans ta puissance divine, il n’est rien en aucun homme, rien qui ne soit perverti.
Lave ce qui est souillé, baigne ce qui est aride, guéris ce qui est blessé.
Assouplis ce qui est raide, réchauffe ce qui est froid, rends droit ce qui est faussé.
À tous ceux qui ont la foi et qui en toi se confient donne tes sept dons sacrés.
Donne mérite et vertu, donne le salut final, donne la joie éternelle. Amen.

ÉVANGILE
« L’Esprit de vérité vous conduira dans la vérité tout entière » (Jn 15, 26-27 ; 16, 12-15)
Alléluia. Alléluia.Viens, Esprit Saint ! Emplis le cœur de tes fidèles ! Allume en eux le feu de ton amour ! Alléluia.

Évangile de Jésus Christ selon saint Jean

En ce temps-là, Jésus disait à ses disciples : « Quand viendra le Défenseur, que je vous enverrai d’auprès du Père, lui, l’Esprit de vérité qui procède du Père, il rendra témoignage en ma faveur. Et vous aussi, vous allez rendre témoignage, car vous êtes avec moi depuis le commencement.
J’ai encore beaucoup de choses à vous dire, mais pour l’instant vous ne pouvez pas les porter. Quand il viendra, lui, l’Esprit de vérité, il vous conduira dans la vérité tout entière. En effet, ce qu’il dira ne viendra pas de lui-même : mais ce qu’il aura entendu, il le dira ; et ce qui va venir, il vous le fera connaître. Lui me glorifiera, car il recevra ce qui vient de moi pour vous le faire connaître. Tout ce que possède le Père est à moi ; voilà pourquoi je vous ai dit : L’Esprit reçoit ce qui vient de moi pour vous le faire connaître. »
Patrick Braud

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27 décembre 2014

Fêter la famille, multiforme et changeante

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Fêter la famille, multiforme et changeante

 

cf. également La vieillesse est un naufrage ? Honore la !

Une famille réfugiée politique

Familles, je vous aime ?

Homélie pour la fête de la Sainte Famille / Année B
28/12/2014

 

Quelques statistiques

Fêter la Sainte Famille en France en 2015 relève un peu de la provocation…

Mosaïque de familles © Pawel Nowik - Fotolia.com

Car s’il est une réalité sociale aujourd’hui chahutée et en pleine mutation, c’est bien la vie familiale !

Il suffit de rappeler quelques chiffres clés de cette évolution en France :

1 enfant sur 2 naît hors mariage.

Plus d’1 mariage sur 2 se termine par un divorce (1 Pacs sur 3 par une séparation)

1 avortement pour 4 naissances, ce qui fait qu’1 femme sur 3 aura connu une IVG avant la fin de sa vie.

1 couple sur 4 vit en concubinage (hors mariage, hors Pacs).

1 famille sur 5 est monoparentale, essentiellement des femmes seules avec enfant (avec la précarité que cela engendre).

 

Evolution des mariages et des divorces entre 1995 et 2010 © MJL - DicomOn le voit : vivre à deux avec des enfants peut aujourd’hui se faire de multiples façons, et évoluer tout au long d’une existence. Et pourtant, paradoxe bien français, la famille reste en tête de toutes les valeurs préférées des Français dans les sondages d’opinion. Et c’est une bonne nouvelle ! Cela veut dire que, quelque que soit la forme revêtue par la vie commune, on attend d’elle qu’elle soit source de chaleur, d’affection, de solidarité entre les générations (et en temps de crise, cela compte), de ressourcement personnel pour chacun de ses membres.

Recomposée ou non, pacsée ou non, homoparentale, monoparentale ou non, nos contemporains attendent beaucoup de la famille qu’ils s’obstinent à construire, à géométrie variable, malgré tous les aléas des séparations successives.

Il y a certes un prix à payer à cette liberté actuelle.

Fêter la famille, multiforme et changeante dans Communauté spirituelle solitude


Si autrefois on ne se sentait pas assez libre vis-à-vis de la pression familiale et sociale pour divorcer, cette liberté chèrement acquise se traduit actuellement par une montée en puissance de la précarité (familles  monoparentales) et de la solitude.

1 adulte sur 10 dit souffrir de la solitude, et plus d’un logement parisien sur deux est occupé par une personne seule. Paris, capitale de la solitude…

Face à ce constat singulièrement contrasté, quelle vision de la famille nous propose la Bible ?

 

Une réalité « mélangée »

Dès le livre de la Genèse, la famille apparaît comme une réalité ambiguë (permixta, comme aimait dire Saint Augustin). Elle est capable du meilleur, c’est-à-dire du divin, à travers l’union entre l’homme et la femme qui est un signe privilégié – un sacrement – de la communion d’amour existant en Dieu même, constituant l’identité (trinitaire) du Créateur.

Ce-que-dit-la-Bible-sur-la-famille divorce dans Communauté spirituelleElle est également capable du pire, dès le conflit entre Ève et Adam au sujet de ce qui est bien, dès le premier homicide où un frère tue son frère, et Caïn continue de tuer Abel depuis des siècles.

Dès l’origine, la Bible nous avertit : ne sacralisez pas la famille, éduquez-la pour qu’elle corresponde à sa vocation la plus haute (la divinisation de l’homme).

Cette ambiguïté va courir tout au long de l’Ancien Testament : incestes, adultères, meurtres, trahisons et haines tenaces ne cessent de traverser les familles royales, de tenter la fidélité du peuple, de décomposer le tissu social. Joseph sera vendu par ses frères, comme Jésus par Judas.

Et en même temps, des couples célèbres montrent que la foi au dieu unique s’incarne dans leur amour : Abraham et Sarah, Samson et Dalila, le bien-aimé et la bien-aimée du Cantique des cantiques… Des mères de famille admirables voient leur fils mourir sous le supplice et les encouragent pourtant à ne pas renier leur foi. Le foyer familial devient le premier lieu de la liturgie juive, unissant parents et enfants dans un culte et un témoignage au Dieu d’Israël etc.

 

Dans le Nouveau Testament, le moins qu’on puisse dire est que cette ambiguïté de la famille est omniprésente.

C’est Hérodiade, la belle-fille d’Hérode, qui obtient de lui la tête de Jean-Baptiste. C’est Zacharie, le père de Jean-Baptiste, qui a tellement de mal à accepter que son fils soit différent de lui (il veut lui imposer le même prénom que lui) qu’il en perd la parole !

Jésus lui-même relativise aussi l’emprise familiale.

- Il montre son indépendance dès son plus jeune âge.
Une fois les jours écoulés, alors qu’ils s’en retournaient, l’enfant Jésus resta à Jérusalem à l’insu de ses parents.  Le croyant dans la caravane, ils firent une journée de chemin, puis ils se mirent à le rechercher parmi leurs parents et connaissances.  Ne l’ayant pas trouvé, ils revinrent, toujours à sa recherche, à Jérusalem. Et il advint, au bout de trois jours, qu’ils le trouvèrent dans le Temple, assis au milieu des docteurs, les écoutant et les interrogeant;  et tous ceux qui l’entendaient étaient stupéfaits de son intelligence et de ses réponses. À sa vue, ils furent saisis d’émotion, et sa mère lui dit: « Mon enfant, pourquoi nous as-tu fait cela? Vois! ton père et moi, nous te cherchons, angoissés. »  Et il leur dit: « Pourquoi donc me cherchiez-vous? Ne saviez-vous pas que je dois être dans la maison de mon Père? »  Mais eux ne comprirent pas la parole qu’il venait de leur dire. (Lc 2,41-52)

Sa « fugue » vers l’âge de 12 ans est restée célèbre ! Il y a donc des ‘transgressions’ familiales positives…

- La foi en Christ divisera les familles.
Je suis venu opposer l’homme à son père, la fille à sa mère et la bru à sa belle-mère : on aura pour ennemis les gens de sa famille.  Qui aime son père ou sa mère plus que moi n’est pas digne de moi. Qui aime son fils ou sa fille plus que moi n’est pas digne de moi.(Mt  10,35-39)

- En temps de persécution, beaucoup seront capables de vendre père et mère pour échapper aux problèmes…
Le frère livrera son frère à la mort, et le père son enfant; les enfants se dresseront contre leurs parents et les feront mourir. (Mt  10,21)

- Il faut quitter son père et sa mère pour aimer. C’est-à-dire faire du neuf à deux, en s’appuyant sur le passé familial de chacun, mais sans le répéter ni le fuir…
L’homme quittera son père et sa mère,  et les deux ne feront qu’une seule chair. Ainsi ils ne sont plus deux, mais une seule chair. (Mc  10,7-8)

- Bien plus, alors qu’il est incompris de sa propre famille, Jésus n’a pas peur de les remettre à leur place.
Il vient à la maison et de nouveau la foule se rassemble, au point qu’ils ne pouvaient pas même manger de pain.  Et les siens, l’ayant appris, partirent pour se saisir de lui, car ils disaient: « Il a perdu le sens.  (Mc 3,20-21)

9782204102582 Esprit- Il sait que les familles humaines sont possessives, et ont besoin d’être converties à l’amour gratuit.
Sa mère et ses frères arrivent et, se tenant dehors, ils le firent appeler.  Il y avait une foule assise autour de lui et on lui dit: « Voilà que ta mère et tes frères et tes sœurs sont là dehors qui te cherchent. »  Il leur répond: « Qui est ma mère? Et mes frères? »  Et, promenant son regard sur ceux qui étaient assis en rond autour de lui, il dit: « Voici ma mère et mes frères.  Quiconque fait la volonté de Dieu, celui-là m’est un frère et une sœur et une mère. » (Mc 3,31-35)

- Il se méfie par exemple de l’attachement maternel trop envahissant.
Jésus aussi fut invité à ces noces, ainsi que ses disciples.  Or il n’y avait plus de vin, car le vin des noces était épuisé. La mère de Jésus lui dit: « Ils n’ont pas de vin. »  Jésus lui dit: « Que me veux-tu, femme? Mon heure n’est pas encore arrivée. » (Jn 2,3-5)

Alors la mère des fils de Zébédée s’approcha de lui, avec ses fils, et se prosterna pour lui demander quelque chose. « Que veux-tu? » Lui dit-il. Elle lui dit: « Ordonne que mes deux fils que voici siègent, l’un à ta droite et l’autre à ta gauche, dans ton Royaume. »  Jésus répondit: « Vous ne savez pas ce que vous demandez. Pouvez-vous boire la coupe que je vais boire? » (Mt 20,20-23)

En même temps, le Christ ne cesse de rappeler la vocation humanisante – c’est-à-dire divinisante ! – de la famille :

- Il réaffirme l’importance de la famille, en rappelant notamment le Décalogue, où le 5° commandement porte sur le respect des parents.
Il leur répondit: Et vous, pourquoi transgressez-vous le commandement de Dieu au profit de votre tradition?  Car Dieu a dit: Honore ton père et ta mère; et: Celui qui maudira son père ou sa mère sera puni de mort.  Mais vous, vous dites: Celui qui dira à son père ou à sa mère: Ce dont j’aurais pu t’assister est une offrande à Dieu, n’est pas tenu d’honorer son père ou sa mère. Vous annulez ainsi la parole de Dieu au profit de votre tradition. (Mt 15,1-9)

- L’appel de Jésus retentit dans la famille humaine qui est un lieu privilégié pour y répondre. On peut ainsi s’aider entre frères et sœurs à suivre le Christ !
Comme il cheminait sur le bord de la mer de Galilée, il vit deux frères, Simon, appelé Pierre, et André son frère, qui jetaient l’épervier dans la mer; car c’étaient des pêcheurs. Et il leur dit: « Venez à ma suite, et je vous ferai pêcheurs d’hommes. »  Eux, aussitôt, laissant les filets, le suivirent. Et avançant plus loin, il vit deux autres frères, Jacques, fils de Zébédée, et Jean son frère, dans leur barque, avec Zébédée leur père, en train d’arranger leurs filets; et il les appela.  Eux, aussitôt, laissant la barque et leur père, le suivirent.(Mt  4,18-21, pour Simon et André, Jacques et Jean)

 

Finalement, c’est à la famille de ressembler à l’Église, et non l’inverse !

Ce rapide parcours biblique doit au moins nous amener être très prudents : adorer ou brûler la famille n’est pas très évangélique. La réduire à une seule forme de lien, un seul modèle historique n’est pas très fidèle non plus…

L’Esprit Saint a fait surgir à travers Marie, Joseph et Jésus une cellule familiale complètement nouvelle, atypique, non reproductible à l’identique. C’est donc à chaque génération de chrétiens de recevoir de ce même Esprit Saint la capacité d’imaginer des liens entre générations qui servent la vocation humaine.

Freeshipping-Cartoon-Plush-Family-Puppet-Baby-Plush-Toy-Finger-Puppets-Hand-Talking-Props-6-designs-group Esprit Saint


Dans sa doctrine sociale, l’Église catholique insiste sur quelques points clés que la vie familiale a pour vocation de servir :

 

- la gratuité.

Loin de toute possession parentale ou affective, l’éducation familiale doit permettre de faire cette expérience bouleversante : être aimé pour rien, simplement parce qu’on est fils/fille de ses parents. Être accueilli et soutenu quoi qu’il arrive.

La gratuité de l’amour parental reste un des fondements pour devenir adulte et aimer à son tour. C’est un signe fort, une icône de la gratuité de l’amour de Dieu, à la fois père et mère.

- le pardon.

Puisque les tensions, les conflits, voire les violences sont inéluctables au sein de nos familles, un des enjeux des chrétiens sera de convertir cette vie partagée à la pédagogie du pardon. Pas seulement des enfants demandant pardon aux adultes ! Un lien où l’on réapprendre à vivre ensemble au-delà des inévitables blessures qui arrivent quand on vit côte à côte sans s’être choisis.

- le service des autres.

Une famille repliée sur elle-même devient mortifère, régressive. Une famille ne cherchant que son intérêt propre finit par devenir une mafia, et l’on sait ce que la mafia fait à ceux qui ne se soumettent pas à sa loi inique.

L’éducation familiale qui s’inspire de l’Esprit de l’Évangile cherchera à ouvrir ses membres au service désintéressé des autres, et d’abord des plus défavorisés. Cela passe par la vie associative, culturelle, sportive, par l’apprentissage de la solidarité (scoutisme, aumôneries, humanitaire, engagements divers) etc.

Quelle que soit votre famille, demandez-vous si, telle qu’elle est, vous pouvez l’orienter vers davantage de gratuité, de pardon, de service des autres.

 

Si vous désirez réellement progresser sur l’un de ces trois points, alors fêtez la Sainte-Famille avec un cœur léger !

Sinon, refermez l’Évangile en le traitant de naïf et d’irréaliste, et essayez d’oublier la promesse familiale qu’il contient…

 

1ère lecture : « Ton héritier sera quelqu’un de ton sang » (Gn 15, 1-6 ; 21, 1-3)

Lecture du livre de la Genèse

En ces jours-là,

la parole du Seigneur fut adressée à Abram dans une vision :  « Ne crains pas, Abram !  Je suis un bouclier pour toi.  Ta récompense sera très grande. » Abram répondit :  « Mon Seigneur Dieu, que pourrais-tu donc me donner ?  Je m’en vais sans enfant,  et l’héritier de ma maison, c’est Élièzer de Damas. »  Abram dit encore : « Tu ne m’as pas donné de descendance,  et c’est un de mes serviteurs qui sera mon héritier. » Alors cette parole du Seigneur fut adressée à Abram : « Ce n’est pas lui qui sera ton héritier,  mais quelqu’un de ton sang. » Puis il le fit sortir et lui dit :  « Regarde le ciel,  et compte les étoiles, si tu le peux… »  Et il déclara :  « Telle sera ta descendance ! » Abram eut foi dans le Seigneur  et le Seigneur estima qu’il était juste. Le Seigneur visita Sara  comme il l’avait annoncé ;  il agit pour elle comme il l’avait dit.  Elle devint enceinte,  et elle enfanta un fils pour Abraham dans sa vieillesse,  à la date que Dieu avait fixée.  Et Abraham donna un nom  au fils que Sara lui avait enfanté :  il l’appela Isaac.

Psaume : 104 (105), 1-2, 3-4, 5-6, 8-9

R/ Le Seigneur, c’est lui notre Dieu ; il s’est toujours souvenu de son alliance. 104, 7a.8a 

Rendez grâce au Seigneur, proclamez son nom,
annoncez parmi les peuples ses hauts faits ;
chantez et jouez pour lui,
redites sans fin ses merveilles.

Glorifiez-vous de son nom très saint :
joie pour les cœurs qui cherchent Dieu !
Cherchez le Seigneur et sa puissance,
recherchez sans trêve sa face.

Souvenez-vous des merveilles qu’il a faites,
de ses prodiges, des jugements qu’il prononça,
vous, la race d’Abraham son serviteur,
les fils de Jacob, qu’il a choisis.

Il s’est toujours souvenu de son alliance,
parole édictée pour mille générations :
promesse faite à Abraham,
garantie par serment à Isaac.

2ème lecture : La foi d’Abraham, de Sara et d’Isaac (He 11, 8.11-12.17-19)

Lecture de la lettre aux Hébreux

Frères, grâce à la foi, Abraham obéit à l’appel de Dieu :  il partit vers un pays  qu’il devait recevoir en héritage,  et il partit sans savoir où il allait.  Grâce à la foi, Sara, elle aussi, malgré son âge,  fut rendue capable d’être à l’origine d’une descendance  parce qu’elle pensait que Dieu est fidèle à ses promesses.  C’est pourquoi, d’un seul homme, déjà marqué par la mort,  a pu naître une descendance aussi nombreuse  que les étoiles du ciel  et que le sable au bord de la mer,  une multitude innombrable.  Grâce à la foi, quand il fut soumis à l’épreuve,  Abraham offrit Isaac en sacrifice.  Et il offrait le fils unique,  alors qu’il avait reçu les promesses  et entendu cette parole : C’est par Isaac qu’une descendance portera ton nom. Il pensait en effet  que Dieu est capable même de ressusciter les morts ;  c’est pourquoi son fils lui fut rendu :  il y a là une préfiguration.

Evangile : « L’enfant grandissait et se fortifiait, rempli de sagesse » (Lc 2, 22-40)

Acclamation : Alléluia. Alléluia. À bien des reprises, Dieu, dans le passé, a parlé à nos pères par les prophètes ; à la fin, en ces jours où nous sommes,  il nous a parlé par son Fils. Alléluia. (He 1, 1-2)

Évangile de Jésus Christ selon saint Luc

Quand fut accompli le temps prescrit par la loi de Moïse  pour la purification,  les parents de Jésus l’amenèrent à Jérusalem  pour le présenter au Seigneur,  selon ce qui est écrit dans la Loi :  Tout premier-né de sexe masculin  sera consacré au Seigneur.  Ils venaient aussi offrir  le sacrifice prescrit par la loi du Seigneur :  un couple de tourterelles  ou deux petites colombes.   Or, il y avait à Jérusalem un homme appelé Syméon.  C’était un homme juste et religieux,  qui attendait la Consolation d’Israël,  et l’Esprit Saint était sur lui.  Il avait reçu de l’Esprit Saint l’annonce  qu’il ne verrait pas la mort  avant d’avoir vu le Christ, le Messie du Seigneur.  Sous l’action de l’Esprit, Syméon vint au Temple.  Au moment où les parents présentaient l’enfant Jésus  pour se conformer au rite de la Loi qui le concernait,  Syméon reçut l’enfant dans ses bras, et il bénit Dieu en disant : « Maintenant, ô Maître souverain,  tu peux laisser ton serviteur s’en aller en paix, selon ta parole. Car mes yeux ont vu le salut que tu préparais à la face des peuples : lumière qui se révèle aux nations et donne gloire à ton peuple Israël. » Le père et la mère de l’enfant  s’étonnaient de ce qui était dit de lui.  Syméon les bénit,  puis il dit à Marie sa mère :  « Voici que cet enfant  provoquera la chute et le relèvement de beaucoup en Israël.  Il sera un signe de contradiction  – et toi, ton âme sera traversée d’un glaive – :  ainsi seront dévoilées les pensées qui viennent du cœur d’un grand nombre. »   Il y avait aussi une femme prophète,  Anne, fille de Phanuel, de la tribu d’Aser.  Elle était très avancée en âge ;  après sept ans de mariage,  demeurée veuve,  elle était arrivée à l’âge de quatre-vingt-quatre ans.  Elle ne s’éloignait pas du Temple,  servant Dieu jour et nuit dans le jeûne et la prière.  Survenant à cette heure même,  elle proclamait les louanges de Dieu  et parlait de l’enfant  à tous ceux qui attendaient la délivrance de Jérusalem.  Lorsqu’ils eurent achevé tout ce que prescrivait la loi du Seigneur,  ils retournèrent en Galilée, dans leur ville de Nazareth. L’enfant, lui, grandissait et se fortifiait,  rempli de sagesse,  et la grâce de Dieu était sur lui.
Patrick BRAUD

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